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Histoire - Page 15

  • Les intentions cachées d’une série télévisée sur les juifs égyptiens (Orient 21)

    Omissions, mensonges et propagande

    Programmer une série « spécial ramadan » consacrée aux juifs était un pari particulièrement audacieux. En Égypte, la chaîne Mehwar Drama l’a tenu. Avant sa diffusion, et tout au long du mois, des polémi- ques ont enflé sur les sujets abordés et la façon dont ils l’étaient. Le problème : les erreurs historiques sont multiples, les combats sont dépolitisés et la propagande actuelle contre les Frères musulmans et les Palestiniens relayée. Analyse de cette série dont les épisodes sont disponibles sur YouTube.

    Avec son titre accrocheur, le thème de cette série ramadanesque était un pari risqué pour le réalisateur égyptien Medhat El-Adl. Dans Harat al-Yahoud «  Le Quartier juif  », il revient en effet sur un chapitre de l’histoire contemporaine controversé et finalement peu documenté : le départ des juifs d’Égypte suite à la création de l’État d’Israël et à la première guerre israélo-arabe de 1948-1949. C’est à travers l’histoire d’amour entre Ali, un officier de l’armée, musulman, et Leïla, une jeune fille juive que le réalisateur tente de réconcilier les Égyptiens avec un partie de leur héritage. Cependant, cette noble intention est desservie par les innombrables erreurs historiques qui parsèment la série et par des discours politiques qui sont le reflet trop manifeste de la propagande du régime actuel.

    Un improbable «  âge d’or  » reconstitué en studio

    Si le quartier juif existe toujours, le réalisateur a décidé de le reconstituer en studio. On découvre un quartier lumineux, aux rues larges et propres, avec un cinéma et des immeubles anciens caractérisés par des appartements à hauts plafonds et un mobilier luxueux. Rien à voir avec la réalité décrite par Albert Arié, rencontré par Orient XXI.

    Agé de 85 ans, Albert Arié séjourna plusieurs semaines dans le quartier juif à la fin de l’année 1947. Détaché au «  quartier juif  » dans le cadre d’une campagne de lutte contre l’épidémie de choléra qui touche l’Égypte à cette époque, il raconte : «  J’ai découvert l’un des quartiers les plus pauvres du Caire, aux immeubles branlants et en mauvais état, érigés le long de petites ruelles sales et enchevêtrées  ». Il explique par ailleurs que s’il existait des quartiers où l’on trouvait des juifs, des musulmans et des chrétiens de classe moyenne vivant ensemble, comme à Abbassiyah ou à Sakakini, les habitants du quartier juif étaient en revanche tous juifs et vivaient bien en dessous du seuil de pauvreté. Avec un faible niveau d’éducation, souvent même illettrés, ils occupaient majoritairement de «  petits boulots  ». Rien à voir donc avec la mixité religieuse et les personnages cosmopolites mis en scène dans la série : pachas, officiers de l’armée et une classe moyenne petite-bourgeoise, composée d’orfèvres, de vendeurs de tissus, d’employées chez Cicurel1 et de diplômés du collège de la Mère de Dieu2, parlant français et récitant Albert Camus.

    Intérieur riche

    Si l’on peut se réjouir par ailleurs de l’histoire d’amour entre Ali et Leïla, elle n’aurait probablement pas été tolérée du temps où l’Égypte était en guerre contre «  l’entité sioniste  » et où la loi martiale (déclarée en mai 1948 mais non mentionnée dans la série) était en vigueur. À ce sujet, Arié s’indigne : «  il est grotesque d’imaginer qu’un officier aurait pu envoyer des lettres à sa petite amie juive depuis le front sans que celles-ci soient interceptées, ou qu’il soit renvoyé  ». Il s’étonne aussi de l’ignorance des spécificités du judaïsme et de ses différentes doctrines, ignorance manifeste notamment dans la mise en scène d’un mariage peu probable entre une juive rabbinite et un juif karaïte (9).

    La famille karaïte est par ailleurs noble et riche, à la tête d’un réseau finançant l’émigration des juifs égyptiens vers Israël. Or, les juifs karaïtes3 étaient parmi les plus pauvres d’Égypte et parmi ceux dont le sentiment national égyptien était généralement le plus fort. Le réalisateur gomme ainsi les écarts et contraintes séparant les différentes classes sociales de l’époque mais aussi les différentes religions et représente une Égypte telle qu’il se l’imagine, non telle qu’elle était, dans une vision plus romantique que nostalgique d’un «  âge d’or  » à l’andalouse où tout le monde coexistait4.

    Certes, le réalisateur n’échappe pas aux contradictions du cinéma et de la société égyptiens, comme lorsqu’il habille les jeunes actrices de tenues aguichantes, courtes et décolletées, dignes de la haute couture à l’européenne et plutôt associées aux classes moyennes de l’époque. On peut dire aussi qu’il s’agit d’une fiction et que le réalisateur peut donner libre cours à son imagination, comme dans l’épisode 9, lorsque le personnage de l’officier égyptien parvient, après s’être évadé d’une prison de l’armée israélienne, à rejoindre l’Égypte en se jetant dans un train qui relie les États israélien et égyptien... bien qu’il n’y ait jamais eu de train entre ces deux États. Interrogé à ce sujet par Al-Masry al-Youm, le réalisateur a simplement répondu : «  je voulais qu’il s’échappe par le train.  »

    Petits arrangements avec l’Histoire

    La série n’en demeure pas moins une fiction historique, et ce qui pourrait passer pour des lubies de la part du réalisateur devient plus problématique lorsqu’il réécrit le cours des événements. La chronologie est en effet bien souvent malmenée, comme lorsque l’assassinat du premier ministre Mahmoud Al-Nuqrashi (décembre 1948, ici épisode 10) se produit après la signature de l’accord d’armistice entre l’Égypte et Israël (janvier 1949 mais épisode 6  !)5.

    Dans un premier temps, ce manque de rigueur du réalisateur a eu pour conséquence de décrédibiliser auprès du public égyptien et arabe l’ensemble de la série, y compris et surtout le portrait «  humain  » dressé des juifs, inédit dans le cinéma égyptien. Il aura retenu toutes les attentions, dénoncé comme une manipulation supplémentaire destinée à donner une image positive d’Israël6 bien que la série ait son lot de «  méchants  » juifs, comme le personnage d’un orfèvre avide qui reprend les clichés les plus classiques du cinéma égyptien.

    La représentation romantique d’une Égypte tolérante et respectueuse de ses communautés éclipse les moments douloureux qui ont poussé les juifs à quitter l’Égypte, comme la série d’attentats à la bombe contre le quartier juif dès 1947, les dizaines de victimes et la vague d’exode qui s’ensuivit. Les politiques de persécutions et d’exil forcé orchestrées par le gouvernement et notamment le ministère de l’intérieur sont, elles aussi, occultées par la représentation d’une nation égyptienne forte et unie, en lutte contre l’occupant britannique. Le seul cas d’exil forcé mentionné dans la série, sans être pour autant expliqué, est celui d’Henri Curiel, dont le personnage fait une furtive apparition aux épisodes 18 (1 minute 30) et 19 (40 secondes). Finalement, la question du départ des juifs d’Égypte se retrouve dépolitisée et les prises de position politique des personnages, qu’il s’agisse du choix d’émigrer en Israël ou de l’adoption d’un discours anti-juif, sont réduites à une dimension individuelle, résultat de déceptions amoureuses, de querelles ou encore de ressentiment personnels.

    Dans ce contexte, les quelques événements historiques et discours politiques qui surgissent en toile de fond de manière grossière, voire caricaturale, s’intègrent mal et il est difficile de ne pas y voir le reflet d’une propagande politique plus actuelle.

    Caricature des Palestiniens

    À l’image de la question de l’émigration des juifs d’Égypte, les conséquences de la création de l’État d’Israël pour les Palestiniens sont éclipsées et les représentations ponctuelles et caricaturales qui sont faites ne redorent guère leur image dans le contexte politique et médiatique égyptien actuel, particulièrement hostile aux Palestiniens.

    Le premier Palestinien de la série apparaît au 4e épisode sous les traits d’un «  collabo  » des forces d’occupation israéliennes. Bien que par la suite, ce personnage s’avère en réalité un agent double espionnant l’ennemi, on regrette que ce soit l’entrée choisie par le réalisateur, d’autant que la représentation des Palestiniens ne s’améliore pas au cours des épisodes suivants (8, 9 puis 19) où ils apparaissent uniquement sous les traits de quelques villageois (bédouins  ?) palestiniens, totalement passifs, aux habits folkloriques, entourés de leurs chameaux, dans un décor semi-désertique.

    Il faut attendre l’épisode 18, soit plus de la moitié de la série, pour que la résistance palestinienne entre en scène incarnée par... des Palestiniens attaquant un kibboutz. Cette scène silencieuse d’une durée de 40 secondes ponctuée uniquement par des coups de feu montre les Palestiniens tournant autour de ce qui semble être une antenne relais, tels des Indiens autour du feu. L’épisode se conclut par une seconde attaque sur la personne du dirigeant du kibboutz par un enfant palestinien qui tente de le tuer avec un fusil.

    Agents doubles, agresseurs ou spectateurs mais toujours silencieux ou tout simplement absents d’un conflit qui n’est plus le leur, les Palestiniens se trouvent ainsi réduits au rôle de figurants tandis que par ailleurs la série reprend certains éléments du discours sioniste sans aucun démenti : un commandant de kibboutz explique que cette terre est en réalité la terre des juifs «  depuis 2000 ans  » et que ce qu’il veut c’est vivre en paix : il rêve d’une grande maison, d’amour, de paix et de musique... mais ils doivent se défendre contre les Palestiniens qui les attaquent (16 et 18). En revanche, les propos antisémites sont toujours attaqués par des répliques scandalisées et véhémentes.

