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Egypte - Page 4

  • Octobre-novembre 1956 : l’intervention franco-britannique de Suez (Lutte Ouvrière)

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    Le 6 novembre 1956, les troupes françaises et britanniques débarquaient à Port-Saïd en Égypte.

    Ces deux vieilles puissances coloniales, alliées à Israël, entendaient reprendre le contrôle du canal de Suez nationalisé en juillet par le président égyptien Gamal Abdel Nasser. Mais l’opération militaire tourna au fiasco en quelques heures et le corps expéditionnaire franco-britannique dut rembarquer piteusement.

    Nasser avait pris la tête du pays à la suite du coup d’État de 1952 qui avait renversé le roi Farouk, sous le règne duquel l’Égypte était restée de fait un protectorat britannique. L’objectif du groupe dit des « officiers libres » dont il avait pris la tête était de moderniser le pays grâce à une politique plus indépendante. Les dirigeants américains avaient d’abord accueilli favorablement la chute de Farouk, avant d’être rapidement déçus en constatant que Nasser n’entrait pas dans leurs vues.

    La nationalisation du canal

    Lorsque les USA se montrèrent réticents à lui livrer des armes, Nasser s’adressa à la Tchécoslovaquie et à travers elle à l’URSS. Il refusa de faire adhérer l’Égypte au pacte de Bagdad regroupant les alliés moyen-orientaux des USA contre l’URSS. Nasser était pourtant fortement anticommuniste et réprima sauvagement les militants du PC égyptien, mais il entendait simplement ne dépendre d’aucune des deux grandes puissances. Il fut un des leaders de la conférence des non-alignés qui se déroula à Bandung en avril 1955, aux côtés de Tito, Nehru et Chou En-lai.

    Pour moderniser l’Égypte, Nasser comptait sur la construction du gigantesque barrage d’Assouan sur le Nil, mais le 19 juillet 1956, les USA annoncèrent qu’ils annulaient le prêt promis à cet effet. Ils espéraient amener Nasser à plus de compréhension et le forcer à cesser ce qu’ils qualifiaient de double jeu. Nasser répliqua par une action d’éclat qui fit de lui le héros du tiers-monde. Le 26 juillet, il annonçait la nationalisation de la compagnie du canal de Suez, déclarant dans un éclat de rire que l’encaissement des droits de passage financerait la construction du barrage d’Assouan. Les grandes puissances furent atterrées, tandis qu’au sein du peuple égyptien, et au-delà parmi tous les peuples dont les richesses étaient pillées par l’impérialisme, le geste de Nasser suscitait une immense fierté, et le sentiment d’être vengés. Nasser ne voulait pas plier, et proclamait fièrement : « Nous reprenons tous ces droits, car tous ces fonds sont les nôtres, et le canal est la propriété de l’Égypte. Il a été creusé par les Égyptiens, dont 120 000 ont trouvé la mort pendant les travaux. La Société du canal de Suez ne cache qu’une exploitation. »

    Les préparatifs de guerre

    Les dirigeants britanniques et français se déchaînèrent contre Nasser, le qualifiant de « nouvel Hitler ».

    Antony Eden, le Premier ministre britannique, se fit fort de « venger l’affront » et de faire revenir Nasser sur sa position par la force des armes. Outre le désir de laver l’insulte, l’impérialisme britannique n’entendait pas se laisser évincer d’une région traditionnellement sous sa coupe. D’autre part, la Compagnie était surtout entre les mains de capitaux britanniques, et dans une moindre mesure français.

    En France, le ton était identique. La gauche socialiste rivalisait avec la droite réactionnaire dans un concert de propos va-t-en-guerre. L’impérialisme français avait certes beaucoup moins d’intérêts que son compère anglais en Égypte, mais le gouvernement de Front républicain conduit par le socialiste Guy Mollet voyait en Nasser le principal soutien extérieur à l’insurrection algérienne menée par le FLN.

