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  • La Zone franche de Tanger : Zone de non-droit (Afriques en lutte)

    Le samedi 22 janvier 2015, Mohammed Charki, un ouvrier et syndicaliste à l’entreprise américaine ECI Maroc située dans la Zone Franche de Tanger Automotive (Nord du Maroc) est sauvagement agressé, insulté et tabassé par des agents de la société de sécurité privée Colinco.

    Le conflit a éclaté dès que les ouvrier-e-s ont constitué un bureau syndical pour défendre leurs droits élémentaires reconnus par le code du travail : salaire minimum, droit au repos hebdomadaire, conditions de sécurité et respect des travailleurs et travailleuses.

    Suite à cela, la direction a décidé de licencier 7 ouvriers pour stopper le mouvement. La direction n’hésite pas à recourir aux menaces, insultes et aux méthodes de terreur face aux ouvrier-e-s.

    Dans cette zone de non-droit, les entreprises n’ont plus besoin de recourir aux forces de l’ordre public, elles ont leurs propres agents de sécurité privés pour affronter toute revendication ouvrière.

    Les entreprises bénéficient du soutien de l’État qui offre des terres, des infrastructures, une main d’œuvre jeune, exploitable et corvéable, une législation suffisamment malléable pour attirer de nouvelles sociétés multinationales.

    Un nouvel Eldorado pour le capitalisme qui profite de la zone de libre échange pour faire des profits juteux avec des salaires bas, une législation du travail et des charges sociales inexistantes, un taux de chômage élevé.

    Le mercredi 4 février 2015, les agents de sécurité interviennent sauvagement pour disperser les ouvrier-e-s tenant sit-in devant l’usine. Cette intervention fait plusieurs blessés, parmi lesquels Mohamed Charki, blessé au visage. Voici les témoignages de deux ouvriers de cette usine.

    Témoignage de Safaa Bahraoui, ouvrière dans la société américaine ECI Maroc

    ECI, est une société américaine qui fabrique des câbles pour voitures, pour appareils électroniques… La société est la première usine qui s’est installée dans la nouvelle zone industrielle. Elle est située entre Tétouan et Tanger, à 40 km de Tanger et emploie environ 260 ouvriers et ouvrières. 7 ouvriers ont été licenciés pour raison syndicale, pour avoir dénoncé les conditions de travail et réclamé l’application du code du travail.

    « J’ai été menacée par un responsable de la sécurité, insultée, ensuite il m’a fait tomber par terre. Nous avons tenu un sit-in pacifique devant l’usine pour dénoncer ce manque de respect de l’agent de sécurité de la société Clinco Service.

    Pour cela, 30 ouvriers ont été licenciés, et 30 autres sont menacés. Nous avons lutté pour leur retour au travail, pour les indemnisations des heures supplémentaires, pour le droit des femmes enceintes. Maintenant ils menacent de licencier tous les ouvriers, environ 260 pour en embaucher d’autres. Nous poursuivons notre lutte, pour exiger nos droits, le respect des ouvrières et ouvriers. »

    Témoignage de Ahmed Charki : ouvrier, syndicaliste

    « J’ai dix ans d’expérience dans ce secteur. Avec d’autres ouvrières et ouvriers, j’ai dénoncé les conditions de travail exécrables, l’absence de formation pour les nouveaux travailleurs. Tout de suite après, j’ai été convoqué avec une ouvrière. Je me suis retrouvé dans une voiture, menacé, tabassé puis jeté dans la nature. Une ambulance est arrivée plusieurs heures après pour constater mes blessures.

    Nos revendications :

    - l’application du code du travail ;
    - notre salaire actuel : 2100 dirhams pour 8 h de travail, mais ils nous paient 7h30 au lieu de 8h, les 30 minutes journalières de pause sont retirées de notre salaire ;
    - en ce moment nous sommes en sit-in devant l’usine, dans la zone franche ;

    cette zone industrielle s’installe sur les terres de culture, les habitants sont menacés d’expulsion. » Solidarité avec notre camarade Mohamed Charki, syndicaliste, militant de l’AMDH et d’Attac Maroc et avec toutes les ouvrières et ouvriers de l’usine.

