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Au Maroc, la mort vendredi d'un vendeur de poissons, broyé par une benne à ordures en voulant récupérer sa marchandise saisie, suscite une vague d'indignation et de manifestations. Rabat affiche sa volonté de "punir" les responsables de ce drame.
Ils étaient des milliers à participer à ses funérailles, dimanche 30 octobre, dans la ville d'Al-Hoceima, dans le nord du Maroc. Mouhcine Fikri, un marchand de poissons d'une trentaine d'années, est mort vendredi soir dans la même ville, happé par une benne à ordures, alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise saisie par des agents de la ville.
Les circonstances effroyables de sa mort, filmée sur un téléphone portable et diffusée sur Internet, ont choqué la population. Une photo de la victime inanimée, la tête et un bras dépassant du mécanisme de compactage, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, qui ont relayé des appels à manifester dans tout le pays.
"Nous sommes tous Mouhcine !"
Des manifestations ont eu lieu en signe de protestation. Le soir-même de ses funérailles, une marée humaine a envahi le centre-ville d'Al-Hoceima, a constaté un journaliste de l'AFP. "Criminels, assassins !", scandaient notamment les milliers de manifestants, "Arrêtez la hogra (l'arbitraire)", ou encore "Écoute makhzen [palais royal, NDLR], on n'humilie pas le peuple du Rif !". Le rassemblement, au fort accent identitaire berbère et revendiquant l'héritage rebelle de la région, s'est déroulé jusqu'à 21 h 30 (locales et GMT) sans incident.
Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi - fait peu ordinaire - à Casablanca, Marrakech et Rabat, où plus d'un millier de personnes ont défilé au cri de "Nous sommes tous Mouhcine !", brandissant la photo de la victime.
Le Rif, une région à la réputation de frondeuse
De leur côté, les autorités marocaines ont affiché leur volonté de "punir" les responsables du drame. Actuellement en Tanzanie, au terme d'une tournée diplomatique en Afrique de l'Est, le roi Mohammed VI a dépêché dimanche à Al-Hoceima son ministre de l'Intérieur Mohammed Hassad, qui est venu "présenter les condoléances et la compassion du souverain à la famille du défunt".
La ville côtière d'Al-Hoceima, comptant environ 55 000 habitants, fut le cœur de la révolte contre le colonisateur espagnol dans les années 1920, puis le théâtre d'une insurrection populaire en 1958. Longtemps délaissée sous le règne de Hassan II, la région du Rif a une réputation de frondeuse et entretient des relations difficiles avec le pouvoir central. Elle fut aussi l'un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011.
Le suicide d'un vendeur ambulant fin 2010 en Tunisie est souvent vu comme l'un des éléments déclencheurs de ces Printemps arabes. L'homme s'était immolé par le feu en réaction à la saisie de sa marchandise par les autorités. En pointe dans les manifestations de 2011, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a "dénoncé" le rôle de l'État qui "foule aux pieds la dignité des citoyens" et mis en garde contre "une possible répétition" du mouvement du 20-Février. Un scénario particulièrement délicat pour les autorités alors que s'ouvre dans une semaine à Marrakech la conférence internationale sur le climat, la COP22, dont Rabat entend faire une vitrine internationale.
Un appel lancé par l’Association « Action pour la Syrie » pour envoyer un message fort au Kremlin, réclamant qu’en 2018, la Coupe du Monde de Football n’ait pas lieu en Russie et exigeant qu’un autre pays hôte soit désigné si l’invasion criminelle russe ne s’arrête pas immédiatement en Syrie.
APPEL AU BOYCOTT DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL 2018 EN RUSSIE
Au moment où le peuple syrien subit la plus odieuse des barbaries de notre époque, le monde observe, dans un silence complice, l’une des plus puissantes armées du monde, enterrer dans un bain de sang, une révolte légitime contre un régime totalitaire et despotique.
Alep, ville multi‐millénaire, berceau des civilisations, maison des trois religions monothéistes, terre d’accueil pour les réfugiés tcherkesses en 1877, arméniens en 1915, grecs en 1943, palestiniens depuis 1948, irakiens en 2003 ou libanais en 2006,... est aujourd’hui une ville martyre, devenue un laboratoire de tests pour armes russes.
Depuis son intervention militaire en Syrie, la Russie a écrasé 3264 civils sous les bombes, parmi eux 619 femmes et 911 enfants. 32 médecins, 11 membres de la Défense Civile, ainsi que 12 activistes médias. Au moins 417 installations et infrastructures, parmi lesquelles des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, des monuments historiques, ont été ciblées, partiellement endommagées ou totalement détruites. Même les convois humanitaires ne sont pas épargnés. Sur les 147 attaques de missiles à sous‐munitions comptabilisées, seulement 3 ont visé des zones sous le contrôle de Daesh et au moins 48 attaques à l’aide d’armes incendiaires, interdites par le Droit International, ont visé les civils.
Tous ces actes viennent s’ajouter à la liste, déjà effrayante, des crimes du régime syrien, que la Russie est venue épauler dans cette funeste besogne : près de 700 000 morts, des centaines de milliers de personnes emprisonnées et torturées, 2 millions de maisons effacées de la carte causant l’exil et le déplacement de plus de la moitié de la population.
