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Révolutions Arabes - Page 239

  • La Zone franche de Tanger : Zone de non-droit (Afriques en lutte)

    Le samedi 22 janvier 2015, Mohammed Charki, un ouvrier et syndicaliste à l’entreprise américaine ECI Maroc située dans la Zone Franche de Tanger Automotive (Nord du Maroc) est sauvagement agressé, insulté et tabassé par des agents de la société de sécurité privée Colinco.

    Le conflit a éclaté dès que les ouvrier-e-s ont constitué un bureau syndical pour défendre leurs droits élémentaires reconnus par le code du travail : salaire minimum, droit au repos hebdomadaire, conditions de sécurité et respect des travailleurs et travailleuses.

    Suite à cela, la direction a décidé de licencier 7 ouvriers pour stopper le mouvement. La direction n’hésite pas à recourir aux menaces, insultes et aux méthodes de terreur face aux ouvrier-e-s.

    Dans cette zone de non-droit, les entreprises n’ont plus besoin de recourir aux forces de l’ordre public, elles ont leurs propres agents de sécurité privés pour affronter toute revendication ouvrière.

    Les entreprises bénéficient du soutien de l’État qui offre des terres, des infrastructures, une main d’œuvre jeune, exploitable et corvéable, une législation suffisamment malléable pour attirer de nouvelles sociétés multinationales.

    Un nouvel Eldorado pour le capitalisme qui profite de la zone de libre échange pour faire des profits juteux avec des salaires bas, une législation du travail et des charges sociales inexistantes, un taux de chômage élevé.

    Le mercredi 4 février 2015, les agents de sécurité interviennent sauvagement pour disperser les ouvrier-e-s tenant sit-in devant l’usine. Cette intervention fait plusieurs blessés, parmi lesquels Mohamed Charki, blessé au visage. Voici les témoignages de deux ouvriers de cette usine.

    Témoignage de Safaa Bahraoui, ouvrière dans la société américaine ECI Maroc

    ECI, est une société américaine qui fabrique des câbles pour voitures, pour appareils électroniques… La société est la première usine qui s’est installée dans la nouvelle zone industrielle. Elle est située entre Tétouan et Tanger, à 40 km de Tanger et emploie environ 260 ouvriers et ouvrières. 7 ouvriers ont été licenciés pour raison syndicale, pour avoir dénoncé les conditions de travail et réclamé l’application du code du travail.

    « J’ai été menacée par un responsable de la sécurité, insultée, ensuite il m’a fait tomber par terre. Nous avons tenu un sit-in pacifique devant l’usine pour dénoncer ce manque de respect de l’agent de sécurité de la société Clinco Service.

    Pour cela, 30 ouvriers ont été licenciés, et 30 autres sont menacés. Nous avons lutté pour leur retour au travail, pour les indemnisations des heures supplémentaires, pour le droit des femmes enceintes. Maintenant ils menacent de licencier tous les ouvriers, environ 260 pour en embaucher d’autres. Nous poursuivons notre lutte, pour exiger nos droits, le respect des ouvrières et ouvriers. »

    Témoignage de Ahmed Charki : ouvrier, syndicaliste

    « J’ai dix ans d’expérience dans ce secteur. Avec d’autres ouvrières et ouvriers, j’ai dénoncé les conditions de travail exécrables, l’absence de formation pour les nouveaux travailleurs. Tout de suite après, j’ai été convoqué avec une ouvrière. Je me suis retrouvé dans une voiture, menacé, tabassé puis jeté dans la nature. Une ambulance est arrivée plusieurs heures après pour constater mes blessures.

    Nos revendications :

    - l’application du code du travail ;
    - notre salaire actuel : 2100 dirhams pour 8 h de travail, mais ils nous paient 7h30 au lieu de 8h, les 30 minutes journalières de pause sont retirées de notre salaire ;
    - en ce moment nous sommes en sit-in devant l’usine, dans la zone franche ;

    cette zone industrielle s’installe sur les terres de culture, les habitants sont menacés d’expulsion. » Solidarité avec notre camarade Mohamed Charki, syndicaliste, militant de l’AMDH et d’Attac Maroc et avec toutes les ouvrières et ouvriers de l’usine.

    ECI MAROC est la première usine à s’installer dans la nouvelle zone industrielle. Elle témoigne du nouveau visage du capitalisme sauvage mondialisé qui se croit au dessus des lois, du droit local et international. Le pouvoir marocain exproprie les paysans de leurs terres, de leur culture, de leur environnement, s’accapare leurs terres pour les céder à moindre coût à des sociétés internationales sans foi ni loi.

    À qui profite ce type de développement ?

    Souad Guennoun  10 mars 2015 

    Source : www.cadtm.org

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/egypte/article/la-zone-franche-de-tanger-zone-de

     

  • Manifestation du 8 mars à Rabat (Afriques en lutte)

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    Des milliers de femmes ont marché ce dimanche à Rabat, appelant à l’égalité et à la parité, ce 8 mars, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la femme.

