Egypte - Page 5
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Nouveautés sur "Amnesty International"
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Egypte, état des lieux (NPA)
Politique
Depuis qu’il a destitué l’islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi permet le retour sur la scène publique des caciques de Moubarak. Plusieurs figures de l’ère Moubarak négocient des accords à l’amiable avec les autorités, comme Rachid Mohamed Rachid, ancien ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, ou encore Zakareya Azmi, l’ancien chef de cabinet du président Moubarak.
Le cas le plus emblématique étant celui de Hussein Salem : L’Egypte a demandé aux autorités judiciaires en Espagne, en Suisse et à Honk-Kong l’annulation du gel de ses avoirs après un accord à l’amiable concernant des accusations de corruption.
Cette demande intervient selon la même source « après un accord à l’amiable définitif passé avec l’Etat égyptien qui récupère (auprès de M. Salem) des avoirs et des liquidités d’une valeur de 5,3 milliards de livres égyptiennes ».
Les autorités ont également contacté Interpol pour demander l’annulation de leur notice rouge visant l’homme d’affaires, qui s’était réfugié en Espagne après la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Proche de la famille Moubarak, Hussein Salem avait été condamné par contumace à des peines de prison dans plusieurs procès pour corruption, notamment pour la vente de gaz à Israël à un prix inférieur à celui du marché.
Tout cela alors que Sissi a plusieurs fois répété qu’il faisait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités.Corruption toujours
Le ministre de l’approvisionnement Khaled Hanafi a démissionné suite au scandale des ventes fictives de blé. Le pain étant l’aliment le plus consommé par le peuple (un pain baladi subventionné coûte 1 ct d’euro) et la production locale étant insuffisante (le pays est le plus gros importateur de blé du monde), les autorités avaient décidé de subventionner le blé local en le payant plus cher qu’au prix mondial mais sur le blé acheté aux producteurs locaux 220 000 tonnes payées 530 000 LE étaient fictives (jamais livrées)
Situation au Sinaï
Les Forces armées sont impuissantes, elles ont recours à des supplétifs qu’elles arment sans passer par les structures tribales. C’est très mal vu par les chefs tribaux qui jugent qu’il y a un risque à armer des civils non contrôlés par eux contrairement à ce qui se passait auparavant, d’autant que ces supplétifs abusent de leur force vis à vis des civils, particulièrement des femmes.
Ils sont la cible évidemment de la Province du Sinaï au même titre que la police et l’armée : 60 d’entre eux ont été exécutés en un an.Économie, prêt du FMI
L’Egypte et le Fond monétaire international (FMI) ont signé fin août un accord pour un prêt de 12 milliards de dollars s’étalant sur trois ans. En contrepartie, les autorités égyptiennes doivent adopter des réformes économiques drastiques pour augmenter les revenus de l’Etat et réduire leurs coûteuses subventions publiques. « Le Parlement a approuvé le projet de loi présenté par le gouvernement concernant la Taxe sur la valeur ajoutée ». La TVA remplace une autre taxe sur la vente qui était de 10%. Selon le gouvernement, une cinquantaine de produits et de services sont exemptés de la nouvelle taxe, dont des produits de première nécessité comme le pain.
Une lettre ouverte signée par le Parti de l’Alliance Populaire Socialiste(1), Karama(2), Egypte Libre(3), le Courant Populaire(4), le Parti Communiste et des personnalités comme Hamdeen Sabahi(5), Georges Ishak du Conseil National des droits de l’homme... a été adressée à Sissi pour qu’il suspende les négociations avec le FMI. Ils y dénonçaient la politique économique suivie jusque là qui ne tient pas compte des intérêts des travailleurs. Ils y critiquaient la dévaluation de la Livre égyptienne (LE) intervenue en mars (- 13% et maintenant aux alentours de 15%), l’instauration de la TVA, la poursuite des privatisations des entreprises d’état et la nouvelle loi sur la Fonction Publique portant un coup d’arrêt aux embauches de diplômés. Ils mettaient en garde sur le risque de voir la dette de l’Égypte s’élever dangereusement si on ajoute au prêt du FMI le prêt de 25 milliards de dollars accordé par la Russie pour financer la centrale nucléaire de Dabaa et si on prend en compte les baisses très importantes des investissements directs, des revenus du tourisme et du Canal de Suez ainsi que celles des devises envoyées par les Égyptiens de l’étranger.
De fait l’accord, l’Egypte devra baisser significativement son déficit de 10% en un an avec dévaluation de la Livre égyptienne(LE) et suppression des subventions sur les prix du carburant d’ici 2019, prix qui augmenteront de plus de 65% durant l’année fiscale 2016-2017.Problème de l’eau
En mars 2015 un accord a été signé entre le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie au sujet du méga barrage de la Renaissance fixant la répartition de l’eau entre les 3 pays.
