Histoire - Page 17
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8 mai 1945 «Pour comprendre la guerre d’Algérie, il faut remonter à Sétif»
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Alain Ruscio : «Nous vivons un temps de révisionnisme colonial» (Algeria-Watch)
Le Soir d’Algérie : Votre ouvrage s’intitule Nostalgérie. Que recouvre ce néologisme et en quoi, selon vous, l’OAS et ses héritiers l’ont-ils confisqué ?
Alain Ruscio : En fait, je précise dans l’ouvrage qu’il ne s’agit pas tout à fait d’un néologisme. Ou alors il est ancien (né dans les années 1920/25). Il recouvre une réalité humaine respectable : l’attachement à une terre où les aïeux étaient venus s’installer et/ou une terre natale... Le drame commence lorsqu’on constate que l’immense majorité des Européens ne se sont jamais interrogés sur le sort de ceux dont la France coloniale était venue voler le pays, la terre et jusqu’à l’identité, de ceux qu’ils appelaient les «indigènes». Après 1962, il y a eu une véritable captation frauduleuse de ce sentiment humain par les ultras, les activistes, regroupés autour de l’OAS. Ils ont voulu «bloquer l’Histoire», comme l’avait écrit Pierre Nora en 1961. Ils ont évidemment échoué, car l’Algérie devait devenir inéluctablement indépendante. Mais ils ont réussi en partie, hélas, à «bloquer la mémoire», à la fourvoyer vers les impasses du révisionnisme.Aujourd’hui le FN s’applique à gagner une respectabilité. Pouvez-vous nous rappeler le rôle de Jean-Marie Le Pen, son père fondateur, dans la mouvance Algérie française ?
Jean-Marie Le Pen a été élu député en 1956 sur les listes les plus à droite, le mouvement Poujade. Lui et ses amis ont toujours été parmi les plus ardents défenseurs – souvent dans la violence – de l’Algérie française. Si Le Pen n’a jamais appartenu formellement à l’OAS, on sait par exemple qu’il fréquentait les activistes, qu’il a par exemple rendu visite à Salan et Susini début 1961 à Madrid, là où est née cette OAS. On peut imaginer qu’il participa à la stratégie de mise en place de cette organisation.
Qui étaient les alliés de l’OAS en métropole ?
On ne peut comprendre l’efficacité de l’OAS en métropole sans avoir en tête la multitude de ses relais. D’abord dans les rangs ouvertement fascistes et pétainistes, comme Jeune Nation ou l’hebdomadaire Rivarol. Mais également chez de respectables parlementaires, qui menèrent légalement le combat Algérie française, en s’opposant de plus en plus durement aux évolutions gaullistes. Sans oublier des intellectuels de droite, historiens, écrivains, journalistes, qui furent d’efficaces relais. Enfin, on sait aujourd’hui que l’OAS avait infiltré une partie de l’appareil d’État, armée bien sûr, police…
Qu’en est-il des rumeurs concernant le soutien actif de Valéry Giscard d’Estaing à l’OAS ?
Avant d’effectuer ce travail, j’employais moi aussi ce terme de «rumeurs». Après recoupement des témoignages, que je cite dans mon ouvrage, j’ai acquis la conviction qu’il y eut un «duo» Giscard (ministre des Finances)-Poniatowski (son chef de cabinet) qui eut des tendresses pour l’Algérie française, qui poussa cet attachement jusqu’à fournir des renseignements à l’OAS. Giscard a été accusé nommément et publiquement à plusieurs reprises, dès 1962. Les «barons» du gaullisme le haïssaient pour cela. Mais il n’a jamais répondu. Il reste par contre une interrogation à laquelle je n’ai pas encore répondu : pourquoi de Gaulle, qui était forcément informé, ne l’a-t-il pas évincé ?
Comment expliquez-vous qu’il y ait eu paradoxalement beaucoup d’anciens résistants parmi les partisans de l’Algérie française ?
Il y avait plusieurs raisons de s’engager dans la Résistance française, toutes respectables. Parmi elles, un nationalisme, plutôt de droite. N’oublions pas que le premier appel de de Gaulle, en juin 1940, appelait à ne pas désespérer car la grandeur de la France était liée à l’Empire. Beaucoup de ces hommes- et de Gaulle lui-même – furent incapables d’imaginer que la notion d’indépendance nationale pouvait s’appliquer aux «indigènes», ces «sous-hommes». D’où l’enchaînement infernal : immédiatement après la capitulation nazie, massacres du Constantinois (mai 1945), guerre d’Indochine (1946-1954), répression de Madagascar (1947), guerre d’Algérie (1954-1962).
Vous dressez une sorte de typologie de l’activiste ultra. Qu’est-ce qui le caractérise ?
J’aurais plutôt tendance à écrire cette formule au pluriel. Car il y eut en fait des typologies. Les gens de l’OAS furent des civils ou des militaires, des gros colons ou des petits commerçants, des gens qui n’avaient jamais fait de politique auparavant ou des fascistes éprouvés… En fait, ce qui les unissait était d’être «contre» : contre les droits des «indigènes», contre les initiatives des autorités de métropole, contre les intellectuels défaitistes, contre même le peuple de France, qui ne les comprenait pas. Et, par-dessus tout, contre l’indépendance de l’Algérie. A part quelques éléments politisés, la plupart des activistes n’avaient qu’un seul programme : tuer les «meneurs FLN», bloquer toute évolution, revenir au «joli temps des colonies»…
Peut-on parler de peuple pied-noir, uni par une identité commune qui, comme certains l’ont affirmé, aurait majoritairement soutenu l’OAS ?
Il y avait sans aucun doute une unité du peuple pied-noir. Et il faut bien constater, hélas, que la majorité de ce peuple a suivi l’OAS, persuadée que cette organisation serait tout à la fois leur bouclier et leur épée. Quand un monde s’écroule, on est tenté d’écouter ceux qui disent qu’ils vont tout sauver. C’est humain. Il faut ajouter que les rares Européens d’Algérie lucides - les communistes, interdits dès septembre 1955, les libéraux, les légalistes, les chrétiens progressistes - furent contraints au silence, soit par l’assassinat soit par l’exil précoce.
Pour reprendre la question que vous soulevez dans votre ouvrage, pourquoi une telle mobilisation pour la restauration du passé colonial en France aujourd’hui ?
Une partie de la population française vit mal, très mal, ce qu’elle considère comme un déclin de la France. Or, les colonies, il n’y a pas si longtemps, étaient associées dans l’imaginaire collectif à la grandeur du pays. Il y a là comme une plaie qui ne cicatrise pas.
Si l’on ajoute à cela le fait que des millions de personnes, au XXIe siècle, sont issus de cette histoire coloniale, que les descendants d’Algériens, de Marocains, de Tunisiens, d’Africains, de Vietnamiens, vivent désormais sur notre sol, sont Français, il y a chez certains comme une crainte de perte supplémentaire d’identité. Un lobby post-colonial puissant, actif, utilise démagogiquement cette situation, entretient le malaise. On dépasse ici largement, hélas, les contours des anciens de l’OAS, ou même des militants du Front national : des polémistes de bas étage, mais aussi des intellectuels de prestige (de l’Académie française…), des politiques de la droite classique s’engouffrent dans la brèche. Nous vivons un temps de révisionnisme colonial. Mon ouvrage, parmi bien d’autres, est un cri, une invitation à entamer la reconquête de l’opinion. La contre-attaque est commencée, nous ne l’arrêterons pas.
