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  • La solidarité avec le peuple palestinien n’est pas un crime ! NPA

     
    Alain Pojolat relaxé :

     

    Alors que le parquet avait fait appel de la décision de relaxe du tribunal de Paris, Alain Pojolat est relaxé.

    C’est une excellente nouvelle, pour toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés ces derniers mois contre la criminalisation du mouvement de solidarité avec le peuple Palestinien par le gouvernement Hollande-Valls.

    Plusieurs manifestations en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza qui subissaient l’agression féroce de l’armée israélienne, ont été interdites en juillet et août dernier.

    Ces interdictions étaient scandaleuses. Le gouvernement, parce qu’il soutient la politique du gouvernement israélien, a tenté de discréditer le mouvement de solidarité avec les Palestiniens, en s’appuyant sur les provocations de l’extrême droite sionistes. Il a tenté de réprimer la solidarité qui s’est exprimée très massivement cet été avec Gaza en interdisant les manifestations. Il a enfin poursuivit devant les tribunaux Alain Pojolat parce qu’il avait déposé au nom du collectif unitaire les demandes d’autorisation à manifester.

    Toutes ces tentatives ont échouées. Malgré les interdictions, malgré la police, c’est par milliers que les manifestants sont venus dénoncer dans la rue l’agression israélienne. C’est par milliers que la pétition regroupant entre autres une large palette de personnalités du monde associatif, syndical, artistique et politique, a été signée, dénonçant l’inculpation d’Alain Pojolat.

    ​La solidarité doit continuer car ce sont l’ensemble des poursuites​ contre celles et ceux qui ont participé aux manifestations de cet été, ou qui s’investissent dans la campagne de boycott d’Israël, qui doivent être abandonnées et pour cela il faut que la circulaire Alliot-Marie qui criminalise le boycott soit abrogée.

    Malgré cette bonne nouvelle nous n’oublions pas que ce gouvernement accentue la répression contre toutes celles et ceux qui s’opposent à sa politique antisociale. Comme c’est le cas pour Gaëtan militant du NPA à Toulouse qui vient d’être condamné à 2 mois de prison ferme pour avoir manifesté contre le barrage de Sivens ou encore Yann Le Merrer, postier, qui vient d’être révoqué pour fait de grève.

    La solidarité avec le peuple Palestinien, la lutte contre les grands projets inutiles et les grèves pour la défense du service public ne sont pas un crime mais un droit !

    NPA, Montreuil, le 10 avril 2015

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34701

  • Tunis: questions sur le Forum social mondial (Npa)


     

    Plus encore que les précédentes éditions, le Forum social mondial (FSM) qui s’est tenu fin mars à Tunis laisse un bilan mitigé...

     

    Le FSM, ce sont des dizaines de milliers de participantEs, trois sessions de 80 ateliers chaque jour sur tous les thèmes qui préoccupent les mouvements sociaux du monde entier et s’appuient souvent sur des luttes déterminées, se centralisant sur une dizaine d’assemblées thématiques en fin de parcours. Mais de nombreux participantEs s’interrogent sur la dynamique trop limitée qui en résulte.

    Le FSM est incontestablement le lieu d’échanges et de coordination internationaliste majeur de tous les types d’associations de transformation sociale et écologique. Dans son édition 2015 comme pour la précédente, il a aussi servi de bol d’air à la jeunesse tunisienne, très présente à l’Université El-Manar où se déroulait le forum… Beaucoup moins dans la marche d’ouverture qui, vu les circonstances, s’est affirmée contre le terrorisme (sous une pluie battante), comme dans la marche de clôture centrée sur la solidarité avec le peuple palestinien.

    Bannir les représentants de régimes étatiques

    Les thèmes environnementaux, des migrations et réfugiés sont toujours plus présents. La lutte contre l’exploitation du gaz de schiste, qui constitue actuellement un enjeu lourd en Algérie et en Tunisie, a trouvé de nombreuses expressions dans le cadre de ce forum. Mais plusieurs ateliers consacrés à ce sujet ont été émaillés par des incidents, provoqués notamment par des éléments pro-régime algériens venus perturber les débats en présence du Comité populaire de lutte contre le gaz de schiste, venu aussi d’Algérie.

    Comme lors des FSM de 2007 à Bamako et de 2011 à Dakar, des tensions ont aussi eu lieu entre éléments pro-régime marocains et partisanEs de l’autodétermination du peuple sahraoui. Des forces pro-régime marocaines avaient même proposé plusieurs ateliers dans le cadre des débats du FSM, pour accuser le Polisario (mouvement de libération du peuple sahraoui) de recruter de force ses partisans ou de commettre des « crimes » dans les camps de réfugiés sous son contrôle. Il serait enfin temps de bannir les représentants de régimes étatiques, de surcroît dictatoriaux, du cadre du FSM. Cela vaut aussi pour les partisans du régime iranien, qui se dissimulaient derrière une prétendue « solidarité avec Gaza » pour vanter ouvertement les capacités militaires de la dictature iranienne (« Tel Aviv bientôt à sept minutes de nos missiles »...).

    Changer le rapport de forces international

    Un des axes forts était la coordination de la lutte sociale dans les centres d’appel et autres entreprises sous-traitantes de firmes européennes, implantées en Tunisie et au Maroc. Comme en 2013, les syndicats français SUD et CGT étaient fortement présents sur cette thématique.

    Le peuple grec, avec l’étranglement par le mécanisme de la dette qu’il subit de la part des institutions européennes, était présent dans de nombreux ateliers, le lien étant systématiquement fait avec la situation du peuple tunisien.

