Syrie - Page 49
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Syrie COURT Mireille - 14 octobre 2014Turquie TAYLOR Rafael - 31 août 2014Syrie CDKF, CUSK-SPK, Maison Franco-Kurde Midi-Pyrénées -14 octobre 2014 Syrie/Kurdistan : nouvelles manifestations annoncées en solidarité avec KobanêSyrie STIVAL Nicolas - 14 octobre 2014Syrie MARTIN Myriam, TOUBHANS Marie-Pierre, ONGUN Emre, SITEL Francis -14 octobreWomen WMW (Europe) - 12 October 2014Moyen-Orient, Méditerranée Pétition - 10 octobre 2014 -
Solidarité avec les femmes kurdes en lutte! (Morlaix Anticapitaliste)
Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes d’Europe
10-11-12 octobre à San Sébastian - Pays Basque
Solidarité avec les femmes kurdes en lutte !
Nous, 60 femmes de 18 pays d’Europe réunies à Donastia au Pays Basque à l’occasion de la Coordination européenne de la Marche Mondiale des Femmes, nous saluons la résistance des femmes kurdes de Kobane (Rojava), à la frontière de la Turquie et de la Syrie, où se développent entre Kurdes, Syriens, Arméniens, Yesidis, Arabes et Chechens des alternatives concrètes au système capitaliste, colonial et patriarcal dans une coexistence pacifique entre plusieurs religions et dans le respect d’un partage démocratique du leadership à tous les niveaux. Ce modèle alternatif est défendu par la résistance courageuse du YPG (Unités de Protection du Peuple) et YPJ (composé par les femmes).
Nous condamnons la violation des droits des femmes et des droits humains fondamentaux, ainsi que toutes les formes de fondamentalisme - religieux, ethniques ou politiques. Nous dénonçons l’augmentation des alliances avec les secteurs ultraconservateurs, y compris le fondamentalisme religieux, qui présentent le renforcement du modèle capitaliste et patriarcal comme une ’’solution à la crise’’.
Nous continuons notre lutte dans les régions en conflit pour en finir avec la violence et l’esclavage des femmes, utilisés comme instruments de guerre. Nous construisons un autre monde d’où sont éliminées toutes les formes de domination, d’exploitation et d’exclusion d’une personne par une autre, d’un groupe par un autre, d’une minorité par la majorité, d’une nation par une autre.
Face aux récentes attaques contre les alternatives et contre les droits des femmes, nous avons décidé de lancer la 4e action internationale de la Marche Mondiale des Femmes le 8 mars 2015 au Kurdistan avec l’objectif de soutenir les femmes kurdes dans leur lutte pour l’autonomie et l’auto-détermination de leurs corps et territoires.
Nous lançons un appel à toutes les femmes du monde pour participer à la Caravane féministe européenne, afin de renforcer et rendre visible la résistance et les alternatives portées par les femmes.
Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche !
Lien avec EESF : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33260
http://morlaixanticapitaliste.over-blog.com/2014/10/solidarite-avec-les-femmes-kurdes-en-lutte.html
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«Le terrorisme de Daech tout le monde en parle, le terrorisme d’Assad plus personne n’en parle» (A l'Encontre)
Actuellement et depuis la formation de la coalition internationale, les médias nationaux et inter-nationaux parlent beaucoup de l’Etat islamique (Daech selon l’acronyme arabe), de sa terreur et des frappes de la «coalition internationale». On a l’impression qu’il ne se passe plus rien, ailleurs, en Syrie.
Résumé de la situation en Syrie d’Assad actuellement
Le régime-clan de Bachar al-Assad continue de bombarder les différentes régions de Syrie (gouvernorats d’Alep, Idleb, Hama, Homs, Damas-Campagne et Damas, Daraa…) en utilisant toutes sortes d’armes:
- Barils explosifs (TNT avec fragments de métaux) qui causent beaucoup de destruction, font de nombreux blessé·e·s graves et multiplient les morts parmi les civils (partout Alep, Hama, Idleb, Homs, Damas-campagne, Daraa, etc.). Ces engins de mort sont moins chers et de fabrication locale!
- Missiles sol-sol. Ces missiles ont été utilisés depuis 2012 pour cibler Alep (au nord) depuis Damas (au sud). Actuellement ils sont toujours utilisés. Citons deux cas récents:
1° Le 8 octobre 2014, sur Al-Waer (quartier de Homs toujours assiégé), deux missiles sol-sol ont été lancés, l’un d’eux a touché un bâtiment d’habitation et a tué une dizaine de civils dont des enfants et plus de 40 personnes ont été blessées;
2° Le 10 octobre 2014, al-Harra, à Daraa, a été ciblé par un missile sol-sol qui a tué une dizaine de personnes parmi les civils, dont des enfants.
- Bombes à fragmentation. Ce genre de bombes cause beaucoup de dégâts et de victimes sans compter les dangers à plus long terme, car dispersés sur le sol les micro-explosifs blessent ou tuent des enfants qui les touchent ou des personnes qui marchent dessus. Le 10 octobre 2014 une bombe à fragmentation a été lancée dans la région d’Idleb.
- Gaz, donc une arme chimique, continue à être utilisé à petite échelle, entre autres de la chlorine qui, formellement n’est pas incluse dans les «armes chimiques». Tout indique qu’il reste des armes chimiques. Le 24 septembre, le lendemain des frappes de la «coalition internationale» (de fait, les Etats-Unis) en Syrie, Aadra (aux environs de Damas) a été touchée par du gaz mortel. Le 10 octobre, Handarate, quartier d’Alep, a été touché par du gaz mortel.
- Mortiers et roquettes sont toujours utilisés… «sans modération».
Autres armes utilisées
- Les snipers sont toujours en fonction et ce sont des tueurs professionnels.
- Les Milices sectaires d’Assad et autres groupes étrangers sectaires sèment la terreur, comme le groupe libanais du Hezbollah, le groupe irakien d’Abou Fadl al-Abbas et les combattants des Gardiens de la révolution envoyés par le pouvoir iranien.
- Les enlèvements restent d’actualité.
- Le siège des villes et des quartiers, la famine et les coupures d’eau. Nous citons ici particulièrement le camp al-Yarmouk, dans Damas, qui est privé d’eau depuis un certain temps. Ce quartier de Damas est initialement un camp de réfugié·e·s palestiniens qui s’est transformé, au cours des ans, en un quartier «urbain».