    Les débats politiques sur la colonisation et l’occupation de la Palestine ainsi mis en scène apparaissent donc simplifiés, pour ne pas dire simplistes, et finalement biaisés dans un contexte où les relations avec Israël n’ont jamais été aussi fortes, du renforcement du blocus sur Gaza après le coup d’État du 3 juillet 2013 au renvoi d’un ambassadeur en Israël après presque 3 ans d’absence en passant par la complicité de l’Égypte dans l’attaque menée par Israël sur Gaza à l’été 2014. Ce n’est donc pas tant l’humanisation des juifs que l’absence de traitement identique vis-à-vis des Palestiniens et des Frères musulmans qui se fait le reflet de la nouvelle phase de normalisation accrue avec l’occupant israélien entamée par les nouvelles autorités égyptiennes.

    Frères musulmans, une vision manichéenne

    Dès le premier épisode, le ton est donné avec une attaque contre les Frères musulmans et leur rôle dans la guerre contre l’occupant sioniste et le déni de la réalité de l’envoi de brigades fréristes en Palestine. C’est ensuite leur rôle politique dans la réussite du coup d’État des Officiers libres (1952) qui est occulté, alors qu’ils constituaient l’une des principales forces mobilisatrices, sans compter leurs rapports organisationnels avec les Officiers libres dont nombre des membres du comité exécutif ont appartenu à un moment ou un autre aux Frères Musulmans et alors que l’on dénombrait plus de 70 recrues des Frères musulmans parmi les Officiers libres7. Le réalisateur présente les Officiers libres comme une force détachée des courants idéologiques de l’époque et les communistes sont eux aussi vivement attaqués, accusés à tort de «  rassembler des juifs pour les envoyer en Israël  », alors que les communistes égyptiens rejetaient le sionisme.

    À partir de l’épisode 10, les réunions secrètes qui se multiplient en vue d’une révolte ne font qu’exacerber l’aspect caricatural des discours de chacune des parties : d’un côté, des officiers uniquement préoccupés par le bien du pays veulent rejoindre les Officiers libres, rejetant l’idée d’une adhésion aux Frères musulmans — des «  assassins  » qui «  mélangent politique et religion pour tromper les pauvres et les innocents  » (17). De l’autre, des Frères musulmans qui discutent essentiellement de leurs intérêts et de l’avenir de la confrérie après l’assassinat de leur leader Hassan Al-Banna (14, 15).

    Hypocrites dans leur solidarité avec les Palestiniens et finalement plus occupés à semer la discorde dans le pays (et dans le quartier) en propageant l’idée que «  les juifs ici sont comme les juifs en Israël  » (4), le portrait dressé des Frères musulmans est loin d’être aussi humain que celui des juifs. Albert Arié, communiste et juif, qui a côtoyé de nombreux Frères musulmans, notamment pendant ses onze années de détention en tant que prisonnier politique, explique : «  Les Frères musulmans ont effectivement mené certaines attaques contre les juifs mais ils avaient d’autres chats à fouetter, surtout après leur dissolution. Réduire l’histoire post-1948 des juifs égyptiens à ces attaques, c’est réductionniste et c’est une insulte à la vérité. Ce n’est pas la peur des Frères musulmans qui a poussé les juifs à partir mais la peur et les pressions de la sécurité intérieure et du ressentiment populaire croissant  ».

    À l’épisode 11, suite à l’assassinat du premier ministre Nokrachi, les attaques contre la confrérie sont formulées par le personnage d’Al-Banna lui-même : «  Ce que j’ai bâti depuis 1928 est en train d’être détruit par des gens qui sont immatures, instables et ne comprennent rien  ». «  Ce qui nous est arrivé avant est une chose mais ce qui va nous arriver maintenant va être bien pire. Aujourd’hui va commencer la guerre contre nous  », ajoute-t-il  ; une déclaration presque prophétique si l’on considère la répression actuelle subie par les Frères musulmans. Par ailleurs, la nécessité de lutter contre les idées de la confrérie revient à de nombreuses reprises : alors que dans le quartier, voyous et prostituées deviennent eux aussi les héros de la résistance contre l’occupant (16) entraînés par l’officier Ali, celui-ci explique que les idées des Frères musulmans doivent être combattues, tandis que ceux qui les embrassent sont présentés comme des jeunes trop crédules (la sœur d’Ali) ou fanatiques (son compagnon).

    Face aux Frères musulmans (et aux communistes), les jeunes et beaux officiers, courageux, aux discours progressistes et unitaires, sont les seuls véritables patriotes, l’officier amoureux Ali renonçant finalement à son bonheur personnel dans la dernière scène, son amour de la patrie étant plus fort que celui qui le lie à Leïla.

    La vision romantique d’une nation égyptienne forte, unie dans toutes ses composantes et conduite par une armée glorifiée fait écho au slogan du coup d’État militaire du 3 juillet 2013 : «  le peuple, l’armée, la police, main dans la main  ». Et finalement, alors que le réalisateur tente de retracer les deux années qui ont suivi le coup d’État de 1952 et la nouvelle dissolution des Frères musulmans en 1954, les discours anachroniques contre les Frères accusés de vouloir «  récupérer la Révolution  » ou de faire partie d’une «  cinquième colonne  » cachent mal les positions assumées du réalisateur qui compare Gamal Abdel Nasser et Abdel Fattah Al-Sissi : «  Nous voyons l’histoire se répéter. Les Frères musulmans ont essayé de prendre le dessus sur la révolution de juillet mais ont échoué parce que Nasser était un leader avec une stratégie. C’est arrivé à nouveau avec la révolution du 25 janvier (2011, début du printemps égyptien) comme les événements le prouvent.  »8 L’un des éclairs de vérité sur cette question réside peut-être dans cette phrase prononcée dans l’un des derniers épisodes par un jeune Frère musulman : «  Quoi qu’il advienne, ils disent toujours que c’est notre faute ou celle des communistes  » (28).

    Au service du discours dominant actuel

    L’histoire des juifs d’Égypte, celle de la révolution de 1952 et la question palestinienne sont des thématiques sensibles qui ont été soumises, au fil des décennies, à l’interprétation et à la manipulation des différents régimes égyptiens. La série Le quartier juif est le reflet de son époque et du discours dominant actuel, alors que la peine de mort de Mohamed Morsi, accusé d’espionnage au profit «  du Hamas, du Hezbollah chiite libanais et des pasdarans iraniens  » a été confirmée le 16 juin 2015.

    Certes, concernant la question des juifs d’Égypte, cette série représente une nouvelle tentative9 de briser un tabou et de bousculer certaines idées reçues auprès de la population égyptienne, comme le montrent non seulement les nombreuses polémiques mais aussi l’intérêt porté par certains médias ces dernières semaines à cet aspect de l’histoire contemporaine négligé jusque-là. Son héritage est menacé  ; sur 100 000 juifs égyptiens en 1948, il n’en reste plus que quelques uns10. Nous conclurons alors avec ces mots d’Albert Arie dans un entretien à Ahram online : «  Ce qu’il faut maintenant c’est faire en sorte que l’histoire des juifs égyptiens, qui fait en fait partie de l’histoire de l’Égypte, soit bien documentée et leurs monuments préservés pour qu’un jour peut-être, l’histoire complète soit correctement racontée, loin des buts de propagande politique ou de gains commerciaux  ».

    Céline Lebrun   7 août 2015
  • Ils étaient 222 décapités par la guillotine (Babsman)

    Dans leur opération de répression de la lutte pour l’indépendance, les autorités coloniales usèrent d’une arme sauvage : la guillotine.

    Une machine de guerre infernale. De 1956 à 1958, il y a eu 16 exécutions doubles, 15 multiples, 8 quadruples, une quintuple. Pour la seule année 1957, 82 condamnés à mort ont été exécutés : 41 à Alger, 7 à Oran et 34 à Constantine.

    Premier à monter sur l’échafaud : Ahmed Zabana

    Ahmed Zabana a été décapité par la guillotine le 19 juin 1956, à 4 heures du matin, dans la cour de la prison de Serkadji. Le Conseil supérieur français de la magistrature avait scellé son sort lors de sa réunion du 5 juin 1956. 

    Il avait suivi la directive du chef du gouvernement, Guy Mollet – « la sanction doit immédiatement suivre l’arrêt » –  donnée en Conseil des ministres quatre mois auparavant, le 15 février. De son côté, le Secrétaire d’Etat à la guerre, Max Lejeune, socialiste de la SFIO, partisan convaincu de l’Algérie française, appuyait l’appel des Français d’Algérie : « Les sentences doivent être exécutées ». A la date du 15 février 1956, 253 condamnations à mort avaient été prononcées dont 163 par contumace.  90 détenus se trouvaient donc dans les couloirs de la mort des prisons

    La condamnation à mort le 30 mai 1956 d’Ahmed Zabana figurait parmi les 55 sentences confirmées par la Cour de Cassation.

    Le 19 juin 1956, le bourreau en titre s’appelait André Berger, « Monsieur Alger » ; Maurice Meissonnier, aidé de son fils Fernand, était son adjoint.

    Témoin de la scène, Maître Mahfoud Zertal rapporte : « J’ai pu constater le courage, la fermeté, l’abnégation du condamné qui a demandé à aller vers le supplice libre de ses mouvements, refusant menottes et cagoule. Son ultime demande fut celle de faire sa prière. Elle lui fut refusée.

