Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 10

  • Maroc. Ikea : rien ne va plus entre la Suède et le royaume chérifien (Courrier Internationnal)

    Le 1er octobre, le Maroc a annoncé le boycott de toutes les sociétés suédoises après avoir annulé, à la dernière minute, l’ouverture du magasin Ikea dans la région de Casablanca. Une affaire qui prend une dimension politique inattendue.

     

    “Il semble qu’Ikea s’est pris les pieds dans l’une des plus insolubles disputes territoriales de l’Afrique du Nord”, relève The Washington Post. En effet, derrière les raisons administratives avancées par la justice marocaine, qui a évoqué l’absence d’un “certificat de conformité”, il y aurait des raisons d’ordre politique qui ont motivé l’annulation de l’ouverture, prévue le 29 septembre, du premier magasin Ikea dans le royaume.

    “La vraie raison de la non-ouverture du magasin serait géopolitique : Ikea, une compagnie fondée en Suède et dont l’enseigne est étroitement associée à ce pays, est pénalisée à cause du soutien suédois apporté au mouvement revendiquant l’indépendance du Sahara-Occidental”, explique le quotidien américain en citant Le 360, qu’il présente comme “un site d’information marocain perçu comme proche du palais royal”.

    Alignement sur les Nations unies

    Le Sahara-Occidental, ancienne colonie espagnole, est passé en 1975 sous le contrôle du Maroc, explique The Washington Post. Un territoire revendiqué par les indépendantistes du front Polisario. En 1976, le Polisario, appuyé par l’Algérie, y proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD). En 1991, les Nations unies ont pu instaurer un cessez-le-feu entre les belligérants et établir un calendrier prévoyant la tenue d’un référendum d’autodétermination. Mais celui-ci n’a jamais eu lieu et les négociations sur l’avenir du Sahara-Occidental sont toujours dans l’impasse.

    “Si la RASD est reconnue par quelques pays et est membre de l’Union africaine, aucun pays occidental ne l’a reconnue. Toutefois, en Suède, un sérieux débat s’est développé autour de cette question durant ces dernières années”, signale le journal. Côté suédois, les autorités nient tout lien entre l’affaire d’Ikea et la question du Sahara-Occidental et affirment leur alignement sur les travaux des Nations unies.

    Les femmes à la pointe du combat

    http://www.courrierinternational.com/article/maroc-ikea-rien-ne-va-plus-entre-la-suede-et-le-royaume-cherifien

     

  • Israël : carte blanche aux colons violents (Ujfp)

    Selon Olivia Elias, économiste et auteure d’études sur la colonisation de la Palestine (1) l’explosion de la violence des colons à l’égard des Palestiniens n’est pas accidentelle mais structurelle. « Les colons violents peuvent agir d’autant plus aisément qu’Israël a laissé s’instaurer une culture d’irrespect à l’égard de la loi et d’irresponsabilité à tous les échelons du dispositif militaire/policier/judiciaire en place en Palestine occupée. »

    Fin juillet, une bombe incendiaire lancée à l’intérieur d’une maison palestinienne provoquait le décès d’un bébé, suivi de celui du père et tout récemment de la mère. Le slogan « Prix à payer » signait le crime. Le 26 août, un acte similaire visait d’autres membres de la famille Dawabcheh. L’onde de choc forçait le Premier ministre et le Président israéliens à sortir de leur silence habituel.

    Que ne l’ont-ils fait plutôt ? Loin d’être isolée, cette agression s’ajoute à la longue liste des violences commises quotidiennement par des colons. Le Palestine Center a publié, jour par jour et mois par mois, la liste des incidents les plus importants survenus en 2011 (2). Y figurent des attaques à l’arme blanche, des bastonnades, des destructions de maisons et bâtiments, voitures et matériel, l’arrachage/incendie de milliers d’arbres, l’abattage de bétail. A cela s’ajoutent des kidnappings, des incursions et des rodéos dans les villages avec les colons roulant sur les piétons, l’aspersion de gaz et de produits toxiques... Les enfants ne sont pas épargnés, bien au contraire.

    Durant la seule année 2011, on recense plusieurs décès et de nombreux blessés, dont certains laissés dans un état critique. Violant leurs engagements internationaux (notamment, la 4ème convention de Genève), les autorités israéliennes ont, par leur inaction et leur silence, encouragé de facto de tels actes qui rappellent le temps où le Ku Klux Klan sévissait dans le sud des Etats-Unis.

    Entre 2006 et 2011, leurs agressions commises généralement en bandes organisées ont augmenté de 315 % alors que celles exercées par les Palestiniens de Cisjordanie baissaient de 95 %, rapporte le Palestine Center. Le total atteignait 1 000 incidents en 2011, et autant en 2014 selon les experts palestiniens, soit presque 3 actes par jour. Les rapports publiés par l’ONG israélienne Yesh Din montrent la banalisation du phénomène tout en soulignant les causes. En plus d’être enracinée dans la réalité de l’occupation-colonisation, la violence des colons est encouragée par les dysfonctionnements en cascade de l’appareil militaro/policier/judiciaire en place en Palestine occupée.

    En témoigne le taux extrêmement faible de poursuites judiciaires : environ 7 % des 1 067 dossiers, ouverts par la police israélienne en Cisjordanie entre 2005 et la fin de 2014 et constituant l’échantillon Yesh Din, ont entrainé une assignation à comparaître devant un tribunal (3). Fin 2014, 57 affaires avaient abouti sur les 70 concernées avec les résultats suivants : verdict de culpabilité dans 33 cas, assortie d’une condamnation dans 20 uniquement.

    La violence des colons, un phénomène non pas accidentel mais structurel

    Toute entreprise d’occupation-colonisation qui fait cohabiter deux populations au statut inégal porte en elle les germes du racisme. Dans le cas israélien, ceux-ci sont d’autant plus vivaces que le dispositif de surveillance et de contrôle de la population occupée assigne une place essentielle aux colons. On lira avec profit, à ce sujet, l’ouvrage collectif « Une occupation civile. La politique de l’architecture israélienne » (4). Dans un chapitre consacré à l’urbanisme d’Etat, Zvi Efrat montre comment ce système est « placé pour l’essentiel entre les mains de la population civile », qualifiée de « forces de sécurité sans uniforme », qui œuvre des collines où elle réside.

    De nombreux colons remplissent ce rôle de manière passive, se contentant de profiter de leur niveau de vie supérieur en Palestine occupée. D’autres l’assument très activement dans le but avoué de rendre la vie impossible aux Palestiniens et de les pousser à partir. Ceux-là obéissent aux injonctions de leaders bien connus des services de sécurité israéliens et de rabbins extrémistes appartenant au courant national-religieux. Autrefois minoritaire, ce dernier a vu son influence grandir au fil des années. En témoignent la banalisation des discours racistes et la montée des partis d’extrême droite dont certains détiennent des postes clés au sein du gouvernement.

    Les colons violents peuvent agir d’autant plus aisément qu’Israël a laissé s’instaurer une culture d’irrespect à l’égard de la loi et d’irresponsabilité à tous les échelons du dispositif militaire/policier/judiciaire en place en Palestine occupée. Saisies du problème, les autorités ont, à leur habitude, commandité quelques rapports (le premier, en 1981, confié au Général Karp) qui sont restés sans effet. Les rapports de 1994 et 2005 notent ainsi « l’échec continu à reformer le système israélien d’application de la loi » en Cisjordanie (5).

    Un régime défaillant de délégation de responsabilité

    La responsabilité d’assurer la protection de la population occupée incombe en Cisjordanie à l’armée, laquelle peut déléguer une partie de ses pouvoirs à la police. En raison de leurs ressources et de leurs effectifs très limités, les policiers dépendent, toutefois, des soldats sur le plan opérationnel, notamment pour se rendre sur les lieux d’un incident.

