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  • Tunisie : la dette, un instrument de domination néocoloniale (Essf)

    En Tunisie, nous sommes accablés par cette plaie qu’est la dette. On a fait une révolution, mais la dette est toujours là.

    Aujourd’hui la Tunisie est en crise et dans l’impasse. Elle est en quelque sorte coincée par deux intégrismes : l’intégrisme religieux, et l’intégrisme du néolibéralisme qui a fait tant de de mal au peuple tunisien, qui l’a saignée à blanc, notamment à cause de la dette. La dette est un outil de pillage, mais c’est aussi un outil de domination politique. A travers la dette, les multinationales et les Etats impérialistes imposent un régime néocolonial. Ils remettent en cause notre souveraineté nationale et nous empêchent d’avancer vers l’émancipation sociale.

    A en juger par le mécontentement actuel, la rage qui existe dans le cœur des Tunsien-ne-s, on est en droit de se demander si nous n’allons pas vers une seconde révolution.

    En ce moment, il y a par exemple un mouvement de grève très important des enseignants du second degré. Ils sont 90 000 et ont fait une série de grèves de 48 heures, et ils ont ensuite refusé de faire passer les examens trimestriels. La dernière Commission administrative de leur syndicat UGTT a décidé d’appeler à boycotter également les examens du troisième trimestre, ainsi que les examens nationaux si leurs revendications n’étaient pas satisfaites. J’ai cité ce mouvement social pour montrer combien les Tunisiens aspirent au changement. Il s’agit d’un désir énorme qu’ils ont exprimé à plusieurs reprises. Mais la dictature de la dette est là. L’économie et la société tunisienne ont été restructurées de façon à rendre le pays adict à la dette. Ce système qui nous a été imposé nous a fait beaucoup de mal, il a causé beaucoup de ravages sociaux.


    Il nous a été imposé par l’Union européenne qui impose sa dictature.

    La Commission européenne décide à la place des Tunisien-ne-s : la Commission donne ses ordres et le gouvernement les exécute. Le gouvernement actuel ne fait que gérer les affaires courantes :
    La Commission européenne ne se cache même plus lorsqu’elle donne des ordres au gouvernement tunisien, en se moquant royalement de l’expression démocratique des citoyens tunisiens.
    Le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement sont autant d’instruments de domination. Ils disent tous dans leurs discours qu’ils sont pour l’aide, les réformes, leur désir de faciliter la transition démocratique. Mais ils sont les premiers à leur barrer la route.

    Nous menons la bataille contre la dette depuis le départ du dictateur.

    Nous disons aux Tunisiens que Ben Ali n’était qu’un paravent qui cachait la vraie dictature.
    Aujourd’hui, avec ses 15 députés, le Front populaire continue cette lutte, et l’opinion publique, les classes laborieuses et la jeunesse s’approprient cette question.

    A l’image de la Grèce et peut-être un peu plus encore car nous subissons cette dictature néolibérale de la dette depuis 29 ans.

    La Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins :


    - ou bien ce sera l’impasse, et tous le dangers comme on l’a vu avec le terrible attentat terroriste du 18 mars dernier,
    - ou bien ce sera l’alternative, en avançant dans ce changement que veut la grande majorité des Tunsien-ne-s.


    Et nous sommes déterminés à faire triompher cette deuxième voie, comme l’étions face à la dictature de Ben Ali. Nous sommes décidés à ôter de notre route tous les barrages qui l’obstruent, en commençant par la dictature que nous impose la Commission européenne.

     

    CHAMKHI Fathi  26 mars 2015

     

    * Fathi est député du Front populaire, militant de la LGO, et animateur de RAID (Attac et Cadtm en Tunisie).
    Propos transcrits par Dominique Lerouge

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34632

  • Nouveautés sur AFPS Rennes

    • Qui a dit ?...

       

      La situation au Proche-Orient est suffisamment catastrophique pour provoquer des prises de positions courageuses ! Nous nous demandions où étaient passés les grands intellectuels engagés, capables de prendre des positions vigoureuses, même à contre-courant... Et voilà qu’il nous tombe un ministre, qui remonte ses manches et montre enfin la voie ! Quoi... Vous rêvez ? Vous avez la berlue ? Jugez-en ! Qui a dit : « Et ils voudraient que l’Histoire ne puisse pas exister avant eux ni en dehors d’eux. (...)

       

    • Non à l’arbitraire militaire qui frappe Salah Hamouri : écrivez aux députés et sénateurs d’Ille et Vilaine !

      2 avril

       

      Écrivez aux députés et aux sénateurs d’Ille et Vilaine pour qu’ils interviennent auprès du Ministre des Affaires Étrangères, Laurent Fabius : Salah Hamouri ne doit plus être victime de l’arbitraire de la soldatesque israélienne ! Inspirez-vous du modèle de lettre ci joint pour écrire à vos élus ! Liste des parlementaires du département (députés et sénateurs) : Thierry Benoït : tbenoit@assemblee-nationale.fr Marie-Anne Chapdelaine : (...)


    • Salah Hamouri, interdit d’étudier, victime de l’arbitraire militaire

      2 avril

       

      Déclaration du Bureau National de l’Association France-Palestine Solidarité Salah Hamouri, pour qui nous nous sommes battus au long de ses si longues années de détention, vient de recevoir un « ordre militaire » lui interdisant, pour raisons de sécurité et pour une durée de six mois, d’entrer en Cisjordanie. Sans donner le moindre indice, le commandant militaire évoque de « sérieux doutes pour la sécurité de l’Etat et des citoyens » à l’appui de sa décision. Ainsi pour protéger les citoyens israéliens, (...)


    • Interpellez les parlementaires d’Ille et Vilaine pour la libération de Khalida Jarrar !

      2 avril

      Écrivez aux députés et aux sénateurs du département pour qu’ils interviennent auprès du Ministre des Affaires Étrangères, Laurent Fabius : il faut qu’il exige de l’occupant israélien la libération de Khalida Jarrar ! Nous vous proposons d’utiliser le modèle de lettre ci-joint pour faciliter votre démarche ! Liste des parlementaires du département (députés et sénateurs) : Thierry Benoït : tbenoit@assemblee-nationale.fr Marie-Anne Chapdelaine : machapdelaine@gmail.com Dominique De Legge : (...)