Cet accord baisse la proportion allouée à l’Egypte mais dès maintenant l’Egypte fait face à une pénurie d’eau sévère. Selon le ministre des ressources hydriques et de l’irrigation la crise a pour principale cause la poussée démographique qui réduit la part d’eau de chaque individu. « Les Egyptiens consomment bien plus que leur part d’eau provenant du Nil. La consommation du pays est de 80 milliards de m3 par an, alors que notre part est seulement de 55 milliards de m3 », a-t-il poursuivi avant d’indiquer que le déficit était compensé par d’autres sources comme l’eau des pluies de la côte nord, les nappes d’eau souterraines et l’eau traitée, provenant de sources agricoles.
Il n’a pas évoqué la question des infrastructures ; canalisations et autres, arrivées à saturation et non entretenues ce qui fait que 35 % de l’eau potable se retrouve dans le sol.Répression
Le gouvernement militaire égyptien est devenu l’un des plus répressifs du monde, bien plus répressif que sous la dictature policière de Moubarak, contre laquelle les jeunes se sont battus. Aujourd’hui, il est interdit de manifester, les tagueurs sont punis de prison ferme, toute liberté d’expression est sévèrement réprimée, les réseaux sociaux sont muselés, des dizaines de milliers d’opposants au régime croupissent dans les prisons ou sont tout simplement portés disparus. En 2016, l’Égypte a été jugée un des pays les plus liberticides au monde par le Legatum Institute en se classant 140e sur 142 pays pour l’index des libertés personnelles – seuls le Yémen et le Soudan seraient plus liberticides que l’Égypte.
En Egypte, plusieurs ONG accusent le gouvernement et la justice égyptienne d’utiliser la détention provisoire comme un moyen de punition politique. Un cas célèbre, celui du photojournaliste Shawkan. Avec 343 autres personnes, il encourt la peine de mort pour avoir manifesté le 14 août 2013 contre la dispersion ultra-violente du sit-in pro-Morsi de Rabaa Adaweya par la police égyptienne. Il faisait un reportage sur cette évacuation pendant laquelle les forces de l’ordre ont tué plus de 1 000 personnes en moins de 24 heures. Il est aujourd’hui en détention provisoire depuis plus de trois ans, une violation du droit international mais également du droit égyptien. En Egypte, plusieurs centaines de personnes se trouvent en détention provisoire depuis plus de deux ans. L’ONG égyptienne Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) estime que la détention provisoire a remplacé la détention administrative utilisée pendant les 30 ans d’état d’urgence sous Hosni Moubarak.Des libérations quand même
L’avocate Mahienour El Masri, militante Socialiste révolutionnaire, a été libérée il y a 2 semaines environ.
Le 21 août dernier, l’avocat Islam Khalil a été transféré au poste de police de Mahattet Raml, à Alexandrie, en vue de sa libération, un tribunal ayant ordonné sa remise en liberté contre une caution de 50 000 livres égyptiennes mais il a été torturé et n’a été libéré que 10 jours après.
Malek Adly un avocat du Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux (ECESR) a été remis en liberté le 28 août après son soutien aux rassemblements contre la rétrocession des îles Tiran et Sanafir.
Amr Badr, rédacteur en chef du site yanair.net impliqué dans la même affaire a lui aussi été inculpé. Il avait été raflé dans la fameuse charge de la police contre le local du syndicat des journalistes. Le chef du syndicat et deux de ses adjoints sont d’ailleurs toujours détenus pour avoir accueilli dans leur local Amr Badr et un de ses collègues.Loi sur la construction des églises
Sujet très sensible depuis la montée en puissance des FM et des salafistes. Les Coptes représentent environ 10% (peut être plus) des 92 millions d’habitants, il n’y a pas de statistiques bien que l’inscription de la religion sur la carte d’identité soit obligatoire. La question des églises donne lieu régulièrement à des émeutes particulièrement en Moyenne et Haute Egypte. En général ce sont des musulmans qui attaquent les chrétiens en les accusant de transformer des maisons en églises, ça se solde en général par des « médiations », en fait on reloge les chrétiens dans un autre lieu et les assaillants ne sont que très rarement poursuivis. Sissi avait promis de régler la question avant la fin de l’actuelle session parlementaire, la loi actuelle datant de 150 ans (empire ottoman révisée en 1934) et très restrictive puisque tous les ministères devaient se prononcer y compris celui des chemins de fer et de l’irrigation. Il faut savoir qu’il n’y a que 2 869 églises pour les 9 millions de chrétiens. La loi a été adoptée par 2/3 des députés sans véritable débat.