Propos recueillis par M.-J. R. Le Soir d'Algérie, 20 mai 2015L’Organisation armée secrète ou la persistance de l’esprit revanchard
Si la décolonisation des territoires appartient désormais à l’Histoire, l’idéologie coloniale, en revanche, n’a jamais cessé de hanter l’imaginaire d’une partie de la société française. Cette volonté de retour à un passé colonial mythifié s’exprime à travers la multiplication, ces dernières années, des commémorations et lieux de mémoire — 70 à ce jour — à la gloire de l’Algérie française et des chefs de l’OAS dont certains furent condamnés à mort et exécutés pour leurs actes criminels.
Alain Ruscio dont les travaux font référence en matière d’histoire coloniale propose dans son ouvrage Nostalgérie, sous-titré L’interminable histoire de l’OAS (La Découverte) un rappel de l’origine, de la nature et des actions de cette organisation et de ses affidés.
En arrière-fond, ces interrogations : «Pourquoi les anciens activistes et ultras sont-ils toujours écoutés ?»,
«Pourquoi une telle mobilisation en France pour la restauration du passé colonial ?». L’un des signes de cette gangrène des esprits est l’accaparement par l’OAS et ses héritiers de cette notion de «nostalgérie» — nostalgie parfois teintée d’amertume de la terre natale —, synonyme d’Algérie heureuse, scellée dans la mémoire pied-noir. Elle est le socle d’une stratégie de reconquête commencée dès les premières années suivant les Accords d’Evian, avec le combat pour l’amnistie des anciens de l’OAS, poursuivie sous Giscard d’Estaing et Mitterrand jusqu’à la nouvelle génération de gaullistes et ses tentatives d’imposer une réécriture de l’Histoire dans le sens d’une reconnaissance du rôle positif de la colonisation.
Les réseaux de soutien aux ultras pendant la guerre de libération font, dans cet ouvrage, l’objet d’une étude détaillée rappelant le rôle de chacun, de l’activiste de base jusqu’aux plus hauts représentants de l’Etat : «Ce réseau, des groupuscules d’extrême droite aux sphères gouvernementales, en passant par bien des éléments de l’appareil d’Etat, permet de comprendre l’exceptionnelle efficacité de quelques dizaines d’hommes disséminés sur le territoire de la métropole.»
Le rôle trouble de Valéry Giscard d’Estaing dans l’aide apportée à l’organisation est ici évoqué. Quant à la population européenne d’Algérie, même s’il semble outrancier d’affirmer, comme le fait notamment l’opticien Alain Afflelou qu’en 1961 «tous les pieds noirs étaient dans l’OAS», on peut néanmoins parler d’une forte majorité du moins dans le soutien sinon dans l’engagement au combat. Quant à ceux qui condamnaient l’organisation — communistes, libéraux, quelques hommes d’église —, ils devaient se terrer pour ne pas être éliminés.
Si l’OAS est née officiellement en février 1961 dans l’Espagne franquiste, une «culture de la milice», fruit d’une «mentalité d’assiégés», termes qu’Alain Ruscio emprunte à Gilbert Meynier, existe quant à elle depuis les tout premiers temps de la colonisation avec la milice africaine de Clauzel. Ces milices qui se reconstituent ponctuellement à l’occasion des grands affrontements sont, selon l’auteur, inhérentes aux communautés spoliatrices et minoritaires. On pense à la milice d’Achiary en 1945, aux unités territoriales à partir de 1955, etc. On voit dès lors combien le mythe de l’Algérie heureuse dans laquelle la ségrégation n’aurait jamais existé est illusoire. Pour autant Alain Ruscio refuse l’utilisation du mot apartheid qui appartient selon lui à un autre espace et un autre temps.
Pas de séparation de droit donc mais un mur invisible qui dément le mythe pied-noir d’une amitié transcommunautaire généralisée. Et de citer Albert Memmi et Jean Amrouche pour qui il n’y a pas de situation coloniale sans racisme. L’auteur retrace toutes les étapes qui ont mené à la radicalisation meurtrière des ultras depuis la création de l’Oraf (Organisation de résistance nord-africaine) jusqu’à la «course à l’abîme» à partir de 1962.
Qualifiée par Mitterrand – garde des Sceaux en 1956 — d’«organisation la plus criminelle», l’Oraf employait la stratégie de la terreur dans le but d’exaspérer les Européens par des attentats attribués au FLN. Aujourd’hui encore, des survivants de l’Oraf revendiquent fièrement les attentats à la bombe et autres crimes comme les assassinats aveugles par corps de métiers au nom d’une soi-disant logique défensive. La responsabilité de la gauche dans le processus qui mena au déchaînement des passions depuis l’abandon du projet Blum-Violette jusqu’à la capitulation de Guy Mollet n’est pas esquivée. De la même façon, comme le souligne l’auteur, la résistance française n’a jamais eu de vues émancipatrices en matière coloniale. On trouve parmi les partisans de l’Algérie française beaucoup d’anciens résistants. Ce n’est pas un hasard si Georges Bidault lança en mars 1962, juste avant les accords d’Evian, le CNR, Conseil national de la résistance, couverture de la dernière OAS. Et de fait, l’OAS se drape dans le mythe de la nouvelle résistance.
L’histoire de l’organisation serait incomplète sans celle des hommes qui la composent. Alain Ruscio tente une typologie de l’activiste, un ensemble éclectique animé par un désir de vengeance et ayant en commun le front du refus. Eclectisme social – petits blancs «passant de l’anisette-kemia à la soirée plastic», civils métropolitains, policiers, étudiants, généraux, déserteurs —, mais aussi éclectisme idéologique puisque l’on y trouve aussi bien des pétainistes non repentis que d’anciens résistants de la France libre. Parmi ces ultras, beaucoup de soldats perdus se sont recyclés après la guerre, au Katanga, Cambodge, Liban, Biafra, certains dans les réseaux de Focard.
D’autres terroristes sont devenus des notables, engagés dans l’extrême droite FN ou la droite classique. Aujourd’hui ils sont au premier plan du combat mémoriel à la gloire de l’OAS et de ses combattants, profitant du glissement à droite de la société française. L’ouvrage d’Alain Ruscio appelle à la vigilance. Par ce constant balancement entre passé et présent, il met en garde contre la survivance de cette idéologie raciste et fascisante des ultras de l’Algérie française. Il appelle chaque citoyen à lui substituer un combat pour le devoir de vérité. Par Marie-Joëlle Rupp
Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS, Alain Ruscio, éditions. La Découverte, avril 2015.http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/colonialisme/temps_revisionnisme.htm
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Notes sur le livre d’Hèla Yousfi « L’UGTT une passion tunisienne » (Essf)
Cet ouvrage a été publié en mars 2015 en Tunisie, avec le sous-titre « Enquête sur les syndicalistes en révolution 2011-2014 ».