    • Khalida Jarrar, parlementaire palestinienne, enlevée ce matin par l’armée d’occupation israélienne

      2 avril

      Très tôt ce matin, jeudi 2 Avril, plus de 60 soldats de l’occupation israéliennes ont attaqué la maison de la parlementaire palestinienne Khalida Jarrar, une dirigeante de la gauche palestinienne et féministe. Elle a été brutalement arrêtée, l’armée est rentrée chez elle à coups de pied dans la porte d’entrée et tenant son mari dans une chambre séparée. Très tôt ce matin, jeudi 2 avril, plus de soixante soldats de l’occupation israélienne ont attaqué la maison de la parlementaire palestinienne Khalida Jarrar, (...)


    • Yarmouk aux mains de l’Etat islamique

      1er avril

      Pris en étau entre le régime Assad et les combattants djihadistes des réseaux Al-Nosra et Daech, les réfugiés du camp de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas, vivent l’enfer. Ce mercredi, la nouvelle est tombée, diffusée par les autorités palestiniennes, que le camp aurait été pris par les combattants de l’Etat islamique. Depuis quelques semaines, la rumeur circulait quant au basculement de djihadistes d’al-Nosra dans les rangs de l’EI. Yarmouk était le plus grand camp de réfugiés palestiniens de (...)


    • Syrie : l’Etat islamique envahit le camp de Yarmouk, proche de Damas

      1er avril

      Les combattants de l’Etat islamique contrôlent le camp palestinien de Yarmouk, près de Damas, du moins en grande partie. L’offensive s’est déroulée mercredi 1er avril au matin et, selon plusieurs sources, les jihadistes ont pris position dans plusieurs des principales artères de ce camp situé à moins de huit kilomètres du centre de Damas. Jamais depuis l’émergence de l’organisation Etat islamique en 2013, celle-ci ne s’était autant approchée, les armes à la main, du centre de Damas. L’offensive a été (...)


    • La Palestine devient le 123e membre de la Cour pénale internationale

      1er avril

      La Palestine compte désormais officiellement parmi les 123 Etats membres de la Cour pénale internationale (CPI). Mais l’Autorité palestinienne ne déposera pas, du moins dans l’immédiat, de « plainte » visant la colonisation israélienne, comme l’avait annoncé début mars le ministre des affaires étrangères, Riyad Al-Maliki. « Nous ne cherchons pas la vengeance, mais la justice », a-t-il déclaré lors d’une conférence à l’Institut des sciences sociales (ISS) de La Haye, aux Pays-Bas, la veille de la cérémonie (...)

     

  • SAHARA OCCIDENTAL : samedi 4 avril Paris (Afriques en lutte)

    POUR LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES ET L’EXTENSION DU MANDAT DE LA MISSION DE L’ONU AU RESPECT DES DROITS DE L’HOMME

    Le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté le 29 avril 2014 une résolution prolongeant d’une année le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Mais sans étendre ce mandat à la surveillance des droits de l’homme et sans décider la mise en œuvre du référendum d’autodétermination.

    Depuis, les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés se sont encore aggravées.

    Les manifestations, toujours pacifiques, pour le droit à l’autodétermination sont violemment réprimées. De nombreux militants sahraouis arrêtés sont condamnés au cours de procès inéquitables. La pratique de la torture et des traitements inhumains perdure. Les libertés d’expression, d’association, d’information et de manifestation ne sont toujours pas respectées. Des délégations d’observateurs étrangers et des journalistes sont régulièrement expulsés. Les 22 militants sahraouis du groupe de Gdeim Izik condamnés le 17 février 2013 à de lourdes peines de prison (de 20 ans à la perpétuité) par un tribunal militaire sont toujours détenus, leur recours en cassation déposé il y a deux ans n’ayant pas eu de suite à ce jour.

    Au mépris du droit international, le Maroc poursuit l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental : accord de pêche avec l’Union européenne, autorisation de prospection pétrolière à des firmes multinationales (par exemple Kosmos Energy).

    Le soutien apporté par le gouvernement français au pouvoir marocain malgré ses violations permanentes des droits de l’homme constitue un des principaux obstacles à la solution du conflit. Le peuple sahraoui n’en peut plus de vivre en exil ou sous occupation marocaine. 40 ans, ça suffit ! Il aspire à recouvrer sa souveraineté sur son territoire. Le Conseil de sécurité de l’ONU, dont la France est membre permanent, devrait adopter fin avril une résolution sur le Sahara occidental. Dans cette perspective, les associations sahraouies (ASF, ACSF), de soutien à la cause sahraouie et des droits de l’homme regroupées dans la Plateforme Sahara occidental appellent à

    UN RASSEMBLEMENT SAMEDI 4 AVRIL À 15H PLACE DU TROCADERO suivi d’une manifestation jusqu’à l’Ambassade du Maroc Paris 16ème

    pour demander que la résolution des Nations unies sur le Sahara occidental se prononce pour :


    - la libération des prisonniers politique sahraouis
    - la mise en œuvre rapide du référendum d’autodétermination
    - l’extension du mandat de la Minurso aux droits de l’homme
    - l’interdiction de la prospection et de l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental

    Dans une "Lettre ouverte" adressée au président de la République avec d’autres associations, la Plateforme pour la solidarité avec le peuple sahraoui demande au gouvernement français de s’engager dans ce sens aux Nations unies. Paris le 30 mars 2015

    Contact : plateformeso@gmail.com 3 avril 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/republique-sahraouie/article/sahara-occidental-pour-la

     

  • « Antiraciste, anticolonialiste, un point c’est tout ! » (Afps)

     

    Dans un article publié ce mercredi 1er avril sous le titre « Le Capitole interdit la réunion du NPA », « La Dépêche du Midi » a indiqué à propos de Bernard Cholet qu’il faisait partie d’un groupe de militants condamnés pour « discrimination et incitation à la haine raciale ». Cette information est erronée, et nous présentons nos sincères excuses à M. Cholet. Dans le texte publié ci-dessous, Bernard Cholet a souhaité rappeler les raisons militantes qui l’ont conduit devant la justice, et la relaxe dont il a bénéficié.