La nouvelle loi stipule que le gouverneur de province doit répondre sous quatre mois à toute demande de construction d’églises présentée par la communauté chrétienne. En cas de refus, le gouverneur doit motiver sa décision, et la communauté peut faire appel de cette décision devant la justice administrative. La loi précise que « la superficie de l’église (...) doit convenir au nombre et aux besoins des citoyens de la communauté chrétienne et doit prendre en considération la croissance de la population », a précisé M. Hamrouch. Mais cet article a fait débat car il est « trop vague et imprécis », déplore Mona Gaballah, affiliée au parti des Egyptiens libres fondé par l’homme d’affaires milliardaire copte Naguib Sawiris. « Quelle surface va-être accordée ? Qui décide de la surface ? »
L’Eglise copte orthodoxe a salué dans la nouvelle loi un pas dans la bonne direction mais certains députés chrétiens et les organisations de défense des droits de l’homme ont déploré que l’Etat n’ait pas plutôt opté pour une loi unique pour l’ensemble des lieux de culte. La construction des mosquées est en effet régie par une loi de 2001 beaucoup moins restrictive, puisqu’elle pose comme seule condition la propriété du terrain et le respect des normes de construction. « La nouvelle loi est une loi confessionnelle qui traduit la préférence de l’Etat pour les adeptes d’une religion par rapport à une autre », a déclaré à Reuters Ishak Ibrahim, de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR). « Une loi unique aurait montré que l’Etat protège les droits de tous ces citoyens de manière égale. Cela aurait envoyé un message fort aux extrémistes », a-t-il ajouté.Mouvement ouvrier
Le directeur général de l’OIT (Organisation internationale du travail, organisation regroupant syndicats, patronat et gouvernements dépendant de l’ONU ), avait écrit au président Sissi pour rappeler au gouvernement égyptien de « garantir l’application des conventions internationales du travail sur la liberté syndicale ».
Il lui a demandé de révoquer la décision interdisant la reconnaissance officielle des syndicats indépendants en la justifiant par le fait que les syndicats indépendants sont contraires à la loi 35 de 1976, qui interdit le pluralisme syndical. D’autres personnes signalent que l’article 76 de la Constitution de l’Égypte de 2014 indique que la formation d’organisations de travailleurs « sur une base démocratique est un droit garanti par la loi ».
L’OIT estime que l’interdiction de reconnaître les syndicats indépendants va à l’encontre de la Convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et de la Convention 98 sur l’application des principes du droit d’organisation et de négociation collective. L’Égypte a ratifié ces deux conventions dans les années 1950.
Le secrétaire général de la fédération syndicale Egyptian Trade Union Federation (ETUF), Gebaly al-Maraghy, a fustigé l’OIT dans un commentaire paru dans le journal privé Al-Masry Al-Youm, qualifiant le courrier de Ryder6 ( « d’ingérence injustifiée dans les affaires de l’Égypte ».
Maraghy souhaitait même une « déclaration officielle pour condamner cette intervention dans les affaires de l’Égypte ou de tout autre État arabe ».
Kamal al-Fayoumi, qui était à la tête des grèves pendant les manifestations historiques contre le gouvernement, le 6 avril 2008 à Mahalla a expliqué que les travailleurs ne recevaient « aucune aide de l’ETUF, qui est un syndicat illégal et qui participe à la corruption [de l’État] ».Arsenal d’Alexandrie :
Suite à la grève de mai 2016, 26 ouvriers ont été poursuivis pour incitation à la grève et attendent leur procès devant un tribunal militaire le 18 septembre. Alors que l’entreprise était fermée depuis trois mois la direction a brusquement ordonné sa réouverture le 24 août avec seulement 600 des 1 800 ouvriers qui n’ont touché pendant ces 3 mois que le salaire de base les obligeant à recourir à des emprunts vu sa faiblesse. La question est de savoir quel sera le sort des ouvriers mis de côté : sont ils licenciés et quid des indemnités prévues par le code du travail égyptien ?