    Elles étaient des dizaines de milliers à marcher, selon le PAM, et près de 20.000 femmes, selon la police. Mais, durant cette manifestation, tenue sous un jour printanier et fortes en slogans, des groupes de femmes n’ont pas vu d’un bon oeil la présence parmi elles de deux leaders politiques, à savoir Hamid Chabat, numéro un de l’Istiqlal, et Driss Lachgar, patron de l’USFP.

    Les deux dirigeants ont eu du mal à prolonger leur « séjour » parmi les manifestantes, des femmes ayant refusé que leur « présence et leur mobilisation » soient récupérées à des fins politiques. « Nous, femmes marocaines, réclamons des droits, des actions et non des slogans politiques », a affirmé à Le360 Bahija Roudani, une Casablancaise sans appartenance politique. Le chef du gouvernement en a pris également pour son grade. Il a été qualifié de « poltron » dans des slogans lui reprochant de « bafouer la dignité de la femme ».

    Lors de cette manifestation censée être exclusivement réservée aux femmes, les hommes étaient très nombreux, bien que minoritaires. Autre observation : c’est la femme du monde rurale, la femme des quartiers populaires, la femme des usines qui a manifesté, et avec fierté.

    Les observateurs ont noté toutefois l’absence des militantes des ONG, des femmes actives dans la société civile, du monde des affaires et de l’entrepreneuriat. Les femmes décisionnaires, qui ont un point politique, étaient en somme aux abonnés absents.

    « La femme a néanmoins marqué un point aujourd’hui. Et il faut que les partis politiques cessent d’exploiter cet évènement à des fins électorales. La femme a prouvé sa valeur, ses compétences. Elles mérite tout l’intérêt des pouvoirs publics », a déclaré Khadija Ahroum, de l’Association des Soulaliates de Kénitra qui, pour rappel, réclament leur droit à l’héritage au même titre que les hommes dans ce qui est communément appelé les terres Joumouae (terres collectives). 9 mars 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/manifestation-du-8-mars-a-rabat

     

  • Algérie : de l’eau dans le gaz... de schiste à In Salah (Npa)


    Crédit Photo:  DR

    Entretien.Samedi 28 février, le lancement d’un deuxième puits-pilote cette semaine par la compagnie américaine Halliburton, avec la Sonatrach, a été le détonateur de violents heurts à proximité du site gazier situé à 10 km de In Salah. Un « climat d’émeute » dira Abdelkader Bouhafs, militant anti-gaz de schiste, où les femmes participent aussi aux affrontements. Mardi 24 février, à l’occasion d’un rassemblement devant le consulat d’Algérie à Paris, nous avons rencontré Zoheir, militant algérien contre l’exploitation du gaz de schiste.


    Pourrais-tu nous donner les raisons du mouvement en Algérie et de ce rassemblement ici à Paris ?
    Aujourd’hui, en Algérie des manifestations ont lieu à travers tout le pays pour soutenir la lutte des populations de In Salah qui manifestent depuis plus de 62 jours quotidiennement contre l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste.


    Des rassemblements ont lieu le même jour en Europe : Londres, Genève, Hambourg, Lyon et donc ici Paris à l’appel de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) - France regroupant les représentants des partis Jil Jadid, RCD, MSP et Aladala, ainsi que le Collectif contre le gaz de schiste en Algérie, des associations comme ACA (Action pour le changement en Algérie), Initiative Ibtikar et des étudiants algériens de l’Association des étudiants nord-africains et des membres d’organisations françaises.


    Pour la première fois depuis l’indépendance, toutes les régions du pays se sont unifiées avec les mêmes mots d’ordre contre le gaz de schiste, contre ce régime illégitime. Les Algériens se sont mobilisés malgré la répression et des arrestations, notamment à Alger, et la présence de très nombreuses forces de l’ordre.


    Le 24 février 1971 est le jour de la nationalisation des hydrocarbures par Boumédiene… Cela touche donc à la souveraineté nationale. Les slogans des manifestantEs, « Nous ne voulons pas d’un néocolonialisme déguisé », exprime cela. L’exploration et l’exploitation du gaz de schiste se fait sans consultation de la population. Comme à son habitude, ce régime tente de passer en force, interdisant toute expression démocratique, alors que cela engage le présent et les générations futures.


    Alors qu’en France, l’exploration est actuellement arrêtée pour des raisons d’environnement et de santé publique, Total est néanmoins soutenu par les autorités françaises pour participer à son exploration en Algérie…. C’est mauvais pour les Français, mais c’est bon pour les Algériens ? La première bombe nucléaire française avait été testée dans le sud, à Reggane. À l’époque on nous a dit que cela serait sans impact. Or à ce jour, des personnes souffrent encore des séquelles dues à ces explosions. Les populations du sud ont déjà donné !


    Alors que l’Algérie est un producteur important du pétrole, pourquoi le gouvernement se lance-t-il dans le gaz de schiste ?


