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Algérie - Page 16

  • Guerre d’Algérie : pour réprimer, droite et gauche étaient complices (Lutte Ouvrière)

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    La décision de François Hollande de commémorer l’anniversaire du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu qui marqua la fin de la guerre d’Algérie, a déclenché une polémique bien hypocrite, notamment avec Nicolas Sarkozy.

    Quand Sarkozy reproche aujourd’hui à Hollande d’avoir choisi une date qui marque le début de l’exode des Français d’Algérie et du massacre des harkis, les supplétifs de l’armée française, il ne fait que rappeler l’une des conséquences tragiques de cette guerre que ses prédécesseurs et ceux de Hollande menèrent à tour de rôle. Et quelle date aurait-il fallu choisir dans cette guerre où chaque jour était marqué par une empreinte de sang ? Pendant le long combat du peuple algérien pour son indépendance, la droite et les socialistes menèrent la répression d’un commun accord, se partageant la responsabilité de la mort de centaines de milliers d’Algériens, et de dizaines de milliers de jeunes soldats français.

    C’est la gauche qui commença à intensifier la guerre.

    Lorsque la lutte armée commença à la Toussaint 1954, François Mitterrand, qui à l’époque n’était pas encore socialiste, mais ministre de l’Intérieur appartenant à un petit parti de droite, déclara à l’Assemblée « Tous les moyens seront réunis pour que la force de la nation l’emporte, quelles que puissent être les difficultés et les cruautés de cette tâche. » Ce fut le début d’une répression féroce.

    En mars 1956, le socialiste Guy Mollet se fit voter des pouvoirs spéciaux, avec l’appui du PCF.

    Il s’en servit pour rappeler en Algérie des jeunes du contingent et, l’année suivante, il confia le maintien de l’ordre à Alger au général Massu, couvrant ses actes de torture. À partir de mai 1958, lorsque de Gaulle fut appelé au pouvoir par Guy Mollet, la droite prit le relais de la gauche pour aggraver encore la répression, en Algérie mais aussi en France où la police massacra le 17 octobre 1961 plusieurs centaines de manifestants algériens dans les rues de Paris.

    Face à cette complicité sans faille de la droite et de la gauche, la polémique entre Hollande et Sarkozy, cinquante-quatre ans après les faits, apparaît bien dérisoire.

    Après le cessez-le-feu, de nombreux harkis furent massacrés. L’armée française les avait recrutés pour l’aider dans sa sale guerre. Mais à la différence des parachutistes de Massu ou des troupes françaises, la majorité d’entre eux ne purent pas quitter l’Algérie, et restèrent face à la haine de ceux qu’ils avaient réprimés. C’est souvent le sort que les gouvernements des grandes puissances réservent, quand vient le moment de la défaite, à ceux qui leur ont servi de supplétifs. Quant aux 700 000 Français qui durent quitter l’Algérie, eux aussi furent victimes de cette politique qui avait dressé un mur de haine entre les populations française et arabe d’Algérie.

    Hollande et Sarkozy peuvent bien se chamailler aujourd’hui sur une date de commémoration, cela est sans importance, et ne peut effacer la complicité de leurs prédécesseurs dans la guerre sanglante qu’ils menèrent en Algérie.

    Daniel MESCLA 23 Mars 2016
  • Kamel Aissat (PST)

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    Kamel Aissat, membre de la direction nationale du Pst, (Parti Socialiste des Travailleurs)est l'invité de l'émission

    Tamoughli W-ssa ,

    sur El Khabar TV-KBC

    Vendredi 25 Mars 2016, à partir de 20H 15.

    https://www.facebook.com/PSTDZ/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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    • Histoire 3: 1945-1962
      Guerre d’Algérie – Les harkis et la torture : l’impossible débat

      , par DAUM Pierre

      Ce jeudi, au tribunal correctionnel de Paris,Smaïl Boufhal, responsable de l’association Générations Mémoire Harkis, attaque le journaliste Jean-Pierre Elkabbach pour propos injurieux. Ce dernier est accusé d’avoir affirmé que les harkis auraient tous plus ou moins participé à la torture pendant la (...)

    • Histoire & mémoire
      Le 19 mars – Guerre d’Algérie et crimes d’État : l’exigence de la reconnaissance

      , par LE COUR GRANDMAISON Olivier

      19 mars 2016. Pour la première fois, le président de la République devrait commémorer le cessez-le-feu consécutif aux accords d’Evian signés le 18 mars 1962 entre le gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Après plus de sept ans de guerre, le conflit (...)

     

  • Nouveautés "Langue Amazighe" (Algeria Watch)

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  • 300 Algériens passés par la guillotine entre 1956 et 1959 (Anti-k)

     

     Au moment où Hollande va commémorer la fin de la guerre coloniale menée par la France en Algérie, en imposant à son peuple un martyr, dont les traces perdurent, il est bon de rappeler quelques faits:  350/400 000 morts, dont 300 guillotinés.

    Précisons que c’est François Mitterrand, alors ministre de «la Justice» qui mit en branle la guillotine pour assassiner 38 algériens et c’est de Gaulle qui mit fin à ces horreurs. Les « socialauds » portent bien leur nom depuis un certain 4 août 1914…

    Que quelqu’un le dise à Mélenchon, idolâtre Mitterrandien. … Mais à la différence d’aujourd’hui, où un Valls affectionne les poses martiales pour parler de « guerre »; durant la guerre d’Algérie, les autorités de « gauche » comme de droite s’évertuaient à ne pas prononcer le mot « guerre »  préférant parler des « événements » d’Algérie. D’où vient se renversement sémantique ?

     Les sacrifiés de la «justice» française

    Ahmed Zahana, dit Zabana, le premier guillotiné en 1956

    Le 19 juin 1956 à 4 heures du matin, le couperet de la guillotine, qui avait auparavant «refusé» par deux fois d’aller jusqu’au bout de la sale besogne qui lui avait été assignée, trancha la tête d’Ahmed Zahana dit Zabana, un des moudjahidine de la première heure et responsable du FLN-ALN de la zone Ouest d’Oran. Cinq minutes plus tard, le temps de mettre le corps de Zabana dans la nacelle prévue à cet effet, un autre Algérien, déserteur de l’armée coloniale pour rejoindre le FLN-ALN, Abdelkader Ferradj, subit le même sort.
     
    Ahmed Zahana
     
    Cette double exécution ne répond nullement à une décision de justice – nul besoin de s’étaler sur la parodie de procès réservée aux militants nationalistes algériens –, mais c’est plutôt une abdication du gouvernement Guy Mollet devant la pression du lobby colonial et des pieds-noirs, qui voulaient coûte que coûte qu’il y ait passage d’Algériens à l’échafaud pour en faire un exemple à ceux qui auraient osé défier la France.
     