    Israël fut également associé aux préparatifs guerriers, saisissant l’occasion de montrer sa capacité à intervenir contre un État arabe ayant des velléités d’indépendance. Depuis deux ans déjà, la France équipait Israël en avions de combat et en chars d’assaut. C’est donc tout naturellement que l’idée s’imposa de faire participer Israël à l’expédition punitive.

    Le 25 septembre 1956, alors qu’une armada franco-britannique rejoignait les ports de Malte et de Chypre, le détail de l’opération fut mis au point. Les Israéliens devaient commencer par avancer vers le canal et les troupes franco-britanniques débarqueraient alors pour faire mine de s’interposer. Quant aux USA, les dirigeants français se faisaient fort de leur faire accepter l’opération, ce qui allait se révéler une erreur.

    Le fiasco de l’intervention

    Comme convenu, l’armée israélienne attaqua le 29 octobre. Elle occupa rapidement le Sinaï et s’arrêta. La Grande-Bretagne et la France adressèrent alors un ultimatum à l’Égypte et à Israël leur enjoignant d’arrêter les opérations. Israël, appliquant le plan prévu à l’avance, accepta et Nasser refusa. Les troupes britanniques et françaises purent alors débarquer sous prétexte de s’interposer, mais en fait pour occuper la zone du canal.

    Nasser cependant, bien loin d’être déconsidéré par cette première défaite, en sortit grandi. C’est à ce moment que s’affirma avec éclat l’opposition des États-Unis à toute l’opération, à laquelle ils n’avaient pas été associés. Les dirigeants français avaient présomptueusement affirmé que les USA seraient bien obligés de se ranger à leurs côtés pour que la libre circulation maritime soit garantie dans le canal. Le secrétaire d’État américain Foster Dulles avait pourtant signifié à Eden qu’il « refusait d’identifier la politique américaine à la défense des intérêts des anciennes grandes puissances coloniales ». Lorsque le débarquement devint imminent, les USA firent voter à l’ONU une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat et au déploiement d’une force des Nations unies ne comprenant aucun contingent français ni britannique.

    L’URSS, de son côté, menaça les belligérants d’utiliser « toutes les formes modernes d’armes de destruction s’il n’était pas mis fin à l’expédition ». Ce chantage à la guerre atomique était un bluff, mais en même temps c’était l’occasion pour les dirigeants soviétiques de s’affirmer comme les défenseurs de l’indépendance de l’Égypte… au moment même où, à Budapest, les troupes russes écrasaient dans le sang l’insurrection ouvrière.

    Devant l’attitude des États-Unis et de l’URSS, les troupes israéliennes durent se replier. Un corps expéditionnaire franco-britannique débarqua quand même à Port-Saïd et s’y heurta à la résistance de milices populaires levées à la hâte par le régime nassérien. Les troupes franco-britanniques du­rent rembarquer piteusement quelque temps plus tard, non sans avoir fait au moins un millier de morts égyptiens.

    L’opération se soldait par un triomphe pour Nasser, qui allait faire de lui pour des années le héros du panarabisme et le symbole de la lutte des pays du tiers-monde. En même temps les États-Unis signifiaient à la France et à la Grande-Bretagne qu’elles devaient en finir avec les expéditions coloniales : désormais, ce serait les USA qui s’en chargeraient, en tout cas au Moyen-Orient. Mais dans l’immédiat, ils devraient s’accommoder de la vague de revendications d’indépendance qui traversaient les pays du tiers-monde, encouragés par le succès de Nasser et pouvant tirer parti de l’opposition entre les deux blocs.

    Daniel MESCLA 02 Novembre 2016
     
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  • Egypte. En 2011: «le pain, la liberté et la justice sociale». Cinq ans après, à nouveau… (Al'Encontre.ch)

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    Par Noor El-Terk

    «C’est une mort lente.»

    Par ces mots, Soliman Bakar et sa femme résument la situation économique en Égypte, où les rapports montrent de plus en plus à quel point la situation est aujourd’hui désespérée, beaucoup sont incapables de s’offrir de la nourriture de base et ont du mal à joindre les deux bouts.

