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  • Le Collectif national pour un moratoire sur le gaz de schiste dénonce (Le Matin.dz)

    Le collectif national pour un moratoire sur le gaz de schiste Algérie (CNMGS) s’indigne et dénonce l’éminence de nouvelles fracturations hydro-chimiques dans la région d’in Salah, malgré le refus de la population locale mobilisée depuis plus de 100 jours pacifiquement et de façon déterminée et le refus des nombreux militants antigaz de schiste en Algérie.

    En effet, il a été constaté sur le site du KM 35 la présence de quantités importantes de produits chimiques stockées dans des fûts mais aussi dans des sacs, ces derniers pouvant laisser échapper des produits chimiques dans l’atmosphère et, ce faisant, créer une irrémédiable pollution sur l’environnement et les personnes. Il a été également constaté la présence de matériel lourd de fracturation, véhicules, etc.

    Alors que le débat transparent souhaité par la société civile et la communauté scientifique algérienne contre la fracturation hydro-chimique des schistes ainsi que l’appel à moratoire n’ont reçu aucune réponse des pouvoirs publics, nous revoilà, encore une fois, confrontés aux dangers de cette technique sur les ressources hydriques et sur la population.

    Face aux déclarations contradictoires et à tort rassurantes des pouvoirs publics le Collectif national pour un moratoire du gaz de schiste Algérie réitère avec force et détermination l’urgence d’un moratoire et en appelle aux plus hautes instances de notre pays.

    Il est de notre devoir de citoyens de continuer notre mobilisation contre la fracturation hydrochimique des schistes et de rester intransigeants quant au devenir de la gestion de nos ressources naturelles et hydriques afin de préserver l’avenir des générations futures.

    Il est également de notre devoir de soutenir la mobilisation exemplaire d’In Salah et de faire écho à Sahet Essoumoud.


    Nous rappelons que le Collectif national pour un moratoire sur le gaz de schiste Algérie a été créé le 25 février 2015 afin de soutenir l’appel à moratoire adressé par la société civile d’In Salah le 23 février 2015 au Président de la République.
    Notre collectif appelle par ailleurs à la création d’une commission indépendante sur la question des gaz de schistes par fracturation hydraulique et nous demandons à ce que soient rendus publics:


    - Le document validé par l’Assemblée nationale populaire sur la question des gaz de schistes,
    - Le rapport des experts remis par M. Mebtoul au Premier ministre,
    - Et les conclusions qui ont permis à l’Autorité de Régulation des hydrocarbures la validation de l’exploitation des gaz de schistes en Algérie.

    Bien que l’arrêt de l’exploitation des gaz de schistes soit notre préoccupation première au vu de ses diverses conséquences, il n’en demeure pas moins que nous nous inscrivons dans une démarche plus large, celle du développement durable, de l’économie responsable, de la diversification de nos ressources énergétiques et d’une économie plurielle et diverse qui mettrait l’Algérie à l’abri des aléas d’une économie rentière

    Signataires :

    le Collectif national pour un moratoire sur le gaz de schiste Algérie: Alger, Adrar, Timimoum, Metlili, Tamanrasset, Tébessa, Oum El Bouaghi, Bejaia, Tizi-Ouzou, Constantine, Oran, Boumerdès, Batna, Djelfa, Jijel, les représentants de la diaspora (France, Angleterre, Etats-Unis et Canada).Par Le Matin | 15/04/2015 10:42:00

    http://www.lematindz.net/news/17177-le-collectif-national-pour-un-moratoire-sur-le-gaz-de-schiste-denonce.html

  • Syrie, Damas: Solidarité avec Yarmouk, écrasé de tous les côtés… ( Essf)

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    Le camp de Yarmouk, à Damas, est dorénavant sous le contrôle quasi total selon les dernières nouvelles des forces de l’Etat Islamique (EI), après plusieurs semaines d’opérations militaires pour envahir le camp, avec la collaboration de Jabhat al Nusra (filiale d’Al Qaeda en Syrie), et la déclaration de neutralité du mouvement islamiste de Ahrar Sham.

    Des forces militaires, indépendantes du régime et des forces fondamentalistes réactionnaires, composés de combattants palestiniens et syriens, à l’intérieur du camp ont bien tenté de résister militairement face aux assauts de l’EI, mais sans succès. Les affrontements entre ces forces ont conduit à la mort de nombreux martyrs défendant le camp, dont le colonel Khaled Alhasan connu sous le nom d’Abu Oday qui a fait défection de l’Armée de libération de la Palestine, qui est sous la domination du régime Assad, et a commandé ensuite le mouvement des « Hommes Libres de l’ Armée de Libération Palestinienne » dans le camp de Yarmouk.

    Quelques familles palestiniennes Yarmouk ont fui durant les avancées de l’EI vers des quartiers et villages avoisinants comme Tadamon, Yalda et Beit Sahem. Ces familles manquent de tout bien que l’association Jafra a distribué des vivres à ces familles réfugiés.

    Pour rappel, le camp de Yarmouk qui comptait plus de 150 000 personnes avant la révolution, en majorité peuplé des descendants de réfugiés palestiniens de la Nakba de 1948, mais aussi de Syriens et d’autres, a subi un blocus terrible des forces du régime Assad depuis presque deux ans privant la population d’eaux, électricité, nourriture, etc… Plus 200 palestiniens sont d’ailleurs morts de faims à cause de ce blocus.