    Il n’y a quasiment pas d’industrie, le niveau des importations est très élevé : biens de consommation courants et produits finis financés par les exportations d’hydrocarbures qui assurent 98 % des ressources. Cela permet en outre d’assurer la paix sociale. Or, le cours du pétrole a fortement baissé et le risque à terme est de ne plus pouvoir être en capacité d’assurer la rente. Le gaz de schiste est donc ce « nouvel El Dorado » qui devrait sauver la rente. Le régime n’a pas de stratégie de développement à moyen et long terme pour sortir de cette dépendance. L’énergie solaire serait un moyen mais de la même façon, les investissements ne sont pas faits pour garantir l’avenir.


    Et pour ce qui concerne l’eau ?


    La fracturation a un impact sur la nappe phréatique. Or l’eau est vitale, notamment pour le sud. En touchant à la nappe phréatique, on se coupe un bras. Les risques sont très importants. De plus, il faut des quantités d’eau très importantes, mélangées à des produits toxiques, dans une région qui en manque. Les études d’impact ne nous satisfont pas car la confiance est nulle envers l’État. Ce sujet est d’ampleur nationale et cristallise l’opposition de toutes les organisations politiques et environnementales, et d’abord de toute la population.


    Cela peut-il être une activité créatrice d’emplois ?


    En Algérie, les entreprises étrangères viennent avec leur savoir-faire, leurs moyens et leur personnels. Il en sera de même pour le gaz de schiste. Un exemple : l’autoroute Est-Ouest a été réalisée par des travailleurs chinois, et les chômeurs algériens assis au bord de la route les regardaient travailler... L’Algérie sert-elle à régler les problèmes du chômage chinois ?


    Quel soutien pouvons-nous apporter ?


    Il faut comprendre qu’il y a des forces qui luttent pour un changement démocratique. Il est nécessaire de médiatiser, et d’informer sur la lutte menée contre le gaz de schiste en Algérie, que les populations du sud sachent qu’elles sont soutenues dans leur lutte contre le gaz de schiste par des organisations et associations françaises.

    Propos recueillis par Alain Jacques

  • Arabie saoudite. 10 faits bruts au-delà du cas de Raif Badawi (Amnesty)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/00/01/2059829115.jpeg

     

    Le 6 mars, cela fera huit semaines que les autorités saoudiennes ont flagellé en public le blogueur et militant Raif Badawi, condamné à 1 000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir « insulté l’islam » et créé un forum en ligne dédié au débat politique.

    Après avoir reçu les 50 premiers coups de fouet devant la mosquée de Djedda le 9 janvier, Raif Badawi a été examiné par un médecin qui a assuré aux autorités carcérales que ses blessures n’avaient pas suffisamment cicatrisé et qu’il n’était pas en état de subir une nouvelle série de coups.

    Le vendredi suivant, tandis qu’une commission médicale avait affirmé que Raif Badawi ne devait pas recevoir de coups de fouet en raison de son hypertension, un autre médecin de la prison a estimé qu’il n’y avait aucun problème et que son châtiment pouvait être appliqué. Ensuite, pendant cinq semaines consécutives, les séances de flagellation du vendredi n’ont pas eu lieu, pour des raisons qui demeurent inconnues. On ignore si la suite de sa sentence sera appliquée vendredi 6 mars.

    Raif Badawi a fait la une des médias du monde entier. Cette affaire n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg quant au bilan déplorable de l’Arabie saoudite en termes de droits humains. S’appuyant sur ses recherches, Amnesty International livre 10 éléments qui donnent à réfléchir :

    1. Traitements cruels, inhumains et dégradants
    Les tribunaux saoudiens continuent de prononcer des peines de flagellation à titre de châtiment judiciaire pour de nombreuses infractions, bien souvent à l’issue de procès iniques. Outre Raif Badawi, au cours des deux dernières années, les défenseurs des droits humains Mikhlif bin Daham al Shammari et Omar al Said ont été condamnés à 200 et 300 coups de fouet respectivement, et l’employée de maison philippine Ruth Cosrojas à 300 coups de fouet. Les amputations et les amputations croisées servent aussi de châtiment pour certains crimes.

    2. Montée en flèche des exécutions
    L’Arabie saoudite compte parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes : chaque année, des dizaines de condamnés sont exécutés, la plupart étant décapités en place publique. Depuis le début de l’année 2015, 40 personnes ont été mises à mort, presque quatre fois plus que pour la même période en 2014.

    3. Répression contre les militants
    Outre Raif Badawi, des dizaines de militants sont toujours derrière les barreaux, simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les autorités prennent pour cible la communauté des défenseurs des droits humains, petite mais active, et utilisent les lois antiterroristes pour réprimer leurs activités pacifiques qui visent à dénoncer et à combattre les violations des droits humains.

    4. Dissidence étouffée
    Tous les rassemblements publics, y compris les manifestations, demeurent interdits au titre d’un arrêté pris en 2011 par le ministère de l’Intérieur. Ceux qui bravent cette interdiction risquent d’être arrêtés, poursuivis et emprisonnés, entre autres pour avoir « incité la population à s’opposer aux autorités ».