    Mes collègues et moi avions protesté énergiquement, arguant du fait que c’était la dernière volonté du condamné. Les bourreaux avaient alors justifié leur refus par le fait, ont-ils dit, que dans pareilles circonstances l’accélération des faits étaient de rigueur. A la suite de notre protestation, la demande du condamné fut acceptée ; le directeur de la prison vint vers moi pour me dire que la prière avait pris beaucoup de temps, mais Zabana termina sa prière sans aucune contrainte.

    Il a ensuite écrit une lettre à sa mère puis a demandé à aller seul vers l’échafaud.

    Et le miracle eut lieu ! Nous ne pouvons appeler autrement que miracle ce qui est arrivé les instants suivants ; en effet, le couteau d’acier qui pèse un quintal été stoppé net, et à deux reprises, au niveau du coup du condamné !

    J’ai immédiatement évoqué le principe de pitié pour le condamné face à de tels évènements. Rien n’y fit. On me répondit qu’il fallait achever et renouveler l’opération jusqu’à ce que mort s’en suive.

    On actionna à nouveau le couperet qui fonctionna à la troisième tentative. Le cou du supplicié fut tranché, mais la tête ne roula pas dans le panier placé à cet effet et fut projeté à plus de vingt mètres.

    La lettre-testament du chahid fut remise par mes soins à sa mère ». (1)

    « Dieu m’a choisi parmi ses fidèles qui doivent être sacrifiés. Je ne meurs pas en vain. Le peuple algérien sera victorieux et l’Algérie indépendante.

    Je demande à Dieu de me recevoir en martyr et de m’admettre en son paradis », avait-il écrit au pied de l’échafaud.

    Ahmed Zabana, ouvrier soudeur, ancien de l’Organisation Spéciale (OS) bras armé du PPA-MTLD,  moudjahid du 1er novembre 1954, avait 30 ans.

    Il fut enterré au cimetière d’El Alia, au carré 16. Les fossoyeurs étaient des détenus de droit commun en fin de peine. Le 18 juin 1975, ses cendres furent transférées au cimetière de son village natal – Saint Lucien, aujourd’hui Zabana.

    Le 19 juin 1956, date de son exécution, fut une date cruciale, selon l’historien français, Pierre Vidal-Naquet. En effet, la riposte du FLN ne s’était pas fait attendre.

    Mohamed Rebah                                                                                                      

    NOTES:

    1. 1 – Source : Magazine Mémoria du 26 juillet 2014
    2. *Le chiffre de 222 est donné par le magazine français Le Point. Selon l’historienne française, Sylvie Thénault, auteure de Une drôle de justice, le nombre d’exécutés s’élèvent à 198.
    3. *Les chiffres ont été repris de l’ouvrage François Mitterrand et la guerre d’Algérie par François Malye et Benjamin Stora.

     http://www.babzman.com/2015/ils-etaient-deux-cent-vingt-deux-decapites-par-la-guillotine/

  • Cela s’est passé un 26 juillet 1959, mort du syndicaliste Aïssat Idir (Babzman)

    aissa

    *

    Arrêté et torturé, il meurt le 26 juillet 1959. Aïssat Idir est le fondateur et le premier secrétaire général de l’UGTA.

     

     Aïssat Idir naît le 7 juin 1919 à Djamaâ Sahridj, village situé près de Tizi Ouzou, au sein d’une famille paysanne de condition modeste. Il fait ses études primaires dans son village et les poursuit à l’Ecole Normale de Bouzeréah. Puis il est affecté au lycée français de Tizi Ouzou où il demeure jusqu’à l’obtention du diplôme de premier cycle de l’enseignement secondaire. Mais la situation économique de ses parents ne lui permet d’aller plus loin. Forcé de quitter l’école, il rejoint son oncle paternel à Tunis, en 1935, pour suivre des études supérieures en économie, à l’Université de Tunis.

    En 1944, Aïssat Idir entre à l’usine d’aviation et est rapidement promu au grade de chef du service de contrôle administratif. L’administration de l’usine l’envoi ensuite au Maroc pour occuper les mêmes fonctions à l’aéroport de Casablanca.

    C’est dans ce milieu que son âme de syndicaliste apparaît, notamment en s’intéressant à la défense des intérêts des travailleurs algériens. Ses camarades l’élisent comme membre de la commission exécutive des travailleurs du secteur d’Etat, affiliée aux syndicats communistes français.

    Dans le cadre de son activité syndicale au sein de cette commission, il réalise que les syndicats français même communistes n’accordent pas le même intérêt aux problèmes du travailleur algérien qu’aux préoccupations des travailleurs européens.

    A son retour en Algérie, l’idée de fonder une organisation syndicale algérienne commence sérieusement à le préoccuper. Les idées d’Aïssat Idir suscitent des réserves de la part des syndicats français, lesquelles commencent à œuvrer pour l’écarter des postes de responsabilité.

    En 1951, la police française prend d’assaut l’usine où il travaille. Il est arrêté avec 10 autres travailleurs algériens. Ils ne seront libérés que dix jours plus tard.

    Par la suite, Aïssat Idir occupe un autre emploi à la caisse d’allocations familiales du secteur du Bâtiment et Travaux Publics et devient responsable du comité central des affaires syndicales relevant du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) de 1949 à 1954.

    Son action pour développer le syndicalisme algérien lui vaut une deuxième arrestation.

    Les efforts d’Aïssat Idir ainsi que ses démarches sont d’une influence considérable sur la création en février 1956 de la première organisation syndicale algérienne : l’Union Générale des Travailleurs Algériens dont il est nommé secrétaire général.

    L’engouement pour le syndicat est immédiat. Dès le premier mois, plus de cent mille adhésions sont enregistrées. Le siège de la Centrale syndicale, installé à La Vigerie (actuellement El Madania), à Alger, commence à accueillir des délégations de syndicalistes venues protester auprès d’Aïssat Idir de leurs difficiles conditions de travail.

    Le secrétaire général, fraîchement élu, se consacre par ailleurs à la mise en place des structures de l’UGTA. Ensuite est créé le journal de l’organisation syndicale, L’Ouvrier algérien, qui permet de tenir les travailleurs informés sur les actions menées par la Centrale syndicale et de les mobiliser pour la lutte armée.

    Le 22 mai 1956, sur ordre de Robert Lacoste, ministre –délégué en Algérie, la police française arrête Aïssat Idir dans son bureau à la Centrale syndicale avec d’autres cadres et militants de l’UGTA. Il est incarcéré à Berrouaghia, puis déplacé dans d’autres prisons : Saint-Lo, Aflou, Bossuet et enfin, transféré à Alger pour être enfermer à la prison de Barberousse. Aïssat Idir subira d’atroces tortures ordonnées par le colonel Godart, qui dirigeait alors la DST (Défense et sécurité du territoire).

    Inculpé d’atteinte à la sécurité de l’Etat, il sera traduit avec vingt-deux autres syndicalistes devant la justice militaire à Alger. Innocenté, malgré l’acharnement de la justice, il est libéré mais pas pour longtemps. Le 13 février 1959, il sera encore arrêté par le colonel Godart et emprisonné. Il subit encore d’atroces tortures et l’administration pénitentiaire est contrainte de le transférer à l’hôpital militaire Maillot. Un avocat de la défense, qui a pu le visiter, a déclaré que ses jambes avaient été grièvement brûlées. Les autorités françaises, embarrassées, ont donné des versions contradictoires sur l’origine de ces brûlures.  Mais Aïssat Idir meurt le 26 juillet 1959.

    L’assassinat du secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs Algériens suscite une large vague d’indignation et de colère de par le monde. Des télégrammes de protestation et de réprobation sont adressés par l’Organisation Mondiale des syndicats libres, la Ligue Mondiale des syndicats, l’Union internationale des agriculteurs et des syndicalistes arabes, ainsi que des syndicats communistes français.

    Ces instances ne se contentent pas de protester mais exigent du gouvernement français de faire toute la lumière sur les circonstances obscures de son décès.

    la Confédération internationale des syndicalistes libres (CISL) qui a demandé l’ouverture d’une enquête sur la mort de Aïssat Idir déclare : «Dans toute l’histoire brutale de la répression du mouvement nationaliste algérien, aucun événement n’a pu contribuer à soulever l’indignation des hommes de bonne volonté et, en particulier, des travailleurs organisés ».

    Mais toutes les protestations et les demandes restent lettres mortes.

    Synthèse K.T. juil 27, 2014

    http://www.babzman.com/2014/4835/

  • Cela s’est passé un 14 juillet 1953, une manifestation, des morts, un massacre! (Babzman)

    Cette date est très peu connue dans notre histoire, pourtant, elle eu aussi ses martyrs. Cet article qui relate les faits avec détails est un témoignage sur la manifestation du 14 juillet 1953 et un hommage à ses victimes.

    Le 14 juillet 1953, comme chaque année depuis 1936, le Parti communiste français (PCF), la Confédération générale du travail (CGT) et de nombreuses organisations progressistes organisent à Paris un défilé qui se veut une célébration des valeurs de la République. Cette tradition rappelle celle des manifestations du 1er Mai.

    Ce 14 juillet, le cortège défile de la place de la Bastille à la Nation. Rendez-vous est donné dès 14 heures aux militants afin de se constituer en cortèges dont l’ordre a été décidé au préalable. Comme chaque année depuis le début des années 1950 les messalistes, militants indépendantistes du mouvement pour les libertés démocratiques en Algérie (MTLD) dirigé par Messali Hadj, prennent part au défilé malgré leurs divergences – le PCF n’est, à l’époque, pas favorable à l’indépendance de l’Algérie. Ils sont encadrés par leur propre service d’ordre que l’on reconnaît à son brassard vert.