    Cette préoccupation d’une contre-attaque populaire pour changer le rapport de forces était aussi au cœur de la rencontre parlementaire qui a eu lieu le jeudi 26 mars, et de la rencontre des partis progressistes et écologistes appelée le dimanche 29 par le Front populaire tunisien, deux événements en marge du FSM.

    Des rendez-vous ont été pris pour élever le niveau des luttes nécessaires, en Grèce en juin contre la dette, à Paris en décembre contre le réchauffement climatique, et en Italie contre la répression des migrants à une date qu’il reste à définir. Et le prochain FSM se déroulera en août 2016 au Québec.

    De Tunis, Jacques Babel et Bertold du Ryon

    * Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 284 (09/04/2015). http://www.npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34702

  • Emprisonné depuis 600 jours pour avoir pris des photos (Amnesty)

    Un témoignage poignant envoyé depuis une cellule de la prison de Tora, en Égypte

    Mahmoud Abu Zied, alias Shawkan, un reporter photographe égyptien âgé de 27 ans, croupit actuellement dans une petite cellule de la tristement célèbre prison de Tora. Son crime : il a pris des photos de la dispersion violente du sit-in de la place Rabaa al Adawiya en août 2013. Il fait partie des dizaines de journalistes égyptiens arrêtés depuis que le président Mohamed Morsi a été chassé du pouvoir, le 3 juillet 2013. Six journalistes ont été tués depuis.

    Nous publions ci-dessous une lettre poignante envoyée par Mahmoud Abu Zied depuis sa cellule.

    « Ma vie a été bouleversée à jamais le matin du mercredi 14 août 2013. Je prenais des photos des gens qui manifestaient dans les rues du Caire lorsque la police est arrivée et a bouclé le quartier. Des milliers de gens ont été arrêtés sur le champ – pas seulement des partisans de Morsi, mais aussi des dizaines de personnes qui se sont trouvées au mauvais endroit au mauvais moment.

    « C'était comme dans un film américain. Comme si nous étions en guerre. Les balles, le gaz lacrymogène, le feu, les policiers, les soldats et les chars partout... J'ai vu les policiers armés prendre le contrôle de la place. Après m'être identifié comme reporter photographe auprès de la police, j'ai été arrêté en compagnie d'un collègue français indépendant, Louis Jammes, et du journaliste américain Mike Giglio.

    « Les mokhbers [policiers subalternes en civil] nous ont attaché les mains dans le dos avec une courroie en plastique comme on en utilise dans les guerres. J'ai été frappé par deux hommes à coups de poing et de ceinture – ma propre ceinture. Ils ont volé mon appareil photo, mon téléphone portable, ma montre et tout ce que j'avais sur moi. Puis ils nous ont fait monter avec plusieurs manifestants dans une voiture et nous ont emmenés au stade du Caire.

    « J’ai pensé que j’allais mourir »

    « Notre groupe s'est alors retrouvé scindé. Jammes et Giglio ont été remis en liberté au bout de deux heures. Moi et les autres avons été maintenus au stade du Caire le reste de la journée, avant d'être transférés dans un poste de police. J'avais toujours les mains attachées dans le dos, avec les poignets en sang parce que le lien en plastique était très serré. J'ai encore les cicatrices.

    « Au poste de police, on a continué à me traiter comme si j'étais un criminel.

    « On m'a mis dans une cellule minuscule avec 39 autres détenus. Il faisait très chaud et nous étions 40 à l'intérieur. Il n'y avait pas de place pour s'assoir et on ne pouvait pas respirer. Il n'y avait pas d'aération. On ne m'a rien donné à manger ou à boire pendant les trois jours où j'ai été détenu là.  

    « Les policiers parlaient entre eux de la meilleure façon de nous frapper et de nous torturer, pour nous faire le plus mal possible. J'ai eu très peur, et j'ai pensé que j'allais mourir. Ils venaient toutes les heures et ils continuaient à me frapper, avec toutes sortes d'objets. Ce sont les jours les plus épouvantables de ma vie. Je sens de nouveau la douleur rien que d'y penser.

    « J'ai été frappé par cinq policiers en même temps, à coups de ceinture et de poing. Ils m'ont asséné des coups de pied avec leurs bottes. Je suis tombé par terre, mais ils ne se sont pas arrêtés. J'ai essayé de fermer les yeux, mais j'ai reçu des coups de boucle de ceinture à cet endroit. Je me suis retrouvé presque complètement aveuglé, je ne voyais plus la lumière. Tout était sombre.

    « Je n'ai reçu aucun traitement médical pour soigner mes blessures. Juste des coups.

    Transfert à la prison d'Abu Zabal : « Nous ne pouvions pas respirer »

    « Après trois jours interminables au poste, les policiers nous ont entassés dans un petit fourgon bleu foncé. Nous étions menottés deux par deux, tout serrés à l'arrière du fourgon. Il était déjà plein quand est venu mon tour de monter.

    « Les choses ont empiré quand nous sommes arrivés dans la cour devant la prison. Les policiers ont verrouillé la porte et nous ont abandonnés là pendant sept heures, dans la chaleur étouffante en plein soleil, sans eau, sans nourriture, sans air.