    Il est vrai que, selon les ordres donnés par le pouvoir politique, la protection des Palestiniens constitue, pour les uns et les autres, une mission secondaire. Résultat : alors qu’en l’absence de la police, l’armée israélienne est autorisée à détenir et même à arrêter les présumés coupable d’agression contre des Palestiniens, les soldats se contentent le plus souvent de détourner les yeux, lorsqu’ils ne prêtent pas main forte aux agresseurs et détruisent les preuves. « Dans de nombreux cas, les forces armées et la police ont failli à leur devoir de protéger les Palestiniens », affirme Ban Ki Moon (6).

    L’impossible parcours des Palestiniens pour obtenir justice

    De multiples obstacles pour loger une plainte. Pour accéder aux postes de police situés en zone C, les victimes doivent solliciter et obtenir un permis spécial. Une fois sur place, il leur arrive d’attendre des heures l’arrivée d’un policier ne parlant pas l’arabe, ou même de devoir revenir. Il se peut aussi qu’on leur demande de fournir des titres de propriété ou une carte délivrée par un expert agréé (exigence qui a un coût élevé et que le régime foncier palestinien rend impossible à satisfaire). Enfin, si elles ont porté plainte par le passé pour d’autres incidents, elles risquent de faire l’objet de représailles de la part des policiers. Dans ces conditions, on comprend qu’elles renoncent d’autant que leur confiance en la justice israélienne est très fragile. Le traitement réservé à leur plainte n’est pas pour leur faire changer d’avis.

    Entre 2005 et 2014, 8 dossiers sur dix clos pour des motifs laissant penser à des défaillances de l’enquête,telle est la conclusion de l’enquête publiée en mai dernier par Yesh Din (7). De nombreux cas factuels illustrent l’application illusoire de la loi israélienne en Palestine occupée. Pas de protection de la scène du crime (relevé d’empreintes, vérification de la présence de caméras, archivage des images...). Impasse ou négligence aux étapes suivantes : identification des témoins et des suspects, interrogatoire, confrontation. Pas de vérification non plus de l’historique criminel des suspects ainsi que de leur alibi, etc., etc.

    La comparaison avec le traitement réservé aux Palestiniens suspects d’agressions et la diligence déployée pour identifier/arrêter ces derniers est dévastatrice pour l’image « d’Israël, Etat démocratique ». Les suites données à l’attentat contre la famille Dawabcheh n’est pas pour arranger les choses, bien au contraire. Jusqu’à présent, aucun progrès de l’enquête, aucune mesure, aucune sanction.

    En définitive, ces observations permettent d’appliquer aux colons violents le jugement lapidaire émis par Ban Ki Moon à propos des exactions des Casques bleus : « L’absence de poursuite légales… signale le règne de l’impunité (8) ». Elles relativisent aussi la réaction des autorités israéliennes qui, pour une rare fois, se sont émues des conséquences d’une situation qu’elles contribuent à banaliser et à renforcer. Une situation intenable et encore nous n’avons pas évoqué les violences de l’armée.

    La question de la responsabilité de la communauté internationale se pose également. Il est temps de prendre des mesures à l’encontre des colons violents, comme le recommandent les Consuls européens en poste à Jérusalem-Est. Il est temps d’assurer une protection internationale à la population palestinienne. La France et l’Europe disposent de moyens de pressions ; quand se décideront-elles à les utiliser ?

    vendredi 2 octobre 2015 par Olivia Elias

    01 OCTOBRE 2015 | PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART


    (1) La « Palestine occupée, la colonisation à marche forcée », cahiers de l’AFPS, février 2013. Et aussi « Le dé-développement économique de la Palestine », AFPS, octobre 2013.

    (2) « When Setters Attack », Palestine Center 2012. Voir aussi : Olivia Elias, Palestine occupée, la colonisation à marche forcée, dossier « Carte blanche à la violence des colons », AFPS, février 2013, pp. 53 à 77.

    (3) « Datasheet, May 2015. Prosecution of Israëli Civilians Suspected of Harming Palestinians in the West Bank », Yesh Din Monitoring figures (les statistiques n’incluent pas Jérusalem-Est).

    (4) Publié sous la direction d’Eyal Weizman et Rafi Segall, Editions de l’imprimeur, 2004.

    (5) « Israeli settlements in the Occupied Palestinian Territory, including East Jerusalem, and the occupied Syrian Golan », rapport du Secrétaire général à l’AG de l’ONU, A/66/364, 16 September 2011, § 22.

    (6) ibidem, § 30.

    (7) Mock Enforcement, The Failure to Enforce the Law on Israeli Civilians in the West Bank », Yesh Din, May 2015, p. 34.

    (8) Ban Ki Moon, « Tolérance zéro pour les casques bleus auteurs de viols », Le Monde, 23 et 24 août 2015, p.13.

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4420

  • Rassemblement " Ni Poutine ! Ni Bachar ! " (Souria Houria)

     

    Evenement_20151002-1

    Le 2 octobre le président russe Vladimir Poutine vient à Paris pour participer à un sommet portant sur le conflit en Ukraine. Il devrait également discuter de la Syrie avec le couple franco-allemand.

    Cependant, le Kremlin emprisonne ses opposants politiques, fournit massivement des armes qui tuent des civils ukrainiens et syriens et envoie des militaires russes en Ukraine et en Syrie. De plus, la politique et les interventions du Kremlin contraignent, en Syrie et en Ukraine, des millions de personnes à fuir leur maison. Dans ces deux pays, Poutine mène la même politique : empêcher un peuple de décider librement de son avenir.

    Après 4 ans de soutien militaire de Poutine à Bachar, la situation en Syrie n’a fait qu’empirer (plus de 250 000 morts, et l’armée de Bachar, soutenue notamment par Poutine, est responsable de la mort de plus de 95 % des civils tués). Et toute intervention, qu’elle soit ou non avec l’appui de la France, ne permet pas d’en finir avec Daech.

    Si le gouvernement français défendait vraiment les libertés démocratiques il faudrait qu’il commence par exiger la fin de tous les  massacres et des meurtres, la libération des prisonniers politiques (en Syrie -plus de 215 000, mais aussi en Russie -plus de 200), et la fin des agressions militaires.

    Nous n’acceptons aucune collaboration avec les dictateurs ! 

    Ni Poutine ! Ni Bachar ! 

    Ils sont la cause et non pas la solution des problèmes.

    Rassemblement le 2 Octobre 2015

    à 18 h à côté de l’Assemblée Nationale

    à l’angle de la rue de l’Université et de la rue Constantine

    stations : Invalides (M 13, M 8 et RER C) et Assemblée Nationale (M 12)

    à l’initiative de militants syriens, ukrainiens et russes

    initiative soutenue par :

    Alternative Libertaire, Assemblée Européenne des Citoyens, Cedetim (réseau IPAM), Émancipation, Ensemble ! (membre du Front de Gauche), L’insurgé, Naskon, Souria Houria (Syrie Liberté), Ukraine Action, Union syndicale Solidaires, Freedom Syria, Sotak horia, Collectif Urgence Solidarité Syrie, Déclaration de Damas, Collectif du 15 mars, Coordination de Paris, Les femmes syriennes, Syria for all 30 septembre 2015

    http://souriahouria.com/02102015-paris-rassemblement-ni-poutine-ni-bachar/

  • Bombardement russes en Syrie : la guerre pour l’influence (Anti-k)

    La Russie a mené ses premières frappes aériennes. Poutine n’en fait pas mystère, il s’agit de soutenir la dictature sanguinaire Bachar El Assad contre ses opposants, tous qualifiés de terroristes. Par ces bombardements, il va donc s’opposer aux forces du soulèvement populaire syrien, déjà en difficultés car prises entre les feux du gouvernement et les armées intégristes.