    Cette année le contexte est particulièrement tendu : les manifestations du 1er Mai ont été marquées par des violences policières ; celles de mai 1952 contre la venue en France du général américain Ridgway accusé d’utiliser des armes bactériologiques en Corée se sont soldées notamment par la mort de l’ouvrier communiste Hocine Bélaïd.

    À 15 heures, le cortège s’ébranle en direction de la place de la Nation avec à sa tête une banderole proclamant l’« Union pour la défense des libertés républicaines ». L’on entonne une première Marseillaise, l’on exige la libération des militants communistes emprisonnés. Quoi que la presse ne s’en fasse pas l’écho par la suite, l’on scande aussi du côté des messalistes des slogans favorables à une Algérie indépendante.

    Du côté de la rue Jacques-Cœur surgissent quelques parachutistes, de retour d’Indochine, qui provoquent et agressent les manifestants. Sporadiquement, ces « bérets rouges » qui le matin même défilaient sur les Champs-Élysées agressent les manifestants. Exfiltrés par les policiers, ils ne sont pas arrêtés.

    Vers 15 heures 30, une première averse estivale, violente et soudaine, sème un peu le trouble mais le cortège parvient tout de même aux alentours de 16 heures en bon ordre à la Nation où la manifestation doit se disloquer. Depuis la tribune où il prend place, le comité d’organisation salue les différents cortèges.

    Tandis qu’une seconde averse, encore plus drue, s’abat sur la place de la Nation, la journée vire au cauchemar. Après son passage devant la tribune officielle, le cortège des messalistes se presse en direction de l’avenue du Trône où un camion attend les militants pour recueillir les drapeaux algériens et les portraits de Messali Hadj qu’ils portaient fièrement durant le défilé. Des rues adjacentes, des policiers fondent sur eux. Ces derniers s’acharnent à piétiner les portraits du leader indépendantiste. Éclate alors une première bagarre sous la pluie torrentielle. Surprises par la réaction belliqueuse des messalistes qui refluent malgré tout vers la place, les forces de l’ordre suppléées de gardes mobiles retournent à la charge tandis que la tribune est évacuée.

    Soudain, sans sommation, des coups de feu claquent. « L’horloge monumentale, brisée à l’entrée du carrefour, est arrêtée à 17h20, heure où le premier coup de feu fut tiré », selon France Soir le 16 juillet. Dans la panique générale qui s’en suit, sous une pluie battante, les premiers blessés sont évacués vers les cafés où se réfugient aussi les manifestants effarés qui, comme les clients des cafés, se font frapper par la police. On appelle les ambulances pour transporter les blessés tandis que des médecins donnent les premiers soins. Avenue du Trône, un premier car de police est renversé et enflammé. Deux autres seront brûlés et une vingtaine endommagés. Bien que la traque des manifestants se poursuive jusque dans les cours d’immeubles et sur les quais du métro où les manifestants Algériens – ou qualifiés comme tel – cherchent refuge, un calme relatif revient à peine trente minutes après les premières échauffourées qui furent d’une violence inouïe.

    Sept manifestants sont tombés sous les balles de la police, six Algériens et un Français : Amar Tabjadi, 26 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Abdallah Bacha, 25 ans, décédé à l’Hôtel-Dieu des suites d’une balle reçue dans la gorge ; Larbi Daoui, 27 ans, tué d’une balle dans le cœur ; Abdelkader Dranis, 31 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Mohammed Isidore Illoul, 20 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Medjen Tahar, blessé par deux balles, décédé à l’hôpital Tenon et enfin Maurice Lurot, 40 ans, mort à l’hôpital Saint-Louis d’une balle dans le cœur.

    D’après le bilan officiel de la Préfecture de police, une soixantaine de policiers furent blessés à divers degrés. Le journal Combat indique le chiffre de quatre-vingt policiers blessés ; du côté des manifestants, outre les sept morts, le même journal recense quarante-quatre blessés. Mais le décompte officiel de la Préfecture – quarante blessés par balles et sept morts – est certainement à réévaluer : de nombreux blessés, de peur d’être incarcérés, ne se rendent pas dans les hôpitaux et certains médecins ne les signalent pas.

    Dans les jours qui suivent, l’émotion est intense ; la presse s’indigne, comme par exemple l’Humanité, ou au contraire voue aux gémonies les Algériens agresseurs des forces de l’ordre : le Figaro du 15 juillet dénonce les communistes et les Algériens respectivement responsables et initiateurs des affrontements. Le PCF, tout en taisant les revendications indépendantistes des messalistes, invite à un meeting le 21 juillet au Cirque d’Hiver qui remporte un franc succès.

    Le même jour, les corps des victimes algériennes sont transportés à la mosquée de Paris pour une cérémonie religieuse tandis que rue Duhesme, au local de la section du PCF à laquelle appartenait Maurice Lurot, une chapelle ardente est dressée en hommage aux sept victimes de la répression policière. Le lendemain, leurs corps sont exposés à la Maison des Métallos avant l’enterrement de Maurice Lurot au cimetière du Père-Lachaise et le transfèrement des corps des Algériens vers l’Algérie.

     

    Mais les brimades ne sont pas encore terminées : les corps de Larbi Daoui et Mohammed Isidore Illoul ne peuvent être rapatriés en Algérie pour des raisons administratives. Ils seront enterrés dans le carré musulman du cimetière de Bobigny. Quant à Amar Tabjadi, si sa dépouille est bien parvenue en Algérie, l’Humanité du 26 juillet rapporte que son corps a été subtilisé à sa famille par des militaires français et enterré « à l’esbroufe ». Tahar Madjeb sera inhumé à Guergour, Abdallah Bacha à Bahalil et Abdelkader Dranis à Nedrouma.

    Malgré quelques commémorations, le massacre du 14 juillet 1953 sera vite occulté dans les années qui suivent par ceux d’octobre 1961 et de février 1962.

    Le 21 septembre 1995, le fils de Maurice Lurot écrivait dans le courrier des lecteurs de l’Humanité-Dimanche : « chaque année, alors que chacun danse, c’est les larmes aux yeux que je cherche un mot qui réchauffe dans l’HD [l’Humanité-Dimanche]. Chaque année, mon père est de nouveau assassiné par les camarades, par leur oubli ».

    Maxime Courban Archiviste en charge des fonds photographiques du journal l’Humanité. Article publié en Juillet 2013 sous le titre :

    « Un massacre oublié. Retour sur la manifestation du 14 juillet 1953. »

    http://www.babzman.com/2014/cela-sest-passe-un-14-juillet-1953-une-manifestation-des-morts-un-massacre/

    Lire aussi:

    http://www.npa2009.org/idees/entretien-avec-daniel-kupferstein-realisateur-du-documentaire-les-balles-du-14-juillet-1953

    http://bondyblog.liberation.fr/201407140001/14-juillet-1953-noublions-pas/#.Vadb_rXNRq0

  • Cela s’est passé un 13 juillet 1927, naissance de Didouche Mourad (Babzman)

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    Un grand boulevard de la capitale porte son nom, ainsi que El Mouradia, baptisé après l’indépendance. Didouche Mourad fait partie de ceux qui ont déclenché le 1er novembre 1954.

    Didouche Mourad est né le 13 juillet 1927 à la rue des Mimosas, au quartier de la Redoute (actuellement El Mouradia), à Alger. Sa famille, modeste, est originaire d’Ibskriène, un village de la commune des Aghribs en Kabylie. Son père tient une boulangerie dans le quartier.

    Il fait ses études primaires ainsi que le cycle moyen à l’école d’El Mouradia, puis rejoint le lycée technique du Ruisseau.

    Surnommé « Si Abdelkader », Didouche Mourad tient parfois la boulangerie de son père. Généreux, il en profite pour donner du pain gracieusement aux nécessiteux. L’historien français, Ives Courrière, le surnomme le « Saint-juste de la révolution » dans « Les fils de la Toussaint » (Paris, Fayard, 1968).

    Nourrit très tôt à la mamelle du nationalisme, il n’a pas encore 16 ans lorsqu’il adhère au Parti du peuple algérien (PPA). Il participe ainsi à l’organisation des manifestations du 8 mai 1945, qui vont entraîner la répression sauvage des forces coloniales et ancrer l’idée chez le jeune Didouche que l’indépendance ne peut s’obtenir que par la lutte armée.

    Deux ans plus tard, il travaille comme cheminot à la gare centrale d’Alger et milite à la CGT ; il est nommé responsable des quartiers de la Redoute (El Mouradia), du Clos Salembier (El Madania), et de Bir Mourad Raïs.

    Très tôt membre du mouvement des Scouts Musulmans Algériens (S.M.A.), véritable école du nationalisme ; il est l’un des fondateurs du RAMA, club omnisports de la Redoute ; il crée aussi en 1946 la troupe de scouts « Al-Amal » ainsi que l’équipe sportive « al-Sarie Al-Riadhi » d’Alger.

    En 1947, il organise les élections municipales dans sa zone et se rend également en Oranie afin d’organiser la campagne électorale de son Parti PPA-MTLD, pour l’assemblée algérienne. Arrêté dans une rafle, il réussit à s’enfuir du tribunal.

    La même année, il participe à la création de l’Organisation spéciale (OS), branche clandestine du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) ; il est un de ses militants les plus actifs.

