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Syrie - Page 47

  • Syrie/Kurdistan: création en France d’un collectif de solidarité féministe avec Kobanê (Essf)

    LE COLLECTIF DE SOLIDARITÉ FÉMINISTE AVEC LES COMBATTANTES DE KOBANÊ

    Nous sommes un collectif de solidarité féministe avec Kobanê, récemment créé, pour organiser une mobilisation féministe en France, en soutien à Kobanê et pour visibiliser la dimension féministe du projet social à Rojava qui est aujourd’hui menacée.

    Nous vous convions à une conférence de presse pour annoncer le départ, le 6 novembre, d’une délégation féministe à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Il s’agit d’apporter sur place son soutien aux groupes de femmes et aux actions qu’elles mènent dans les camps de réfugié-e-s et dans les institutions politiques locales. Et, au retour, la délégation féministe pour Kobanê rédigera un rapport sur la situation des femmes dans cette région.

    L’organisation politique de Rojava est un combat féministe :

    • présence des femmes à tous les échelons politiques et dans les unités multi-ethniques et multiconfessionnelles de défenses du peuple (YPG) comme combattantes

    • création de maison des femmes, d’assemblées populaires et d’académies pour les femmes

    • création des unités non-mixtes de défense des femmes (YPJ) pour s’organiser contre les violences masculines, et aujourd’hui pour défendre la population contre les attaques de Daesh.

    Les combattantes de Rojava sont engagées pour un projet social qui remet en cause le patriarcat et l’État-nation, qui défend l’auto-détermination des peuples et l’émancipation des femmes.

    Aujourd’hui, elles doivent se défendre contre :

    • les attaques de Daesh, dont la montée en puissance a été rendue possible par les politiques des États-Unis, de l’Europe, des Monarchies du Golfe et de la Turquie, qui ont contribué à les armer,
    • et contre les régimes répressifs de la Turquie et de la Syrie.

    Nous dénonçons :

    • le soutien du gouvernement Hollande au projet de la zone tampon défendue par la Turquie, qui est récusée par les combattant-e-s de Rojava comme une nouvelle tentative d’occupation

    • le refus de l’État français d’ouvrir les dossiers concernant l’assassinat de trois militantes Kurdes commis en plein Paris, en janvier 2013, au su et au vu des services de renseignements français

    Nous soutenons les combattant-e-s de Rojava :

    • dans leur refus d’une intervention des armées impérialistes par voies terrestre, qui, quels que soient leurs noms (« lutte contre la barbarie » ; « mission civilisatrice » ; « défense des femmes ») ne propagent que la guerre et la misère pour les peuples et les femmes, comme en Irak, en Afghanistan, en Palestine, en Centrafrique ...

    • dans leur demande de l’envoie d’armes sans condition

    CFSK 30 octobre 2014
     
  • Erdogan n’est pas bienvenu en France ! Appel à manifester (Essf)

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    Appel à manifester vendredi 31 octobre,14h,
    Paris, sortie Métro Invalides

    Non à l’ingérence turque dans la politique de la France à l’égard des Kurdes !

    Voilà plus d’un mois que les Kurdes et leurs amis manifestent partout en France et en Europe, en demandant des armes pour la résistance de Kobanê et une aide humanitaire pour les réfugiés contraints de fuir devant l’arrivée des barbares de Daesh. Au cours de toutes les manifestations, ils n’ont eu de cesse dénoncer le soutien apporté à cette organisation terroriste par les riches Etats pétroliers de la région ainsi que par la Turquie.

    Après avoir fermé les oreilles à ces demandes, François Hollande a finalement fait entendre que la France serait aux côtés des Kurdes en Syrie, comme elle l’avait été en Irak.

    Vendredi 31 octobre, le Président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan rendra visite au Président français ainsi qu’au Ministre des affaires étrangères. L’objectif de cette visite est de faire pression sur la France afin de l’amener à infléchir sa récente position favorable aux Kurdes. La Turquie qui a pour ambition d’occuper la région du Kurdistan de Syrie et de mettre un terme au système démocratique d’autogestion mis en place dans cette région essaye par tous les moyens d’entraver la résistance de Kobanê contre Daesh et d’imposer son projet de zone tampon au nord de cette ville.

    Il est inadmissible que la France prête l’oreille à un Etat criminel qui soutient Daesh et qui a jusqu’à ces derniers jours empêché l’acheminement de l’aide humanitaire et militaire vers Kobanê dans le but d’étouffer la résistance.

    Il serait choquant que la France s’engage dans une coopération policière avec un pays dans lequel les réfugiés sont maltraités et les manifestations de solidarité avec Kobanê réprimées dans le sang. Rappelons qu’au cours des dernières semaines, au moins 30 manifestants kurdes ont été tués par les forces de l’ordre en Turquie.

    Nous protestons vivement contre la visite d’Erdogan et demandons à la France

    • de ne pas céder à la volonté turque de mettre en place une zone tampon

    • de fournir des armes aux résistants de Kobanê et une aide humanitaire urgente aux réfugiés

    • d’enterrer définitivement les accords des coopération liberticides signés avec la Turquie

    Conseil Démocratique Kurde de France (CDKF)
    16, rue d’Enghien - 75010 Paris
    Tel : 09.52.51.09.34

    30 octobre 2014
     
  • Meeting libertaire

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  • Syrie, contre l'Etat islamique, des combattantes kurdes kalachnikov en main (Courrier International)

    Femmes kurdes. Libération. 
    Femmes kurdes. Libération.  Dessin de Mauro Biani paru dans Il Manifesto, Rome.

     

    Bien entraînées, elles se battent avec un moral d’acier contre l’Etat islamique.

    Alors que je m’apprête à pénétrer dans le camp d’entraînement kurde réservé aux unités spéciales de femmes combattantes dans la région de Rojava (province d’Al-Djezireh [nord-est de la Syrie]), une jeune femme m’arrête à l’entrée. Elle est vêtue d’un uniforme militaire et sa tête est ceinte d’un bandeau vert à la kurde, soigneusement brodé de roses et de petites fleurs. Je me présente, puis lui demande si ce bandeau fait partie d’un uniforme militaire ou est un symbole quelconque.

