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Médias - Page 6

  • Au Maroc, les Journalistes font face à une répression illisible (Médiapart)

     

    Depuis le début de l'année 2016, les procès à l'encontre des journalistes se multiplient.

    Le pouvoir tente de réduire au silence toute voix critique, selon des critères de plus en plus flous, dans l’espoir d’éteindre les dernières lueurs du mouvement du 20-Février. .

    Ali Anouzla est un habitué des tribunaux. Le 26 avril, le directeur du journal électronique Lakome2 3 est à nouveau convoqué par la justice marocaine. Cette fois-ci, il est accusé d'« atteinte à l'intégrité territoriale », à la suite d’une déclaration au journal allemand Bild, dans laquelle il aurait utilisé l'expression « Sahara occidental occupé ».

    Une ligne rouge dans le royaume, où le statut marocain du Sahara ne souffre d'aucun débat.

    Anouzla affirme qu'il s'agit d'une erreur de traduction, d'ailleurs assumée et corrigée par le quotidien allemand. Ali Anouzla est aussi poursuivi pour incitation et apologie du terrorisme depuis octobre 2013 pour un article publié dans Lakome (fermé depuis et remplacé par Lakome2) qui contenait un lien vers un blog du journal espagnol El Pais, qui renvoyait à son tour vers une vidéo d'AQMI menaçant le Maroc. Son arrestation et son incarcération – il a passé 39 jours en détention – avaient suscité une forte vague d'indignation dans un Maroc encore agité à l’époque par la contestation, amorcée deux ans et demi plus tôt, par les jeunes du 20-Février.

    Sur le net, la censure des versions arabophone et francophone de Lakome, un journal plutôt rare dans le paysage médiatique marocain, avait fait grand bruit.

    D'après ses soutiens, Anouzla, qui a par ailleurs déjà été condamné par la justice marocaine dans d'autres affaires, était à nouveau poursuivi uniquement parce que ses écrits dérangeaient. Il était alors l'un des rares journalistes à bousculer les fameuses lignes rouges, qui ne sont ni précisément énoncées ni définies – grosso modo, la monarchie, l'islam, la question du Sahara– et qu'un nombre de plus en plus réduit de journalistes tentent encore de bousculer. Selon de nombreux observateurs, ce type de poursuites, parfaitement assumées par les autorités, qui parlent d’un bilan plutôt avantageux en matière de liberté de la presse et d'expression, illustre une répression contre toute voix dissonante, entamée en 2013, une fois que l'essoufflement du mouvement contestataire des jeunes du 20-Février s'est réellement fait sentir.

    L'année suivante, le ministre de l'intérieur Mohamed Hassad annonçait au parlement, en les accusant d'entraver la lutte contre le terrorisme, un durcissement à venir contre les ONG, surtout l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), accusées d’entraver la lutte contre le terrorisme. 3 Ces derniers mois, les pressions à l'encontre des journalistes et des activistes se sont encore intensifiées. Le Maroc, partenaire majeur de l'Occident dans la lutte contre le terrorisme et régulièrement félicité à ce titre, a les coudées franches pour museler les opposants. On fait peu de cas dans la presse étrangère – à laquelle le pouvoir est particulièrement sensible – des dérapages en matière de droits de l’homme et de liberté de la presse. Le Maroc continue de jouir à l’extérieur de son image d'« exception » dans la région, laissant les mains libres aux décideurs pour régler le thermostat de la liberté d'expression selon les nécessités politiques.

    Le 23 mars, l'historien et opposant Maâti Monjib était ainsi convoqué devant le tribunal de première instance de Rabat. Il est accusé, ainsi que six journalistes et activistes, de « financements étrangers illégaux » et d'« atteinte à la sécurité de l'État ». Le juge a reporté le procès au 29 juin en l'absence de deux des accusés. Président de l'association de défense de la liberté d'expression Freedom Now, née du Comité de soutien à Anouzla créé il y a deux ans, et qui n'est toujours pas reconnue par les autorités, et de l'AMJI (Association marocaine du journalisme d'investigation), Maâti Monjib répète sur tous les tons subir un harcèlement des autorités. En octobre, il avait d'ailleurs observé une grève de la faim de 24 jours pour protester contre une interdiction de quitter le territoire, levée depuis. Mais les poursuites judiciaires ont été maintenues.

    Mardi 19 avril, Abdellah Bakkali, président du syndical national de la presse (SNPM), député du parti de l'Istiqlal et rédacteur en chef du journal Al Alam, comparaissait lui aussi devant la justice, poursuivi pour diffamation. 3 Le ministère de l'intérieur a déposé une plainte pour un article publié en octobre dernier ainsi que contre une déclaration faite au site Alyaoum24 au sujet de la corruption lors des dernières élections, explique Bakkali lors d'un entretien téléphonique avec Mediapart.

    « Il y a un recul en matière de droits humains. En témoignent les poursuites à l'encontre des journalistes, des pressions sur l'AMDH, de la répression des manifestations des enseignants stagiaires », affirme-t-il. « Il y a un courant au sein du pouvoir qui est opposé au changement constitutionnel de 2011. »

    Ce tour de vis ne cible pas uniquement la presse locale.