    Lors de la découverte de ses responsabilités au sein de l’organisation en mars 1950, et après l’échec de l’administration française à le capturer, un jugement par contumace est prononcé contre lui, le condamnant à 10 ans de prison. Il constitue en 1952, avec Ben Boulaïd, un noyau clandestin dans Alger dont la mission est la fabrication de bombes en prévision du déclenchement de la Révolution.

    Lors de la crise de 1953-1954 au sein du MTLD, opposant le Comité Central du parti à Messali El Hadj, il se rend en France, où il devient l’adjoint de Mohamed Boudiaf de la Fédération de France du MTLD.

    Au début de 1954, avec Ahmed Mahsas, ils élaborent un projet de parti véritablement révolutionnaire ; en mars 1954, Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche rentrent en Algérie et prennent contact avec quelques anciens membres de l’OS.

    Il participe avec huit de ses compagnons à la création du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA). Il participe également à la réunion des « 22 », tenue en juin 1954, au cours de laquelle est décidé le déclenchement de la Révolution. De cette réunion, émerge le premier « Conseil de la Révolution », composé de 5 membres dont Didouche Mourad, qui est nommé responsable de la zone II (Wilaya II).

    Il est l’un des rédacteurs de la Déclaration du 1er novembre 1954 et réussit avec l’aide de son adjoint Zighout Youcef, à jeter les bases d’une organisation politico-militaire.

    Le 18 janvier 1955, alors qu’il n’a pas encore bouclé sa vingt-huitième année, Didouche Mourad meurt à la bataille du douar Souadek, à Condé-Smendou, près de Constantine. Il est ainsi le premier chef de zone à tomber au champ d’honneur.

    Synthèse K.T.

    Sources :

    « Des mimosas pour Didouche Mourad », par Zouhir Mebarki, publié dans L’Expression le 20 – 01 – 2011

    http://www.la-kabylie.com

    http://www.algerieconfluences.com

    http://www.babzman.com/2015/cela-sest-passe-un-13-juillet-1927-naissance-de-didouche-mourad/

  • Maurice Laban, ce héros algérien ! (Le Matin.dz)

    Maurice Laban  Maurice Laban

     

    Dans le vaste Panthéon où repose l'innombrable cohorte des martyrs glorieux ou inconnus qui ont arraché l'Indépendance de l'Algérie, il en est un dont le nom se confond avec l'héroïque et rude combat pour la Liberté.

    La fraternité

    Maurice Laban, l'enfant de Biskra, porte la mémoire des luttes menées depuis la nuit des temps afin que le triptyque sur lequel repose la devise de la République ne soit pas seulement une abstraction. C'est ce qu'il devait apprendre aux jeunes enfants de son école indigène dont il était l'instituteur. Dans la devise républicaine, il a incarné plus particulièrement le concept de Fraternité, par ses différents engagements au long de sa vie. Pour lui, la vertu concrète du principe de fraternité était par dessus tout la clé d'une Liberté non égoïste et d'une Egalité altruiste, toujours l'une et l'autre soucieuse d'autrui, pour lui, de ses frères Algériens, comme il aimait se reconnaître comme l'un d'entre eux. Il avait le front assez haut, les épaules assez larges pour rassembler tous les efforts déployés par quelques-uns pour réduire les fractures sociales criantes générées par le colonialisme.

    Il était persuadé que faute de ce progrès éthique, faute de ce sens de la dignité de l'autre et de notre partage de la même condition humaine, comment pouvons-nous espérer que la revendication de Liberté et de d'Egalité ne soit pas réduite, le plus souvent à la défense de ses propres intérêts. Tous ces combats menés durant sa trop courte vie, il les a engagés dans l'espoir que reculent durablement les indifférences, les haines, les rejets de l'autre et les ignorances. Par dessus tout, il considérait tout être humain comme son frère.

    L'exemplarité

    Il était né en 1914 à Biskra où durant sa vie, Maurice Laban n'a jamais cessé d'apporter de l'aide à ses frères algériens dans le dénuement de cette ville du sud algérien jusqu'à cette date fatidique du 6 juin 1956 où il tombe au champ d'honneur aux côtés de son camarade Henri Maillot qui avait rejoint la lutte des maquisards algériens avec une cargaison d'armes et d'autres martyrs tels que Belkacem Hannoun, Djilali Moussaoui et Abdelkader Zelmatt.

    Toute son existence témoigne de ce pourquoi tant de femmes et d'hommes ont donné leur vie pour que leurs frères puissent vivre dignes et libres. C'est à Paris, en 1934, qu'il adhéra au Parti communiste où il fut secrétaire de la fédération parisienne des étudiants communistes.

    Durant la guerre d'Espagne, il se porta volontaire dans les Brigades internationales.

    Dans la rage des combats contre la dictature franquiste, à Teruel, il fut blessé à la jambe. A Madrid, il fut atteint à la face. On crut que sa blessure était mortelle à tel point qu'un officier espagol républicain voulut l'achever, pour abréger ses souffrances. Georges Raffini, un communiste d'Algérie était là et l'en empêcha. Il emporta son camarade de combat sur ses épaules et lui sauva ainsi la vie. La bouche cousue, la tête entourée de bandages, Maurice Laban fut rapatrié en France.

    En 1940, de retour en Algérie où il s'était marié avec Odette, durant la Seconde guerre mondiale, le gouvernement de Vichy, après l'avoir torturé, l'emprisonna à la prison Barberousse d'où il s'évada. Repris, Maurice fut condamné à la prison à perpétuité. On le transféra à la prison de Lambéze. Odette et Maurice furent libérés en 1943, après le débarquement des alliés. Quand il sortit de prison, son père, qui avait été, lui aussi emprisonné, mourut.

    Les difficultés de Maurice Laban avec le Parti communiste commencèrent en 1944.

    A cette époque, les députés français, toujours présents à Alger, et le PCA demandaient aux Algériens de participer à l'effort de guerre de la France. Pendant ce temps, les Algériens souffraient de la famine et du typhus. La section communiste de Biskra, dont Maurice était le secrétaire, adressa un rapport au Comité central pour exprimer son désaccord sur le fait que défendre exclusivement des mots d'ordre nationaux français était une erreur. On accusa alors Maurice de nationalisme. Son exclusion du Parti fut même envisagée. A partir de ce jour, les Laban devinrent des suspects devant qui on détournait la tête.

    En 1952, Maurice apprit qu'à Djemmorah, un village des Aurès, l'école était fermée depuis quatorze ans, faute d'instituteur. Il demanda le poste et y fut nommé en novembre. En mars 1953, on le révoqua. Ce travail lui facilitait trop les contacts avec le paysans de la région.

    Depuis l'enfance, il était lié d'amitié avec Mostépha Ben Boulaïd, l'un des animateurs de l'OS, l'Organisation spéciale, l'organisation para-militaire fondée par les nationalistes algériens. Sa plantation de palmiers lui permettait d'acheter des engrais avec lesquels il fabriquait de la poudre. Dès la fin des années quarante, à l'insu du PCA, il en fournit pour les maquisards des Aurès.

    Le 1er novembre 1954, Maurice Laban était à Biskra. Il fit tout de suite savoir au Comité central qu'il voulait participer à ce qu'il considérait être une guerre de libération. Il fut indigné par les prises de position du PCA à cette époque. Une délégation fut envoyée auprès du Comité central pour faire part de la volonté de ces hommes de s'engager dans la lutte armée. Il s'agissait ni plus ni moins d'une critique de la théorie de Maurice Thorez sur "l'Algérie, nation en formation" qui continuait à régner sur la politique algérienne du PCF et à influencer le parti algérien.

    Quelque temps après, les Laban et leur fils furent expulsés de Biskra par la police. L'arrêté d'expulsion était signé par François Mitterrand. Maurice s'attendait à être arrêté. Il passa dans la clandestinité à Alger. Odette et son fils partirent en France. Après des discussions serrées, la direction du PCA, finit par rallier la lutte armée menée par le FLN pour l'Indépendance.

    Beni Boudouane

    Le mardi 22 mai 1956, son camarade, Henri Maillot fut condamné à mort par contumace par le tribunal des forces armées d'Alger. Début juin, les maquisards de son groupe passent à l'action. Ils abattent quatre collaborateurs des autorités françaises puis mettent le feu au bureau du caïd du douar Beni Rached. Ils s'enfuient sur la rive droite du Cheliff. Alors que leur présence est signalée dans cette région où le bachaga Boualem a mis sur pied d'importantes milices de harkis, l'un d'eux va chercher du ravitaillement dans le village de Lamartine. L'importante quantité de vivres commandée attire l'attention. L'homme est arrêté, torturé. Sous la douleur, il dit où se trouvent ses camarades. Ses tortionnaires l'achèvent, en violation complète avec les accords de Genève sur les prisonniers.

    Une opération est lancée contre les maquisards. Le mardi 6 juin 1956 à l'aube, les maquisards sont encerclés. Hamid Gherab vit Maurice Laban mourir en combattant, après avoir échangé des coups de feu avec les militaires. Trois autres maquisards furent tués ce jour-là. Ils s'appelaient Belkacem et Djilali ainsi qu'Henri Maillot.

    A dix-neuf heures, le 6 juin, la police vint prévenir la mère d'Henri Maillot que son fils était mort avec ses camarades. On les enterrait à Lamartine, devenu El Karimia, hors du cimetière qui leur fut interdit. C'est le fils de Maurice qui entendit la nouvelle à la radio avant d'aller à l'école. Il prévint sa mère en lui téléphonant. Pendant très longtemps, Odette Laban refusa de croire à la réalité de la mort de son mari. Lui qui avait échappé à la mort en Espagne, qui s'était échappé de Barberousse, qu'on avait déjà proclamé mort une fois... Non, ce n'était pas possible.