    Elle sourit timidement et me répond : “Non, je le trouve simplement joli. Nos grands-mères en portaient pour compléter le costume traditionnel kurde.” Après avoir été autorisée à entrer dans la cour du bâtiment, appelé “académie”, je découvre un lieu propre comme un sou neuf. Alors que ce genre d’endroits plutôt masculin est généralement plein de restes de repas, de toutes sortes d’affaires qui traînent et du vacarme des soldats, rien n’indique ici qu’il s’agit d’un centre d’entraînement militaire. “C’est notre maison. Nous y mangeons et nous nous y entraînons, nous y étudions et nous y dormons. Pourquoi ne le garderions-nous pas soigné comme si c’était notre propre demeure ?” me demande l’une des combattantes en voyant mon étonnement.

    Leurs journées commencent par un passage en revue et des exercices sportifs, suivis par la pause du petit déjeuner. Ensuite, les femmes se divisent en petits groupes. Les unes s’entraînent au tir, d’autres vont assister à des cours de réflexion politique. J’assiste à l’un de ces cours. L’enseignante parle de l’histoire des Sumériens [peuple de la Mésopotamie du IIIe millénaire avant J.-C.], de la place que la femme occupait dans la société sumérienne et du rôle du clergé dans sa marginalisation ultérieure.

    Nous étions des déesses

    De temps à autre, elle demande si quelqu’un a un commentaire à faire ou une question à poser. Beaucoup participent au débat sur la situation de la femme contemporaine en comparaison avec celle de cette époque-là. Pendant la pause, je m’approche de l’une d’elles et lui demande son nom. Elle m’indique son surnom, Jihan Ghameshlou. Je lui demande ce qu’elle pense du cours auquel nous venons d’assister.

    Elle répond : “Vous vous demandez probablement pourquoi revenir à ce lointain passé. Nous avons appris qu’à cette époque-là la femme était tout en haut de l’échelle sociale. Nous étions des déesses.” Avant que Jihan ne s’épanche davantage, je lui demande : “Mais ta tâche consiste à protéger ton pays et à libérer ta patrie. Quel rapport [entre les Sumériens] et ce que tu auras à faire au front ?”

    Sa réponse fuse comme si elle s’attendait à cette question : “Avant de pouvoir penser à libérer quoi que ce soit, il faut que je libère mon cerveau de l’état dans lequel il est englué du fait de nos traditions et de l’enseignement [que nous avons reçu à l’école de l’ancien régime] baasiste. Il faut que je comprenne les mécanismes de l’Histoire et la situation de la femme pour savoir ce que je fais ici. Notre guerre se situe avant toute chose sur le terrain des idées. Nous combattons les idées obscurantistes et rétrogrades des membres de Daech [l’Etat islamique] avec leur barbe épaisse et leur étrange faciès, qui coupent des têtes et qui veulent nous ramener à ce que nous avons connu de pire en termes de répression et de domination sexiste, idéologique et humaine.” Je lui demande son âge. Elle répond qu’elle a entre 20 et 30 ans, sans vouloir en dire plus, et qu’elle a été étudiante jusqu’à la troisième année à la faculté de lettres d’Alep avant de se tourner vers les armes. Kalachnikov à la main, les combattantes se rendent à l’exercice de tir. Les rafales sont entrecoupées de rires, mais les femmes n’en sont pas moins disciplinées. 

    "J’ai eu des camarades qui sont mortes en martyres"

    Elles ne s’appellent pas par leur nom, mais par le mot hafal, qui signifie “camarade” en kurde. Je m’approche de l’une d’entre elles. Au début, elle se montre timide et me dit que je devrais plutôt parler à une autre, mais j’insiste. Finalement, elle accepte. “Je m’appelle Botan Berkhodan. J’ai 24 ans. J’ai participé à des combats. J’ai eu des camarades qui sont mortes en martyres. J’ai juré que je les vengerais. Nous n’aimons pas la vengeance mais, quand je me rappelle leurs yeux, je sens une lourde responsabilité sur mes épaules.”

    Selon elle, ses amies rêvaient “avant toute chose de la liberté de la femme, pas seulement de la femme kurde, mais des femmes de partout”. Et elle me raconte un des affrontements avec Daech : “Nous étions en train de nous approcher d’eux à quelques mètres. Nous entendions leur voix. Ils étaient très en colère quand ils ont compris qu’ils se trouvaient face à des femmes. Ils disaient à leurs camarades, par talkie-walkie : ‘Venez, il y a des garces !’ Pour eux, nous sommes des garces. Mais on leur a appris de quel bois on se chauffe. Parfois ils nous fuient, effrayés, sans s’occuper des morts et en abandonnant leurs blessés. — C’est vrai qu’il y aurait une fatwa disant que celui qui se fait tuer par une femme n’entre pas au paradis ? — De toute façon, ils n’iront pas au paradis. C’est ailleurs que nous les expédions. Mais c’est vrai que cette fatwa existe. D’après ce que disent nos prisonniers, ils pensent vraiment que celui qui se fait tuer par une femme n’aura droit ni au paradis ni aux houris.”

    Chasseresse

    Je laisse Berkhodan pour trouver Sama. Elle est mince, élancée, brune, et ses traits pourraient donner à penser qu’elle est arabe et non kurde. En souriant, elle me confirme qu’elle est effectivement arabe. Elle a néanmoins rejoint cette unité militaire qui “ne se préoccupe pas de l’appartenance ethnique ou confessionnelle, mais de l’être humain”. Ses parents s’y sont opposés dans un premier temps, mais elle leur a expliqué qu’“une fille ne vaut pas moins qu’un garçon”. Et, depuis son engagement, elle pense avoir contribué à “changer le regard dépréciatif que la société, surtout la société arabe, porte sur les femmes”. Ensuite, on me présente une jeune femme de 26 ans, surnommée “la chasseresse de Daech”.