Une des principales différences entre la Tunisie et les autres pays de la région arabe tient à l’existence de l’UGTT.
Mieux connaître cette organisation est d’autant plus nécessaire que l’UGTT fait souvent l’objet de jugements et affirmations péremptoires. D’où le parti pris de l’auteure : « Pour sortir de l’incantation, il nous faut délaisser quelque peu le monde des spéculations et redescendre sur terre en choisissant à cet effet un objet d’observation : l’UGTT elle-même » (p 12).
Pour tenter d’y parvenir Hèla Yousfi s’est appuyée non seulement sur des sources écrites, mais avant tout sur plusieurs dizaines de témoignages de militant-e-s. Ceux-ci sont en général membres de l’UGTT et appartiennent à différents secteurs et régions de cette organisation. Son livre permet une déconstruction des discours ne prenant en compte que certaines des multiples facettes de l’UGTT. Il débouche sur la vision d’une organisation multidimensionnelle, à la recherche permanente d’un équilibre instable entre ses aspects contradictoires.
Chercher à rendre compte en quelques pages d’un ouvrage en comportant 250 pages, nécessite de faire des choix laissant nécessairement dans l’ombre certains aspects. A chacun-e de compléter en lisant directement l’ouvrage.
La présentation qui en est faite ci-dessous est constituée de deux grandes parties que chacun-e pourra lire dans l’ordre qui le convient le mieux :* L’une est avant tout historique ;
* L’autre cherche à présenter le caractère contradictoire de certaines des facettes de l’UGTT. Elle est surtout basée sur le début du livre et le dernier chapitre.A propos de l’histoire de l’UGTT
L’UGTT avant l’Indépendance
Depuis sa fondation en 1946, l’UGTT ne s’est pas contenté d’une seule fonction revendicative mais s’est toujours simultanément « nettement engagée dans l’action politique » pour l’Indépendance, où elle a joué un rôle de premier plan (p11).
L’UGTT entre 1956 et 2011
Pendant toute cette période ont existé au sein de l’UGTT :
* d’une part « un courant de soumission au pouvoir pouvant aller jusqu’à la quasi-intégration dans l’appareil d’Etat »,
* d’autre part « un courant de résistance au pouvoir » contrôlant certaines structures intermédiaires et « qui prend le dessus en temps de crise » (p 56).
Cette dualité a rendu possible « aux différents mouvements sociaux, malgré la proximité que la bureaucratie syndicale a entretenu avec le parti unique, de régulièrement trouver un appui structurel et politique auprès de l’UGTT ».
La permanence de cet équilibre instable explique en grande partie pourquoi les crises internes de l’UGTT n’ont pas débouché sur de réelles scissions.Du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011
Ce chapitre est étayé par un grand nombre d’entretiens généralement réalisés en janvier et février 2011. Il ressort de ce ceux-ci les éléments suivants :
* « le mouvement protestataire est à ses débuts complètement spontané et sans leadership » (p 62),
* « l’UGTT a accueilli et protégé le mouvement » (pp 62-64),
* les syndicalistes ont « encadré » le mouvement (pp 65-70).
Le soulèvement du bassin minier en 2008 est vu comme une « répétition générale » de celui de 2010-2011 (pp 77-79).L’auteure se livre ensuite à une analyse fouillée des débats ayant traversé l’UGTT pendant cette période (pp 79-97). Si nombre de syndicalistes « se sont empressés de rejoindre le mouvement populaire, les bureaux régionaux et le Bureau exécutif ont adopté une attitude attentiste, voire hostile au soutien du soulèvement » en se démarquant clairement des slogans dénonçant le pouvoir. (p81)
La « tendance radicale » de l’UGTT anticipe sur le fait que :
* d’une part la « tendance réformiste » représentée par le Bureau exécutif « allait éviter la confrontation avec le pouvoir » et rechercher un compromis avec lui,
* d’autre part que si il existe « la pression nécessaire » pour faire basculer les rapports de forces en faveur du peuple, « la centrale finira par se plier aux revendications populaires » (p90).
Progressivement, une série de structures intermédiaires de l’UGTT s’émancipent de la direction centrale. Elles appellent notamment à la grève sans son accord préalable et sans respecter l’obligation légale d’un préavis de 10 jours (p86). Pour tenter de sauvegarder sa « capacité de dialogue avec le pouvoir », le Bureau exécutif n’a pas d’autre choix que de couvrir « toutes les décisions prises à une échelle locale et/ou régionale » (pp88-89).
Après des dizaines d’années d’omnipotence de la direction centrale de l’UGTT, on assiste à la préfiguration de nouvelles relations entre celle-ci et les structures intermédiaires (p98).Du 14 janvier 2011 aux élections d’octobre 2011
Le 17 janvier, la direction de l’UGTT désigne trois représentants au gouvernement. Celui-ci est présidé par l’ancien Premier ministre de Ben Ali (p 102), ce qui provoque la colère de la population et de la base de l’UGTT.
Soucieuse de « préserver le consensus et de protéger l’unité de l’organisation » (p107), l’UGTT « fait volte-face » (p106) : elle fait démissionner ses trois ministres dès le lendemain, et soutient désormais les mobilisations (pp102, 106 et 108).
Simultanément, l’UGTT joue un rôle clé dans la mise en place d’un « Conseil national de protection de la révolution (CNPR) » (pp102, 110-112). Le CNPR s’appuie sur des comités locaux dans tout le territoire tunisien dans lesquels certains militants voient le possible embryon d’un « parlement représentatif des forces révolutionnaires » (p116).
Mais le CNPR ne se transforme pas en un pouvoir alternatif : contestant la légitimité démocratique du gouvernement, c’est néanmoins à ce dernier que le CNPR demande de lui reconnaître légalement un pouvoir décisionnel. Mais « le gouvernement s’oppose vivement à cette demande et ne veut concéder au CNPR qu’un rôle consultatif » (p111).Le 27 février, l’ancien Premier ministre de Ben Ali quitte enfin le pouvoir. Son remplaçant, Beji Caïd Essebsi, crée une « Haute instance » qui « a pour objectif de dépasser l’opposition entre le CNPR et le gouvernement » (p113) :
* La Haute instance n’a qu’un pouvoir consultatif et propositionnel en matière de loi électorale et d’organisation des élections.
* « Le gouvernement reste ainsi le seul pouvoir exécutif et décisionnel ».
Aux côtés de l’UGTT, sont représentées dans la « Haute instance » les principales organisations politiques et associatives du pays (p103). Ne revendiquant pas le pouvoir pour elle-même, l’UGTT joue néanmoins « un rôle politique de premier plan » (p103) consistant à « construire des consensus entre les différentes forces politiques et sociales » (p 105).
Dans les témoignages recueillis, le rôle de l’UGTT était auparavant souvent présenté comme celui d’un « pouvoir » ou d’un « contre-pouvoir » (p108). L’accent est désormais mis sur la notion « d’autonomie » ou de « distance égale de tous les partis politiques et surtout du pouvoir, (...) de force d’équilibre, de superviseur qui contrôle l’action du gouvernement » (pp 108-109).