    Les Etats-Unis et la France s’offusquent des frappes russes, alors que ces deux puissances interviennent aussi en Syrie. Chaque grande puissance défend ses intérêts, en prenant comme prétexte le terrorisme, amis en réalité il s’agit surtout pour chacune de défendre sa sphère d’influence.

    Le NPA s’oppose aux interventions militaires des grandes puissances en Syrie, que ce soit la Russie, la France ou d’autres. Il affirme sa solidarité avec la lutte du peuple syrien qui affronte les forces contre-révolutionnaires que l’impérialisme a largement encouragées.

    Montreuil, le 1 octobre 2015

    http://www.anti-k.org/2015/10/01/bombardement-russes-en-syrie-la-guerre-pour-linfluence/

  • Il faut combattre les tabous homophobes en Tunisie (Amnesty)

    La condamnation d’un étudiant de 22 ans à un an de prison pour «relations homosexuelles»  aura au moins eu le mérite douvrir enfin le débat sur ce sujet en Tunisie. Lundi 28 septembre 2015, dans une déclaration sans précédent, le ministre de la Justice Mohamed Salah Ben Aissa a appelé publiquement à la dépénalisation des relations homosexuelles.

    Le jeune étudiant, connu sous le pseudonyme de Marwan, a été condamné par un tribunal de Sousse le 23 septembre, après avoir subi un examen anal forcé destiné à « prouver » sa pratique de la sodomie.

    Le 6 septembre 2015, Marwan avait été convoqué par la police en lien avec le meurtre dun homme commis à Sousse. Il a nié toute implication dans ce meurtre, mais a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec la victime, semble-t-il après que les policiers leurent menacé de linculper du meurtre. Il a alors été inculpé de « sodomie » en vertu de larticle 230 du Code pénal, qui prévoit pour cette infraction une peine pouvant aller jusquà trois ans de prison. Ce même article érige aussi en infraction le « lesbianisme », même sil est rarement utilisé pour arrêter des femmes lesbiennes.

    Les militants LGTBI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués) de Tunisie se sont vite emparés du cas de Marwan. Ces groupes sont de plus en plus actifs depuis quelques mois, enhardis par larrivée au pouvoir dun nouveau gouvernement de coalition plus progressiste. Ils font campagne contre la criminalisation des relations homosexuelles entre personnes consentantes, soulignant que celle-ci porte atteinte à deux droits fondamentaux garantis par la nouvelle Constitution tunisienne : le droit au respect de la vie privée et le droit de ne pas subir de discrimination.

    Certains groupes ont même lancé une campagne en ligne demandant quil ne soit plus pratiqué dexamens anaux forcés – une initiative sans précédent en Tunisie.

    Dans une interview accordée aux médias quelques jours après la condamnation de Marwan, le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aissa, a reconnu que larticle 230 violait le droit au respect de la vie privée garanti par la Constitution et devait être abrogé. Les défenseurs des droits humains tunisiens doivent profiter de cette dynamique pour faire évoluer le discours sur lhomosexualité en Tunisie, afin que les paroles se traduisent en actes.

    Malheureusement, le cas de Marwan est loin d’être isolé. Dans le cadre de sa campagne contre les violences sexuelles et la violence liée au genre en Tunisie, Amnesty International a récemment recueilli des informations sur plusieurs cas dhommes gays ayant été arrêtés, placés en détention et poursuivis entre 2009 et 2014 – sans compter les nombreux autres cas qui, daprès les militants, ne sont pas signalés.

    Des gays tunisiens ont raconté à Amnesty International avoir été interpelés simplement parce qu’ils avaient l’air « efféminés » ou parce quon les avait vus parler à un autre homme dans un quartier connu par la police pour être fréquenté par des gays. Comme Marwan, beaucoup ont été arrêtés sans preuves et contraints de subir un examen anal destiné à prouver la sodomie, bien que la fiabilité de ce type dexamen invasif ne soit pas scientifiquement prouvée. Amnesty International considère que les examens anaux forcés constituent une forme de torture ou dautre mauvais traitement.

    Des personnes transgenres ont également dit à l’organisation quelles avaient été arrêtées et poursuivies pour atteinte à la moralité publique simplement parce quelles ne se conformaient pas aux stéréotypes de genre et aux normes sociales en vigueur.

    Toutefois, les répercussions de ces lois vont bien au-delà du risque permanent darrestation et de poursuites. Partout dans le monde, la criminalisation des relations entre personnes de même sexe favorise la violence contre les LGBTI et crée un climat permissif qui les rend vulnérables aux violences policières, ainsi quaux actes de harcèlement et dintimidation au sein de leur famille et de leur milieu de vie. Malheureusement, la Tunisie ne fait pas exception à la règle.

    Amnesty International a rencontré des personnes LGBTI qui avaient reçu des coups de couteau, des coups de pied dans la tête, des brûlures de cigarette et des menaces de mort en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. Or, bien souvent, la police a rejeté ou ignoré leurs plaintes à cause des dispositions de larticle 230.

    Dans certains cas, au lieu de mener une enquête en bonne et due forme sur ces crimes homophobes et transphobes – conformément à leurs obligations aux termes du droit international – les policiers ont ouvertement adressé des avertissements ou des menaces aux victimes (y compris à des lesbiennes) pour les inciter à retirer leur plainte sous peine dêtre elles-mêmes poursuivies. Dans dautre cas, ils ont profité de la peur des poursuites pour soumettre des personnes LGBTI à du chantage, des manœuvres dextorsion et, parfois, des atteintes sexuelles. Les gays et les personnes transgenres qui ne veulent pas être arrêtés sont souvent obligés de verser des pots-de-vin aux policiers et de leur donner leur téléphone ou dautres objets de valeur.

    En conséquence, les victimes LGBTI de viol ou dautres agressions sexuelles sont souvent réticentes à se faire connaître et à signaler ces actes à la police.

    Les lois qui érigent en infraction les relations homosexuelles entre personnes consentantes, en Tunisie ou ailleurs, sont contraires au droit international et aux normes internationales relatifs aux droits humains.

    Avec cette récente ouverture dun véritable débat public sur les droits des LGBTI, la Tunisie semble enfin faire de petits pas – petits mais essentiels – dans la bonne direction, faisant naître une lueur despoir.

    Toutefois, ce nest quen abrogeant larticle 230 du Code pénal et en dépénalisant une bonne fois pour toutes les relations consenties entre personnes de même sexe que les autorités tunisiennes pourront espérer offrir une protection suffisante contre la violence et la discrimination. Elles doivent immédiatement libérer Marwan et sengager dans un processus de réforme législative afin que plus personne ne soit arrêté ni poursuivi en raison de son identité de genre ou de son orientation sexuelle.

    Cet article a été initialement publié sur le site du Huffington Post Maghreb.

    30 septembre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/challenging-tunisias-homophobic-taboos/

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

     

    Soutenons le film "Rêve de réfugiés"

    Antoine LAURENT, mercredi 30 septembre 2015
  • Palestine : quand les projets financés par l’Europe partent en fumée, détruits par Israël (Basta)

    Bienvenue dans la « Zone C » de Cisjordanie, véritable champ de bataille sous contrôle exclusif d’Israël, et où se joue un bras de fer crucial pour l’avenir de la région. Ici, l’aide humanitaire s’avère essentielle pour pallier les urgences – construction de routes et d’abris décents, accès à l’eau potable. Mais les projets financés par les bailleurs internationaux, et notamment par l’argent public européen, sont méthodiquement détruits par Israël. Reportage sur les coulisses d’une guerre d’usure, aux frais du contribuable européen.