    « À l'intérieur du fourgon, dans la chaleur torride du milieu de journée, les prisonniers étaient à bout de force. Beaucoup déliraient. Certains laissaient aux autres des messages à transmettre à leur famille au cas où ils mourraient. Il y avait une quinzaine de camions qui attendaient devant la prison, et cela prenait du temps de les vider l'un après l'autre. Nous étions dans le troisième fourgon. Nous ne pouvions pas respirer, avec cette température très élevée et le manque d'aération dans le camion. Nous attendions tous la mort. Avec ce que l'on me faisait subir, j'avais l'impression d'avoir été enlevé, et non pas arrêté.

    « Trente-sept prisonniers sont morts dans le fourgon qui se trouvait derrière la nôtre.

    J'ai entendu les cris des gens à l'intérieur lorsque la police a tiré des gaz lacrymogènes dans le véhicule, et j'ai vu l'expression des visages qui m'entouraient, dans le fourgon où j'étais. Nous étions totalement désemparés pour la plupart, complètement impuissants. Nous étions affalés par terre, en train de chercher de l'air. J'entendais les prisonniers autour de moi qui priaient, ils suffoquaient, et je me suis dit que j'étais en train de mourir. Après sept heures de torture, les policiers ont ouvert la porte en fer pour que nous accédions à la prison. J'ai été transféré à la prison de Tora quatre mois plus tard. Je suis en détention provisoire depuis 600 jours, simplement parce que j'ai pris des photos.

    « Notre dignité est restée à la porte de la prison »

    « La prison de Tora, c'est comme un cimetière. Je dors sur le sol, un carrelage glacé. Mes affaires sont suspendues à un clou au mur, au-dessus de mon matelas tout fin. Il y a une minuscule « cuisine » où nous préparons nos repas. Nous avons une unique plaque électrique, qui nous sert aussi à nous chauffer pendant les mois d'hiver. La « cuisine » jouxte les latrines, un simple trou dans le sol en béton. Une couverture est suspendue entre les deux coins, pour créer un semblant d'intimité. Notre dignité est restée à la porte de la prison.

    « Je partage avec 12 prisonniers politiques une cellule qui mesure trois mètres sur quatre. Nous restons parfois plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sans voir le soleil ni respirer l'air du dehors.

    « Ma détention a été renouvelée sans interruption depuis que j'ai été arrêté, il y a 600 jours. Je n'ai été inculpé d’aucune infraction. On m'a jeté en prison sans qu'aucune enquête n'ait été menée sur les soi-disant charges que l'on me reproche.

    « Je suis un reporter photographe, pas un criminel. Psychologiquement, c'est insupportable d'être en détention illimitée. Même un animal ne survivrait pas dans ces conditions. »

    Amnesty International fait campagne pour obtenir la remise en liberté immédiate et sans condition de Mahmoud Abu Zied, qui est un prisonnier d'opinion détenu uniquement en raison de ses activités de journaliste.

    Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International @HassibaHS.

    Pour en savoir plus

    Égypte. Un photojournaliste égyptien interrogé (document, 27 février 2015)

    https://www.amnesty.org/fr/documents/MDE12/0110/2015/fr/

    https://www.amnesty.org/fr/articles/blogs/2015/04/600-days-in-jail-for-taking-pictures/

    Égypte. Un photojournaliste détenu depuis un an sans inculpation (document, 29 septembre 2014)

    https://www.amnesty.org/fr/documents/MDE12/052/2014/fr/

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    https://encrypted-tbn2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTZR4Z8kEP4az95lPj3fnxUnpp5GZGfEF98Pffa1j1TOknEnAujIg

     

    Pour le Trio Joubran, « être artiste, c’est résister »

    L’Orient le Jour, mercredi 8 avril 2015
  • Cri de ralliement pour les déplacés du camp Yarmouk (Le devoir.ca)

    https://encrypted-tbn3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTQguIecSpoo-3Wbb-uGLSgj-HJ-hWGfycdVgqxGpmCtmI47pbqwA

     

    Une grande mobilisation pour la sécurité des réfugiés palestiniens à Damas s’organise, après leur évacuation

    Ramallah — Manifestations, appel de personnalités, déplacement à Damas d’un dirigeant de l’OLP : les Palestiniens se sont mobilisés lundi pour le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en Syrie, pris en étau entre les troupes syriennes et le groupe État islamique.

    Le Conseil de sécurité de l’ONU a en outre réclamé que les agences humanitaires puissent avoir accès aux milliers de Palestiniens bloqués dans le camp afin qu’ils puissent être évacués en toute sécurité. 

    Un haut cadre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Ahmed Majdalani, a expliqué à l’AFP être en route pour Damas pour discuter avec des responsables du gouvernement syrien des « moyens d’offrir une protection à notre peuple à Yarmouk ». « Le gouvernement est la partie principale, c’est lui qui est responsable de la sécurité en Syrie et qui est concerné dès lors qu’il s’agit de protéger le camp », a-t-il estimé.

    Camp assiégé

    L’OLP a appelé « tous les mouvements à se mettre d’accord immédiatement pour protéger le camp des tentatives d’en faire un champ de bataille ». Elle rappelle en outre « l’obligation d’éloigner les civils via des couloirs sécurisés et d’autoriser l’entrée immédiate d’une aide humanitaire et médicale d’urgence ».

    Cet appel a été soutenu par les mouvements présents à Gaza — des islamistes à la gauche — qui, dans un communiqué commun, ont demandé à « s’accorder avec la délégation de l’OLP sur une position commune pour tenir les camps à l’écart [du conflit] et ne pas interférer dans les affaires syriennes ».