    5. Discrimination systématique à l’égard des femmes
    Les femmes et les filles sont toujours confrontées à la discrimination dans la loi et en pratique. Les femmes sont subordonnées aux hommes aux termes de la loi, en particulier dans les affaires liées à la famille comme le mariage, le divorce, la garde des enfants et l’héritage. Les femmes qui soutiennent la campagne pour contester l’interdiction faite aux femmes de conduire risquent d’être harcelées, intimidées, voire arrêtées par les autorités.

    6. La torture, pratique courante en détention
    Selon notamment d’anciens détenus et des accusés, le recours à la torture et aux autres mauvais traitements demeure courant et très répandu, et ces sévices sont infligés en toute impunité par des membres des forces de sécurité.

    7. Arrestations et détentions arbitraires
    Un très grand nombre de personnes sont arrêtées et placées en détention provisoire pendant plus de six mois, ce qui constitue une violation du Code de procédure pénale saoudien. Les détenus sont souvent maintenus au secret pendant les interrogatoires et privés du droit de consulter un avocat. Des défenseurs des droits humains sont détenus sans inculpation ni jugement depuis plus de deux ans.

    8. Discrimination religieuse profondément enracinée
    Des membres de la minorité chiite, dont la plupart vivent dans la région pétrolifère de la province de l’Est, font toujours l’objet d’une discrimination profondément enracinée qui restreint leur accès aux services gouvernementaux et à l’emploi. Des militants chiites ont été condamnés à mort ou à de lourdes peines de prison pour leur participation présumée aux manifestations de 2011 et de 2012.

    9. Expulsion massive de travailleurs migrants
    Selon le ministère de l’Intérieur, la répression contre les travailleurs migrants en situation irrégulière en novembre 2013 s’est traduite par l’expulsion de plus de 370 000 travailleurs ; 18 000 autres étaient toujours en détention au mois de mars 2014. Plusieurs milliers de travailleurs ont été sommairement renvoyés en Somalie, au Yémen et dans d’autres pays, où ils risquent d’être victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux.

    10. Ce qui se passe dans le royaume reste dans le royaume
    Les autorités refusent d’autoriser les organisations indépendantes de défense des droits humains, comme Amnesty International, à entrer dans le pays et prennent des mesures répressives, notamment par l’intermédiaire des tribunaux, contre les militants et les proches de victimes qui prennent contact avec Amnesty.

    5 mars 2015, 15:27

    https://www.amnesty.org/fr/articles/news/2015/03/saudi-arabia-in-ten-brutal-facts/

  • Nouveautés AFPS

  • Le Havre: Julien salingue

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  • Israël : une liste arabe unifiée qui peut changer la donne (Npa)

    C’est sur un coup de tête que Benjamin Netanyahou a annoncé de nouvelles élections législatives qui auront lieu le 17 mars...

    Avec une majorité confortable, même après le départ de son allié du centre droit Yesh Atid, Netanyahou pouvait tranquillement aller jusqu’à la fin de son mandat, et poursuivre sa politique jusqu’au-boutiste et suicidaire qui va jusqu’à provoquer une crise majeure avec l’allié étatsunien.

    Un Likoud sans opposition
    Tout laisse prévoir que ces élections vont être un coup pour rien, et qu’au lendemain du 17 mars ce sera du pareil au même. Pourtant, Netanyahou n’est pas apprécié, c’est peu de le dire, et sa politique intérieure et internationale n’est pas un succès : la croissance économique s’essouffle, le niveau de pauvreté a encore augmenté et l’isolement d’Israël sur la scène internationale est sans précédent. Sans oublier l’agression militaire contre Gaza, qui, pour l’État hébreu, a été un échec.
    Si tous les sondages donnent le Likoud gagnant, ce n’est donc pas tant à cause d’une éventuelle performance de la part de la coalition de droite, mais plutôt à cause de la nullité de ce qu’on appelle encore l’opposition. En réunissant leurs forces dans une seule formation politique, les Travaillistes menés par Ytzhak Herzog et le « Mouvement » de l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Tsipi Livni, pensaient gagner une majorité lors du prochain scrutin, mais ils n’ont pas réussi leur percée. L’électorat est moins bête que ce qu’on a l’habitude d’écrire dans les médias, et il comprend que la nouvelle coalition n’est qu’un Likoud B, qui non seulement n’a rien à opposer à Netanyahou, mais s’oriente ouvertement vers un gouvernement d’union nationale. Les électeurs préféreront toujours l’original à une pale copie…
    Rajoutons que même s’il faisait un meilleur score que le Likoud, le tandem Herzog-Livni n’a pas les moyens de former une coalition majoritaire de centre gauche. Il n’y a donc rien à attendre de ces prochaines élections… sauf du côté de l’électorat arabe, et c’est bien dans ce secteur que nous sommes témoins d’une véritable révolution.