D’autre part les causes de la grève de mai qui étaient la mort de deux ouvriers en février et le manque de sécurité sont toujours là puisqu’un 3e ouvrier est mort sans que la direction ne le reconnaisse.Femmes
Harcèlement sexuel :
Après l’obstination de Noha Elostaz, première égyptienne à faire condamner son agresseur pour harcèlement sexuel à 3 ans de prison il y a 8 ans, la mobilisation sur le terrain a permis que ce fléau qui touche 90% des femmes soit pris en compte et jugé. En 2015 sept hommes qui avaient agressé une femme Place Tahrir ont été condamnés à la prison à vie et 2 autres à 20 ans de prison.Excision :
L’excision a beau être illégale en Egypte depuis 1996 (sauf « nécessité médicale »), elle reste tout de même très courante. Un récent rapport international de l’UNICEF classait en effet encore l’Egypte parmi les plus touchés avec 87% de la population féminine concernée, toutes religions confondues, dont beaucoup de mineures (14% des excisions se font sur des filles de 7 ans et moins, 75% sur les filles de 9 à 12 ans). Bien que tous ceux qui la pratiquent s’exposent à la prison, elle est en grande partie réalisée dans des cliniques privées, sous surveillance médicale, ce qui n’empêche pas cette opération d’avoir d’effroyables conséquences sur la santé des jeunes filles.En mai dernier, Mayar Mohamed Moussa, 17 ans, est morte des suites de son excision dans un établissement hospitalier où ses parents l’avaient conduite. Son décès avait provoqué une vague d’indignation et forcé le gouvernement à envisager de nouvelles mesures pour qu’une telle tragédie ne se reproduise pas. Fin août, le gouvernement et le parlement ont adopté un amendement visant à durcir les auteurs de mutilations génitales et toute personne les ayant assistés. Le texte prévoit ainsi une peine allant de cinq à sept ans de prison pour « toute personne pratiquant une excision sur une femme », une peine d’un à trois ans de prison pour « quiconque fait pratiquer l’opération sur une femme » et des circonstances aggravantes si l’excision a entraîné une « infirmité permanente ou la mort ». Cette loi est d’autant bienvenue que l’année dernière, la libération après seulement 3 mois d’incarcération d’un médecin ayant pratiqué une excision mortelle sur une adolescente et condamné à 2 ans de prison avait créé le scandale dans le pays. Des ONG le soupçonnent aujourd’hui de continuer d’exercer en toute liberté et donc potentiellement de continuer à perpétrer ce crime dans le nord du pays.
LGBTQ
En 2014, les révélations d’un webzine cairote attestaient que la police égyptienne employait Grindr et d’autres applications de rencontre pour identifier leurs utilisateurs et les arrêter. En 2016 Solidarity with Egypt LGBTQ, un organisme qui s’emploie à dénoncer les exactions commises contre la communauté gay en Egypte, a révélé qu’entre 2013 et 2015, 125 gays et 47 personnes trans ont été inculpés suite à des affaires d’ « immoralité » et condamnés à des peines allant d’1 à 12 ans de prison ; dans 53% des affaires, internet et les réseaux sociaux ont été utilisés pour localiser et arrêter les accusés.
En avril dernier, onze hommes gays ont été condamnés à des peines allant de 3 à 12 ans d’emprisonnement. Ils avaient été arrêtés en septembre 2015 pour « débauche » suite à des rapports sexuels consentis. Cumulées, ces peines s’élèvent à 101 années de prison.Ce texte a servi de base à une discussion lors de la réunion de la Commission Maghreb Moyen-Orient du NPA du 6 septembre 2016
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D’autres déclarations convergentes rapportées par les media sont disponibles sur ESSF aux adresses suivantes
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38728 http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38788 http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38800
25 août : Jilani Hammami (...)
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Egypte : débat autour de la liberté syndicale (Afriques en Lutte)
Amendée par le parlement, la loi sur les syndicats ouvriers est au centre d’un débat. Elle est jugée par certains comme non conforme au principe de l’indépendance syndicale.
Le président de la République a ratifié les amendements introduits par le parlement sur la loi 35 de l’année 1976 relative aux syndicats ouvriers. En vertu de ces modifications, le mandat du conseil d’administration de l’Union générale des syndicats ouvriers (organisme proche du gouvernement qui encadre les syndicats ouvriers) a été prolongé de 6 mois. La loi a aussi donné à l’ouvrier au chômage le droit de rester membre du syndicat, une clause qui avait été annulée en 2012 par le biais d’un amendement sur la même loi sous le règne des Frères musulmans. En ce qui concerne les membres du conseil d’administration qui sont arrivés à l’âge de la retraite, la loi stipule leur droit à poursuivre leur mandat. « Ces amendements introduits sur la loi sont procéduraux et ne satisfont pas aux véritables revendications ouvrières concernant la liberté des formations syndicales et le changement du système électoral. Ce conseil n’a jamais vraiment défendu les droits des ouvriers, et en vertu de la version amendée de la loi, les élections longtemps attendues par les ouvriers seront reportées encore une fois », commente Kamal Abbas, militant ouvrier et coordinateur général du Centre des services syndicaux. Il rappelle que le conseil d’administration de l’union doit normalement être élu, mais le conseil en place depuis décembre 2011 a été nommé par l’assemblée générale.
Les dernières élections ouvrières remontent à 2006, c’est-à-dire à l’époque de l’ancien président Hosni Moubarak, mais suite à plusieurs recours présentés devant les tribunaux, la justice a invalidé le scrutin. Pourtant, ces verdicts n’ont jamais été appliqués sous le régime de Moubarak. Alors que de nouvelles élections devaient avoir lieu en 2011, la révolution du 25 janvier a éclaté, et le régime de Moubarak est tombé. Après la révolution, le premier ministre désigné à l’époque, Essam Charaf, décide d’appliquer les décisions de justice et de tenir de nouvelles élections. Il forme un comité chargé de gérer provisoirement les syndicats ouvriers, mais il quitte à son tour le gouvernement et l’Union des syndicats ouvriers reste sans conseil d’administration jusqu’en 2012 quand, sous le gouvernement des Frères musulmans, l’assemblée générale de l’union se réunit et décide de former un conseil dont les membres sont choisis directement et non pas élus par les ouvriers. Ce conseil est en fonction jusqu’à aujourd’hui.
