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Algérie - Page 17

  • Mars 1956 : le vote des pouvoirs spéciaux pour la guerre en Algérie (Lutte Ouvrière)

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    Le 12 mars 1956, la majorité de l’Assemblée nationale, Parti communiste compris, accordait les pouvoirs spéciaux au gouvernement du socialiste Guy Mollet pour poursuivre la guerre en Algérie.

    Et, dès le 17 mars, Guy Mollet donnait par décret les pleins pouvoirs à l’armée française en Algérie. Celle-ci allait s’en servir en employant les pires méthodes contre la population algérienne et le Front de libération nationale, multipliant massacres et opérations arbitraires et généralisant l’usage de la torture.

    L’Algérie restait une colonie dominée par l’administration française et quelques grandes familles coloniales, comme Borgeaud et Blachette. Les Européens d’Algérie n’étaient évidemment pas en majorité de riches colons, mais ils occupaient de fait une position privilégiée par rapport aux Algériens.

    Le statut de 1947, dû au socialiste Ramadier, accordait théoriquement la citoyenneté française à tous les Algériens, mais aux élections à l’Assemblée algérienne, les 9 millions de musulmans votaient dans un collège à part, n’ayant pas plus d’élus que le 1,2 million d’Européens. Et l’administration française bourrait les urnes pour faire élire des candidats musulmans à sa dévotion.

    Guy Mollet et la « paix en Algérie »

    Le Front de libération nationale avait engagé la lutte armée en novembre 1954 sous l’impulsion d’une poignée de militants nationalistes. La riposte de l’État français ne se fit pas attendre. L’opération de police se transforma en véritable guerre coloniale. Le gouvernement d’Edgar Faure fit appel aux réservistes. De 50 000 en 1954, les troupes françaises présentes en Algérie passèrent à 200 000 en 1955.

    Le gouvernement, incapable de venir à bout d’un soulèvement montant, fit alors le choix de dissoudre l’Assemblée. Les socialistes, alliés à des radicaux et des mitterandistes au sein d’un Front républicain, se présentèrent aux élections de janvier 1956 en promettant « la paix en Algérie ». Guy Mollet, dirigeant du parti socialiste SFIO, évoqua des élections à collège unique, et qualifia la guerre en Algérie d’ « imbécile et sans issue ». Mais pour autant il considérait l’indépendance comme « une solution inacceptable pour la France qui deviendrait une puissance diminuée ». Guy Mollet se plaçait dans la continuité de la politique coloniale menée par ses prédécesseurs, tout en laissant entendre le contraire à ses électeurs.

    À l’issue des élections, Guy Mollet fut chargé de former un gouvernement, dont le programme pourtant bien limité se heurta immédiatement à l’opposition des partisans de l’Algérie française en métropole et surtout en Algérie. En visite à Alger en février 1956, Guy Mollet fit face à une manifestation violente organisée par l’extrême droite colonialiste. Il recula immédiatement, démettant le ministre-résident Catroux, cible des manifestants, et le remplaçant par le socialiste et ancien syndicaliste Robert Lacoste. Ce dernier exigea immédiatement des moyens militaires supplémentaires, et les obtint.

    Le gouvernement socialiste se montrait faible face à la droite, aux colons et à l’armée. Les masses algériennes, pour leur part, ne devaient en attendre que des coups.

    Le PCF et les pouvoirs spéciaux

    Avec la majorité de l’Assemblée, les élus du Parti communiste votèrent les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet le 12 mars 1956. Ils savaient qu’ils approuvaient ainsi la poursuite de la guerre en Algérie. Mais le Parti communiste avait depuis longtemps abandonné toute politique anticolonialiste et se portait garant des intérêts de l’impérialisme français. Par ailleurs, le Parti communiste voulait rompre l’isolement dans lequel le confinaient les autres partis depuis le renvoi des ministres communistes en 1947. En votant avec les socialistes, le PCF espérait réintégrer le jeu politique et retrouver à terme des positions dans un gouvernement dirigé par les socialistes.