    Cette sentence fut prononcée par François Mitterrand, alors ministre de «la Justice» du gouvernement français depuis 1955. «L’Algérie, c’est la France […] ceux qui veulent l’en dissocier seront partout combattus et châtiés»», avait-il annoncé. Il ne tardera pas à «légaliser» cette sentence. Le 17 mars 1956 sont publiées au Journal officiel français les lois 56-268 et 56-269, qui permettent de condamner à mort, sans instruction préalable, les membres du FLN pris les armes à la main. François Mitterrand est l’un des quatre ministres à avoir signé ce texte: «En Algérie, les autorités compétentes pourront […] ordonner la traduction directe, sans instruction préalable, devant un tribunal permanent des forces armées des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens […] si ces infractions sont susceptibles d’entraîner la peine capitale lorsqu’elles auront été commises.»

    François Mitterrand l'un des quatre ministres signataires du texte relatif à l'exécution de

    Pourquoi Zabana et Ferradj ?

    Au 19 juin 1956, 150 Algériens étaient déjà condamnés à mort, pour avoir osé porter les armes pour le recouvrement de l’indépendance de leur pays, spoliée en 1830. Pourquoi la justice mitterrandienne, cautionnée par Guy Mollet et Robert Lacoste, a-t-elle jeté son «dévolu» sur Zabana et Ferradj pour inaugurer la longue liste des 300 Algériens envoyés chez le bourreau ? La raison est politique. Pierre Nicolaï, directeur de cabinet de François Mitterrand à l’époque, le confirme : «C’est une décision politique.» Il avait été chargé par Mitterrand de lui trouver les premiers condamnés à exécuter (1). Il avait l’embarras du choix. Voulant réprimer le plus tôt possible la Révolution du peuple algérien, la «justice» mitterrandienne avait, à la veille du 19 juin 1956, condamné 150 Algériens à mort. Quelle rapidité ! Ce chiffre témoigne, on ne peut mieux, de la justice expéditive (2). Les critères lui avaient été signifiés. Il faut que le personnage candidat à l’échafaud doive être «crapule» et «politique». Quel dosage ! Il prit tous les dossiers de recours en grâce rejetés par Mitterrand et choisit Zabana, car étant un militant politique et un «assassin», puisqu’il avait tué le garde-forestier Braun, près de la Mare d’eau (sud d’Oran). Il prit le dossier de Ferradj une «crapule», car c’était un déserteur qui avait rejoint le FLN-ALN et pris part à des embuscades meurtrières. Il ne restait à Mitterrand qu’à fixer la date. Ce sera le 19 juin.

    Zabana portait une prothèse oculaire. Son œil fut perdu quand il s’était tiré une balle dans la tête, le 8 novembre 1954, jour de son arrestation et du démantèlement de son groupe, à Ghar Boudjelida (grotte de la chauve-souris) près de l’ex-Saint-Lucien (actuelle Zahana). De plus, il boitait de la jambe gauche du fait d’une blessure par balle. Les demandes de grâce du muphti d’Alger de l’époque et de l’archevêque d’Alger Mgr Duval subirent une fin de non-recevoir de la part de Robert Lacoste, ne pouvant lui aussi mécontenter le lobby colonial assoiffé de sang, malgré l’escalade de violence que cette exécution pouvait engendrer (3).

    Zabana a été exécuté en dépit du fait que le couperet se soit enrayé par deux fois à quelques centimètres de la nuque du chahid. Ce qui signifie pour les juristes que la sentence a été exécutée. Mais Zabana devait mourir ce jour-là. C’étai son destin.

    Ferradj n’a bénéficié d’aucune clémence, lui aussi. Selon Me Benbraham, invitée d’une émission à la Télévision algérienne, le chahid Ferradj avait flanché les derniers moments. Malgré sa crise de démence, aucune clémence ne lui fut accordée et il marcha tel Zabana digne vers l’échafaud. Malgré les représailles du FLN-ALN, qui avait averti que toute exécution à la guillotine sera suivie d’attentats, les gouvernements français firent fi de cette menace et poursuivirent l’envoi des moudjahidine algériens à la «Veuve».

    Bilan macabre

    François Mitterrand qui se fera le chantre de l’abolition de la peine de mort, à son arrivée à la présidence française en 1981, avait fait passer 38 Algériens par la guillotine. Robert Lacoste, le libéral qui voulait pacifier l’Algérie par des réformes sociales, signa l’arrêt de mort de 27 Algériens. La période la plus terrible vécue par ceux qui attendaient dans le sous-sol de Serkadji fut celle allant du 3 au 12 février 1957, en pleine Bataille d’Alger. Douze moudjahidine furent passés par la guillotine. La «justice» devait appuyer le travail des paras de Massu, venus redorer leur blason terni par la défaite de Diên Biên Phu, au détriment des Algériens. Ils l’ont terni encore plus par leurs pratiques moyenâgeuses et qui dépassaient les atrocités nazies, en instituant la torture et les exécutions sommaires (la corvée de bois) (4).

    En quittant son bureau au ministère de la «Justice», Mitterrand venait de faire de la peine de mort par la guillotine le destin de tout Algérien pris les armes à la main. Les gouvernements ayant succédé à celui de Guy Mollet n’ont pas failli à la règle de conduite : 29 Algériens guillotinés en trois mois sous le gouvernement de Bourgès-Maunoury et 49 durant les six mois de Félix Gaillard.

    Même l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir ne fera pas arrêter la machine de la mort. Elle continuera à fonctionner jusqu’en 1959. Après son appel à «la paix des braves», le général, en signe de bonne volonté, décide de suspendre les exécutions et de les commuer en emprisonnement à perpétuité. Les militaires qui «voulaient casser du fellagha» ne l’entendirent pas de cette oreille. Ils continuèrent à exécuter les Algériens mais non pas avec la guillotine, mais en recourant aux pelotons d’exécution (5).

    Cette cruauté et cet acharnement n’avaient en rien entamé la détermination des moudjahidine. Ils s’étaient tous avancés vers l’échafaud sereins, car ils savaient que leur sacrifice n’aurait pas été vain. Ils étaient certains que leur mort signifiait la vie de l’Algérie indépendante.