L’indépendance syndicale débattue
Pourquoi donc cette décision de maintenir ce conseil en place au lieu de tenir de nouvelles élections ? Selon Fatma Ramadan, cadre et activiste ouvrière, c’est l’absence d’une volonté politique d’ouvrir le dossier des syndicats indépendants qui est derrière ces amendements qui ne font que garder le statu quo. Elle ne trouve pas logique que jusqu’à présent, l’Union générale des syndicats ouvriers d’Egypte reste la seule organisation syndicale officielle, en dépit de la création de plusieurs syndicats indépendants qui ne sont pas encore légalisés. « Le parlement a voulu avec ces récents amendements ajourner le dossier controversé de la liberté syndicale, garantie par la Constitution. La tenue de nouvelles élections ouvrières nécessite que la loi sur les syndicats ouvriers soit adaptée aux textes constitutionnels garantissant leur indépendance vis-à-vis de l’Etat, ce qui semble déranger l’exécutif », souligne Ramadan.
L’Union générale des syndicats ouvriers d’Egypte a été fondée en 1957 et englobe 5 millions d’ouvriers, dont presque la totalité travaille dans le secteur gouvernemental ou public.
C’est le plus grand groupement ouvrier. Le nombre total d’ouvriers en Egypte dépasse pourtant les 26 millions, selon un décompte de 2012 de l’Organisme central de la mobilisation publique et des statistiques (Capmas). Ce qui montre, selon Ramadan, que l’union ne représente qu’une minorité d’ouvriers. « Si beaucoup d’ouvriers ont adhéré à des syndicats indépendants c’est parce qu’ils n’ont pas trouvé la protection syndicale sous l’ombrelle de l’Union générale des ouvriers alignée sur le gouvernement. A titre d’exemple, lors de la discussion de la loi unifiée sur le travail, l’union a été contre les grèves ouvrières et la liberté syndicale. Il est lamentable que tous les projets présentés aux gouvernements successifs n’aient pas vu le jour », ajoute-t-elle.
L’Union officielle avait présenté un projet de loi, le 25 octobre 2014, au ministère de la Main-d’oeuvre qui interdit la formation « d’établissements parallèles aux établissements légitimes ».
Un autre projet de la loi avait été présenté par le ministère de la Main-d’oeuvre en août 2013, qui était soutenu par les syndicats indépendants, mais il a été rejeté par l’Union des syndicats des ouvriers. La définition de l’indépendance des syndicats et des libertés syndicales est au centre des désaccords autour des projets de loi élaborés jusqu’à présent. L’Union générale des syndicats ouvriers rejette le système plurisyndical, légalisé dans le projet de 2013. « Avoir plusieurs syndicats au sein du même établissement est dangereux. Cela signifie une lutte entre différentes organisations, et ceci peut affecter l’économie, alors que l’Etat a besoin d’unir les rangs en ce moment », estime Magdi Badawi, porte-parole de l’union. Et d’ajouter : « Ce serait une décomposition du mouvement ouvrier ». Mais Salah Al-Ansari, cadre ouvrier, n’est pas d’accord. « Avoir des syndicats indépendants ne signifie pas fragmenter le mouvement ouvrier, mais plutôt défendre les droits des ouvriers », réplique-t-il. Il rappelle que la tergiversation de l’Etat sur ce dossier a été l’une des raisons pour lesquelles l’Organisation Internationale du Travail (OIT) avait placé l’Egypte sur la liste noire en 2013. « Le gouvernement doit oeuvrer pour la levée des restrictions imposées à la création et au fonctionnement des syndicats ouvriers indépendants et à la mise en place d’un système garantissant un salaire minimum convenable réduisant les inégalités », insiste Al-Ansari.
Le combat pour la liberté syndicale n’est pas fini.
Cette semaine, 60 députés indépendants ont présenté à la commission des lois au parlement un projet de loi légalisant les syndicats indépendants et garantissant leur création sur simple notification. Jusqu’à ce que ce dossier soit rouvert, seule l’Union générale est officiellement reconnue comme représentant légal des ouvriers en Egypte.
Source : Al Ahram 20 août 2016
http://www.afriquesenlutte.org/egypte/article/egypte-debat-autour-de-la-liberte
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Massacre de Rabaa : le rapport que les autorités égyptiennes ne veulent pas qu’on lise (Orient 21)
Le massacre de Rabaa du 14 août 2013 et les tueries de masse de manifestants en Égypte font l’objet d’un rapport détaillé de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch qui les qualifie de « probables crimes contre l’humanité ».