    Début avril, des journalistes du “Petit Journal” de Canal + ont été arrêtés à Beni Mellal, où ils effectuaient un reportage sur une agression homophobe qui y avait eu lieu quelques jours auparavant, puis renvoyés vers la France après un passage de plusieurs heures à la préfecture. Ils ne disposaient pas d'une autorisation de tournage, obligatoire au Maroc pour les chaînes non accréditées. Mais ces autorisations sont distribuées au compte-gouttes, d'après de nombreux journalistes qui se sont frottés au ministère de la communication. Et à son silence. Souvent, ils n'obtiennent aucune réponse et décident donc de se rendre tout de même sur place. Pourquoi cette récente rigueur de l'État marocain ? Les journalistes contactés ont des difficultés à analyser ses véritables motivations. « C'est la zone grise », avance le journaliste du nouveau journal Le Desk 3 Imad Stitou. « Mais avec les poursuites contre les défenseurs de droits de l’homme, on voit qu'ils sont moins tolérants qu'avant. Dans un contexte où l'État déclare qu'il est en guerre contre le terrorisme, ça devient difficile de critiquer les institutions sécuritaires, entre autres. » « On ne comprendra jamais les motivations du cerveau sécuritaire de l'État. Il n'y a aucune explication logique », poursuit-il. « Pourquoi maintenant ? Je me pose la même question. »

     

    « Ce n'est pas nouveau de laisser les gens dans l'ambiguïté », déplore l'ancienne présidente de l'AMDH et secrétaire générale de Freedom Now Khadija Ryadi. « Une chose est interdite un jour et pas le lendemain. Même les textes de loi sont flous. Les lois sont comme des élastiques. Tout dépend des rapports de force, de la situation politique, sauf de la loi. C'est très tendu actuellement, c'est la répression. On ne sait pas ce qu'ils veulent, où ils veulent emmener le pays. Ceux qui décident ont-ils une visibilité ? Sont-ils conscients de la gravité de la situation ? Et puis qui décide ? Chacun dit : “Ce n'est pas moi.” On sait que le gouvernement, ce n'est pas lui qui décide. Il ne fait qu'exécuter les ordres. Et puis en ce moment, chacun est tourné vers les élections. » Ce manque de clarté du pouvoir, qui tolère, puis censure quand bon lui semble, parfois sans signes avant-coureurs, Rik Goverde en a fait les frais. En novembre dernier, ce journaliste néerlandais présent au Maroc depuis deux ans, a été expulsé sans raison apparente et renvoyé vers l'Espagne par bateau en pleine nuit. « J'ai été officiellement expulsé parce que je travaillais sans carte de presse. Ce qui était vrai. Donc le Maroc avait le droit juridique de m'expulser, je pense », raconte Goverde depuis les Pays-Bas, où il n'exerce plus son métier de journaliste. « J'étais dans le pays légalement avec un visa touristique. Néanmoins, j'ai demandé mon accréditation deux fois, dans les temps, début 2014 puis 2015. J'ai fourni toutes les informations au ministère de la communication et demandé à plusieurs reprises si je devais parler à quelqu'un ou répondre à d'autres questions. » « La plupart du temps, j'étais relativement libre de travailler », nuance-t-il. « Mais je n'ai aucun doute sur le fait que j'ai été suivi, surtout à Tanger, Nador, près de la frontière algérienne, et Ouarzazate. J'ai été interrogé plusieurs fois par la police et mes photos ont été quelquefois effacées lors de manifestations ou près d'Imider [où a lieu un sit-in ininterrompu depuis août 2011– ndlr]... J'ai travaillé en Tunisie, Libye, Égypte. Surtout dans ces deux derniers pays, travailler comme correspondant est nettement plus difficile qu'au Maroc. »

    Certains journalistes marocains racontent subir une répression d'un tout autre type : sourde, indirecte, mais tout aussi difficile à appréhender.

    À tel point qu'ils ne peuvent plus travailler ou vivre de leur métier. L'an dernier, Ali Lmrabet, souvent décrit comme le trublion de la presse marocaine, observait une grève de la faim pour dénoncer le refus des autorités de lui délivrer les documents nécessaires au lancement de son journal. Lmrabet avait été condamné à 10 ans d'interdiction d'exercer en 2005. Une condamnation unique. Son projet, monté en collaboration avec le caricaturiste Khalid Gueddar – lui-même condamné l'été dernier à trois mois ferme dans une affaire d'ébriété sur la voie publique remontant en 2012 – et l'humoriste contestataire Ahmed Snoussi alias Bziz, n'a toujours pas pu voir le jour. « Ils m'ont fait remettre mes papiers en Espagne, alors que je n'y réside plus, preuves documentaires, et très nombreuses, à l'appui, comme l'attestation du consul général du Maroc à Barcelone, qui atteste que je ne vis plus en Espagne », explique Lmrabet. « C'est une manœuvre pour m'empêcher de relancer mes journaux », accuse-t-il. « Sans domiciliation au Maroc, je ne peux pas demander un certificat de résidence, et sans ce certificat je ne peux pas demander l'autorisation pour lancer un journal. De plus, ils m'ont fait retirer illégalement, puisque j'ai toute ma documentation en règle, l'autorisation de gérance d'un riad, qui me permettait de faire vivre ma famille. »

    Ces derniers temps, la diffamation est devenue un outil de répression supplémentaire, notamment à travers des sites nouvellement créés.