    La guillotine

    Cette machine de la mort a été créée et mise au point par le chirurgien Antoine Louis, mais elle porte le nom de Joseph Guillotin, qui en a fait la présentation devant le Parlement français, le 28 novembre 1789. Un voleur du nom de Nicolas-Jacques Pelletier sera le premier humain à avoir la tête tranchée par cette machine, un certain 25 avril 1792. Elle sera, en plus du nom de guillotine, appelée la «Veuve», «Louisette» et «Louison».  12 mars 2016

    Par Salim Rebahi – Publié le 01 jui 2012
    1. Entretien accordé par Pierre Nicolaï à Sylvie Thénault, auteur d’une thèse de doctorat sur la Justice dans la guerre d’Algérie, Université Paris X- Nanterre, novembre 1999.
    2. Les chercheurs qui se sont intéressés aux condamnés à mort durant la Révolution algérienne ont été étonnés dans les Archives du ministère de la Justice français des dossiers ne contenant pour la plupart qu’une à trois feuilles. Des dossiers moins épais que ceux des droits communs.
    3. Le FLN-ALN avait annoncé que toute exécution à la guillotine d’un militant sera suivie de représailles. Après l’exécution de Zabana et Ferradj, 49 attentats visèrent des Français âgés entre 18 et 54 ans (le FLN-ALN n’étant pas un assassin de femmes, d’enfants et de vieillards). Sur chaque corps, témoigne Yacef Saâdi, ordre fut donné de laisser une feuille de papier sur laquelle était écrit : «Zabana et Ferradj, vous êtes vengés.»
    4. Les tortionnaires français emmenaient le moudjahid arrêté, non sans lui avoir fait subir les affres des gégènes et autres tortures dans un bois, et lui intimaient l’ordre de partir, lui faisant croire à sa libération. Une fois qu’il se mettait à courir il était abattu d’une rafale dans le dos. Dans le rapport justifiant sa mort, on mettait la mention :«Tentative d’évasion».
    5. Selon Boualem Nedjadi, dans son livre Viva Zabana, édité à l’ANEP en 2006, les premiers à être passés par le peloton d’exécution, sont les chouhada Mohamed Baghdadi dit si Abdelwahab et Ahmed Moulay dit si Abdelhafid. Ils furent fusillés le 1er juillet 1959 à Canastel à 12 km à l’Est d’Oran.

    Prolonger :

    http://www.lepoint.fr/politique/les-guillotines-de-mitterrand-31-08-2001-56908_20.php

    http://www.anti-k.org/2016/03/12/300-algeriens-passes-par-la-guillotine-entre-1956-et-1959/

  • Algérie : La nouvelle Constitution au service des classes dominantes et du pouvoir (Anti-k)

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    La Constitution adoptée le 7 février dernier par le Parlement accentue le caractère de classe du régime dans une version nettement libérale et pro-impérialiste.

    La sacralisation de la propriété privée garantie par l’État et la constitutionnalisation des inégalités sociales et de la pauvreté, à travers la répétition d’expressions comme les « personnes démunies » ou les « catégories défavorisées », consacre juridiquement et politiquement les avancées de la bourgeoisie privée dans son entreprise historique de conquête des principaux appareils d’État.

    Un texte de classe et libéral

    Cette bourgeoisie est désormais en mesure d’imposer aux travailleurs et aux démunis une « Constitution-charte » qui grave dans le marbre les « dix commandements » de la pensée économique capitaliste. L’État ne cherche pas à mettre fin aux conditions sociales qui produisent nantis en haut de l’échelle sociale et « catégories défavorisées » au bas de cette échelle. Il a au contraire pour fonction de reproduire ce processus de polarisation de classes, en promettant seulement aux « démunis » un minimum d’assistance économique et juridique afin qu’ils ne se révoltent pas. Le caractère de classe bourgeois de l’État est assumé ouvertement.

    Récusant toute « discrimination » entre entreprises nationales ou étrangères, publiques ou privées, le nouveau texte présente le développement comme une question technique, neutre socialement et politiquement. Le pouvoir renonce ainsi à toute stratégie de développement basée sur la construction d’un puissant secteur économique public pourtant seul garant d’un minimum de souveraineté nationale et de justice sociale. L’idée que le développement des pays dominés implique obligatoirement un affrontement économique et politique avec l’impérialisme est totalement absente. Le texte a d’ailleurs été salué comme une avancée par nombre de dirigeants impérialistes…

    De classe et libérale, la Constitution amendée se démarque toutefois de l’ultralibéralisme en maintenant le caractère public sur un certain nombre de richesses, de secteurs économiques et d’entreprises publiques. Ces restrictions sauteront très certainement au fur et à mesure que la bourgeoisie consolidera son rapport de forces. Leur maintien dans l’actuelle Constitution a cependant déçu les ultralibéraux dont l’avidité à s’accaparer tout ce qui est public n’a pas de limites. En Algérie, l’infitah n’est pas achevé. Des pans entiers de l’économie et des richesses du pays n’ont pas encore été spoliés…

    Une domination qui n’est pas absolue

    Le désintérêt populaire manifeste pour la révision constitutionnelle et l’incapacité actuelle des oppositions, toutes tendances confondues, à entraver les desseins du pouvoir expriment un double rapport de forces. Un rapport de forces favorable aux classes dominantes vis-à-vis des travailleurs et des démunis. Et un rapport de forces favorable au pouvoir vis-à-vis des oppositions ultralibérales qui occupent le devant de la scène médiatique.

    Le choix de passer en force pour faire adopter la nouvelle mouture de la Loi fondamentale illustre néanmoins le fait que la domination des classes dominantes sur les classes dominées n’est pas absolue. Les travailleurs luttent pour défendre leurs intérêts, le secteur économique d’État et les services publics. Des syndicalistes de l’UGTA combattent pied à pied dans le secteur industriel, comme leurs camarades des syndicats autonomes le font dans la fonction publique. Les masses populaires protestent et imposent au pouvoir leurs légitimes revendications (logement, gaz et électricité, eau…). Elles se mobilisent contre le bradage des terres (Aokas…) et font parfois reculer le pouvoir sur des questions environnementales (gaz de schiste d’In Salah).

    Construire une alternative crédible

    Cette résistance populaire attise les contradictions au sein des classes dominantes. Les fractions compradores tirent à boulet rouge sur le pouvoir afin qu’il brade à leur profit et à celui de leurs maîtres impérialistes les richesses du pays et qu’il liquide ce qui subsiste d’acquis sociaux. Ces divisions au sein des classes dominantes se répercutent dans le champ politique par l’affirmation progressive d’une opposition démocrate ultralibérale qui mène une guerre médiatique doublée d’une guerre de position visant à conquérir des portions de pouvoir au sein du régime.

    La domination des classes dominantes et celle du pouvoir sont donc incontestables. Mais elles ne sont pas absolues. Cela explique la subsistance du caractère antidémocratique du régime consacré par la Constitution.

    Dans ces conditions, il n’existe pas d’alternative crédible.