- Les arrestations sont plus fréquentes que jamais. Le régime vise les activistes, leurs familles, les humanitaires, les journalistes. Il n’est pas rare de trouver des familles entières dans les centres de détention d’Assad. Prenons, ici, le cas de Racha: Racha, la trentaine, voulait fuir la Syrie pour mettre ses enfants à l’abri. Le 22 mai 2014, elle s’est rendue au bureau des passeports à Damas avec ses trois enfants pour obtenir les documents adéquats. L’aîné de ses enfants est né en 2010 et elle était enceinte de 7 mois. Elle a été arrêtée avec ses trois enfants ce jour-là; et elle a donné naissance à des jumeaux en détention !
- Le viol… est une arme de dégradation et d’humiliation terrible et est utilisée contre les femmes ainsi que contre des hommes…
- La torture qui peut aller jusqu’à la mort. Citons ici le cas de Abdel Rahman FATWA, 26 ans, vétérinaire, de Homs, mort sous la torture le 9 octobre après 3 mois de détention à Tartous. Avant lui, son frère Jamal, pharmacien, a subi le même sort en 2011.
Nous voudrions préciser que depuis la prétendue «réélection» de Bachar Assad (début juin, avec 88,7% des suffrages!) et le décret présidentiel d’amnistie générale qui s’en est suivi, 679 détenus ont trouvé la mort sous la torture… Donc, une «moyenne» de 5 par jour.
Il faut souligner un constat depuis le début de la formation de la «coalition», la violence du régime de Bachar al-Assad s’est beaucoup intensifiée.
Que pensent les Syriens de la situation actuelle?
Un journaliste a demandé quelle était la position des Syriens (vivant en Suisse) par rapport à ces frappes, mais aussi par rapport à Daech et ses exactions. La position des Syriens de Suisse n’est pas différente de celle des Syriens de l’intérieur ou d’ailleurs dans le monde. En une formule: «nous partageons la même amertume».
Bien que nous soyons absolument contre Daech et ses exactions, que nous dénoncions avec force, d’ailleurs nous n’avons pas arrêté d’organiser des mobilisations contre Daech et contre Assad depuis l’été 2013, nous ressentons aujourd’hui beaucoup d’amertume par rapport à l’intervention de la coalition emmenée par les Etats-Unis. Les raisons de notre amertume sont les suivantes, parce que la terreur d’Assad dépasse largement celle de Daech et malgré cela «on le laisse tranquille».
1° Nous constatons que tous les crimes contre l’Humanité, perpétrés largement et systématiquement par le régime syrien contre «sa» population, ne comptent absolument pas dans cette décision de frapper la Syrie. Même pas les 1500 morts par les armes chimiques à al-Ghouta!
2° D’ailleurs, Assad a assassiné plusieurs étrangers en Syrie sans aucune réaction de la part de la «communauté internationale». Nous citons en particulier le cas du médecin anglais Dr. Abbas KHAN, chirurgien qui aidait à soigner les blessés à Alep, qui a été arrêté en novembre 2012 et exécuté par le régime en décembre 2013 dans un centre de détention à Damas. Avant lui l’assassinat des journalistes à Homs, le Français Gilles Jaquier en janvier 2012, l’Américaine Marie Colvin et le Français Rémi Ochlik en février 2012, n’a entraîné aucune réaction de ladite communauté internationale non plus. Douze journalistes étrangers ont trouvé la mort par les soins du régime Assad.
3° Il a suffi par contre que deux Américains, James Foley et Steven Sotloff, soient tués (de manière certes des plus inacceptable) par Daech pour motiver cette intervention, mais contre Daech seulement!
4° Personne n’a bougé pour protéger les civils en Syrie pendant plus de trois ans de répression sanglante avec aujourd’hui plus de 200’000 morts! Nous avons l’impression que la communauté internationale ne «protège» que les individus de certaines nationalités (occidentales surtout) et reste impassible face aux massacres que subit tout un peuple. Mais aussi, il faudrait que le ou les criminels visés soient les bons… or on ne s’attaque qu’à Daech, mais pas au dictateur-assassin Bachar al-Assad et à son clan rapproché!
Quelques données chiffrées pour mesurer la gravité de la terreur d’Assad
1° Au cours du seul mois de septembre 2014, il y a eu 2375 morts en Syrie dont 1707 civils tués à cause suite à la répression du régime Assad, dont 294 enfants. Alors que Daech a tué 350 personnes en Syrie en septembre, dont 120 civils.
Cela pour dire que le nombre de victimes du terrorisme d’Etat, toléré par la communauté internationale, reste bien plus grand que celui de Daech.
Néanmoins, il est certain qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais terrorisme. Cette comparaison a pour seul objectif d’attirer l’attention sur le fait que le régime Assad est tout autant terroriste, et depuis fort longtemps, que Daech.
2° Dans cette situation, on a l’impression que la stratégie de la coalition est d’affaiblir Daech et de maintenir la «crise» en Syrie avec une sorte d’alternative institutionnelle au sommet. Y a-t-il un projet visant à affaiblir l’Armée Syrienne Libre (ASL) ou à la mettre dans une situation encore plus difficile tout en la «contrôlant» (avec deux bases dites d’entraînement au Qatar et en Arabie saoudite… avec des délais mal définis; et sous quelles conditions?
3° L’intervention en Syrie a été présentée comme des frappes accompagnées d’aide aux combattants modérés sur le terrain. A Kobané (à la frontière avec la Turquie) les civils meurent aujourd’hui et les combattants kurdes manquent de balles! Personne ne bouge pour leur venir en aide! Les USA viennent de refuser d’appliquer une zone tampon sécurisée… Alors qu’il aurait fallu appliquer une zone d’exclusion aérienne sur la Syrie tout entière pour stopper la mort par les bombardements aériens!
4° «On» s’attaque à Daech et «on» laisse les autres groupes terroristes tranquilles… Combattre Daech seule et laisser tranquille tous les autres groupes terroristes chiites (Hezbollah, milices irakiennes et iraniennes) nous paraît très douteux! Si ce n’est parce que des relations avec le pouvoir iranien sont en marche du côté des Etats-Unis et de certains de leurs alliés.
En effet, l’effet de la présence de ces groupes chiites est de transformer la lutte des Syriens insurgés contre la dictature en une lutte sectaire, confessionnelle! Cela risquerait fort de pousser certains Syriens et autres secteurs de la région à se tourner vers l’extrémisme confessionnel… Cela va certainement augmenter le déchirement au sein de la société syrienne et va aussi contribuer à ancrer l’extrémisme et à augmenter des actes de terrorisme, partout dans le monde, peut-être.