    Elle m’explique la raison de ce surnom : “J’ai capturé plusieurs fois des guerriers de Daech. La dernière fois, quand j’ai amené le prisonnier à notre camp, il m’a demandé un verre d’eau. Je le lui ai donné et j’ai vu qu’il le posait devant lui pour ensuite y plonger une clé qu’il portait à une chaîne autour du cou. C’était une grosse clé comme on en a dans les maisons à la campagne. Il l’a plongée trois fois dans l’eau avant de boire. Il pensait qu’en agissant de la sorte il devenait invisible. C’est tragique de se battre contre des assaillants aussi idiots.”

    Et elle ajoute : “Lorsque j’en faisais mes prisonniers, tout le long du trajet vers notre camp ces djihadistes regardaient par terre. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils se sentaient humiliés du fait d’être les prisonniers d’une femme ou si c’est par pudeur religieuse. Dans les deux cas, c’est ridicule. Qu’est-ce qu’ils sont ridicules, ces hommes !”

    Taha Khalil

    Publié le 12 octobre 2014 dans Al-Mustaqbal (extraits) Beyrouth

    Al-Mustaqbal Taha Khalil 28 octobre 2014

    http://www.courrierinternational.com/article/2014/10/28/contre-l-etat-islamique-des-combattantes-kurdes-kalachnikov-en-main?page=all

     

  • 1er novembre: journée mondiale pour Kobanê (Amitiés kurdes de Bretagne)

     

    Un appel mondial pour Kobanê a été lancé pour soutenir la ville de Kobanê, au Kurdistan de Syrie (Rojava?), qui tient tête depuis le 15 septembre aux djihadistes du prétendu « Etat islamique » (EI?). Cette résistance acharnée a surpris et déjoué les plans machiavéliques de ceux qui comptaient envahir le Rojava une fois les forces combattantes kurdes liquidées.

    Depuis plus d’un mois, les Kurdes manifestent dans toutes les villes turques et kurdes de Turquie et dans de nombreuses villes européennes, invitant les citoyens épris de démocratie à témoigner de leur solidarité.

    Ces résistants de Kobanê ne sont pas seulement des combattants et des combattantes, mais aussi des milliers de civils, femmes et hommes, qui ont pris les armes pour défendre leur terre et leurs valeurs, un modèle d’organisation de la société civile et politique basé sur une démocratie participative. La résistance historique de cette petite ville a ému le monde entier et a redonné espoir à tout un peuple et, au-delà, à tous ceux et à toutes celles qui, dans le monde entier, luttent pour plus de démocratie et contre l’obscurantisme. Le combat pour la défense de Kobanê revêt donc une dimension symbolique internationale.

    La coalition ne remplit pas ses obligations auxquelles elle est tenue en vertu du droit international, certains de ses membres - et non des moindres - apportant même des soutiens logistiques, militaires et financiers à l’EI.

    C’est pourquoi un grand nombre de personnalités (prix Nobel, historiens, universitaires, écrivains, parlementaires) ont apporté leur soutien pour que la mobilisation soit mondiale et ont signé cet appel à descendre dans la rue pour délivrer le message qu’une autre politique est possible.

    Manifestation à Rennes

    Les manifestations auront lieu à Paris, Marseille, Rennes, Strasbourg, Bâle, Cologne, Hambourg, Berlin, Brême, Francfort, Nuremberg, Freiburg, Stuttgart, Oslo, Stockholm, Göteborg, Copenhague, Vienne, Athènes, Nicosie, Londres, La Haye, Bruxelles, Helsinki, mais aussi en Amérique latine, aux Etats-Unis, au Japon, en Inde et au Pakistan.

    Les Kurdes de Bretagne, les militants des forces politiques, syndicales et associatives, les Rennais et les Rennaises sont invités à se rassembler à Rennes ce samedi 1° novembre :

    • 11h : rassemblement dalle du Colombier.
    • 11h30 : marche dans les rues de Rennes.
    • 12h30 : arrivée place de la Mairie. Prises de parole. Dislocation.

    vendredi 24 octobre 2014
    par  Amitiés kurdes de Bretagne

    http://www.amitieskurdesdebretagne.eu/spip.php?article869

  • Syrie : unité des luttes pour la liberté et la démocratie (Npa)

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    Kobané, la ville kurde du nord de la Syrie, résiste depuis plus d’un mois à l’offensive sauvage du groupe réactionnaire de l’EI (État islamique).

    D’une position défensive, les combattantEs des YPG (Unités de protection du peuple) et quelques bataillons de l’ASL (Armée syrienne libre) sont passés à l’offensive, chassant les troupes de l’EI de quelques quartiers de la ville tombés aux mains de ces derniers lors des combats de la semaine passée.

    Les YPG, ainsi que l’administration américaine, ont annoncé le largage d’armes et munitions sur Kobané le lundi 20 octobre.

    Ville symbole de la résistance
    Kobané, une petite ville kurde sans réelle importance stratégique, devient un symbole de résistance face à la barbarie des troupes de l’EI. Mais elle est avant tout la première ville à ne pas céder à l’offensive et la terreur des djihadistes, et à être défendue par les masses.
    La résistance de Kobané révèle les capacités des masses armées et organisées à défendre leur liberté et leur dignité. Elle remet à l’ordre du jour le programme de la révolution populaire originelle : contre le régime dictatorial et les forces réactionnaires de la contre-révolution.
    La déclaration du commandement général des YPG de ce dimanche 19 octobre, vient confirmer ce tournant : « Kobané constitue un tournant historique, son issue va dessiner l’avenir de la Syrie et la lutte démocratique pour la liberté et la paix. […] Cette résistance des YPG et des bataillons de l’ASL est suffisante pour vaincre EI/Daesh […] et la construction d’une Syrie démocratique et libre était la base de nos accords avec l’ASL. Nous croyons que la victoire de la révolution est liée au développement de ces relations entre les factions et les forces vives dans la patrie ».