    Dynamique unitaire autour de la « Liste commune »
    En effet, l’amendement à la loi électorale concocté par le ministre des Affaires étrangères d’extrême droite, Avigdor Lieberman, qui a augmenté le minimum nécessaire pour avoir des élus, a obligé tous les partis arabes à s’unir dans un seul bloc électoral : communistes, nationalistes et islamistes se sont donc unis dans la « Liste commune » et, s’ils parviennent à mobiliser l’électorat palestinien d’Israël, peuvent obtenir 14 élus, certains rêvant même de 15, devenant ainsi la troisième formation à la Knesset. Cette dynamique unitaire a permis à quelques centaines de militantEs juifs de la gauche non sioniste de se retrouver ensemble pour soutenir une liste qui est la seule à se positionner en opposition au discours dominant et consensuel dans la population juive.
    La priorité est aujourd’hui de convaincre l’électorat arabe d’Israël d’aller voter, car au cours des deux dernières décennies l’abstention était de près de 50 %. Si une dynamique de soutien à la « Liste commune » se concrétise, on peut légitimement espérer qu’elle se poursuive après les élections, mettant ainsi fin à une quinzaine d’années de recul dans la mobilisation populaire de la minorité palestinienne d’Israël. En ce sens, la constitution d’une liste arabe unifiée change la donne, et pas seulement sur le plan électoral.

    Michel Warschawski

    Article publié dans le Courrier de Genève.
    Intertitres de la rédaction de l’Anticapitaliste.

    http://npa2009.org/actualite/israel-une-liste-arabe-unifiee-qui-peut-changer-la-donne

  • Nouveautés sur AFPS Rennes

    • Export Armes : La France a émis 112 autorisations à destination d’Israël.

      6 mars

      Entre 2003 et 2008, la France a exporté plus de 521 millions d’Euros d’armes vers Israël. La France a également exporté vers Israël des équipements spécialisés pour la reconnaissance, tels que les systèmes laser. D’après le Ministère français de la Défense, la France reçoit chaque année entre 4 000 et 6 000 demandes internationales d’armement. La France a émis 6 605 autorisations d’exportation d’armement, dont 112 à destination d’Israël. Ces autorisations d’exportation d’armement représentent, selon le (...)


    • Gaza : la lettre de l’AFPS

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      La situation humanitaire, économique et politique dans la bande de Gaza, sous blocus depuis plus de 8 ans, se dégrade constamment depuis l’attaque israélienne de l’été 2014. Gaza, partie intégrante de la Palestine, est confrontée à une violente stratégie israélienne d’étranglement, de division et de plongée dans l’oubli. Une information spécifique régulière semble nécessaire. Le Groupe de Travail Gaza de l’AFPS vous présente le premier numéro de la lettre mensuelle d’information que nous avons décidé de (...)


    • L’OLP appelle à la fin de la collaboration répressive entre l’Autorité palestinienne et l’occupant israélien

      6 mars

      Le conseil Central de l’organisation recommande aux autorités palestiniennes de cesser « la coopération sécuritaire sous toutes ses formes avec la force d’occupation » - une requête qui doit être ratifiée par le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Le conseil central de l’Organisation de Libération de Palestine a déclaré vouloir en finir avec la coopération sécuritaire avec l’Israël, en réponse à la décision israélienne, potentiellement explosive, de retenir les principales ressources financières (...)


    • Haneen Zoabi : Notre discours et son impact politique

      5 mars

      Suite à la bataille juridique qui lui rendu son droit de siéger à la Knesset, Hanin al-Zoabi explique les idées fausses qui ont cours sur l’identité, le message et la lutte des citoyens palestiniens d’Israël. __7__ Hanin Zoabi lors d’une intervention à la Knesset, alors qu’une députée du parti Yisrael Beteinu qui tentait de l’agresser est évacuée de la tribune - Photo : AFP/David Vaaknin __7__ La dernière tentative pour me disqualifier de la Knesset et pour m’empêcher de concourir aux élections (...)


    • Lea Tsemel, ou l’avocate sans frontières

      4 mars

      Michel Warschawski fait ici le portrait de Léa Tsemel, candidate sur la liste arabe unie pour les élections à la Knesset, le parlement israélien... Une trentaine de personnes se pressent dans la salle d’attente, dans le couloir, sur le palier et même dans les escaliers. Beaucoup sont venus en famille, et les enfants profitent du coin aménagé pour eux. Certains ont apporté leur pique-nique et se préparent un thé à la sauge dans d’anciennes toilettes réorganisées en kitchenette. Un autre, faute de temps (...)


    • Propagande, formatage de l’opinion publique : c’est la radio d’État de guerre ?

      4 mars

      Virée de la radio publique en raison de sa non conformité à l’idéologie d’État, "Là-bas si j’y suis" et l’équipe de Daniel Mermet continuent leur travail de déconstruction de la machine à décerveler sur internet. Vous pourrez écouter l’émission consacrée à l’antisémitisme, en réponse aux élucubrations diffamatoires de Dominique Reynié sur France-Inter : cliquez sur le lien proposé ci dessous ! En attendant notre 7/9 NEUF on est encore obligé d’écouter les autres. Et on n’a pas été déçu le 17 février par l’invité (...)