Malgré cela, la Russie persiste, par ses nombreux vétos au Conseil de Sécurité, à empêcher tout soulagement de la souffrance du peuple syrien.
Nous vous demandons, avant qu’il ne soit trop tard, d’utiliser tous les moyens de pression pour envoyer un message fort au Kremlin. Réclamons qu’en 2018, la Coupe du Monde de Football n’ait pas lieu en Russie. Exigeons ensemble qu’un autre pays hôte soit désigné si l’invasion criminelle russe ne s’arrête pas immédiatement en Syrie.
Peut‐on dormir tranquillement face à ces crimes contre l’humanité sans réagir ? « Plus jamais ça ! », disait‐on... Le silence du monde est une complicité, sa passivité est un crime.
Citoyens du monde libre, organisations et représentants des sociétés civiles et fédérations sportives, syndicats, ONG, gouvernements et autorités religieuses, une patrie et un peuple martyrs menacés de disparaître font appel à votre conscience. Nous vous interpellons afin d’ajouter votre voix et vos actions aux nôtres pour réclamer le boycott de la Russie.
Vive la noble lutte du peuple syrien pour la liberté, la démocratie et la justice !
Twitter : Boycott Russia 2018 / @18BoycottRussia Mail : boycottrussia.worldcup2018@gmail.com ___________________________________________________________________
نداء لدعم حملة مقاطعة كآس العالم لكرة القدم في روسيا
مقاطعة_روسيا٢٠١٨#
بينما يعاني الشعب السوري من أقذر الجرائم البربرية في عصرنا، يراقب العالم في صمت متواطئ ، واحداً من أقوى الجيوش في العالم ، يدفن في حمام من الدم، انتفاضة شعبية مشروعة ضد نظام شمولي واستبدادي
حلب المدينة القديمة قدم التاريخ، في قلب مهد الحضارات، وموطن الديانات السماوية الثلاث ، كانت ملاذاً للاجئين الشركس في عام 1877، والأرمن عام 1915، واليونان عام 1943، الفلسطينيين منذ عام 1948 والعراقيين عام 2003 واللبنانيين عام 2006،... غدت اليوم مدينة شهيدة ومخبراً لتجربة الأسلحة الروسية
سحقت روسيا منذ تدخلها العسكري في سوريا 3264 من المدنيين قضوا تحت القنابل ، بينهم 619 امرأة و 911 طفلاً و32 طبيب و11 من عاملي الدفاع المدني ، فضلا عن 12 ناشطا إعلاميا. بالإضافة إلى هؤلاء الضحايا لا يقل عن 417 من المرافق الحيوية والبنى التحتية ، بما في ذلك المستشفيات والمدارس وأماكن العبادة ، والمعالم التاريخية التي استهدفت ، فتضررت جزئياً أو دمرت كليا. حتى قوافل الإغاثة الإنسانية لم تسلم من التدمير ومن بين 147 هجوما تم توثيقها بالصواريخ المدمرة للملاجئ ، فقط ثلاثة مناطق هي تحت سيطرة داعش تم استهدافها. ونفذت ضد المدنيين لا يقل عن 48 هجمة بأسلحة حارقة وعنقودية محرمة دولياً
كل هذه الجرائم جاءت لتضاف إلى قائمة جرائم النظام السوري المروعة ، حيث جاءت روسيا لاداء هذه المهمة القذرة 700000 قتيل ومئات الآلاف من السجناء والمعذبين ، و 2 مليون وحدة سكنية تم تدميرها بالكامل تسببت في تشريد أكثر من نصف السكان. مع كل ذلك استمر اصرار روسيا بلجوئها مرات عديدة لحق النقض في مجلس الأمن ، لمنع أي قرار يخفف من معاناة الشعب السوري
إننا نناشدكم باستخدام كل وسائل الضغط لتوجيه رسالة قوية إلى الكرملين قبل فوات الأوان. لنطالب بعدم تنظيم كأس العالم 2018 لكرة القدم في روسيا. وأن نفرض اختيار بلد مضيف آخر لهذه الألعاب إذا لم يتوقف الغزو الروسي المجرم على الفور في سوريا
هل يمكن أن ننام بسلام امام هذه الجرائم ضد الإنسانية وبدون رد فعل ؟ قيل كثيرا (لن تتكرر هذه الجرائم بعد اليوم) …إن صمت العالم تواطئ وسلبيته جريمة
يا مواطنوا العالم الحر، منظمات وممثلي المجتمعات المدنية والاتحادات الرياضية والنقابات والمنظمات غير الحكومية والحكومات والسلطات الدينية ، هناك دولة وشعب مهددون بالاندثار وهم يوجهون نداءهم إلى ضمائركم. اننا ندعوكم أن تضيفوا صوتكم وجهدكم الينا للمطالبة بمقاطعة روسيا.
عاش كفاح الشعب السوري النبيل من أجل الحرية والديمقراطية والعدالة.