    D’ailleurs durant les opérations militaires de l’EI pour prendre le contrôle de Yarmouk, le régime Assad a bombardé les populations civiles du camp et continue à le faire à l’heure ou nous écrivons.

    Il ne reste plus qu’environ 18000 personnes dans le camp aujourd’hui.

    Nous devons apporter notre solidarité et soutien total aux populations du camp de Yarmouk, comme à la population syrienne, face à la terreur de l’EI, de Jabhat al Nusra et des autres forces fondamentalistes d’un côté et du régime criminel des Assad et des ses alliés de l’autre.

    Ces forces contre révolutionnaires sont toutes des ennemis des classes populaires syriennes et palestiniennes et pour la réalisation des objectifs de la révolution : démocratie, justice sociale, et égalité.

    7 avril 2015

    Syria Freedom Forever

    * https://syriafreedomforever.wordpress.com/page/2/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34737

  • Yémen: de la révolution confisquée à la guerre américano-saoudienne (Npa)

    À la tête d’une coalition militaire sunnite, le nouveau roi d’Arabie saoudite, Salmane ben Abdelaziz al-Saoud, s’est lancé dans une opération militaire à haut risque au Yémen...


    Àl’heure où les USA et l’Iran semblent parvenir à un accord sur le nucléaire, il veut ainsi réaffirmer le rôle clef de son pays comme gendarme du monde arabe face à l’Iran, accusé de déstabilisation en Syrie et en Irak, et maintenant à sa porte au Yémen, avec la prise de Sanaa par les Houthis et la fuite du président Hadi. Un Yémen qui contrôle le détroit de Bab-el-­Mandeb qui mène au canal de Suez, un passage stratégique sur la route des tankers Asie-Europe, gardé par les flottes américaines et la base française de Djibouti. Un Yémen où se développent Al-Qaïda, et maintenant Daesh.

    2011, le printemps yéménite
    L’opération « Tempête de fermeté » a reçu le soutien de l’impérialisme US, qui ravitaille en vol les avions saoudiens ou égyptiens et organise les frappes de la coalition, mais aussi de la France, à travers notamment le renseignement militaire. Mais la grille de lecture simpliste « sunnites contre chiites » ne doit pas faire oublier que la racine de l’explosion de l’État yéménite plonge surtout dans la manière dont la révolution de 2011 a été confisquée par les élites militaro-tribales qui s’affrontent aujourd’hui pour le pouvoir au Yémen. L’échec d’une transition pilotée par l’axe américano-saoudien.


    En 2011, prenant modèle sur les printemps tunisien et égyptien, la jeunesse yéménite s’empare des places de Sanaa, Taez ou Aden. Elle veut « dégager » Saleh, qui monopolise le pouvoir depuis 32 ans, elle dit « non à la corruption, non aux tribus, non aux militaires », et porte à sa tête une femme, Tawakkul Karman, dans un des pays les plus rétrogrades au monde pour les femmes. Mais la révolution yéménite fut aussi une convergence de forces hétérogènes derrière la jeunesse progressiste et démocratique : les forces d’opposition, dont les Frères musulmans, les forces tribales, les Houthis de Saada, les régionalistes du Sud-Yémen, et jusqu’à certains secteurs de l’armée, jetant dans la rue jusqu’à un million de personnes.


    L’assise sociale de Saleh s’effondre
    En haut, la monopolisation familiale du pouvoir ébranle le fragile équilibre au sein du complexe militaro-tribal qui l’a porté au pouvoir, et lui interdit au sud d’intégrer les élites du parti socialiste yéménite, issues de l’expérience nassérienne de gauche qu’a connue le Sud-Yémen, avant la réunification de 1990. L’agression des anciennes élites religieuses zaydites houthis de Saada au Nord réactive le conflit sunnite-chiite. Ce passage d’un pouvoir militaro-tribal à un pouvoir militaro-familial va même rompre l’alliance de Saleh avec la puissante tribu des Al-Ahmar, qui vertèbre la branche yéménite des Frères musulmans, le parti Al-Islah.
    En bas, les étudiants ne trouvent pas de travail. Les pauvres sont victimes de l’arrêt des subventions des produits essentiels, le gaz, le fuel. Les paysans, comme à Jahachine, sont victimes de l’accaparement des terres par les chefs tribaux. Rien ne bouge, si ce n’est la richesse accumulée par le clan Saleh, qui accapare les postes clefs, à l’armée et dans l’économie.


    Les USA et l’Arabie saoudite essayent d’organiser une « transition pacifique »... qui fit cependant plus de 2 000 morts. Ils s’appuient sur les Frères musulmans de al-Islah et les membres de l’appareil militaire pour négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale où les proches de Saleh gardent beaucoup de places, notamment dans l’appareil militaire, source de futurs affrontements.

    Pour le peuple, rien n’a changé
    En échange de l’impunité et de quelques millions de dollars, Saleh quitte la présidence. Son vice-ministre, Abd Rabo Mansour Hadi, devient président à la suite d’une élection à un candidat, dénoncée par les révolutionnaires. Mais surtout les Houthis au nord et les forces d’opposition indépendantistes du sud sont écartés de ce fragile compromis. 