    L’Europe serait-elle entrée en guerre en Cisjordanie ? C’est ce qu’aurait annoncé cet été Yoav Mordechai, chef des forces de sécurité israéliennes dans la région, à l’occasion d’une réunion de la Knesset (parlement de l’État d’Israël) sur les constructions palestiniennes financées par l’Union européenne en Cisjordanie. Celles-ci sont accusées d’illégalité et sous le feu des critiques des partis et organisations de la droite israélienne, qui y voient une violation insupportable de souveraineté. D’autant que beaucoup considèrent cette zone comme la Judée et Samarie, une terre d’Israël. Les européens répondent qu’il s’agit d’aide humanitaire, et semblent s’irriter de voir leurs projets détruits par les forces israéliennes. Sans parler de guerre, un bras de fer crucial pour l’avenir de la région semble en effet engagé.

    C’est aux accords d’Oslo de 1993 que l’on doit la division de la Cisjordanie en trois zones. La zone A comprend les principales villes palestiniennes, et relève de l’Autorité palestinienne ; la zone B couvre une grande majorité des 450 villages palestiniens, et la souveraineté y est partagée entre l’Autorité palestinienne pour les questions civiles et administratives, et le gouvernement israélien, responsable de la sécurité. La zone C, qui recouvre plus de 60% de la Cisjordanie, reste sous le contrôle exclusif d’Israël jusqu’à son transfert à l’Autorité palestinienne. Transfert qui devait survenir avant 1998, mais qui n’a toujours pas eu lieu.

    L’arme des démolitions

    À ce jour, l’État hébreu garde donc tout pouvoir sur le développement de la zone C, riche en ressources naturelles et en terres arables. Des logements aux infrastructures de services, la moindre installation devrait en théorie être approuvée par le Coordinator of Government Activities in the Territories Unit (COGAT), l’institution israélienne qui coordonne les activités dans ces territoires. Mais quand les Palestiniens demandent des permis de construire, ils sont rejetés dans 98,5% des cas...

    Carte de la Cisjordanie : la zone C est en jaune

    Pour les 300 000 Palestiniens qui résident ou possèdent des terres dans la zone C, la seule option pour avoir accès aux services de base, à de nouveaux logements, ou développer une activité économique est donc de construire sans autorisation. Résultat : Israël court après les installations illégales pour les détruire. Selon le dernier rapport du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), environ 13 000 structures sont aujourd’hui menacées de démolition, et des centaines sont détruites ou confisquées chaque année [1] : logements, réservoirs d’eau, abris pour les animaux… en 2014, l’administration va jusqu’à saisir la balançoire d’une école du camp bédouin de Khan Al-Ahmar, considérant qu’il s’agit d’un aménagement nécessitant une autorisation du COGAT.

    29 millions d’euros d’argent public partis en fumée

    Dans ce territoire largement tributaire de l’aide internationale, une partie significative des constructions est financée par des bailleurs étrangers. « On intervient en zone C car c’est là qu’il y a les populations les plus vulnérables, et une réelle crise humanitaire », explique un diplomate européen. « Israël, en vertu des accords d’Oslo, a gardé la responsabilité de la zone. Mais ils ne fournissent pas les services de base à la population, notamment aux bédouins, qu’ils veulent déplacer pour étendre des colonies, raconte un travailleur humanitaire dont l’ONG bénéficie de fonds européens. Alors on se retrouve à devoir pallier les urgences. Les communautés ont besoin de routes, d’accès à l’eau, d’abris décents… Et nous sommes contraints de faire tout cela sans permis. »

    Selon la Commission européenne, de 2001 à 2011, les Israéliens ont détruit pour 49 millions d’euros de projets de développement, dont 29 millions en provenance de l’Union européenne et de ses États membres. Quand les bulldozers s’attaquent à des structures de la zone C financées par des bailleurs internationaux, c’est l’argent public de l’aide humanitaire qui part en fumée. Actuellement, selon des sources diplomatiques, plus de deux millions d’euros de fonds européens seraient menacés.

    La Commission européenne hausse le ton

    Cette situation ne laisse pas indifférent à Bruxelles et dans les capitales européennes. « Nous investissons l’argent du contribuable : nous devons être capables de rendre des comptes », confie un responsable européen. Chaque année, l’Europe injecte des centaines de millions d’euros dans les Territoires palestiniens, via l’Autorité palestinienne, les ONG, ou à travers le financement direct de projets. Or selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), les indicateurs socio-économiques y sont au plus bas depuis 1967. Pour l’agence onusienne, il s’agit d’une situation de « dé-développement » – « un processus par lequel le développement n’est pas simplement entravé, mais inversé ». Les obstacles au développement de la zone C représentent des pertes de plus de trois milliards de dollars pour l’économie palestinienne, estime la Banque mondiale.

    Dans un contexte d’austérité, l’absence d’efficacité de l’aide passe mal. En mai 2014, un rapport d’évaluation de la Commission qualifie la coopération avec la Palestine d’« insoutenable et contreproductive ». Des rumeurs sur l’arrêt des financements commencent à courir. Le financement d’infrastructures ne représente qu’une partie de l’aide européenne, largement consacrés au soutien à l’Autorité palestinienne, mais la destruction d’infrastructures par Israël passe mal. En octobre 2014, fait exceptionnel, la Belgique condamne ces démolitions et demande réparation. Elle convoque l’ambassadeur d’Israël suite à la démolition d’un projet d’électrification dans le village de Khirbet Al-Tawil, près de Naplouse (Cisjordanie). A la fin de l’année, au prix de longues négociations, le groupe Mashreq/Maghreb de l’Union européenne adopte une résolution sans équivoque : « L’UE et ses États membres protesteront systématiquement en cas de démolition/confiscation de projets financés par l’UE ou des États membres ».

    Israël contre-attaque

    Une résolution qui ne vient pas freiner Israël, au contraire : « Il y a eu une accélération des démolitions cette année en août. Si on continue à ce rythme, 2015 pourrait être une année record, constate un salarié d’ONG basé à Ramallah. Ce n’est pas forcément en réaction à la position de l’UE, mais cela montre en tout cas que cela n’a rien changé en pratique. » Selon le Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), entre le 1er janvier et le 12 septembre 2015, 459 structures ont été détruites par les Israéliens, dont 86 financées par des bailleurs internationaux.

    Signe du durcissement d’Israël : le COGAT israélien s’adresse maintenant directement aux bailleurs internationaux pour protester contre les structures considérées comme illégales. Et les courriers reçus par les ONG, jusqu’ici relativement lapidaires, s’étoffent d’arguments juridiques plus précis. L’administration israélienne invoque les accords d’Oslo, mais aussi la Convention de la Haye qui lui donne la responsabilité du territoire occupé, en tant que puissance occupante.

    Cet été, le ministère des Affaires étrangères israélien a fermement rappelé aux Européens que toute construction illégale serait rasée, annonçant la tenue de réunions régulières entre l’UE, le ministère et l’armée sur ce sujet à partir de septembre. « Nous sommes dans un dialogue de sourds, déplore un diplomate européen. Israël se base sur ses droits de puissance occupante, mais nous constatons son inaction, et l’urgence humanitaire, à laquelle il faut bien répondre. »

    Impossible de condamner officiellement Israël

    Pas sûr que les États européens tiennent bon face à la pression. « Il y a aujourd’hui clairement une volonté des Européens d’avoir un engagement politique plus fort, concerté », remarque un salarié d’ONG. Mais agir de manière concertée se révèle difficile. Les conclusions du groupe Mashreq/Maghreb restent à l’état de vœux pieux, faute d’adoption de principes de mise en œuvre. Selon certains diplomates, « il y a des États membres dont l’objectif à Bruxelles est de bloquer leur application ».