    Hamid Gherab, le témoin, réussit à échapper à l'encerclement et à s'enfuir durant la nuit. C'est lui qui écrivit à Odette, des années après, en 1970 : "La mort de Laban a été celle d'un homme qui vivait son idéal, qui ne trichait ni avec lui-même ni avec les autres, qui a fait très simplement le sacrifice de sa vie parce qu'il pensait qu'il ne pouvait en être autrement. De l'Espagne au Beni-Boudouane, ça a été toujours le même homme qui n'a pas dévié d'un pouce, qui aimait les hommes droits et méprisait les fausses hiérarchies. Il est mort en plein combat en tirant jusqu'à son dernier souffle sur des soldats pleins de haine et de peur."

    Le courage et le sacrifice

    Ce qui est frappant dans le récit de cette trajectoire de Maurice Laban, rectiligne et tendue comme la corde d'un arc, c'est la dimension tout à fait exceptionnelle d'un courage et d'un esprit de sacrifice à nul autre pareil. Tout cela fait de lui un Héros à la figure christique, par la volonté qu'il a su déployer tout au long de sa vie pour faire descendre du haut des temples, où elle est gravée, la devise de la République "Liberté, Egalité, Fraternité" et la mettre en pratique dans le difficile combat pour la libération et l'émancipation des Hommes. L'exemplarité qu'il a su déployer au long de sa vie brève est un constant rappel face aux privilèges exorbitants des oligarchies et des potentats qui s'arrogent le droit de diriger les peuples du monde.

    Depuis le mois d'avril 2002, une rue à Biskra, près de la gare, porte le nom de Maurice Laban, l'un de ses fils, parmi les meilleurs.

    Que sont devenus ces femmes et ces hommes qui sacrifièrent tout à leur idéal ?

    Qu'au moins leur Histoire soit écrite et transmise. Si nous ne savons pas le faire, qui donc le dira ?

    Contribution de René Fagnoni à l’APS

    Auteur de "Chronique des Aurès".

    http://www.lematindz.net/news/18003-maurice-laban-ce-heros-algerien.html

  • Le drapeau algérien (Babzman)

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    Le 16 Mai 1926 naissance de l’Etoile Nord Africaine au sis 49, rue de Bretagne  Paris.

    L’ENA est une association fondée en France par un noyau de travailleurs émigrés majoritairement issus d’Algérie, devenue par la suite un parti politique. Voici quelques éléments d’informations au sujet de l’ENA, qui fut à l’initiative de la nomination d’un groupe de travail, ayant pour mission la réalisation du drapeau algérien.

    Les principaux membres de l’ENA :

    Messali Hadj (qui intègre le corps en 1927) ,  Abdelkader Hadj-Ali, Si Djillali Mohamed Said, Djillali Chabila, Akli Bennoune, Mohamed Marouf, Kaddour Far, Sadoun, Abdelkader Sebti, Ait-Outouder, Mohamed Ifour, Salah Ghandi, Rezki, Boutouil.

    Le 28 Mai 1933, s’est tenue l’Assemblée Générale de l’Etoile Nord Africaine au cours de laquelle ont été prises les mesures visant à l’adoption de :  

     

     1.  l’indépendance totale de l’Algérie

     

    2.  retrait total des troupes coloniales

     

    3.  constitution d’une armée nationale.

     Composition du Gouvernement National Provisoire :

     1.  assemblée constituante élue au suffrage universel

     

    2.  suffrage universel, à tous les degrés, et de toute assemblée locale

     

    3.  langue officielle : l’arabe

     

    4.  remise en toute propriété à l’Etat Algérien des mines, du chemin de fer, les ports et les services publics accaparés par les conquérants.

    Vert, blanc, rouge!

     C’est en vertu de ce programme politique que la direction de l’Etoile Nord Africaine avait confié la tâche à un groupe de travail, la mission de réfléchir et de choisir en conséquences, le symbole du pays.

    La réunion de travail s’est tenue en 1934 chez un militant du nom de BENACHNOU Hocine, et habitant le 20ème arrondissement;  pour choisir un symbole devant concrétiser l’aspiration de l’indépendance. A cet effet,  l’Etoile Nord Africaine se devait d’adopter un emblème et non pas un drapeau du parti; le symbole qui devait représenter l’Algérie indépendante.

    La même année, a vu la conception d’un emblème national de l’Etat confédéral de l’Afrique du Nord, à même de resserrer les liens entre les trois peuples.

     Au terme des travaux, le groupe de travail, a arrêté trois couleurs : vert, blanc et rouge, symbolisant le Maghreb :

     -      Vert     :       Tunis El-Khadraâ

     

    -      Blanc  :       El-Djazaïr El-Beïda

     

    -      Rouge :       Marrakech El-Hamra

    En leur beau milieu, un croissant et une étoile pouvant rappeler un fond religieux (l’Islam) dans sa tolérance la plus complète, le vert symbolisant la jeunesse et la vigueur le blanc, la liberté, la paix et la pureté et le rouge le prix à payer, en don de sang, si nécessité oblige.

    Le drapeau a fait sa première apparition, agencé de la manière suivante :

    une bande horizontale de couleur verte, au dessus une autre bande horizontale de couleur blanche avec au milieu un croissant et une étoile de couleur rouge, orienté vers le haut. Il s’en est suivi d’autres formes, et une floraison de modèles.

    En tout état de cause, ce drapeau a fait son apparition publique lors de la manifestation le 16 Avril 1934 à Alger et particulièrement à la haute Casbah. Suite à cette manifestation, un bouclage hermétique de la Médina suivis d’une répression féroce en découla pour rechercher ce drapeau.

    Par la suite, on verra ce drapeau au camp de la forêt de Lala Seti à Tlemcen qui s’est tenu du 22 au 26 Juillet 1944, et ou fût entonné pour la première fois par les cadres scouts (450), le chant patriotique  " Min Djibalina " (du haut de nos montagnes),  écrit par le morchid du groupe SMA d’El-Eulma en l’occurrence Abdelhafid Belkired.

    Au mois d’Avril 1945, le PPA (Parti Populaire Algérien, créé par Messali El Hadj, suite à la dissolution de l’ENA en 1937) décide de mettre un terme à cette anarchie de formes de drapeau.  Pour ce faire, La tâche  fut confiée à un nouveau groupe de travail, composé  de :    Chawki Mostefaï,  Hocine Asselah et Chadli El-Mekki

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    Ces derniers optèrent définitivement pour le drapeau actuel, lequel a fait sa première apparition  "officielle "  le 8 Mai 1945 à Sétif.  Le scout Saal Bouzid en fut le porte drapeau et le premier martyr de cet étendard.

    Le drapeau fera son apparition en plusieurs autres occasions :

    -      Au Janboree de moisson en France le mois d’Août 1947

     

    -      Congrès de la FMJD à Prague en Juillet 1947

     

    -      A servi en public de couverture du cercueil de Hocine Asselah en Janvier 1948

     

    -      Jamboree mondial en 1952 au Canada

     

    -      Jamboree Syrie 1er jeux arabe etc… et enfin dans toues les batailles de la révolution 54-62.

    Le drapeau fut chanté et glorifié même au sacrifice suprême, et pour illustré le sacre de ce drapeau, un chant parmi d’autre à citer :

     

    على قدم حيوا العالم رمز البلاد، رمز البلاد ربي حميه في سلمه و في الجهاد و في الجهاد

     

    Ceci est une version de l’histoire, documentée et appuyée par des recherches, mais ne peut en aucun cas s’avérer exhaustive.. Le débat reste ouvert!

    B. Babaci

    écrivain chercheur en histoire

    http://www.babzman.com/2014/le-drapeau-algerien/

    Commentaire: Pour les liens avec le PC (SFIC) avant qu'il ne devienne PC"F"

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89toile_nord-africaine

     

  • Hommage à Maurice Audin, mathématicien algérien (Babsman + Npa)

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    Mort sous la torture le 21 juin 1957, à l’âge de 25 ans!

    Dimanche 21 juin en soirée, Canal Algérie consacre une émission sur le parcours de Maurice Audin, jeune mathématicen de 25 ans mort sous la torture, victime de la grande répression de 1957, appelée « Bataille d’Alger », menée par les 5 000 parachutistes déployés par le Général Massu à travers Alger et ses environs.
     
     On estime de 3 000 à 6 000  le nombre de personnes disparues au cours de cette période sanglante. Parmi les disparus, Maurice Audin.
     
    Canal Algérie projettera le film LA DISPARITION de François Demerliac suivi d’un débat qui réunit Pierre Audin, professeur de mathématiques, fils de Maurice Audin, Abdelmadjid Merdaci, professeur à l’université de Constantine et auteur, et Mohamed Rebah, chercheur en histoire et auteur.
    Mohamed Rebah

    Guerre d’Algérie : vérité pour Maurice Audin 


    Ce jeune mathématicien communiste avait été enlevé, torturé et assassiné par les parachutistes à Alger en juin 1957. Depuis cette date, aucune enquête n’a été menée pour connaître les circonstances exactes de cet assassinat et son auteur.

    Les lois d’amnistie l’empêchent, les archives du ministère de la Défense ont été « nettoyées » et les archives du général Aussaresses qui vient de mourir, chef des parachutistes et défenseur public de la torture, ne sont toujours pas publiques. Ce silence complice a duré jusqu’à la découverte en 2012 d’un manuscrit du colonel Godard, désignant Gérard Garcet comme l’auteur du crime. Toujours vivant, le parachutiste Garcet se tait...