    L’OLP a organisé ces derniers jours l’évacuation de 2000 personnes de Yarmouk, qui comptait encore la semaine passée quelque 18 000 habitants. Assiégés depuis plus d’un an par l’armée syrienne, les habitants de ce camp situé à environ sept km du centre de Damas souffrent de pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments.

    Selon M. Majdalani, c’est parce que son emplacement aux portes de la capitale est « stratégique » que le groupe EI tente de le prendre « pour y installer des bases d’où il peut lancer ses attaques ». Mais, a-t-il prévenu, « nous ne voulons pas que notre peuple paie le prix d’une bataille qui n’est pas la sienne ».

    Le groupe armé État islamique a lancé mercredi une offensive sur le camp avec l’aide de djihadistes du Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Ils en contrôlent désormais une grande partie après plusieurs jours d’affrontements contre des combattants palestiniens, qui ont fait une trentaine de morts.

    Dans le même temps, l’armée syrienne a renforcé son siège autour de Yarmouk et mène des raids aériens réguliers sur le camp, dans lequel elle n’est jusqu’ici pas entrée.

    Manifestation

    Dans la bande de Gaza, des dizaines de personnalités politiques, dont les députés du Hamas, se sont rassemblées devant le Parlement pour demander aux belligérants d’arrêter immédiatement les tueries. Il faut que Yarmouk « soit un lieu neutre, à distance de la folie de la guerre », a lancé Mohamed Faraj al-Ghoul, un dirigeant du mouvement islamiste.

    Dans le même temps, une centaine de femmes ont manifesté devant un bureau de l’ONU à Gaza pour, selon une participante, « lancer un appel aux pays arabes et à l’ONU pour qu’ils aident Yarmouk ».

      Des jeunes Palestiniens ont également bloqué l’entrée de la Croix-Rouge à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël. Sur la porte qu’ils ont cadenassée, ils ont accroché des pancartes de soutien aux habitants de Yarmouk abandonnés selon eux par la Croix-Rouge, a rapporté un photographe de l’AFP

    7 avril 2015

    http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/436516/syrie-cri-de-ralliement-pour-les-deplaces-du-camp-yarmouk

     

  • Nouveautés sur Info-Palestine

    À Gaza, des Palestiniens ont démontré leur soutien aux réfugiés du camp Yarmouk, à Damas, qui a été pris d’assaut la semaine dernière par les djihadistes du groupe État islamique.

    Catastrophe dans le camp de Yarmouk, investi par l’État Islamique

    Maureen Clare Murphy - 6 avril 2015

    Et si l’on parlait de l’arsenal nucléaire israélien ?

    Ramona Wadi

    C’est Israël, la vraie menace nucléaire au Proche-Orient !

    Lamis Andoni

     

  • Actualités politiques algériennes (Essf)

     

    Oligarchie, citoyenneté et sexisme, droit de grève, ordre néolibéral

     
    L’oligarchie se dote de son propre parti ?

    Certains cercles politiques et médiatiques affirment ces jours ci que le frère-conseiller du président de la République, Saïd Bouteflika, est entrain de se préparer pour la création de son propre parti politique. Dans le cas ou cette information s’avère juste, implicitement la faction dominante dans le pouvoir veut s’affranchir du modèle de domination actuelle. Un modèle qui s’appuie sur le consensus entre le bloc social dominant ; à savoir l’Armée, la bureaucratie, le patronat et les partis au pouvoir, notamment le FLN et le RND. Ce qui nécessite ipso facto une réorganisation des alliances actuelles, une redéfinition des rôles des uns et des autres, ainsi l’inscription de nouveaux objectifs politique pour assoir un nouveau rapport de forces.

    Les évolutions politiques qu’a connues le pays depuis mise en place du « Bouteflikisme » indiquent que « l’Oligarchie » qui a accumulé des richesses exorbitantes et un pouvoir politique important, ne peut s’accommoder des hésitations dominantes et de la crise politique actuelle qui entrave son obsession d’assoir son hégémonie totale sur ses « sujets ».

    Les organisations politiques au pouvoir ne jouent plus leurs rôles assignées à cause des multiples crises internes et la perte de légitimité électorales, ainsi que la crise structurelle des institutions élues. Cependant, personne ne peut nier que cette oligarchie a tout le temps eu des véléités d’émancipation de la classe politique au centre ou a la périphérie du pouvoir d’Etat, et de peser de tout sont poids dans la guerre de succession a Bouteflika. Mais pour le moment elle n’a pas les moyens politiques et les rapports de forces nécessaires pour réaliser cette entreprise.

    En attendant de réaliser sont projet politique, l’oligarchie s’accommode bien avec le statut quo.

    Citoyenneté sans citoyennes

    L’actualité politique nationale en mois de mars 2014, reste incontestablement marquée par le débat sur les amendements du code pénal, relatif à la criminalisation des violences à l’égard des femmes. Une véritable levée de bouclier s’est levé chez les partis islamistes, association et dans la société. Les arguments avancés nous renseignent encore une fois, sur la régression du champ politique et social algérien.

    Les idées rétrogrades, le patriarcat et le machisme demeurent des valeurs et des pratiques dominantes. Au nom des valeurs socioculturelles et religieuses, beaucoup de voix, notamment chez les islamistes, ont mené toute une campagne pour dire que ces amendements vont disloquer la famille et l’autorité du mari au sein de la cellule familiale. Ce qui représente une véritable reproduction des rapports de domination et d’abus d’autorité qui règne au sein de nos familles et dans la société.