    Le vote des pouvoirs spéciaux allait désorienter tous ceux qui, membres du PCF ou non, voulaient s’opposer à la guerre et au colonialisme. Cette complicité ouverte des organisations ouvrières françaises avec la politique coloniale contribuait à creuser le fossé entre les masses algériennes et les travailleurs de la métropole.

    Les moyens militaires s’accrurent les mois suivants, avec le rappel immédiat de 70 000 réservistes et la mobilisation du contingent dont le service fut prolongé à trente mois. De 200 000 hommes, les effectifs militaires en Algérie montèrent à 400 000 en juillet 1956, avec mission de quadriller le territoire algérien. Une partie significative de la jeunesse, sous l’uniforme, était enrôlée pour faire subir aux populations d’Algérie les déportations, les emprisonnements, les tortures et les massacres.

    Mitterrand, ministre de la Justice mais pas encore adhérent du PS, accorda les pleins pouvoirs aux tribunaux militaires, qui firent guillotiner de nombreux combattants algériens. En tant que ministre, il approuva l’exécution d’au moins trente militants du FLN et celle du communiste Fernand Yveton.

    Suite à des attentats du FLN dans le centre d’Alger, le socialiste Lacoste donna carte blanche au général Massu pour « pacifier » la ville dans laquelle il lâcha ses paras en janvier 1957. Ce fut la « bataille d’Alger ». L’armée pratiqua systématiquement la torture. Le bilan fut de plusieurs milliers de morts et de plus de 20 000 arrestations.

    La politique du gouvernement de Guy Mollet et de ses successeurs à participation socialiste jusqu’en 1958 fut menée sous la pression de la droite et des sommets de l’armée. L’incapacité de ces gouvernements à trouver une issue à cette guerre ignoble amena la fin de la quatrième République. La gauche de gouvernement finit de se déconsidérer en se jetant dans les bras de De Gaulle, que Mollet alla en personne tirer de sa retraite de Colombey. Les socialistes Guy Mollet et Max Lejeune participèrent d’ailleurs à son premier gouvernement, en juin 1958.

    Les guerres coloniales, une constante dans la politique des socialistes au pouvoir

    De Gaulle allait mettre fin à la guerre d’Algérie par un compromis avec le FLN, lors des accords d’Évian en 1962. Il fallut pour cela encore quatre ans de massacres. De Gaulle dut imposer un accord à l’armée et aux Français d’Algérie, ce que les socialistes n’avaient jamais osé faire.

    Le Parti socialiste, pour sa part, sortit de la guerre d’Algérie profondément déconsidéré. Il ne réussit pas à présenter de candidature aux élections présidentielles de 1965, et en 1969, son candidat Gaston Defferre recueillit un score dérisoire de 5 %. Le Parti socialiste allait devoir attendre 1981 pour accéder de nouveau au pouvoir. Il allait s’inscrire d’emblée dans la continuité de la politique de la droite, en soutenant les dictatures sanglantes des ex-colonies alliées de la France, et en intervenant militairement pour maintenir les intérêts de l’impérialisme français, dans ses propres colonies, en Nouvelle-Calédonie, mais aussi en Afrique et au Liban.

    Alain CHEVARD 02 Mars 2016
     
  • Algérie-Maroc-Tunisie, la braise sous la cendre, le 7 mars à Paris (Alternative Libertaire)

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    Retour politique 5 ans après sur ce que d’aucun qualifiaient de « printemps arabes », les leçons tirées, sur les luttes et les attentes populaires actuelles, et les perspectives qui se dessinent.