    Le sort des peuples kurdes et syrien est lié
    C’est la première reconnaissance par les YPG, de façon aussi claire, de la lutte commune avec les factions démocratiques de l’ASL, dont l’importance n’est pas négligeable dans la résistance populaire armée. En effet, l’expérience a aussi révélé que la libération du peuple kurde est intiment liée à celle du peuple syrien de la dictature, de la contre-révolution réactionnaire et de l’hégémonie impérialiste.
    L’impérialisme étatsunien et ses alliés n’ont fourni aux factions démocratiques que peu d’armes, juste assez pour ne pas se faire complètement écraser par le régime... Toute leur demande d’armement anti-chars et anti-aérien sont quasiment restées lettre mortes. En revanche, ces mêmes pays souhaitent créer une nouvelle armée de 5 000 hommes réellement assujettie à leurs ordres, pour mieux négocier leur influence, quand viendra le temps d’une « transition négociée » avec le régime d’Assad.

    Le processus révolutionnaire continue
    Depuis plus de trois semaines, les regards sont tournés vers Kobané, mais le régime syrien poursuit encore plus sauvagement sa guerre contre la population et les combattants de l’ASL dans les zones révoltées. Ainsi, le siège total d’Alep est presque achevé. Assad a réalisé des avancées importantes dans la campagne de Damas (Al Ghouta) et bombarde de façon meurtrière le quartier d’Al Wa’ar à Homs depuis deux semaines, y compris avec des missiles sol-sol, cela dans le silence complet des médias...
    Dans ces conditions terribles, les masses syriennes poursuivent la lutte pour leur émancipation. La manifestation de ce vendredi 17 octobre, en particulier à Alep, a arboré le slogan : « Notre révolution est une révolution populaire ». À la base, les coordinations révolutionnaires avancent dans leurs discussions autour d’un programme démocratique et non confessionnel, vers une unification et une centralisation de leurs activités dans toute la Syrie.
    Une nouvelle recomposition des forces politiques et sociales est en cours dans le processus révolutionnaire. L’unité des luttes des forces démocratiques et progressistes est vitale pour la victoire de la révolution populaire.

    Ghayath Naisse

  • La Coordination nationale Solidarité Kurdistan sur tous les fronts (AKB)

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    lundi 20 octobre 2014
    par  Amitiés kurdes de Bretagne
     

    Déclaration de la CNSK

    Les associations réunies au sein de la Coordination nationale Solidarité Kurdistan (CNSK) ont témoigné de leur solidarité avec les combattantes, les combattants et la population du Kurdistan de Syrie (Rojava?) et notamment celles et ceux du canton de Kobanê dont la résistance héroïque force l’admiration de tous. Elles ont dénoncé les préparatifs du gouvernement turc islamo-conservateur prêt à envahir le Rojava. Elles notent que les forces contestataires se mobilisent en Turquie et que l’union dans un nouveau parti - le HDP? (Parti de la Démocratie des Peuples) - des forces kurdes et d’une gauche contestataire turque est de bon augure pour des avancées démocratiques futures dans ce pays. Elles remercient le Conseil de Paris pour l’intérêt qu’il porte à la mémoire des trois militantes kurdes assassinées en plein Paris le 9 janvier 2013 et réaffirme sa volonté d’exiger que toute la vérité soit faite et que justice soit rendue. Une journée mondiale "Urgence Kobanê" sera organisée le 1er novembre prochain. Une pétition circule à l’adresse du Président de la République en soutien à Kobanê. Une conférence sera organisée le 9 janvier 2015 à Paris, au Sénat, ainsi qu’une cérémonie commémorative à la mémoire de Sakine, Fidan (Rojbîn) et Leyla devant le 147 rue Lafayette.

    Mobilisation pour le Rojava

    La CNSK demande à la France et à la communauté internationale d’envoyer de toute urgence à Kobanê l’aide militaire nécessaire pour résister et faire reculer les forces barbares du prétendu Etat islamique (Daesh). Les dernières frappes aériennes de l’US Air Force, guidées du sol par les résistants de Kobanê, ont été utiles mais pas suffisantes pour ceux qui luttent pied à pied, depuis plusieurs semaines, à armes inégales contre un ennemi puissamment armé : il est urgentissime de fournir armes anti chars et médicaments qui font cruellement défaut aux combattants kurdes. L’exemple de la Région autonome du Kurdistan irakien est à suivre : elle vient de reconnaître officiellement les trois cantons autonomes de Rojava et adopté un protocole de coopération bilatérale qui comprend l’envoi immédiat d’armes à la ville assiégée de Kobanê. La décision de la ville de Rennes d’envoyer une aide à la ville de Diyarbakir qui doit faire face à un afflux de réfugiés syriens est aussi significative : elle est assortie d’un appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne les Kurdes de Kobanê dans leur combat contre Daesh. La ville de Paris vient aussi de voter une aide humanitaire. Une journée mondiale "Urgence Kobanê" sera organisée le 1° novembre prochain. Toutes les organisations démocratiques sont invitées à participer à l’organisation et à la réussite de cette manifestation devant se dérouler dans chaque métropole, dans chaque région, dans chaque ville, partout où c’est possible.

    Turquie : attention danger

    La France a demandé à la Turquie de prendre toutes ses responsabilités et toutes les mesures qui s’imposent face à l’offensive de Daesh à Kobanê. Cette intervention est bienvenue s’il s’agit, comme l’a précisé le Président de la République, de l’ouverture de la frontière avec la Syrie pour permettre l’acheminement de renforts. Elle serait particulièrement inopportune s’il s’agissait d’encourager une intervention de l’armée turque. L’attitude de ce pays membre de l’OTAN a malheureusement montré que sa priorité n’était pas de combattre les djihadistes de Daesh, auxquels il continue d’apporter une aide militaire et logistique, mais d’occuper militairement cette région kurde et d’éradiquer un mode d’organisation social et politique adopté par l’Assemblée législative du Rojava, qui permet à chaque canton d’élire des assemblées citoyennes décentralisées et de se doter de structures de gouvernance incluant toutes les nationalités et toutes les religions.