    • Israël se précipite vers une guerre sans merci contre Gaza

      3 mars

      Israël se dirige vers la prochaine éruption de violence avec les Palestiniens comme s’il s’agissait d’une sorte de catastrophe naturelle qui ne peut pas être évitée. La prochaine guerre éclatera cet été. Israël lui donnera un autre nom puéril et elle aura lieu à Gaza. Il y a déjà un plan pour évacuer les communautés israéliennes le long de la frontière de la bande de Gaza. Israël sait que cette guerre va éclater, et Israël sait aussi pourquoi – et il s’y précipite au grand galop les yeux bandés, comme si (...)

    • Revenir de l’école maternelle pour découvrir qu’Israël a démoli votre maison

      3 mars

      Cette semaine, les autorités ont démoli des maisons dans le village bédouin non reconnu de Saawa – pour la quatrième fois. Par Gideon Levy et Alex Levac | 28 février 2015 | Salameh al-Kasasi est revenu dimanche de la Maternelle pour découvrir que sa maison avait été démolie. Il était parti de chez lui le matin et revenu à midi – vers rien. Quand son père est arrivé, après avoir été détenu par la police pendant 40 minutes, il a vu son fils debout sur un tas de décombres dans lequel il fouillait. « Qu’est-ce (...)

     

     

     

  • Gaz de schiste : les Algériens se mobilisent contre le régime et l’ingérence des multinationales pétrolières (Bastamag)

    Les mobilisations sociales enflent en Algérie, contre l’exploitation future des gaz de schiste, autorisée par le gouvernement.

    Ces forages, à proximité des villes et des oasis sahariens, menacent les précieuses ressources en eau. Total, l’État français, et d’autres multinationales, sont accusés d’ingérence, cinquante ans après les essais nucléaires menés par l’ancienne puissance coloniale dans le Sahara algérien. Basta ! et l’Observatoire des multinationales publient aujourd’hui un rapport sur les enjeux de cette mobilisation écologique et le rôle de la multinationale française.

    Le groupe français Total, d’autres multinationales pétrolières ainsi que le gouvernement algérien, sont dans la ligne de mire d’une contestation écologique et démocratique inédite en Algérie. Depuis le 31 décembre 2014, un mouvement citoyen opposé à l’exploitation des gaz de schiste secoue le pays (notre précédent article). Parti d’In Salah, une ville de 50 000 habitants au cœur du Sahara, proche des sites de forage, le mouvement accuse la multinationale pétrolière française de recourir à l’utilisation de la fracturation hydraulique sur leur territoire, alors même que cette technique fait l’objet d’une interdiction en France depuis 2011 [1]. Et dénonce l’inconséquence de l’entreprise publique Sonatrach et du gouvernement algérien qui font peser sur la région de graves risques de pollutions. Malgré la répression, le mouvement se poursuit. Pour en éclairer les ressorts et l’importance, et interroger le rôle de Total ainsi que des États algériens et français, Basta ! et l’Observatoire des multinationales rendent public ce 6 mars un rapport sur Total et les gaz de schiste en Algérie (pour télécharger le rapport).

    Tout part de la visite des ministres algériens de l’Énergie et de l’Environnement le 27 décembre 2014, dans le bassin d’Ahnet, dans l’immensité du Sud algérien, à 1200 km au Sud d’Alger. Ils viennent saluer le « succès » du premier forage pilote de gaz de schiste conduit par la Sonatrach, la compagnie nationale, devant un parterre de journalistes [2]. L’exploitation des gaz de schiste est rendue possible en Algérie par une nouvelle loi sur les hydrocarbures promulguée en 2013 [3]. La population d’In Salah se découvre voisine du « premier » site de forage, et prend connaissance du projet d’exploration par voie de presse. Très rapidement, la présence sur le forage de firmes étrangères – notamment Halliburton, Schlumberger et Total – est évoquée sur les réseaux sociaux.

    Entre opacité et double discours

    Total a effectivement remporté le 22 décembre 2009 un appel d’offre pour acquérir près de 49% (la majorité revenant à la compagnie nationale Sonatrach) du permis « d’exploration et d’exploitation Ahnet » [4]. Total espère alors démarrer l’exploitation en 2015 et estime le potentiel du permis à 700 millions de barils équivalent pétrole. Des négociations avec le gouvernement algérien sont entamées en 2011. Mais alors qu’en France, organisations altermondialistes et écologistes s’apprêtent à lancer une campagne demandant à Total de se retirer de la concession et de ne pas recourir à la fracturation hydraulique, c’est la surprise [5]. Fin janvier 2015, pendant que les mobilisations citoyennes d’In Salah gagnent Alger, Total précise ne plus être présent sur la concession d’Ahnet. Pourquoi ce revirement ?