    Il y a 5 ans le peuple tunisien secouait le joug de la dictature, renversait le tyran se trouvant à sa tête et faisait souffler un vent de liberté parcourant toute la région jusqu’aux pays du Golfe. 5 ans après les dictatures marocaine et algérienne, qui ont senti le vent du boulet passer, sont toujours en place et la classe politique tunisienne mêlant partisans de Ben Ali recyclés, islamo-conservateurs, et libéraux est présentée par la presse internationale comme celle qui a su domestiquer ce que d’aucun-e-s qualifiaient il y a encore peu de « révolution arabe ».

    Pourquoi ces pouvoirs arrivent-ils à se maintenir alors qu’ils refusent de réduire les inégalités et que le niveau de chômage des jeunes compte parmi les plus élevés de la planète ?

    Quelles sont les attentes de la société et l’ampleur du mécontentement dans ces trois pays ? Quels sont les principaux secteurs de la contestation actuellement ? Quelles leçons ont été tirées des échecs des printemps des peuples d’Afrique du Nord, du Moyen Orient et du Golfe ? Quelle menace représentent les mouvements djihadistes ?

    Nous vous proposons d’en parler avec Sofya Lahrach, militante de l’AMDH (Association Marocaines des Droits Humains) qui évoquera les luttes des femmes au Maroc - Mohamed Jaite, militant de Voie démocratique qui traitera du contexte social et politique au Maroc, Elie Octave, militant libertaire qui interviendra sur la situation en Tunisie et François Gèze (ancien responsable des Éditions La Découverte, membre de l’ONG Algeria-Watch) qui s’exprimera sur l’Algérie, ainsi que les militantes et militants d’Alternative libertaire.

    PARIS lundi 7 mars, 19 heures

    Algérie-Maroc-Tunisie, la braise sous la cendre

    Entrée libre Table de presse - Buffet

    Espace Louise Michel

    42ter, rue des Cascades, 75020 Paris, métro Jourdain

  • Le combat de Nabila Djahnine continue! (Liberté.dz)

    10 ans après son assassinat par les groupes terroristes

     

    Des militants de divers horizons ont assisté,  hier, à l’hommage rendu par le PST à Nabila Djahnine en projetant un film retraçant son parcours.

     
    En hommage au combat de la féministe Nabila Djahnine contre l’extrémisme religieux, et 21 ans après son assassinat par un groupe terroriste, le Parti socialiste des travailleurs (PST) a organisé, hier, à son siège, à Alger, une cérémonie à sa mémoire à travers la projection d’un film retraçant le parcours de la militante. Étaient présents à cette rencontre des militants de divers horizons, qui ont tenu à saluer l’engagement politique de la défunte en faveur de la démocratie et sa bataille contre le fondamentalisme islamiste, des objectifs qu’elle a payés de sa vie un certain 15 février 1995. La rencontre a été également l’occasion de faire le point sur le combat des femmes dans le monde et particulièrement en Algérie.

    Lors de son intervention, Tinhinane Makci, militante féministe et membre du PST, a avoué que “le féminisme peine à fédérer beaucoup de monde autour de cette question, en raison d’abord de la propagande dont il a été victime”. Et d’ajouter : “Le combat aujourd’hui est de redéfinir ce qu’est le féminisme. Ce n’est pas la guerre entre les sexes, les femmes ne se battent pas contre les hommes, mais contre une idéologie oppressante.” L’intervenante a également abordé l’absence d’une légitimité politique qui semble manquer au combat de la femme sur le terrain. En revanche, rappelle Mme Makci, “les femmes sont solidaires de toutes les luttes sociétales et syndicales, ce qui n’est pas le cas de la cause féministe qui se retrouve, seule, lorsqu’il s’agit de son propre combat”.

    Pour la militante, la question de la femme n’est pas propre au monde arabo-musulman, mais elle concerne le monde entier.

    Par conséquent, Mme Makci a plaidé pour une plus grande émancipation de la femme et l’inscription de ses droits fondamentaux en tant que priorité, au même titre que les droits syndicaux, démocratiques et sociétaux. “Nous devons créer un réseau international afin d’aider le combat des femmes en Algérie.” Dans son plaidoyer, la féministe a souligné que la situation de la femme connaît “un paradoxe”, car, pour elle, “66% des universitaires sont des femmes, mais seulement 18% accèdent au marché de l’emploi”.