Le combat contre Daech augmente la souffrance de la population syrienne en premier lieu
Jusqu’à récemment, les civils syriens étaient les victimes du régime Assad et de ses alliés, mais aussi les victimes de Daech. Aujourd’hui, ils meurent aussi sous les missiles américains et leurs conséquences collatérales! Le premier jour des frappes, plusieurs cas de morts et de blessés ont été recensés parmi les civils (y compris des enfants), en Syrie.
Le 29 septembre 2014, la «coalition occidentale et arabe» a frappé une usine de gaz et un stock de céréales à Deir Ezzor laissant les civils sans pain et sans combustible pour cuisiner! Nous n’avons pas entendu dire que des avions américains auraient parachuté de la nourriture pour les civils là-bas en Syrie comme ce fut le cas en Irak le 7 août 2014 – dans le Kurdistan, au nord de l’Irak.
Sans oublier le fait que faire quasi-silence aux plans médiatique et politique sur le terrorisme du régime Assad encourage Assad et ses nervis à intensifier la violence et la répression contre la population, ce qui est le cas aujourd’hui!
Bilan
Plus de morts, plus de blessés et plus de famine… sans espoir de voir enfin quelqu’un s’occuper de protéger les civils en Syrie contre un régime qui n’a jamais arrêté la terreur contre la population depuis plus de trois ans.
Cela ne peut qu’augmenter le ressentiment des Syriens contre les pouvoirs en place aux Etats-Unis et en Europe occidentale.
Craintes des Syriens
Nous ne savons pas ce qui se passe en coulisses. Après l’annonce par la coalition qu’elle ne collaborerait pas avec Assad, ce dernier a annoncé qu’il considérait ces frappes comme une agression.
Ensuite, Assad a tout soudainement déclaré qu’il soutenait les frappes occidentales. La «coalition» va-t-elle vraiment aider l’ASL («modérée») et les combattants kurdes syriens sur le terrain? On peut douter de cela quand on voit la politique du gouvernement de Turquie, plus soucieux de «contrôler les Kurdes» et de les frapper que de les aider (ne serait-ce qu’en laissant aller des forces kurdes aller se battre à Kobané). Obama a annoncé récemment que cette aide prendrait du temps (6 à 9 mois) dit-il, pour préparer l’ASL… Alors que l’ASL se bat sur deux fronts – contre Assad et contre Daech – depuis plus d’un an. Soit bien avant les frappes de la «coalition».
Que veulent les Syriens insurgés?
Ce que nous souhaitons aujourd’hui c’est que la «communauté internationale» prenne enfin des mesures sérieuses pour mettre fin à toutes les formes de terrorisme en Syrie: celui du régime Assad, de Daech, du Hezbollah, des milices iraniennes et irakiennes. Cela pour protéger les civils et mettre fin à ce bain de sang. Et ça commence par clouer l’aviation syrienne au sol et fournir un armement contre les avions, hélicoptère et les chars…
Terrorisme d’Assad et terrorisme de Daech, analogies et différences
1° Daech et le régime Assad règnent par la terreur et la barbarie médiatisées. Tout le monde a vu ou entendu parler des vidéos de décapitation des journalistes occidentaux. Avant eux Daech a crucifié et décapité publiquement des Syriens qui s’opposaient à lui. Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux dont le but était de terroriser la population.
Avant Daech, Assad a organisé des massacres collectifs à l’arme blanche dans plusieurs localités en Syrie. Nous rappelons ici le premier massacre collectif en mai 2012 à al-Houla à Homs où des familles entières ont trouvé la mort. Le but est également de terroriser la population.
2° Dans les deux systèmes, un seul maître existe et est «adoré» (ou soumis à une adoration contrainte) comme s’il était un Dieu (Bachar pour le régime syrien et Baghdadi pour Daech). La population ne compte pas dans ces systèmes sauf peut-être pour y être soumise.
3° Ciblage des activistes, journalistes, médecins, humanitaires… pour empêcher toute forme d’activités constructives de la société civile.
4° Se dessine un objectif analogue: étouffer une révolution et détenir un pouvoir absolu!
Une grosse différence cependant entre ces deux formes de terrorisme
1° Assad terrorise principalement sa propre population. Si nécessaire, il n’hésite pas à tuer ceux qui, parmi les Occidentaux, aident la population syrienne… Cette forme de terrorisme est de moindre importance pour la «communauté internationale», ça se passe ailleurs, à la limite tout le monde s’en fiche. Tant qu’il ne s’agit pas «des nôtres»… Même si la durée de cette terreur dépasse les trois ans et demi… et la précédait sous d’autres formes moins visibles et moins amples.
2° Daech terrorise des populations sous son emprise (villes occupées, population qui ne se soumet pas à ses ordres), mais il suscite une crainte dans les pays occidentaux, et cela d’une façon très médiatisée.
Cette forme de terrorisme est beaucoup plus grave pour la «communauté internationale», car ça touche aussi, potentiellement, l’Occident!
C’est dans cette différence qu’Assad a trouvé dès le début les moyens de manipuler les opinions.
Stratégie et propagande d’Assad
Etant conscient de cette différence importante, Assad a orienté sa machine de propagande dès le début des manifestations pacifiques pour s’acheminer vers la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui!
1° Il a accusé les manifestants d’être des salafistes (courant fondamentaliste, renvoyant au terme arabe salaf; «ancêtre», «prédécesseur») dès la première manifestation en mars 2011. Afin de défigurer la révolution et de lui donner une couleur d’islamisme extrémiste. Cette propagande a été maintenue sans faille tout au long, même si elle n’avait aucune base sur le terrain au moins jusqu’à fin 2012.
2° Il a opté pour une répression violente, pas seulement contre les activistes, mais aussi contre leurs familles pour les pousser à prendre les armes, sachant que la résistance armée peut être plus facilement manipulée…
Malgré la violence, les manifestations sont restées pacifiques pendant six mois. Ensuite, les armes ont été utilisées d’abord pour protéger les manifestations et les lieux de protestation. Ensuite et suite à l’échec de la mission spéciale de l’ONU, conduite par l’ex-secrétaire général, Kofi Annan, en été 2012, l’offensive du régime a beaucoup augmenté. Il n’ y avait plus aucun choix possible de résistance pacifique.