    Bakar, père de trois enfants, est un employé du gouvernement. Après sa journée de travail, il travaille comme chauffeur de taxi toute la nuit jusqu’au petit matin. «Je jongle avec deux emplois et ma femme travaille aussi, mais même avec les trois salaires, nous parvenons à peine à vivre.»

    «Les problèmes semblent sans fin, peu importe où vous regardez, vous êtes confronté à de plus en plus de difficultés. Le prix du gaz, l’électricité, l’eau, l’essence, tout a subitement augmenté. Maintenant que le prix de la nourriture a augmenté, la livre a également pris un coup. Le lait subventionné que nous avions pour nos enfants n’est plus disponible. Le prix des médicaments a quadruplé – et encore, quand vous parvenez à en trouver. Les pharmaciens nous disent soudainement qu’il y a une grave pénurie pour des milliers de médicaments, y compris les médicaments pour les insuffisances cardiaques et hépatiques. Nous mourons.»

    Avec sa plus jeune à l’école primaire, la plus grande crainte de Bakar est d’anéantir l’adoration innocente de sa fille. Elle croit encore en son père – son héros. «Je me sens impuissant», dit Solimon d’un air abattu. «Il n’y a rien qu’un père ne souhaite plus que d’être en mesure d’offrir le meilleur à ses enfants. Mais comment? Comment puis-je faire face à mes enfants?»

    Bakar n’est pas le seul à lutter. Ahmed, un avocat, analyse les dépenses mensuelles de sa famille pour illustrer la situation de plus en plus désespérée.

    «Donc, 1250 [livres égyptiennes] pour le loyer. L’électricité, le gaz et l’eau reviennent à 500. Les cours de mon frère cadet 1000 et la nourriture 2000… et cela ne comprend pas les dépenses personnelles et les transports.»

    Ses revenus? 1500 livres égyptiennes (LE) – près de trois fois plus que le seuil de pauvreté qui est fixé à 500 LE par mois, l’équivalent de 50 euros. «Je ne sais vraiment pas comment nous parvenons à vivre, ni comment nous parvenons à joindre les deux bouts. Comment survivons-nous? Honnêtement, je ne saurais le dire. Dieu seul le sait.»

    Alors que le taux d’Égyptiens vivant sous le seuil de pauvreté est de 28% selon les chiffres officiels, ce taux s’élève jusqu’à 60% en Haute-Égypte et semble augmenter.

    Jasmine Ali, mère célibataire, figure parmi les milliers d’Egyptiens vivant en dessous du seuil de pauvreté et estime qu’il est difficile, comme unique soutien de famille, de ne pas excéder ses moyens.

    «Comment peut-on attendre de quelqu’un gagnant 500 LE qu’il vive avec ses dépenses et trois enfants? Les dépenses liées à la maison, les frais de voyage, les études… Nous n’avons pas mangé de viande et de fruits depuis des mois et deux des garçons font des petits boulots pour payer leurs études.»

    «Les fruits? Les fruits sont un luxe. C’est de sucre, d’huile et de riz dont nous avons besoin, et même ces nécessités de base sont introuvables, et encore faut-il que vous puissiez vous le permettre. Et si vous avez assez de chance pour en trouver dans un magasin privé, ils refusent de vous vendre plus d’un kilo ou deux.»

    Le manque de viande abordable a conduit à l’escroquerie, avec un phénomène choquant de bouchers qui tentent de faire passer de la viande d’âne pour du bœuf. L’escroquerie et la corruption ne sont pas nouvelles en Egypte, ni la vente de viande d’âne, ce qui est toutefois nouveau, c’est l’assurance d’un certain nombre de «spécialistes» qui cherchent à rassurer l’opinion publique sur le fait que la viande d’âne est comestible sans danger.