    Organiser la résistance des travailleurs et des démunis dans tous les secteurs, encourager les luttes démocratiques des femmes, des jeunes, des paysans, des émigrés, et faire converger ces forces sociales autour d’une plateforme démocratique, antilibérale et anti-impérialiste, constituent des tâches urgentes. Les travailleurs, intellectuels, jeunes et femmes qui ont compris que la cause première de la situation présente réside dans le capitalisme doivent pour leur part travailler à la construction d’un parti de classe se fixant pour but historique le dépassement du capitalisme.

    D’Alger, Lamine Torki

  • La levée du caractère confidentiel du dossier est une exigence des chercheurs (Algeria Watch)

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    Essais nucléaires français à Reggane

    La nécessité de lever le caractère confidentiel des dossiers liés aux essais nucléaires français dans le Sahara algérien, pour mettre au jour ces essais dangereux, a été soulignée par un chercheur algérien, spécialiste en génie nucléaire.

    «Lever le caractère confidentiel des dossiers afférents aux essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sahara algérien permettra de braquer davantage de lumières sur ces dangereuses explosions et élucider leurs effets catastrophiques sur l’environnement et la population», a indiqué
    Dr Ammar Mansouri, chercheur dans le domaine de génie nucléaire, lors d’une rencontre organisée vendredi soir au musée du Moudjahid de Tamanrasset.

    M. Mansouri a souligné que «la levée de l’aspect confidentiel sur ces dossiers d’essais nucléaires permettra aux chercheurs, universitaires et étudiants de s’informer des essais nucléaires, d’évaluer leurs dégâts et répercussions sur l’environnement et l’homme». «Les justifications avancées par la France coloniale sur les modalités de choix de sites de ces essais, admettant que ces endroits ne manifestaient aucun signe de vie humaine, faunistique et floristique, n’est qu’un grand mensonge», a-t-il martelé.

    «Les régions retenues au niveau de Reggane (Adrar) et In-Ikker (Tamanrasset) sont des régions peuplées», a-t-il ajouté, arguant que la population de la région d’In-Ikker, (180 km nord de Tamanrasset) et ses cheptels, ont été transférés vers le nord-est du site des essais, et d'autres populations ont été déplacées vers la région d’Assekrem.

    Lors de cette rencontre à laquelle ont pris part des citoyens, victimes de ces essais nucléaires, des membres d’associations, d’une équipe de journalistes du journal égyptien El-Ahram, l’orateur a mis en exergue les effets nucléaires dévastateurs polluants et dangereux sur l’environnement, tout en signalant que les rayons radioactifs dangereux ont atteint des régions lointaines de l’Afrique et de l’Europe.

    Le secrétaire général de l’association Taourirt des victimes des essais nucléaires à Tamanrasset, Boubaker Ibbeh, a, de son côté souligné que «les essais nucléaires français dans la région sont des crimes contre l’humanité et qu’il appartient de prendre en charge ses répercussions, notamment dans la commune d’In-M’guel, située à 50 km du site des essais, dont les lourdes répercussions y perdurent encore, comme les maladies cancéreuses et différentes infirmités.

    Le Soir d'Algérie, 6 mars 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/exigence_chercheurs.htm

  • Nouveautés sur Afriques en Lutte

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    Egypte : Cinq ans après la révolution : une détérioration sans précédent des droits humains

    L’Égypte connaît actuellement une détérioration du statut des droits humains qui est sans précédent dans l’histoire moderne du pays. La répression exercée sous l’autorité d’Abdelfattah Al Sissi dépasse largement la dissidence islamiste et vise les opposants libéraux, les artistes, les journalistes et toutes les voix indépendantes. RÉPRESSION CONTRE LES ARTISTES, LES JOURNALISTES ET TOUTES LES VOIX INDÉPENDANTES. Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), 23 journalistes se trouvaient (...)

    Les imputations du Maroc aux Sahraouis de terrorisme : est une tentative visant à dévier l’attention internationale de la question sahraouie

    Le Secrétaire d’Etat à la Documentation et à la Sécurité, M. Ibrahim Ahmed Mahmoud a estimé dimanche les accusations infondées du Maroc aux Sahraouis de terroriste, "de tentative visant à dévier l’attention internationale vis-à-vis de la question du (...)

    Appel à la solidarité internationale avec les oubliés de la révolution tunisienne

    Cinq ans après la révolution, aucun des gouvernements qui se sont succédés ne semble effectivement s’attacher à proposer des solutions et perspectives crédibles aux chômeurs, hommes et femmes et aux régions défavorisées victimes de la marginalisation et (...)

     
     

    L’AMDH a appris avec consternation l’expulsion par les autorités marocaines de Nisma Bounakhla, représentante au Maroc d’Avocats sans Frontières, ONG de défense du droit basée à Bruxelles. La jeune juriste a été arrêtée samedi 20 février devant son (...)

     

    Algérie : défense des libertés et des droits syndicaux

    Les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes ont réaffirmé leur soutien au syndicalisme autonome en Algérie, notamment aux militants et militantes de la Confédération Générale Autonome des Travailleurs en Algérie (...)

  • Mouvement des chômeurs (Algeria Watch)

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    Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek

    En quoi ils ont changé le Sud

    El Watan, 4 mars 2016

    Les protestations des chômeurs sont devenues une fatalité face à des mécanismes de l’emploi qui connaissent plusieurs dysfonctionnements et la loi du passe-droit.

    Le sable s’insinue partout. Le vent qui le dissémine l’inocule en tout lieu, surtout dans les yeux. Alors on y voit plus très bien. L’ocre de Ouargla devient gris, jaune foncé, parfois. Cela aveugle et donne des céphalées qui brouillent la pensée en cette saison des vents de sable avant le printemps chaud du Sahara vers avril-mai. Même les avions d’Air Algérie on du mal à s’acquitter de leur devoir d’assurer les rotations.

    Mais il n’y a pas que le sable dans les yeux qui aveugle. Parce que lorsqu’on entend le discours de l’exécutif local qui parle de «chômeurs de luxe» et de «manipulation», on y décèle rapidement l’aveuglement des autorités locales et centrales. Le plus grand bassin d’emploi du pays, la «capitale de l’or noir», pour reprendre Malek, chômeur protestataire de Ouargla, serait sujet à des opportunistes fainéants et objet de manipulation de plusieurs douzaines d’organisations internationales ou de services secrets étrangers, de la Fondation Soros et Freedom House à la CIA ou la DGSE, etc. (voir liste surréaliste et complète chez les paranos des services de sécurité algériens et leurs médias y afférents).