3° Assad a annoncé à plusieurs reprises une amnistie générale… cela depuis 2011. A chaque fois, il a libéré surtout des détenus islamistes fondamentalistes…
4° Il a ciblé particulièrement les journalistes, les activistes laïques, les Syriens et Syriennes, éduqués, cultivés et patriotiques qui pouvaient aider à rassembler la population (ils ont disparu, ont été tués, détenus, ou été poussés à fuir…).
5° Mais également la violence et les massacres collectifs ont été orientés afin d’attiser le sectarisme. Ces tueries ont ciblé particulièrement les sunnites, le plus probablement pour stimuler des réactions des islamistes.
Quelques points d’interrogation à propos des rapports entre Assad et Daech
1° Ceux et celles qui connaissaient le rôle joué par Assad dans la manipulation d’al-Qaïda en Irak suite à la guerre américaine de 2003, peuvent cogiter sur son possible rôle dans le lancement de Daech en Syrie au printemps 2013.
2° Nous rappelons, ici, le cas de James Folley, le premier journaliste décapité par Daech, ce qui a motivé (du point de vue de déclarations publiques) les frappes de la coalition.
James Foley a été détenu par le régime Assad dès novembre 2012, bien avant la naissance même de Daech (au printemps 2013). En mai 2013 encore, l’AFP a publié qu’il avait été enlevé par des milices pro-régimes et qu’il était entre les mains du service de renseignement à Damas. Et soudainement il se trouve entre les mains de Daech qui le décapite au moment même où Assad se propose comme partenaire pour la lutte contre le terrorisme. Une coïncidence. Ce dossier est bien évidemment connu des services d’intelligence des Etats-Unis.
3° Daech décapite d’une façon très médiatisée des journalistes et des humanitaires qui ne pouvaient pas rester immobiles et silencieux face à la catastrophe qui se passe en Syrie. Daech n’a jamais décapité un individu pro-régime d’Assad, jusqu’à tout récemment.
4° Ce qui est certain est que le régime ne s’en est jamais pris à Daech, et Daech ne s’en est jamais pris aux forces du régime, ceci jusqu’à la formation de la «coalition internationale». Tous deux s’attaquent, par contre, aux activistes et à l’ASL.
5° Aujourd’hui il est évident que les décapitations des journalistes ont soudé le monde entier dans une guerre antiterroriste. Ainsi Assad et ses exactions ont été complètement oubliés. Et pire encore, peut-être même que la coalition cherchera-t-elle à l’avenir à collaborer avec lui dans le rôle du pompier pyromane, comme garant contre le terrorisme.
En conclusion, on ne peut pas s’attaquer aux symptômes du terrorisme seuls… j’entends par-là Daech, et mettre entre parenthèses, ignorer l’origine même du terrorisme dans la région – et particulièrement dans sa base syrienne, j’entends ici le régime mafieux et criminel d’Assad. (11 octobre 2014, Zurich, notes d’un exposé fait lors d’un séminaire)
le 15 - octobre - 2014 Par les FemmeS pour la démocratie (FSD) -
Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières
*Marche mondiale des femmes (Coordination européenne) - 12 octobre 2014*Pétition - 10 octobre 2014*Syria Collective - 10 October 2014*Syrie - 11 octobre 2014*Syria MEZZADRA Sandro - 7 October 2014*Syrie MEZZADRA Sandro - 7 octobre 2014*Patriarchy, fundamentalism, women ZIA Afiya S. - 13 October 2014*Palestine & Israel WARSCHAWSKI Michel - August 2014*Hongkong SUNG Vincent - 10 octobre 2014*Syrie DAHER Joseph - 12 octobre 2014*Syria DAHER Joseph - 12 October 2014* -
Syrie : comment Kobané résiste encore? (JDD)
REPORTAGE - Depuis le 16 septembre, les milices kurdes de l’YPG parviennent à défendre la ville syrienne assiégée par les djihadistes de Daech, pourtant bien mieux armés.
Il est une heure du matin et au loin résonnent les tirs de mortiers. C’est pleine lune ce vendredi soir et Hussein* n’aime pas ça. Il va falloir faire vite. Les soldats turcs patrouillent le long de la frontière. La vingtaine de combattants, kalachnikovs en bandoulière, sautent du camion, se frayent un chemin dans les barbelés qui marquent la séparation entre Turquie et Syrie. De l’autre côté, le véhicule de l’YPG (Unités de protection du peuple), la milice kurde, est arrivé à l’heure. Il embarque les fraîches recrues qui viennent rejoindre le combat. Ce sang neuf qui va pouvoir défendre Kobané, la ville kurde syrienne assiégée par l’organisation de l’Etat islamique.
Sans ce ravitaillement régulier en nouveaux combattants, Aïn al-Arab (Kobané en arabe) résisterait-elle encore à la furie djihadiste? Voilà bientôt un mois que Daech (acronyme arabe d’Etat islamique) a lancé l’assaut et qu’elle pilonne la ville chaque jour, inlassablement, avec de l’armement lourd conquis lors de la campagne irakienne de ces derniers mois. Certes les Kurdes, disposant surtout d’armes légères vieillissantes, perdent du terrain. Les soldats du califat contrôleraient un gros tiers de la ville, contre 20% il y a une semaine. Lundi, ils poursuivaient, au prix de violents affrontements, leur tentative d’incursion vers le nord. Mais dans la nuit qui a précédé, l’YPG a mené une contre-offensive dans le secteur sud, reprenant deux positions tenues par Daech, et tuant 16 ennemis, selon l’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme).
Il reste trois corridors clandestins pour les forces kurdes
Les défenseurs de la ville tiennent donc encore bon, notamment grâce ces volontaires qui arrivent de Turquie. Hussein affirme en avoir ainsi convoyé plusieurs centaines depuis le début de l’attaque de l’organisation de l’Etat islamique sur la région. La dernière "mission", c’était donc vendredi dernier (10 octobre, Ndlr). Et la prochaine? "Je ne le sais jamais à l’avance", explique le célibataire de 27 ans. "Le parti (PKK, parti des travailleurs kurdes) m’appelle et je le fais c’est tout." Selon le passeur, il reste trois corridors clandestins que les forces kurdes peuvent encore emprunter sans être stoppés par l’armée turque ou par les djihadistes. "Deux tout proches de Kobané, un autre un peu à l’extérieur." Il explique que par ces chemins, transitent aussi des armes, "du kalachnikov, du RPG". Sur l’un des points de passage, certains soldats turcs, kurdes d’origine, ne s’opposeraient pas vraiment aux convois nocturnes. "On connaît leur tour de garde", précise Hussein. Reçoivent-ils un billet pour fermer les yeux? Le passeur n’en sait rien. Lui, en tout cas, en élément discipliné du parti, ne demande pas d’argent. "Si je meurs, alors on pourra dire que j’ai aidé notre peuple."