    Un accord sur les conditions fiscales et commerciales de l’exploitation de ce gisement n’aurait pas abouti, explique Total [6]. Or, « les dates ne concordent pas », pointe un observateur algérien. Un permis ayant été accordé fin 2009 pour une durée de cinq ans, il n’aurait dû arriver à expiration qu’à la fin de l’année 2014 et non en juin, comme l’affirme la multinationale. Contactée par Basta ! et l’Observatoire des multinationales, Total n’a pas souhaité répondre à nos demandes de précisions.

    Inavouable fracturation hydraulique

    Fin février, alors que la répression s’accentue à l’encontre des citoyens d’In Salah, l’eurodéputé écologiste José Bové publie une tribune qui met en doute les affirmations du géant français. « Le simple fait que Total songe à exploiter le gaz de schiste dans le désert montre une fois de plus que cette entreprise est criminelle », écrit-il [7]. Le 2 mars, Total dément l’information sur twitter : « Pas de production, d’exploitation, ni de demande de permis pour Total. » 

    La compagnie pétrolière assure ne plus être impliquée dans l’exploration de « gaz de schiste » en Algérie. Mais elle ne dit rien sur le « tight gas », un autre gaz non conventionnel, piégé dans des roches très compactes, dont l’exploitation nécessite aussi de recourir à la fracturation hydraulique. Or, c’est bien du « tight gas » qu’était censée receler la concession d’Ahnet. Si Total en était arrivé au point de négocier les conditions commerciales d’exploitation avec l’Algérie, des forages exploratoires ont dû avoir lieu. Sinon, comment estimer les réserves de gaz « probables » enfouies sous les dunes à l’Ouest d’In Salah ? Par ailleurs, même si elle s’est retirée d’Ahnet, l’entreprise détient encore une autre concession de tight gas à l’Ouest de l’Algérie, à Timimoun (37,5 % des parts pour Total, 51 % pour Sonatrach et 11,25 % pour Cepsa, une compagnie espagnole) avec une mise en production fixée en 2017 [8]. Si la filiale de Total en Algérie reconnaît son implication, elle botte en touche lorsque la question du recours à la fracturation hydraulique est évoquée [9].

    « Total joue sur les mots et les nuances pour gagner du temps, commente Hacina Zegzeg, engagée dans le mouvement à In Salah. Notre revendication concerne le refus de l’exploitation par fracturation hydraulique » Les activistes algériens voient dans la décision gouvernementale d’ouvrir la voie aux gaz de schiste la marque de l’influence des multinationales pétrolières. La campagne de forages pilotes lancée par la Sonatrach semble avoir pour principal objectif de prouver l’existence de réserves de gaz de schiste, pour mieux amadouer les entreprises étrangères. Une manière d’assumer à leur place les investissements – et donc les risques financiers – de l’exploration [10].

    L’eau, « plus sacrée que le pétrole »

    Problème : le recours à la fracturation hydraulique pose crûment la question des ressources en eau, en plein Sahara. La consommation intensive d’eau et la pollution des nappes souterraines et de surface constituent autant de menaces, qui sont au cœur des préoccupations du mouvement citoyen d’In Salah. Dans cette zone aride, la pollution des eaux est perçue comme « une question de vie ou de mort », relate Hocine Malti, ancien cadre de la Sonatrach. L’agriculture, permise par l’irrigation des palmeraies, est la principale source de revenus de la population.

    La demande officielle de moratoire sur le gaz de schiste, cosignée par des experts algériens et adressée le 21 février au président Abdelaziz Bouteflika, met en exergue ces risques environnementaux – pollution de l’eau, de l’air, séismes – et les répercussions sur la santé [11]. « La première revendication est qu’il n’est pas question de faire des investissements qui touchent à l’eau, observe Ghazi Hidouci, ancien ministre de l’Économie et des Finances d’Algérie entre 1989 et 1991 [12]. Les habitants ont bien compris que l’eau est plus sacrée que le pétrole ».

    Produits chimiques mortels

    La Sonatrach assure de son côté maîtriser la technique de fracturation. La compagnie l’aurait initiée à Hassi Messaoud, au Nord-Est d’In Salah dès 1956 pour des gisements pétroliers. Elle aurait fracturé en moyenne 50 puits par an sur ce champ, entre 2006 à 2010. « Ces forages, tout comme le reste des puits conventionnels, ont traversé des nappes aquifères sans pour autant avoir eu un impact sur l’environnement », plaide Said Sahnoun, PDG par intérim de la Sonatrach [13]. La compagnie assure également qu’elle ne lésinera pas sur les mesures de protection de l’environnement. Or, l’expérience prouve qu’il existe toujours une proportion non négligeable de puits défectueux, même aux États-Unis. Guère convaincus par la communication rassurante des autorités algériennes, des habitants d’In Salah décident de pénétrer le 3 février sur le site du forage. Via des photos et vidéos postées sur les réseaux sociaux, ils dénoncent l’absence de traitement des eaux et des boues de forage, désavouant les propos de la compagnie nationale.