    « Quand tu es un journaliste indépendant, tu n'es pas seulement face au Makhzen [les autorités du régime – ndlr] mais aussi face à des opérations de diffamation. Tu te bats contre des confrères qui balancent des infos sur toi, dans une société conservatrice. Tu es pris entre le marteau et l'enclume », explique le journaliste Soulaiman Raissouni. Raissouni, qui vient de lancer un nouveau site d'information Al Aoual 3, se souvient de ses premiers tracas alors qu'il travaillait encore au quotidien Al Massae en avril 2015. « Ils ont commencé par ne plus faire passer mes articles. Pendant sept mois, j'ai été payé. Rien n’était publié », raconte-t-il. Le journaliste était alors responsable des rubriques culture et investigation : une enquête sur les dessous du festival d'Asilah avait fortement déplu, d'après lui. C'est aussi à ce moment-là que Raissouni entreprend des activités militantes qui posent problème à sa rédaction. Il devient le coordinateur du comité de soutien à Ali Lmrabet, puis de celui de Maâti Monjib. Pas d'organe de presse indépendant Mais il est alors « difficile de le renvoyer » car il est élu délégué des salariés du journal. Les confrères qui le soutiennent et ont voté pour lui subissent des pressions (mutations dans une autre ville, par exemple), raconte Raissouni. Le bras de fer durera plusieurs mois, jusqu'à ce qu'il décide de prendre la parole dans les médias et de quitter le journal avec un confrère pour créer son propre site d'information.

     Pour certains, la pression devient si intenable qu'ils ne voient d’autre option que de quitter le pays.

    Le rappeur Mouad Belghouate, connu sous le nom de Lhaqed, a demandé l'asile politique en Belgique, où il se trouve depuis maintenant plusieurs mois, pour échapper à ce qu'il perçoit comme un harcèlement des autorités. Alors qu'il était en voyage en Belgique, Lhaqed, déjà plusieurs fois condamné par la justice, a décidé de ne plus retourner au Maroc. « Je suis menacé au Maroc. La police est venue me chercher à la maison alors que j'étais en dehors du pays et j'ai décidé de rester ici », explique Lhaqed depuis Bruxelles. « Ils ont demandé à ma famille où je me trouvais et leur ont délivré une convocation, sans motif ni date, en disant que si je rentrais au Maroc, je serais arrêté à l'aéroport. » Militant du mouvement du 20-Février, connu pour ses raps critiques envers le pouvoir, où il allait jusqu'à s'adresser directement au roi, il a été, selon ses soutiens et de nombreuses ONG, victime d'un acharnement judiciaire. Il a effectué trois peines de prison depuis 2011. Il a notamment été condamné à un an de prison pour « atteinte à un corps constitué » pour le clip – dont il nie être l'auteur – d'une chanson sur la police datant de 2010, « Les chiens de l'État », dans lequel la tête d'un policier est remplacée par celle d'un âne.

    Après sa troisième incarcération pour « ébriété sur la voie publique » et « violence sur agents » en 2014, il a enregistré un album, toujours aussi irrévérencieux.

    Il n'a même pas pu le présenter à la presse, la conférence ayant été interdite. Depuis la Belgique, il collabore avec le journal Goud.ma, dans lequel il a raconté sa détention. Pourquoi les autorités mettent-elles un tel acharnement à le faire taire, alors que la contestation est si faible ? « Je n'ai pas changé, je ne suis pas revenu sur mes idées et j'ai continué à les déranger », répond Lhaqed. « C'est comme ça lorsqu'on vit dans un État dictatorial. Il ne faut pas dépasser les lignes rouges. En ce moment, il y a un recul dangereux des droits de l’homme et l'État se venge des gens du mouvement. L'État veut récupérer sa Hiba [sorte d'autorité empreinte de la peur qu'il inspire et de respect – ndlr], disparue avec le mouvement des jeunes du 20-Février. »

    Pendant ce temps, la sphère politique continue de débattre d’un futur code de la presse sans cesse annoncé, censé mettre fin aux peines privatives de liberté.

    Mais certains élus craignent un transfert de ces peines du code de la presse vers le code pénal pour des délits comme l'atteinte à la personne du roi ou aux symboles nationaux. Reda Benotmane, chargé de projet à l'AMDH, attend ce nouveau code avec beaucoup de scepticisme. « Je pense que tant que les lois sont ce qu'elles sont, nous serons dans une situation régressive, y compris avec le nouveau code », affirme-t-il. Difficile, selon ce fin observateur des médias, de rencontrer des journalistes réellement indépendants, dans ce contexte : « Dans l'absolu, il doit en exister. Mais je n’en vois pas de trace. Je ne connais pas d'organe de presse indépendant des circuits du pouvoir. » Selon le dernier classement de Reporters sans frontières, le Maroc se situe dans la zone rouge pour la liberté de la presse : au 131e rang mondial, loin derrière la Mauritanie et la Tunisie. Il recule d'une place par rapport à l'année précédente Ce classement ne reflètait déjà pas la réalité 3, selon Mustapha Khalfi, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement. Pour lui, 2015 a été une année « exceptionnelle » en matière de liberté de la presse.