Bien sûr, cette aide clandestine reste largement insuffisante pour renverser la tendance. Et bien sûr, les responsables politiques du PYD (Parti de l’Union démocratique), le parti kurde syrien pendant du PKK, aimeraient se passer d’hommes comme Hussein. Depuis des jours, ils demandent à la Turquie d’ouvrir le principal poste-frontière et de laisser passer officiellement armes et munitions. Sans succès. "Pourtant, si nous aussi avions de l’artillerie lourde et des chars, on mettrait Daech dehors", jure Idriss Nahsen, chargé des relations extérieures au sein du gouvernement de Kobané. "Nous sommes la seule force capable de les défaire." "Nous sommes en négociation", reconnaît pourtant Asya Abdullah, co-présidente du PYD. "C’est normal, la Turquie est notre voisin, elle fait partie de la coalition contre Daech."
Sauf que pour l’instant, les discussions achoppent, notamment sur un point : "En contrepartie de l’ouverture de la frontière ou d’une aide militaire, les Turcs nous demandent de collaborer avec l’ensemble des forces de l’Armée syrienne libre (ASL)", explique Faïsa Abdi, co-présidente du Conseil législatif de Kobané. "Mais la moitié est composée d’islamistes radicaux qui veulent imposer la charia et ça nous ne sommes pas d’accord. Nous ce que l’on veut, c’est la liberté pour notre peuple." Ankara ne semble pas plus disposé à faire intervenir ses propres troupes, chars et véhicules blindés, stationnés sur les hauteurs qui dominent Aïn al-Arab.
Quatre camions de médicaments, nourriture et eau par jour
Les troupes YPG, appuyées par quelques katibas de l’ASL et du Front islamique, tous regroupés sous le nom de Volcan de l’Euphrate, résistent donc seules. Selon l’ONU, 500 à 700 civils, principalement des personnes âgées, seraient encore à l’intérieur de la ville. Faïsa Abdi les estime quant à elle "à au moins 4.000 même si on ne sait pas où certains se trouvent. Sans doute, se cachent-ils dans leurs maisons, dans leurs sous-sols." La ville ne serait pas menacée pour l’instant par une crise humanitaire. "Nous arrivons à faire passer en moyenne par le poste-frontière turc quatre camions de médicaments, nourriture et eau par jour", affirme Haoni Binici, un représentant local du BDP (parti pour la paix et la démocratie, la principale formation kurde autorisé en Turquie), chargé de coordonner l’envoi d’aide depuis Suruç, la première ville après la frontière. A l’intérieur, ce sont les troupes des YPG, extrêmement disciplinées, qui s’occupent de la logistique. "Nous sommes restés coincés 20 jours devant le poste-frontière", témoigne Hassan, agriculteur de 27 ans, parvenu à entrer en Turquie avec sa famille vendredi dernier. "Même si on dormait dehors, on nous amenait chaque jour de quoi manger et boire." Des hôpitaux de campagne, au moins deux, seraient toujours fonctionnels. "Mais ça reste très sommaire, nous n’avons pas grand-chose", précise Faïza Abdi.
Sur le plan militaire, les combattants kurdes résistent aussi parce que le terrain leur est aussi favorable. Bon nombre d’entre eux sont nés dans la région et ont une connaissance parfaite de la topographie de la ville. La guérilla, les combats de rue sont aussi une spécificité des milices kurdes. "Notre tactique du hit and run (frapper puis se retirer) convient aux combats que nous menons", admet Idriss Nahsen. Les frappes aériennes menées depuis une quinzaine de jours par la coalition les soulagent également même si elles ne sont pas suffisantes pour faire reculer les djihadistes. "Depuis mardi (le 7 octobre, Ndlr), nous nous coordonnons davantage. Nous aidons à identifier les cibles et les bombardements sont maintenant plus efficaces." "Mais nous aimerions qu’ils bombardent davantage, toute la journée, toute la nuit, pour qu’on en finisse", se prend à rêver Faïsa Abdi.
Elle sait que cela n’arrivera pas. C’est seuls que les Kurdes devront faire face à la puissance de feu des djihadistes et à leur volonté impérieuse de s’emparer de Kobané. Selon l’YPG, l’organisation de l’Etat islamique aurait ce week-end reçu de nouveaux renforts en armes et en hommes depuis Tal-Abyad à l’est et Jarablus, à l’ouest. Les prochains jours risquent d’être critiques. Et les mots de John Kerry, prononcés dimanche ne prêtent pas vraiment à l’optimisme. Avec un sens du cynisme certain, le secrétaire d’Etat américain a expliqué - pour la deuxième fois de la semaine - que Kobané ne constituait pas "un objectif stratégique" pour les Etats-Unis.
* Le prénom a été modifié
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Kobané. Manifestations en soutien aux Kurdes (Ouest France)
Rassemblés dans le centre de Paris, des milliers de manifestants - 6 000 selon les organisateurs - se sont rassemblés pour soutenir les Kurdes de Kobané. Le groupe État islamique a pris vendredi le QG des forces kurdes à Kobané et s'est rapproché de la frontière avec la Turquie.
« Kobané résistera, le peuple vaincra », « Daesh no pasaran », pouvait-on aussi lire sur plusieurs pancartes, tandis que de nombreux drapeaux rouges du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) étaient brandis par les manifestants.Plusieurs personnalités d'extrême gauche, dont Olivier Besancenot, ont pris la parole, appelant le gouvernement français à protéger le peuple kurde face aux jihadistes de l'EI.
Des manifestations en France et en Europe
Les manifestations prokurdes organisées pour réclamer un engagement plus ferme de la communauté internationale se sont multipliées depuis l'avancée mi-septembre sur Kobané des jihadistes d'EI.
Plus de 20 000 personnes ont également manifesté samedi à Düsseldorf, en Allemagne, pays dont la communauté kurde est considérée comme la plus importante en Europe, suivie de la France.
L'EI se rapproche de la frontière avec la Turquie
L'EI renforçait samedi son emprise sur une grande partie de la ville défendue désespérément par des forces kurdes moins bien armées, l'ONU disant craindre pour la vie de milliers de civils. 11 Octobre -
http://www.ouest-france.fr/kobane-manifestations-en-soutien-aux-kurdes-2894322
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Pour la défense de Kobanê et de tout le Kurdistan-Ouest ! (CCR)
Les combattant-e-s kurdes des YPG pris en étau entre Daesh, la Turquie et l’intervention impérialiste1. Depuis cet été, la situation en Syrie et en Irak a radicalement changé.