    ECI MAROC est la première usine à s’installer dans la nouvelle zone industrielle. Elle témoigne du nouveau visage du capitalisme sauvage mondialisé qui se croit au dessus des lois, du droit local et international. Le pouvoir marocain exproprie les paysans de leurs terres, de leur culture, de leur environnement, s’accapare leurs terres pour les céder à moindre coût à des sociétés internationales sans foi ni loi.

    À qui profite ce type de développement ?

    Souad Guennoun  10 mars 2015 

    Source : www.cadtm.org

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/egypte/article/la-zone-franche-de-tanger-zone-de

     

  • Manifestation du 8 mars à Rabat (Afriques en lutte)

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    Des milliers de femmes ont marché ce dimanche à Rabat, appelant à l’égalité et à la parité, ce 8 mars, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la femme.

    Elles étaient des dizaines de milliers à marcher, selon le PAM, et près de 20.000 femmes, selon la police. Mais, durant cette manifestation, tenue sous un jour printanier et fortes en slogans, des groupes de femmes n’ont pas vu d’un bon oeil la présence parmi elles de deux leaders politiques, à savoir Hamid Chabat, numéro un de l’Istiqlal, et Driss Lachgar, patron de l’USFP.

    Les deux dirigeants ont eu du mal à prolonger leur « séjour » parmi les manifestantes, des femmes ayant refusé que leur « présence et leur mobilisation » soient récupérées à des fins politiques. « Nous, femmes marocaines, réclamons des droits, des actions et non des slogans politiques », a affirmé à Le360 Bahija Roudani, une Casablancaise sans appartenance politique. Le chef du gouvernement en a pris également pour son grade. Il a été qualifié de « poltron » dans des slogans lui reprochant de « bafouer la dignité de la femme ».

    Lors de cette manifestation censée être exclusivement réservée aux femmes, les hommes étaient très nombreux, bien que minoritaires. Autre observation : c’est la femme du monde rurale, la femme des quartiers populaires, la femme des usines qui a manifesté, et avec fierté.

    Les observateurs ont noté toutefois l’absence des militantes des ONG, des femmes actives dans la société civile, du monde des affaires et de l’entrepreneuriat. Les femmes décisionnaires, qui ont un point politique, étaient en somme aux abonnés absents.

    « La femme a néanmoins marqué un point aujourd’hui. Et il faut que les partis politiques cessent d’exploiter cet évènement à des fins électorales. La femme a prouvé sa valeur, ses compétences. Elles mérite tout l’intérêt des pouvoirs publics », a déclaré Khadija Ahroum, de l’Association des Soulaliates de Kénitra qui, pour rappel, réclament leur droit à l’héritage au même titre que les hommes dans ce qui est communément appelé les terres Joumouae (terres collectives). 9 mars 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/manifestation-du-8-mars-a-rabat

     

  • Algérie : de l’eau dans le gaz... de schiste à In Salah (Npa)


    Crédit Photo:  DR

    Entretien.Samedi 28 février, le lancement d’un deuxième puits-pilote cette semaine par la compagnie américaine Halliburton, avec la Sonatrach, a été le détonateur de violents heurts à proximité du site gazier situé à 10 km de In Salah. Un « climat d’émeute » dira Abdelkader Bouhafs, militant anti-gaz de schiste, où les femmes participent aussi aux affrontements. Mardi 24 février, à l’occasion d’un rassemblement devant le consulat d’Algérie à Paris, nous avons rencontré Zoheir, militant algérien contre l’exploitation du gaz de schiste.


    Pourrais-tu nous donner les raisons du mouvement en Algérie et de ce rassemblement ici à Paris ?
    Aujourd’hui, en Algérie des manifestations ont lieu à travers tout le pays pour soutenir la lutte des populations de In Salah qui manifestent depuis plus de 62 jours quotidiennement contre l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste.


    Des rassemblements ont lieu le même jour en Europe : Londres, Genève, Hambourg, Lyon et donc ici Paris à l’appel de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) - France regroupant les représentants des partis Jil Jadid, RCD, MSP et Aladala, ainsi que le Collectif contre le gaz de schiste en Algérie, des associations comme ACA (Action pour le changement en Algérie), Initiative Ibtikar et des étudiants algériens de l’Association des étudiants nord-africains et des membres d’organisations françaises.