    La Dépêche du Midi, jeudi 2 avril 2015

    « Je me suis retrouvé subrepticement dans les colonnes de « La Dépêche du Midi » 1er avril victime d’accusations diffamatoires qui portent atteinte à mon intégrité personnelle et à mon honneur, et qui ne respectent pas la chose jugée. À la suite d’une plainte d’une officine de l’extrême droite pro-israélienne, j’ai en effet été inculpé avec deux camarades pour une action Boycott Désinvestissement Sanctions (comme nous en réalisons des centaines partout en France et dans le monde depuis 2010) dans une grande surface pour appeler les consommateurs au boycott des produits exportés illégalement par Israël, boycott international destiné à faire cesser l’impunité de cet Etat pour qu’il respecte enfin le droit international. Après quatre ans de procédures judiciaires, j’ai été relaxé par deux fois par des tribunaux indépendants qui m’ont donc jugé innocent. Mieux encore, contrairement à ce qui a été publié par « La Dépêche du Midi » et diffusé dans un communiqué de la mairie de Toulouse, aucune condamnation pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » n’a été prononcée contre des militants dans le cadre d’actions BDS. La cour d’appel de Paris — après avoir considéré comme légal le droit à l’appel au boycott émanant de la société civile — sera sur le sujet encore plus précis : « la critique pacifique de la politique d’un État relevant du libre jeu du débat politique se trouve au cœur même de la notion de société démocratique ». Le manque de sérieux dans la vérification des sources autant pour le journaliste que pour le Maire est inacceptable et grave de conséquences.

    Enfin et pour que les choses soient claires, le conflit israélo-palestinien n’est nullement un conflit religieux. L’appel au boycott n’a rien à voir avec la religion juive mais avec la politique d’un État qui pratique la colonisation et la discrimination. Alors oui, militant depuis toujours contre le racisme, contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie, militant anticolonialiste. Pas plus, pas moins. Et soyez persuadés qu’ils ne nous feront pas taire ».

    http://www.france-palestine.org/Antiraciste-anticolonialiste-un-point-c-est-tout

  • Khalida Jarrar doit être libérée (Afps)

     

    Communiqué de l’AFPS, jeudi 2 avril 2015

    La députée palestinienne Khalida Jarrar vient d’être arrêtée cette nuit par les forces d’occupation israéliennes à son domicile de Ramallah, c’est à dire en « zone A » d’après les accords d’Oslo. Zone théoriquement sous contrôle exclusif palestinien, mais Israël en toute arrogance ne s’encombre pas de ses « détails » qu’il viole régulièrement. Son domicile a été saccagé, ses deux ordinateurs ainsi que son téléphone portable lui ont été confisqués.

    La députée membre de la direction du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), l’une des composantes historiques de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) avait déjà reçu, en septembre 2014 un ordre militaire israélien pour quitter Ramallah et s’« exiler » pour six mois à Jéricho, autre ville palestinienne située en « zone A ». Le motif invoqué à l’époque par les israéliens pour justifier cet absurde ordre militaire est que Madame Jarrar « met en danger la sécurité de la région ».

    Khalida Jarrar qui avait refusé de signer cet ordre arbitraire avait fini par obtenir gain de cause après s’être réfugiée pendant plusieurs jours dans une tente devant le siège du Conseil législatif palestinien, au sein duquel elle est en charge du dossier des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes . Elle avait été alors soutenue par de très nombreuses organisations des droits de l’Homme en Palestine et dans le monde.

    Une trentaine de députés palestiniens se trouvent dans les geôles israéliennes, dont certains en détention administrative, c’est à dire sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. L’arbitraire total est conforté par le silence de la communauté internationale même lorsque les personnes visées sont des dirigeants de premier plan. Ainsi les soldats de l’occupation ont pu tuer en toute impunité un ministre, Ziad Abu Ein. C’était le10 Décembre 2014, il manifestait pacifiquement contre l’expropriation des terres palestiniennes en faveur de l’extension de colonies à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme.

    Ces crimes et cette répression au quotidien sont condamnables et moralement inacceptables. Il est nécessaire et urgent d’y mettre fin. La France doit l’exiger fermement des Israéliens en des termes autrement plus directs que ceux utilisés par le porte-parole du Quai d’Orsay lorsqu’il avait été questionné sur les circonstances de la mort du ministre Ziad Abu Ein. Tout en se refusant de nommer les auteurs des « violences qui ont conduit à la mort du Ministre », il s’était borné à appeler les « autorités israéliennes à faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame », tout en relevant que le « ministre de la défense d’Israël a annoncé qu’une enquête était en cours ». Le résultat est celui qu’on pouvait attendre d’une telle « enquête » : l’assassin du ministre n’a jamais été inquiété.

    Le Ministère des Affaires étrangères doit en tirer la conclusion qui s’impose en exigeant aujourd’hui la libération immédiate de Khalida Jarrar.

    La France et l’UE doivent mettre en œuvre les quarante recommandations extrêmement précises du tout dernier rapport des chefs de mission en poste à Jérusalem et Ramallah sur la situation à Jérusalem.

    Le Bureau national

    http://www.france-palestine.org/Khalida-Jarrar-doit-etre-liberee

  • Traquenards et calomnies contre les dissidents au Maroc (Orient 21)

    http://www.jeuneafrique.com/photos/AFP/1300/photo_1300469313121-1-0.jpg

     

    Sexe, drogue, argent et vidéo

     

    Une longue série d’affaires a touché des personnalités et des activistes qui ont pris part ou soutenu le mouvement du 20-Février, des islamistes Al-Adl wal-Ihsane aux membres d’associations laïques. Scandale sexuel, financier ou de drogue : à chacun un « crime » adapté touchant un tabou de son idéologie pour le discréditer et porter atteinte à la version marocaine du Printemps arabe.