    Sans ligne de conduite commune des Européens, ce sont les diplomaties nationales qui reprennent la main. Certains États protestent systématiquement en cas de démolition de leurs projets, quitte à se mettre à dos l’État hébreu. D’autres ne réagissent jamais. Mais dans tous les cas, il n’y pas de diplomatie « publique » sur le sujet : impossible d’en parler officiellement. Même la liste des projets détruits ou menacés reste confidentielle. « Le problème est que personne ne veut fâcher Israël à cause des négociations de paix, constate un diplomate. Mais si Israël récupère la zone C, que restera-t-il à négocier ? »

    Des projets humanitaires au service d’un bras de fer géopolitique

    Tout l’enjeu est là : les Israéliens ne démolissent pas pour assurer le respect des lois sur les permis de construire, mais bien en fonction des plans de développement des colonies. Beaucoup de démolitions ont eu lieu cet été dans le secteur d’E1, où un projet d’expansion de colonies à l’est de Jérusalem couperait la Cisjordanie en deux et compromettrait la viabilité d’un futur État palestinien.

    « Les Israéliens veulent changer la démographie de la zone C pour éviter la solution à deux États. Aujourd’hui ils ont assez progressé pour accélérer ouvertement cette politique », décrit un salarié d’ONG impliqué dans la zone C. Depuis les accords d’Oslo, le nombre de colons israéliens en Cisjordanie a quadruplé, et ils sont désormais plus nombreux que les Palestiniens.

    « L’objectif principal de nos interventions, c’est de permettre aux Palestiniens qui veulent rester en zone C de pouvoir le faire », explique un autre travailleur humanitaire. Même son de cloche chez les diplomates impliqués dans la région : « Les projets humanitaires ont évidemment une dimension politique, puisqu’ils permettent de préserver ce que pourrait être un État palestinien. Par sa taille, sa géographie, ses ressources, la zone C est indispensable à un futur État palestinien. Cela fait des années que les capitales défendent la solution à deux États, c’est donc ce que nous essayons de sauver sur le terrain. »

    Système D dans la zone C

    Face aux hésitations politiques, c’est sur le terrain que se mène une guerre de territoire qui ressemble plutôt à une discrète guérilla. Construction de nuit, pendant le sabbat, recours aux communautés locales plutôt qu’à des sous-traitants… Les stratégies pour ne pas se faire remarquer et pour pouvoir poursuivre les travaux sont multiples. Et parfois étonnantes : des abris en dur peuvent ainsi être recouverts de tentes bédouines pour cacher leur existence.

    « Dans la région de Bethléem, nous avons développé un projet agricole dont l’un des murs d’enceinte est le mur d’une colonie, comme ça ils ne pourront pas s’étendre », s’amuse Mahmoud Zwahre de l’organisation palestinienne Popular Struggle Coordination Committee. « Et chaque fois que nous avons un risque de démolition ou de saisie de terres, nous allons en justice. C’est aussi un moyen de collecter des données au cas où il y ait un jour une procédure auprès de la Cour pénale internationale. »

    Pas d’État palestinien sans la zone C

    Plusieurs projets de son organisation sont financés par des bailleurs internationaux, mais tous ne réagissent pas quand ceux-ci sont menacés. Certains États européens acceptent d’être visibles si cela peut protéger les structures, mais d’autres refusent tout affichage pour éviter la confrontation. « Ces pays devraient prendre leurs responsabilités. La coopération, ici, ce n’est pas une histoire de charité, nous ne sommes pas un pays pauvre. Ce sont des enjeux politiques. Nous n’aurons pas d’État palestinien sans la zone C. »

    Avec les faibles marges de manœuvre qui leur sont laissées vis-à-vis d’Israël, la frustration est grande chez les diplomates qui veulent défendre l’existence d’un État palestinien, ou tout simplement éviter le gaspillage d’argent public : « Il faudrait demander des réparations financières à Israël à chaque fois, pour pouvoir reconstruire de façon systématique, après chaque démolition. Il n’y a que comme ça qu’on pourrait les contrecarrer. On ne peut pas continuer ainsi : à la fin, c’est toujours le citoyen européen qui paie. »

    Antoine Besson

    P.-S. : Beaucoup de personnes sont citées anonymement dans cet article. Impossible de mentionner les pays d’où viennent ces diplomates, qui craignent d’être reconnus, peuvent être expulsés ou avoir d’importants problèmes pour leurs déclarations. Côté ONG, les personnes rencontrées craignent de perdre la capacité d’opérer, avec le retrait des permis par Israël. Bienvenue dans la « seule démocratie du Moyen-Orient »...

    Photo : Démolitions dans le quartier d’Ein al Joze à Silwan, Jérusalem Est, en mars 2009. Source : Comité israélien contre la démolition de maisons.

    par Antoine Besson 1er octobre 2015

    http://www.bastamag.net/Palestine-comment-Israel-detruit-des-projets-finances-par-l-Europe-en-toute

    Cet article vous a intéressé ? Basta ! a besoin de ses lecteurs pour poursuivre son travail, faites un don.

  • Le rassemblement des familles de disparus réprimé à Alger (Algeria Watch)

     

    La police a empêché violemment une tentative de rassemblement des familles, ce matin 29 septembre, à la place Maurice Audin, à Alger.

    Les services de sécurité sont intervenus vers 10 h 30 pour disperser violemment ce rassemblement organisé par le Comité national des familles de disparus CNFD, a-t-on constaté sur place.

    Des arrestations ont été opérées, dont des vieilles dames et des vieux qui ont été violemment malmenés par les agents des services de l’ordre. L’intervention musclée de la police a commencé quand les protestataires, munis des portraits de leurs proches disparus, ont commencé à scander des slogans qualifiant le gouvernement de « terroriste » et le nouveau patron du DRS, le général-major Athmane Tartag dit Bachir, de « criminel ». Par Yahia Maouchi, TSA, 29 septembre 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/rassemblement_alger_reprime.htm

    SOS Disparus : «Les disparitions ont été perpétrées par des agents de l’Etat»

    El Watan, 29 septembre 2015

    Au moment où le président de la République appelle les Algériens à préserver la réconciliation nationale de toute exploitation politicienne, l’association Sos Disparus monte au créneau et répond au premier magistrat du pays en l’accusant d’avoir arnaqué et leurré tout un peuple.

    Pour Sos Disparus, la réconciliation nationale a été imposée au peuple algérien et de ce fait elle n’existe pas, à ses yeux : c’est un leurre. «Pour qu’il y ait une réconciliation, il faut une réunion et une concertation avec toutes les parties concernées, or en ce qui nous concerne, nous n’avons pas été associés à ce projet et personne ne nous a demandé notre avis alors que nous sommes les premiers concernés», a répliqué Nacera Dutour présidente de Sos Disparus lors d’une conférence de presse animée hier à Alger. Les familles des disparus exigent la vérité sur le sort des disparus durant la décennie noire.

    Elles veulent savoir qui, comment et pourquoi leurs fils, leurs pères ou leurs frères ont été enlevés. Où sont-ils ? Les tombes sous X qui se trouvent dans les cimetières El Alia, de Boufarik ou de Constantine renferment-elles les corps des disparus ? Ce sont autant de réponses à ces interrogations que cherchent les familles des disparus. «On se bat pendant des années pour connaître la vérité et les autorités ont répondu par des textes d’impunité.

    On pense qu’il y a encore des vivants parmi nos enfants disparus et d’autres qui sont morts sous la torture. Il faut que la vérité éclate», clame la présidente de Sos Disparus. «Si les personnes disparues sont mortes que l’on nous montre leurs tombes pour que l’on puisse faire notre deuil. Si elles sont vivantes que l’on nous indique le lieu de leur détention», témoigne la mère d’un disparu depuis 1994. Mme Dutour ne tergiverse pas lorsqu’elle accuse le pouvoir d’être derrière ces disparitions.

    Dans un rapport rendu public à la veille de la célébration du 10e anniversaire de l’adoption de la charte pour la paix et la réconciliatio-n nationale, l’association revient dans le détail sur certaines disparitions forcées et se dit convaincue que ces dernières entrent dans le cadre d’une politique menée par les chefs de l’armée et du DRS en parallèle à la lutte antiterroriste. «Le pouvoir est impliqué dans ces disparitions. L’Etat cultive l’amalgame !