Pour certains militants, la perception de l’UGTT a évolué « d’un acteur clé de la révolution à celle d’un acteur central du maintien du régime politique et économique » (p116).Au final, la direction de l’UGTT a poursuivi simultanément ou successivement de multiples objectifs parfois contradictoires (pp118-119) :
* assurer simultanément la démocratisation du pays et la continuité des institutions,
* refuser un choc frontal avec le pouvoir en place dans le but de conserver son propre pouvoir de négociation avec celui-ci,
* utiliser sa proximité avec les mouvements sociaux pour faire pression sur le gouvernement et les grands choix politiques,
* ne pas jouer pour autant un rôle de parti politique mais favoriser la négociation et la construction de consensus entre les différentes forces politiques et sociales.Depuis son origine, le rôle syndical de l’UGTT a toujours été entremêlé avec son rôle politique (p141).
Du temps de la dictature, l’UGTT était même « le seul espace où les opposants politiques pouvaient s’exprimer » (p142). C’est notamment pour cette raison que la plupart des militants estimaient que l’UGTT devait s’interdire « d’entrer dans la bataille politicienne, car il y a toutes les tendances politiques au sein de l’UGTT, et que cela pourrait être dangereux » (p143).
La grande différence depuis 2011 est que désormais les partis politiques « n’ont en principe plus besoin de l’espace syndical pour exister » (p145).Les principaux enjeux du congrès national de décembre 2011
L’héritage de la période passée comporte notamment :
* la compromission du Bureau exécutif avec le régime de Ben Ali au sujet de laquelle le Secrétaire général sortant fera une autocritique lors du congrès (pp167-168),
* la corruption et le clientélisme interne (pp153-155, 171-172),
* une tradition de votes dans les congrès reposant non pas sur les programmes mais sur des alliances entre réseaux sectoriels ou régionaux et courants politiques (170-171).La volonté d’un grand nombre de militant-e-s de l’UGTT est de remettre en cause le caractère hiérarchisé et centralisé de la centrale syndicale, se traduisant par le pouvoir hégémonique du Secrétaire général et du Bureau exécutif. C’est notamment sur ce dernier que repose le droit de signer le préavis de 10 jours rendant légale une grève, ainsi que la nomination des permanents syndicaux (pp 151-152). Cette préoccupation prend appui sur « l’épisode révolutionnaire qui a poussé certaines Unions régionales et Fédérations à prendre leurs décisions de manière autonome sans attendre l’approbation du BE » (p155).
En sens inverse, deux mois après la victoire électorale d’Ennahdha, « le contexte de crise politique et les différentes campagnes qui ont pris l’UGTT pour cible ont renforcé les réactions les plus défensives afin de préserver l’organisation au dépens des impératifs de restructuration interne et/ou les défis socio-économiques » (p184).
A l’intersection de ces deux préoccupations, il avait été décidé dans la foulée dans la foulée du 14 janvier que le non-renouvellement du mandat des membres du BE qui s’étaient compromis avec le pouvoir de Ben Ali s’opèrerait en douceur. Il suffisait pour cela de ne pas remettre en cause les dispositions statutaires interdisant plus de deux mandats successifs au BE (article 10), contrairement à ce que cherchait à faire le BE sortant juste un an auparavant (pp 131-138, 155, 172-173, 179). (1)
En final, un peu moins d’un an après le 14 janvier 2011, "deux préoccupations majeures animent la plupart des congressistes interviewés :
* Quel rôle l’UGTT doit-elle jouer dans la transition politique et quelle place doit-elle occuper dans le nouveau champ politique et syndical post-électoral ?
* Sera-t-elle capable de faire évoluer ses structures, ses formes historiques de lutte pour s’adapter aux nouvelles réalités économiques et soutenir la processus démocratique dans le pays ?" (p152).Un des enjeux politiques est le refus que l’UGTT soit « instrumentalisée » par les partis politiques. « Même si notre mission est autant politique que sociale, on doit rester à égale distance de tous les partis politiques » expliquent nombre de syndicalistes (pp159-162 et 169). Parmi les défis organisationnels à relever figurent l’implantation dans le secteur privé (p156), la participation des femmes dans les instances de décision (p157-158) et la faible syndicalisation des jeunes (p158).
Les principales décisions du congrès de décembre 2011
Le congrès a été polarisé par l’élection du Bureau exécutif (pp 175-178).
La principale différence avec le passé a été que la volonté politique de maintenir l’unité de la centrale a été « omniprésente » dans la constitution des listes en compétition. Elle l’a emporté sur « les considérations régionalistes et clientélistes qui avaient souvent pris le pas sur les autres enjeux » dans les congrès précédents (p178).
Aucun membre du nouveau BE ne représente un courant politique en tant que tel. (2)Dans la continuité avec le passé figurent :
* le poids prépondérant du BE sortant sur le déroulement du congrès (p181),
* l’élection de la liste reposant sur le consensus entre le plus grand nombre de régions, de secteurs et de sensibilités politiques,
* la présence dans cette liste de trois des quatre membres du BE sortant ayant le droit de se représenter,
* la consécration du « pouvoir des grands secteurs de la fonction publique au sein de l’UGTT, et notamment l’Enseignement et la Santé » (p179),
* le fait qu’aucune femme n’ait élue élue au BE (pp157-158, 178, 180).
L’UGTT face au pouvoir islamiste (2012-2013)Ennahdha, qui commence à diriger le gouvernement au moment même où se tient le congrès de l’UGTT, se lance dès la mi-février 2012 dans une attaque frontale contre la centrale syndicale. Cherchant à « coopter les différents réseaux de l’ancien régime au niveau de l’appareil étatique » (p216), Ennahdha se retrouve par ailleurs en concurrence directe sur ce terrain avec Nidaa Tounes que Beji Caïd Essebsi met en place au premier semestre 2012 dans le but de revenir au pouvoir lors des élections suivantes.
Face à cette « bipolarisation de la vie politique et les polémiques visant l’UGTT, sa direction n’a pas voulu participer à la mise en place d’une alternative politique aux deux pôles dominants. En revanche, elle a lancé le 18 juin 2012 une ’’initiative politique’’ visant à recréer un consensus entre les forces politiques, le gouvernement et la société civile pour s’entendre sur les grandes questions suscitant des divergences » (p217).
Le rôle de « médiateur politique » (p218) que cherche à jouer la direction de l’UGTT contribue à « reléguer la question sociale au second plan » (p204).Au deuxième semestre 2012, la tentative de l’UGTT de trouver une solution consensuelle échoue, et l’offensive des hommes de main islamistes continue de plus belle avec notamment :
* l’attaque du siège national de l’UGTT le 4 décembre 2012 (p188),
* l’assassinat d’un premier dirigeant du Front populaire le 6 février 2013, puis d’un second le 25 juillet qui plonge la Tunisie « dans une crise politique grave ouvrant la voie à une nouvelle période de contestation de la légitimité des institutions » (p219).Dans ce cadre, « l’UGTT multiplie les rencontres pour chercher une issue à la crise.