Le gouvernement néo-libéral, dirigé par des notables de l’ancien régime alliés aux islamistes d’Ennahdha, veut faire voter avant fin décembre un budget d’austérité drastique. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les mouvements sociaux persistent et que ceux-ci soient réprimés avec une vigueur (...)
Brisons le siège d’Alep Solidarité avec le peuple syrien en lutte contre la barbarie Appel au rassemblement à Paris Samedi 29 octobre 2016 de 15h00 à 18h00 Esplanade des droits de l’Homme, Place du Trocadéro Métro : Trocadéro Rassemblons-nous pour exprimer notre solidarité avec le peuple syrien (...)
Dans une Déclaration reproduite intégralement ci-dessous, un collectif de 29 militant(e)s de la gauche tunisienne a rendu publique son analyse critique du gouvernement dit « d’union nationale » intronisé par le parlement le 26 Août 2016. Le Gouvernement dit d’union nationale, constitué le 26 Août (...)
Maureen Clare Murphy, 25 octobre 2016 Une agence des Nations Unies demande un accès humanitaire pour un camp de réfugiés en proie à la guerre, dans une zone rurale aux abords de Damas, après que quatre réfugiés palestiniens aient été tués, ainsi qu’une Syrienne, la semaine dernière alors qu’ils essayaient de fuir. « Nofeh Mohammed...
EN SOUTIEN AU THÉÂTRE DE LA LIBERTÉ DE JÉNINE EN PALESTINE CONCERT DE JAZZ avec : Dominique Pifarély, violon Nico Morelli, piano Belkacem Drif, batterie Julio Laks, piano Laurent Olive, basse Jef Sicard, sax, clarinette Jean-Paul Adam, sax Giovanni Licata, contrebasse Sergio Gruz, piano Didier Haboyan, sax Le dimanche 20 novembre à 16h 111...
Joharah Baker The Electronic Intifada Jérusalem 21 Octobre 2016 La tente-ambassade aborigène de Richard Bell. (Aline Khoury) « Survivre est un instinct très fort ». Ces mots ont une résonnance en Palestine, même lorsqu’ils sont exprimés dans une autre langue par un homme qui se consacre à une lutte différente et vit aux antipodes. Beaucoup de ce...
Amahl Bishara, le 21 octobre 2016 La nomenclature même des Palestiniens de ‘48 et des Palestiniens de ‘67 montre à quel point la Nakba demeure à la racine de la fragmentation des Palestiniens. Les routes fonctionnent comme un des premiers instruments de séparation entre les deux. Des voitures dotées de plaques minéralogiques israéliennes jaunes passent par...
le 20 Octobre 2016 Stephen O’Brien, sous-secrétaire général pour les affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence (photo d’archive) Pratiquement chaque Palestinien de Cisjordanie et de la bande de Gaza est affecté par la « crise de protection » sous occupation israélienne, a déclaré au Conseil de sécurité un haut fonctionnaire des services humanitaires des Nations...
Mohammad Alhaj – The Electronic Intifada – Hébron, le 18 octobre 2016 Le vignoble de la famille al-Nasheh, géré par l’un des fils de son fondateur, se trouve confronté à un avenir incertain. La culture la plus réputée de la Palestine est l’olive, mais il ne faut pas oublier ses raisins. La région la mieux...
Sarah Alberghawi Electronic Intifada 18 octobre 2016 “Enfance assiégée,” une fresque dont Bilal Khaled est co auteur, sur une tour de la ville de Gaza. (Abed Zagout) On ne peut pas manquer cette fresque de vingt mètres de haut et de 15 mètres de large sur un mur d’un immeuble de 12 étages de la...
Par Charlotte Silver, 15 octobre 2016 Devant le Dôme du Rocher, un Palestinien brandit des munitions tirées par les forces d’occupation israéliennes sur le site de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, le 26 juin, pendant le mois de jeûne du Ramadan. Mahfouz Abu Turk APA images Israël a suspendu sa coopération avec l’UNESCO vendredi, après l’adoption...
Le troisième festival international de Qalandiya dépasse les frontières pour présenter de l’art en Palestine et dans la diaspora Mary Pelletier, 11 octobre 2016 Un spectateur devant une œuvre d’art en vidéo, de l’installation « Inclinée » des projets MinRASY de Qalandiya International (MEE/Mary Pelletier) HAIFA, Israël – Dans un petit coin sombre de l’ancienne mairie de...
Par Ben White – TRTWorld – 12 octobre 2016 Avec un resserrement du blocus israélien de la bande de Gaza restreignant la vie au quotidien pendant que les frappes aériennes s’intensifient ainsi qu’une répression contre l’humanitaire, ses habitants s’inquiètent de ce que l’avenir leur réserve. Plus de deux années se sont écoulées l’opération « Bordure protectrice »,...
Par Ali Harb, jeudi 6 octobre 2016 Mohammed Qraiqae, qui a accompli son oeuvre tout en fuyant les bombes israéliennes, fait une tournée FreeBird (d’oiseau libre) dans plusieurs villes des Etats Unis. Mohammed Qraiqae devant l’une de ses peintures au musée national arabo-américain de Dearborn, Etats Unis (MEE : l’Oeil du MoyenOrient) DEARBORN, Etats Unis –...