    Bien plus fondamentalement, rien ne change pour le peuple yéménite, d’autant que la rente pétrolière s’effondre et que le nouveau régime refuse d’en renégocier les termes, comme le dénoncent les manifestations début 2014 contre Total et la France, qui selon Tawakkul Karman « ne paient le pétrole yéménite qu’à 10 % du prix du marché mondial et ne reversent que 21 % de la somme à l’État ». Profitant de l’arrêt des subventions aux produits pétroliers en septembre 2014, qui alimente la colère sociale contre le nouveau pouvoir de Hadi et des Frères musulmans, les Houthis s’emparent facilement de Sanaa, avec la complicité des unités de l’armée de l’air favorables à l’ancien président Saleh, celui-là même qui les bombardait depuis 2004 !


    Les premières victimes des bombardements massifs sont les populations civiles. Contre cette guerre qui oppose différentes fractions du complexe militaro-tribal et qui risque de favoriser le développement d’Al-Qaïda, notre solidarité va à la jeunesse révolutionnaire yéménite et aux associations de la société civile, qui depuis le début refusent un Yémen aux mains des tribus ou des militaires, alliés ou pas, hier ou aujourd’hui, de l’axe Arabie saoudite-USA.

    Frank Cantaloup

  • Non-lieu dans l’affaire Mecili: la cour d’appel de Paris rendra son verdict en juin (Algeria Watch)

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    La cour d’appel de Paris devrait rendre son verdict concernant la confirmation ou l’annulation du non-lieu dans l’affaire Mecili au mois de juin prochain.

    «Nous ne pourrions pas admettre que la cour d’appel de Paris confirme le non-lieu qu’a prononcé le juge d’instruction en novembre dernier. Et contre lequel nous avons fait appel», a déclaré Annie Mécili, veuve de Ali Mecili, assassiné le 7 avril 1987 à Paris.

    Lors de son allocution d’ouverture de la cérémonie de recueillement annuel à la mémoire de son défunt époux, au cimetière du Père Lachaise, Mme Mecili a réaffirmé sa détermination, celle de ses enfants et des camarades de son mari, à «poursuivre l’objectif final qui n’est autre que le rétablissement de la justice» et la fin de l’impunité qui dure depuis 28 ans.

    Elle a exprimé son souhait de voir la justice française se ressaisir en annulant, comme elle l’a fait dans le passé, le non-lieu.

    «Cette année, nous sommes encore plus déterminés à poursuivre notre combat. D’ici juin, nous comptons organiser plusieurs actions pour dénoncer l’impunité», a-t-elle indiqué.

    Ensuite, elle a laissé la parole à son fils Yalhane, qui a lu un dialogue entre son père et Hocine Aït Ahmed, constitué à partir de lettres qu’ils ont échangées entre 1967 et 1987. «Hocine est parmi nous par la pensée et par le cœur. Et d’ailleurs je suis entourée par ses camarades de la direction nationale du FFS, j’en suis très heureuse, de son fils Jugurtha et de son petit-fils.

    Ali et Hocine avaient le souci d’établir la démocratie à la fois en Algérie et au sein du mouvement de l’opposition», a souligné Annie Mécili qui conclut la cérémonie avec un dernier commentaire sur le dialogue entre Aït Ahmed et Mecili : «C’est une vraie leçon de pédagogie politique et nous comprenons pourquoi ces deux compagnons se sont trouvés et ont fait route ensemble, partageant la même humanité, la même intelligence politique et la même ouverture au monde. Et aussi, nous comprenons pourquoi ils faisaient peur au pouvoir algérien.» 
    Ghezlaoui Samir El Watan, 13 avril 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/affaire_mecili/verdict_juin.htm

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_Andr%C3%A9_M%C3%A9cili

  • Maspero est mort (Algéria Watch)

    Par Brahim Senouci, Le Quotidien d'Oran, 14 avril 2015

    François Maspero vient de mourir. Ce nom résonne-t-il aux oreilles algériennes ? J'en doute.

    Et pourtant:

    Né en 1932, François est le fils et le petit-fils de savants illustres, Professeurs au Collège de France, l'égyptologue Gaston Maspero, qui a laissé son nom à un quartier du Caire et le sinologue Henri Maspero, mort dans le camp de concentration de Buchenwald.

    Lui-même a été écrivain, éditeur.

    Il a notamment publié «l'Honneur de Saint-Arnaud» en Algérie, à Casbah Editions. Il a consacré sa maison d'édition à la publication d'œuvres choisies pour leur engagement contre le colonialisme, la lutte contre la torture, la dénonciation du racisme. Son nom reste attaché à la guerre d'Algérie.

    Il a assuré la sortie d'ouvrages tels que «L'An V de la révolution algérienne» (1959), de Frantz Fanon, «Ratonnades à Paris», long article (non signé), de Paulette Péju, «L'Algérie, nation et société» (1965), de Mostefa Lacheraf.

    Il fonde, en 1961, la revue «Partisans» qui devient l'un des porte-voix incontournables du mouvement anticolonialiste. Il lance, en 1959, la collection «Cahiers libres» pour «combler les lacunes de l'information sur la guerre d'Algérie». La censure gaulliste s'abat sur lui. Des livres et des articles sont frappés d'interdiction.