    25 avril 2016

    Par Ilhem Rachidi - Médiapart

    http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/

  • Paris huile d'olive

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    Vendredi 8 avril  Cinéma l’Entrepôt Paris 14ème 20HOO.

    Dossier de Presse

     

  • Maroc : des détenus sahraouis en grève de la faim depuis le 1er mars (Essf)

    Aziza Brahim

    Le 1er mars, le défenseur des droits de l’homme sahraoui Naama Asfari et 11 de ses codétenus ont entamé une grève de la faim illimitée pour protester contre leur détention arbitraire.

    Alors que leur état de santé s’est détérioré, l’ACAT appelle la France à faire pression sur le Maroc pour que Naama Asfari et ses codétenus soient libérés.

    Le 15 mars, les grévistes de la faim avaient perdu en moyenne 7 kilos chacun. Ils souffrent pour la plupart de douleurs chroniques au cœur et aux intestins ainsi que d’une baisse de la tension artérielle. Après 17 jours de grève, aucun responsable pénitentiaire n’étant venu s’enquérir des revendications des détenus ces derniers ont décidé d’arrêter les consultations médicales, basées sur des mesures de poids, du pouls et de la tension.

    Cela fait trois ans que Naama Asfari et ses coaccusés ont été condamnés pour leur participation présumée au camp de protestation sahraoui de Gdeim Izik en novembre 2010 [1]. Au cours de l’évacuation forcée du camp, des affrontements ont éclaté entre l’armée et des manifestants sahraouis, au cours desquels neuf soldats marocains auraient trouvé la mort.

    Naama Asfari a été condamné pour meurtre alors même qu’il a été arrêté la veille du démantèlement. Torturé, battu, humilié, privé d’eau et de nourriture pendant sa garde à vue en 2010, il avait signé des aveux sous la torture. Ces aveux sont les seuls fondements de sa condamnation inique, dictée par un tribunal militaire : 30 ans de prison. Avec lui, 24 autres militants sahraouis ont subi un sort similaire et ont été condamnés à des peines allant de 20 ans à la réclusion criminelle à perpétuité. Les tortures qu’ils ont subies ainsi que leur procès ont été condamnés par plusieurs instances des Nations unies.

    Selon Hélène Legeay, responsable Maghreb/Moyen-Orient à l’ACAT, « la grève de la faim de ces militants sahraouis a déjà trop duré. Après trois ou quatre semaines de grève de la faim, des dégâts parfois irréversibles apparaissent. Comment la France peut-elle rester silencieuse face à des victimes de torture qui mettent leur vie en jeu pour réclamer justice, tout en réaffirmant qu’elle va décorer un responsable marocain soupçonné de complicité de torture ? » |2]

    Le mandat de la MINURSO, la mission des Nations Unies au Sahara occidental, sera renouvelé à la fin du mois d’avril. Il s’agit de la seule mission de l’ONU qui ne dispose pas d’un volet concernant les droits de l’homme, notamment du fait de l’opposition du gouvernement français.

    En février 2014, l’ACAT a déposé une plainte pour torture en France aux côtés de Naama Asfari et son épouse française, Claude Mangin. L’ACAT a aussi porté plainte contre le Maroc auprès du Comité contre la torture des Nations unies. , par ACAT France

    ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture)

    Communiqué de presse

    Notes aux rédactions :

    · [1] À partir du 9 octobre 2010, des milliers de Sahraouis d’El-Ayoun, Boujdour, Dakhla et Smara, des villes situées dans la partie du Sahara occidental sous administration marocaine, ont quitté leur résidence pour s’installer dans des campements temporaires à la périphérie des villes. Il s’agissait là d’une mobilisation collective spectaculaire destinée à protester contre les discriminations économiques et sociales dont les Sahraouis s’estiment victimes de la part du gouvernement marocain.

    · [2] Le 20 septembre 2015, François Hollande a annoncé qu’Abdellatif Hammouchi, le chef de la DGST marocaine, « se fera remettre la distinction d’officier de la Légion d’honneur au moment où ce sera souhaitable et opportun ».

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37583

     

  • Le groupe de rap « Ewlade Leblade » défie le président mauritanien (Afriques en Lutte)

    https://www.youtube.com/watch?v=st7mvB2kP2U

    Le groupe de rap « Ewlade Leblade » défie le président mauritanien

    Nos amis du site mauritanien « Cridem » donnent la parole à des musiciens de rap en rupture avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz.

    En effet, un des parents du Président mauritanien et un de ses conseillers ont tenté, par un grossier chantage, de forcer ce groupe de rap, Ewlade Leblade, d’écrire un morceau en faveur du régime en place depuis 2008 et qui a fait main basse sur les richesses du pays et piétine les droits élémentaires. Mais de telles courbettes allaient totalement contre l’éthique de ces musiciens qui ont refusé catégoriquement de répondre à cette demande.