Par Asem Khalil – Al-shabaka – 5 octobre 2016 Présentation Conventionnellement on considère que l’Autorité palestinienne (AP) a un rôle indispensable pour gouverner les Territoires palestiniens occupés (TPO). L’AP est souvent décrite comme une réussite nationale puisqu’elle a permis pour la première fois d’avoir des Palestiniens qui gouvernent une population palestinienne sur une terre palestinienne....
Automne palestinien à Nîmes, du 6 au 29 novembre 2016
Le premier rendez-vous : dimanche 6 novembre à 11h au cinéma le Sémaphore avec le film « A WORLD NOT OURS » de Mahdi Pfeifel.
André Rosevègue interviendra au nom de l’UJFP le 29 novembre 2016, à 19h, à la Maison du Protestantisme, pour une présentation des ouvrages : "Palestine-Israël : le conflit dans les manuels scolaires" et "Une parole juive contre le racisme".
Le film « A WORLD NOT OURS » de Mahdi Pfeifel :
Dans ce journal en images, Mahdi Fleifel dresse avec sensibilité et humour le portrait intimiste de trois générations d’exilés dans le camp d’Ain el-Helweh, dans le Sud du Liban, où il a lui-même grandi. Par un kaléidoscope d’enre- gistrements personnels, d’archives familiales en 8mm et de séquences historiques, il illustre la vie quotidienne de trois générations palestiniennes hors du monde.
Pour la plupart d’entre nous, l’identité est un acquis : qui nous sommes, d’où on vient et ce que nous sommes est rarement remis en question. Mais pas pour les Palestiniens, qui sont constamment priés d’apporter la preuve de leur identité, ballottés entre un territoire perdu, la réalité des camps et un avenir contesté.
Automne palestinien à Nîmes, du 6 au 29 novembre 2016 Le dimanche 6 novembre 2016 à 11h00 Projection du film "A world not ours", au cinéma Le sémaphore
25 rue Porte de France Nîmes
Automne palestinien à Nîmes, du 6 au 29 novembre 2016 Le mardi 29 novembre 2016 à 19h00 Présentation des ouvrages "Palestine-Israël : le conflit dans les manuels scolaires " et "Une parole juive contre le racisme", à la maison du Protestantisme
3 rue Claude Brousson Nîmes
l’Association France Palestine Solidarité Nîmes, l’Union Juive Française pour la Paix, les Femmes en Noir de Nîmes et le Comité BDS France 30. Avec le soutien du cercle de l’Avenir.
Par ces mots, Soliman Bakar et sa femme résument la situation économique en Égypte, où les rapports montrent de plus en plus à quel point la situation est aujourd’hui désespérée, beaucoup sont incapables de s’offrir de la nourriture de base et ont du mal à joindre les deux bouts.
Bakar, père de trois enfants, est un employé du gouvernement. Après sa journée de travail, il travaille comme chauffeur de taxi toute la nuit jusqu’au petit matin. «Je jongle avec deux emplois et ma femme travaille aussi, mais même avec les trois salaires, nous parvenons à peine à vivre.»
«Les problèmes semblent sans fin, peu importe où vous regardez, vous êtes confronté à de plus en plus de difficultés. Le prix du gaz, l’électricité, l’eau, l’essence, tout a subitement augmenté. Maintenant que le prix de la nourriture a augmenté, la livre a également pris un coup. Le lait subventionné que nous avions pour nos enfants n’est plus disponible. Le prix des médicaments a quadruplé – et encore, quand vous parvenez à en trouver. Les pharmaciens nous disent soudainement qu’il y a une grave pénurie pour des milliers de médicaments, y compris les médicaments pour les insuffisances cardiaques et hépatiques. Nous mourons.»
Avec sa plus jeune à l’école primaire, la plus grande crainte de Bakar est d’anéantir l’adoration innocente de sa fille. Elle croit encore en son père – son héros. «Je me sens impuissant», dit Solimon d’un air abattu. «Il n’y a rien qu’un père ne souhaite plus que d’être en mesure d’offrir le meilleur à ses enfants. Mais comment? Comment puis-je faire face à mes enfants?»
Bakar n’est pas le seul à lutter. Ahmed, un avocat, analyse les dépenses mensuelles de sa famille pour illustrer la situation de plus en plus désespérée.
«Donc, 1250 [livres égyptiennes] pour le loyer. L’électricité, le gaz et l’eau reviennent à 500. Les cours de mon frère cadet 1000 et la nourriture 2000… et cela ne comprend pas les dépenses personnelles et les transports.»
Ses revenus? 1500 livres égyptiennes (LE) – près de trois fois plus que le seuil de pauvreté qui est fixé à 500 LE par mois, l’équivalent de 50 euros. «Je ne sais vraiment pas comment nous parvenons à vivre, ni comment nous parvenons à joindre les deux bouts. Comment survivons-nous? Honnêtement, je ne saurais le dire. Dieu seul le sait.»