    L’analyse des informations laisse apparaître une flagrante similitude dans les circonstances des disparitions d’un bout à l’autre de l’Algérie. Il est dès lors difficile de croire que des disparitions aussi nombreuses aient été perpétrées du fait isolé de ces agents, de manière non organisée et coordonnée. C’est une politique réfléchie et voulue», dénonce la présidente de l’association, qui dit lutter contre l’impunité et pour l’établissement de la vérité sur le sort des disparus du fait des agents de l’Etat dans les années 1990.

    Dans cette lutte «antisubversive», Mme Dutour pense que des «techniques de guerre illégales et secrètes telles que la torture, les exécutions extrajudiciaires ou les disparitions forcées» ont été utilisées. A ce jour, SOS Disparus a constitué 5000 dossiers individuels de disparus sur la base des déclarations des familles et des témoins. De leur côté les autorités ont reconnu officiellement, selon Mme Dutour, l’existence de 7200 cas de disparitions forcées (chiffre de la Gendarmerie nationale) et ont annoncé, cette année, la mise au placard du dossier des disparus. Une décision qui a irrité l’association.

    «Comment peut-on mettre un dossier aux oubliettes alors qu’aucune liste officielle des disparus n’a été publiée et aucune enquête n’a été menée sur leur sort ?» s’est interrogé Mme Dutour qui souligne que «les autorités algériennes ont toujours cultivé l’amalgame entre disparus et terroristes membres des groupes armés islamistes, SOS Disparus démontre que les 5000 dossiers qu’elle a constitués concernent des civils non armés». Plusieurs membres des familles de disparus sont intervenus lors de cette conférence pour dire que l’Etat est coupable : «Avec la réconciliation, le pouvoir aspire à ce que l’on tourne la page. Nous ne sommes pas prêts à pardonner tant que nous ne savons pas où sont nos enfants.» 

    Nabila Amir

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/agents_etat.htm

  • Il y a 70 ans, l'ONU : la paix impérialiste... ou la guerre permanente ? (Npa)

     

    «Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances... », est-il écrit dans le préambule de la Charte des Nations unies signée le 26 juin 1945 à San Francisco... quelques semaines avant les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki.
    Ces louables déclarations d’intention indiquent un des objectifs de la fondation de l’ONU : répondre aux aspirations des peuples à la paix. Les classes dominantes et les États déconsidérés avaient besoin de recréer la confiance face à ce qu’ils pensaient être la menace du communisme, de la révolution. Dans le même temps, il s’agissait pour la puissance dominante qui avait affirmé son leadership à travers la guerre, de se donner les moyens politiques, avec ses alliés, d’assurer sa domination.
    Le monde n’était pas pour autant entré dans une marche tranquille vers la paix. Celle-ci n’est, dans le monde capitaliste, que la gestion d’un rapport de forces dans lequel les armes diplomatiques ne valent guère, si elles ne sont pas fondées sur des armes matérielles bien réelles... Le droit international est en fait la codification de ce rapport de forces écrit par les puissances dominantes.
    L’intervention des peuples, les révolutions coloniales – Vietnam, Palestine, Cuba, Algérie... – ont bousculé le jeu des grandes puissances. Les luttes d’émancipation nationale ont fait passer le nombre d’États membres de 51 États fondateurs à 193. L’émergence des peuples a rendu de plus en plus difficile le maintien de l’ordre mondial impérialiste. L’URSS s’est effondrée, et les USA ont vu leur prédominance s’affaiblir devant les pays émergents.
    La « coexistence pacifique » d’hier, accord tacite entre les USA et l’URSS, a aujourd’hui cédé la place à un monde éclaté. Cadre de cette coexistence, l’ONU n’a plus pour fonction que de légitimer les interventions menées ou commanditées par les USA. L’Otan est devenue l’instrument militaro-diplomatique prépondérant pour maintenir leur ordre mondial. La non-ingérence dans les affaires intérieures des États, censée être un principe de base de l’ONU, est aujourd’hui constamment transgressée. Avec la mondialisation, l’essentiel des tensions internationales dérive des formidables contradictions engendrées par l’offensive du capital et la concurrence internationale, ainsi que par les interventions des grandes puissances qui créent une situation de chaos au Moyen-Orient, en Afrique ou en Ukraine. L’instabilité, l’insécurité, la pauvreté, les inégalités croissantes, la précarité sanitaire, engendrent des tensions internes et déstabilisent les États.
    Les ambitions initiales, « favoriser le progrès économique et social de tous les peuples », sont restées des mots creux. L’ONU a été tout aussi incapable d’assurer « le développement humain » que la paix ou aujourd’hui la lutte contre le réchauffement climatique. Cadre politique de la mise en œuvre de la volonté des grandes puissances au service des multinationales qui ont mis le monde en coupe réglée, l’ONU a perdu tout rôle réel si ce n’est de continuer à tenter de donner une légitimité à une politique qui accentue de façon dramatique les inégalités, et engendre le chaos et la guerre.
    Yvan Lemaitre


    Aux origines, la Société des Nations

    Lénine appelait la SDN la « caverne des brigands ». Elle a pourtant fait illusion...

    Le projet avait été avancé par le président des États-Unis Wilson pour une « paix juste et équitable » en janvier 1918. Le plan en « 14 points » prétendait refonder les relations internationales autour de quelques principes, comme la fin de la diplomatie secrète, le désarmement, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la liberté de commerce et l’établissement d’une Société des Nations susceptible de garantir la paix par l’arbitrage international, et la mise en place d’un système de sécurité collective.
    Souvent qualifié d’idéaliste tout en n’ayant pas hésité un instant à intervenir contre le Mexique insurgé quelques années plus tôt, Wilson devait faire face en ce début d’année 1918 à une situation incertaine : les États-Unis venaient juste d’entrer effectivement en guerre, et l’Allemagne, libérée sur le front oriental par la révolution russe, avait encore les moyens de négocier une paix honorable. Il fallait également contrer la propagande des bolcheviks sur la paix et le droit des peuples.
    Les « 14 points » étaient truffés de contradictions, mais ils furent de toute façon jetés aux oubliettes. Après novembre 1918, le droit des vainqueurs s’imposa en écrasant les vaincus (« Le boche paiera » dixit Clemenceau), avec sa diplomatie secrète accouchant de nombreux traités, dont celui de Versailles redécoupant en fonction des intérêts des grandes puissances et des rapports de forces les territoires, en Europe mais aussi au Moyen-Orient. Une majorité républicaine élue en 1920 aux États-Unis, partisane d’un retour à l’isolationnisme, décida d’arrêter les frais. La SDN voulue par Wilson eut bien du mal à s’en remettre.

    Vers une nouvelle guerre impérialiste
    On a souvent pointé la faiblesse de la SDN à cause de ses problèmes de fonctionnement. C’est évidemment une illusion. Il fallait certes l’unanimité pour la prise de décision (mais est-ce différent du droit de veto appliqué pour l’ONU ?). En dehors de cela, les dispositifs étaient fondamentalement les mêmes, puisque le « pacte de la SDN » adopté en 1919 prévoyait explicitement la possibilité de mettre en place une force internationale.
    En fait, la SDN suivit les aléas de la diplomatie, elle-même rythmée par les soubresauts du capitalisme. L’Allemagne y entra en 1926 une fois la situation stabilisée, ce qui donna lieu à un discours épique d’Aristide Briand sur « l’œuvre de paix universelle ». Le même proposa un pacte en 1928 qui mettrait la guerre « hors-la-loi », signé par la quasi-totalité des pays indépendants à cette époque. Puis ce fut la crise de 1929 et ses conséquences, et « l’esprit de Genève » qui s’en alla à vau-l’eau.
    Hitler décida de s’en aller dès 1933, avant de commencer à réarmer et à multiplier les annexions après 1935. Le Japon fit de même en 1933 après l’annexion de la Mandchourie. L’absence de volonté d’appliquer la moindre sanction contre l’Italie qui venait d’envahir l’Éthiopie fut particulièrement significative, ce qui n’empêcha pas Mussolini de faire un peu de cinéma et de partir à son tour en 1937. Par contre, la SDN fit le choix d’accueillir l’URSS de Staline en 1934 avant de l’expulser en 1939 après l’invasion de la Finlande. À cette date, elle n’était plus qu’une coquille vide. Une nouvelle guerre pour le partage du monde pouvait commencer...