Une délégation de l’organisation, avec à sa tête son directeur Kenneth Roth, devait se rendre au Caire pour présenter les résultats de son enquête. L’entrée du territoire lui a été interdite.
Human Rights Watch (HRW) publie dans son rapport All According to Plan : The Rab’a Massacre and Mass Killings of Protesters in Egypt1 le compte-rendu minuté d’une journée qui marque un tournant dans l’histoire récente de l’Égypte et de ce qui l’a précédé. Le 14 août 2013, en effet, sur la place de Rabaa Al-Adaweyya au Caire, au moins 817 Égyptiens ont été tués en douze heures (le chiffre avoisine probablement le millier).
Après la destitution par l’armée de Mohamed Morsi, premier civil démocratiquement élu, ses partisans organisent deux grands sit-in au Caire, sur les places Rabaa et Al-Nahda. « Des dizaines de milliers de manifestants pro-Morsi, en grande majorité pacifiques, notamment des femmes et des enfants, ont tenu un sit-in du 3 juillet au 14 août afin de demander la réintégration du président déchu par le coup d’État militaire », explique HRW. Avant d’être évacués. Le rapport détaille comment « l’un des plus importants massacres de manifestants de l’histoire récente » a été planifié au plus haut sommet de l’État.
Une tuerie programmée
14 août, 5 h 30. La place est encerclée par la police et l’armée. Des messages diffusés durant quelques minutes demandent aux 20 000 personnes installées à Rabaa2 de s’en aller. La plupart ne les entend pas ou n’y prête pas attention : depuis des jours, les autorités préviennent que les lieux seront vidés, mais sans donner de précisions. Estimant être dans leur droit de s’opposer pacifiquement à la destitution du président, les manifestants veulent rester. Mais toutes les issues sont bientôt bloquées par des véhicules blindés de transport de troupes. Le dispositif est lourd : bulldozers, troupes au sol, snipers, tireurs d’élite installés dans des hélicoptères. À 6 h 30, l’assaut est lancé. Le piège se referme sur les manifestants. « Les forces de sécurité utilisent des balles réelles et visent la tête, le cou, et la poitrine. » L’hôpital et le personnel de santé sont eux aussi ciblés. La mosquée dans laquelle des femmes et enfants ont trouvé refuge est incendiée : le gouvernement accusait les manifestants d’y avoir mis le feu. HRW dément et dénonce « l’usage d’une force meurtrière sans discernement ». Plus de 800 manifestants sont arrêtés, certains d’entre eux « battus, torturés et exécutés sommairement ». Les cadavres s’amoncellent. Des vidéos montrent des bulldozers qui leur roulent dessus. Des corps brûlés. Des charniers. HRW accuse au moins douze personnes d’avoir « suivi un plan qui prévoyait des milliers de morts ». Dont le général Abdel Fattah Al-Sissi, à l’époque ministre de la défense.
Considérant que les Égyptiens avaient répondu à son appel de lui manifester leur soutien dans sa « lutte contre le terrorisme », le général Al-Sissi a lancé les dispersions de sit-in après plusieurs semaines de campagne à l’encontre des manifestants. Le discours sur les pro-Morsi est similaire à celui tenu sur les révolutionnaires de la place Tahrir en 2011 : ils sont accusés d’être instrumentalisés et payés, de gêner la circulation et de porter atteinte à la sécurité nationale.
« Pendant des semaines, le premier ministre, les ministres de l’intérieur et de la défense et d’autres représentants du gouvernement ont indiqué qu’un dispersion forcée était nécessaire. » Mais ce qui retient particulièrement l’attention de HRW, ce sont les déclarations publiques des ministres qui, avant le démantèlement, prévoyaient déjà un nombre de victimes très important.
« Le ministère de l’intérieur avait tablé sur un bilan allant jusqu’à 3 500 tués. Le ministre Mohamed Ibrahim — qui a dit avoir passé “un très grand nombre de longues journées à discuter de tous les détails de la dispersion” — a déclaré avoir prévu des pertes de l’ordre de 10 % des personnes présentes, admettant que le sit-in en avait réuni “plus de 20 000”. Le premier ministre Hazem al-Beblawi commentera en septembre : « On s’attendait à bien pire. Le bilan final est inférieur à nos prévisions ». L’un « des plus grands massacres de manifestants en une seule journée de l’histoire récente à l’échelle mondiale » est considéré comme « une réussite ». Pour HRW, « une douzaine de hauts responsables de la chaîne de commandement », « en particulier le ministre Mohamed Ibrahim, le ministre de la défense de l’époque, qui a tenu un rôle de commandement sur les forces armées, l’actuel président Al-Sissi et le chef des forces spéciales à la tête de l’opération Medhat Menshawi devraient faire l’objet d’une enquête afin d’établir leur rôle dans ces tueries ».