    Du coup, leurs faits et gestes sont surveillés et leurs habitudes quotidiennes traquées (écoute téléphonique, suivi et renseignement près de nos proches etc.). Un des membres de leur groupe du nom d’Hamada s’est même retrouvé pendant deux mois dans la prison de Nouakchott enfermé avec les terroristes les plus dangereux du pays.

    Voici comment ces rappeurs expliquent et justifient leur engagement dans un clip et dans un texte dont nous publions des extraits, une charge sans concessions contre la nature profonde du régime mauritanien.

    La rédaction de Mondafrique

    « Vous n’êtes pas plus mauritaniens que nous »

    « Le clip dénonce différentes affaires passées sous la trappe ou du moins sur lesquelles personne n’a voulu s’attarder (…) Nous ne livrons que les informations dont nous sommes sûrs

    Le gâteau en forme de la Mauritanie et aux couleurs nationales n’est autre qu’une image pour représenter la répartition des richesses par les personnes qui dirigent le pays. L’image est choisie pour bien montrer que les richesses du pays sont découpées et partagées comme s’il s’agissait d’un gâteau, un gâteau qui pour le manger, on doit être invité à cette table. Une des personnes autour de la table prend 60% du gâteau pour symboliser la distribution inégale entre les mêmes personnes autour de la table. Ce symbole fort, n’est pas une insulte à notre nation car vous n’êtes pas plus mauritaniens que nous, mais une personnification de ce qui se passe aujourd’hui en Mauritanie.

    Deux portraits du président brulés

    Lorsqu’on brûle la photo du président, on parle de l’atteinte à l’éthique et la morale mais lorsque l’un de nos membres est mis en prison et accusé à tord de violeur et de vendeur de drogue, cela ne choque personne. Certains vont même avancer que cette hypothèse est possible, tout ça pour contenter le chef de d’Etat qui est dernière toute cette mascarade. Il a beau nié cela mais lorsque l’un de ses proches se permet de semer la terreur auprès des jeunes et que les forces de l’ordre jouent de leur pouvoir, il n’a d’autre mot que l’usage abusif du pouvoir pour qualifier de tels agissements.

    Voilà l’image que vous donnez à la jeunesse mauritanienne. Et nous n’acceptons pas que vous vous permettez de salir notre nom pour embellir le vôtre. Pour les défenseurs du président et ceux qui ont pu être offensé par notre clip, sachez que ce que vous avez ressenti lorsque vous avez vu le portrait du Président brûlé et le sentiment que nous avons eu suite aux fausses accusations portées sur notre groupe et Hamada.

    Pour ceux qui n’ont toujours pas compris que le rap n’est pas là pour chanter les louanges des personnes mais pour dénoncer les problèmes sociaux, tels que la pauvreté, le racisme, le chômage et l’exclusion. Nous avons pendant des années travaillé dans ce sens mais après un premier mandat sans aucun changement positif, nous avons fini par comprendre que la seule personne responsable de tous les maux des citoyens n’est autre que le chef d’Etat et son gouvernement mafiosi.

    « Alors nous chantons »

    Nous n’avons pas utilisé la violence physique, mais l’art pour exprimer notre colère et la frustration d’une majeure partie de la jeunesse, c’est une réalité que cela plaise ou non. Nous ne vivons pas dans le fictif, alors nous chantons, et continuerons à rapper le mal-être de notre société.

    « La colère est une haine ouverte et passagère ; la haine, une colère retenue et suivie » (C.D.P), comme le dit Izak « Nous sommes en colère, en colère parce que personne ne réagit devant notre injustice, en colère car on nous traite comme des moins que rien alors qu’on était les premiers à avoir cru qu’il y aura un changement, à avoir espéré que celui qui s’est dit « Président des pauvres » allait respecter ses engagements. Nous ne sommes pas les premiers ni les derniers à être tombé dans le panneau. Mais tous ça, c’est fini, nous n’accepterons pas de subir la terreur et les menaces. Et si Dieu le veut, nous retournerons dans notre pays, car il n’est pas plus mauritanien que nous. »

    Sachez une chose, c’est que nous sommes l’avenir de demain. Aujourd’hui, la jeunesse n’a pas froid aux yeux et que nous seront prêts à tout pour avoir nos droits. 9 mars 2016 

    Source : http://www.mondafrique.com

    http://www.mondafrique.com/groupe-de-rap-ewladeleblade-defie-president-mauritanien/

    http://www.afriquesenlutte.org/mauritanie/article/le-groupe-de-rap-ewlade-leblade

  • Les dossiers d 'Acrimed

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    Vous avez dit « cycle de violences » ?

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  • Maroc, pays de l’hypocrisie et de la violence machiste et d’État ! (Emancipation)

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    Que la prostitution soit pratique courante dans un pays où la sexualité est fortement encadrée par une morale religieuse et sociale des plus obtuses et hypocrites, pour toute personne ayant vécu au Maroc est une évidence.

    Dès leur plus jeune âge, les filles mais aussi les garçons issuEs des classes les plus pauvres n’ont que ce seul recours pour subsister… pour le plus grand plaisir d’une masse d’hommes qui en profitent plus que couramment !!!