    Jean-François Cabral

    Une naissance sur les fonts baptismaux des USA

    La nouvelle guerre impérialiste – qui avait pris une dimension réellement mondiale en 1941 avec l’entrée dans le conflit des États-Unis et de l’URSS – fut présentée par les vainqueurs comme une victoire des « démocraties » contre les « dictatures »...

    C’était l’esprit de la « Charte de l’Atlantique » rédigée la même année qui servit de base à la propagande jusqu’à la fin de la guerre.
    Fondée lors de la conférence de San Francisco en juin 1945 par une cinquantaine d’États (à l’exclusion des pays vaincus), l’ONU devait participer à la reconstruction d’un « nouvel ordre mondial » complété par diverses institutions financières suite aux accords de Bretton Woods l’année précédente (avec le FMI et la BIRD, ancêtre de la Banque mondiale).
    La Charte de l’ONU était significative : elle proclamait sa « foi dans les droits fondamentaux de l’homme » (une « déclaration universelle » fut ensuite adoptée en 1948), dans le « progrès social » et une « liberté plus grande » sans lesquels la paix n’est pas possible. On pouvait certes y voir une évolution dans la réflexion après les années 1930 et une manière aussi de prendre en compte les aspirations des peuples à la fin de la guerre. Cela s’est même traduit par la mise en place de nombreuses institutions : outre l’OIT sur le droit du travail, la FAO (agriculture et alimentation), l’UNESCO (éducation et culture), l’UNICEF (enfance), l’OMS (santé)… Mais l’hypocrisie était une nouvelle fois au rendez-vous.

    L’ordre règne
    L’adoption de la Charte au mois de juin eut lieu très exactement entre la conférence de Yalta en février, celle de Potsdam en juillet, et le largage des bombes atomiques en août. La séquence chronologique était totalement cohérente. À Yalta, on proclamait le droit des peuples à choisir librement leur gouvernement, mais dès octobre 1944, Churchill était allé cyniquement négocier le découpage de l’Europe avec Staline comme il l’a raconté lui-même dans ses mémoires. En juillet à Postdam, il fallut affiner en fonction des rapports de forces sur le terrain, tandis que la démonstration de force à Nagasaki et à Hiroshima était destinée de son côté à empêcher l’URSS d’intervenir sur le front asiatique et de prétendre négocier la même chose dans cette partie du monde. Mais en Europe, ce sont toutes les grandes villes qui ont été rasées, broyant au passage les populations civiles et leurs possibles réactions. La notion de « crime de guerre » fut mise à l’honneur l’année suivante au procès de Nuremberg... mais pas pour les vainqueurs. Quant aux peuples colonisés, ils n’étaient visiblement pas concernés par le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »...
    Il y avait d’autres urgences. La course entre les « deux grands » avait commencé bien avant le déclenchement officiel de la guerre froide en 1947. Un droit de veto avait été institué dès 1945 pour les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, symbole de cette rivalité et de la mainmise des grandes puissances sur le monde.

    Jean-François Cabral

    Une politique au service des USA

    Dès sa fondation, l’ONU est l’instrument de la politique américaine dite de « containment » face à l’URSS.

    Ce fut d’abord le partage de l’Allemagne, avec le blocus de Berlin en 1948, puis la guerre de Corée en 1950 où l’ONU légitima l’intervention militaire américaine, une guerre de trois ans pendant laquelle Mac Arthur menaça d’employer la bombe atomique.
    Faisant silence sur la politique de la France dans ses colonies, au Vietnam, au Maroc, en Algérie sans oublier les Antilles, le Conseil de sécurité condamne l’intervention de l’URSS pour écraser la révolution hongroise de 56. Puis, sous la pression des USA défendant leurs propres intérêts au Moyen-Orient, l’ONU se désolidarise de la coalition anglo-franco-­israélienne contre Nasser et l’Égypte qui viennent de décider de nationaliser le canal de Suez. Elle décide l’envoi de troupes pour faire pression pour des négociations. Naissent alors les « casques bleus », nom donné aux troupes commandées par l’ONU.
    En 1957, l’Assemblée générale vote une résolution pour « le respect sur le plan international du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », un concentré de son impuissance et de son cynisme, « ce machin », disait de Gaulle... Son rôle ­pitoyable lors de l’indépendance du Congo en 1960, où elle se fait le complice de l’État colonial belge et de l’assassinat de Lumumba, en est une sinistre illustration.
    Après l’effondrement de l’URSS au début des années 1990, la première guerre d’Irak de février 91, l’opération « tempête du désert » commanditée par l’ONU est militairement dirigée directement par les USA. Une nouvelle période s’ouvre. Sous la houlette de Bush, les USA veulent dessiner un nouvel ordre mondial « où les Nations unies, libérées de la guerre froide, sont en mesure de réaliser la vision historique de leurs fondateurs ». En fait la décennie des années 90 deviendra « la décennie des sanctions » : Irak (1991), Somalie (1992), Bosnie (1992), Haïti (1994), Rwanda (1994), Zaïre (1996), Albanie (1997), Sierra Leone (1999), Timor oriental (1999), Kosovo (1999), Afghanistan (2002), Burundi (2004)...
    En 1991, commence aussi la guerre en Yougoslavie qui éclate sous la pression des grandes puissances européennes. Les USA y interviennent dans le cadre de l’Otan, écartant l’ONU, y compris des négociations de Dayton en 1995. Puis, l’ONU appellera l’Otan à intervenir dans la guerre du Kosovo...

    Leur « nouvel ordre mondial »
    Le nouvel ordre de Bush est celui de l’offensive cynique et brutale des USA pour imposer leur leadership au monde en se servant de l’ONU comme paravent démocratique de leur bras armé, l’Otan. Le 7 octobre 2001 commence la guerre en Afghanistan, l’opération « Enduring freedom », le 18 février 2003 la deuxième guerre d’Irak, puis, Saddam Hussein renversé, l’occupation militaire du pays.
    L’ONU se soumet au principe de « la guerre préventive » avant de faire sien celui du « droit d’ingérence ». Le17 mars 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU demanda aux États membres de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population libyenne. L’opération militaire internationale « Aube de l’odyssée » est lancée le 19 mars. Puis, la même année, la résolution 1975 du Conseil de sécurité sur la situation en Côte d’Ivoire impose des sanctions contre Laurent Gbagbo, en soutien à Ouattara. Elle débouchera sur l’intervention de la force française Licorne en soutien aux troupes d’Ouattara. Ensuite ce sera l’adoption de la résolution 1973 par les affrontements par groupes locaux interposés en Ukraine, en Syrie ou au Yémen, la coalition contre Daesh.
    Le libéralisme est indissociable d’une politique impérialiste et militariste. Comme l’écrivait le journaliste américain Thomas Friedman : « L’intégration économique de la planète requiert la disposition de la puissance américaine à utiliser sa force contre ceux qui, de l’Irak à la Corée du Nord, menaceraient le système de mondialisation. La main invisible du marché ne peut pas fonctionner sans un poing caché. McDonald’s ne peut pas fonctionner sans McDonnell Douglas... ».

    Yvan Lemaitre

    Quand les peuples s’en mêlent...