Elle ne se présente plus exclusivement comme une plateforme de dialogue mais comme une force de proposition ». En compagnie de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, l’Ordre national des avocats et le syndicat patronal (UTICA), l’UGTT lance le 25 octobre un cadre de dialogue national auquel participent 21 des partis représentés à l’Assemblée. Un consensus se dégage entre les participants au dialogue pour le remplacement du gouvernement en place par un gouvernement provisoire ne dépendant pas des différents partis. Chargé de gérer les affaires courantes, celui-ci doit avant tout faire voter par l’Assemblée la nouvelle Constitution, puis organiser des élections législatives et présidentielles (pp 220-231).
* En acceptant de démissionner du gouvernement, Ennahdha a évité d’en être éjecté durablement comme en Egypte.
* Nidaa Tounès de son côté estime avoir toutes les chances de parvenir au pouvoir après les élections prévues en 2014.
* L’UGTT a « renforcé sa place d’acteur incontournable du champ politique tunisien » (p231).Mais « le fait que le dialogue national ait concentré le débat exclusivement sur les enjeux politiques » entraine un clivage « qui traverse toutes les structures de l’UGTT autour de la place à accorder aux questions sociales ». La distance se creuse d’après l’auteure entre :
* « les partisans d’une action limitée, négociée à petits pas, faisant reculer progressivement le pouvoir politique sans pour autant le renverser »,
* « ceux qui, parce que la crise économique s’approfondit, parce qu’ils ont confiance dans le mouvement social, parce qu’ils croient de moins en moins qu’on peut négocier avec le pouvoir en place, veulent une attitude plus ferme qui peut mener à des actes de rupture » (p232).Le caractère contradictoire de chacune des facettes de l’UGTT
Pour des raisons qui sont explicitées dans en note (3), je me suis autorisé à ajouter entre parenthèses le terme « revendicatif » à celui de « syndical » dans deux des extraits présentés dans le sous-paragraphe qui suit.
Rôle revendicatif et rôle politique
« L’UGTT ne mobilise pas les syndicalistes seulement pour la défense de leurs intérêts professionnels. Elle a toujours été et continue à être le lieu d’une action politique beaucoup plus large qui vise à articuler revendications socio-économiques, et libertés politiques individuelles et collectives » (p 233).
Cette double fonction remonte à l’époque coloniale où l’UGTT était « nettement engagée dans l’action politique » pour l’Indépendance (p11).
Après celle-ci, l’UGTT a été de plus pendant plus d’un demi-siècle « le seul espace d’action collective organisée en Tunisie qui a réussi tant bien que mal à résister aux tentatives du régime autoritaire de réduire à néant toute résistance dans le pays ». (p 16)
Pour ces raisons, « l’UGTT est à la fois, et de manière indissociable, un mouvement syndical (revendicatif) et une organisation qui prétend à une mission politique et nationale » (pp 233-234).
« Par moments ce sont les considérations politiques nationales qui s’expriment, et à d’autres moments, c’est l’aspect syndical (revendicatif) qui est mis en avant » (p234).
Pour une partie au moins de ses membres, l’UGTT doit jouer un rôle de « contre-pouvoir » (p16) mais « ne vise pas la prise de pouvoir » (p11).En final, l’UGTT se comporte « ni comme une force politique destinée à prendre le pouvoir, ni comme un syndicat révolutionnaire capable de remettre radicalement en cause les choix économiques et sociaux adoptés par les élites au pouvoir. L’ampleur de son action politique lui échappe parfois, mais elle a montré qu’elle n’est pas et ne veut pas devenir un parti politique » (p235).
Entre résistance et soumission
Il a toujours existé dans l’UGTT « un courant de soumission au pouvoir pouvant aller jusqu’à la quasi-intégration dans l’appareil d’Etat », mais simultanément on y a toujours trouvé « un courant de résistance au pouvoir qui prend le dessus en temps de crise ». (p15)
Dans ce cadre, l’UGTT a été avant 2011 à la fois « un refuge pour les mouvements sociaux, un espace de résistance (...) contre l’hégémonie exercée par le parti unique » et « un lieu de négociation permanente de l’équilibre tant politique que social ». (p 16)Entre affrontement et volonté de négociation
« Tantôt ce sont des réactions offensives qui s’expriment et qui vont jusqu’à l’affrontement et parfois c’est la logique de médiations et de négociation qui l’emporte » (p234).
L’action de l’UGTT repose sur « sa capacité à construire des compromis entre les défenseurs d’une rupture radicale avec l’ancien régime et les partisans d’une orientation réformatrice » (p235).
« L’UGTT, en arrachant quelques concessions de la classe dirigeante au profit du mouvement protestataire, évite le risque d’un affrontement directe entre les anciennes et les nouvelles forces politiques et neutralise, selon les plus critiques, le potentiel d’une rupture radicale avec le régime » (p235).
L’UGTT revendique une identité de « »force d’équilibre« entendue dans le sens d’une force à la fois de pression et de négociation » dont une des constantes est « le refus de l’affrontement direct avec le gouvernement » (p235).
« Dès lors, il n’est pas étonnant de voir l’UGTT affirmer de plus en plus nettement que seules des solutions consensuelles entre les différentes forces politiques et sociales peuvent sortir le pays de la crise » (p235).
« L’UGTT affirme sa défense des revendications sociales, mais sans jamais oublier de faire pression pour établir un calendrier électoral » (p234). « Sa proximité des mouvements sociaux lui donne les moyens d’exercer une pression sur les choix électoraux et les grandes décisions politique » (p235).« Dialogue national » et base sociale de l’UGTT
Pendant le deuxième semestre 2013, l’UGTT a joué un rôle décisif dans la mise en place d’une structure de dialogue incluant notamment le syndicat patronal.
« L’UGT, qui accepte de faire un un front uni avec le patronat pour pouvoir trouver un équilibre négocié avec les différentes forces politiques et sociales, prend le risque de voir sa capacité d’action sociale s’affaiblir. Pire encore, elle se montre disposée comme par le passé à accepter une nouvelle vague de libéralisation économique proposée par les bailleurs de fonds moyennant des augmentations salariales dérisoires pour ses membres » (p237).
Pour l’auteure le risque existe pour l’UGTT de se couper de forces attendant « une attitude plus ferme de la part de l’UGTT ». Celles-ci estiment qu’avec l’approfondissement de la crise économique, il est « de moins en moins possible de négocier avec les élites économiques et politiques en place » et placent leur confiance dans les mouvements sociaux (p238).
Entre mode pyramidal de décision et système de pressions sur la direction* Aux lendemains de l’Indépendance, un « rapport organique » existait entre l’Etat et l’UGTT : le Président Bourguiba pouvait changer les secrétaires généraux, « les appeler aux commandes et les renvoyer comme il le fait pour ses ministres » (p37). Ce type de fonctionnement a été calqué par la direction nationale de l’UGTT sur les structures intermédiaires. Il se traduit par l’hégémonie du Bureau exécutif et du secrétaire général sur l’ensemble de l’organisation (p152).