    Hussein Mansour, chef de l’organisation de la sécurité alimentaire, une ramification du ministère de la Santé, a provoqué la controverse lorsqu’il a affirmé qu’il était pratiquement impossible de faire la différence entre les différents types de viande, qu’il s’agisse d’âne, de chat ou de chien, si celle-ci a été hachée. Lofty Shawer, un ancien employé du ministère de la Santé, a déclaré que la viande d’âne avait contribué à réduire un écart alimentaire au cours des dernières années.

    Scandales de sécurité alimentaire

    La sécurité et la qualité des aliments produits localement suscitent une inquiétude croissante. «De plus en plus, j’entends parler de gens intoxiqués par les fruits et légumes. Même lorsqu’on peut se le permettre, on ne sait pas s’il faut le risquer», explique Ali.

    L’enquête sur l’intoxication alimentaire qui s’est produite à l’école Awlad Nour à Manzala plus tôt ce mois-ci – 33 enfants de l’école primaire sont tombés malades après la vente de sacs de pop-corn périmé – a révélé que les dates sur les emballages avaient été changées par le propriétaire du supermarché.

    Cet incident n’est qu’un des nombreux incidents récents en matière de sécurité alimentaire. Plus tôt cette année, une épidémie d’hépatite A a éclaté – laquelle aurait été causée par des fraises produites en Égypte – ce qui a donné lieu au retrait de produits égyptiens des rayons de chaînes de supermarchés.

    Ahmed, l’avocat, a affirmé que beaucoup de produits locaux sont contaminés à cause de l’eau polluée qui est utilisée suite à une sécheresse provoquée par la construction du barrage géant en Ethiopie, lequel réduit le débit du Nil en Égypte. «En raison de la pénurie d’eau après [la construction du] Renaissance Dam, des sources alternatives ont dû être trouvées et les cultures ont été irriguées avec de l’eau recyclée venant du système d’égout.»

    «L’eau est toujours sale, sombre, parfois même brune. Les enfants sont constamment malades», indique Jasmine Ali.

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    Les inquiétudes concernant la sécurité alimentaire ne sont pas nouvelles.

    La Russie, l’un des plus grands fournisseurs de blé de l’Egypte, a déclaré qu’elle allait interdire l’importation de fruits et légumes égyptiens après que son organisme de surveillance réglementaire a déclaré que ces produits violaient les normes internationales. Cependant, à l’époque, les rumeurs prétendaient qu’il s’agissait de représailles à propos de la débâcle concernant le blé qui s’était produite plus tôt dans l’année, lorsque le ministère de l’Agriculture égyptien a rétabli sa tolérance zéro à l’égard de la contamination par des champignons du blé importé, rendant les achats de grains extrêmement difficiles.

    L’Égypte a tergiversé sur la réglementation relative à l’ergot [qui contamine le blé], un champignon qui touche les céréales, dans un contexte de débats quant à son caractère cancérogène. L’ergot peut provoquer des hallucinations s’il est consommé en grande quantité, mais est considéré comme inoffensif en faibles quantités. Plus tôt cette année, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mené une évaluation des risques et a constaté que l’ergot ne représentait aucune menace pour les cultures égyptiennes. Le ministère de l’Agriculture, cependant, a formé un comité pour enquêter sur les risques, lequel a conclu que le grain doit être importé de régions depuis lesquelles les précédentes expéditions ne contenaient pas d’ergot, comme la Russie, l’Ukraine, la Lettonie et la Lituanie.

    Comme la dispute sur la sécurité des céréales importées perdurait, les marchés mondiaux ont pris peur avec l’Egypte stipulant la tolérance zéro sur l’ergot, revenant sur sa décision précédente, puis en infirmant à nouveau sa décision avant un appel d’offres.

    Avec des estimations à 11,5 millions de tonnes par an, l’Egypte est actuellement le plus grand importateur de blé au monde, et le blé reste une question de vie et de mort pour les dizaines de millions de personnes qui dépendent du système vital de subvention du gouvernement. Des changements dans les conditions d’achat signifient des prix alimentaires encore plus élevés, bien loin des prétentions du gouvernement d’essayer de rendre les aliments plus abordables.