    «Les puissants et les services secrets du monde entier, en se réveillant le matin, de Pékin à Washington, quittent leur lit avec cette idée obsédante : ‘‘Bon, qu’est-ce qu’on va faire avec l’Algérie ?’’», ironise Tahar Belabbès, las, les traits tirés, leader du mouvement des chômeurs de Ouargla, qui s’est retiré, depuis, de la direction du Comité national de la de défense des droits des chômeurs (CNDDC). «Il est vrai que le rythme des protestations des chômeurs a diminué depuis 2013 à Ouargla et ailleurs dans la wilaya, reconnaît Khaled du bureau local de la Ligue algérienne des droits de l’homme. Mais malheureusement nous assistons aux mêmes dysfonctionnements dans l’octroi des postes. Il y a toujours autant de passe-droits et d’opacité.»

    Anem

    «Depuis 2013 et la manifestation géante du 14 mars à Ouargla, les choses ont un peu évolué, nous étions sous les projecteurs des médias et le gouvernement avait compris qu’il fallait en urgence améliorer le système de l’emploi dans les zones pétrolières, admet Abdelmalek Aybak, ex-n° 2 du CNDDC. Mais sur le terrain, après un léger mieux, les choses sont redevenues comme avant, l’Agence de l’emploi n’est plus surveillée et les entreprises font ce qu’elles veulent.»

    Une bonne partie de l’aveuglement des autorités est causée par ce paradoxe : au moment où l’Etat tente une meilleure approche de la politique de l’emploi, les problèmes persistent, les chômeurs protestent et occupent la rue deux à trois fois par mois depuis trois ans. Saâd Agoudjil, wali de Ouargla, très bon connaisseur de la région – il était secrétaire général de la wilaya de 1998 à 2002 – insiste sur le fait que l’offre est supérieure à la demande et que le secteur de la formation professionnelle a triplé son offre.

    D’où son agacement face aux dernières protestations, allant jusqu’à parler de «chômeurs de luxe» ! «Je suis resté trois ans sans emploi, j’ai abandonné l’idée de trouver un travail en rapport avec ma licence en droit, j’ai essayé de travailler sur des chantiers, mais les entrepreneurs s’enfuyaient avec la caisse et nos salaires, je m’inscris chaque mercredi à l’ANEM de ma commune, sans succès, et je passe mes journées à chercher un poste, énumère Malek, 28 ans, qui a fini, en désespoir de cause et après un mois de sit-in, par se taillader le corps le 24 février devant la wilaya. Nous ne sommes pas des chômeurs de luxe, nous ne demandons pas des milliards. On veut un travail et c’est tout.»

    Logiciel

    La wilaya évoque la transparence et l’efficacité du Wasit, un portail web de l’ANEM qui a pour objectif de rendre visible les demandes et les offres d’emploi. «Que peut un logiciel contre la mafia de l’emploi, s’emporte Ahmed, 30 ans, habitant le quartier Roussiat à Ouargla. Si au niveau de la wilaya il y a une certaine transparence chez l’ANEM, tout se perd dès que les offres arrivent au niveau local. Il y a des centaines d’emplois qui se perdent ainsi, qui deviennent un fonds de commerce, qui sont monnayés ou distribués aux amis et à la famille des fonctionnaires.

    Est-ce normal que je ne peux même pas trouver un poste de manœuvre depuis trois ans ? Est-ce normal que toutes les entreprises ici ou à Hassi Messaoud acceptent la règle des 5%, c’est-à-dire le quota automatiquement prévu pour les enfants des puissants ?» «Après la marche du 14 mars, Sonatrach a décidé de relancer la formation des soudeurs homologués, bien.

    Mais les gars de la toute première promotion de 2013 sont encore au chômage», indique Aybak qui parle de «mesures d’urgence décidées à la va-vite, mais sans réel impact sur le terrain». Le sable aveugle. Les urgences aussi. Comme cette histoire de commission d’enquête envoyée par Sellal à Ouargla un an après la manifestation de mars 2013 : présidée par le directeur général de l’ANEM (donc juge et partie), elle n’a fait que constater que tout allait pour le mieux !


    Adlène Meddi

    Ce qui a changé depuis la melyounia du 14 mars 2013

    Le 11 mars 2013, à la veille de la melyounia des chômeurs annoncée à Ouargla, deux décisions avaient été prises par le gouvernement afin d’apaiser les esprits échauffés par les déclarations du Premier ministre et son ministre de l’Intérieur à propos des chômeurs taxés de «séparatistes» et d’«importateurs du Printemps arabe».

    Il s’agit de la nomination d’un nouveau wali, à savoir Ali Bouguerra, venu en pompier, et la publication de l’instruction de Sellal aux walis du Sud, donnant priorité absolue aux enfants de la région dans l’emploi et un feu vert à la refonte des programmes de la formation universitaire et professionnelle dans le Sud.

    Ces mesures ont permis un recrutement plus orienté vers la main-d’œuvre locale sous-qualifiée qui constitue les deux tiers des inscrits au fichier de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM). Ces dispositions ont posé avec acuité la problématique du refus des chômeurs de retourner aux bancs de l’école d’une part et d’autre part leur insistance à n’être recrutés que dans le quatuor d’or du groupe Sonatrach, à savoir l’ENTP, l’ENSP, l’Enafor et la Direction de la production (DP). Le constat est corroboré par les chiffres annoncés par les autorités qui donnent 10 054 placements en 2014 et 11 210 en 2015.

    La direction de l’emploi constate avec satisfaction que «les enfants de la région ont de plus en plus de postes dans les grandes entreprises nationales, ce qui est leur droit absolu», selon Mohamed Guergueb, directeur de l’emploi de la wilaya. C’est un des rares gestionnaires, sinon le seul, bénéficiant du respect des chômeurs qui dénoncent régulièrement les dépassements et passe-droits des cadres de l’ANEM. Guergueb clame à qui veut l’entendre : «Je ne suis jamais intervenu pour un proche, je n’ai aucun parent à Sonatrach, je n’interviens que pour placer des chômeurs lambda».

    Les insuffisances, toutes les instances de l’emploi les reconnaissent, à commencer par l’Inspection du travail qui a établi 138 PV d’infractions transmis à la justice en 2015. Elle fait état de 1 398 travailleurs recrutés selon des procédures non conformes à la réglementation dans le secteur pétrolier. Même l’ANEM, au cœur de cette polémique chronique de l’emploi reconnaît ses torts, sans pourtant y remédier. En 2012, constatant de faux bulletins portant un visa falsifié de ses services, l’agence de l’emploi de Ouargla a déposé plainte contre X. La justice n’a rien fait depuis.