    Véritable casus belli, cette occupation serait vécue douloureusement non seulement par les Kurdes de Syrie, qui sous le joug du régime Baas de Hafez Al-Assad et de Bachar Al Assad d’une République arabe syrienne, n’avaient même pas droit, durant des décennies, à une identité. Mais aussi par les Kurdes de Turquie (soit 20 % de la population) qui ont déjà prévenu : le processus de paix entre le gouvernement turc et le leader emprisonné Abdullah Öcalan pour trouver une solution politique à la question kurde sera rompu. Et la guerre reprendra. Les manifestations nombreuses et réprimées violemment qui se sont déroulées en Turquie du Sud-est (Kurdistan nord), mais aussi dans les grandes villes de la Turquie occidentale, et notamment à Istanbul et Ankara, ont déjà fait en quelques jours 37 morts et de nombreux blessés. Ce ne sont que les prémices d’une guerre civile annoncée qui déstabilisera toute la région.
    L’attitude toujours ambiguë de la Turquie suscite la méfiance quand sont annoncés des entretiens bilatéraux avec la France pouvant aborder les accords de coopération policière dont la ratification avait été stoppée in extremis. Plus que jamais il est nécessaire d’obtenir l’abandon définitif de ces accords sécuritaires "Guéant - Fabius".

    Le poids politique des Kurdes de Turquie

    Il est à noter également que le poids politique des Kurdes de Turquie croît autour du BDP, (Parti pour la Paix et la Démocratie qui s’appelle aujourd’hui DBP : Parti démocratique des régions), du HDP (Parti démocratique des peuples) et du K.C.K (Union des communautés du Kurdistan - (coma Civakên Kurdistan) qui ne proposent rien moins qu’une alternative à l’Etat-nation : "une organisation de la société puisée aux sources d’une lutte quotidienne pour la défense des libertés". Le DBP, malgré la pression de l’Etat sournois qui retient toujours dans ses geôles des milliers de détenus politiques, développe une stratégie de renforcement des structures politiques associatives et culturelles, dans les provinces kurdes : les résultats des élections municipales et régionales de mars 2014 le montrent avec des gains importants (Agri, Bitlis, Mardin) qui auraient pu être plus importants sans les fraudes (Urfa par exemple). Les Kurdes ont aussi affiché leurs ambitions nationales avec le nouveau parti, le HDP, créé par un BDP nouant des alliances nouvelles avec des forces de gauche qui se sont réunies dans un vaste mouvement de contestation gouvernementale dont l’épicentre fut les manifestations du parc Gezi d’Istanbul. Transformer le parti essentiellement pro-kurde BDP en HDP n’était pas gagné d’avance : Selahattin Demirtaş, candidat HDP à l’élection présidentielle d’août 2014, a su convaincre les populations kurdes, dont la revendication première est identitaire, de faire cause commune avec tous ceux qui, Kurdes, Turcs, Arméniens et autres minorités, contestent la politique autoritaire du gouvernement AKP et aspirent à une autre gouvernance, qu’ils soient sunnites, alévis, chrétiens, yezidis ou athées, syndicalistes, écologistes ou militants associatifs. Les principaux thèmes du programme HDP, qui se confondent avec ceux du BDP, témoignent de cette volonté : gouvernance territoriale, autonomie démocratique, éducation dans la langue maternelle, liberté de croyance, droits pour les alévis, liberté pour les prisonniers politiques, non à l’exploitation capitaliste, oui à l’écologie, non aux mesures discriminatoires contre les homosexuels, non aux interventions impérialistes en Syrie, encouragement aux Kurdes de Syrie. On peut estimer que Selahattin Demirtaş a, en frôlant les 10%, réussi ce pari. Il a su conserver - et même accroître - l’électorat traditionnel du BDP et séduire de nouveaux électeurs en prenant pied dans d’autres régions de la Turquie. Son score ouvre de véritables perspectives pour les élections législatives de 2015. En passant le seuil fatidique des 10%, Le HDP pourrait tripler, voire plus, le nombre actuel de ses députés.

    Le PKK est présent dans la vie politique et sociale en Turquie

    Le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan (Partiya Karkerên Kurdistanê), joue un rôle dans les quatre parties du Kurdistan et son influence va même bien au de-là, dans toute la région moyen orientale. Le PKK est très présent dans la vie politique et sociale en Turquie et le gouvernement AKP ne s’y trompe pas quand il accuse le KCK d’être la branche urbaine de "l’organisation" et quand il ouvre des négociations avec le leader incontesté et charismatique du PKK, Abdullah Öcalan, pour trouver une solution politique à la question kurde. Faire croire au monde entier que le PKK est une organisation terroriste relève d’une escroquerie intellectuelle qui ne peut que se retourner, in fine, contre ses auteurs. Ceux qui reprochent au PKK sa branche armée, les HPG? - Forces de Défense du Peuple (Hêzên Parastina Gel), oublient de préciser que sans elle le peuple kurde, en tant que peuple, aurait été, dans le contexte de terreur imposé par les forces militaires, paramilitaires et "l’Etat profond", rayé de la carte. Les dernières interventions des HPG pour venir en aide aux peshmergas du Kurdistan irakien ou pour sauver les Yezidis du piège de Sinjâr ou pour épauler les YPG? à Kobanê ont montré que le PKK n’était pas une organisation terroriste mais qu’il possédait des combattants aguerris dont la coalition avait besoin pour faire reculer le Front islamique. Il est donc urgent de retirer le PKK de la liste des organisations terroristes.

    Vérité et Justice pour Sakine, Fidan (Rojbîn) et Leyla

    Le Conseil de Paris a émis le vœu que soit apposée une plaque au 147 rue La Fayette, dans le 10e arrondissement, pour rendre hommage à Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, rappelant que ces trois jeunes femmes kurdes, qui militaient pacifiquement pour la reconnaissance du peuple kurde, ont été lâchement assassinées le 9 janvier 2013. Il n’y a pas de mots pour exprimer le chagrin et la colère qu’éprouvent tout le peuple kurde et les amis et proches des victimes. La volonté de la CNSK est intacte pour exiger que justice soit rendue. La vérité doit éclater et un appel est lancé au gouvernement français pour qu’aucun obstacle ne vienne entraver l’action de la justice dans son travail d’identification des commanditaires. Tous les regards sont tournés vers la Turquie dont la responsabilité est manifestement engagée. C’est pourquoi la CNSK reste mobilisée pour que l’affaire ne soit enterrée au nom de la raison d’Etat. Un courrier sera officiellement envoyé à M. le Président de la République française pour lui demander de bien vouloir recevoir les familles des victimes assassinées sur le sol français. Ce geste de compassion que les familles attendent serait aussi un signal fort envoyé aux assassins et à leurs commanditaires : cet assassinat politique ne restera pas impuni. En 2015, du 14 février au 2 mars, seront rappelés, lors d’un "colonial tour" initié par le réseau "sortir du colonialisme", tous les crimes politiques commis sur le sol français depuis cinquante ans et restés impunis. Ceux de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez ne seront pas oubliés.

