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Syrie - Page 43

  • Bachar el-Assad a-t-il aussi tué les ONG humanitaires? (JDD)

    Quatre ans après le début de la guerre, les civiles sont toujours en danger. Les ONG ont été contraints à diminuer leur présence sur le terrain à cause du danger pour leurs équipes

    Pour les responsables de l'ONU ou des grandes organisations non gouvernementales (ONG), le constat est identique : après quatre années de guerre en Syrie, non seulement le conflit ne touche pas à sa fin mais la situation ne cesse de se détériorer pour les populations civiles.

    Les patrons de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) ont même signé un texte commun : "Nous avons exprimé notre horreur, notre indignation, notre frustration à mesure que la tragédie s'est déroulée." Mais, jusqu'ici, en vain. "Dès le début, la Syrie a été un challenge, confie au JDD Dounia Dekhili, responsable des programmes de Médecins sans frontières (MSF) pour la Syrie, mais on a un niveau de violence rarement atteint sur le terrain, en raison de la complexité du nombre des acteurs dans ce conflit."

    Handicap international ne dit guère autre chose. "Le bilan est négatif et très sombre, poursuit Anne Héry, responsable du plaidoyer à Handicap. Cette guerre est d'une violence extrême, et l'année 2014 aura été la plus meurtrière. Aujourd'hui, nous avons 60% des blessures qui sont causées par des armes explosives et 40% par des armes à feu, alors que d'ordinaire, c'est l'inverse. " Les enfants sont gravement touchés. Selon Laurent Chapuis, responsable de la protection de l'enfance pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, "la crise syrienne est, dans l'histoire de l'Unicef, la plus importante par sa longueur, son ampleur, le nombre d'enfants touchés et de pays affectés". Pour le président de Médecins du monde, le Dr Thierry Brigaud, "les mots ne suffisent plus pour décrire les atrocités endurées par ces populations".

    Davantage de victimes et moins d'argent

    L'aide médicale est paralysée, faute d'accès. "Nous arrivons encore à travailler avec quelques groupes locaux, poursuit Dounia Dekhili de MSF, en revanche les forces d'Assad et de l'État islamique (EI) restent hermétiques à toutes nos demandes de négociation afin d'être autorisés à soigner les civils." Handicap international concède quelques actions négociées et abouties avec Jabhat al-Nosra mais pas davantage avec l'EI. Après le kidnapping de membres de ses équipes, MSF a dû se résoudre à diminuer sa présence sur le terrain.

    Il ne reste désormais que deux hôpitaux contre six, il y a un an. La moitié des projets ont été abandonnés. "Ce que nous faisons est largement insuffisant, déplore la responsable de MSF, et les hôpitaux sont la cible de tous." Si le nerf de la guerre demeure souvent l'argent, l'humanitaire n'échappe pas davantage à cette équation. "Alors que les besoins humanitaires pour la Syrie ont été multipliés par douze, insiste Anne Héry de Handicap international, les financements n'ont pas suivi. Ils n'ont été que multipliés par trois." L'Unicef a appelé les pays contributeurs à verser 814 millions de dollars pour l'année 2015 mais n'a reçu jusqu'ici qu'une centaine de millions. Toutes les ONG s'accordent aussi à constater que la volonté politique n'existe pas. "L'autre spécificité du conflit syrien, conclut, visiblement très ébranlée, Dounia Dekhili, c'est l'acceptation générale, internationale et politique, des crimes de guerre commis contre les civils, par tous les combattants en présence."

    http://www.lejdd.fr/International/Moyen-Orient/Bachar-El-Assad-a-t-il-aussi-tue-les-ONG-humanitaires-722886

  • Syrie. Bachar lance des barils de gaz toxiques (Al'Encontre)

    Par FemmeS pour la Démocratie

    Fort de sa nouvelle pseudo-légitimité, Bachar Al-Assad innove pour le 4e anniversaire de la révolution: des barils chimiques pour les enfants de Sarmine (Idleb), après ceux d’al-Ghouta (Damas) en août 2013.

    La nuit du 16 au 17 mars, à l’occasion du 4e anniversaire de la révolution syrienne, Assad a envoyé un cadeau spécial vers le nord de la Syrie, en territoire libéré de son contrôle: un bombardement par l’aviation militaire avec utilisation de barils d’explosifs avec des gaz mortels sur les régions d’Idleb (Sarmine et Salqine). Le nombre de blessés à Sarmine est d’environ cent personnes dont des enfants et une famille entière a déjà trouvé la mort (les parents avec trois enfants en bas âge et la grand-mère). Ce nombre est susceptible d’augmenter dans les heures qui suivent. A Salqine, on ne rapporte pas de blessés pour l’instant.