    Visibilité du Sud

    Par ailleurs, à l’université Kasdi Merbah de Ouargla, la passerelle avec le secteur économique, notamment pétrolier, n’a jamais été aussi simplifiée. «Nous visons la formation d’excellence, adaptée aux besoins du marché voire même à la carte», nous a déclaré, jeudi dernier, Ahmed Bouterfaia, son recteur. 80 conventions de partenariat et de coopération on été signées et 5190 étudiants ont bénéficié de stages pratiques dans des entreprises, dont plus de 80% de stagiaires dans les compagnies pétrolières au titre de l’année universitaire 2014/2015. A elle seule, l’Enafor compte recruter 1 000 diplômés de l’université de Ouargla entre 2017 et 2022, a annoncé Abdelkader Khedimi, son directeur des ressources humaines lors de la cérémonie de signature de cinq nouvelles conventions.

    Mais il serait très réducteur de restreindre les répercussions de la melyounia du 14 mars 2013 au seul dossier de l’emploi. Si le pouvoir central regardait d’un demi-œil la population des régions sahariennes, les réduisant souvent à un désert humain, l’idée générale qui voudrait que le sud de l’Algérie ne pèse que par ses innombrables ressources naturelles, a bien changé depuis la révolte des chômeurs, suivie par celles des anti-gaz de schiste.

    Il serait tout aussi réducteur d’isoler cette correction de la vision interne au seul enjeu national, car le Sud qui cristallise à la fois les craintes et les espoirs de tous les Algériens en un avenir meilleur «est au centre d’une dynamique où la compréhension des enjeux économiques et géostratégiques est capitale», estime le Dr Hamza Bengrina. Cet enseignant d’économie de l’environnement à l’université de Ouargla nous expliquait, déjà en 2011, que «les jeunes ne réclament pas seulement un poste à Sonatrach.

    L’individu n’est plus un petit boulon dans une grande machine, c’est un facteur de changement, de révolution». Cette révolution des esprits, Tahar Belabbès et ses camarades estiment y avoir largement participé, d’abord en refusant «d’être traités de cherdhima, un groupuscule terroriste», par Sellal au lendemain de la fin de l’opération Tiguentourine. Ensuite par leur action de starter à un mouvement social porteur d’«une meilleure visibilité, une image positive d’un Sud jeune, écocitoyen s’opposant pacifiquement aux politiques du gouvernement».

    Une image largement reflétée par les médias nationaux et internationaux et là, on est bien loin de l’esprit revendicatif de 2013 où il contestait «les paroles outrageuses d’Ould Kablia sur la neutralisation des protestations et la maîtrise de la situation sécuritaire au Sud pour préserver les installations pétrolières». Une certaine valorisation de la ressource humaine locale est partagée par des cadres qui se sont «enfin» vu permaniser ou nommés à des postes dont ils assuraient la fonction ou l’intérim pendant de longues années, «avant qu’un cadre parachuté d’Alger n’atterrisse du jour au lendemain à Ouargla», nous confie O. B., un cadre de la région.

    A la tête d’instances étatiques locales ou régionales, il est loisible de constater que des énarques et universitaires du Sud ont été nommés au poste de directeur. Parmi eux des femmes qui ont longtemps été marginalisées et reléguées aux postes subalternes. A l’université de Ouargla, à la station ENTV, à l’Office du patrimoine, à la direction de la culture, y compris le poste de ministre de l’Intérieur, pour ne citer que ces derniers, des cadres qui n’auraient jamais espéré accéder à des postes valorisants savent ce qu’ils doivent au mouvement des chômeurs.

    Houria Alioua

    Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek. Ex-leaders du Comité national pour la défense des droits des chômeurs

    Le 24 février dernier, anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, des chômeurs de Ouargla se tailladent le corps pour protester contre la politique de l’emploi dans cette wilaya pétrolière. Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek, ex-leaders du mouvement des chômeurs, reviennent sur ce drame et analysent pourquoi peu de choses avancent sur ce dossier.

    Les chômeurs de Ouargla ont franchi un cap dans la violence contre eux-mêmes : aujourd’hui ils se cousent la bouche ou s’auto-mutilent. Est-ce que vous comprenez ce qui se passe ?

    Tahar. Même si nous n’aurions jamais utilisé ces moyens d’expression extrêmes, on les comprend, bien sûr, et surtout, nous sommes solidaires avec eux. Ils en sont arrivés à un stade de désespoir absolu. Parce qu’ils voient bien que l’Etat a réprimé tous les mouvements pacifiques, qu’il a détruits par le noyautage et la corruption. Au point qu’aujourd’hui, il n’y a plus personne pour encadrer ces chômeurs, il n’y a plus d’espace où ils pourraient militer «normalement», pacifiquement, sans excès et sans en arriver à s’auto-mutiler.

    Alors ils se disent qu’ils n’ont pas d’autre solution pour se faire entendre, attirer l’attention de ceux, les autorités notamment, qui ne veulent pas les écouter, qui ne veulent pas les voir. Mais nous, jamais nous n’aurions demandé à des chômeurs de se faire du mal. Au contraire, nous avons toujours dit à nos militants de se battre avec l’administration avec des moyens intelligents et s’imposer comme interlocuteurs incontournables.

    Quand on entend que les chômeurs de Ouargla «ne veulent pas travailler», qu’est-ce vous répondez ?

    Tahar. C’est faux. Mais il est vrai que l’on incite les jeunes à travailler dans les sociétés nationales en priorité. C’est la seule option pour éviter les contrats esclavagistes. Dans le privé, les salaires représentent le quart de la moyenne des salaires dans le public, sans aucun avantage. Et la charge de travail est beaucoup plus importante, en contradiction avec la réglementation.

    Certains employés peuvent travailler sept semaines d’un coup et ne se reposer que deux semaines. Dans une société nationale, tu as droit à la sécurité sociale et à la retraite, ce sont des choses auxquelles les jeunes pensent maintenant. D’ailleurs, l’Etat devrait imposer aux sociétés privées ou étrangères le respect du code du travail par des mesures fortes afin d’éviter ces contrats esclavagistes.

    Trois ans après la melioniya du 14 mars, 80% des chômeurs qui avaient protesté avec vous ont trouvé un travail. Est-ce que vous considérez que vous avez réussi ?

    Aïbek. Oui, la plupart ont trouvé du travail mais on ne peut pas s’arrêter à ça. Pendant un an, ça a bien marché, il y avait une véritable surveillance interne de la politique de l’emploi. Comme le mouvement était très médiatisé, les plus hautes autorités du pays, à commencer par Sellal, ont pris le dossier des chômeurs au sérieux et des mesures. Mais les autorités locales ont gâché la dynamique du 14 mars. Par exemple, un centre de formation Sonatrach a été ouvert pour les soudeurs. Mais la première promotion ne travaille pas parce que l’entreprise n’a pas besoin de ces profils-là. Et la surveillance interne des agences locales de l’emploi n’est plus effective depuis plusieurs mois.