    Avec les Editions de Minuit, fondées par Jérôme Lindon, les éditions Maspero sont les seules, en France, à braver le pouvoir, la répression et les attentats de l'OAS. Lassé par les luttes et les désillusions, François décide de passer la main à un de ses collaborateurs, François Gèze, qui rebaptise la maison et en fait «La Découverte».

    Il a écrit de nombreux romans, édités au Seuil, «Le Sourire du chat» (1984), «Le Figuier» (1988), «Le Temps des Italiens» (1994) ou «La Plage noire» (1995). Ces livres lui ressemblent, par le nimbe de lumière dans lequel ils sont enchâssés, par la sourde désespérance dont on perçoit l'écho. La vie ne l'a pas plus épargné après la guerre. Il ne s'est jamais, vraiment, remis de la perte d'une compagne et d'une fille bien-aimées.

    François était très ami avec le chroniqueur et écrivain algérien, Sadek Aïssat, qui écrivait «les chroniques du café mort» dans le «Matin d'Algérie» jusqu'à son départ, en France, en 1990. Sadek est mort, il y a 10 ans. Nous avons commémoré ce douloureux anniversaire, en compagnie de François, autour d'un couscous… Sadek et François avaient, en partage, un mal d'être que Sadek évacuait par le chaabi et François par des engagements, en pointillés, pour des causes choisies.

    C'est ainsi que j'ai eu le privilège de le connaître. Il a, en effet, fait partie du Comité organisateur du Tribunal «Russell» sur la Palestine. Nos réunions se passaient à Bruxelles et nous voyagions souvent ensemble. C'était un «taiseux», espèce rare dans les rues parisiennes gonflées de conversations ineptes. Il pouvait, même, avoir l'air revêche. Il était en fait d'une délicatesse extrême et très affectueux. Aux funérailles de sa compagne, son visage s'est éclairé à ma vue. Il m'a serré dans ses bras, «à l'algérienne»…

    Salut, François…

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/div/maspero_deces.htm

    El Watan:

    http://www.elwatan.com/actualite/francois-maspero-l-editeur-engage-n-est-plus-14-04-2015-292397_109.php

    Lire aussi:

    http://npa29.unblog.fr/2015/04/13/francois-maspero-lediteur-et-ecrivain-est-mort-of/

  • La descente aux enfers du camp palestinien de Yarmouk (Afps)

     

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    Connu pour sa vitalité avant la révolte contre Bachar Al-Assad, Yarmouk, le plus grand camp palestinien de Syrie jusqu’en 2011, est devenu un tombeau.

    Symbole de l’inhumanité infligée par le régime syrien aux civils, soumis à un implacable siège depuis près de deux ans, ce faubourg, situé à sept kilomètres au sud de Damas, vit à l’heure des avancées de l’Etat islamique (EI), des retournements d’alliance au sein de la rébellion et de la peur d’une offensive majeure de l’armée syrienne.

    L’attaque lancée par les djihadistes de l’EI, le 1er avril, impose aux milliers d’habitants restés à Yarmouk de violents combats, qui débordent au sud du camp. Les civils redoutent les exactions cruelles de l’EI. Le largage de meurtriers barils d’explosifs au-dessus des ruelles, par des hélicoptères de l’armée, participe à la destruction, dans un camp dont les résidents sont démunis de nourriture et d’aide médicale.

    Pour les militants palestiniens, l’irruption de l’EI, qui, selon eux, disposait déjà d’éléments dans l’enclave depuis plusieurs mois, est un nouveau chapitre dans la descente aux enfers de Yarmouk. « Le cauchemar n’a pas commencé aujourd’hui », souligne Salim Salameh, exilé de Yarmouk vers l’Europe, à la tête de la Ligue palestinienne des droits de l’homme-Syrie. Au moins 170 résidents sont morts de faim depuis fin 2013, à cause du siège.

    Empêcher tout cessez-le-feu

    L’infiltration des djihadistes de l’EI, estimés à plusieurs centaines, a eu lieu depuis Hajar Al-Aswad, localité voisine située dans le périmètre au sud de Damas assiégé par le régime, où l’EI s’est développé. Son entrée à Yarmouk n’a été rendue possible que par la complicité du Front Al-Nosra présent dans le camp, affirment des militants palestiniens, peu convaincus par les déclarations de neutralité des djihadistes affiliés à Al-Qaida. « Le Front Al-Nosra a trahi Yarmouk », accuse Wessam Sabaaneh, membre de la fondation Jafra qui apporte de l’aide aux déplacés du camp dans les localités voisines.

    A Yarmouk, le groupe Aknaf Beït Al-Maqdess, émanation du mouvement islamiste palestinien Hamas, est le principal fer de lance de la résistance contre l’Etat islamique. Il contrôlerait une petite partie dans le sud-ouest du camp, alors que l’est serait sous la joug de l’EI et du Front Al-Nosra. Le nord du camp, lui, reste sous la coupe de groupes palestiniens prorégime, accusés par les habitants de Yarmouk d’affamer le camp au même titre que le pouvoir syrien.

    Pour Ali Barakeh, le représentant du Hamas au Liban, l’offensive des djihadistes « a cherché à ruiner la tentative d’un cessez-le-feu local à Yarmouk, à la manière de ceux qui existaient dans les localités de Yalda, Babila ou Beit Sahem, sous contrôle de l’opposition ». Il en veut pour preuve l’assassinat d’Abou Souheib, fin mars aux portes de l’hôpital Palestine, au sud du camp, imputé aux djihadistes. Volontaire du Croissant-Rouge palestinien, ce membre du Hamas négociait un allégement du blocus du camp, devenu un terrain de guerre depuis la fin 2012 entre le régime et les rebelles syriens, appuyés chacun par des groupes palestiniens.