    Il s’agit là d’une véritable réaction primaire de « mâles » affolés par une éventuelle perte de sa domination sur sa « femelle ». Ce qui nous amène à dire que ces acteurs politiques ne sont pas intéressés par un changement radical des rapports de domination abominables dans nos sociétés. Et pourtant, ces partis-là (le HMS , ADALA , NAHDA , Islah et autres organisation) se revendiquent du combat pour la citoyenneté tel que prescrit dans leurs programmes politique, prise déclaration ou au sein de la CNLTD-ISCO. Alors comment prétendre se battre pour la citoyenneté pleine et entière au peuple algérien quant le « mâle » s’octroie le droit de tabasser sa compagne, considérée comme « femelle ».

    Comment prétendre construire une société démocratique quand la femme qui représente une bonne partie de la société est confinée dans un stade inférieur. Comment prétendre défendre la souveraineté populaire quand la femme na même pas droit de cité dans la gestion de son propre foyer.

    La citoyenneté n’est pas n’est pas un concept creux, soit elle implique tout le monde sans distinction de sexe, d’âge ou de classe dans la gestion effective des affaires de la cité, soit elle sera autre chose qui ne ressemble aucunement a ces principes. Dommage que l’hypocrisie et l’opportunisme politique ne tue pas !

    La troisième colonne

    « Il a été convenu à l’unanimité de saisir la justice pour mettre fin à l’abus d’utilisation du droit de grève », c’est ce qu’a déclaré aujourd’hui le président de l’association nationale des parents d’élèves, dans les colonnes du quotidien El Watan. Cette décision prise dans une réunion ordinaire de la dite association, représente un précédent grave et une atteinte flagrante au droit de grève chèrement acquis par les hautes lutte des travailleurs.

    Cette campagne qui s’ajoute à d’autres, vise en réalité à criminaliser la lutte des enseignants pour l’amélioration des conditions socioprofessionnelles de la corporation des enseignants. Cette croisade contre les syndicats de l’éducation en lutte s’inscrit objectivement dans le cadre de la campagne générale mené par le gouvernement et du patronat contre le droit de grève. Une remise en cause du droit syndical devenue monnaie courante dans tous les secteurs d’activités et inscrite dans l’avant projet du code du travail.

    Cette entreprise mesquine et de bas étage, n’est pas loin des pratiques liberticides des régimes autoritaires et celles des fascistes. Nous devons tous dénoncer cet état de fait et défendre ensembles : le droit de grève et le respect des libertés syndicales

    Repentance ?

    Nous assistons ces derniers jours à une « évolution » dans le discours des « opposants » du régime actuel, notamment avec les derniers événements d’Ain Salah. Les partis composant la CNLTD ou l’ISCO qui tentent de surfer sur le mouvement contestation dans le sud du pays sont devenus en un laps de temps des fervents défenseurs de la souveraineté nationale, anti-multinational et presque anti-impérialiste.

    Ce « changement » répond t’il a un changement profond des programmes de ces partis et acteurs politiques ? Aucun indice apparent ou latent ne nous permet de confirmer cette hypothèse. Comment ces organisations, qui ont tous et sans exception, approuvé la loi khlil en 2005 qui dénationalise nos hydrocarbures et l’offre aux géants pétroliers étranger, se disent opposé aujourd’hui a la même option.

    Prétendre défendre la souveraineté nationale contre le dictat des multinationales et défendre les accords d’association avec l’UE et l’OMC, ainsi que le libre échange, relève soit de l’ignorance, de l’inconséquence ou de l’opportunisme politique.

    La perversion des combats légitimes des populations en lutte ne fera que démobiliser les gens à l’ avenir et reproduire les échecs du passé. Il ne s’agit pas la de faire le procès des partis ou la tentative de « jonction » entre des organisations politiques et des mouvements sociaux. Mais une jonction qui ne peut faire l’économie des ruptures nécessaires avec l’ordre établit. L’économie de dénoncer les rapports sociaux dominant basé sur les inégalités (politique, économique, sociale, spatiale, sexuelles, linguistiques…etc.).

    Une rupture avec l’ordre libéral et exploiteur et liberticide. Seule la mobilisation des masses populaires peut imposer, par un rapport de force politique qu’il nous faudra bâtir, des élections démocratiques et transparentes. Seule une convergence des énergies démocratiques et des forces sociales anti libérales et anti impérialistes peut imposer la satisfaction des aspirations de la majorité des algériens et des algériennes.

    Samir Larabi  23 mars 2015

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34663

  • Maroc : hier et aujourd’hui, le pouvoir réprime (Npa)

    Manif commémorative de 1965

     

    En mars 1965, à coup de blindés et mitraillettes, l’État réprimait les manifestations déclenchées par une mesure de restriction à l’accès à l’éducation pour les lycéens, manifestations auxquelles s’étaient greffés les chômeurs et travailleurs des quartiers populaires et bidonvilles.

    La journée du 23 mars fut sanglante, notamment à Casablanca (on parle de mille morts dont beaucoup enterrés dans des fosses communes). Hassan II déclarait le 30 mars : « il n’y a pas de danger plus grave pour l’État que celui de soi-disant intellectuels. Il vaudrait mieux que vous soyez illettrés »... La nature réelle du pouvoir se révélait : une dictature qui a su inverser le rapport de forces en sa faveur.