    Suite à la déclaration de John Kerry le 15 mars, Assad s’est manifestement senti protégé et donc à l’abri de la justice. Pour tester cette protection nouvellement annoncée, il a utilisé une fois encore les armes chimiques à Idleb. Aujourd’hui, il est sans aucun doute prêt à exterminer toute la population des régions qui ont échappé à son contrôle pour étouffer la révolution et récupérer le pouvoir sur tout le territoire syrien.

    Nous adressons donc ce message à tous les politiques, diplomates et parlementaires des pays occidentaux qui se disent partisans de la liberté et des droits de l’homme : « Si vous allez à Damas pour serrer la main du dictateur criminel qui a les mains souillées du sang syrien, sachez que vos mains en seront tâchées pour toujours. Vous deviendriez ainsi complices de crimes contre l’humanité ! ».

    Témoignage de l’intérieur

    https://www.facebook.com/rots.baba/posts/811638575556967?pnref=story

    « J’espère que ces photos ne dérangent pas trop ceux qui œuvrent à l’élimination du peuple syrien en silence et sans scandale. Je vous jure que ces enfants ne sont pas des terroristes, ne sont pas contre “la résistance à Israël”, ne sont pas des partisans de Daech (ISIS). Je publie leurs photos ici en souvenir d’eux, car ils nous ont quittés pour toujours. Je ne sais pas si le fait de les tuer par gaz mortel apporte une solution ou si cela représente une victoire militaire définitive… si c’était le cas alors la paix soit sur leurs âmes, car leur mort serait justifiée pour mettre fin au « complot contre le régime »…

    Je n’ai aucun espoir que la conscience humaine se réveille, je n’appelle pas non plus à la vengeance. Celui qui les a tués est lui aussi un être humain comme nous et il a des enfants comme ces enfants et je n’accepterais pas que ses enfants payent le prix de sa colère contre nous… nous n’avons que la patience et nous ne disons que ce qui satisfait Dieu.

    Mais excusez-nous car nous avons perdu la raison et ne soyez pas surpris de voir une augmentation sensible du nombre de Syriens qui meurent des effets secondaires de cette oppression, parce que mourir d’une crise cardiaque est mille fois plus simple qu’une mort lente mille fois par jour.

    J’adresse mes condoléances aux Syriens du gouvernorat d’Idleb, à Sarmine, Qumeinas, Kafr-Takharim et Salqine et à chaque mère qui a perdu un fils ou un frère, un mari, un père ou qui a perdu toute sa famille d’un coup… Nous n’avons de soutien que Dieu. »

    Publié par Alencontre le 17 - mars - 2015

    Cliquez sur ce lien pour avoir accès au rapport en anglais de l’ONG Human Center

    Conférence-débat à Lausannne le 19 mars, à 17h15, avec François Burgat et Nahed Badawia, UNIL, Bâtiment Géopolis, salle 2227 (détails en cliquant sur la rubrique Activités ou sur ce lien

    http://alencontre.org/moyenorient/syrie/syrie-bachar-lance-des-barils-de-gaz-toxiques.html

  • Marches de "solidarité avec le peuple syrien", 4 ans après le début de la révolte (Rennes, Paris) Bfm + FR3

    Des centaines de personnes ont défilé en soutien au peuple syrien cet après-midi entre place de la République et Hôtel de Ville, à l'occasion du quatrième anniversaire de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad.

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  • Rennes Syrie

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  • « L’État Islamique en Irak et au Levant (Daech) n’est pas une simple bande de tueurs sanguinaires sans objectif et sans stratégie » (Essf)

    L’État Islamique en Irak et au Levant (Daech) n’est pas une simple bande de tueurs sanguinaires sans objectif et sans stratégie.

    Il s’agit d’une entité politique et militaire qui s’appuie sur un système économico-social bien huilé (grâce, notamment, à l’argent du pétrole). Qui plus est, Daech a développé une véritable stratégie de communication politique destinée à susciter l’adhésion au-delà des territoires sous son contrôle, qui passe notamment par des prises d’otages… et des exécutions.