Des crimes impunis
Si le rapport précise que les manifestants ont pu détenir des armes et ont riposté, notamment avec des cocktails molotov, il ne met pas sur le même plan leurs violences et celles des forces de l’ordre qui ont débuté les hostilités. Ibrahim a déclaré que quinze armes à feu avaient été saisies, ce qui conforte l’organisation de défense des droits de l’homme dans son propos. HRW détaille tous les arguments à l’encontre des manifestants pour en revenir à la même conclusion : rien ne peut justifier un tel usage de la force. Et confronte les déclarations et conclusions du ministre de l’intérieur et les faits, mettant ainsi en évidence, preuves accablantes à l’appui, les contradictions.
Elle rappelle aussi le contexte : propagande médiatique à l’égard des soutiens de Morsi, arrestation massive de Frères et de Soeurs musulman-e-s et de tout opposant, liberté de la presse restreinte, interdiction de manifester, dissolutions d’associations, procès de masses, milliers de personnes détenues, peines de morts massives. L’attaque de Rabaa n’est pas un événement isolé. Le démantèlement de Al-Nahda a été mené selon les mêmes méthodes et six manifestations entre le 5 juillet et le 17 août 2013 ont été sévèrement réprimées. 1 150 personnes ont ainsi été tuées en deux mois par les forces de sécurité.
Kenneth Roth dénonce l’impunité de ceux qui dirigent encore le pays et sont impliqués dans « ces probables crimes contre l’humanité ». HRW demande une enquête internationale et des réactions fermes de tous les pays, rappelant que l’Union européenne et les États-Unis continuent à fournir des armes et d’autres équipements à l’Égypte.
Si ces violences sont spectaculaires, les conclusions de ce rapport sont, elles, familières : depuis la révolte de 2011, les autorités, les forces de police et l’armée ont pris l’habitude de réprimer sévèrement toute opposition. Dans une totale impunité.
1Le rapport se base sur plus de 200 témoignages de manifestants, médecins, résidents locaux et journalistes indépendants. HRW s’est rendu sur chacun des sites des manifestations durant les attaques ou immédiatement après leur début et a examiné les preuves matérielles, des heures de séquences vidéo ainsi que les déclarations des pouvoirs publics.
2La place a accueilli jusqu’à 85 000 manifestants.
Voir aussi:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre de la place Rabia-El-Adaou
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Le FMI vole au secours d’une Egypte plombée par les déficits (Anti-K)
Le Fonds monétaire international va prêter 12 milliards de dollars au Caire.
Le Caire et le Fonds monétaire international (FMI) ont annoncé jeudi être parvenus à un « accord initial » pour un crédit de 12 milliards de dollars sur trois ans à l’Egypte. Une aide indispensable au vu du déficit budgétaire équivalent à 11 % du PIB et de celui de la balance des paiements, 7,5 % du PIB.
Le chef de la mission du FMI, arrivée au Caire fin juillet, Chris Jarvis, a souligné que le programme avait pour objectif « d’améliorer le fonctionnement du marché des changes, augmenter les réserves de change, ramener l’inflation sous les 10 %, réduire le déficit budgétaire et relancer la croissance ». Le Caire table sur un total de 21 milliards de dollars avec l’apport de la Banque mondiale et de financiers non précisés.
Le gouvernement s’est engagé en contrepartie à mener des réformes :
introduction de la TVA, flexibilité du taux de change, modération des rémunérations dans la fonction publique pléthorique et suppression des subventions à la consommation d’énergie. Mais le FMI, qui doit encore valider l’accord dans les prochaines semaines, restera prudent en débloquant l’argent tranche par tranche. L’Egypte est déjà revenue deux fois depuis le printemps arabe en 2011 sur des accords avec le FMI, par nationalisme ou crainte d’agitation sociale. Mais, cette fois, Le Caire n’a plus le choix. Ses taux d’intérêt à 17 % sont punitifs, l’inflation à 14 % rogne le pouvoir d’achat de la plupart des 80 millions d’Egyptiens et le service de la dette publique absorbe le tiers des dépenses de l’Etat. La croissance est retombée à 3 % en 2015-2016, bien trop bas dans un pays en forte croissance démographique et où plus d’un jeune sur trois est au chômage.
Un plan de réformes
Le déficit des paiements (lire ci-dessous) met en outre la livre sous pression. Le gouverneur de la banque centrale, Tareq Amer, a reconnu que la défense du taux fixe de change de la livre était « une grave erreur » et l’a dévalué de 5 % en mars, à 8,8 pour 1 dollar. Sans vraiment rétablir la confiance, puisque la livre se négocie aujourd’hui à 12 dollars au marché noir. Les réserves de la banque centrale sont tombées à 15,5 milliards de dollars en juillet, juste assez pour financer trois mois d’importations, au plus bas depuis seize ans. En essayant de lutter contre le marché noir de devises, au prix de la fermeture récente de dizaines de bureaux de change le pratiquant, le gouvernement n’a réussi qu’à provoquer une pénurie de devises qui pénalise les importations de pièces détachées dont l’industrie locale a besoin. Une nouvelle dévaluation semble inévitable.