L’organisation de l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL, ou Daesh, en arabe), issu d’Al-Qaïda et de groupes armés sunnites réactionnaires en Syrie s’est renforcée à travers la jonction avec des courants sunnites irakiens armés, des tribus sunnites marginalisées par le pouvoir pro-chiite (sous parapluie étatsunien) de Bagdad et des ex officiers de l’ancien régime baathiste de Saddam Hussein. Dans le contexte de guerre civile syrienne opposant différentes factions bourgeoises au régime de Damas ( ambigu! note du blog! )
et dans le cadre de la guerre civile larvée permanente, sur base communautaire et religieuse, en Irak, Daesh a opéré une percée fulgurante dans le Nord de la Syrie et de l’Irak. Cette offensive est tout autant le symptôme de la déréliction complète du régime fantoche irakien actuel, mis en place par Washington en 2006, que d’un spectaculaire renversement d’alliances au sein de la guerre civile syrienne. Anciennement alliés objectifs des impérialistes contre le régime de Al-Assad, protégé et armé par les monarchies pétrolières du Golfe et par la Turquie, Daesh, à l’image d’Al-Qaïda à la fin des années 1990, entend aujourd’hui défendre sa propre politique, indépendamment de ses anciens tuteurs, à travers la constitution d’un État religieux.
2. Rivalisant en barbarie avec les milices chiites armées par Bagdad en se lançant dans une guerre de nettoyage ethnico-religieux contre les minorités du Nord-est de l’Irak, Daesh a profité de la faiblesse des institutions et de l’armée irakienne pour s’emparer de plusieurs gouvernorats dans le pays. En Syrie, de façon à faire la jonction avec la frontière turque où passent les marchandises et les armes en direction du territoire syrien et irakien et où transitent les hydrocarbures issus des champs pétrolifères qu’il contrôle, Daesh s’est lancé à la conquête du bandeau de terre kurdo-syrien qui est contrôlé, dans les faits, depuis 2012, par le Parti de l’Union Démocratique kurde (PYD), depuis que les forces de Damas se sont désengagées de la zone pour se concentrer militairement sur d’autres fronts où les loyalistes sont opposés à l’Armée Syrienne Libre et à d’autres forces islamistes. Une partie du territoire kurde en Syrie est tombé aux mains des djihadistes et depuis plusieurs semaines Kobanê, l’une des principales villes du Kurdistan syrien autonome (Rojavayê), est sous le feu de l’offensive de Daesh. Malgré la résistance héroïque des Unités de Protection Populaire (YPG), les djihadistes ont envahi depuis 48 heures plusieurs quartiers de la ville qui menace de tomber et de laquelle ont fui près de 300.000 Kurdes.
3. Début août, affolé par la perspective d’une éventuelle chute de Bagdad aux mains des djihadistes ainsi que d’une conquête du Kurdistan irakien, sorte d’État autonome sous tutelle impérialiste et de ses majors du pétrole, Washington s’est lancé dans une nouvelle intervention en Irak, embarquant à ses côtés ses alliés impérialistes, plusieurs pétro-monarchies régionales et, dernièrement, la Turquie d’Erdogan. Les exactions barbares de Daesh ont servi pour couvrir auprès de l’opinion publique internationale les exactions plus policées que sont les frappes aériennes.
En Irak, les avancées des djihadistes ont été stoppées et dans le Kurdistan irakien des armes ont été livrées aux forces kurdes sous contrôle du Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) de l’ex-président irakien Massoud Barzani et homme lige des États-Unis et des multinationales du pétrole dans la région.
En Syrie, en revanche, c’est une toute autre musique qui est jouée. Rojavayê, le Kurdistan syrien, à la différence du Kurdistan irakien, n’a pas monnayé son autonomie auprès de l’Occident. Le PYD, lié au PKK, a longtemps entretenu des rapports ambigus vis-à-vis du régime des Al-Assad qui a protégé Öcalan jusqu’en 1998. Néanmoins, à la faveur du Printemps arabe, le PYD a conquis l’autonomie de facto de la région kurdo-syrienne en s’insérant dans la dynamique ouverte par la rébellion populaire qui a caractérisé dans un premier temps le soulèvement anti-Assad et en tirant profit, dans un second temps, du retrait des troupes loyalistes, incapables de maintenir un front militaire ouvert au Nord contre les Kurdes, Damas sachant par ailleurs qu’un Kurdistan syrien autonome serait une épine dans le pied vis-à-vis d’Ankara, l’un des principaux soutiens des rebelles syriens, qu’ils soient « modérés » ou islamistes.
4. Dans un tel cadre, les impérialistes, si prompts à détruire les positions de Daesh en Irak ont soigneusement évité de bombarder les avant-postes combattants de Daesh au Kurdistan syrien. Il suffit de penser que si elles étaient stationnées à 60 km de Kobanê il y a deux semaines, les forces islamistes sont aujourd’hui entrées dans certains quartiers de la ville. D’autre part, aucun armement n’a été livré aux YPG, équipées d’armes légères largement insuffisantes face à l’armement lourd dont dispose Daesh, à la fois pris aux forces irakiennes et syriennes, mais également livrées par la Turquie avec le blanc-seing ou du moins la passivité des États-Unis.
Ce que craignent aujourd’hui les impérialistes, ce n’est pas qu’une intervention résolue de leur part en Syrie favorise Al-Assad, puisqu’ils interviennent déjà dans d’autres zones du pays. Ce que refusent les impérialistes, c’est qu’une force de résistance populaire comme le PYD et ses YPG, qui leur échappe et qu’ils ne contrôlent pas complètement, à la différence des troupes du PDK kurdo-irakien, puissent résister victorieusement face à Daesh, défendant ce faisant le droit des Kurdes à l’autodétermination et à disposer de leur propre État, ce qui leur est nié depuis le démantèlement de l’Empire ottoman et le Traité de Sèvres en 1921, et relançant de cette façon la cause nationale kurde contre Ankara, au Nord, et Bagdad, à l’Est deux régimes alliés des impérialistes, relançant de cette façon une dynamique progressiste dans une situation marquée par le tête-à-tête réactionnaire entre les impérialistes et Daesh.