    Après l’indépendance, le désenchantement

    Durant la décennie 1956-1965, il y avait eu le démantèlement des armées de libération au Nord comme au Sud, armées qui estimaient que le combat pour l’indépendance n’était pas achevé et devait se poursuivre à l’échelle du Maghreb. En 1962, la Constitution posait les bases d’une monarchie despotique. Le mouvement syndical connaissait une scission mais surtout un processus de bureaucratisation accéléré, une dépolitisation de l’action revendicative, en échange de privilèges matériels considérables.

    L’Union nationale des forces populaire (UNFP), principal parti d’opposition, a été paralysée, en raison de l’arrestation de milliers de militants, de ses ambiguïtés stratégiques et divisions entre ailes radicales et réformistes. Son principal leader en exil, Ben Barka, sera enlevé et assassiné en octobre de la même année.

    La monarchie a su reconstruire ses bases sociales d’appui autour des grands propriétaires fonciers, ­restructurer l’appareil d’État et l’armée dirigée par des officiers liés autrefois à l’armée coloniale et avec le soutien matériel de l’État français. Moins de 10 ans après l’indépendance formelle, l’irruption populaire témoignait d’un désenchantement : ni avancées sociales ni libertés démocratiques. Ce désenchantement traduisait le divorce grandissant entre le pouvoir et la population, mais aussi le décalage entre les oppositions et les majorités populaires.

    Radicalisation après le mouvement

    Le 7 juin 1965, Hassan II impose un « État d’exception » inaugurant la longue nuit des années de plomb. La répression massive devient une norme de gouvernement. Néanmoins, cette séquence ouvre aussi un processus de radicalisation. Une partie de la jeunesse du parti communiste marocain et de l’UNFP s’interrogent sur leur passivité et participation au fameux colloque d’Ifrane, sous le patronage de Sa Majesté, colloque censé traiter des problèmes de l’éducation nationale alors que le sang n’avait pas fini de sécher dans les rues de Casablanca.

    Des anciens résistants cherchent aussi une autre voie. L’impact le plus visible de ce processus est dans l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) et chez les lycéens. Dés 1966-1967 se forment les noyaux révolutionnaires, pour beaucoup d’obédience marxiste-léniniste. Le contexte régional et international pèse également. La « nouvelle gauche » se constitue officiellement en 1970, dont une des composantes s’est appelé « Mouvement du 23 mars ».

    Aujourd’hui, un maillon du néocolonialisme français

    50 ans après, la monarchie, en plus d’être absolue, est une des composantes principales de la bourgeoisie. La plupart des partis sont domestiqués. Si le niveau de répression n’est plus le même, ce n’est pas en raison d’une démocratisation du régime mais de sa capacité à développer une stratégie de cooptation, de paix sociale clientéliste et à isoler les luttes. Mais l’ensemble des responsables des années de plomb sont toujours en place, et la répression est quotidienne.

    À leur tour, les processus de lutte ont évolué : ce n’est pas sous forme d’émeutes mais de contestations de masse prolongées que les résistances se déploient, ce n’est pas à travers un prisme idéologique mais bien souvent autour des questions sociales et démocratiques concrètes que toute une nouvelle génération se politise.

    Le 22 mars 2015, à l’appel de courants radicaux de l’UNEM et avec le soutien de la gauche de lutte a eu lieu une manifestation à Rabat, à la mémoire du 23 mars 1965 mais aussi contre la privatisation de l’enseignement public et la militarisation des facultés. En soutien aussi aux prisonniers politiques dont certains sont en grève de la faim.

    Dans ce contexte, la décision de l’État français d’accorder une légion d’honneur à un tortionnaire avéré – Abdellatif Hammouchi, directeur général des services de renseignements – apparaît comme un droit à l’impunité accordée à l’État marocain. Une complicité néocoloniale tant la monarchie relaye les intérêts des entreprises du Cac 40, de la Françafrique et les exigences de l’Europe forteresse. Par la solidarité internationale, c’est ce lien qu’il faut briser.

    Chawqui Lotfi

  • Tunisie : retour du forum social mondial de Tunis (Npa)

    Immédiatement après l’attentat du 18 mars au musée du Bardo, les organisateurs du Forum social mondial (FSM) ont refusé de se laisser intimider et ont maintenu l’intégralité du forum, y compris les deux manifestations, en ouverture le 24 mars et en clôture le 28.

    Au final, environ 45 000 personnes ont participé au FSM à l’université de Tunis, contre 60 000 en 2013. Le nombre d’étrangers est resté à peu près stable, la diminution de certaines délégations étant compensée par la hausse d’autres, par exemple d’Amérique latine ou d’Afrique, et même une quarantaine de Chine.


    Par contre, il y a eu une baisse sensible du nombre de TunisienEs, même si le nombre de jeunes du pays hôte marquait l’animation du FSM dans toutes ses dimensions. Deux explications sont avancées : les déceptions accumulées sur les perspectives politiques, ainsi qu’une météo exécrable qui empêchait notamment les plus désargentés de dormir sous des tentes.

    Nouveau souffle ?

    Une préoccupation devient prégnante parmi les initiateurs des Forums sociaux : quel nouveau souffle serait possible pour cet acquis majeur de « l’altermondialisme » ? Celui-ci reste en tout cas un rendez-vous important pour tous les réseaux de lutte : sur les questions écologiques, paysannes et de souveraineté alimentaire, féministes, syndicales, de solidarité internationale et pour l’autodétermination des peuples, contre les institutions financières et les multinationales, etc. La question des migrants et réfugiés a été beaucoup plus présente que dans les forums précédents.