* Tout un système de pression sur la direction s’est mis en place pour faire contrepoids à la concentration du pouvoir entre les mains de la direction centrale de l’UGTT.
Il s’est notamment affirmé à partir de 2008 dans le cadre de la lutte bassin minier. Il a fini par imposer sa volonté dans les semaines qui ont précédé le 14 janvier.
Dans le chapitre centré sur ces deux épisodes, le mot « pression » revient à très nombreuses reprises dans les entretiens réalisés.Lors de la lutte du bassin minier, « les syndicalistes ont (...) fait pression sur les instances régionales de l’UGTT pour intervenir dans la libération des prisonniers ». « Nous avons fait pression sur le Bureau exécutif pour intervenir auprès du gouverneur » (p69). « Les syndicalistes de base ont imposé, grâce à leur pression, à certaines Unions régionales (...) ou à des secteurs (...) de soutenir le mouvement du bassin minier » (p77). A Redeyef, « il y a eu un changement grâce à la pression syndicale à l’intérieur des syndicats de base et aussi grâce à la pression qui vient de l’étranger, des délégations étrangères. Cette pression qui vient de l’intérieur et de l’extérieur a permis enfin de changer la position officielle de la direction syndicale... » (p78). Le secrétaire général Jrad « qui n’a pas l’habitude de céder a enfin cédé pour éviter l’implosion de l’UGTT (...) sous la pression intérieure » (p79).
« Nous faisions des rassemblements devant l’UGTT pour faire pression, et le Bureau régional a négocié avec le gouverneur pour les prisonniers » (p82).
Il en va de même après le 17 décembre 2010. Hélà Yousfi écrit à ce propos : « Cette pression engendre une crise au sein de l’organisation qui a pour résultat immédiat une rupture dans les circuits de décision formels classiques et une transgression de la hiérarchie syndicale », comme par exemple l’accord préalable du Bureau exécutif pour qu’une grève soit légale (p86).
« Ce genre de décision n’aurait pas eu lieu » si préalablement « les structures de base et intermédiaires n’avaient pas fait pression » (p87) explique une militante.
La direction de la centrale agit de façon comparable.. mais dans le sens inverse : elle « exerce une pression forte sur toutes les structures de manière à réduire leur souffle militant » (p87).
« Cette dynamique de pression/négociation (...) a largement influencé aussi bien l’issue du mouvement de Redeyef en 2008 que celui de Sidi Bouzid ... » (p90).
« Généralement quand la direction de la centrale voit que les différentes structures régionales et sectorielles adoptent (des) revendications, il y a une sorte de pression qui s’exerce sur le Bureau exécutif qui va finalement les adopter » (p94). « Sous la pression de ses structures, elle est obligée de suivre le mouvement » (p95).
Entre clientélisme et résistance à la direction* Le clientélisme en vigueur au niveau de l’Etat avant 2011 avait trouvé son prolongement au sein de l’UGTT. « Le cadre syndical détaché auprès de la Centrale échappait aux contraintes du travail et accédait à un statut social qui lui procurait une certaine reconnaissance. Il devait alors agir en fonction de ce que le Bureau exécutif attendait de lui ». « Ce détachement pouvait être retiré au cours du mandat si le cadre décevait ou entrait en conflit avec la direction » (p153). Plusieurs témoignages figurant dans le livre donnent des exemples d’avantages matériels attribués aux permanents syndicaux (pp 153-155).
* Au sein de l’UGTT, ont toujours existé des militant-e-s refusant de prêter allégeance à la direction. Cette situation s’est notamment exprimée par l’opposition à la suppression de l’article 10 des statuts interdisant plus de deux mandats successifs au Bureau exécutif.
Cette volonté s’est accentuée lors du processus ayant précédé le 14 janvier 2011. « L’épisode révolutionnaire qui a poussé certaines Unions régionales et Fédérations à prendre leurs décisions de manière autonome sans attendre l’approbation du Bureau exécutif constitue un précédent intéressant qui préfigure de nouvelles relations entre les structures intermédiaires et et la direction central pouvant neutraliser la dérive hégémonique du Bureau exécutif » (p155).Entre attachement formel aux règles et arrangements de couloirs
* « Tout est conçu au Congrès pour qu’aucun manquement à la procédure démocratique ne soit possible. Cette démocratie formelle et pointilleuse est la garantie d’une légitimité, rend incontestables les décisions prises par le Congrès et assure une marge de crédibilité au Bureau exécutif » (p173).
* Mais simultanément « les votes ne sont pas orientés par les programmes proposés mais plutôt par les tractations politiques et les alliances » (pp 170-171). « Tous les moyens sont bons, de la cooptation des délégués moyennant des privilèges, à la manipulation des adhésions pour conquérir le pouvoir » (p171).
Entre syndicalisation massive des femmes, et masculinité des structures
« Si les femmes sont bien présentes à hauteur de 47 % dans les structures de base et dans les luttes syndicales, elles demeurent absentes des postes de direction syndicale. En effet, le fait de devenir membre du BE est verrouillé par des conditions de nombre de mandats antérieurs réalisés aux différents niveaux (local, régional, fédéral) de l’organisation. Une condition qui réduit le nombre de femmes éligibles et empêche leur arrivée au niveau de la direction centrale » (p157).
Un débat est en cours qui pourrait déboucher sur un système de quotas au sein de l’UGTT, y compris au Bureau exécutif.Multiplicité des forces centrifuges et maintien d’un cadre collectif
Une des explications proposée au fait que l’UGTT est parvenue à ne pas exploser en vol malgré les multiples contradictions qui la traverse est la volonté partagée de construire des consensus internes sur la base des rapports de forces existant à un moment donné :
« L’UGTT, par sa composition et sa sociologie, a toujours été tributaire d’un équilibre souvent précaire entre des intérêts sectoriels, de considérations régionales et des enjeux politiques. De ce fait, ce n’est pas tant le clivage idéologique ou partisan qui oriente les décisions de la Centrale que sa capacité à construire des consensus entre des groupes aux intérêts divergents ». « C’est grâce à l’institutionnalisation du consensus comme mécanisme privilégié de régulation du conflit que l’UGTT a pu maintenir sa cohésion interne tout en conservant son pouvoir. Dès lors, les tergiversations et les tensions qui ont marqué la trajectoire de l’UGTT prennent tout leur sens » (p236).Notes :
1. Note AB : Un responsable intermédiaire de l’UGTT me confie à l’époque « Le secrétaire général reste en place jusqu’au prochain congrès, mais nous l’avons mis sous camisole ».
2. Note AB : Les membres du nouveau BE ont des affinités politiques diverses, actuelles ou passées, réelles ou supposées. Seule une minorité d’entre eux est actuellement membre d’un parti politique, mais aucun d’entre eux ne représente celui-ci en tant que tel.