    L’accession de plusieurs anciennes colonies à l’indépendance (à commencer par l’Indonésie en 1945 – elle ne sera reconnue qu’en 1949 –, l’Inde et le Pakistan en 1947, la Birmanie et le futur Sri Lanka en 1948), ont commencé à bousculer les choses.

    Les pays du bloc dit « socialiste » et les pays ayant accédé à l’indépendance – dits du « tiers monde » – vont ainsi temporairement former une majorité non homogène sur les questions ayant trait à la décolonisation. Cela durera au moins jusqu’au vote de la résolution de 1975 sur le caractère raciste du sionisme, qui verra le représentant des USA quitter l’hémicycle.
    À partir de la « conférence des nations afro-asiatiques » organisée du 18 au 24 avril 1955 à Bandung en Indonésie et regroupant 29 pays indépendants (alors que la majorité des pays africains n’obtiendront l’indépendance qu’à partir de 1960), ces États déclarent « leur refus d’être les instruments des rivalités des grandes puissances », affirment « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », et lancent le mouvement des pays non ­alignés. Ils cherchent à peser de façon autonome : votant sur les sujets géopolitiques ou relatifs à l’ordre économique mondial avec les pays « socialistes », mais gardant par ailleurs une liberté politique vis-à-vis de l’URSS et de la République populaire de Chine (cette dernière n’accédant à l’ONU qu’en 1971, le siège chinois était jusque-là réservé à l’île de Taïwan et à son gouvernement « anticommuniste »...).

    Une décolonisation inachevée
    L’ONU est contrainte de prendre en compte le processus de décolonisation : le Comité spécial de décolonisation est créé en 1961 et fait condamner par des votes en assemblée générale les puissances coloniales qui refusent de se retirer (la Grande-Bretagne en Rhodésie, le Portugal dans ses colonies africaines…), des votes assez formels...
    Les gouvernements du « tiers monde » qui se réclament d’une inspiration révolutionnaire, ­notamment castriste et/ou guévariste, cherchent en même temps à se doter de structures transnationales propres. Du 3 au 15 janvier 1966 se déroule, à La Havane, la conférence tricontinentale qui lance l’Organisation latino-­américaine de solidarité (OLAS) qu’il est question d’élargir aux mouvements d’émancipation des Noirs nord-américains. Mais les rivalités politiques, surtout entre l’URSS et la Chine, et les tentatives d’instrumentalisation qui en résultent, sabotent le processus.
    Aujourd’hui, le Comité spécial de décolonisation des Nations unies tient à jour une liste de « territoires non autonomes », actuellement 19, qui restent à décoloniser. Certains dossiers y sont inscrits depuis longtemps, comme le Sahara Occidental (depuis 1965). Malgré l’hostilité du pouvoir français, la Polynésie française, qui avait été retirée de la liste, y a été de nouveau rajoutée en mai 2013...
    Le 19 juin 2014, un représentant… de l’État d’Israël, Mordehai Amohai, a été élu au poste de vice-président du Comité spécial. Plus qu’un symbole...

    Bertold du Ryon

    Israël foule aux pieds les résolutions de l’ONU

    Adoubé à sa naissance par les grandes puissances occidentales et l’URSS, Israël a toujours depuis foulé aux pieds le droit international. Enfant gâté de l’ONU, ce ne sont pas moins de 34 résolutions le concernant auxquelles l’État sioniste a refusé de se soumettre depuis sa création...

    Cette mansuétude toute particulière illustre à quel point l’ONU pratique la politique du « deux poids, deux mesures », donnant son feu vert aux pires interventions impérialistes et acceptant qu’en permanence, un de ses États membres s’assoie sur les votes de l’assemblée générale. Parmi les 34 violations des résolutions de l’ONU commises par Israël, nous ne nous attarderons que sur les plus significatives.
    Le 14 mai 1948, la « déclaration d’indépendance » d’Israël fait fi de l’adoption du plan de partage de la Palestine défini par la résolution 181 du 29 novembre 1947 prévoyant la division de celle-ci en deux États indépendants – l’un arabe, l’autre juif – et un statut spécial pour Jérusalem placé sous administration des Nations unies. La résolution 194 du 11 décembre 1948 exige que les réfugiéEs qui le désirent puissent « rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et vivre en paix avec leurs voisins ».
    Après la guerre de juin 1967, le Conseil de sécurité « condamne l’acquisition de territoire par la guerre, et demande le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ». Et le 21 mai 1968, ce même Conseil de sécurité (dans la résolution 252) déclare « non valides les mesures prises par Israël, y compris l’expropriation de terres et de biens immobiliers ».

    « Le droit humanitaire international » ?
    La résolution 446 du 22 mars 1979 exige « l’arrêt des pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 », colonies qui n’ont « aucune validité en droit ».
    À la suite du massacre de la mosquée de Hébron, l’Assemblée générale adopte le 18 mars 1994 la résolution 904 enjoignant Israël de prendre des mesures pour « prévenir des actes de violence illégaux de la part des colons israéliens ». La résolution 1402 adoptée le 30 mars 2002 exigeait le « retrait des troupes israéliennes des villes palestiniennes »... Et pour finir, la résolution 1544 du 19 mai 2004 demandait qu’Israël « respecte les obligations que lui impose le droit humanitaire international et l’obligation qui lui est faite de ne pas se livrer aux destructions d’habitations »...
    On sait ce qu’il adviendra de ces résolutions lors des deux terribles agressions contre le peuple de Gaza avec les opérations « plomb durci » et « bordure protectrice »...

    Alain Pojolat

    « We are the world... »

    Lors du dernier sommet de l’Otan en Turquie, le secrétaire général de l’Otan a fait chanter à l’aréopage de ministres des Affaires étrangères et de galonnés présents la chanson de Michael Jackson, « We are the world »...
    Une mascarade d’autant plus cynique que l’œuvre a été composée pour collecter des fonds afin de vaincre la famine en Éthiopie (1984-85)... Un cynisme à l’image de l’idéologie des dirigeants du bras armé des maîtres du monde.
    Nous sommes bien loin de La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 : « la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics. » Cette volonté rentre en contradiction avec le moteur même de toute la vie économique fondée sur la course au profit pour le compte des puissances financières et des multinationales qui se soumettent les États. Les velléités de réformer l’ONU n’ont pas manqué mais il est clair que plus les conditions historiques qui ont prévalu à sa naissance s’éloignent dans le temps, plus son rôle s’amenuise tant dans le domaine de la régulation des relations internationales que dans le domaine social et économique. Le marché et la concurrence détruisent toute possibilité de donner un autre contenu à ce qu’il est convenu d’appeler « la communauté internationale » que celui de la lutte entre les puissances et contre les peuples.

    Remplacer la concurrence par la coopération
    La mise en œuvre de ces principes suppose une transformation radicale, au sens révolutionnaire du mot, des bases mêmes de ce qui régit les rapports entre les peuples. Remplacer la concurrence mondialisée par la coopération est la condition de relations de solidarité et de paix entre les nations. Cela suppose d’en finir avec le règne des multinationales pour redonner aux peuples le contrôle de l’économie et de la vie sociale.
    C’est bien d’une révolution dont il s’agit, une révolution qui sera l’œuvre de la classe, le prolétariat, qui n’a pas de privilèges nationaux à défendre, qui poussera la démocratie jusqu’au bout pour lui donner une dimension universelle, c’est-à-dire internationale. Cette transformation se fera à travers les luttes permanentes pour débarrasser la société des instruments de domination des vieille classes dominantes et construire un monde débarrassé de la propriété privée et de la concurrence capitaliste, rompre le cadre étouffant des États nationaux pour étendre à l’échelle mondiale le processus révolutionnaire et doter le nouveau monde d’un réel parlement des travailleurs et des peuples, placé sous leur contrôle pour servir les intérêts de toute l’humanité.

    Yvan Lemaitre