    À l’heure où ces lignes sont écrites, il est trop tôt pour tirer un bilan plus complet de ce Forum. Dans l’immédiat, nous reproduisons ci-contre une intervention de Fathi Chamkhi lors d’un des nombreux débats concernant la dette.

    Dominique Lerouge et Jacques Babel

     

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    "En Tunisie, nous sommes accablés par cette plaie qu’est la dette. On a fait une révolution, mais la dette est toujours là.

    Aujourd’hui la Tunisie est en crise et dans l’impasse. Elle est en quelque sorte coincée par deux intégrismes : l’intégrisme religieux, et l’intégrisme du néolibéralisme qui a fait tant de mal au peuple tunisien, qui l’a saigné à blanc, notamment à cause de la dette. La dette est un outil de pillage, mais c’est aussi un outil de domination politique. À travers la dette, les multinationales et les États impérialistes imposent un régime néocolonial. Ils remettent en cause notre souveraineté nationale et nous empêchent d’avancer vers l’émancipation sociale.

    À en juger par le mécontentement actuel, la rage qui existe dans le cœur des TunisienEs, on est en droit de se demander si nous n’allons pas vers une seconde révolution. En ce moment, il y a par exemple un mouvement de grève très important des enseignants du second degré. Ils sont 90 000 et ont fait une série de grèves de 48 heures. Puis ils ont refusé de faire passer les examens trimestriels.

    Leur syndicat UGTT a décidé d’appeler à boycotter également les examens du troisième trimestre, ainsi que les examens nationaux si leurs revendications n’étaient pas satisfaites. J’ai cité ce mouvement social pour montrer combien les Tunisiens aspirent au changement. Il s’agit d’un désir énorme qu’ils ont exprimé à plusieurs reprises. Mais la dictature de la dette est là. L’économie et la société tunisienne ont été restructurées de façon à rendre le pays « addict » à la dette. Ce système qui nous a été imposé nous a fait beaucoup de mal, il a causé beaucoup de ravages sociaux.

    L’Union européenne décide à la place des TunisienEs : elle donne ses ordres et le gouvernement les exécute, ne faisant que gérer les affaires courantes en se moquant royalement de l’expression démocratique des citoyens tunisiens.

    Le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement disent tous dans leurs discours qu’ils sont pour l’aide, les réformes, leur désir de faciliter la transition démocratique. Mais ils sont les premiers à leur barrer la route.

    Nous menons la bataille contre la dette depuis le départ du dictateur. Nous disons aux TunisienEs que Ben Ali n’était qu’un paravent qui cachait la vraie dictature. Aujourd’hui, avec ses 15 députés, le Front populaire continue cette lutte. Et l’opinion publique, les classes laborieuses et la jeunesse doivent s’approprier cette question. À l’image de la Grèce et peut-être un peu plus encore car nous subissons cette dictature néolibérale de la dette depuis 29 ans, la Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins : ou bien ce sera l’impasse, et tous les dangers comme on l’a vu avec le terrible attentat terroriste du 18 mars dernier ; ou bien ce sera l’alternative, en avançant dans ce changement que veut la grande majorité des TunisienEs. Et nous sommes déterminés à faire triompher cette deuxième voie, comme nous l’étions face à la dictature de Ben Ali. Nous sommes décidés à ôter de notre route tous les barrages qui l’obstruent, en commençant par la dictature que nous impose la Commission européenne".

    Fathi Chamkhi
    (Député du Front populaire, militant de la LGO et animateur de Raid/Attac/CADTM Tunisie)

  • “L’exploitation coloniale, des violences extraordinaires” (Npa)

    Entretien. Enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université d’Évry-Val-d’Essonne, Olivier Le Cour Grandmaison vient de sortir un nouveau livre, l’Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies (1). Nous l’avons rencontré à cette occasion.  

    Le livre commence par une surprenante description du désastre sanitaire qui accompagne les débuts de la colonisation. Peux-tu en donner quelques éléments et explications ?


    Les causes de ces désastres sanitaires, constatés par de nombreux médecins qui occupent souvent des responsabilités importantes au sein de l’institution médicale et/ou militaire, sont multiples. Elles sont liées au retard de la médecine et de l’hygiène coloniales françaises comparées à celles de la Grande-Bretagne qui est à l’époque très en avance dans ces domaines, notamment en raison de sa longue expérience impériale en Inde. À cela s’ajoute le conservatisme, souvent dénoncé par les médecins et certains officiers supérieurs, de la hiérarchie militaire, et un mépris certain pour la vie des soldats du rang. De là ces désastres fort coûteux sur le plan humain et parfois même susceptibles de retarder des opérations militaires pourtant jugées essentielles par les autorités politiques.

    C’est le cas, par exemple, en 1881 : alors que la France s’apprête à envahir la Tunisie, plusieurs divisions sont réunies à Marseille et Toulon dans des conditions sanitaires pour le moins mauvaises. Bilan : Plus de 800 décès et 5 000 malades ! Rappelons enfin que jusqu’en 1910, les armées françaises comptent plus de vétérinaires pour soigner les chevaux que de médecins pour soigner les soldats. À la veille de la Première Guerre mondiale, 700 praticiens aux armées manquent toujours à l’appel.

    Face à ce « désastre », quelles mesures d’auto-protection va mettre en œuvre le pouvoir colonial pour « protéger » ses forces coloniales ?