    L’approvisionnement en pain peu onéreux est essentiel à la survie du gouvernement égyptien et avoir du pain était le slogan de la révolution égyptienne en 2011. En 1977, une hausse du prix du pain a forcé le gouvernement à déployer des chars dans les rues pour réprimer les émeutes qui s’en sont suivies.

    «Le pain, la liberté et la justice sociale»

    C’est sur ces trois exigences, «le pain, la liberté et la justice sociale», que le gouvernement Moubarak semble s’être effondré en Egypte. Des milliers de personnes étaient descendues dans les rues en 2011 pour demander sa chute et la satisfaction de ces trois nécessités de base. Cinq ans plus tard, la liberté et la justice sociale s’érodent rapidement et les prix montent en flèche.

    Dans une vidéo choquante, filmée par des témoins sur leurs téléphones, un chauffeur de taxi – dont l’identité n’est pas encore connue – s’immole en face d’un centre de l’armée à Alexandrie, après avoir critiqué vivement le gouvernement du président Sissi et protesté contre les prix élevés et les conditions de vie médiocres. Au moment de la rédaction de cet article, il était soigné pour des brûlures sur 95% de son corps. Par cet acte, le chauffeur de taxi désespéré reflète celui du vendeur de rue tunisien qui s’est immolé il y a six ans, mettant le feu aux poudres de ce qu’on appelle aujourd’hui le Printemps arabe.

    La dévaluation de la livre affecte le prix du sucre et la spéculation limite sa disponibilité

    La dévaluation de la livre affecte le prix du sucre et la spéculation limite sa disponibilité

    «La situation économique a été mauvaise pendant un certain temps, mais elle empire à un rythme auquel peu de gens s’attendaient. Elle est sur le point d’entamer un virage plus net, tandis qu’on prévoit que le gouvernement supprime davantage de subventions – quelque chose de plutôt inévitable – et dévalue la livre égyptienne», explique le Dr H. A. Hellyer, chercheur non-résident à Atlantic Council et au Royal United Services Institute à Londres.

    «Tout cela est susceptible de conduire à une inflation et une hausse de prix – hélas, plutôt inévitable, mais cela frappera très durement les franges les plus vulnérables de la société», ajoute le Dr Hellyer.

    À mesure que la situation économique du pays se détériore, de plus en plus de gens expriment leurs préoccupations, avec un certain nombre de vidéos apparaissant sur les réseaux sociaux, tandis que les Egyptiens expriment leur frustration et leur désespoir par rapport à leurs conditions de vie.

    La réponse du gouvernement a consisté à offrir des platitudes vides de sens, conseillant aux gens de «se serrer la ceinture» et, peut-être le plus étrange, leur demander de faire don de leur petite monnaie à l’Egypte.

    Dissidence croissante

    «Certains des projets du gouvernement nous donnaient de l’espoir – que ce soit les projets de construction d’une nouvelle capitale ou le canal de Suez ou d’autres encore – et nous espérions que cela permettrait d’améliorer notre qualité de vie, mais ce que nous voyons à la place est un rapide déclin de l’économie», a déclaré Bakar. «Tout va de pire en pire, la livre égyptienne n’a plus aucune valeur, les jeunes sont massivement au chômage et encore plus choisissent de risquer leur vie pour émigrer illégalement. Ils ont choisi de risquer la mort ou d’être emprisonnés plutôt que de rester et faire face à une mort certaine.»

    Tandis que la foi dans le gouvernement diminue, les troubles dans les rues sont de plus en plus prononcés, avec des appels à une «révolution des pauvres» prévue pour le 11 novembre 2016.

    Malgré la répression par les forces de sécurité, Solimon est catégorique: il ira. «Je suis avec la “révolution des pauvres”. Combien de temps devrai-je rester là et accepter cette demi-vie? Je descendrai dans la rue, mais pensez-vous que quelqu’un va s’en soucier? Vais-je recevoir une tape réconfortante ou des balles qui finiront dans mon cœur? Cela n’a plus d’importance», a déclaré Bakar.