    Les activistes découvrent également la présence de produits chimiques, comme l’Ezeflo110, servant à la facturation hydraulique. Ces substances extrêmement dangereuses sont posées sur de simples palettes alors qu’elles devraient être stockées dans des lieux protégés. De quoi mettre en doute la capacité de la Sonatrach à maitriser la gestion des déchets et le stockage de produits chimiques mortels. La présence d’Halliburton sur le site est également confirmée par plusieurs sacs appartenant à la compagnie. Celle-ci interviendrait en appui technique de la fracturation hydraulique, et non directement comme opérateur.

    Le Sahara, terrain de jeu des expérimentations françaises ?

    Les craintes des habitants d’In Salah sont d’autant plus fortes que la région n’en est pas à ses premières expérimentations technologiques. Les forages pilotes par fracturation hydraulique rappellent aux populations sahariennes la dramatique période des essais nucléaires français dans le sud du pays, à Reggane, dans les années 1960, dont la population locale souffre encore. « J’en déduis qu’ils expérimentent, témoigne une habitante d’In Salah. Que nous sommes, comme nos concitoyens de Reggane, le terrain de prédilection des expérimentations françaises. » « L’anniversaire de ces essais était jusque-là évoqué dans le silence le plus total, observe Ghazi Hidouci. Cette année, cela a fait grand bruit. Au Sahara les gens ont parlé, se sont montrés, cela a pris une résonance politique. »

    Un demi-siècle plus tard, les tensions restent vives en Algérie au sujet d’une éventuelle ingérence de l’ancienne puissance coloniale. De nombreux habitants ont en tête le projet d’accord de partenariat entre le président algérien et le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius, dont la presse s’est faite l’écho en 2012. Cet accord viserait à permettre aux entreprises françaises d’expérimenter des techniques alternatives à la fracturation hydraulique en Algérie [14]. « Il n’existe, à notre connaissance, aucun accord de ce type », indique une source diplomatique française. Le sujet du gaz de schiste « n’est pas discuté dans le cadre de notre dialogue bilatéral avec l’Algérie », assure-t-on. Les récents propos de l’Ambassadeur de France à Alger concernant un « renforcement du partenariat français avec l’Algérie », impliquant les gaz de schiste auraient été déformés [15].

    Les voix d’In Salah réprimées

    Le gouvernement algérien n’a pour l’instant pas répondu à la demande de moratoire envoyée par le mouvement citoyen d’In Salah le 21 février. Ces dernières semaines, les dirigeants ont tenu des propos contradictoires, minimisant dans un premier temps le problème en déclarant qu’il ne s’agissait que de projets pilotes voués à s’arrêter, et que la décision de développer le gaz de schiste n’interviendrait pas avant plusieurs années. D’autres interventions tendent plutôt à présenter le gaz de schiste comme un fait accompli.

    A l’occasion des mobilisations nationales contre le gaz de schiste en Algérie le 24 février, Abedelaziz Bouteflika s’est montré plus clair, en affirmant sa volonté de faire « fructifier » et de « tirer profit » de tous les hydrocarbures, dont les gaz de schiste qualifiés de « dons de Dieu ». Le 28 février, au 62e jour de la contestation, le mouvement citoyen d’In Salah est sévèrement réprimé, après avoir alerté sur une possible utilisation de la fracturation hydraulique par la compagnie Halliburton, sur un deuxième puits d’exploration. « Cette répression s’est poursuivie jusqu’au centre-ville par le saccage de la Place de la Résistance, lieu symbolique du mouvement citoyen », dénoncent les collectifs français opposés au pétrole, gaz de schiste et de houille [16].

    « On pose les jalons d’une pensée écologique en Algérie »

    L’engouement du gouvernement algérien pour les hydrocarbures non conventionnels s’explique par son inquiétude face à l’épuisement progressif des ressources conventionnelles, dont le pays est extrêmement dépendant d’un point de vue économique. Pour beaucoup d’observateurs, la stabilité politique du régime dépend de sa capacité à acheter la paix civique en maintenant des budgets sociaux suffisamment élevés. Paradoxe : le choix d’investir directement dans l’exploration, en assumant tous les risques financiers et environnementaux, intervient à un moment où, ailleurs dans le monde, gaz de schiste et fracturations hydrauliques sont de plus en plus combattus.

    « L’avenir énergétique de l’Algérie n’est pas dans les schistes mais dans l’optimisation de nos ressources conventionnelles, le développement des énergies renouvelables, dans le mixte énergétique et dans les économies d’énergies », écrivent les habitants mobilisés d’In Salah au président Bouteflika. Des revendications qui font progressivement tâche d’huile dans le pays, reprises d’un bout à l’autre des provinces sahariennes. « Il y a différents groupes de réflexion sur l’environnement, le développement durable. On est en train de poser les jalons d’une pensée écologique en Algérie », espère une militante. La démocratie verte chassera-t-elle la répression kaki ?

    Sophie Chapelle et Olivier Petitjean

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