    De plus, “le mouvement féministe fait, également, face à des contradictions sociétales et aux textes de loi. La conférencière évoquera une double tâche : changer la société et changer les lois. “Car les deux doivent aller ensemble ; c'est-à-dire s’il y a changement des lois sans changement des mentalités, ça ne peut pas marcher, et s’il y a changement des mentalités sans changement des lois, ça ne peut pas fonctionner non plus. Nous faisons face aux contradictions du terrain.”

    Pour le PST, qui a organisé cet hommage avec la projection du film Lettre à ma sœur réalisé par Habiba Djahnine, il s’agit de rendre hommage à toutes les militantes engagées dans le combat politique pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. En choisissant le timing, à savoir à quelques jours de la célébration du 8 Mars, ce parti veut restituer quelques aspects du combat de feu Nabila Djahnine pour un idéal commun et pour lequel, elle a continué à se battre jusqu’à son dernier souffle.

    Djazia Safta 28-02-2016

    http://www.liberte-algerie.com/actualite/le-combat-de-nabila-djahnine-continue-242936#.VtLEj0GTUnQ.facebook

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Contribution au débat L’islamisme sous le prisme de fascisme : le cas algérien (Essf)

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    Au chapitre V du texte « Mondialisation capitaliste, impérialismes, chaos géopolitique et leurs implications » est abordée la question de « nouvelles extrêmes droites et nouveaux fascismes » [1].

    L’islamisme qui traverse les sociétés où dominent la religion musulmane, et notamment les pays arabes en pleine ébullition révolutionnaire, est directement concernés par cette caractérisation. Peut-on qualifier cet islamisme, ou ces islamismes - car ils sont de différentes obédiences même s’ils puisent tous du même moule culturel en guise d’arguments d’autorité idéologique et doctrinale - de fascisme ? Où doit-on plutôt chercher une explication dans l’univers historique et culturel de ces sociétés ?

    La nécessaire analogie avec le fascisme

    La caractérisation politique de l’islamisme revêt dans les conditions de lutte d’aujourd’hui une importance capitale pour saisir les enjeux de luttes politiques. Ceci n’est pas un exercice de l’ordre de la scolastique à des fins universitaire où on appliquerait sur le phénomène islamiste telle ou telle définition du fascisme reconnue comme valide. Le but est surtout de nous aider à se positionner sur le terrain. La véritable question est donc de savoir si ce mouvement si violent est porteur d’une quelconque légitimité émancipatrice qu’il faut soutenir d’une certaine manière et en faire un partenaire de lutte ! Ou bien est-il porteur d’une barbarie régressive qu’il faut combattre.

    Ce qu’il faut admettre, comme le souligne d’ailleurs le texte de Pierre Rousset, c’est que cet « islamisme » n’est pas une simple réplique du passé, mais il exprime le temps présent. C’est un phénomène des temps modernes. Et les temps modernes ce sont des temps capitalistes. Il est la conséquence directe des contradictions et des impasses, autrement-dit de crises, que vivent les différents capitalismes de la région à culture musulmane. Étant l’enfant des politiques capitalistes et libérales qui engendrent oppression, misère et inégalité, il est donc logique de chercher à le comprendre à travers le prisme du fascisme, phénomène politique aussi violent et barbare plus connu dans l’histoire du capitalisme européen dans un moment de crise et d’impasse révolutionnaire. L’intérêt d’une telle analogie est d’éviter de tomber dans des analyses culturalistes et essentialistes où on ne verrait que la résurgence des fantômes du passée.