    Le 17 mars, Hicham Mansouri, journaliste et activiste de l’Association marocaine du journalisme d’investigation (AMJI) est arrêté par une dizaine de policiers en civil. La porte de son appartement est violemment défoncée. Il est battu sur le visage et la tête, déshabillé et traîné dehors, cachant difficilement ses parties intimes avec une petite serviette. Quelques jours plus tard la wilaya de police de Rabat publie un communiqué — chose rare en soi — l’accusant, entre autres, de tenir un local destiné à la prostitution1.

    Quelques jours plus tôt, Mustapha Arriq, haut responsable de l’association islamiste la plus puissante du Maroc, Al-Adl wal-Ihsane (AWI), est arrêté à Casablanca pour «  relation extraconjugale  ». Ce sont les derniers faits d’une longue série de harcèlements qui a visé les islamistes d’AWI mais aussi des personnalités et des activistes qui ont participé ou soutenu le mouvement du 20-Février.

    Dans la région Mena (Middle East and North Africa) — et avec le déclenchement du Printemps arabe et le renforcement relatif du contrôle social sur l’État, grâce notamment au rôle des nouveaux médias et de la presse électronique — certains groupes économiques et/ou politiques (parfois indépendants de l’État mais favorables au régime politique en place) recourent de plus en plus à des méthodes détournées pour étouffer l’opposition en sapant sa crédibilité et sa popularité au sein de la société.

    Ainsi au Maroc, des «  sites d’information  » avec d’importants moyens financiers — mais dont la source est inconnue — se spécialisent dans les attaques contre les associations, personnalités ou groupes politiques qui sont considérés comme des dissidents.

    Plusieurs thèmes de propagande sont employés pour faire tort à la réputation et à l’honneur des opposants, que ceux-ci agissent sur le plan politique ou dans les domaines civiques comme celui des droits humains. Nous nous limiterons dans cet article à traiter de trois d’entre eux : le sexe hors mariage, le trafic de drogue et l’argent en provenance de l’étranger.

    Islamistes : le sexe interdit

    Les premières victimes du «  sexe interdit  » sont les islamistes critiques du système. De fait, ce courant d’opinion trouve ses soutiens principaux dans les secteurs sociaux conservateurs qui accordent habituellement une grande importance à la morale religieuse. Il n’y a donc pas de meilleur moyen pour ternir son image dans la société et montrer sa prétendue hypocrisie qu’en étalant publiquement des photos ou des vidéos mettant en scène des membres connus d’une organisation d’opposition dans des positions choquantes pour la pudeur publique. Les cas d’attaque concernant Al-Adl wal-Ihsane (AWI), par exemple, se sont multipliés durant les dernières années. Ainsi Nadia Yassine, la femme la plus populaire au sein de l’organisation, fut victime de ce thème de propagande en plein Printemps arabe. Une vidéo circule très largement sur le net : on la voit marcher aux cotés d’un homme à Athènes, des commentaires et des prises d’angle suggérant qu’il s’agit de son amant.

    Généralement le produit photographique ou vidéo est tout d’abord publié sur l’un des «  sites d’information  » susmentionnés ou directement sur YouTube. Puis, vu l’intérêt qu’il provoque immanquablement dans le grand public, il est repris dans la presse en ligne ordinaire, ou du moins des articles sont rédigés à ce propos par la presse plus professionnelle2. L’affaire se propage rapidement avant que les victimes ne puissent réagir. Elle devient un thème de discussion sur les réseaux sociaux et dans les cafés de Casablanca, de Rabat et même des villages les plus reculés. Le mal est ainsi fait et les démentis des victimes n’y peuvent rien. Cela peut briser la carrière d’un opposant. Ainsi de la pasionaria d’Al-Adl wal-Ihsane qui s’est retirée de la scène politique depuis cette agression contre elle et sa famille.

    L’un des cas les plus récents a eu lieu en août 2014 à Khémisset, à 60 kilomètres à l’est de Rabat, contre un membre de la même association et sa prétendue compagne illégitime. Il s’agit d’une personnalité locale connue pour ses engagements religieux et politiques. C’est un cas très grave car la vidéo publiée montre non seulement les victimes à moitié nues, mais aussi les visages de ceux qui sont présentés comme les ayant pris en flagrant délit d’adultère. Il s’agit donc d’un nouveau degré, jamais atteint auparavant, dans les méthodes de ces groupes occultes qui font du combat contre l’opposition leur raison d’être. Avec cette vidéo, l’objectif est de menacer de revendiquer dorénavant «  officiellement  » les attaques contre les dissidents comme une lutte contre l’immoralité des opposants comme dans certains pays comme la Russie et le Zimbabwe.

    «  Consommation et trafic de drogue  » pour les jeunes activistes

    Le trafic de drogue et d’autres trafics sont un thème favori de propagande contre les jeunes du mouvement du 20-Février qui déclencha en 2011 les grandes démonstrations de rue en faveur de la démocratie. Ainsi, en décembre 2012, Driss Boutarda, marchand ambulant, comédien populaire et animateur du Théâtre des opprimés, Al-Masrah al-Mahgour et Mounir Raddaoui se moquent des hautes personnalités de l’État dans un sketch improvisé joué en plein air à Rabat. Quarante-huit heures plus tard, Boutarda est arrêté pour consommation et trafic de drogue. Il est très rapidement condamné à un an de prison3. Avant son arrestation on lui a proposé, selon son témoignage à la presse, de lui trouver un travail qui assurerait un revenu sûr en échange de l’arrêt de ses activités protestataires. La principale association des droits humains au Maroc, l’association marocaine des droits de l’homme (AMDH) le défend en tant que détenu d’opinion.

    Raddaoui possède une entreprise spécialisée dans le commerce des portables à Kénitra. Il est accusé de contrebande. Tout son stock est illégalement confisqué, ainsi que sa voiture. Selon lui ses pertes immédiates se chiffrent à 100 000 dollars (plus de 91 000 euros). Il y a aussi le cas du célèbre chanteur contestataire Mouad El Houad — connu sous le nom d’Al-Haqd. Arrêté devant le stade de football de Casablanca en mai 2014 pour trafic de billets d’entrée, il sera condamné à quatre mois de prison ferme pour ébriété sur la voie publique et insulte à la police. Al-Haqd, qui est âgé de 27 ans, a déjà effectué plusieurs séjours en prison sous différents prétextes car il critique très directement dans ses chansons de hautes personnalités de l’État.