Jilani Hammami, dirigeant connu du PCOT n’ayant plus de responsabilités syndicales depuis des années, revendiquait une place dans le nouveau BE au nom de son parti (p176). Il a été écarté de la liste en situation de l’emporter. Hfaiedh Hfaiedh, pourtant tête de liste du même parti aux législatives deux mois plus tôt, a par contre été inclus sans aucun problème en tant que secrétaire général du syndicat de l’enseignement primaire.3. Note AB : Pour moi, le fait que l’UGTT ne se limite pas à la seule action revendicative ne constitue pas réellement une spécificité tunisienne. Nombreux sont les syndicalistes de part le monde qui considèrent qu’ils sont chargés d’une « double besogne » : la défense des intérêts immédiats des travailleurs ET « la transformation sociale ».
Ce débat traverse périodiquement le syndicalisme depuis ses origines. Il se conjugue avec celui, tout aussi passionné, de savoir si cette deuxième dimension doit s’effectuer graduellement au sein du capitalisme, ou dans le cadre d’une rupture avec celui-ci. -
Meurtre du militant anticolonialiste Henri Curiel à Paris en 1978 (El Watan)
L’assassinat politique revendiqué 37 ans après
Le mystère est enfin levé sur la mort d’Henri Curiel. L’assassinat du militant anticolonialiste et défenseur de l’indépendance de l’Algérie vient d’être revendiqué, 37 ans après.
L’homme a été tué le 4 mai 1978 par des membres d’une organisation d’extrême droite proche des «Services» français. C’est ce que révèle un membre de l’organisation Action française, en l’occurrence René Resciniti de Says, dans un livre posthume intitulé Le Roman vrai d’un fasciste français.
Décédé en 2012, René Resciniti de Says avoue avoir pris part aux assassinats du militant d’extrême gauche Pierre Goldman, et d’Henri Curiel, alors que du côté officiel français, le dossier est officiellement classé. Henri Curiel avait été abattu par deux inconnus, de plusieurs balles à bout portant, dans l’ascenseur de l’immeuble où il habitait, à Paris. Né le 13 septembre 1914 au Caire (Egypte) dans une famille aisée, originaire d’Italie, dont le père était banquier.
Henri Curiel, un fervent anticolonialiste, a passé sa vie à militer en faveur des mouvements de libération nationale, notamment en Afrique. Dès 1956, il s’est consacré à l’indépendance de l’Algérie en créant le Mouvement anticolonialiste français, mais surtout en développant l’action clandestine au sein du Réseau Jeanson des «porteurs de valises» pour un soutien logistique aux militants de la cause nationale. Il s’était investi à fond dans son action et avait mis à la disposition des moudjahidine du Front de libération nationale (FLN) en France toute l’étendue de son savoir-faire en matière de militantisme.
Et quand le Réseau Jeanson avait été ébranlé par plusieurs arrestations, en 1960, Henri Curiel avait pris la relève des réseaux de «porteurs de valises» et a mis en place un réseau similaire qui portait son nom. Dans Le Roman vrai d’un fasciste français, Resciniti de Says a confié à un journaliste, Christian Rol, à qui il avait raconté pourquoi et comment il a assassiné Curiel, que le feu vert pour le meurtre lui aurait été donné par Pierre Debizet, le patron du Service d’action civique (SAC), la milice du parti gaulliste.
R. N le 10.05.15 | 10h00
Commentaire: Wabnitz Oscar le 10.05.15 | 20h36
il manque une info !
Henri Curiel est un fils de banquier et issu d'une famille juive francophone de nationalité italienne établie en Égypte. Il fait ses études dans des établissements français du Caire, comme de « nombreux jeunes gens d'Europe, il lit André Malraux, Paul Nizan, le Gide des allers-retours, et rôde autour du marxisme2. » Il fait en général un voyage tous les ans en France, mais c'est son frère Raoul qui est désigné pour aller y faire des études supérieures. Son père le retient pour travailler avec lui à la banque et ainsi lui succéder un jour. Cela n'est pas du tout à son goût, mais comment se révolter contre un père totalement aveugle depuis de nombreuses années2 ? Il prit la nationalité égyptienne lors de l'abolition des capitulations (en), malgré le fait qu'il ne parlait pas la langue arabe, et qu'il ne l'a d'ailleurs jamais parlée couramment.
Il faut dire la vérité, ce qui permettra aux incultes de ce pays d'éviter les amalgames et être justes quand aux hommes et femmes qui ont aidé ce pays pour la recherche de son indépendance!
Y-A_t'il une rue, une place, une école; un coin qui porte le nom de ce monsieur porteur des valises du FLN avant 1962 ?Lire aussi le Quotidien d'oran:
http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/assassinat_curiel_revendique.htm
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Rennes, le 8 mai, c’est aussi… (fr3)
...la commémoration du massacre de Sétif!
Une répression sanglante a suivi des manifestations nationalistes en Algérie, le jour de la signature de l’Armistice, le 8 mai 45. A Rennes, ville jumelée à Sétif, cette commémoration prend une importance particulière.
Après les manifestations liées aux commémorations de la capitulation Allemande, la ville de rennes n’oublie jamais celle du massacre de Sétif, qui a eu lieu le même jour. Après la signature, une manifestation autorisée a réunit 10 000 personnes. Mais après qu’un jeune ait été abattu par la police pour avoir brandi un drapeau algérien, cette manifestation nationaliste dégénère.
Le mouvement s’est étendu ensuite à Guelma et Kherrata, ainsi que dans la petite Kabylie, et la répression qui s’ensuit fait entre 5000 et 10 000 victimes entre le 8 et le 22 mai.Selon l’historien Charles-Robert Ageron, cet événement « a servi de référence et de répétition générale à l’insurrection victorieuse de 1954″. La France a tardi- vement reconnu sa responsabilité « officielle ». C’était en 2005 lors d’un discours de l’ambassadeur, qui a qualifié la répression de l’époque de « tragédie inexcusable ».Par Stéphane Grammont Publié le 08/05/16:38, mis à jour le 08/05/ 16:48
Lire aussi:
http://rebellyon.info/?8-Mai-1945-Massacre-de-Setif
http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/mettre_fin_deni.htm
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70 ans de déni (El Watan)
Le monde célèbre ce 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une date symbole de la victoire sur le fascisme.
Un symbole qui, pourtant, prend une autre signification de ce côté-ci de la Méditerranée, théâtre d’une barbarie sans égale commise par un colonialisme abject contre des populations civiles désarmées.
Le même 8 mai 1945, alors que les populations d’Europe manifestaient et défilaient dans les rues, respirant l’air de la liberté dans la liesse et la joie, les Algériens ont eu droit à l’expression la plus brutale de la répression coloniale. Ils sont sortis par milliers, par millions, dans les rues eux aussi armés de drapeaux et de slogans pour réclamer une liberté légitime et méritée.
Le colonialisme français leur a répondu par les balles, les bombes et la matraque.
Le général Raymond Duval orchestra un massacre à grande échelle. Trois grandes villes furent particulièrement marquées par la sauvage répression : Sétif, Guelma et Kherrata. Les corps de milliers de victimes algériennes gisaient dans un fleuve de sang. Les colons se joignent à la barbarie policière et militaire et font de l’Algérien une cible à abattre. Les corps de milliers de victimes sont soit brûlés ou enterrés dans des charniers et fosses communes. Les estimations du nombre de victimes ne sont pas précises tant la répression s’abattait sur tous les Algériens.