    Une telle situation est à l’origine de la mobilisation individuelle et collective des médecins qui vont batailler pour imposer de nouvelles règles d’hygiène dans un contexte où, si l’on connaît les mécanismes de transmission de certaines maladies, comme le paludisme par exemple, nul ne sait comment le soigner. Faute de guérir, il faut donc prévenir de toute urgence, en multipliant les prescriptions relatives à l’alimentation, au logement des soldats et aux casernes, aux vêtements et à l’organisation des opérations militaires elles-mêmes. Enfin, dans le cadre d’une division raciale du travail élaborée par les médecins, entre autres, les forces armées dans les colonies vont recourir à de nombreux soldats « indigènes » pour assumer les tâches les plus rudes : travaux du génie, notamment, afin de préserver la santé des militaires français et leur efficacité lors des combats.


    Au-delà des troupes appelées à servir en outre-mer, ces mesures préventives concernent aussi la société coloniale dans son ensemble. Elle est traitée comme un vaste corps physique, sexuel, économique, social, urbain et politique, qu’il faut protéger d’un environnement naturel et humain jugé extrêmement dangereux sur le plan sanitaire. Chaque partie de ce vaste organisme, indispensable à sa vie comme à son développement – hommes, femmes, voies de circulation, maisons, cimetières, quartiers d’habitation –, doit obéir aux « lois de l’hygiène » pour bénéficier ainsi d’une sécurité sanitaire optimale et indispensable au succès de la colonisation. Comme l’écrivent de nombreux médecins, « l’indigène est un réservoir à virus », et il faut donc s’en éloigner pour se protéger des nombreuses maladies qu’il est susceptible de transmettre.


    De telles conceptions sont au fondement de nombreuses prescriptions. Elles concernent les relations sexuelles interraciales, par exemple, qui sont alors proscrites afin de protéger « l’homme blanc » des maladies vénériennes. Ces prescriptions sont également au principe de l’organisation ségréguée des principales villes coloniales qui doivent comprendre des quartiers européens et des quartiers « indigènes » nettement séparés. En matière d’urbanisme, les enjeux sont également sécuritaires – assurer au mieux la protection des biens et des personnes des Européens – et politiques – inscrire dans l’organisation même de la ville l’ordre colonial comme ordre colonial hiérarchisé au sommet duquel se trouve le Blanc. Là encore, les pratiques coloniales de la Grande-Bretagne ont été autant de modèles pour les hygiénistes et les urbanistes français. Enfin, et pour des motifs identiques, cette ségrégation s’étend aussi aux hôpitaux construits en outre-mer.

    Dans la continuité d’un de tes ­ouvrages précédent, Coloniser, Exterminer. Sur la guerre et l’État colonial (2), tu reviens sur les violences faites aux « indigènes », mais moins en termes d’affrontements, de barbarie militaires, que de « vie quotidienne », notamment dans le cadre de la division raciste du travail. Quelques illustrations ?


    En ce qui concerne les modalités de l’exploitation coloniale, l’analyse précise des conceptions et des pratiques révèle des violences extraordinaires liées aux méthodes employées. Je pense en particulier au travail forcé imposé à l’ensemble des populations civiles du Congo français. L’exemple alors célèbre est celui de la construction de la ligne de chemin de fer destinée à relier Brazzaville à Pointe-Noire sur la côte atlantique. 17 000 morts « indigènes » lors de la construction des 140 premiers kilomètres et des taux de mortalité de 57 % dans certains camps de travail établis pour réunir la main-d’œuvre indispensable à la réalisation de ce chantier.

    Je précise que ce dernier chiffre est celui qui a été rendu public par le ministre des Colonies de l’époque, André Maginot. Quant à l’entreprise chargée de cette « glorieuse » construction, il s’agit de la Société de construction des Batignolles, connue aujourd’hui sous le nom de Spie-Batignolles, l’un des plus grands groupes du BTP français. Il y a peu, l’un des anciens PDG, Jean Monville, vantait encore les réalisations remarquables de son entreprise lors de « l’aventure outre-mer »...

    Dans la conclusion, tu évoques largement le livre de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres. En quoi illustre-t-il ton propos ?

    Ce texte de Conrad est à l’époque connu de tous ceux qui s’intéressent aux colonies. Ce n’est pas un hasard si André Gide dédie son livre Retour du Congo à cet écrivain. Avant beaucoup d’autres, Conrad a découvert l’extraordinaire brutalité quotidienne de l’exploitation coloniale, le mépris raciste qui la légitime et les conséquences dramatiques de cette exploitation : des morts par dizaines de milliers, des régions entières abandonnées par leurs habitants autochtones qui fuient les réquisitions, les déportations et le travail forcé.

    Contrairement à beaucoup de ses contemporains, Conrad n’euphémise pas ces pratiques. Au contraire, grâce à une investigation littéraire, il les dévoile avec une précision remarquable. À l’heure où, en France, sévit de nouveau un révisionnisme colonial allègre, Au cœur des ténèbres rappelle utilement ce passé meurtrier.

    Propos recueillis par Robert Pelletier
    1 – Fayard, 2014, 23 euros
    2 – Fayard, 2005, 22 euros

    «  Les Blancs ne communiquent avec les Noirs ou les Jaunes que pour les asservir ou les massacrer. Les peuples que nous appelons barbares ne nous connaissent encore que par nos crimes. (…) allons-nous armer sans cesse contre nous en Afrique, en Asie, d’inextinguibles colères et des haines insatiables et nous préparer pour un avenir lointain sans doute, mais assuré, des millions d’ennemis ? »

    Anatole France (1906), mis en exergue dans la conclusion d’un précédent ouvrage d’Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser Exterminer. Sur la guerre et l’État colonial.