    «  Servir les agendas étrangers  »

    Si le sexe est quasiment réservé aux islamistes et aux militants des groupes conservateurs en général et la drogue aux jeunes activistes du Printemps arabe, l’argent semble l’argument massue contre les organisations qui s’inspirent des idéologies de gauche. Car la gauche étant connue pour sa défense, du moins sur le plan discursif, des valeurs d’égalité, de justice sociale et de transparence financière, ce thème de propagande semble lui convenir à merveille.

    Ainsi les médias mentionnés au début de cet article concentrent-ils leurs attaques sur les associations de défense des droits humains les plus critiques vis-à-vis du régime. Elles sont accusées de recevoir de l’argent de l’étranger afin de servir les agendas des puissances occidentales ou de pays hostiles au Maroc. À partir de mi-juillet 2014, cette accusation devient officielle. Le ministre de l’intérieur déclare que des associations de la société civile reçoivent de l’argent de l’étranger pour servir «  des agendas étrangers  » et que leurs activités représentent un obstacle à une lutte efficace contre le terrorisme. Dès lors, des dizaines d’activités organisées par les associations en ligne de mire sont interdites. Les sections locales qui renouvellent leurs bureaux ne sont pas reconnues par les autorités. Même des fondations étrangères sont touchées par la vague des interdictions. Ainsi le ministre de l’intérieur interdit le 24 janvier une conférence internationale organisée par la prestigieuse fondation allemande Friedrich Naumann Stiftung alors que son collègue le ministre de la communication avait répondu positivement à l’invitation de la fondation à présider sa séance d’ouverture. Les mêmes médias montrent du doigt l’argent étranger et sa soit-disant dilapidation par des organisations étrangères qui osent collaborer avec les dissidents marocains.

    Quand on regarde de plus près le profil des victimes de la campagne répressive, on se rend compte qu’elles ont toutes joué un rôle fondamental dans le soutien logistique et politique au Mouvement du 20-Février. S’agit-il de salir ces dissidents, religieux ou laïques, et ces groupes dérangeants de la société civile avant de passer à leur liquidation par mesure administrative  ? La menace de la wilaya de Rabat de retirer à l’AMDH son statut d’association d’utilité publique semble aller dans ce sens : à Rabat, c’est la première organisation à avoir mis ses locaux à la disposition des jeunes du mouvement. La première conférence de presse internationale a eu lieu au sein de son siège central dans la capitale, trois jours avant le déclenchement officiel du Printemps marocain. Depuis la fin de l’été 2014, près de 85 activités de l’AMDH ont été interdites sur l’ensemble du territoire. Et ses responsables sont diffamés quotidiennement dans la presse des services. Le temps de fermer définitivement la parenthèse du Printemps arabe au Maroc est-il venu  ?

    Maâti Monjib   30 mars 2015
  • RASSEMBLEMENT pour Ali Mécili (Ageria Watch)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/01/00/3604699585.jpeg

    À l’initiative de sa famille et de ses amis

     

    dimanche 12 avril 2015 à 14h30

    Cimetière du Père Lachaise – Entrée principale

     

    "J'aurais pu mourir hier sous les balles des soldats de la colonisation, je meurs aujourd'hui sous des balles algériennes dans un pays que l'ironie de l'Histoire a voulu que je connaisse après l'avoir combattu les armes à la main. Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie".

    Ces mots ont été écrits par l'avocat Ali Mécili, bien avant son assassinat à Paris le 7 avril 1987 sur ordre du pouvoir algérien. Ces mots nous saisissent par ce qu'ils révèlent de sa clairvoyance et de sa lucidité, lui qui a combattu, avec Hocine Aït-Ahmed, pour la démocratie et le respect des droits de l'Homme.

    Ironie de l'Histoire encore aujourd'hui. Vingt-huit ans après, un juge d’instruction français en vient à prononcer un non lieu pour clore un dossier d'assassinat politique, marqué dès l'origine par la Raison d'Etat et le renvoi en Algérie de l'assassin présumé. Un juge d'instruction français se soumet et reconnaît à un Etat étranger le droit de paralyser l'action judiciaire en France en se fondant sur le refus de coopération internationale de l'Algérie pour justifier un non lieu.

    Ne pouvant accepter une telle décision qui ne pourra qu'encourager d'autres crimes politiques et faire de la France un lieu d'impunité, nous avons fait appel de cette ordonnance de non lieu et demeurons dans l'attente de l'arrêt de la Cour d'appel de Paris.
    C'est pourquoi, le 12 avril prochain, nous devons être encore plus nombreux à rendre hommage à Ali et à montrer notre détermination.
    Oui, Ali est mort à Paris sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie, il est mort aussi pour avoir aimé la France des droits de l'Homme et de la démocratie.

    Que justice lui soit un jour rendue dans un pays fidèle à ses valeurs.

    Paris le 31 mars 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/div/livres/affaire_mecili.htm

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/affaire_mecili/rassemblement_2015.htm

    Voir aussi:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_Andr%C3%A9_M%C3%A9cili

  • Syrie: le groupe EI envahit le camp palestinien de Yarmouk, proche de Damas (Afps)

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    Une photo de la foule attendant la distribution de nourriture à Yarmouk, le 31 janvier, prise par un membre de l’UNRWA.
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    Les combattants du groupe Etat islamique contrôlent le camp palestinien de Yarmouk, près de Damas, du moins en grande partie. L’offensive s’est déroulée mercredi 1er avril au matin et, selon plusieurs sources, les jihadistes ont pris position dans plusieurs des principales artères de ce camp situé à moins de huit kilomètres du centre de Damas.

    Jamais depuis l’émergence de l’organisation Etat islamique en 2013, celle-ci ne s’était autant approchée, les armes à la main, du centre de Damas. L’offensive a été menée depuis une localité voisine du camp. Elle a permis aux combattants de l’Etat islamique de prendre le contrôle d’une grande partie du camp de Yarmouk.