    Mais qu’un film ose mettre sur la place publique – et internationale, qui plus est ! – la réalité marocaine dans ce domaine et tous les démons machistes se déchaînent. Loubda Abidar, l’actrice qui joue le rôle de l’une des prostituées du film Much loved , de Nabil Ayouch, l’a appris à ses dépens.

    Dans une lettre ouverte, publiée par Le Monde , en date du 12/11/2015, elle dénonce la censure conservatrice de l’État : le film a été interdit “avant même que la production demande l’autorisation, de le diffuser”[par]“un ministre qui ne [l’] avait même pas vu”, dit-elle.

    Alors, prolifèrent sur les réseaux sociaux insultes et menaces – orchestrées par les forces réactionnaires du pays – qui l’amènent à se cloîtrer chez elle puis à sortir en burka et qui se terminent par une folie barbare de jeunes en goguette qui la forcent à monter dans leur voiture. Quoi de plus héroïque que d’enlever, rouer de coups de pieds au visage et sur tout le corps une “sale pute” de ciné ? Quoi de plus glorieux que des policiers qui se moquent de la victime lorsqu’elle veut porter plainte et qui – après publication de sa lettre ouverte – portent plainte pour diffamation ?

    Loubda Abidar n’est pas seulement une “sale pute”, c’est aussi une mauvaise Marocaine : elle a quitté son pays pour s’installer en France. À croire que ce pays dont le roi a voulu, dès 2003, donner aux femmes un statut personnel plus progressiste que celui de la plupart des pays musulmans est rattrapé par les forces conservatrices les plus arriérées, à l’instar de certains autres royaumes proches-orientaux !

    Eliane Paul-Di Vincenzo mardi 22 décembre 2015

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1208

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  • Attentats. La stigmatisation fait florès (A l'Encontre.ch)

    Dessin du «Daily Mail»

    Dessin du «Daily Mail», le 17 novembre 2015

    Par Rédaction A l’Encontre et Thomas Cluzel

    Dès les attentats meurtriers du 13 novembre à Paris, la campagne politique visant «la communauté musulmane» s’est développée. Le Front national a matraqué ses trois thèmes anti-immigré·e·s et anti-musulmans. Le premier est formulé de la sorte: «Nous devons retrouver des frontières nationales. Nous devons arrêter les flux de migrants qui arrivent.» Autrement dit, migrants=réfugiés=terroristes potentiels.

    Le second: «Il y a 11 000 fichés S qui auraient dû faire l’objet d’une perquisition.» Selon la pratique et le droit français la fiche S est un élément de surveillance, pas de culpabilité. D’après les experts du droit constitutionnel français, une personne ne peut pas être arrêtée au motif qu’une fiche S a été établie sur elle. Laurent Wauquiez, député des Républicains (ex-UMP) et coutumier de la surenchère, «a proposé la création de camps pour toutes les personnes ciblées par une fiche S, soit plus de 11 000 personnes», comme l’expliquent entre autres sur Mediapart (18 novembre 2015) Lénaïg Bredoux et Mathieu Magnaudeix. Ils ajoutent: «François Hollande a indiqué lundi que le gouvernement allait saisir le Conseil d’Etat pour examiner la faisabilité juridique d’une telle disposition.» Même si Hollande estime que le Conseil d’Etat jugera qu’une telle disposition est anticonstitutionnelle, «il ne veut surtout pas laisser un millimètre à la droite sur le terrain sécuritaire», comme le soulignent les deux journalistes.

    Le troisième leitmotiv du FN: «Le code de la nationalité doit être intégralement refondé.» Autrement dit, le FN demande la déchéance de nationalité de «ceux qui participent de la mouvance islamiste». Le quotidien Le Monde, dans sa rubrique en ligne signée «Les Décodeurs», le 17 novembre, écrit à ce propos: «Le Conseil constitutionnel rappelait dans une étude de 2008 qu’en vertu de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, elle-même basée sur la déclaration universelle des Droits de l’homme, “les nationaux ont un droit général et absolu à entrer, séjourner et demeurer en France”». Le droit international reconnaît en effet à chacun “le droit d’entrer sur le territoire de l’Etat dont il est le ressortissant”. Dans son allocution au Congrès réuni à Versailles, le président François Hollande a lui affirmé souhaiter une modification de la loi afin qu’elle permette de retirer la nationalité française aux binationaux nés Français, en plus des binationaux naturalisés.» L’escalade sécuritaire, qui peut servir d’humus à la stigmatisation des musulmans, est sans limites.

    Face à cette situation, dans un billet envoyé à la rédaction d’A l’Encontre, le 16 novembre, Jacques Chastaing indiquait à juste titre un élément concret pour fonder une riposte politique: «Les gens qui sont dans la rue pour se recueillir en silence sont aussi les mêmes, comme à Metz ou Lille, qui ont crié «Dehors les Fascho», «A bas les racistes» et qui les ont repoussés. Malgré la confusion, nous pouvons nous appuyer sur ce sentiment d’un mouvement anti-raciste et anti-fasciste et lui offrir une possible représentation, surtout si l’extrême droite identitaire ou le FN continuent leurs provocations et attaques.»