    Le gouvernement entend se poser en « libérateur » du camp et contrer un essor de l’EI autour de Damas. Mais les faits contredisent cette posture. Selon une source médicale palestinienne, plusieurs membres du Croissant-Rouge palestinien qui fuyaient Yarmouk ont été arrêtés par les forces de sécurité syriennes début avril. Des militants du camp se savent menacés de torture s’ils quittent Yarmouk. Ils se cachent aujourd’hui également de l’Etat islamique.

    Damas a tenté de s’assurer un semblant de légitimité, en recevant, jeudi 9 avril, l’appui de factions palestiniennes pour une intervention coordonnée. Mais l’Organisation de libération de la Palestine a aussitôt rejeté l’idée d’une participation. Le Hamas, quant à lui, veut que la bataille soit menée par Aknaf Beït Al-Maqdess. « Nous avons demandé à Ahmed Jibril [à la tête d’une faction palestinienne pro-Assad] qu’il arme le groupe, affirme Ali Barakeh. Nous redoutons une destruction totale du camp. Nous voulons que l’EI et Nosra quittent le camp, mais pas aux dépens de l’opposition syrienne, et pas pour servir le régime. »

    Dépêché à Damas, Pierre Krähenbühl, le commissaire général de l’Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, cherche à arracher un accès humanitaire à Yarmouk, pour permettre le départ des civils et l’entrée de l’aide.

    Laure Stephan, Le Monde, mardi 14 avril 2015

    http://www.france-palestine.org/La-descente-aux-enfers-du-camp-palestinien-de-Yarmouk

  • Morlaix jeudi 16 avril, Ciné-débat à La Salamandre

     

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    PALESTINE : LA CASE PRISON - un film de Franck Salome

    Jeudi 16 Avril 2015 à 20h

    La projection sera suivie d’un débat avec Claude Léostic, Présidente de La Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

    et

    Yves Jardin du groupe de travail « Prisonniers », de l’AFPS

    TARIF UNIQUE :5€

    Soirée organisée à l’occasion de la journée internationale des prisonniers politiques palestiniens par les groupes locaux de :

    LDH - AFPS - ACAT

    Avec le soutien de :

    Amnesty International

    Pour plus d’informations, cliquez ici

    AFPS Pays de Morlaix, jeudi 16 avril 2015

    http://www.france-palestine.org/Cine-debat-a-La-Salamandre

  • Guerre d’influence régionale: Interventions militaires réactionnaires au Yémen (Essf)

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    Fin Mars 2015, neuf pays arabes et le Pakistan ont commencé une intervention militaire massive contre le Yémen, sous le leadership de l’Arabie Saoudite, au prétexte de s’opposer à la milice confessionnelle des Houthis (d’obédience zaïdite, un courant minoritaire du chiisme) ; cette dernière a pris le contrôle total de la capitale Sanaa en janvier 2015 et elle s’étend maintenant vers le sud du pays.

    Les forces houthistes seraient soutenues par la République Islamique d’Iran (RII) et recevraient l’assistance de ses relais dans la région, dont le Hezbollah, qui aurait fourni une aide militaire logistique. La RII n’a en effet cessé d’intervenir dans la région (Syrie, Liban, Irak et Yémen) pour étendre son influence politique.

    Le labyrinthe yéménite

    Le gouvernement yéménite du Président Abed Rabbo Mansour Hadi, proche de l’Arabie Saoudite, pays dans lequel il réside maintenant, et des monarchies du Golfe, a été défait par les avancées des forces militaires houthistes, alliées pour la circonstance à leur ancien ennemi, l’ex-dictateur Ali Abdullah Saleh. Ce dernier les avait combattues et accusées, de 2004 à 2009, d’être inféodés à la RII. Il est aussi l’ex-allié des monarchies du Golfe et des Etats-Unis, avant d’avoir été poussé vers la sortie par une solution négociée sous la houlette de Riyad et de Washington, en 2011, après le début d’un soulèvement populaire dans le pays.

    La recomposition politique plébiscitée par l’Arabie Saoudite et les USA maintenait le régime en place en y incluant quelques forces, dont le mouvement Al-Islah, composé de la branche yéménite des Frères musulmans, de salafistes et de leaders tribaux du nord. Mais Saleh continue de bénéficier de l’allégeance d’une partie significative de l’appareil de sécurité et de l’armée. Les conquêtes territoriales des houthistes ont été ainsi facilitées par la faiblesse de l’État, depuis le soulèvement de 2011, et par les problèmes sociaux et économiques profonds qui affectent le Yémen, Etat le plus pauvre de la région.

    Parallèlement, quatre provinces du sud du pays, dont celle de Aden, ont décidé de refuser les ordres venant de la capitale Sanaa, adressés aux unités militaires et aux forces de sécurité de ces régions. De son côté, le président Obama a autorisé la fourniture de soutien logistique et de renseignements pour appuyer les opérations militaires du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), tandis qu’une cellule commune de planification avec l’Arabie saoudite a été mise en place.