    Il a ajouté: «Les gens parlent. Surtout les jeunes, ils sont au chômage, ils ont obtenu leur diplôme et des licences et n’ont rien en retour, ils sont de plus en plus inquiets et frustrés. Les gens sont désespérés.»

    Dans un contexte de répression sans précédent de la dissidence, l’idée de descendre dans les rues semble audacieuse, sinon téméraire. Depuis l’adoption de la loi sur les manifestations, les agents de sécurité ont été prompts à démanteler, souvent avec une force brutale, toute forme de protestation naissante et il semble peu probable qu’une répétition des événements du 25 janvier 2011 qui ont renversé Moubarak puisse se produire.

    «L’Egypte n’est pas sur le point de tomber dans une sorte de chaos sociétal – la situation économique est difficilement tenable, mais le régime qui gouverne l’Egypte est sécurisé, car il n’existe pas d’alternative au régime actuel auquel les principaux détenteurs du pouvoir en Egypte s’intéressent», a ajouté le Dr Hellyer.

    «Tout peut arriver en Égypte et le 11 novembre est encore loin, alors les choses pourraient changer, mais je ne vois aucun signe, du moins pour l’instant, indiquant que le 11 novembre soit plus qu’un petit phénomène localisé, et encore.»

    (Article publié le 26 octobre 2016 par MEE; traduit de l’anglais par VECTranslation; titre de la rédaction A l’Encontre)

    Alencontre le 28 - octobre - 2016

    http://alencontre.org/

     

     

     

     
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    Ils sont poursuivis suite à une mobilisation revendiquant notamment :

    - De meilleures conditions de travail,

    - L'assurance santé pour les  familles des salariés,

    - Une compensation financière pour les travaux dangereux,

    - Une augmentation de salaire.

    En mai 2016, le militaire qui dirige cette entreprise, devenue en 2003 propriété du ministère de la Défense, avait refusé toute négociation. Il avait renvoyé chez eux 2 400 salariés avec le tiers de leur paye normale et lancé des poursuites contre 26 salariés pour "incitation à la grève" et "refus de travailler".

    En août, sous la pression de la campagne de solidarité en Egypte et dans le monde, 600 travailleurs ont été autorisés à retourner au travail.

    Immédiatement, un nouvel accident mortel dans l'un des ateliers a montré combien le mépris du management pour les règles de sécurité.

    Le crime" qui est reproché aux inculpés est d'avoir "poussé les travailleurs à cesser le travail ainsi qu'avoir appelé à des rassemblements et organisé une mobilisation à l'intérieur de l'entreprise visant à bloquer la production". En d'autres termes des actes conformes aux conventions internationales concernant les droits des salariés, et dont l'Egypte et la France sont signataires.

    En attendant, ces quinze salariés sont détenus depuis plus de quatre mois, et leurs familles n'ont plus de quoi vivre, car le versement de leurs salaires a été suspendu.

    Le pouvoir français est partie prenante de cette répression, car c’est dans ce chantier naval que doivent être construites trois des quatre corvettes Gowind, vendues par la société française DCNS. Le gouvernement français, qui sous-traite en Egypte la construction d'une partie de ses contrats d'équipements militaires, participe à la normalisation de la répression du mouvement ouvrier égyptien et à la dégradation des conditions de travail.

    Le gouvernement français n’a jamais pris de mesure concernant la violation des droits de l’Homme en Egypte et continue à passer des contrats d’armements avec notamment la vente de 24 Rafales, un satellite militaire et d’autres projets à venir.

    Nous exigeons que le donneur d'ordres, c'est-à-dire l'Etat français, assume ses responsabilités en intervenant auprès du pouvoir égyptien pour exiger :

    - L'arrêt de toutes les procédures engagées,

    - La libération immédiate des salariés détenus,

    - La satisfaction des revendications des salariés des chantiers navals.