    « L’honneur de ce gouvernement » ?
    Aujourd’hui l’affaire rebondit avec une question écrite du député Front de gauche François Assensi qui demande que « soient évaluées les responsabilités des dirigeants politiques de l’époque » et que soit reconnu ce « crime d’État ». La réponse du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian donne un certain espoir puisqu’il a pris l’engagement de « faire tout ce qui est en son pouvoir : ce serait l’honneur de ce gouvernement de contribuer à l’établissement de la vérité »... 
    Chiche ! Surtout quand on se rappelle que cette « sale guerre » coloniale qui a duré de 1954 à 1962, et dans laquelle ont été engagés des dizaines de milliers de soldats du contingent, a été initiée et largement dirigée par la SFIO et ses alliés de l’époque (Guy Mollet, Robert Lacoste, Francois Mitterand, etc.). Sans oublier le vote scandaleux des « pouvoirs spéciaux » à Guy Mollet par les députés du PCF le 12 mars 1956, vote qui va permettre l’envoie de 450 000 soldats en Algérie, d’étendre la répression avec son lot de tortures et de massacres.
    Il faudra attendre plusieurs mois pour voir le PCF s’opposer frontalement à cette guerre en exigeant de vraies négociations, tout en continuant à s’opposer au mot d’ordre d’indépendance et à exclure ses militants engagés dans le soutien pratique au FLN...

    Georges Villetin

    L'affaire Maurice Audin

    Mardi 1 Novembre 2011, mise à jour Jeudi 15 Mai 2014, 13:42

    A l'approche de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance d'Algérie et de la commémoration du massacre du 17 octobre 1961, nous avons voulu donner la parole à Gérard Tronel, trésorier de l'Association Maurice Audin, qui milite pour la dénonciation de cet autre crime d' Etat qu'est l'enlèvement, la disparition, la torture et le meurtre de Maurice Audin, 25 ans, mathématicien et combattant pour l'indépendance de l'Algérie. Sans pathos mais avec détermination et acharnement, l'Association Maurice Audin lutte pour obtenir Vérité et Justice.

    C'est le 11 juin 1957 que les paras arrêtent et enlèvent sans aucun mandat, Maurice Audin, membre du Parti Communiste Algérien et combattant anticolonialiste. Il lui est reproché d'avoir hébergé Caballero, secrétaire du PCA, soigné par un autre militant communiste, le docteur Hadjaj. Le PCA étant alors interdit, Audin pouvait tomber sous le coup d'une accusation pour «reconstitution de ligue dissoute».

    Aucune condamnation, même par contumace, n'a été prononcée à l'encontre de Audin. Josette sa femme, ne le reverra jamais, son corps n'a jamais été retrouvé. Cette terrible histoire constitue, sur la base du récit qu'en fait sa veuve, la matière du livre de l'historien Pierre Vidal-Naquet*: L'Affaire Audin.

    Depuis 1957, Josette Audin, bien que persuadée de sa mort sous la torture, tente sans répit de retrouver la trace de son mari. Henri Alleg et le docteur Hadjaj, eux mêmes torturés, sont les derniers à l'avoir vu vivant, indéniablement soumis à la torture lui aussi.

    Aucune poursuite ne sera engagée, ni les tortionnaires ni les responsables politiques ne seront inquiétés; pire, ils seront blanchis. Malgré les aveux du sinistre Aussaresses.

    Josette Audin doit quitter l'Algérie à l'arrivée de Boumédienne**. Jusque là elle n'avait eu que peu d' informations sur l'activité du Comité Audin dont l'action se limitait à la France.

    Elle écrit des lettres aux autorités françaises, qui restent sans réponse; au mieux un simple accusé de réception!Elle dépose des plaintes qui aboutissent à des non lieu. Audin a été assassiné, mais ce crime d'Etat n'a toujours pas été reconnu par la France, et Maurice Audin n'est toujours pas réhabilité. Ce crime d'Etat est bâti sur une série de mensonges pour justifier une «évasion».

    Toutes les démarches effectuées auprès des gouvernements français successifs, de droite comme de gauche, sont restées lettre morte. Ce n'est que récemment que la sénatrice Nicole Borvo Cohen Seat a posé une question orale au Ministre de la Défense. Aucun parlementaire n'ose poser la question à l'Assemblée Nationale ou au Sénat; certainement par crainte de voir d'autres affaires du même ordre émerger si on permet à celle ci de sortir de l'ombre, d'avoir à rendre des comptes: «Qu'avez vous fait des nôtres?»

    Il faut imaginer, si tant est que ce soit possible, ce qu'a été, et ce qu'est encore la vie de Josette Audin

    à qui tout travail de deuil a été rendu impossible; ce qu'est celle de ses enfants et petits enfants, aux prises avec une manipulation de l'Histoire qui fait passer leur père et grand père pour un traître, lui qui était un combattant pour la liberté et le droit des peuples à disposer d'eux mêmes. Hommage et recueillement leur sont interdits. Josette Audin vit une situation comparable à l'attente du retour des survivants, une très longue attente dans la dignité. Un combat de plus en plus épuisant, solitaire, car les membres vieillissants du Comité Audin disparaissent.

    En 1957, le comité Audin a été impulsé par une poignée d'intellectuels, notamment de mathématiciens, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet, Jacques Panijel, Luc Montagnier (qui a découvert le VIH), Madeleine Rebérioux. Au plus fort de la Guerre d'Algérie, le Comité a compté 2 à 3 milliers de membres d'horizons divers sans véritable débat sur le fond.

    L'historien Benjamin Stora, qui s'est aussi intéressé à cette affaire, ne peut cependant se départir d'une certaine ambigüité, lui pour qui, comme pour Camus, les Algériens étaient les Européens d'Algérie. (? note du blog)

    Il est très difficile de mobiliser autour de ce crime colonial: destruction des archives, mutisme des autorités françaises, disparition des écrits de Maurice Audin, aucune trace de ses tracts.

    Le vocabulaire est manipulé, les Algériens sont déshumanisés, on parle encore des évènements et non pas d'une guerre. Ce n'est que récemment que le gouvernement de Lionel Jospin a requalifié les évènements en Guerre d'Algérie, les crimes de guerre étant imprescriptibles. Il semble que la violence du discours conditionne la violence des actes. Espérons qu'il existe des possibilités d'envisager des actions pour connaître enfin la vérité sur la mort de Maurice Audin et le sort de tous les disparus de la Guerre d'Algérie.

    L'une des organisations a s'être réellement engagée en tant que telle est la CGT.

    Le slogan du PCF et du peuple français était «Paix en Algérie», ce qui n'impliquait pas clairement la revendication d'indépendance ni la reconnaissance du FLN comme interlocuteur.

    Maurice Audin est reconnu comme héros de la Résistance algérienne. Une place porte son nom à Alger-Centre, mais elle n'a officiellement été inaugurée qu'en 1970 et les tentatives de la débaptiser reviennent périodiquement.

    On en est réduit aux suppositions devant ce silence implacable des autorités françaises. Peut-être est il mort, admis sous un faux nom, à l'hôpital de Blida, où avait exercé Frantz Fanon jusqu'à son expulsion. Il y a environ 3 ans, lors d'une exposition organisée par la FNACA, un homme s'est approché de ma femme et lui dit: «Audin, celui là on ne l'aimait pas et il l'a payé!»

    Des témoins disposent sûrement d'informations mais se taisent.

    Malgré le découragement et la lassitude l'Association ne perd pas espoir, se référant à la reconnaissance récente de l'existence de fusillés pour l'exemple de la guerre de 1914 .

    On nous reproche de militer pour une seule personne. Mais c'est un cas tellement emblématique; à travers lui, c'est l'utilisation de la torture, c'est le crime d'Etat que l'on dénonce. Agir pour cette reconnaissance, c'est aussi agir pour connaître la vérité sur d'autres crimes d'Etat comme ceux de Henri Curiel, Ali Boumendjel, Mehdi Ben Barka et d'autres, notamment des Algériens.

    C'est tenter de réhabiliter ces femmes qui ont été elles aussi des héroïnes de la Résistance et qu'on laisse dans la misère, c'est mettre en lumière des militants comme Daniel Timsit, Henri Maillot ou Fernand Yveton, résistants français à la guerre d'Algérie.

    C'est ouvrir une brèche dans ce mur de silence, jusqu'à le faire tomber.

    On peut voir dans le cas Audin certaines similitudes avec l'Affaire Dreyfus, à la différence que le Capitaine Alfred Dreyfus , injustement condamné, a été réhabilité.

    Alors que le chef d'accusation contre Audin, s'il est peut être juridiquement fondé, ne justifie en rien le sort qu'il a subi: la détention, la torture et la mort relèvent de l'ignominie. Il était un homme à abattre, celui qui soutenait les étudiants algériens et défendait des positions anticolonialistes.

    Malheureusement, pas de J'accuse pour Maurice Audin. Ni Albert Camus, ni Jean-Paul Sartre n'ont voulu être le Zola de cette affaire.

    Pour rappeler le sacrifice de Maurice Audin, un prix Audin de mathématiques est remis depuis 2003 à deux lauréats, l'un exerçant en Algérie, l'autre en France. En mai 2012 ce prix sera décerné à la BNF. Nous espérons qu'à l'occasion du cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, un pas important pourra être fait vers la vérité sur la mort de Maurice Audin et de milliers d'Algériens tombés pour une Algérie indépendante et fraternelle.

    Nous avons besoin de la vérité avant que le temps ne permette à des négationnistes de falsifier cette histoire.