    Paris le 18 octobre 2014

    Signataires  : Amis du Peuple Kurde en Alsace, - Amitiés Kurdes de Bretagne (AKB), - Amitiés Kurdes de Lyon Rhône-Alpes, -Association Iséroise des Amis des Kurdes (AIAK), - Association de Solidarité France-Kurdistan (FK), - Centre d’Information du Kurdistan (CIK), - Conseil Démocratique Kurde de France (CDKF), - Mouvement de la Jeunesse Communiste de France, -Mouvement de la Paix, - MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), - Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), - Parti Communiste Français (PCF), - Réseau « Sortir du Colonialisme », - Solidarité et Liberté (Marseille), - Union Démocratique Bretonne (UDB).
    Soutien : Union Syndicale Solidaires.

    http://www.amitieskurdesdebretagne.eu/spip.php?article868

  • Syrie : Déclaration des détenues politiques dans la prison centrale de Damas (Adra)

    Notre peuple endure beaucoup de douleur en attendant la lumière de la nouvelle aube.

    Des maux qu’il subit, nous en souffrons dans un silence et un blackout prémédités.

    Aujourd’hui, nous allons parler au nom des sans-voix ; nous avons fait des statistiques approximatives qui peuvent contribuer à mettre la lumière sur notre situation pénible et nos souffrances quotidiennes.

    1- Le nombre de détenues politiques dans la prison centrale de Damas (prison d’Adra) est d’environ 500 femmes. Ce chiffre n’inclut pas le nombre des femmes détenues dans les sections de la sûreté estimé à quelques milliers, dont certaines sont maintenues en détention depuis plusieurs mois, bien que la loi en vigueur limite la phase de l’instruction à soixante jours.

    2- Le taux des détenues dans la prison d’Adra qui dépassent la cinquantaine : 30%

    3 - Le taux de femmes enceintes : 5%

    4- Le taux de natalité : 1 naissance par mois

    5- Le taux d’incapacités permanentes (handicaps) en raison de la torture dans les centres de la sûreté : 10%

    6- Le nombre de détenues souffrant de maladies incurables et de maladies dont le traitement est indisponible et qui sont négligées en raison du manque de médecins et la non-disponibilité permanente du médicament : 60%

    7- Le taux de celles qui ont bénéficié de la grâce publiée dernièrement : 10 % dont seulement une petit nombre ne dépassant pas les 3% ont été effectivement libérées.

    8- Le taux des détenues qui ont les moyens financiers pour engager un avocat : 20%, bien que l’avocat ne joue aucun rôle dans les tribunaux de la terreur excepté celui de rapprocher les délai du traitement du dossier.

    9- Le taux des détenues pouvant recevoir de la visite de parents et par conséquent la possibilité d’obtenir un peu d’argent nécessaire à leurs dépenses et besoins personnels ne dépasse pas 30%. Sachant que le coût minimum nécessaire pour un détenu est 5000 livres syriennes par mois.

    Sur ce, nous demandons :

    • Premièrement, le soutien médiatique sous toutes ses formes et de mettre la lumière sur notre situation inhumaine et illégale, puisque la plupart d’entre elles sont maintenues indéfiniment en détention par les juges des tribunaux de la terreur sans aucune justification légale, et d’autres ont vu leur libération refusée, exceptés pour certaines qui ont été en mesure de fournir d’importantes sommes d’argent dont la plupart d’entre nous sommes incapables de réunir.
    • Deuxièmement, le soutien pécuniaire et l’organisation de campagnes de secours au profit des nombreuses détenues qui ont passé plus d’un an en prison avec tout ce que cela suppose comme préjudice infligé à leurs familles et à leurs enfants ; et d’assurer une assistance à leurs familles. A savoir que certaines prisonnières surtout celles dont le conjoint est aussi détenu, se démènent même à l’intérieur de la prison pour collecter de petites sommes qui proviennent des aides et les envoie à leurs enfants qui n’ont aucun soutien.
    • Troisièmement, intensifier la pression internationale pour mettre la lumière sur le simulacre d’amnistie publié récemment et embarrasser le régime syrien pour le forcer à libérer toutes les détenues politiques.
    Collectif-10 octobre 2014 Damas

    https://www.facebook.com/Syria.SANA...

    * Traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33301

  • Syrie. La Turquie ouvre la frontière pour rejoindre Kobané (Ouest France)

    La Turquie a pris des mesures pour aider les combattants kurdes d'Irak à rejoindre, via son territoire, la ville syrienne kurde de Kobané assiégée par les jihadistes.

    « Nous aidons les forces des 'pechmergas kurdes' à franchir la frontière pour aller à Kobané. Nos discussions à ce sujet continuent », a déclaré ce lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevul Cavusoglu, lors d'une conférence de presse avec son homologue tunisien, Mongi Hamdi, sans donner d'autres précisions. Syrie - 11h43

    http://www.ouest-france.fr/syrie-la-turquie-ouvre-la-frontiere-pour-rejoindre-kobane-2917933

     

  • A Kobané, elles se battent pour nous (mâles compris) (SQ)

     
    Vivons, apprenons et combattons. Les femmes de Kobané sur le front des contradictions
    Dans une récente interview sur le front réalisée par la reporter australienne Tara Brown, une femme combattante kurde de l’YPJ (Unité de protection des femmes) a déclaré que l’Etat islamique était un ennemi de l’humanité. Pour elle et pour les femmes de sa brigade, Kobané est la frontière totale qui sépare la civilisation de la barbarie. Il y a quelque chose de troublant dans ces paroles parce que ce sont les mêmes qui, surtout depuis le 11 décembre 2001, ont prétendu justifier une guerre combattue sans frontières, de l’Afghanistan à l’Irak aux banlieues des villes américaines et européennes, au nom de l’enduring freedom d’un Occident menacé par le terrorisme mondial.
     