    Il est vrai toutefois que dans sa forme d’expression, l’islamisme prône la « Oumma » (communauté des croyants) dirigée par une seule loi, la charia, par un seul parti incarné par un chef suprême, le calife, c’est-à-dire une réincarnation d’un passé mythique. Ensuite nous pouvons trouver des variantes de cette forme qui vont de l’expression modérée qui accepte tactiquement et selon les cas les règles du jeu démocratiques dans leur expressions bourgeoises (les Frères musulmans) jusqu’à la pratique radicale la plus violente qui frise la barbarie (les Djihadistes). Chaque islamiste peut passer d’un « islam modéré » vers une logique meurtrière où toute attitude culturelle comportementale ou politique jugée éloignée de la charia est punissable de mort, ce qui peut aller, nous l’avons vu dans différents cas, jusqu’au meurtre, l’enlèvement des femmes pour en faire des esclaves sexuels, la légalisation du viol, etc. Et il est facile de trouver un justificatif idéologique dans la longue tradition coranique, comme d’ailleurs dans d’autres traditions au besoin.

    Mais ceci ne nous permet pas de dire que la religion est par essence porteuse de comportement fasciste ou que les islamistes restent des fascistes ou des barbares par définition. La mutation comportementale dans un moment de crise à l’échelle individuelle est à chercher au niveau psychologique. La mutation à l’échelle collective ou de masse est à chercher au niveau politique. Et ici il faut dépasser l’analyse formelle pour aller regarder la fonction que l’islamisme tente de remplir à l’intérieur d’une structure donnée. Et quand la structure est capitaliste, comme nous l’avons souligné, il s’agit de l’aborder avec les catégories sociales, économiques et culturelles de l’ordre du capitalisme, c’est-à-dire regarder ou en est le capital, ou en sont les différentes classes qui composent cet ordre.

    Processus de fascisation dans le cas de l’islamisme algérien

    Boosté par la révolution iranienne de 1979 et la « campagne Afghanne », aidé par le soutien ou l’alliance officieuse contractée avec le régime de Chadli Ben Jeddid engagé dans une ouverture économique (appelé Infitah) après les années Boumedienne, l’islamisme va pouvoir construire une assise militante importante durant les années 1980. Ce qui lui donnera rapidement une force de frappe décisive et une aura parmi la population au lendemain de la crise ouverte par la révolte d’Octobre 88.

    Pendant ces années de formation militante, l’islamisme récupère et organise par un long travail de proximité et de moralisation dans les quartiers, autour des mosquées et dans les universités une composition sociale, massivement petite bourgeoise en crise. Elle va constituer l’essentiel du personnel de la direction et de l’encadrement des formations islamistes.

    Dès octobre 88, dans le sillage de la révolte populaire qui secoua l’Algérie, l’islamisme algérien, organisé essentiellement autour du FIS, se fera le porte-voix des couches sociales essentiellement membres de la petite bourgeoisie (commerçant, artisans, petits et moyens paysan, professions libérales, professeurs, cadres, employés, fonctionnaires, étudiants). Bloqués dans leur procès d’accumulation par une économie dominée par une gestion étatique où la régulation s’opère par le biais des relations clientélistes d’une bureaucratie qui a le monopole du pouvoir, apeuré par une possible prolétarisation face à la crise qui s’installe, des franges de la petite bourgeoisie défilent dans un mouvement ascendant dans les mosquées dans l’espoir que la « solution islamique » leur assure un état fort dans un capitalisme sans contradictions !

    Le processus de fascisation commence. Mais, c’est surtout le caractère social de cette crise et la place politique que l’islamisme va occuper qui peut nous permettre de comprendre la violence fascisante dans laquelle s’est engouffrée la société en guise d’issue à la crise.

    Sociologiquement, l’idée fondamentale qui caractérise le fascisme selon Trotski est son caractère de classe petite bourgeoise. « Le fascisme est, au fond un programme de courant petit bourgeois. Rien que cette particularité montre quelle importance énorme- mieux, quelle importance décisive- l’autodétermination des masses populaires petite-bourgeoises prend pour le sort de toute société bourgeoise » [2].