    Nous publions ci-dessous un compte rendu de la presse internationale qui met en lumière, de manière crue, une propagande islamophobe dont des médias, significatifs, sont les vecteurs. (Rédaction A l’Encontre)

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    Quand elle a vu sa photo dans la presse, sa mère s’est mise à vomir. C’était lundi soir, un Français d’origine maghrébine de 28 ans, habitant Bruxelles, découvrait avec stupeur son visage à la Une de deux journaux, DH (Belgique) et LAATSTE NIEUWS. Sous sa photo, la légende le présente comme Brahim Abdeslam, l’un des terroristes responsables des attentats de Paris. Sauf qu’il n’est pas, évidemment, Brahim Abdeslam, lequel s’est fait exploser trois jours plus tôt sur le boulevard Voltaire. En revanche, il a effectivement «le tort» de porter le même prénom: Brahim. Mais lui s’appelle Brahim Ouanda. Aussitôt, le jeune homme a porté plainte. «J’ai été choqué, dit-il, après les attentats et notamment par le fait que cela venait de Molenbeek, la commune de mon enfance. Mais là, je suis encore plus sous le choc, après l’association qu’on a faite entre ces attaques et moi.» Une tragique mésaventure, donc, longuement racontée sur le site de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone) et qui témoigne du risque facile qui existe aujourd’hui de stigmatisation à l’encontre de la communauté musulmane.

    Et que dire, encore, de l’attitude de ces deux journalistes de CNN (chaîne d’information des Etats-Unis). Dimanche dernier, les deux présentateurs en plateau interrogent Yasser Louati, le porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France, qui se trouve lui sur la place de la République, à Paris. Les journalistes s’inquiètent notamment du fait que la communauté musulmane ne dénonce pas davantage les massacres de masse perpétrés par des individus «de ses rangs» (sic). Aussitôt, Yasser Louati les reprend: «Ils ne sont pas de nos rangs. Notre camp est le camp français, dit-il. Ne faites pas d’erreur à ce propos.» Réponse du journaliste: «Si votre camp, c’est la France, comment se fait-il que personne au sein de la communauté musulmane en France n’ait su ce que ces personnes étaient sur le point de faire? Parce qu’il me semble que c’était un plan d’envergure, et il y avait forcément des gens au-delà des sept terroristes tués qui savaient quelque chose, et si quelqu’un savait c’était probablement au sein de votre communauté. Et pourtant personne n’a rien dit.» Interrogé sur le site Big Browser (blog du Monde), Louati n’en revient toujours pas et s’insurge de telles questions: «C’est de la folie. L’Etat n’a pas fait son travail mais nous, nous aurions dû savoir et prévenir ces événements! Je suis extrêmement déçu par CNN, comment peuvent-ils avoir une approche aussi simpliste?» Toujours est-il que les deux journalistes, eux, n’en démordent pas. Et voici comment se conclue l’entretien, avec les deux présentateurs en plateau: «Même si ce n’est pas leur faute, ça vient quand même de la communauté musulmane. Ils ne peuvent pas se dérober».

    Quoi qu’il en soit, depuis les attentats de vendredi, les amalgames font florès. Deux jours seulement après les tragiques évènements, le candidat aux primaires républicaines, Jeb Bush, expliquait, notamment  sur CNN, que le gouvernement américain devrait concentrer ses efforts pour aider les réfugiés syriens chrétiens, mais pas les musulmans.

    Le prestigieux magazine américain TIME a, lui, ouvert ses colonnes à Marine Le Pen. Une tribune dans laquelle la présidente du Front National écrit notamment: «Trop souvent, nous avons confondu hospitalité et aveuglement. Tous ceux que nous avons accueillis ne sont pas venus avec un amour de la France et de son mode de vie.»

    Ou quand les attentats de Paris conduisent à un spectaculaire virage à droite

    Le terrorisme qui a frappé aveuglément la capitale française joue en faveur de l’extrême droite, s’inquiète notamment le journal d’Alger EL-WATAN, avant de préciser qu’Arabes et musulmans qui vivent en France risquent d’en faire les frais.

    Et puis au sein de l’Union européenne, cette fois-ci, les amalgames entre réfugiés et terroristes refont surface. Récemment, le tabloïd anglais DAILY MAIL, le deuxième journal en nombre de ventes quotidiennes, a publié un dessin qui lie très clairement réfugiés syriens et terroristes. Intitulé «Les frontières ouvertes de l’Europe», on y voit des réfugiés, à l’évidence musulmans. Parmi eux, l’un porte une kalachnikov, un autre une tenue de camouflage et une dernière un voile intégral. Et tous traversent les frontières avec une nuée de rats à leurs pieds. Une association, entre rats et réfugiés, qui n’est pas sans rappeler la propagande nazie antisémite.

    En Allemagne, le journal de Berlin DIE WELT, l’un des trois plus grands quotidiens du pays, ne laisse là encore que peu de doute quant au message qu’il entend véhiculer: nombre d’immigrants et leurs enfants ne chérissent pas vraiment l’idée de s’intégrer dans une société dont ils n’apprécient pas les traditions culturelles et dont le mode de vie les choque. C’est dans leurs rangs, dit-il, que sont recrutés les terroristes. Et d’en conclure: «il ne s’agit pas de les montrer du doigt, il s’agit d’une évidence».