    Propos recueillis par Gisèle Felhendler et Bertold du Ryon

    Notes de la rédaction:

    * Pierre Vidal-Naquet, fondateur du Comité Audin, essentiel entre 1957 et 1963, dont les buts ont été repris par l'Association Maurice Audin en 2003.

    ** Houari Boumedienne, ministre de la Défense du premier Président Ahmed Ben Bella de 1962 à 1965, arrivé au pouvoir par un coup d' Etat militaire le 19 Juin 1965. Il a cherché à éliminer tous les Communistes restés en Algérie après la signature des accords d'Evian.

    http://www.npa2009.org/content/laffaire-maurice-audin

  • Cour d'appel de Paris : La famille de Ali Mecili conteste le non-lieu (Algeria Watch)

    La famille d'Ali Mecili, opposant algérien assassiné par balle en plein Paris en 1987, a contesté jeudi devant la cour d'appel de Paris le non-lieu rendu en novembre 2014 par une juge d'instruction française et demandé que l'enquête reste ouverte.

    La cour d'appel, devant laquelle le parquet général a demandé la confirmation du non-lieu, rendra sa décision le 10 septembre. En exil en France depuis 1965, Ali Mecili, devenu avocat au barreau de Paris, avait été assassiné de trois balles au soir du 7 avril 1987, dans le hall de son immeuble, en plein centre de Paris. Sa famille a toujours accusé le pouvoir algérien ou les services secrets d'être impliqués dans la mort de cet opposant. Ali Mecili avait confié à ses proches, avant le crime, avoir été menacé à plusieurs reprises.

    «Fermer ce dossier, c'est admettre l'impunité pour les crimes politiques», a affirmé à l'AFP Annie Mecili, devant la cour d'appel où l'audience était à huis clos. Ali Mecili était porte-parole d'Hocine Aït-Ahmed. L'avocat avait joué un rôle important dans le rapprochement entre Aït Ahmed et l'ancien président de la République Ahmed Ben Bella. Aït Ahmed et Ben Bella avaient fondé en 1985 à Londres un front uni contre le président de l'époque, Chadli Benjedid.

    Deux mois après le crime, la brigade criminelle avait interpellé un suspect, Abdelmalek Amellou. Ce dernier avait été relâché après sa garde à vue et expulsé vers l'Algérie sur ordre du ministre de la Sécurité Robert Pandraud.

    Pour l'avocat de la famille Mécili, Me Antoine Comte, «l'empressement des autorités françaises à se débarrasser de ce suspect montre bien qu'il s'agissait d'une « affaire d'État»». L'enquête avait longtemps piétiné avant la délivrance en 2007 de deux mandats d'arrêts contre Abdelmalek Amellou et un diplomate algérien arrêté en août 2008 à l'aéroport de Marseille. Cette arrestation avait provoqué une crise diplomatique entre Alger et Paris. En 2010, le diplomate algérien avait bénéficié d'un non-lieu. «La complaisance des autorités françaises dans ce genre d'assassinat n'aboutit qu'à une chose, c'est qu'ils se reproduisent», a dénoncé Me Comte. Selon une source proche du dossier, le dernier non-lieu rendu par la juge constate que les multiples demandes de coopération internationale sont «demeurées vaines».

    par R. N., Le Quotidien d'Oran, 20 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/affaire_mecili/non_lieu_conteste.htm

  • Hollande à Alger. Une moudjahida nous quitte (CCR)

     

    La veille de la visite du président français en Algérie,Djamila Bouazza, moudjahida de la guerre de libération et figure de la résistance algérienne face à l’occupation coloniale, s’est éteinte à la clinique El Azhar d’Alger, à l’âge de 78 ans. Djamila Bouazza a été l’une des deux combattantes algériennes condamnées à mort pendant la guerre. Arrêtée en mai 1957, sa condamnation pour « terrorisme » tombe en juillet 1957, prononcée par un tribunal militaire français. A la suite de l’indépendance, en 1962, Djamila Bouazza sera finalement amnistiée. Elle fut l’une des 1500 condamnés à mort, dont 222 effectivement assassinés par guillotine ou fusillés par l’Etat français, sans compter les 300.000 morts algériens, tués pour avoir résisté à l’occupant. Aujourd’hui, en revanche, François Hollande et Abdelaziz Bouteflika font des affaires.

    L’une des premières femmes algériennes combattantes

    Pour répondre aux multiples tortures, assassinats de combattants algériens et d’enfants, perpétrés par l’occupant et par l’organisation laMain Rouge pilotée par les services secrets français, les militants du Front de Libération Nationale (FLN), dirigés dans la zone autonome d’Alger par Yacef Saâdi, organisent la résistance en vue de préparer la grève générale du 28 janvier 1957.

    Voyant la montée du FLN et l’instabilité politique croissante, 8.000 paras de retour de la campagne de Suez entrent le 7 janvier 1957 dans Alger avec pour mission de « pacifier » la ville. Pour répondre à cet envoi de troupes qui marque le début de la Bataille d’Alger, les militants du FLN organisent une campagne d’attentats à la bombe.

    La condamnation à mort de Djamila Bouazza, que l’histoire officielle française qualifie de « terroriste », fait suite à la « pose d’un engin explosif », le 26 janvier 1957, à la terrasse du Coq Hardi, une brasserie du centre d’Alger. L’opération sera, des années plus tard, immortalisée dans La Bataille d’Alger, de Gillo Pontecorvo. La campagne a pour but de préparer l’insurrection ouvrière, le 28 janvier, face à l’occupant et au patronat français. Les parachutistes brisent la grève en quelques jours, ouvrant les magasins de force, allant chercher à domicile avec des camions les travailleurs et les fonctionnaires absents de leur travail.

    A la suite de ces attentats de résistance, Djamila Bouazza et Djamila Bouhired sont les premières combattantes algériennes condamnées à mort par les tribunaux et l’Etat français durant des simulacres de procès auxquels assistent militaires et colons. 1500 condamnations à mort de militants algériens seront prononcées pendant « les troubles », un certain nombre paraphées par un certain François Mitterrand, alors ministre de la Justice sous Guy Mollet.

    Hollande. La stabilité politique dans l’arrière-cour de Paris avant tout

    Hollande se rend, ce lundi 15 juin, au chevet d’Abdelaziz Bouteflika, pour une « visite de travail » de huit heures. Bien entendu, il n’aura pas un mot pour rendre hommage à Djamila Bouazza ni même aux 300.000 Algériens tués par la France durant la guerre d’Algérie. Il se contentera d’une gerbe au monument des martyrs de la Guerre d’Algérie.

    Sa mission officielle est de « conforter le partenariat entre les deux pays », autrement dit, garantir les intérêts économiques de la France, en maintenant l’« ordre » et la stabilité politique en Algérie, l’une de ses arrières-cours stratégiques dans la région du Maghreb et dans l’Afrique subsaharienne.

    La présence de Hollande a un double enjeu. D’une part, assurer aux généraux algériens l’appui de la France à la succession de Bouteflika, pratiquement mourant ; d’autre part les dossiers liés au « terrorisme régional », à savoir la guerre que livre la France au Mali voisin et les inquiétudes liées à la déstabilisation de la Lybie . Selon Hollande, « par rapport à ce que nous vivons, la sécurité dans le Sahel, la Libye, nous avons besoin d’avoir un travail en commun ».Le présidenta également évoqué le« travail économique »entre l’Algérie et la France.« Vous savez combien nos populations sont liées. L’histoire doit nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans les relations », a-t-il expliqué, estimant que « nous avons déjà réalisé beaucoup ». Les présidents changent, mais le rapport impérialiste à l’Algérie et au Maghreb perdure.

    Bouteflika et le FLN. Du côté de Hollande ou de Bouazza ?

    Le président algérien aurait adressé ses condoléances à la famille de la moudjahida décédée. Selon Bouteflika, l’Algérie aurait perdu « un des symboles de la lutte et de la résistance ». Quel cynisme pour un gouvernement qui ne cesse de réprimer les résistances ouvrières, avec notamment, depuis fin janvier 2015, une vague d’arrestations et de condamnations de militants ayant participé à des manifestations visant à soutenir des travailleurs sans emploi.

    Le chômage de masse et l’inflation sont en effet la règle en Algérie. Le FLN, dirigé officiellement par un Bouteflika grabataire qui en est à son quatrième mandat présidentiel, est une officine vendue à l’impérialisme. Bouteflika et la bourgeoisie locale ont usé jusque-là de la redistribution partielle et clientéliste de la rente pétrolière pour tenter de maintenir la paix sociale, stratégie qui a en partie réussi malgré la crise économique mondiale et les processus des révolutions arabes de 2011.

    Mais la recette ne suffit plus. Les sources de revenus liés aux hydrocarbures, qui représentent l’essentiel du budget algérien, sont plombées par une baisse de la demande et du prix du baril de pétrole. L’Etat algérien cherche d’autres sources de revenus pour les classes dominantes locales, d’où la plus grande ouverture aux capitaux étrangers. C’est ce qu’illustrent la création d’une usine de montage Renault en 2012, l’entrée d’Alstom et le tramway d’Alger, mais encore la façon dont la France lorgne sur Sonatrach, la société pétrolière nationale.

    Autant de raisons qui président au voyage de Hollande à Alger. Autant de raisons qui montrent que le combat entamé par Djamila Bouazza, en 1957, est encore à mener jusqu’au bout, jusqu’à la libération nationale et sociale !

    15/06/15. Damien Bernard

    http://www.revolutionpermanente.fr/Hollande-a-Alger-Une-moudjahida-nous-quitte