    Montreuil, le 16 octobre 2016

    https://npa2009.org/

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  • Egypte : Communiqué de soutien aux salariés des chantiers navals (Anti-k)

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    Communiqué de l’Union syndicale Solidaires (France)

    Outre la version en anglais, une version en arabe figure ci-dessous qui est malheureusement alignée à gauche

    Quinze salariés des chantiers navals d’Alexandrie sont détenus depuis plus de quatre mois. 
    Le « crime » qui leur est reproché est d’avoir commis des actes conformes aux conventions internationales en vigueur concernant les droits des salariés, et dont l’Egypte est signataire.
    Ils sont en effet accusés d’avoir « poussé les travailleurs de différents secteurs de l’entreprise à cesser le travail ainsi qu’avoir appelé à des rassemblements et organisé une mobilisation à l’intérieur de l’entreprise visant à bloquer la production et semer le désordre. »

    Après plusieurs reports, le tribunal militaire prononcera le 18 octobre son jugement concernant les 15 salariés détenus.

    Depuis plus de quatre mois, leurs familles n’ont plus de quoi vivre, car le versement de leurs salaires a été suspendu.

    Par ailleurs, des procédures ont été engagées pour les mêmes raisons contre 11 de leurs collègues.

    Avec les organisations égyptiennes qui les soutiennent, l’Union syndicale Solidaires demande :
    - l’arrêt de toutes les procédures engagées,
    - la libération immédiate des salariés détenus.

    Merci d’utiliser ce texte pour envoyer des messages :

    * au Président égyptien, Abdelfattah al-Sisi,
Office of the President Al Ittihadia Palace
    Cairo, Arab Republic of Egypt
    Fax : +202 2 391 1441
    Email : p.spokesman@op.gov.eg
    Twitter : @AlsisiOfficial

    * au Ministre du Travail égyptien, Mohammed Safan,
3 Yousef Abbas Street, Salah Salem,
    Nasr City, Cairo, Egypt
    manpower@manpower.gov.eg

    Paris, le 27 septembre 2016


    بيان الاتحاد النقابي متضامنون


    التضامن مع عمال الترسانة البحرية بالاسكندرية (مصر)

    خمسة عشر عاملا بترسانة السفن البحرية بالإسكندرية معتقلون منذ أكثر من أربعة أشهر.

    « جريمتهم » الوحيدة أنّهم ارتكبوا أفعالا مطابقة للمعاهدات الدولية المتعلقة بحقوق العمال، والتي تُعدّ مصر من الدول المصادقة عليها.

    هم بالفعل، متهمون « بتحريض العاملين بقطاعات الشركة المختلفة على الامتناع عن العمل من خلال قيامهم بالدعوة إلى التجمع وتنظيم وقفة احتجاجية داخل الشركة قصد عرقلة سير العمل والإخلال بانتظامه ».

    وبعد التأجيلات المتكررة، ستصدر المحكمة العسكرية حكمها يوم 18 أكتوبر القادم بخصوص العمال الخمسة عشر المعتقلين.

    فمنذ أكثر من أربعة أشهر، وأُسرهم بدون مورد رزق، خاصة بعد أن تم تعليق دفع رواتبهم.

    ومن جهة أخرى، فقد تم اتّخاذ إجراءات لنفس الأسباب ضد إحدى عشر من زملائهم.

    وإلى جانب المنظمات المصرية التي تساندهم، يطالب الاتحاد النقابي متضامنون بـ :
    - وقف كل الإجراءات المتخذة في شأنهم
    - الإفراج الفوري عن العمال المعتقلين

    الرجاء استعمال هذا النص لتوجيه رسائلكم إلى :
    * الرئيس المصري، عبد الفتاح السيسي 
    مكتب الرئيس، قصر الاتحادية
    القاهرة
    جمهورية مصر العربية
    البريد الإلكتروني : p.spokesman@op.gov.eg
    تويتر:AlsisiOfficial