    Une intervention contre-révolutionnaire

    La campagne militaire menée par l’Arabie Saoudite a reçu le soutien des gouvernements occidentaux impérialistes, de la Turquie, et d’une grande majorité des régimes arabes de la région. Les interventions de la monarchie réactionnaire des Saoud au Yémen ne sont pas nouvelles. Dans les années 1960 déjà, elle avait appuyé par tous les moyens les forces royalistes du Yémen Nord contre la révolution yéménite, soutenue alors par le régime de Nasser.

    L’Arabie Saoudite avec l’appui des monarchies du Golfe est intervenue dans les divers processus révolutionnaires de la région pour les combattre par tous les moyens, soutenant les anciens régimes (Tunisie et Egypte) ou les forces confessionnelles les plus réactionnaires (Syrie). De son côté, le Qatar se singularisait en appuyant un autre secteur de la contre-révolution, porté par les Frères Musulmans.

    Ces divergences sont à nouveau dépassées dans le cadre de l’intervention au Yémen, où l’on voit toutes ces forces contre-­révolutionnaires coopérer dans le soutien à la campagne militaire contre les houthistes. Cela rappelle que les oppositions tactiques entre l’Arabie Saoudite et le Qatar peuvent être surmontées facilement quand leurs intérêts communs sont menacés, comme ce fut le cas lors de l’intervention militaire des armées du CCG au Bahreïn, en mars 2011, pour écraser un soulèvement populaire contre un régime ami.

    Cette intervention militaire, soi-disant pour « secourir un pays voisin et ses autorités légitimes », a bien sûr d’autres objectifs : défendre la sphère d’influence des monarchies du Golfe, particulièrement de l’Arabie Saoudite, et empêcher les houthistes d’atteindre Aden et Bab el-Mandeb qui, avec le détroit d’Ormuz, constituent un point de passage névralgique du pétrole (près de trois millions de barils de brut par jour) et du gaz du Golfe.

    Une guerre contre le terrorisme ?

    Depuis le 11 Septembre, le Yémen était devenu un maillon central de la « guerre contre le terrorisme » pour les forces spéciales états-uniennes qui y étaient stationnées, coordonnant les actions contre Al-Qaida dans la Péninsule Arabique (AQPA) (notamment le déploiement des drones). Or, les USA viennent d’évacuer leur base d’Al-Anad, suite à l’avancée des houthistes vers Aden.

    Cette campagne militaire se fait aussi dans le cadre d’une guerre d’influence régionale avec la RII.

    Cette intervention se déroule sur fond d’une baisse d’hégémonie relative de l’impérialisme US depuis 2003, permettant aux sous-impérialismes régionaux de jouer un plus grand rôle et de jouir d’une autonomie croissante.

    Cette campagne militaire n’a donc évidemment pas pour objectif de défendre l’auto-détermination du peuple yéménite, et de lui permettre de reprendre les objectifs du soulèvement populaire initié en 2011, bien au contraire. Les premières victimes des bombardements de cette coalition contre-révolutionnaire ne sont-ils pas les nombreux civils yéménites ?

    Les organisations progressistes du monde entier doivent s’opposer à cette intervention militaire menée par une coalition contre-­révolutionnaire régionale, appuyée par les régimes occidentaux, de même qu’aux intrigues de la RII, qui appuie le coup de force militaire houthiste avec l’aide de l’ancien dictateur Saleh. Aucune de ces deux forces ne soutient la volonté de changements politiques et sociaux portés par les classes populaires du Yémen et de la région.

    Joe Daher

    * « Interventions militaires réactionnaires au Yémen ». Paru dans « solidaritéS » (Suisse) n°266 (09/04/2015) p. 7.

    http://www.solidarites.ch/journal/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34728

  • Suisse Solidarité Tunisie « Gardez la tête haute, le terrorisme ne passera pas »! (Essf)

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    « Gardez la tête haute, le terrorisme ne passera pas » !

    Voilà le slogan lancé par les organisateurs·trices du rassemblement qui s’est déroulé à Genève le 21 mars 2015. Ils·elles étaient nombreux à vouloir exprimer leur solidarité avec le peuple tunisien et à condamner fermement les actes terroristes qui ont frappé la capitale le 18 mars dernier, se soldant par 23 victimes dont 21 touristes.

    L’attentat a eu lieu au musée du Bardo, cœur de la culture, de la civilisation et de l’histoire du peuple tunisien. Une cible symbolique donc. Depuis les assassinats des deux dirigeants du Front Populaire, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi en 2013, cette attaque est la première à prendre place dans la capitale, qui plus est juste à côté de l’assemblée nationale ce qui lui donne une portée politique plus importante. En s’en prenant aux touristes, le terrorisme a touché un secteur vital de l’économie du pays, qui représente le 15 % du PIB.

    La coordination en Suisse du Front Populaire (CS.FP) a tenu à soutenir les appels à l’union et à la solidarité dans la lutte contre le terrorisme.