    De son côté, son confrère de Munich SÜDDEUTSCHE ZEITUNG est là tout de même pour rappeler une évidence et expliquer que faire des parallèles entre migration, islam et terrorisme mène à des amalgames dangereux. Oui, concède le journal, une communauté a une responsabilité, un rôle à jouer dans la société. Mais elle ne peut pas être rendue responsable, surtout lorsqu’il s’agit d’une communauté définie aussi sommairement que «les musulmans».

    Quoi qu’il en soit, dans ce contexte, on peut d’ores et déjà prédire que la politique d’asile commune et d’immigration de l’Union européenne risque d’être fortement mise à mal. Et cette tentation du repli sur soi qui étreint l’Europe tout entière inquiète notamment THE NEW YORK TIMES. Verrouiller hermétiquement les vannes est souvent, dit-il, la solution de facilité politiquement opportune brandie après des attaques terroristes. Or ces réponses sont fausses. Freiner l’exode des réfugiés de Syrie doit faire partie du plan global pour mettre un terme à la guerre en Syrie. En revanche, construire de nouvelles barrières pour les laisser dehors, sous le prétexte absurde que les musulmans sont intrinsèquement dangereux offrira une propagande de choix à l’organisation Etat islamique.

    (Intervention de Thomas Cluzel sur France Culture à 7h24, le 19 novembre 2015)

    Publié par Alencontre le 19 - novembre - 2015
     
  • Afps

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    Le journal Le Monde publie, dans son édition datée du mardi 17/11, un article intitulé "Le Bataclan, ciblé de longue date par les islamistes".

    Nous leur avons envoyé dès lundi matin, alors que l'article figurait déjà sur le site internet du journal Le Monde, la mise au point suivante, restée à cette heure sans effet.

    Amitiés
    Le Bureau National

    "Sous le titre « Le Bataclan, un haut lieu de la culture ciblé de longue date par les islamistes », l’article met gravement en cause notre association et le mouvement de solidarité avec la Palestine par ses approximations et amalgames.

    Il se  réfère à un communiqué publié en  janvier 2009 au lendemain de l’opération « Plomb durci » contre Gaza.  L’AFPS, avec trois autres organisations, y dénonçait un gala au profit des œuvres sociales du Magav, corps israélien des gardes-frontières. Dénonciation politique d’un soutien à l’armée israélienne qui nous apparaissait effectivement scandaleux.

    En quoi cette critique politique a-t-elle quelque chose à voir avec le fait que le Bataclan ait pu être « de longue date ciblé par les islamistes » ? En rien évidemment, sauf que l'article enchaîne bien légèrement sur le fait que ces protestations s’accompagnent alors de menaces anonymes de représailles (au Bataclan ou au Théâtre du Gymnase). Et qu'il fait état ensuite d’une information non vérifiée sur un projet d’attentat avorté en cette même année 2009.

    Nous ne pouvons lire cet article que comme un tour de passe-passe profondément choquant établissant une filiation entre le mouvement de solidarité avec la Palestine et les tueurs de Daech. Rapprochement d’autant plus choquant que la revendication de Daech ne se réfère en aucune façon  à la Palestine, mais, selon l'article lui-même, aux « idolâtres rassemblés dans une fête de perversité ».

    A l’heure où sommes sous le choc de ces actes de barbarie, nous estimons être en droit d’attendre du Monde qu’il ne se laisse pas aller à de tels amalgames et  vous remercions de bien vouloir faire paraître cette mise au point."

  • Quand Paris Match prétend qu’un drapeau palestinien est « un masque aux couleurs du Hamas » (Acrimed)

     

    La situation en Israël et dans les territoires palestiniens fait de nouveau l’actualité. Nous aurons l’occasion de revenir sur le traitement médiatique des récents « événements » dans les jours à venir, qui reproduit malheureusement la plupart des travers que nous avons déjà eu l’occasion d’identifier par le passé [1].

    Mais nous ne pouvons d’ores et déjà nous empêcher de signaler la remarquable – au sens strict du terme – bévue de l’hebdomadaire Paris Match dans sa livraison du 15 octobre 2015, avec le curieux choix de légende d’une photo illustrant un article sur la situation à Jérusalem (page 70) :

    Ou comment un drapeau palestinien devient un… « masque aux couleurs du Hamas ».

    Méconnaissance ? Incompétence ? Précipitation ? Nous ne le savons pas. Mais ne pas reconnaître le drapeau palestinien, pourtant récemment hissé au siège de l’ONU, et soupçonner « instinctivement » les jeunes Palestiniens et Palestiniennes qui luttent contre les forces israéliennes d’être sous la coupe du Hamas en dit long. Cette bévue est en effet révélatrice de l’ignorance et des parti-pris, conscients ou non, de certains journalistes et de certaines rédactions sur le dossier palestinien, et des ravages de la « pensée automatique ». Ce qui est d’autant plus blâmable ici que l’article illustré par cette photo est de fort bonne tenue. Encore un effort ?

    Colin Brunel lundi 19 octobre 2015

    PS : merci au lecteur qui nous a signalé cette photo.

    http://www.acrimed.org/Quand-Paris-Match-pretend-qu-un-drapeau-palestinien-est-un-masque-