    Otages japonais

    Au cours des dernières semaines, l’État islamique a ainsi annoncé la capture, puis l’exécution, de deux otages japonais. Dans une des vidéos adressées au gouvernement japonais, Daech a exigé le verse- ment d’une rançon de 200 millions de dollars, une revendication qui a pu surprendre dans la mesure où l’organisation est largement auto-financée. Selon Jérôme Fritel, auteur d’un reportage sur Daech diffusé le 10 février sur Arte, le groupe aurait ainsi sous son contrôle «  à peu près 15 % du PIB irakien, c’est-à-dire environ 35 milliards d’euros, ce qui correspond à peu près au budget de la défense de la France ».

    La somme de 200 millions de dollars correspond en réalité précisément au montant versé par le gouvernement japonais à la coalition dirigée par les États-Unis pour soutenir les opérations militaires contre l’EI. Ainsi, bien que le Japon ne participe pas directement aux bombardements, il est à son tour désigné comme un ennemi qui doit s’attendre à payer le prix de sa collaboration avec Washington. Les otages japonais ont ainsi connu le même sort que les Étatsuniens Steven Sotloff et James Foley, exécutés dans des conditions similaires en 2014.

    Pilote jordanien

    Quelques jours plus tard, c’est un jeune pilote jordanien qui était à son tour exécuté, dans une macabre mise en scène vidéo : vêtu d’une combinaison orange (la même que celle des prisonniers de Guantánamo), trimballé sur le lieu de ce qui semble être un bombardement de la « coalition », le pilote est ensuite placé dans une cage dans laquelle il est brûlé vif. Cette fois, l’EI exigeait la libération de prisonniers « djihadistes » (également évoqués dans les vidéos concernant les otages japonais), notamment Sajida al-Richawi, condamnée à mort en Jordanie pour sa participation supposée à une vague d’attentats en 2005.

    Au travers de cette prise d’otage, c’est la Jordanie elle-même qui était visée, en tant que pays allié de la coalition dirigée par les États-Unis. Daech entend en effet dénoncer les États directement impliqués, qu’ils soient occidentaux ou arabes. Le message de l’EI est clair, et a vocation à être entendu non seulement en Occident mais aussi dans le monde arabe : «  si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous ». Une rhétorique qui fait écho à celle du « choc de civilisation », développée après le 11 septembre 2001 par l’administration étatsunienne et reprise en chœur dans la majorité des pays occidentaux.

    Pris en otage entre les politiques impérialistes des grandes puissances et de leurs alliés locaux et le projet totalitaire de Daech, qui se nourrissent mutuellement, les peuples du Moyen-Orient ont ainsi besoin de notre soutien, à l’instar des Kurdes de Kobané dont la récente victoire militaire face à Daech est la première bonne nouvelle qui nous soit parvenue de cette région depuis de longs, trop longs, mois.

    Julien Salingue 12 février 2015

    * « Daech  : Retour sur la stratégie de l’État islamique ». L’Hebdo L’Anticapitaliste - 276 (12/02/2015). http://www.npa2009.org/

  • Aux origines de l’État islamique, la destruction de l’Irak et de la Syrie (ESSF)

    Un développement spectaculaire au cours des dernières années, favorisé par la décomposition des appareils étatiques et la violence de la répression des pouvoirs en place.

    En Irak...

    La naissance de l’État islamique (EI) remonte à l’année 2006 en Irak, et ne peut être comprise que dans le contexte spécifique de l’Irak post-invasion états­unienne. Les bombardements puis l’invasion de l’Irak ont en effet été suivis d’une politique de réorganisation du pays par les forces d’occupation, avec notamment la volonté de mettre en place un gouvernement soumis aux intérêts des États-Unis et de leurs alliés. Au nom de la « débaathification » (du nom du parti Baath, celui de Saddam Hussein), une grande partie de l’appareil d’État a été démantelée, avec notamment la dissolution de l’armée, première institution du pays, dont l’origine remontait aux années 1920 sous le mandat britannique.

    Ce démantèlement brutal, et l’incapacité des États-Unis et de leurs alliés irakiens à faire émerger des structures politico-­administratives légitimes et stables, ont non seulement accéléré la décomposition du pays, mais ont de plus contribué à convaincre nombre de soldats et d’anciens officiers de Saddam Hussein, qui se sont retrouvés sans emploi et sans avenir, de rejoindre les rangs de la résistance à l’occupation. La politique sectaire conduite par le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki (en poste de 2006 à 2014), qui marginalise la minorité sunnite (dominante durant l’ère de la dictature de Saddam Hussein), et la répression féroce de l’armée d’occupation et de ses supplétifs irakiens, vont quant à elle favoriser non seulement une radicalisation mais une confessionnalisation des affrontements.

    C’est dans ce contexte que l’État islamique a pu naître et se développer.