Le président Al Sissi, ex-chef de la junte militaire, applique toutefois déjà une ébauche de plan de réformes. Medhat Nafei, professeur d’économie à l’université Misr International, souligne dans le journal « Al Monitor » qu’il s’est résolu à réduire les subventions aux carburants qui représentent encore un cinquième des dépenses publiques. Et le Parlement étudie depuis mi-juillet un projet de loi instaurant la TVA, dont on parle depuis des années. Le Caire compte aussi instaurer le guichet unique pour la création d’une entreprise, alors qu’il faut actuellement… 78 permis différents.
YVES BOURDILLON -
En Egypte, un photographe "oublié" en prison depuis trois ans (France 24)
Il hurle pour se faire entendre depuis le box des accusés insonorisé d'un tribunal du Caire. Le photographe Mahmoud Abdel Shakour a le sentiment "d'avoir été oublié" trois ans après son arrestation au plus fort de la répression en Egypte.
Le photojournaliste de 29 ans, primé à l'étranger pour son travail et connu sous le pseudonyme de Shawkan, avait été interpellé le 14 août 2013, alors qu'il couvrait au Caire la sanglante dispersion d'un sit-in de l'opposition islamiste par les forces de sécurité.
Pour les défenseurs des droits de l'Homme, le cas de Shawkan est l'un des nombreux exemples de la répression qui sévit en Egypte depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.
Des centaines de partisans du président Morsi avaient été tués le 14 août 2013, jour le plus meurtrier de l'histoire moderne de l'Egypte et l'un des plus sanglants dans la région depuis le Printemps arabe en 2011. Dix policiers ont également péri."Je suis désespéré, je me sens impuissant. Le temps passe et je suis toujours en prison", hurle Shawkan depuis la cage des accusés lors de son procès le 9 août.Après des mois de détention provisoire, lui et 738 co-accusés sont jugés pour meurtre de policiers et résistance aux forces de l'ordre durant la dispersion du sit-in. Ils risquent la peine de mort.
"J'ai l'impression d'avoir été oublié en prison", déplore le photographe, lauréat en 2016 d'un prix prestigieux décerné par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
"J'aurais voulu me réjouir, mais je ne peux pas. Reprenez le prix et redonnez-moi ma liberté!", lance Shawkan. "Chaque jour, je perds un peu plus espoir".
Lors d'une audience, le jeune homme s'est plaint d'être détenu dans une cellule mal ventilée qui rend insupportable la chaleur de l'été. Sa famille assure en outre qu'il ne peut pas recevoir en prison les soins nécessaires pour traiter l'hépatite C dont il souffre.
'Aucune preuve'
Shawkan couvrait la dispersion du sit-in pour l'agence photo Demotix. Trois journalistes ont été tués ce jour-là, dont le caméraman de la chaîne d'information Sky News Michael Deane.
"Il n'y a aucune preuve l'incriminant. Au contraire, on a de quoi prouver qu'il travaillait comme journaliste indépendant", affirme à l'AFP son avocat Karim Abdel Radi.
"C'est la pire période pour être journaliste en Egypte", assène de son côté Sherif Mansour, du CPJ, une ONG basée à New-York.
Ainsi, le chef du syndicat de la presse et deux de ses adjoints sont actuellement poursuivis en justice pour avoir abrité dans les locaux de l'institution deux journalistes accusés par les autorités d'avoir appelé à manifester contre le gouvernement.
Quelques mois après l'arrestation de Shawkan, l'Egypte avait déclenché un tollé international avec l'arrestation fin 2013 de trois reporters d'Al-Jazeera, dont un Australien et un Canadien. Traduits en justice, ils ont été condamnés à la prison avant d'être graciés par le président.
Un co-accusé de M. Shawkan, un journaliste de l'antenne arabophone d'Al-Jazeera, Abdallah ElShamy, avait été libéré en juin 2014 pour raisons de santé et avait quitté le pays, après cinq mois de grève de la faim.
Le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée architecte de la destitution de M. Morsi, est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime ultra-répressif.
Des milliers d'opposants islamistes croupissent toujours en prison, tandis que des centaines ont été condamnés à mort en première instance. La répression cible également l'opposition laïque et de gauche, qui compte des dizaines de partisans derrière les barreaux.
"Je n'arrive pas à dormir la nuit, en sachant que mon fils est victime d'injustice", confie la mère de Shawkan, Reda Mahrous, les larmes aux yeux sur le lit du photographe, près de son portrait.
A son poignet, un bracelet vert fabriqué par son fils en prison. "Tous les jours, je fais son lit, j’attends qu'il frappe à la porte. Mais ça n'arrive jamais."
Haitham EL-TABEI, 24matins.fr