    Cette unité ne pourra se faire qu’avec les franges les plus larges de la population et de ses forces vives en rupture avec toutes les composantes politiques de la réaction et pour lesquelles le terrorisme est l’allié objectif de l’avortement du processus révolutionnaire. Refusant le recours à la seule réponse sécuritaire, l’union doit se faire autour d’une stratégie globale qui englobe les aspects politiques, sociaux, économiques et culturels, sans quoi le terrorisme pourrait isoler non seulement les forces progressistes porteuses de projets d’émancipation mais surtout le pays dans son entier. La CS.FP exige l’ouverture d’une enquête pour définir les responsabilités de la Troïka (avec à sa tête les islamistes d’Ennahdha) durant les trois dernières années de gouvernement. Il s’agit de définir les complicités, directes et indirectes tant au niveau national que régional, de ses dirigeants ainsi que les rapports tissés avec la constellation d’associations pseudo caritatives salafistes et les réseaux d’embrigadement des jeunes. La CS.FP tient à condamner toutes les tentatives de criminalisation des mouvements sociaux en cours en Tunisie au nom de « l’union sacrée nationale » qui n’est rien d’autre que l’union des possédants contre les plus démunis dans la continuité des politiques libérales qui n’ont généré que misère et pauvreté. La CS.FP exige une politique culturelle et éducative qui permette l’épanouissement de la jeunesse tunisienne victime de l’ignorance et des frustrations, terreaux fertiles de recrutement pour les réseaux terroristes.

    Enfin la CS.FP appelle les internationalistes du monde entier à faire pression sur leurs gouvernements pour l’annulation de la dette de la Tunisie afin de la soulager de cette gangrène. En collaboration avec le mouvement solidaritéS et en réponse à cet attentat, la CS.FP organise un concert de musique alternative donné par le musicien tunisien Yasser Jradi, le mardi 31 mars 2015 à 20 h.

    Anis Mansouri

    * « Gardez la tête haute, le terrorisme ne passera pas » !. Paru dans « solidaritéS » (Suisse) n°265 (26/03/2015). http://www.solidarites.ch/journal/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34729

  • Non, tous les Houthis du Yémen ne sont pas chiites (et autres erreurs) (Rue 89)

    *

    Durant la dernière décennie, et depuis plus longtemps encore, les Houthis ont fait les gros titres depuis leur soulèvement contre le gouvernement du Yémen.

    Depuis 2004, les forces armées gouvernementales se sont battues contre cette milice tribale du nord du pays, qui dit se défendre de l’oppression.

    Ce conflit long d’une décennie s’est envenimé ces derniers mois quand les Houthis n’ont pas respecté leur partie d’un accord appelé « Accord de paix et de partenariat national » et ont pénétré dans la capitale, Sana’a. Aujourd’hui, alors que l’Arabie saoudite a lancé une offensive militaire au Yémen pour repousser les Houthis, l’attention des médias s’est tournée vers la situation au Yémen.

    Les Houthis ont pris des villes telle qu’Amran et ont avancé vers Sana’a, violant leurs engagements pris lors de l’Accord national, où ils ont occupé les ministères et le palais présidentiel, retenant le président Hadi en otage, aux arrêts dans la résidence présidentielle.

    Chiites contre Sunnites ?

    Avec d’un côté l’Iran, à majorité chiite, soutenant les Houthis, tandis que l’Arabie saoudite, à majorité sunnite, les bombardent, les médias ont adopté une vue simpliste d’un conflit qui se réduirait à des conflits inter-religieux entre les deux plus grandes communautés de l’islam. Jusqu’à la chaine en ligne, AJ+, qui a décrit les Houthis comme étant chiites.

    La réalité est cependant plus complexe que 42 secondes de reportage peuvent le laisser croire.

    Tous les Houthis ne sont pas chiites

    Houthi était à l’origine le nom d’un clan du Yémen, et non d’une appartenance ou mouvance religieuse.

    Plus tard, un mouvement rebelle armé, appelé Ansar Allah (signifiant les aides de Dieu ou les soutiens de Dieu), ont adopté ce nom, d’après leur fondateur et principal leader Hussein Badreddin al-Houthi, tué en 2004, ce qui a d’une certaine façon provoqué ce qui a été appelé le « soulèvement des Houthis’.

    Des controverses existent sur leur nombre effectif ou sur l’origine des personnes qui se battent à leurs côtés.

    La blogueuse yéménite Atiaf Al Wazir dans un post titré “Ce n’est pas un conflit entre sunnites et chiites, idiot !” souligne que tous les Houthis n’appartiennent pas aux Zaïdites, une mouvance de l’islam chiite, comme on a pu le dire.

    Bien qu’aucune statistique n’ait été faite sur la composition de Ansarullah, couramment connu sous le nom de Houthis, on pense que beaucoup de leurs membres sont zaïdites, mais qu’ils proviennent également de différentes écoles de pensée chiites et sunnites, ainsi que des Ismaïlites, Shafi’i et Jaafari.

    Beaucoup de tribus sunnites et de soldats ont également rejoint les Houthis pour combattre à leurs côtés. Des dirigeants de premier plan comme Saad Bin Aqeel, un moufti de la ville de Taiz, sont parmi les leaders des Houthis : il a fait le prêche du vendredi durant l’un de leurs sit-ins, avant leur avance dans la capitale.

    Badreddin al-Houthi, mort en 2004, appartenait aux Zaïdites. Tout comme l’ancien président yéménite Ali Abdullah Saleh, au pouvoir quand les Houthis se sont soulevés pour la première fois en 2004. Al Wazir précise aussi que “tous les Zaidïtes ne sont pas Houthis. La position d’érudits zaïdites et de leurs centres d’études religieuses diverge.”

    Qu’est-ce que le zaïdisme ?