    Il ne s’agit évidemment pas de nier l’action et l’idéologie résolues de militants religieux radicaux proches d’Al-Qaïda, mais de comprendre que leur discours et leur projet n’ont pu gagner l’audience qu’ils ont obtenue que dans ce contexte de décomposition de l’État irakien et de confessionnalisation de la politique et des conflits. Tous les spécialistes s’accordent en effet aujourd’hui pour reconnaître que l’on retrouve dans l’ossature de l’EI, et notamment dans son commandement militaire, un nombre significatif d’anciens officiers de Saddam Hussein. Selon l’analyste irakien Hisham al-Hashimi, ce sont aujourd’hui pas moins de 17 des 25 leaders les plus importants de l’EI, parmi lesquels son numéro un, Abu Bakar Al Baghdadi, qui ont transité par les prisons étatsuniennes en Irak pendant les années 2004-2011.

    Un basculement s’est opéré à la fin de l’année 2012, lorsque plusieurs villes sunnites se sont soulevées pacifiquement contre le pouvoir central et que ce dernier a tenté d’écraser dans le sang le soulèvement. Dans la ville d’Hawija, au cœur de laquelle un sit-in était organisé depuis plusieurs semaines, les troupes de Bagdad ont commis le 23 avril 2013 un véritable massacre : au moins 50 mortEs et plus d’une centaine de blesséEs dans une opération qualifiée, bien évidemment, d’« antiterroriste » par le gouvernement central. Le silence du pouvoir face aux revendications et la violence de la répression ont achevé de convaincre nombre d’Irakiens de rejoindre les rangs des factions les plus radicales, au premier rang desquelles l’EI, qui a connu un spectaculaire développement après les événements d’Hawija, prenant notamment le contrôle de zones pétrolifères lui permettant de s’autofinancer et remportant de faciles victoires face à une armée irakienne mal préparée, mal entraînée et ne bénéficiant plus du soutien de l’armée US (qui s’est progressivement retirée en 2010-2011).

    … et en Syrie

    Des causes similaires, quand bien même la situation n’est pas strictement équivalente, ont produit les mêmes effets en Syrie. Le pays n’a bien sûr pas connu d’invasion et d’occupation étrangère. Mais il a lui aussi connu un soulèvement populaire en mars 2011, qui a subi (malgré son caractère pacifique) une violente répression de la part du régime, précipitant le pays dans des affrontements armés de plus en plus violents. On sait désormais que Bachar el-Assad a libéré dès 2011 des prisons syriennes des milliers de militants « djihadistes » dans l’objectif inavoué de durcir et de confessionnaliser les affrontements et de se poser comme seul garant de l’unité de la Syrie et du retour à l’ordre. Ce calcul cynique a en réalité favorisé la jonction entre ces combattants, leurs homologues venus de l’étranger et l’EI.

    Dans une Syrie dévastée par les combats et par la violence de la répression du régime, l’EI s’est en effet progressivement imposé, notamment à la lumière de son développement en Irak, comme une force de plus en plus crédible, non seulement pour lutter contre Bachar el-Assad, mais aussi pour ramener un semblant d’ordre dans les villes et régions échappant au contrôle du régime et donc livrées à elles-mêmes. La disparition des structures étatiques a en effet créé une situation de chaos dans ces zones, que l’EI se propose de pacifier et de réorganiser. En effet, en Syrie comme en Irak, l’EI comble le vide laissé par l’État, en rétablissant l’ordre et en fournissant une assistance aux populations : l’EI n’est pas seulement une bande de fanatiques avec une idéologie totalitaire, mais aussi « un système militaire, politique et économico-social bien huilé » (pour reprendre les termes de la chercheuse Myriam Benraad.

    À cet égard, et ce malgré les dénégations forcenées des chancelleries occidentales, l’EI possède bel et bien certaines caractéristiques d’un État.

    Son développement spectaculaire au cours des dernières années, en Irak puis en Syrie, aurait été impossible sans les processus de décomposition des appareils étatiques et sans la violence de la répression qui s’est abattue sur les populations marginalisées. Il ne s’agit pas de verser dans le complotisme et de proclamer que les États-Unis ou Bachar el-Assad aurait « créé » de toutes pièces l’EI. Force est toutefois de constater que les combattants et les idéologues du mouvement n’auraient jamais pu acquérir une telle audience et une telle puissance si les pouvoirs en place et leurs alliés internationaux n’avaient pas choisi la politique du pire, au mépris des revendications populaires.

    Julien Salingue

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34242