    Des centaines de combattants ont lancé une attaque surprise en direction du camp à partir du quartier voisin de Hajar al-Aswad. Ils ont profité de la complicité de plusieurs groupes jihadistes liés au Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, qui leur ont secrètement prêté allégeance. Dans leur progression, ils ont balayé une milice locale liée au Hamas palestinien, appelé Aknaf Beif al-Maqdas. Les combats se poursuivent dans certains points, mais la majeure partie de Yarmouk est tombée entre leurs mains.

    Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs sur le terrain, c’est un groupe proche du Hamas qui tente de résister aux assaillants jihadistes.

    L’armée syrienne, qui encercle le camp de trois côtés, a réagi à ce grave développement sur le terrain en bombardant à l’artillerie et avec l’aviation plusieurs secteurs de Yarmouk.

    Le camp de Yarmouk est le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie.

    Avant la révolution de 2011, il comptait près de 160 000 habitants. Il n’en compte désormais plus que 18 000. Resté neutre durant la première année de la guerre civile, le camp avait ensuite pris fait et cause pour la rébellion. Et depuis 2013, ses habitants souffrent de pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments, en raison du siège imposé par le régime syrien.

    RFI, jeudi 2 avril 2015

    http://www.france-palestine.org/Syrie-le-groupe-EI-envahit-le-camp-de-Yarmouk-proche-de-Damas

  • Palestine, l’Agriculture : le nerf de la guerre (Résistance Npa 64)

    Le 7 février dernier a eu lieu à Macaye une journée d’information et de soutien à la Palestine. A cette occasion nous avons rencontré Ana qui y a fait une intervention sur l’agriculture dans ce pays.

     

    Résistances : Peux-tu nous dire dans quel cadre tu as rencontré des représentantEs de l’agriculture palestinienne et ta motivation pour le faire ?

    Ana : Je représentais ELB au sein de la délégation d’observation des droits des paysans et des paysannes et des pêcheurs dans les Territoires Occupés Palestiniens, organisée par La Via Campesina, mouvement paysan international. Cette délégation était composée de représentantEs de différentes organisations paysannes du Pays Basque et d’Andalousie (EHNE-Bizkaia, SOC, ELB), certaines travaillant pour la souveraineté alimentaire des peuples. La Via Campesina a répondu ainsi à l’appel à soutien lancé par le syndicat agricole palestinien l’Union of Agricultural Workers Commitee (UAWC) qui est la première organisation paysanne palestinienne à rejoindre le mouvement de La Via.

    La délégation avait donc deux objectifs : premièrement, exprimer notre reconnaissance, notre soutien et notre solidarité à l’UAWC et aux paysanNEs et pêcheurs palestiniens dans leur lutte quotidienne face à l’occupation israélienne et deuxièmement, recueillir les témoignages des organisations et de la population palestinienne sur la violation systématique des droits humains et la spécificité de la situation vécue par les pêcheurs et les paysanNEs palestiniennes. Cette information a été recueillie dans la cadre de  la Déclaration des Droits des paysans et des travailleurs ruraux qui est actuellement en discussion à Genève. Ce dossier, en cours de rédaction, servira pour l’approbation de cette déclaration proposée par La Via Campesina afin de protéger les droits de la paysannerie partout dans le monde (droit à la terre, aux semences,

    : Quels sont les produits les plus cultivés en Palestine et quels sont les problèmes rencontrés pour pouvoir le faire, en particulier ceux posés par Israël ?

    A : L’agriculture a toujours été une composante très importante dans la vie et l’économie  palestiniennes et continue à l’être malgré l’occupation israélienne. Elle représente 6 % du P.I.B. (Produit Intérieur Brut) et concerne 13 % de la population active.

    Les productions les plus importantes sont les olives, les légumes, la volaille, les œufs, les fruits tels que le raisin, les figues, les oranges, les citrons ou les dates et les céréales. La Palestine est autosuffisante pour certaines de ces productions mais elle dépend des importations pour la viande rouge et surtout pour le blé. 

    Le gouvernement sioniste utilise deux outilss principaux pour mener sa politique d’occupation : la construction des colonies illégales dans les territoires occupés et la construction du mur. Toutes ces constructions impliquent confiscation et expropriation des terres, ainsi que d’autres ressources telles que l’eau. La terre et l’eau sont les deux moyens de production principaux en agriculture et Israël limite ou empêche leur accès.

    Beaucoup des paysanNEs ont leurs terres de l’autre côté du mur. Pour traverser les portes du mur elles/ils doivent faire  des détours de dizaines de kilomètres et doivent avoir un permis. Les horaires pour la traversée du mur sont très limités : une demi-heure à 6 heures le matin, à 12 et 17 heures l’après-midi. Malgré le permis, l’armée israélienne qui en contrôle les portes peut décider d’en refuser le passage. Le plus souvent au moment des récoltes ou lors de la vente au marché local jusqu’à péremption des produits. 

    D’autres pratiques communes employées contre la paysannerie sont : la démolition des infrastructures agricoles (bâtiments agricoles, installations d’irrigation, etc.) et des maisons familiales ; la destruction des cultures agricoles ; le déracinement d’oliviers centenaires ; la confiscation d’animaux et la pollution des terres et des nappes d’eau souterraines.

    Le mur permet à Israël de contrôler et restreindre les mouvements de la population palestinienne mais aussi les produits en décidant quels sont ceux qui rentrent et/ou qui sortent de Cisjordanie et de Gaza. Il empêche les produits palestiniens de traverser le mur et les frontières pour être vendus ailleurs et en même temps, inonde les marchés locaux de Cisjordanie des produits à bas prix pour contrer  la vente des produits palestiniens (dumping). De plus, les paysanNEs palestiniennes doivent acheter des produits de mauvaise qualité à Israël à des prix exorbitants car tout le commerce passe par Israël, augmentant ainsi leurs charges alors que les recettes de leurs produits diminuent. Cette situation met en danger la rentabilité des exploitations palestiniennes, en les obligeant à travailler en dehors de la ferme, très souvent dans des industries ou exploitations des colonies.

    R : Quelles possibilités de s’organiser pour ces paysanNEs et quelles luttes peuvent-elles/ils mener face à l’Etat sioniste ?