On parle de milliers de morts.
Du côté algérien, le nombre de morts est estimé à 45 000, le colonisateur parle de centaines. Les historiens placent le nombre entre 10 000 et 40 000 victimes. Une sauvagerie semblable à la barbarie nazie est appliquée sur les Algériens un jour de victoire sur les nazis. Un crime contre l’humanité est exécuté avec sang-froid et à huis clos, loin des festivités européennes.
Le général Duval, qui a pris plaisir à supplicier des Algériens pendant des semaines, se réjouissait d’annoncer au gouvernement français de l’époque lui avoir «assuré la paix pour dix ans». Dans un rapport transmis au gouvernement britannique par son Consul Général à Alger, John Eric Maclean Carvel, est décrite l’ampleur de la force utilisée par l’armée française : «Les autorités françaises ont pris de fortes contre-mesures. Un bataillon sénégalais et des blindées ont été acheminés à partir d’Alger, de Sidi Bel Abbès, Biskra, Bougie et Constantine.
Un détachement de 75 hommes de la légion étrangère fut transporté par avion vers Constantine.
Des navires de guerre furent envoyés à Bougie pour y débarquer des soldats à Souk El Tnine. 1200 hommes du 13e régiment d’infanterie entièrement composé d’anciens membres de la ‘‘Force Française de l’Intérieur’’ arrivent par les airs en provenance de la Dordogne et de la Creuse. Pas moins de 300 sorties d’avions ont été recensées entre le 8 et le 14 mai, ce qui dénote de la dense activité militaire aérienne.
On pense que l’action s’est déclinée la plupart du temps par des mitraillages et les bombardements. Les rapports des observateurs aériens indiquent que des villages entiers ont été détruits…». Un déploiement de guerre contre des populations civiles désarmées. L’image est effroyable, et même 70 ans après l’émoi est intact. Le colonialisme est une négation de la dignité humaine et un crime contre l’humanité tout comme le nazisme et doit être dénoncé en tant que tel.
Aujourd’hui, et même si du temps s’est écoulé, et pour que toutes les blessures se referment, il est important de dire ce qui fut et de reconnaître le caractère fasciste et inhumain de la colonisation. Depuis 1830 jusqu’à 1962 en passant par mai 1945, le colonialisme a tout fait pour nier l’humanité et la dignité des Algériens. 70 ans après les faits horribles de mai 1945, la France n’ose pas faire le pas de la reconnaissance, ni des excuses. De petits pas sont entrepris depuis 2005 par des représentants de l’Etat français, mais des pas qui peinent à toucher de ce côté-ci de la Méditerranée.
L’ambassadeur Hubert Colin de Verdière avait, en 2005 qualifié à Sétif les massacres de «tragédie inexcusable», son successeur, Bernard Bajolet, en 2008 à Guelma, a parlé pour sa part de «déchaînement meurtrier qui a fait des milliers de victimes». Sept ans plus tard, le Secrétaire d’Etat français aux anciens combattants, Jean Marc Todeschini, reprend les mêmes gestes des ambassadeurs en se rendant à Sétif pour déposer une gerbe de fleurs devant la stèle de la première victime algérienne, Saal Bouzid, et qualifie aussi les massacres de 1945 de «déchaînement meurtrier».
Est-il donc si difficile de parler de «crime d’Etat» et de «massacres» qu’il est du devoir d’un Etat de reconnaître et de dénoncer ?
Au lieu d’évoquer «des aspects positifs de la colonisation», la France est en devoir de regarder le vrai visage de ce que fut son empire colonial, et en balayant toute démagogie agir, tout comme l’a fait l’Allemagne en s’excusant de ses actes. Ces actes n’ont pas été que le fait d’individus, mais une politique d’Etat qu’il faut officiellement dénoncer. Comment la France peut-elle jouir totalement de ce jour de victoire sur le nazisme si elle réfute son propre passé de colonisateur ayant commis des crimes contre l’humanité ?
Il est de bon ton de dénoncer le génocide arménien au nom des valeurs universelles de respect des droits humains, il serait aussi de bon ton d’en finir avec les petits gestes symboliques et dénoncer avec fermeté les massacres de mai 1945 qui s’apparentent aussi à un véritable génocide puisqu’il y a eu des exécutions systématiques et par milliers d’Algériens. La reconnaissance sera plus bénéfique aux Français qu’aux algériens qui ont eu la grande satisfaction d’arracher leur indépendance. Il reste toutefois à gratifier les milliers de victimes du 8 mai 1945 du statut mérité de martyrs.
Nadjia Bouaricha El Watan, 7 mai 2015http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/70_ans_deni.htm
Lire aussi:
http://rebellyon.info/?8-Mai-1945-Massacre-de-Setif
http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/mettre_fin_deni.htm
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L'Autre 8 mai 1945 (Algéria Watch)
Il est impossible de célébrer les 70 ans de la victoire contre le fascisme sans la volonté d'arracher de l’oubli ce qui s’est passé en Algérie ce même 8 mai et les jours suivants.
Une manifestation pacifique à Sétif, Guelma, Khératta et la région a été réprimée dans le sang ;des dizaines de milliers de civils algériens ont été massacrés par la Police, la Gendarmerie, les milices armées par les autorités locales, l'Armée Française, agissant sur ordre de l'exécutif.
Amputer notre histoire commune par l'occultation de ce crime d'Etat est une négation du combat contre le colonialisme.
Le 14 avril 2015, un Collectif Unitaire pour la reconnaissance des crimes d'Etat de 1945 en Algérie (Sétif, Guelma, Kherrata) s'est constitué.
Outre cette reconnaissance, il demande: l’ouverture de toutes les archives, l'inscription dans la mémoire nationale de ces événements par le biais de gestes forts des plus hautes autorités de l'Etat et un soutien à la diffusion des documentaires relatifs aux événements dans l'Education Nationale comme dans les média publics.
Après le vote à l'unanimité du conseil municipal de Paris demandant au chef de l'Etat de reconnaître ces massacres comme crimes d'Etat, nous appelons à un:
Rassemblement unitaire le 8 mai 2015 à 15 h
sur le parvis de l'Hôtel de Ville, à Paris, et devant toutes les mairies de France, car le geste symbolique du secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la mémoire, J-M. Todeschini, à Sétif, demeure très en-deçà de ces revendications.
Premiers Signataires :
Associations : 4acg (Anciens Appelés en Algérie et leurs amis Contre la Guerre), 17 octobre contre l'oubli, ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie), ANPNPA (Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis), ARAC (Association Republicaine des Anciens Combattants), Association Culturelle les Oranges, Cercle de Résistance, Idle No More Kabylie, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), PROMEMO (Provence Mémoire et Monde Ouvrier), Respaix Conscience Musulmane, Sortir du Colonialisme, UJFP (Union Juive Française pour la Paix), ...
Syndicats :
Partis : PG (Parti de Gauche)
http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/8mai45/autre_8mai1945.htm
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Combattants venus du Bengla Desh avec l'OLP (1982)