    Pour la première fois depuis l’indépendance, toutes les régions du pays se sont unifiées avec les mêmes mots d’ordre contre le gaz de schiste, contre ce régime illégitime. Les Algériens se sont mobilisés malgré la répression et des arrestations, notamment à Alger, et la présence de très nombreuses forces de l’ordre.


    Le 24 février 1971 est le jour de la nationalisation des hydrocarbures par Boumédiene… Cela touche donc à la souveraineté nationale. Les slogans des manifestantEs, « Nous ne voulons pas d’un néocolonialisme déguisé », exprime cela. L’exploration et l’exploitation du gaz de schiste se fait sans consultation de la population. Comme à son habitude, ce régime tente de passer en force, interdisant toute expression démocratique, alors que cela engage le présent et les générations futures.


    Alors qu’en France, l’exploration est actuellement arrêtée pour des raisons d’environnement et de santé publique, Total est néanmoins soutenu par les autorités françaises pour participer à son exploration en Algérie…. C’est mauvais pour les Français, mais c’est bon pour les Algériens ? La première bombe nucléaire française avait été testée dans le sud, à Reggane. À l’époque on nous a dit que cela serait sans impact. Or à ce jour, des personnes souffrent encore des séquelles dues à ces explosions. Les populations du sud ont déjà donné !


    Alors que l’Algérie est un producteur important du pétrole, pourquoi le gouvernement se lance-t-il dans le gaz de schiste ?


    Il n’y a quasiment pas d’industrie, le niveau des importations est très élevé : biens de consommation courants et produits finis financés par les exportations d’hydrocarbures qui assurent 98 % des ressources. Cela permet en outre d’assurer la paix sociale. Or, le cours du pétrole a fortement baissé et le risque à terme est de ne plus pouvoir être en capacité d’assurer la rente. Le gaz de schiste est donc ce « nouvel El Dorado » qui devrait sauver la rente. Le régime n’a pas de stratégie de développement à moyen et long terme pour sortir de cette dépendance. L’énergie solaire serait un moyen mais de la même façon, les investissements ne sont pas faits pour garantir l’avenir.


    Et pour ce qui concerne l’eau ?


    La fracturation a un impact sur la nappe phréatique. Or l’eau est vitale, notamment pour le sud. En touchant à la nappe phréatique, on se coupe un bras. Les risques sont très importants. De plus, il faut des quantités d’eau très importantes, mélangées à des produits toxiques, dans une région qui en manque. Les études d’impact ne nous satisfont pas car la confiance est nulle envers l’État. Ce sujet est d’ampleur nationale et cristallise l’opposition de toutes les organisations politiques et environnementales, et d’abord de toute la population.


    Cela peut-il être une activité créatrice d’emplois ?


    En Algérie, les entreprises étrangères viennent avec leur savoir-faire, leurs moyens et leur personnels. Il en sera de même pour le gaz de schiste. Un exemple : l’autoroute Est-Ouest a été réalisée par des travailleurs chinois, et les chômeurs algériens assis au bord de la route les regardaient travailler... L’Algérie sert-elle à régler les problèmes du chômage chinois ?


    Quel soutien pouvons-nous apporter ?


    Il faut comprendre qu’il y a des forces qui luttent pour un changement démocratique. Il est nécessaire de médiatiser, et d’informer sur la lutte menée contre le gaz de schiste en Algérie, que les populations du sud sachent qu’elles sont soutenues dans leur lutte contre le gaz de schiste par des organisations et associations françaises.

    Propos recueillis par Alain Jacques

  • Arabie saoudite. 10 faits bruts au-delà du cas de Raif Badawi (Amnesty)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/00/01/2059829115.jpeg

     

    Le 6 mars, cela fera huit semaines que les autorités saoudiennes ont flagellé en public le blogueur et militant Raif Badawi, condamné à 1 000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir « insulté l’islam » et créé un forum en ligne dédié au débat politique.

    Après avoir reçu les 50 premiers coups de fouet devant la mosquée de Djedda le 9 janvier, Raif Badawi a été examiné par un médecin qui a assuré aux autorités carcérales que ses blessures n’avaient pas suffisamment cicatrisé et qu’il n’était pas en état de subir une nouvelle série de coups.