    A : La politique d’occupation d’Israël a deux piliers principaux : l’appropriation de la terre et l’expulsion de la population. Ainsi les paysanNEs palestinienNEs deviennent l’objectif principal de cette politique, ils/elles sont la première ligne de la résistance. Le fait de rester sur ses terres et de continuer à les travailler constitue la résistance la plus puissante. Leur identité est liée au travail de leur terre et leur conscience de l’importance de continuer à produire pour nourrir leur peuple.Malgré les attaques israéliennes, leur nombre se maintient. Il y a environ 110.000 fermes dans les Territoires occupés palestiniens et 120.000 hectares cultivés, dont la moitié d’oliviers.

    R : Comment pouvons-nous aider ces personnes et par là même le peuple palestinien dans la production/vente de leurs produits ? Le boycott tel que prôné par B.D.S. est-il une solution ? Est-elle approuvée par les agriculteurs/trices en Palestine ? Quel message faire passer à la population du Pays basque à ce sujet ?

    A : La campagne de Boycott, Désinvestissements et Sanctions est l’outil que les organisations palestiniennes nous offrent pour les soutenir et il faut absolument y adhérer et le mettre en place à tous les niveaux. Toutes les organisations et touTEs les paysanNEs avec lesquelles nous nous sommes entretenuEs soutiennent le BDS. L’occupation actuellement ne coûte rien à Israël, au contraire, il gagne de l’argent avec le tourisme international dans la Mer Morte et en exploitant les meilleures terres agricoles palestiniennes avec de main d’œuvre pas chère.

    C’est le moment d’agir individuellement et collectivement,  d’utiliser la force de nos choix de consommation contre l’occupation sioniste. Boycott d’Israël !

    La journée « Palestina Eguna » a été positive et a rencontré un écho certain.

    Entretien avec Ana Bados militante d’ELB (Euskal Herriko Laborarien Batasuna)

  • L’attaque saoudienne contre le Yémen, un évènement grave à condamner et combattre (Lcr.be)

     

    Des combattants rebelles chiites manifestent contre les raids saoudiens menés au Yémen, à Sanaa, le 26 mars.

    (Manif chiite contre le raid)

    Dans la nuit du 25 au 26 mars, l’Arabie saoudite a fait pénétrer massivement ses troupes au Yémen. C’est un évènement d’importance, dont il n’est pas sûr qu’il n’aurait pas été occulté médiatiquement chez nous même si la tragédie aérienne des Alpes du Sud ne s’était pas produite l’avant-veille.

    Qu’on en juge : cette invasion-agression est menée au nom d’une coalition de circonstance groupant rien de moins que tous les pays du Conseil de Coopération du Golfe sauf l’Oman, c’est-à-dire les Emirats arabes unis, le Koweit et le Qatar derrière l’Arabie saoudite, mais aussi l’Egypte, le Maroc, la Jordanie, le Soudan et une puissance nucléaire, le Pakistan. Symboliquement la présence sous l’égide saoudienne du régime militaire égyptien du général al Sissi d’une part, et de l’émirat du Qatar ancien soutien des Frères musulmans massacrés en Egypte par le même al Sissi d’autre part, renforce l’aspect voulu d’une sorte de réconciliation des altesses et des képis dans une ligue de salut sunnite formée derrière le nouveau roi Salman ben Abdelaziz al-Saoud, ligue à laquelle la Turquie apporte également son soutien.

    Mieux encore : les ennemis que vient combattre officiellement cette coalition sous égide saoudienne, les houthistes, sont aussi les cibles désignées de Daesh qui s’est illustré par la revendication d’un effroyable attentat faisant 142 morts à Sanaa le 20 mars. Ce carnage était de fait le prologue à l’agression saoudienne, alors même que le régime de Ryad est censé combattre, comme le Qatar, les forces de Daesh en Irak et en Syrie !

    D’ailleurs, les rivaux que Daesh cherche à renvoyer au rayon des vieilleries inoffensives, nous voulons parler d’al-Qaeda, bien présents au Yémen, combattent eux aussi les mêmes houthistes !

    Les Etats-Unis, qui ont depuis des années mené une triste guerre de drones contre al-Qaeda (en tout cas officiellement) au Yémen, se trouvent maintenant dans le même camp de facto, puisqu’ils apportent un soutien officiel à l’intervention saoudienne et sont censés préter leur soutien logistique, sauf qu’il est évident que dans cette affaire, Ryad les a mis devant le fait accompli.

    Le jeu saoudien consiste à orchestrer une coalition anti-chiites visant l’Iran, comme le souligne l’engagement du Pakistan dans la coalition, particulièrement dangereux et qui ne peut se justifier que pour faire planer la menace de prendre à revers l’Iran, ce qui soulève des mobilisations de protestations au Pakistan, et des doutes jusqu’au sommet de l’Etat.

    Or ce jeu intervient à un moment bien précis : les négociations sur le nucléaire iranien sont censées déboucher, ou non, sur un accord, dans les heures ou jours à venir. Officiellement il y a achoppement sur la durée de la surveillance imposée à l’Iran, la levée immédiate ou non des sanctions économiques, et la proposition iranienne récente de garder une grande partie de ses centrifugeuses plutôt que de les envoyer en Russie et de diluer son stock d’uranium sur place sous forme de gaz. Remarquons d’ailleurs que cette dernière complication des négociations est venue aprés l’intervention saoudienne au Yémen et l’entrée du Pakistan dans la coalition, ce qui pourrait avoir renforcé, à Téhéran, les factions hostiles à un accord.

    Mais le bras de fer réel se déroule au sein de l’administration US voire dans la tête de certains hauts responsables, dont Obama : l’intérêt bien compris, à moyen terme, de l’impérialisme nord-américain, est de s’entendre avec l’Iran, ainsi qu’avec Bachar el Assad en Syrie, contre les peuples de la région. Cela supposerait un esprit de décision à Washington dont la carence actuelle renvoie à la crise globale ouverte depuis 2008, et au bilan d’échec accablant sur tous les plans de 15 années de soi-disant guerre sans fin contre le terrorisme.