    Tahar. Notre véritable victoire, notre plus grand acquis, a été d’imposer le droit à manifester même sous état d’urgence. Et de créer un sentiment de solidarité, qui n’existait pas avant, entre les différentes couches et segments de la société autour du mouvement des chômeurs. C’est quelque chose qu’il faut préserver pour l’avenir, parce que tout cela dépasse le droit au travail ou le droit au logement et les autres droits, disons, «matériels».

    Mais on ne vous entend plus beaucoup aujourd’hui…

    Aïbek. En diabolisant notre mouvement et en achetant les gens, le pouvoir a fait fuir les gens du véritable militantisme pacifique. Le Comité n’a toujours pas le droit d’avoir un agrément, alors que depuis 2013, le ministère de l’Intérieur ou les autorités locales ont agréé d’autres associations qui sont dans l’allégeance et la corruption. La seule réponse qui leur reste est une réponse répressive. Difficile donc de militer dans ce climat-là.

    Tahar. On s’est retirés pour passer le relais à d’autres. Si on nous entend moins, c’est d’abord parce que la majorité d’entre nous a pu recouvrir ses droits. Mais aussi parce que le Comité a beaucoup souffert du noyautage. Le pouvoir a vu qu’on était devenu une sorte de front social parallèle, que nous étions d’authentiques syndicalistes, ancrés dans les véritables conditions de vie dramatique des chômeurs et qui refusent le chantage ou la corruption. Le pouvoir a donc tout fait pour nous barrer la route. Malgré cela, on peut toujours mobiliser ceux qui travaillent, justement parce que notre situation sociale s’est améliorée.

    On peut mieux s’organiser. Par exemple, notre base discute aujourd’hui de la nécessité de dépasser la problématique du chômage pour débattre de la participation aux mécanismes de décision et de la redistribution équitable des richesses. Ce qui nous conduit à réfléchir autour d’une idée centrale, celle qui préside à toutes ces problématiques : la bonne gouvernance.

    Le mouvement est en train de se politiser, donc, alors que vous refusiez l’étiquette politique...

    Tahar. A partir du moment où on demande l’équité, la justice, le développement local, on sait que tout ce que l’on fait est politique. Mais on ne veut pas se «politiser» au sens où vous l’entendez, au sens partisan. Nous avons été soutenus par des mouvements politiques, des islamistes à la gauche, certains ont tenté de nous récupérer. Mais nous leur avons bien expliqué que nous faisions la distinction entre la solidarité des combats et l’adhésion à telle ou à telle mouvance.

    A travers le combat des chômeurs et sa dynamique, quelle leçon peut en tirer la société civile qui peine à s’organiser ailleurs dans le pays ?

    Tahar. Je ne veux pas croire que si nous, à Ouargla, avons réussi à créer toute cette dynamique à partir du néant, dans d’autres villes où existent déjà une élite, une tradition de militantisme, des espaces de mobilisation… il ne se passe rien.

    Aïbek. La société civile, à travers le pays, bouge beaucoup, s’active et propose des solutions, même si cela n’est pas trop visible. Nous avons beaucoup d’espoir justement parce qu’on voit que les citoyens s’impliquent et cherchent à militer dans le cadre d’une société civile dynamique.

    Comment voyez-vous l’avenir ?

    Aïbek. La situation s’est envenimée. Cela va empirer à cause du discours du pouvoir qui reste enfermé dans l’idée que les chômeurs sont manipulés. Le pouvoir tente de faire face à la situation en distribuant des calmants un peu partout pour contenir la colère de la société, mais il ne distribue ces tranquillisants que selon des critères d’allégeance. Donc ça ne marche pas. Sans égalité de développement entre les régions, la marginalisation continuera.

    Tahar. Le problème des autorités, c’est qu’elles n’ont plus aucune alternative. Il ne leur reste que la répression. D’ailleurs, ce 14 mars, comme par hasard c’est l’anniversaire de notre melioniya de 2013, un de nos camarades passera devant la justice pour rassemblement non autorisé ! Les autorités ont consommé toutes les vieilles recettes, notamment la diabolisation du mouvement, la «main de l’étranger», etc. Tout cela c’est un discours de fiction, comme si les chômeurs n’existaient pas réellement. Mais les autorités oublient que la répression provoque la tempête. Elles n’ont pas retenu la leçon. Sauf que cette fois-ci, à cause la conjoncture économique et de l’incertitude politique, ce sera pire.

    Bio-express

    Aïbak Abdelmalek et Tahar Belabbès étaient les leaders et fondateurs du Comité national pour la défense des droits des chômeurs. Belabbès s’est engagé dans ce mouvement très tôt, après le suicide de son frère aîné désespéré par sa condition de chômeur. Il vient d’être licencié de son poste à Sonatrach après des années sans emploi pour avoir continué ses luttes syndicales. Aïbak, ex-n° 2 de la CNCDDC, tête pensante du mouvement, a retrouvé récemment du travail sur un chantier pétrolier, mais reste membre actif du comité.

    Adlène Meddi, Mélanie Matarese

    http://www.elwatan.com/sans-egalite-de-developpement-entre-les-regions-la-marginalisation-continuera

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/chomeurs/changer_le_sud.htm

  • Maroc : « Reste avec lui, même s’il veut te tuer » (Afriques en Lutte)

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    « Jihan » : Le témoignage d’une survivante de la violence domestique au Maroc

    Les autorités marocaines échouent souvent à empêcher la violence conjugale et familiale, à protéger les victimes, et à punir les agresseurs. Nous, Human Rights Watch, demandons à la Ministre marocaine de la Femme d’adopter des lois fortes à même de protéger efficacement les victimes de violences domestiques. Pour cela, nous avons besoin de votre aide. Mais d’abord, lisez l’histoire de Jihan :

    Jihan (nous avons modifié son nom par mesure de protection), 18 ans, a raconté à Human Rights Watch comment elle avait épousé un homme de plus de 10 ans son aîné, alors qu’elle n’avait que 15 ou 16 ans, avant de s’installer avec lui dans un village de la province d’El Jadida, au Maroc. Elle a déclaré qu’elle l’avait épousé pour fuir la violence que son père exerçait contre elle. Ils ont eu un fils, âgé de 2 ans au moment de l’entretien.

    Le témoignage d’une survivante de la violence domestique au Maroc Jihan a confié que son mari l’avait violentée dès le début de leur mariage :

    Dès la première nuit [mon mari] a commencé à me manquer de respect. Il me demandait de faire des choses contraires à la religion, comme me mettre nue et danser lorsque ses amis venaient, pendant qu’il jouait de la musique. Je refusais, et il me battait.