    Politiquement, le FIS agite le drapeau d’un Etat islamique qui ne serait ni capitaliste ni socialiste (ni Est, ni Ouest, mais islamique, scandaient les manifestants islamistes). Dans la réalité, il défend une sorte de capitalisme de juste milieu qui avec un Etat fort qui pourrait concilier les intérêts de toutes les classes dans une attitude anti-impérialiste couvert d’un discours plus anti-Occident qu’anticapitaliste.

    Bien sûr, à trop pousser la comparaison, on trouvera des différences entre les deux phénomènes, non pas tant sur le plan culturel et civilisationnel, mais au niveau du développement inégal des deux structures capitalistes. Il s’agit surtout de voir ce qui est fondamental. Et ce qui est fondamental c’est l’impasse dans laquelle se retrouve l’évolution du capitalisme, l’absence d’une alternative révolutionnaire sociale et démocratique et la tentative de modifier par la force et la violence barbare les conditions de reproduction du capital, et dans le cas de l’Algérie, ce fut en faveur d’une bourgeoise qui voulait s’émanciper de la tutelle de la bureaucratie bourgeoise. C’est ce qui explique les tergiversations tactiques des deux factions qui composaient le pouvoir algérien : entre d’un coté un président Chadli et son gouvernement Hamrouche qui se disaient réformateurs, et qui voulaient engager le capitalisme d’Etat algérien sur la voix du libéralisme, et de l’autre la faction bureaucratique derrière les militaires qui ne voulaient surtout pas finir sur l’échafaud ; le souvenir iranien était encore dans les esprits. Le processus est ainsi stoppé par un coup d’Etat militaire en janvier 92. Une autre phase s’engage et la contradiction trouva son issue dans une guerre civile.

    L’islamisme dans le jeu démocratique ?

    L’émergence d’un processus de fascisation sous la forme d’une expression politique islamiste dans les conditions particulières que nous venons de voire d’une manière succincte ne signifie pas pour autant que tous ceux qui se réclament de l’islamisme sont des fascistes. Pour rester dans le cas algérien, d’autres formations politiques se réclamaient du Coran et de la Charia, et se projetaient dans la construction d’un état islamique mais différent de celui du FIS. Elles sont différentes non pas dans leur rapport au Coran et à la « Chariâa », mais dans leur rapport au capitalisme.

    Le MSP (le Hammas algérien) d’obédience « frère musulman », le parti islamiste le plus important après le FIS se distinguait de celui-ci par une adhésion totale au libéralisme économique, au refus de l’intervention de l’Etat dans la gestion économique, une acceptation de la soumission à l’économie mondiale et à l’impérialisme et ne cherchait pas à s’implanter dans les couches populaires.

    La différence est aussi au niveau politique. Le FIS rejetait la démocratie considérée comme matérialiste et irréligieuse. Il opposait la souveraineté de dieu à la souveraineté populaire. Il menait la guerre contre le pluralisme politique y compris à ses adversaires islamistes considérés comme des diviseurs de la « Oumma ». Il refusait le travail aux femmes, leur impose le port du voile et use de la violence pour imposer son ordre à toute la société notamment aux grèves des travailleurs, aux manifestations syndicales, politiques et culturelles jugées contraires à la religion.

    Tout le contraire de Hammas. Celui-ci prônait en revanche une démocratie islamique désigné par le néologisme « Chouracratie » où il ne voyait pas d’un mauvais œil l’existence d’autres partis, ni le travail des femmes et où il rejetait l’obligation de porter le hidjab (voile). Autant d’attitudes qui montrent des divergences et des différences politiques, idéologiques et sociales entre ces courants se réclamant de l’islamisme et de « l’Etat islamique ». Elles sont peut être d’ordre tactiques ! Elles révèlent surtout des différences dans la nature de leurs projets politiques et leurs stratégies de conquête du pouvoir. Le MSP (Hammas) refusa par exemple la grève insurrectionnelle du FIS en juin 91.