5. La résistance au Kurdistan syrien a, de ce point de vue, une toute autre portée que la contre-offensive qui a été menée par les peshmergas kurdo-iraquiens dans l’Irak voisin, et pas uniquement parce qu’elle suscite une intense vague de solidarité de l’ensemble de la population kurde de la région, à la fois en Turquie, en Irak et en Iran, mais également en Europe. En ce sens, avec le cynisme qui leur est habituel, les impérialistes préfèrent que Kobanê tombe plutôt qu’elle ne résiste, pour mieux, dans un second temps, soit par l’envoi de troupes turques au sol, soit par la constitution d’une zone d’exclusion aérienne comme le demande Hollande, constituer une zone tampon au Nord de la Syrie. Cela permettrait d’une part de maintenir la pression contre le régime de Al-Assad qu’Obama a renoncé à bombarder à l’été 2013, et permettre à Ankara, d’autre part, de poursuivre sa mise au pas du mouvement national kurde dans une stratégie qui combine répression interne en Turquie comme l’ont encore montré les morts de manifestants sous les balles de la police et l’instauration du couvre-feu à Diyarbakir et dans le Kurdistan turc, appui aux forces islamistes anti-kurdes en Syrie, et enfin négociations avec le PKK en sous-main, le parti d’Öcalan ayant décrété un cessez-le-feu unilatéral depuis mars 2013.
La possibilité d’une zone-tampon ou d’une zone d’exclusion aérienne reste suspendue à un accord au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU qui semble aujourd’hui hors-de-portée pour les États-Unis. En attendant, cependant, si les impérialistes peuvent se débarrasser, par Daesh interposé, de la résistance kurde syrienne, ce sera autant de gagné dans un cadre militaire stratégique qui, a priori, s’annonce long et complexe pour les impérialistes qui sont embarqués dans une guerre en Irak et en Syrie qui pourrait durer des mois, voire des années.
6. Les impérialistes sont les principaux responsables, après deux guerres du Golfe et un siècle de colonialisme et d’impérialisme, de la situation de la région. Ce sont eux qui, historiquement, ont attisé les divisions ethnico-religieuses et qui les ont ultérieurement renforcées après 2003. Ce n’est donc pas une nouvelle intervention qui va venir au secours de populations qui vivent dans une situation encore plus catastrophique aujourd’hui qu’à l’époque de l’embargo sur le pétrole irakien, entre la première guerre du golfe et la seconde.
Face à eux, Daesh n’est qu’une réédition monstrueuse d’Al-Qaïda. Ben Laden, lui aussi ancien allié des États-Unis lors de la guerre contre les soviétiques en Afghanistan, avait cru qu’il était possible de se retourner contre ses anciens maîtres. Daesh n’est pas une force de résistance car au lieu d’unifier les forces nationales contre l’occupant impérialiste et ses marionnettes corrompues, il fragmente davantage les populations, faisant le jeu de l’impérialisme.
Dans ce tête-à-tête réactionnaire dont les peuples sont les victimes, la seule tendance progressiste qui émerge et qui soit en capacité de renverser cette opposition asymétrique entre l’impérialisme, leurs alliés locaux et l’État irakien d’un côté, et Daesh de l’autre, pourrait venir d’une victoire de la résistance kurdo-syrienne. Une telle victoire ne viendra ni d’un soutien impérialiste, qui n’a manifestement aucune intention de bombarder les positions combattantes de Daesh au Kurdistan syrien, et encore moins d’une intervention terrestre d’Ankara, qui souhaite rayer de la carte toute idée de Rojavayê autonome.
Cette victoire ne pourrait venir que d’une unification de la résistance kurde et des forces populaires contre l’ensemble des puissances réactionnaires de la région, alliées ou non de l’impérialisme, contre le gouvernement turc notamment, qui empêche l’arrivée de combattants kurdes pour soutenir Kobanê, mais également contre le gouvernement irakien actuel qui est soutenu par le PDK. Une telle victoire serait non seulement un pas réel pour le droit à l’autodétermination de tous les peuples de la région, contre les occupations impérialistes et les régimes qui leur sont alliés, mais également une bouffée d’oxygène pour relancer les printemps arabes en plein reflux depuis l’intervention impérialiste en Libye, la contre-révolution des militaires et Égypte et la tournure guerre-civiliste qu’a pris la révolte anti-Assad en Syrie. Cela signifierait lutter authentiquement pour l’unité arabe contre l’impérialisme dans le respect des minorités, la seule alternative au panarabisme sunnite réactionnaire qu’est le califat de Daesh, et pour la véritable justice sociale pour laquelle sont descendues dans la rue les masses égyptiennes, tunisiennes et arabes, bien différente du discours sur une répartition plus juste des richesses dont parle Daesh pour critiquer les régimes arabes corrompus et vendus à l’impérialisme. De ce point de vue, l’extrême gauche devrait se situer résolument sur le terrain du soutien militaire du PYD et des YPG, et ce par-delà la politique suivie par les directions du PYD et de son parti-frère et tuteur du Kurdistan-Nord, le PKK, habituées à subordonner la cause nationale kurde à des accords et des négociations avec telle ou telle puissance régionale et malgré les transformations politiques du PKK qui a abandonné la perspective d’un Kurdistan indépendant et socialiste au profit du « confédéralisme démocratique », orientation officialisée par Öcalan en mars 2005 et qui ne remettrait pas même en cause les frontières et les structures héritées du démantèlement de l’Empire ottoman par les puissances impérialistes européenne, France et Grande-Bretagne en tête.
A l’inverse, une victoire des djihadistes contribuerait à jouer contre cette dynamique, sachant que la coalition essaiera de reprendre la main une fois que le sale boulot aura été réalisé par Daesh contre la résistance kurdo-syrienne. Plus encore, une installation dans la durée de l’intervention impérialiste, une victoire à court terme étant improbable, cadenasserait davantage encore la situation, enterrant peut-être définitivement ce qui reste de la dynamique des Printemps arabes, compromettant toute possibilité de retournement progressiste de la situation actuelle à travers un retour sur le devant de la scène des masses de la région qui sont celles qui ont un temps tracé les contours, après janvier 2011 et les soulèvements tunisien et égyptien puis la révolte contre Erdogan au printemps 2013, un horizon d’espoir. Une consolidation des positions impérialistes, enfin, pousserait à terme des pans entiers des populations locales dans les bras des forces sunnites réactionnaires qui seraient vues comme une résistance alors qu’elles ne le sont en rien.
Pour la défense de Kobanê et de tout le Kurdistan-Ouest, vive la résistance des combattant-e-s kurdes de Rojavayê contre Daesh !