    Le vendredi suivant, tandis qu’une commission médicale avait affirmé que Raif Badawi ne devait pas recevoir de coups de fouet en raison de son hypertension, un autre médecin de la prison a estimé qu’il n’y avait aucun problème et que son châtiment pouvait être appliqué. Ensuite, pendant cinq semaines consécutives, les séances de flagellation du vendredi n’ont pas eu lieu, pour des raisons qui demeurent inconnues. On ignore si la suite de sa sentence sera appliquée vendredi 6 mars.

    Raif Badawi a fait la une des médias du monde entier. Cette affaire n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg quant au bilan déplorable de l’Arabie saoudite en termes de droits humains. S’appuyant sur ses recherches, Amnesty International livre 10 éléments qui donnent à réfléchir :

    1. Traitements cruels, inhumains et dégradants
    Les tribunaux saoudiens continuent de prononcer des peines de flagellation à titre de châtiment judiciaire pour de nombreuses infractions, bien souvent à l’issue de procès iniques. Outre Raif Badawi, au cours des deux dernières années, les défenseurs des droits humains Mikhlif bin Daham al Shammari et Omar al Said ont été condamnés à 200 et 300 coups de fouet respectivement, et l’employée de maison philippine Ruth Cosrojas à 300 coups de fouet. Les amputations et les amputations croisées servent aussi de châtiment pour certains crimes.

    2. Montée en flèche des exécutions
    L’Arabie saoudite compte parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes : chaque année, des dizaines de condamnés sont exécutés, la plupart étant décapités en place publique. Depuis le début de l’année 2015, 40 personnes ont été mises à mort, presque quatre fois plus que pour la même période en 2014.

    3. Répression contre les militants
    Outre Raif Badawi, des dizaines de militants sont toujours derrière les barreaux, simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les autorités prennent pour cible la communauté des défenseurs des droits humains, petite mais active, et utilisent les lois antiterroristes pour réprimer leurs activités pacifiques qui visent à dénoncer et à combattre les violations des droits humains.

    4. Dissidence étouffée
    Tous les rassemblements publics, y compris les manifestations, demeurent interdits au titre d’un arrêté pris en 2011 par le ministère de l’Intérieur. Ceux qui bravent cette interdiction risquent d’être arrêtés, poursuivis et emprisonnés, entre autres pour avoir « incité la population à s’opposer aux autorités ».

    5. Discrimination systématique à l’égard des femmes
    Les femmes et les filles sont toujours confrontées à la discrimination dans la loi et en pratique. Les femmes sont subordonnées aux hommes aux termes de la loi, en particulier dans les affaires liées à la famille comme le mariage, le divorce, la garde des enfants et l’héritage. Les femmes qui soutiennent la campagne pour contester l’interdiction faite aux femmes de conduire risquent d’être harcelées, intimidées, voire arrêtées par les autorités.

    6. La torture, pratique courante en détention
    Selon notamment d’anciens détenus et des accusés, le recours à la torture et aux autres mauvais traitements demeure courant et très répandu, et ces sévices sont infligés en toute impunité par des membres des forces de sécurité.

    7. Arrestations et détentions arbitraires
    Un très grand nombre de personnes sont arrêtées et placées en détention provisoire pendant plus de six mois, ce qui constitue une violation du Code de procédure pénale saoudien. Les détenus sont souvent maintenus au secret pendant les interrogatoires et privés du droit de consulter un avocat. Des défenseurs des droits humains sont détenus sans inculpation ni jugement depuis plus de deux ans.

    8. Discrimination religieuse profondément enracinée
    Des membres de la minorité chiite, dont la plupart vivent dans la région pétrolifère de la province de l’Est, font toujours l’objet d’une discrimination profondément enracinée qui restreint leur accès aux services gouvernementaux et à l’emploi. Des militants chiites ont été condamnés à mort ou à de lourdes peines de prison pour leur participation présumée aux manifestations de 2011 et de 2012.

    9. Expulsion massive de travailleurs migrants
    Selon le ministère de l’Intérieur, la répression contre les travailleurs migrants en situation irrégulière en novembre 2013 s’est traduite par l’expulsion de plus de 370 000 travailleurs ; 18 000 autres étaient toujours en détention au mois de mars 2014. Plusieurs milliers de travailleurs ont été sommairement renvoyés en Somalie, au Yémen et dans d’autres pays, où ils risquent d’être victimes d’atteintes à leurs droits fondamentaux.