    Début mars le ci-devant général Petraeus, ancien chef de l’OTAN, de la CIA et de l’occupation US en Irak et Afghanistan, débarqué en 2012 pour … adultère, déclarait que “L’Etat islamique n’est pas le plus grave danger qui menace l’Irak.“.

    Remarquons bien que cette spectaculaire déclaration dit tout haut ce que tous pensent tout bas : mais non, l’Etat islamique, cet abominable chose qui diffuse en vidéos ses barbaries, n’est pas pour eux le véritable danger. Le véritable danger, ce sont les peuples !

    Ceci étant, c’est en l’occurrence l’Iran que Petraeus désigne évidemment ici, et c’est là une attaque directe contre la politique qu’Obama et John Kerry semblent tenter de mettre en oeuvre.

    Deux Etats, ayant des ramifications dans l’appareil d’Etat US tout en dépendant étroitement de sa tutelle ou de sa clientèle, veulent empêcher Washington de matérialiser ce tournant, de signer un accord avec l’Iran, et lui tiennent rigueur de son incapacité croissante à jouer les gendarmes : Israël et l’Arabie saoudite. De sorte que l’on peut dire que l’intervention saoudienne au Yémen s’ajoute à la réélection de Benyamin Netanyahou, aprés sa visite au Congrés US contre Obama, pour essayer maintenant de contraindre Washington à s’aligner sur les initiatives de ses clients !

    Les gesticulations saoudiennes veulent faire croire au monde entier que les houtistes au Yémen serait par rapport à l’Iran dans une relation d’alliance comparable à celle du Hezbollah au Liban. Or, ceci est complétement faux.

    Les chiites du Yémen, zaydites, sont plus proches de l’islam sunnite chafféite que les chiites duodécimains d’Iran et ont toujours cohabité avec lui jusqu’à ce jour, fréquentant y compris les mêmes mosquées. Le régime monarchique de supposés descendants du Prophètes, zaydites, fut renversé en 1962, mais l’intervention égyptienne refusant la prise en compte des revendications paysannes et populaires a “réussi ce tour de force de faire revenir le pays à son point de départ“ (Samir Amin, La nation arabe, Nationalisme et lutte de classe, Editions de Minuit, 1976) et de ramener les “féodaux“ soutenus par la monarchie saoudienne au pouvoir au Nord du Yémen. C’est donc aprés la faillite du nationalisme bourgeois qu’un renouveau zaydite se produisit, d’abord sous la forme d’une évolution religieuse le rapprochant du chiisme duodécimain (par exemple par la reprise de la fête de l’Achoura, mais sans les rituels sanglants), réagissant aux pressions de l’islamisme sunnite pour aligner tout l’islam, évolution d’où sortit le mouvement “houthiste“, du nom du leader politico-religieux Abd Al-Malik Al-Houti, assassiné lors d’un raid aérien saoudien – déjà.

    Ce mouvement a une base territoriale dans des zones paysannes pauvres, et a participé au “printemps arabe“ à Sanaa en 2011, qui a réussi aprés de terribles affrontements à renverser le dirigeant dictatorial et corrompu Ali Abdalla Saleh (lui-même d’origine zaydite), mais sans déboucher sur une issue démocratique, un dirigeant analogue, Saadi, lui succédant en 2013. Tout s’est alors passé comme si le mouvement houtiste avait progressivement, et sans toujours l’avoir cherché, comblé les vides politiques se formant dans l’Etat. Allié depuis 2014 à des secteurs proches de l’ancien président Saleh, les houthistes ont pris le contrôle de Sanaa en septembre 2014. La fuite de Saadi à Aden en janvier 2015 a conduit les houthistes à marcher sur le Sud et à prendre cette ville et c’est alors que Ryad intervient massivement.

    L’intervention saoudienne est donc motivée par la volonté de contrôler le Yémen, pays le plus peuplé et le plus pauvre de la péninsule arabique, un pays qui n’a pas de pétrole mais qui contrôle le passage de Bab el Mandeb (l’entrée Sud de la mer Rouge) et par la grande opération diplomatico-militaire décrite ci-dessus avec la formation d’une coalition sunnite, contraignant les Etats-Unis à la soutenir en espérant saboter un accord avec l’Iran. Ces raisons suffiraient à caractériser cette intervention de réactionnaire sur toute la ligne, devant donc être condamnée et combattue.

    Mais il est vraisemblable que l’attaque saoudienne a été aussi motivée, tout simplement, par la peur panique de voir une crise éclater dans le royaume wahabite lui-même, tant sont profonds les liens entre ses populations et les yéménites. Les chiites, duodécimains, zaydites ou ismaéliens, sont des minorités opprimées et discriminées en Arabie saoudite, et leur mise en mouvement, loin d’être la “manipulation iranienne“ que dénonce le régime pour mieux le circonscrire, annonce l’entrée dans la lutte pour leur émancipation des prolétaires, dont beaucoup ici sont des immigrés africains et asiatiques qui ont déjà manifesté en écho aux grèves de beaucoup de pays asiatiques ces dernières années, et celle des femmes. Bref, le combat contre la discrimination des chiites, 17 à 20% de la population, est une brêche par où tout peut s’engoufrer en Arabie saoudite.

    Le régime de Ryad se met en danger pour éviter ce danger : car son intervention au Yémen, pour peu qu’elle pâtine ou tourne mal, produira un choc en retour très profond. A son tour, le régime risque de vouloir conjurer cette possibilité en pratiquant la fuite en avant dans le sens de la guerre des sunnites contre les chiites et de l’encerclement de l’Iran, alors que tel n’est absolument pas le contenu réel des mouvements sociaux qui ont commencé dans tout le monde arabe. Ce sont les régimes en place et les mécanos monstrueux qu’ils ont activé, comme Daesh, qui sont porteurs des guerres de religion. Le régime iranien et le régime pakistanais sont tout aussi dangereux. Mettre la guerre à la place de l’émancipation, voila leur seul programme.

    L’alternative est l’émancipation, la démocratie, la destruction de toutes les théocraties comme des dictatures militaires. Ce n’est pas une utopie : c’est le réalisme.

    1 avril 2015 par Vincent Présumey

    http://www.lcr-lagauche.org/lattaque-saoudienne-contre-le-yemen/