A bas l’intervention des impérialistes en Irak et en Syrie !
Non à l’intervention de l’armée turque au Kurdistan-Ouest !
A bas la répression qui s’abat sur les Kurdes d’Europe qui manifestent en solidarité avec leurs frères et sœurs en lutte !
Pour le retrait de toutes les organisations populaires kurdes de la liste des organisations « terroristes » par le gouvernement français, à commencer par le PKK !
Pour la libération des prisonnier-e-s politiques turc-que-s et kurdes incarcéré-e-s en France !
Liberté pour Abdullah Öcalan, détenu dans une prison de haute sécurité turque depuis 1999 !
Soutien aux manifestations de solidarité avec la résistance kurde de Kobanê organisées en France le 11 octobre !
09/10/14 Courant Communiste Révolutionnaire du NPA
Manifestations organisées dans toute la France
Le vendredi 10 octobre
Bayonne, Place de la mairie, 18h / Baionako udaletxeko plazan
Le samedi 11 octobre, notamment à
Mulhouse, Maison des Kurdes, 3, rue Watwiller, 13h
Paris, Place de la République, 15h
Toulouse, Place du Capitole, 15h
http://www.ccr4.org/Pour-la-defense-de-Kobane-et-de-tout-le-Kurdistan-Ouest
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En solidarité avec le peuple kurde ce samedi (Npa)
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La population kurde de Kobanê et de sa région résiste héroïquement depuis des semaines avec des armes légères aux assauts des djihadistes de l'Etat Islamique, qui disposent de tanks et d'armes lourdes.
Les forces armées kurdes du YPG et du PKK ont été les premières à secourir les Yezidis et les Chrétiens en Irak victimes de l'E.I, pourtant personne ne vient à leur secours.
Hollande se permet d'approuver la proposition de dernière minute du président turc Erdogan de créer une pseudo zone tampon à sa frontière, ce qui revient à préparer dés maintenant l'annexion de cette zone, Rojava (Ouest-Kurdistan, nord de la Syrie), dès que l'E.I aura fini de massacrer la population kurde, alors même que le gouvernement d'Erdogan réprime et tue les manifestants kurdes en Turquie.
Nous ne pouvons pas laisser faire sans réagir.
Opposés aux catastrophiques interventions des armées des grandes puissances dans la région qui ne visent en rien à aider les populations, nous apportons notre soutien à la résistance des forces progressistes locales.
Nous exigeons le retrait immédiat du PKK et du YPG de la liste des organisations terroristes, que les USA comme l'Union européennes répondent à leur demande d'aide matérielle, en particulier en armes, pour leur permettre de repousser l'EI, et l'accueil des réfugiés.
Nous nous joindrons aux associations kurdes Samedi 11 octobre à 15 h à Paris place de la République pour manifester sur ces mots d'ordre.
http://npa2009.org/communique/en-solidarite-avec-le-peuple-kurde-ce-samedi
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Syrie, reportage à Kobané : "Nous sommes obligés de nous battre" (CI)
Dans la ville kurde située à la frontière turco-syrienne, la population vit accompagnée des tirs d'artillerie et est condamnée à observer la progression des combattants de l'Etat islamique. Une reporter de CNN témoigne.Les deux femmes ne voulaient pas parler. Épuisées, elles ont jeté au sol leurs affaires emballées dans des couvertures. C’est tout ce qu’elles pouvaient porter. Désormais, c'est tout ce qui leur reste. Les enfants avalent de grosses gorgées d'eau, leurs visages couverts d'une couche de crasse, leurs cheveux emmêlés après des jours de souffrance passés dans d'incessantes tempêtes de sable alors qu'ils attendaient de passer la frontière vers la Turquie.
Submergées par l’émotion, ces femmes craquent, incapables de retenir leurs larmes plus longtemps.
C'était le lendemain des premières frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis. Parmi cette nouvelle et massive vague de réfugiés, il y avait encore ce sentiment que peut-être, l’humiliation qu'ils subissaient serait de courte durée.
Scènes surréalistes
Mais quel que soit le coup que les Etats-Unis et leurs alliés aient l'intention de frapper, il ferait à peine vaciller l'Etat islamique (EI). Nous avons observé ces scènes surréalistes, pendant lesquelles l'EI et l'YPG – les combattants kurdes – ont procédé à des échanges de tirs d'artillerie entre deux collines. Les Kurdes se sont rassemblés du côté turc de la frontière et ont lancé des acclamations à chaque fois que l'EI était touché.
Mais cette allégresse allait être de courte durée. En effet, l'emprise de l'EI sur Kobané s'est resserrée, la foule qui observe les événements a grossi et tente parfois de prendre d'assaut la frontière. Les forces de sécurité turques, qui n'hésitent pas à utiliser des gaz lacrymogènes, leur tirent dessus régulièrement et ciblent aussi délibérément les médias.
Le drapeau de l'EI
Lundi matin [le 6 octobre], nous avons observé l'EI continuer à bombarder sans relâche Kobané. Non loin de là, un petit groupe d'hommes se fait passer des jumelles. "Vous avez vu ça ? Regardez, le drapeau de l'EI est sur ce bâtiment", dit l'un. "On peut aussi voir leur tank. Il est juste là."
Ils nous invitent à déjeuner. Ces hommes sont des Kurdes turcs de Cizre, à environ six heures de voiture de là, et déclarent être venus pour montrer leur solidarité à leurs frères kurdes de Syrie.
Assis dans l'ombre, ils se partagent une pastèque et du fromage blanc tandis que l'écho des tirs d'artillerie résonne à travers la plaine. Ils répètent la question qu'ils ont entendue en boucle ces deux dernières semaines : pourquoi la coalition ne frappe-t-elle pas ? Pourquoi laissent-ils l'EI entrer dans Kobané ?
Quelques heures plus tard, l'EI remporte une nouvelle victoire stratégique, plantant son drapeau sur une colline juste à l'entrée de la ville.
"Nous n'avons pas choisi cette guerre mais nous sommes obligés de nous battre", nous a dit Idriss Nassan, fonctionnaire kurde qui se trouve à Kobané. Nous lui demandons plusieurs fois s'il va partir, et sa réponse est toujours la même : "non".
Des deux côtés de la frontière, la confusion s'ajoute à la colère. Comment le monde peut-il continuer à regarder cela sans rien faire ?
Retrouvez la page Moyen-Orient du site web de CNN (an anglais)Note :Arwa Damon, Correspondant CNN International pour le Moyen OrientCNN Arwa Damon 10 octobre 2014