    Ceci nous amène à ne pas confondre tous ces partis se réclamant de l’islamisme et à éviter de faire une lecture unilatérale de ces courants aussi disparates que le sont les contextes où ils interviennent et évoluent.

    Où on en est aujourd’hui ? Défait militairement et politiquement après une guerre civile qui a failli emporter la société algérienne dans une régression profonde, l’islamisme reste aujourd’hui présent idéologiquement dans la société et au sein du pouvoir. Une remontée de ce courant à l’avenir n’est pas à exclure sans pour autant suivre le même chemin ni reproduire le même scénario. Son évolution dépend autant des conditions objectives et des rapports de force politique mais aussi, et en dernière instance, de l’action subjective, c’est-à-dire de l’action politique. Cela dépend d’une compréhension dialectique du phénomène au cas par cas en analysant la fonction qu’il remplit à l’intérieur d’une structure qui est toujours capitaliste au-delà forme de son expression.

    La crise révolutionnaire qui traverse la région arabe et musulmane place ces différents « islamistes » dans un jeu démocratique en Tunisie, dans une guerre barbare en Syrie, en nous limitant à ces deux cas antagonistes. Cela découle non pas d’un différent culturel entre les deux sociétés, ou d’un soit disant rapport différent à l’islam. Il découle de la nature et de l’ampleur de la crise et de la réaction politique de la société. La présence de l’UGTT qui organise un tant soit peu une résistance sociale, l’émergence du « front populaire » qui donne une voix au camp des travailleurs participent dans la construction d’un rapport de force qui met le courant fascisant de l’islamisme tunisien en sourdine. Ce qui ne fut pas le cas dans l’Algérie des années 90.

    Nadir Djermoune

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37282

  • Algérie : défense des libertés et des droits syndicaux (Afriques en Luttes)

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    Les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes ont réaffirmé leur soutien au syndicalisme autonome en Algérie, notamment aux militants et militantes de la Confédération Générale Autonome des Travailleurs en Algérie (CGATA). Le pouvoir algérien combat celles et ceux qui luttent pour la défense des droits des travailleurs et travailleuses et pour leur émancipation.

    Encore récemment, le 6 février, la police a encerclé la Maison des syndicats de Bab Ezzouar, puis violemment interpellé et arrêté des syndicalistes ainsi que des militants et militantes des droits de l’Homme.

    Nous dénonçons ces pratiques inacceptables ; comme nous dénonçons le refus de reconnaître les syndicats créés par les travailleurs et les travailleuses, la pratique d’Etat du clonage des syndicats autonomes pour tenter de les discréditer, les licenciements de militants et militantes syndicaux, la répression envers les chômeurs et les chômeuses, etc.

    En Algérie comme ailleurs, nous soutenons le syndicalisme autonome : ce n’est ni à l’Etat, ni aux patrons, de décider comment nous nous organisons. Partout dans le monde, nous luttons pour la liberté syndicale et les droits syndicaux.

    Le dossier de notre numéro 10 de la revue internationale est consacré à l’Algérie : L’Algérie d’aujourd’hui, chronique d’une ignorance savamment entretenue – L’importance des syndicats autonomes dans le combat pour la démocratie – Les luttes du syndicalisme autonome face à la répression incessante – Pétrole et gaz, la malédiction algérienne ? – Chronologie de l’Algérie contemporaine. Et en supplément un panorama du mouvement syndical canadien.

    25 février 2016

    www.solidaires.org/Solidaire...

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-defense-des-libertes-et

  • Hommage à Nabila DJAHNINE.

     
    Foto de Abdelnasser Chiker.