Alors que le taux d’Égyptiens vivant sous le seuil de pauvreté est de 28% selon les chiffres officiels, ce taux s’élève jusqu’à 60% en Haute-Égypte et semble augmenter.
Jasmine Ali, mère célibataire, figure parmi les milliers d’Egyptiens vivant en dessous du seuil de pauvreté et estime qu’il est difficile, comme unique soutien de famille, de ne pas excéder ses moyens.
«Comment peut-on attendre de quelqu’un gagnant 500 LE qu’il vive avec ses dépenses et trois enfants? Les dépenses liées à la maison, les frais de voyage, les études… Nous n’avons pas mangé de viande et de fruits depuis des mois et deux des garçons font des petits boulots pour payer leurs études.»
«Les fruits? Les fruits sont un luxe. C’est de sucre, d’huile et de riz dont nous avons besoin, et même ces nécessités de base sont introuvables, et encore faut-il que vous puissiez vous le permettre. Et si vous avez assez de chance pour en trouver dans un magasin privé, ils refusent de vous vendre plus d’un kilo ou deux.»
Le manque de viande abordable a conduit à l’escroquerie, avec un phénomène choquant de bouchers qui tentent de faire passer de la viande d’âne pour du bœuf. L’escroquerie et la corruption ne sont pas nouvelles en Egypte, ni la vente de viande d’âne, ce qui est toutefois nouveau, c’est l’assurance d’un certain nombre de «spécialistes» qui cherchent à rassurer l’opinion publique sur le fait que la viande d’âne est comestible sans danger.
Hussein Mansour, chef de l’organisation de la sécurité alimentaire, une ramification du ministère de la Santé, a provoqué la controverse lorsqu’il a affirmé qu’il était pratiquement impossible de faire la différence entre les différents types de viande, qu’il s’agisse d’âne, de chat ou de chien, si celle-ci a été hachée. Lofty Shawer, un ancien employé du ministère de la Santé, a déclaré que la viande d’âne avait contribué à réduire un écart alimentaire au cours des dernières années.
Scandales de sécurité alimentaire
La sécurité et la qualité des aliments produits localement suscitent une inquiétude croissante. «De plus en plus, j’entends parler de gens intoxiqués par les fruits et légumes. Même lorsqu’on peut se le permettre, on ne sait pas s’il faut le risquer», explique Ali.
L’enquête sur l’intoxication alimentaire qui s’est produite à l’école Awlad Nour à Manzala plus tôt ce mois-ci – 33 enfants de l’école primaire sont tombés malades après la vente de sacs de pop-corn périmé – a révélé que les dates sur les emballages avaient été changées par le propriétaire du supermarché.
Cet incident n’est qu’un des nombreux incidents récents en matière de sécurité alimentaire. Plus tôt cette année, une épidémie d’hépatite A a éclaté – laquelle aurait été causée par des fraises produites en Égypte – ce qui a donné lieu au retrait de produits égyptiens des rayons de chaînes de supermarchés.
Ahmed, l’avocat, a affirmé que beaucoup de produits locaux sont contaminés à cause de l’eau polluée qui est utilisée suite à une sécheresse provoquée par la construction du barrage géant en Ethiopie, lequel réduit le débit du Nil en Égypte. «En raison de la pénurie d’eau après [la construction du] Renaissance Dam, des sources alternatives ont dû être trouvées et les cultures ont été irriguées avec de l’eau recyclée venant du système d’égout.»
«L’eau est toujours sale, sombre, parfois même brune. Les enfants sont constamment malades», indique Jasmine Ali.
Les inquiétudes concernant la sécurité alimentaire ne sont pas nouvelles.
La Russie, l’un des plus grands fournisseurs de blé de l’Egypte, a déclaré qu’elle allait interdire l’importation de fruits et légumes égyptiens après que son organisme de surveillance réglementaire a déclaré que ces produits violaient les normes internationales. Cependant, à l’époque, les rumeurs prétendaient qu’il s’agissait de représailles à propos de la débâcle concernant le blé qui s’était produite plus tôt dans l’année, lorsque le ministère de l’Agriculture égyptien a rétabli sa tolérance zéro à l’égard de la contamination par des champignons du blé importé, rendant les achats de grains extrêmement difficiles.
L’Égypte a tergiversé sur la réglementation relative à l’ergot [qui contamine le blé], un champignon qui touche les céréales, dans un contexte de débats quant à son caractère cancérogène. L’ergot peut provoquer des hallucinations s’il est consommé en grande quantité, mais est considéré comme inoffensif en faibles quantités. Plus tôt cette année, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mené une évaluation des risques et a constaté que l’ergot ne représentait aucune menace pour les cultures égyptiennes. Le ministère de l’Agriculture, cependant, a formé un comité pour enquêter sur les risques, lequel a conclu que le grain doit être importé de régions depuis lesquelles les précédentes expéditions ne contenaient pas d’ergot, comme la Russie, l’Ukraine, la Lettonie et la Lituanie.
Comme la dispute sur la sécurité des céréales importées perdurait, les marchés mondiaux ont pris peur avec l’Egypte stipulant la tolérance zéro sur l’ergot, revenant sur sa décision précédente, puis en infirmant à nouveau sa décision avant un appel d’offres.