    Mais tout aussi troublant est le changement radical de perspective qu’imposent le contexte et la position de qui parle : si nous nous déplaçons des salles blindées du Pentagone à une terre de passage du Moyen-Orien nous n’avons plus devant nous un groupe d’hommes qui prétendent mener une guerre juste pour la liberté – y compris celle des femmes opprimées par l’intégrisme taliban – mais des femmes protégées seulement par de minces murs de pierre et par leurs propres armes qui combattent pour se libérer elles-mêmes. Mais cette observation ne suffit pas à calmer la sensation de trouble. Suffit-il vraiment que ce soit une femme qui prononce ces paroles pour changer leur signification, pour renverser un discours qui a véhiculé hiérarchies et oppressions et pour le transformer en chanson pour la liberté ? Le fait que ce soient des femmes qui embrassent les armes suffit-il à faire renoncer au pacifisme que nous avons soutenu devant l’invasion étatsunienne de l’Afghanistan, à nous faire reconnaître les raisons de la guerre ?
     
    Les rangs de l’Unité de protection du peuple comptent 45000 personnes, dont 35% de femmes. Près de 16000 guerrières contredisent pratiquement tout lien substantiel entre le sexe, la guerre ou la paix.
     
    Il s’agit, pour la majeure partie, de kurdes syriennes, mais chaque jour de nouvelles combattantes provenant de la Turquie et de la Syrie, pas seulement kurdes, s’unissent à celles du YPJ. Le détonateur de cette vague de recrutements a été la prise du Sinjar par une partie de l’Etat islamique, le 3 août dernier. Des milliers de femmes kurdes yézidi ont été capturées. Celles qui n’ont pas été tuées pour s’être rebellées ou avoir tenté de fuir et celles qui ne se sont pas tuées pour échapper à leur destin ont été violées, réduites en esclavages et vendues à des combattants et à des émirs dans le but de satisfaire leurs exigences sexuelles et les nécessités de produire et d’élever des martyres jihadistes.
     
    Des centaines d’enfants ont été capturés et renfermés dans des écoles coraniques pour être transformés en combattants. Derrière la haine déchaînée de l’IS à l’égard des femmes – soumises à des normes implacables qui règlent leur habillement et limitent leur mobilité, qui les déclarent « disponibles au viol » - il y a leur réduction en instruments de reproduction d’un ordre violemment patriarcal suivant une logique qui, toute extrémisée et confessionnellement orientée qu’elle soit, a un caractère terriblement mondial.
     
    A Kobané, se combat une « guerre de position » et cette définition n’a rien à voir avec les stratégies militaires.
    Le fait est que ce qui est en jeux, c’est aussi la place que les femmes occupent dans le monde et pour cela les guerrières des YPJ sont pleines d’orgueil d’avoir pris les armes, comme le sont leurs mères organisées dans le groupe Şehîd Jîn’. L’éthique du soin dont ces femmes sont porteuses prend des formes tout à fait imprévues pour qui, dans notre partie du monde, font du soin quelque chose qui concerne la vie et qui, par sa nature, nie la guerre. Mais à Kobané, la guerre est le choix obligé pour qui entend prendre soin de sa propre vie et de sa propre liberté, de la vie et de la liberté de ses camarades, de sa région, de ses idées.
     
    Interviewée par Rozh Ahmad, qui a réalisé un très beau documentaire sur le front de la Rojava, la mère d’une combattante, qui porte le voile, raconte : « deux de mes filles sont parties la même semaine. Une est entrée dans les YPJ, l’autre s’est mariée. Heureusement, je ne m’inquiète pas pour celle qui est dans les YPJ. Elles ont des bonnes idées et pour nous, c’est un honneur d’avoir une fille dans leurs rangs. Ma fille mariée va bien, mais je suis encore inquiète pour elle. » Cette mère ne dit pas quelle est son inquiétude mais nous pouvons l’imaginer d’après le récit de la fille combattante : « notre société ne considérait les femmes que comme de bonnes ménagères, les femmes étaient faites sur mesure pour les hommes et enfermées à la maison comme des esclaves. Maintenant, nous avons appris cette réalité amère. Maintenant nous avons changé : nous vivons, nous apprenons et nous combattons. Nous sommes maintenant des soldates (…) nous vivons pleinement notre différence. »
     
    Les femmes combattantes de Kobané, en premier lieu, sont différentes de ce qu’elles ont été. Les armes ont marqué un changement décisif par rapport à l’inépuisable continuité de la tradition et peut-être aussi par rapport à la « Charte du contrat social » de la Rojava, qui garantit aux femmes l’égalité et la participation active à tout organe d’autogouvernement. Il s’agit d’un changement qui est dû, dans une certaine mesure, à la poussée politique du PKK, dans l’ « idéologie » duquel se reconnaît pleinement le Haut conseil des femmes du mouvement de libération du Kurdistan. Comme l’explique Handan Çağlayan, la persistance d’habitudes comme le namus, l’obligation pour les hommes de surveiller les corps, les comportements et la sexualité des femmes, constituait une importante limite à la mobilisation de masse en faveur de la cause kurde. Le lien établi par Öcalan entre la libération des femmes et la révolution sociale (Woman and Family Question, 1992), ne peut en tout cas pas être lu exclusivement à la lumière de la « stratégie de mobilisation », mais doit être considéré aussi comme une réponse à une présence massive des femmes, y compris dans la guerre, à partir de la fin des années 80.
     