    Il y a 21 ans, le 15 février 1995, notre camarade Nabila DJAHNINE a été assassinée à l’âge de 29 ans à Tizi Ouzou par un commando du groupe islamiste armé. A cette époque, Nabila dirigeait courageusement la résistance et le combat des femmes dans cette région, à travers l’association qu’elle présidait « Tighri N’tmatuth »* et dans les coordinations et les mobilisations nationales des femmes contre le projet obscurantiste islamiste et contre les lois et les pratiques conservatrices du pouvoir et de la société.


    Mais, l’engagement politique de Nabila ne se réduit pas à cette dernière bataille.

    Depuis sa tendre adolescence, Nabila s’est imprégnée des luttes démocratiques et sociales qui rythmaient la vie de sa famille et de sa ville natale, Béjaïa. C’est dans le sillage de l’engagement de son frère aîné Badredine, dirigeant national du mouvement étudiant à partir de 1984/85, puis dirigeant syndicaliste dans l’éducation, et de sa sœur aînée Soraya, militante syndicaliste à la Sonitex, que Nabila allait s’abreuver, à l’instar des autres frère et sœurs, des idées marxistes et de la lutte des classes.

    Ainsi, elle s’engage vers 1986/87 au sein du Groupe Communiste Révolutionnaire (GCR), alors clandestin, devenu en 1989 PST.

    Dirigeante du mouvement étudiant à Tizi Ouzou, où elle suivait ses études supérieures en architecture, elle s’est impliquée dans les mobilisations du MCB et participe à ses assises en 1990. Au premier congrès public du PST, en Mai 1991 à Tipaza, Nabila est élue à sa Direction Nationale. Plus tard, vers 1993, Nabila se concentre particulièrement sur son engagement féministe et, sans aucun reniement de son engagement socialiste, cesse son fonctionnement dans le parti. Loin de rendre compte de son riche parcours militant, ce modeste rappel restitue quelques aspects de son engagement sans limites pour un idéal qui nous est commun et pour lequel, en dépit des menaces sur sa vie, elle a continué à se battre debout jusqu’au dernier souffle.

    En rendant hommage à Nabila DJAHNINE aujourd’hui, le PST salue à travers elle la mémoire de toutes les militantes engagées dans le combat politique pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Ce combat, symbolisé par l’engagement des Moudjahidates pendant la guerre de libération, s’est développé après l’indépendance par les mobilisations des lycéennes et des étudiantes, par les femmes travailleuses et les militantes politiques et féministes.

    Ce combat continue aujourd’hui, comme on l’a vécu à travers la campagne contre le harcèlement sexuel et les récentes mobilisations des associations contre les violences faites aux femmes.

    Bien entendu, les acquis arrachés par ces luttes constituent une avancée inestimable dans notre pays, mais la lutte continuera pour l’abrogation du code de la famille, contre les mentalités conservatrices et moyenâgeuses et contre toutes les discriminations sociales, économiques et politiques à l’égard des femmes. A la veille du 08 Mars 2016, l’esprit de notre camarade Nabila est toujours vivant parmi nous, dans nos cœurs et dans nos luttes.

    Son inimitable éclat de rire, qui nous rappelle combien elle était belle et généreuse, nous accompagnera et ravivera nos espoirs. Et « Thighri n’tmatuth » tonnera encore et encore pour nous rappeler combien Nabila était plus immense encore que la Tour qui porte son nom au bas de son quartier d’enfance, « Houma U Bazine » dans le centre ville de Béjaïa, et combien elle avait la certitude que sa lutte pour l’émancipation des femmes est aussi une lutte pour un monde meilleur sans discriminations, sans inégalités et sans oppressions.


    *Cris des femmes. Secrétariat National du PST
    Alger, le 21 février 2016.


    Le PST organise un hommage à Nabila Djahnine avec la projection du film « Lettre à ma sœur » réalisé par Habiba Djahnine et ce le samedi 27 février 2016 à partir de 13h30 au siège national du PST, sis au 27 Bd ZIROUT Youcef – Alger. La presse et le public sont cordialement invités.

    Abdelnasser Chiker

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