Avec des estimations à 11,5 millions de tonnes par an, l’Egypte est actuellement le plus grand importateur de blé au monde, et le blé reste une question de vie et de mort pour les dizaines de millions de personnes qui dépendent du système vital de subvention du gouvernement. Des changements dans les conditions d’achat signifient des prix alimentaires encore plus élevés, bien loin des prétentions du gouvernement d’essayer de rendre les aliments plus abordables.
L’approvisionnement en pain peu onéreux est essentiel à la survie du gouvernement égyptien et avoir du pain était le slogan de la révolution égyptienne en 2011. En 1977, une hausse du prix du pain a forcé le gouvernement à déployer des chars dans les rues pour réprimer les émeutes qui s’en sont suivies.
«Le pain, la liberté et la justice sociale»
C’est sur ces trois exigences, «le pain, la liberté et la justice sociale», que le gouvernement Moubarak semble s’être effondré en Egypte. Des milliers de personnes étaient descendues dans les rues en 2011 pour demander sa chute et la satisfaction de ces trois nécessités de base. Cinq ans plus tard, la liberté et la justice sociale s’érodent rapidement et les prix montent en flèche.
Dans une vidéo choquante, filmée par des témoins sur leurs téléphones, un chauffeur de taxi – dont l’identité n’est pas encore connue – s’immole en face d’un centre de l’armée à Alexandrie, après avoir critiqué vivement le gouvernement du président Sissi et protesté contre les prix élevés et les conditions de vie médiocres. Au moment de la rédaction de cet article, il était soigné pour des brûlures sur 95% de son corps. Par cet acte, le chauffeur de taxi désespéré reflète celui du vendeur de rue tunisien qui s’est immolé il y a six ans, mettant le feu aux poudres de ce qu’on appelle aujourd’hui le Printemps arabe.
La dévaluation de la livre affecte le prix du sucre et la spéculation limite sa disponibilité
«La situation économique a été mauvaise pendant un certain temps, mais elle empire à un rythme auquel peu de gens s’attendaient. Elle est sur le point d’entamer un virage plus net, tandis qu’on prévoit que le gouvernement supprime davantage de subventions – quelque chose de plutôt inévitable – et dévalue la livre égyptienne», explique le Dr H. A. Hellyer, chercheur non-résident à Atlantic Council et au Royal United Services Institute à Londres.
«Tout cela est susceptible de conduire à une inflation et une hausse de prix – hélas, plutôt inévitable, mais cela frappera très durement les franges les plus vulnérables de la société», ajoute le Dr Hellyer.
À mesure que la situation économique du pays se détériore, de plus en plus de gens expriment leurs préoccupations, avec un certain nombre de vidéos apparaissant sur les réseaux sociaux, tandis que les Egyptiens expriment leur frustration et leur désespoir par rapport à leurs conditions de vie.
La réponse du gouvernement a consisté à offrir des platitudes vides de sens, conseillant aux gens de «se serrer la ceinture» et, peut-être le plus étrange, leur demander de faire don de leur petite monnaie à l’Egypte.
Dissidence croissante
«Certains des projets du gouvernement nous donnaient de l’espoir – que ce soit les projets de construction d’une nouvelle capitale ou le canal de Suez ou d’autres encore – et nous espérions que cela permettrait d’améliorer notre qualité de vie, mais ce que nous voyons à la place est un rapide déclin de l’économie», a déclaré Bakar. «Tout va de pire en pire, la livre égyptienne n’a plus aucune valeur, les jeunes sont massivement au chômage et encore plus choisissent de risquer leur vie pour émigrer illégalement. Ils ont choisi de risquer la mort ou d’être emprisonnés plutôt que de rester et faire face à une mort certaine.»
Tandis que la foi dans le gouvernement diminue, les troubles dans les rues sont de plus en plus prononcés, avec des appels à une «révolution des pauvres» prévue pour le 11 novembre 2016.
Malgré la répression par les forces de sécurité, Solimon est catégorique: il ira. «Je suis avec la “révolution des pauvres”. Combien de temps devrai-je rester là et accepter cette demi-vie? Je descendrai dans la rue, mais pensez-vous que quelqu’un va s’en soucier? Vais-je recevoir une tape réconfortante ou des balles qui finiront dans mon cœur? Cela n’a plus d’importance», a déclaré Bakar.
Il a ajouté: «Les gens parlent. Surtout les jeunes, ils sont au chômage, ils ont obtenu leur diplôme et des licences et n’ont rien en retour, ils sont de plus en plus inquiets et frustrés. Les gens sont désespérés.»
Dans un contexte de répression sans précédent de la dissidence, l’idée de descendre dans les rues semble audacieuse, sinon téméraire. Depuis l’adoption de la loi sur les manifestations, les agents de sécurité ont été prompts à démanteler, souvent avec une force brutale, toute forme de protestation naissante et il semble peu probable qu’une répétition des événements du 25 janvier 2011 qui ont renversé Moubarak puisse se produire.