    En outre, l’absence de reconnaissance de la minorité kurde par la Syrie a produit chez les femmes un sentiment d’oppression et, avec lui, le sens de la possibilité et de la nécessité de la rébellion. C’est ce que raconte clairement à Rozh Ahmad une des combattantes interviewées : « nous autres jeunes filles kurdes, nous étions obligées à parler arabe entre nous à l’école. Nous kurdes, nous étions opprimées, l’Etat contrôlait complètement nos vies. Mais nous nous sommes toujours rebellées contre tout ça. » Au-delà de l’identification de ces femmes avec la cause kurde, il y a, toutefois, quelque chose de plus. Une d’elles raconte que, selon certains, les combattantes « sont coupées de la vie sociale » parce qu’elles ont pris les armes. A quoi elle répond avec orgueil que, avec ses compagnes, elle a « une vie beaucoup plus riche que ce qu’ils pensent ». Avec orgueil, une autre affirme que certains hommes, qui n’ont pas eu le courage de combattre, baissent la tête à leur passage. Quoique cela passe au second plan devant l’impressionnante résistance qu’elles sont en train d’opposer à l’IS, il semble que ces femmes portent en avant une bataille sur le front intérieur pour affirmer leur droit à conquérir la liberté. 
     
    C’est la participation à la guerre qui les a conduites à se sentir égales. Contre toute rhétorique nationaliste construite sur la « défense de nos femmes », les guerrières des YPJ ont commencé à se défendre elles-mêmes et ont accepté le risque de mourir, sans avoir pour cela une heureuse propension au martyre. Contre l’incrédulité de leurs pères et de leurs frères qui doutaient de leur force et bien au-delà de la reconnaissance formelle de leur égalité exprimée par la constitution de la Rojava, ces femmes ont démontré qu’elles avaient non seulement la force mais aussi le courage. Elles n’aiment pas la guerre, elles n’aiment pas tuer, elles n’aiment pas les armes et le répètent dans leurs interviewes. Une combattante raconte que nettoyer son fusil n’était pas après tout si difficile, mais que pour tirer elle a dû surmonter la peur. Chacune de ces femmes a combattu avant tout contre une part d’elle-même, sa propre « passivité », comme l’appelle l’une d’elle, l’ignorance ce que peut signifier « être une femme », pour aller sur le front de Kobané. Aucune d’elles n’était déjà libre, chacune d’elles a dû conquérir un bout de liberté.
     
    Convaincues que la guerre et la pratique de la violence ne sont pas le propres des femmes, certaines pourraient en arriver à nier que ces ces femmes soient vraiment des femmes. Il est déjà arrivé devant les images de Lynndie, la fière tortionnaire d’Abou Grahib. Entre elle et les combattantes de la Rojava, il y a un abîme, mais dans les deux cas, il est clair qu’il y a bien des manières d’être au monde comme femmes, au-delà de tout destin tracé dans l’ordre symbolique du père ou dans celui de la mère.
     
    Convaincues que l’égalité n’est rien d’autre que l’expression politiquement correcte de la perpétuation d’un pouvoir sexuel sur les femmes, d’autres pourraient voir en ces guerrières la reproduction d’un « modèle masculin » d’autonomie. Et pourtant, ces combattantes sont des femmes et combattent pour les femmes, contre un esclavage qui ne porte pas seulement les masques noirs de l’IS et de son fondamentalisme, mais qui, comme le rappelle l’une d’elles, arrive en Europe sous les dehors acceptables et colorés du capitalisme. Peut-être, alors, n’est-ce pas l’histoire de ces femmes qui serait inadaptée par rapport aux objectifs de la liberté féminine. Peut-être sont-ce les discours que les femmes et les féministes ont à leur disposition qui n’est pas à la hauteur de l’histoire des combattantes de Kobané. Il ne s’agit pas, évidemment, de faire de la lutte armée le paradigme de tout parcours de libération, ni d’oublier combien d’oppression et combien d’exploitation passent par l’égalité formelle. Mais on ne peut ignorer que, tandis qu’elles revendique d’être « une brigade uniquement de femmes qui vivent de manière complètement indépendantes », en combattant au front côte à côte avec leurs camarades hommes, ces femmes revendiquent et pratiquent l’égalité et enseignent quelque chose aux hommes.
     
    Il y a, en cela, quelque chose de profondément subversif, qui ne sera peut-être pas décisif du point de vue militaire mais l’est certainement du point de vue politique. Deux mille femmes, misérablement équipées et avec un faible appui international, donnent une contribution fondamentale à la défense d’une ville assiégée par 9000 djihadistes bien armés. Leur force – comme l’a rappelé la combattante des YPJ Xwindar Tirêj  — n’est pas dans les fusils mais dans la détermination. Bien sûr, leurs camarades hommes aussi sont déterminés, mais dans l’égalité féminine, il y a quelque chose de plus. C’est le visage et le corps de cette détermination qui terrorise les combattants de l’Etat islamique convaincus que, s’ils sont tués par une femme, ils n’iront pas au paradis. Ainsi, tandis que les miliciens de l’IF aspirent au paradis, les femmes de Kobané exigent de le ramener sur terre et, en le faisant, posent des questions vraiment dérangeantes au-delà de Kobané. Peut-être cela explique-t-il le silence fracassant de beaucoup de femmes et de féministes devant cette guerre et le rôle de l’Unité de protection des femmes. Peut-être est-il plus facile de se déclarer dans la guerre quand le rôle des femmes est celui de victimes, quand leur corps est un terrain de bataille, quand elles se font médiatrices et ambassadrices de paix, quand elles une parmi tant de genres qui subissent la discrimination et l’oppression fondamentaliste, quand elles peuvent être considérées comme la métaphore d’une vulnérabilité qui unit le genre humain et révèle les prétextes belliqueux de domination du sujet Mâle, Blanc et Occidental, quand les sujets post-coloniaux sont exotiques. Peut-être est-il plus difficile de prendre part à la guerre quand elle signifie admettre que les mêmes qui donnent la vie peuvent l’ôter à coups de mortier, que les mêmes qui incarnent la paix peuvent décider de s’armer et d’aller au front, que les mêmes qui devraient contester le pouvoir luttent pour prendre le pouvoir et le font en tant que femmes. Tandis qu’elles rient et tirent, tandis qu’elles se reposent et dansent en tenue de combat et foulards colorés, les femmes combattantes de Kobané semblent indiquer le point où chaque discours formulé jusqu’ici par des femmes et des féministes risque de s’effriter sur le front des contradictions. C’est pourquoi, plutôt que de se retrancher dans le silence, il vaut peut-être la peine d’écouter et d’essayer de comprendre l’enjeu global de la guerre des femmes de Kobané.
    Par Paola Ruban