    Le journaliste britannique-yéménite Abubakr al-Shamahi explique plus en détails ce qu’est le zaïdisme.

    “Le zaïdisme (de Zaydiyyah) est une école de pensée au sein de l’islam chiite. Il tient son nom de l’Imam zaïdite Bin Ali, tué dans un soulèvement contre les Omeyyades. Bien qu’il ait été pratiqué autrefois dans des endroits comme l’Iran et l’Afrique du Nord, on trouve aujourd’hui des zaïdites en nombre important uniquement au Yémen.Un imamat zaïdite a gouverné de nombreuses régions du nord du Yémen pendant 1000 ans, jusqu’au dernier Imam, renversé en 1962.

    Traditionnellement, des endroits comme Sana’a, Dhamar, Hajja et Amran sont zaïdites, et le cœur du zaïdisme se trouve dans la région de Saada. Un dicton se référant aux zaïdites dit qu’ils sont ‘les sunnites des chiites, et les chiites des sunnites’, indiquant par là qu’il n’y a pas une énorme différence de doctrine entre les zaïdites et les sunnites (ou du moins, c’est ainsi qu’ils sont perçus).”

    Arab News Blog donne davantage de contexte, sur la proximité du zaïdisme et du sunnisme.

    “Ils sont appelés en anglais les ‘Fivers’ (cinq) parce qu’ils reconnaissent les quatre premiers imams reconnus par les duodécimains et les Ismaéliens ainsi que Zayd comme le successeur légitime de son père ‘Ali Zayn al-Abidin, tandis que d’autres groupes reconnaissent son frère Muhammad al-Baqir.

    Ils n’exigent pas que tous les imams légitimes descendent de Zayd. En fait, la doctrine de l’Imamat zaïdite diffère énormément de celles des autres chiites.

    L’école juridique zaïdite est très similaire à celle d’Abou Hanifa dans le sunnisme, et certains ont décrit la loi zaïdite comme une cinquième école’ du sunnisme (sauf pour la doctrine de l’Imamat).”

    Tribus, ou mouvances religieuses ?

    L’ancien président Ali Abdullah Saleh, contre lequel la rebellion des Houthis a commencé, appartient à une tribu appelée Al Ahmar. La tribu Al Ahmar compte parmi ses membres des chiites et des sunnites. Ceci dit, feu l’ex-leader des Houthis Badreddin al-Houthi comme le président Saleh sont techniquement des chiites. Ce qui signifie que les conflits tribaux ont beaucoup à voir avec ce conflit. Michael Collins Dunn, rédacteur en chef du Middle East Journal, explique sur son blog :

    Le Président Ali Abdullah Salih est lui-même zaïdite, comme l’est une partie importante de sa base de partisans. Il vient d’une petite tribu de la plus grande confédération tribale, le Hached. Le Hached et l’autre grande confédération zaïdite, le Bakil, étaient désignées comme les “ailes de l’Imamat”, quand les imams zaïdites statuaient encore dans ce qui était alors le Yémen du Nord.

    Al-Shamahi semble aller lui aussi dans ce sens :

    “D’abord, les al-Ahmars sont traditionnellement zaïdites, comme les Houthis. Je ne peux pas garantir la confession religieuse de chaque Ahmar individuellement, mais je dirais que beaucoup de leurs combattants tribaux s’identifieraient, tout au moins vaguement, comme zaïdites. Ali Abdullah Saleh, qui a fait six guerres contre les Houthis, était aussi zaïdite. Donc, s’agit-il d’un conflit entre zaïdites ? D’une guerre civile entre zaidïtes ?”

    Al Wazir explique :

    “[...] si c’était un problème religieux, le président Saleh (qui est techniquement zaïdite) n’aurait pas fait six guerres contre les Houthis entre 2004 et 2010. Il semble que les anciens ennemis aient forgé une alliance temporaire. Ceci indique que ces conflits sont de nature politique.”

    Al Wazir fait allusion au fait que l’ex président Saleh, qui a été démis après plus de trois décennies au pouvoir durant la révolution de 2011 au Yémen, est soupçonné d’appuyer ses anciens adversaires dans leur campagne pour renverser le gouvernement actuel.

    Il se trouve que Al-Houthi a des liens personnels avec la République islamique d’Iran, ce qui a rajouté un angle religieux au conflit au Yémen.

    En résumé...

    Voici ce que l’on peut retenir. Une partie du conflit au Yémen est un conflit entre les Houthis, une tribu et non une mouvance religieuse, et la tribu Ahmar. Les deux comprennent des membres et alliés sunnites tout comme chiites.

    Deux des dirigeants de premier plan de ces tribus sont chiites, la différence étant que l’un a des liens étroits avec l’Iran tandis que l’autre a des liens étroits avec l’Arabie saoudite.

    Idéologiquement, les chiites du Yémen sont plus proches du sunnisme d’Arabie que du chiisme iranien.

    Aujourd’hui, l’ex président Saleh et les Houthis dirigés par Abdul-Malik al-Houthi semblent agir d’un commun accord, ce qui fait apparaitre des alliances entre différentes tribus et obédiences religieuses, pour le moment.

    Et pour le moment, le sang des Yéménites, de toutes confessions et tribus, coule.

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/04/11/non-tous-les-houthis-yemen-sont-chiites-autres-erreurs-258615