«L’Egypte n’est pas sur le point de tomber dans une sorte de chaos sociétal – la situation économique est difficilement tenable, mais le régime qui gouverne l’Egypte est sécurisé, car il n’existe pas d’alternative au régime actuel auquel les principaux détenteurs du pouvoir en Egypte s’intéressent», a ajouté le Dr Hellyer.
«Tout peut arriver en Égypte et le 11 novembre est encore loin, alors les choses pourraient changer, mais je ne vois aucun signe, du moins pour l’instant, indiquant que le 11 novembre soit plus qu’un petit phénomène localisé, et encore.»
(Article publié le 26 octobre 2016 par MEE; traduit de l’anglais par VECTranslation; titre de la rédaction A l’Encontre)
«Les clés de la ferme de Shaher Alkhateb, âgé de 76 ans» sur le blog de Ray Elsa
Un bon historien examine toujours ses conclusions.
S’il vient à la conclusion que les choses qu’il a écrites précédemment exigent une réévaluation, il est obligé de faire face à cela. Mais un historien qui soutient au début de sa carrière qu’Israël est responsable de la fuite massive de Palestiniens en 1948 [la Nakba: «la catastrophe»] et qui change plus tard ses positions jusqu’à en devenir le chouchou du droit des colons, cela est un phénomène pathétique. Benny Morris a suivi ce chemin [1].
Il a trahi deux devoirs clés de l’historien: être ouvert d’esprit et connaître la littérature très étendue qui touche à son propre domaine de recherche; et ne pas déformer ses propres conclusions antérieures en raison de considérations politiques actuelles. [L’article «Israël n’a pas conduit de nettoyage ethnique en 1948», paru dans Haaretz le 10 octobre 2016, était une réponse à l’article de Daniel Blatman «Netanyahou, c’est ce à quoi ressemble véritablement le nettoyage ethnique», paru dans le même quotidien le 3 octobre 2016.]
Le 10 mars 1948, les instances dirigeantes de la Haganah nationale [2] ont approuvé le Plan Dalet [3], qui visait à expulser autant d’Arabes que possible du territoire du futur Etat juif. Morris en a parlé dans son livre: 1948: A History of the First Arab-Israeli War (Yale University Press, 2008). Il a écrit que ce plan suscitait une dispute historiographique, avec des historiens pro-palestiniens qui soutenaient que c’était un plan magistral pour expulser les Arabes vivant en Israël, mais qu’un examen approfondi des mots eux-mêmes du plan conduisait à une conclusion différente.
Une conclusion différente de qui? Des érudits experts en nettoyage ethnique? Des experts juridiques examinant le problème? Non, différente de celle de Morris, bien sûr. Il n’accepte pas la définition du nettoyage ethnique qui a été commis par les Juifs en 1948, même s’il admet qu’il y a peut-être bien eu un «mini» nettoyage ethnique à Lod et à Ramle ou des massacres marginaux (Deir Yassin) qui ont causé la fuite paniquée de Palestiniens.
Le problème est que ce sont là précisément les circonstances qui ont conduit au nettoyage ethnique. Si Benny Morris avait bien voulu étudier correctement les documents du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, il comprendrait pourquoi ses déclarations seraient considérées comme absurdes par n’importe quelle conférence scientifique sérieuse.
Ce qui suit a été déclaré par le procureur lors du procès de Radovan Karadzic, le leader bosno-serbe qui a été reconnu coupable du nettoyage ethnique des Musulmans de Bosnie: «Dans le nettoyage ethnique… vous agissez de telle manière que sur un territoire donné, les membres d’un groupe ethnique donné sont éliminés. … Vous avez des massacres. Pas tout le monde n’est massacré, mais vous commettez des massacres en vue de faire peur à ces populations. … Naturellement, les autres personnes sont poussées à partir. Elles ont peur… et, bien sûr, à la fin ces personnes veulent tout simplement partir. … Elles quittent leurs maisons de leur propre initiative, ou alors elles sont déportées. … Certaines femmes sont violées et, de plus, si le temps le permet, il y a la destruction de monuments qui ont marqué la présence d’une population donnée… par exemple, des églises catholiques ou des mosquées sont détruites.»
Exactement comme en 1948: il y a des instructions implicites et des accords tacites qui sèment la peur parmi la population dont on veut qu’elle fuie; la destruction de la présence physique n’apparaît pas au premier plan. Dans son premier livre sur le sujet, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited (hb: 1988; pb: 1989), Morris a écrit: «Les attaques de la Haganah et des forces de défense d’Israël, des ordres d’expulsion, la crainte d’attaques et d’actes de cruauté de la part des Juifs, l’absence d’assistance de la part du monde arabe et du Haut Comité arabe, le sentiment d’être impuissant et abandonné à son propre sort, des ordres donnés par des institutions arabes de quitter et d’évacuer, tout cela (attaque de la part des organisations Haganah, Irgun, Lehi ou IDF ou crainte des habitants d’une telle attaque) constituait dans la plupart des cas la raison directe et décisive de la fuite.»