    10. Ce qui se passe dans le royaume reste dans le royaume
    Les autorités refusent d’autoriser les organisations indépendantes de défense des droits humains, comme Amnesty International, à entrer dans le pays et prennent des mesures répressives, notamment par l’intermédiaire des tribunaux, contre les militants et les proches de victimes qui prennent contact avec Amnesty.

    5 mars 2015, 15:27

    https://www.amnesty.org/fr/articles/news/2015/03/saudi-arabia-in-ten-brutal-facts/

  • Nouveautés AFPS

  • Le Havre: Julien salingue

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  • Israël : une liste arabe unifiée qui peut changer la donne (Npa)

    C’est sur un coup de tête que Benjamin Netanyahou a annoncé de nouvelles élections législatives qui auront lieu le 17 mars...

    Avec une majorité confortable, même après le départ de son allié du centre droit Yesh Atid, Netanyahou pouvait tranquillement aller jusqu’à la fin de son mandat, et poursuivre sa politique jusqu’au-boutiste et suicidaire qui va jusqu’à provoquer une crise majeure avec l’allié étatsunien.

    Un Likoud sans opposition
    Tout laisse prévoir que ces élections vont être un coup pour rien, et qu’au lendemain du 17 mars ce sera du pareil au même. Pourtant, Netanyahou n’est pas apprécié, c’est peu de le dire, et sa politique intérieure et internationale n’est pas un succès : la croissance économique s’essouffle, le niveau de pauvreté a encore augmenté et l’isolement d’Israël sur la scène internationale est sans précédent. Sans oublier l’agression militaire contre Gaza, qui, pour l’État hébreu, a été un échec.
    Si tous les sondages donnent le Likoud gagnant, ce n’est donc pas tant à cause d’une éventuelle performance de la part de la coalition de droite, mais plutôt à cause de la nullité de ce qu’on appelle encore l’opposition. En réunissant leurs forces dans une seule formation politique, les Travaillistes menés par Ytzhak Herzog et le « Mouvement » de l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Tsipi Livni, pensaient gagner une majorité lors du prochain scrutin, mais ils n’ont pas réussi leur percée. L’électorat est moins bête que ce qu’on a l’habitude d’écrire dans les médias, et il comprend que la nouvelle coalition n’est qu’un Likoud B, qui non seulement n’a rien à opposer à Netanyahou, mais s’oriente ouvertement vers un gouvernement d’union nationale. Les électeurs préféreront toujours l’original à une pale copie…
    Rajoutons que même s’il faisait un meilleur score que le Likoud, le tandem Herzog-Livni n’a pas les moyens de former une coalition majoritaire de centre gauche. Il n’y a donc rien à attendre de ces prochaines élections… sauf du côté de l’électorat arabe, et c’est bien dans ce secteur que nous sommes témoins d’une véritable révolution.

    Dynamique unitaire autour de la « Liste commune »
    En effet, l’amendement à la loi électorale concocté par le ministre des Affaires étrangères d’extrême droite, Avigdor Lieberman, qui a augmenté le minimum nécessaire pour avoir des élus, a obligé tous les partis arabes à s’unir dans un seul bloc électoral : communistes, nationalistes et islamistes se sont donc unis dans la « Liste commune » et, s’ils parviennent à mobiliser l’électorat palestinien d’Israël, peuvent obtenir 14 élus, certains rêvant même de 15, devenant ainsi la troisième formation à la Knesset. Cette dynamique unitaire a permis à quelques centaines de militantEs juifs de la gauche non sioniste de se retrouver ensemble pour soutenir une liste qui est la seule à se positionner en opposition au discours dominant et consensuel dans la population juive.
    La priorité est aujourd’hui de convaincre l’électorat arabe d’Israël d’aller voter, car au cours des deux dernières décennies l’abstention était de près de 50 %. Si une dynamique de soutien à la « Liste commune » se concrétise, on peut légitimement espérer qu’elle se poursuive après les élections, mettant ainsi fin à une quinzaine d’années de recul dans la mobilisation populaire de la minorité palestinienne d’Israël. En ce sens, la constitution d’une liste arabe unifiée change la donne, et pas seulement sur le plan électoral.

    Michel Warschawski

    Article publié dans le Courrier de Genève.
    Intertitres de la rédaction de l’Anticapitaliste.

    http://npa2009.org/actualite/israel-une-liste-arabe-unifiee-qui-peut-changer-la-donne