    Jihan a déclaré que son mari l’avait violée à maintes reprises. « Il m’a forcée à coucher avec lui, même quand je ne voulais pas. » Elle a déclaré qu’il la battait tous les deux ou trois jours, et qu’un jour, il lui avait cogné la tête sur l’évier de la cuisine, occasionnant une blessure qui avait nécessité des points de suture.

    Elle a indiqué que lorsqu’elle s’était rendue au poste de police local pour demander de l’aide, « ils [les policiers] m’ont dit : ‘C’est ton mari, on ne peut rien faire. Va au tribunal.’ Pourtant j’avais des marques de coups partout. »

    Jihan a confié qu’en avril 2015, son mari l’avait battue et étranglée jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. « Quand j’ai repris conscience, j’étais dans la rue, en pyjama », a-t-elle expliqué. « Je suis encore allée à la police. Ils m’ont dit : ‘On ne peut rien faire pour toi.’ Je leur ai dit qu’il ne voudrait pas me laisser rentrer à la maison. Ils l’ont appelé, mais il a répondu que c’était un mauvais numéro. » Elle a ajouté que la police n’avait rien fait d’autre, et qu’elle s’était alors réfugiée chez sa sœur. Son mari l’a retrouvée et ramenée à la maison.

    Jihan a précisé qu’en août, après de nombreuses autres scènes de coups, elle avait demandé le divorce. Son mari lui a répondu : « Ah bon, tu veux le divorce ? Je vais te montrer ce que c’est, le divorce. » Il lui a alors donné un coup de poing dans l’œil et a tenté de lui lacérer le visage avec un couteau. Elle a levé le bras pour se défendre, et il lui a tailladé le bras. Une chercheuse de Human Rights Watch a observé des points de suture récents sur son bras. Jihan a déclaré qu’elle n’avait pas déposé plainte, en précisant : « j’ai peur qu’il se venge et qu’il me tue ».

    Jihan logeait dans un refuge géré par une association au moment de l’entretien, et elle avait le sentiment de n’avoir aucun autre endroit où aller. Elle a expliqué que son fils se trouvait avec sa grand-mère paternelle, et qu’elle voulait le récupérer. Elle a indiqué qu’elle voulait le divorce mais que son père refusait de lui remettre son certificat de mariage pour qu’elle puisse introduire la demande de divorce. Il lui a dit : « Dans notre famille, les femmes ne divorcent pas. Reste avec lui, même s’il veut te tuer. »

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    Human Rights Watch s’est entretenu avec « Jihan », ainsi qu’avec 19 autres femmes et filles au Maroc en septembre 2015. Sa situation est un exemple des violences domestiques subies par les femmes dans ce pays, et de la faible réactivité du gouvernement face à ce problème.

    Human Rights Watch a constaté que souvent, les autorités marocaines échouent à empêcher les violences domestiques, protéger les survivantes, et punir les agresseurs.

    Les victimes de violences domestiques comme Jihan méritent beaucoup plus de la part de leur gouvernement. Le Maroc devrait renforcer et adopter des lois en vue d’améliorer la protection pour les victimes de violences domestiques. Human Rights Watch a écrit au gouvernement marocain—et notamment à Bassima Hakkaoui, ministre de la Femme et de la Famille—afin de demander un renforcement du projet de loi sur les violences faites aux femmes, ainsi que des réformes du code pénal et des procédure pénales.

    Voici les mesures les plus importantes que nous recommandons :

    Définition et champ d’application des crimes de violence domestique : Les projets de loi devraient définir clairement la notion de « violence domestique », et pénaliser le viol conjugal. Conformément aux normes de l’ONU, la définition devrait inclure les ex-épouses et les personnes ayant une relation intime non matrimoniale.

    Mesures préventives : Les projets de loi devraient prévoir des mesures de prévention de la violence domestique—notamment des activités de sensibilisation, des modules dans les programmes d’enseignement, ainsi que des actions de sensibilisation des médias aux violences faites aux femmes.

    Responsabilités des forces de l’ordre et du parquet : Les projets de loi devraient spécifier les obligations de la police et des procureurs dans les cas de violence domestique. Ces projets de loi devraient exiger que la police et les procureurs se concertent et communiquent directement, au lieu de demander aux plaignantes de transmettre des messages entre ces services.

    Responsabilités du système judiciaire : Les projets de loi devraient spécifier que le témoignage d’une plaignante pour violences domestiques peut, dans certaines circonstances, être une preuve suffisante pour une inculpation, sans autres témoins.

    Ordonnances de protection : Les projets de loi devraient prévoir spécifiquement des ordonnances de protection, d’urgence et de longue durée.

    En application de ces ordonnances, il serait interdit aux agresseurs de s’approcher des victimes de leurs violences, sous peine d’encourir la force de la loi. Le droit marocain actuel ne prévoit pas de telles ordonnances.

    Autres services et assistance pour les victimes : Les projets de loi devraient prévoir le soutien et la prestation de services aux victimes de violences domestiques. Parmi ces services : des lieux de refuge, des soins physiques et psychologiques, des conseils juridiques, et des lignes d’appels gratuites. Le gouvernement devrait affecter un fond spécial, ou tout autre type d’assistance financière, aux survivantes de violences domestiques.

    6 mars 2016

    Pour plus d’informations, notamment la liste détaillée de nos recommandations au gouvernement marocain, lisez ceci :

    Maroc : Faible réponse face au problème de la violence domestique

    Vous voulez aider Jihan, et toutes les victimes de violences domestiques au Maroc ? Utilisez le hashtag الحقاوي_عطيني_حقي# pour demander à Bassima Hakkaoui, Ministre des Femmes, de renforcer le projet de loi sur les violences faites aux femmes :

    Envoyez un tweet à la Ministre des Femmes marocaine :

    Mme Hakkaoui, défendez les femmes du #Maroc par 1 loi forte contre la violence conjugale https://www.hrw.org/fr/news/2016/02... @MSFFDS الحقاوي_عطيني_حقي#

    Ecrivez sur Facebook à la Ministre des Femmes marocaine :

    1. Copiez le paragraphe suivant en utilisant [Control C] ou [Command C]

    Mme Hakkaoui, les Marocaines ont besoin de vous ! Protégez-les contre la violence conjugale et familiale et punissez les agresseurs, en adoptant une loi forte contre la violence domestique au #Maroc https://www.hrw.org/fr/news/2016/02...

    2. Collez-le, en utilisant [Control V] ou [Command V], en tant que commentaire sous n’importe quel post de la page Facebook du ministère marocain de la Femme

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-reste-avec-lui-meme-s-il

    Et en Algérie, ce n'est pas mieux!

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/9000_plaintes.htm