Il y a environ 15 ans cependant, Morris a changé d’opinion. Dans son livre Correcting a Mistake: Jews and Arabs in Palestine/Israel, 1936-1956 (paru en 2000), il a écrit: «La majorité des abandons [par les Palestiniens] de la plupart des endroits, je les ai le plus souvent attribués aux attaques par les forces juives. Mais parfois un historien doit corriger une erreur.» Chapeau bas à un historien qui admet une erreur.
Mais l’intégrité professionnelle de Morris est mise à l’épreuve de ce qu’il a dit à Ari Shavit (Haaretz, janvier 2004): «Je ne pense pas que les expulsions de 1948 étaient des crimes de guerre. … Je pense qu’il [Ben Gourion] a commis une erreur historique sérieuse en 1948… il a été frileux pendant la guerre. Puis à la fin, il a hésité. … S’il était déjà engagé dans l’expulsion, peut-être aurait-il dû faire le job complet.» Au même moment, Morris argumente que Ben-Gourion «n’a jamais donné l’ordre d’expulser les Arabes».
En effet, de tels ordres écrits n’ont pas été trouvés. Et les lecteurs se demanderont: alors y a-t-il eu un ordre d’expulser, ou bien y a-t-il eu une expulsion sans ordre? Ou peut-être y a-t-il eu une expulsion de masse, mais qu’elle a été incomplète et que cela ne constitue donc pas une épuration ethnique?
Et est-ce que Morris regrette le fait qu’aucun ordre n’ait été donné d’aller jusqu’au bout du nettoyage ethnique? Heureusement que Morris ne se lance pas dans de la recherche sur l’Holocauste. Il serait encore capable de prétendre que ce n’est pas Hitler qui a ordonné la «Solution finale» puisque, comme on le sait, on n’a jamais trouvé d’ordre d’assassiner les Juifs d’Europe écrit de sa main.
Les expulsions n’ont pas constitué des crimes de guerre, dit Morris, parce que ce sont les Arabes qui ont commencé la guerre. En d’autres termes, des centaines de milliers de civils innocents qui se trouvaient du côté de ceux qui avaient commencé la guerre devaient être expulsés. Peut-être que Morris serait d’accord que le génocide commis par les Allemands contre les Herero en 1904-1908 était justifié puisque, après tout, les Herero avait commencé la rébellion contre le colonialisme allemand en Namibie?
Morris a raison sur un point: les projets selon lesquels les Arabes devaient être expulsés n’ont pas été menés jusqu’à leur terme. Il y a eu des commandants qui obéissaient à la lettre; il y en avait d’autres qui ne le faisaient pas. C’est exactement pour cette raison que 160’000 Arabes sont restés dans l’Etat d’Israël en 1949. Comme des dizaines de milliers d’Arméniens sont restés en Turquie après la Première Guerre mondiale, parce qu’il y a eu des fonctionnaires du gouvernement qui n’ont pas exécuté à la lettre les ordres de les tuer. Par chance, en 1948, il y a eu des chefs de l’IDF qui se sont abstenus de faire ce qu’ils savaient pouvoir être fait sans qu’on puisse les en tenir pour responsables. Si ces gens n’avaient pas agi ainsi, l’ampleur du crime de guerre commis par Israël aurait été plus grande encore.
(Publié dans le quotidien Haaretz le 14 octobre 2016, traduction A l’Encontre; titre de la rédaction de A l’Encontre).
[1] En 1988, Benny Morris publie aux Presses Universitaires de Cambridge un ouvrage intitulé: The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited. Cet ouvrage, comme l’annonçait l’éditeur, éclairait la désintégration des «communautés rurales palestiniennes» et «l’effondrement de la Palestine urbaine», ce qui provoqua, initialement, 700’000 réfugié·e·s. Ils sont quelque 5 millions actuellement. L’ouvrage suscita un fort débat en Israël. Benny Morris, parmi ceux qu’il qualifia lui-même de «nouveaux historiens» (Ilan Pappé, Avi Shlaim, etc.), changea nettement de position. Le débat historique et politique continue en Israël, car son actualité est mise en lumière par les multiples facettes de la brutale politique colonisation de peuplement de l’Etat sioniste. (Réd. A l’Encontre)
[2] L’Haganah – «Défense» en hébreu – est une organisation paramilitaire sioniste qui se constitua sous le mandat britannique dans les années 1920. Elle passera sous le contrôle de l’Agence juive dans les années 1930, comme organisation clandestine. Elle jouera un rôle de relief dans «l’exode forcé» des populations palestiniennes en 1948. Elle sera une des composantes de la création de Tsahal, «ladite Armée de Défense d’Israël-IDF), aux côtés du groupe Stern et de l’Irgoun. (Réd. A l’Encontre)
[3] Le Plan Dalet, établi en mars 1948, indique les lignes de force de la politique militaire à venir de l’Haganah. Il est interprété, de manière fort documentée, par des historiens comme Ilan Pappé en tant que plan d’expulsion des Palestiniens et de «nettoyage ethnique» (voir Le nettoyage ethnique de la Palestine, Fayard 2008). Son interprétation est l’objet de débats historico-politiques en Israël, car l’histoire se conjugue au présent. (Réd. A l’Encontre)