Droits humains - Page 12
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Nouveautés sur "Amnesty"
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Algérie : La nouvelle Constitution au service des classes dominantes et du pouvoir (Anti-k)
La Constitution adoptée le 7 février dernier par le Parlement accentue le caractère de classe du régime dans une version nettement libérale et pro-impérialiste.
La sacralisation de la propriété privée garantie par l’État et la constitutionnalisation des inégalités sociales et de la pauvreté, à travers la répétition d’expressions comme les « personnes démunies » ou les « catégories défavorisées », consacre juridiquement et politiquement les avancées de la bourgeoisie privée dans son entreprise historique de conquête des principaux appareils d’État.
Un texte de classe et libéral
Cette bourgeoisie est désormais en mesure d’imposer aux travailleurs et aux démunis une « Constitution-charte » qui grave dans le marbre les « dix commandements » de la pensée économique capitaliste. L’État ne cherche pas à mettre fin aux conditions sociales qui produisent nantis en haut de l’échelle sociale et « catégories défavorisées » au bas de cette échelle. Il a au contraire pour fonction de reproduire ce processus de polarisation de classes, en promettant seulement aux « démunis » un minimum d’assistance économique et juridique afin qu’ils ne se révoltent pas. Le caractère de classe bourgeois de l’État est assumé ouvertement.
Récusant toute « discrimination » entre entreprises nationales ou étrangères, publiques ou privées, le nouveau texte présente le développement comme une question technique, neutre socialement et politiquement. Le pouvoir renonce ainsi à toute stratégie de développement basée sur la construction d’un puissant secteur économique public pourtant seul garant d’un minimum de souveraineté nationale et de justice sociale. L’idée que le développement des pays dominés implique obligatoirement un affrontement économique et politique avec l’impérialisme est totalement absente. Le texte a d’ailleurs été salué comme une avancée par nombre de dirigeants impérialistes…
De classe et libérale, la Constitution amendée se démarque toutefois de l’ultralibéralisme en maintenant le caractère public sur un certain nombre de richesses, de secteurs économiques et d’entreprises publiques. Ces restrictions sauteront très certainement au fur et à mesure que la bourgeoisie consolidera son rapport de forces. Leur maintien dans l’actuelle Constitution a cependant déçu les ultralibéraux dont l’avidité à s’accaparer tout ce qui est public n’a pas de limites. En Algérie, l’infitah n’est pas achevé. Des pans entiers de l’économie et des richesses du pays n’ont pas encore été spoliés…
Une domination qui n’est pas absolue
Le désintérêt populaire manifeste pour la révision constitutionnelle et l’incapacité actuelle des oppositions, toutes tendances confondues, à entraver les desseins du pouvoir expriment un double rapport de forces. Un rapport de forces favorable aux classes dominantes vis-à-vis des travailleurs et des démunis. Et un rapport de forces favorable au pouvoir vis-à-vis des oppositions ultralibérales qui occupent le devant de la scène médiatique.
Le choix de passer en force pour faire adopter la nouvelle mouture de la Loi fondamentale illustre néanmoins le fait que la domination des classes dominantes sur les classes dominées n’est pas absolue. Les travailleurs luttent pour défendre leurs intérêts, le secteur économique d’État et les services publics. Des syndicalistes de l’UGTA combattent pied à pied dans le secteur industriel, comme leurs camarades des syndicats autonomes le font dans la fonction publique. Les masses populaires protestent et imposent au pouvoir leurs légitimes revendications (logement, gaz et électricité, eau…). Elles se mobilisent contre le bradage des terres (Aokas…) et font parfois reculer le pouvoir sur des questions environnementales (gaz de schiste d’In Salah).
Construire une alternative crédible
Cette résistance populaire attise les contradictions au sein des classes dominantes. Les fractions compradores tirent à boulet rouge sur le pouvoir afin qu’il brade à leur profit et à celui de leurs maîtres impérialistes les richesses du pays et qu’il liquide ce qui subsiste d’acquis sociaux. Ces divisions au sein des classes dominantes se répercutent dans le champ politique par l’affirmation progressive d’une opposition démocrate ultralibérale qui mène une guerre médiatique doublée d’une guerre de position visant à conquérir des portions de pouvoir au sein du régime.
La domination des classes dominantes et celle du pouvoir sont donc incontestables. Mais elles ne sont pas absolues. Cela explique la subsistance du caractère antidémocratique du régime consacré par la Constitution.
Dans ces conditions, il n’existe pas d’alternative crédible.
Organiser la résistance des travailleurs et des démunis dans tous les secteurs, encourager les luttes démocratiques des femmes, des jeunes, des paysans, des émigrés, et faire converger ces forces sociales autour d’une plateforme démocratique, antilibérale et anti-impérialiste, constituent des tâches urgentes. Les travailleurs, intellectuels, jeunes et femmes qui ont compris que la cause première de la situation présente réside dans le capitalisme doivent pour leur part travailler à la construction d’un parti de classe se fixant pour but historique le dépassement du capitalisme.
D’Alger, Lamine Torki Lundi 7 mars 2016
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Maroc : « Reste avec lui, même s’il veut te tuer » (Afriques en Lutte)
« Jihan » : Le témoignage d’une survivante de la violence domestique au Maroc
Les autorités marocaines échouent souvent à empêcher la violence conjugale et familiale, à protéger les victimes, et à punir les agresseurs. Nous, Human Rights Watch, demandons à la Ministre marocaine de la Femme d’adopter des lois fortes à même de protéger efficacement les victimes de violences domestiques. Pour cela, nous avons besoin de votre aide. Mais d’abord, lisez l’histoire de Jihan :
Jihan (nous avons modifié son nom par mesure de protection), 18 ans, a raconté à Human Rights Watch comment elle avait épousé un homme de plus de 10 ans son aîné, alors qu’elle n’avait que 15 ou 16 ans, avant de s’installer avec lui dans un village de la province d’El Jadida, au Maroc. Elle a déclaré qu’elle l’avait épousé pour fuir la violence que son père exerçait contre elle. Ils ont eu un fils, âgé de 2 ans au moment de l’entretien.
Le témoignage d’une survivante de la violence domestique au Maroc Jihan a confié que son mari l’avait violentée dès le début de leur mariage :
Dès la première nuit [mon mari] a commencé à me manquer de respect. Il me demandait de faire des choses contraires à la religion, comme me mettre nue et danser lorsque ses amis venaient, pendant qu’il jouait de la musique. Je refusais, et il me battait.
Jihan a déclaré que son mari l’avait violée à maintes reprises. « Il m’a forcée à coucher avec lui, même quand je ne voulais pas. » Elle a déclaré qu’il la battait tous les deux ou trois jours, et qu’un jour, il lui avait cogné la tête sur l’évier de la cuisine, occasionnant une blessure qui avait nécessité des points de suture.
Elle a indiqué que lorsqu’elle s’était rendue au poste de police local pour demander de l’aide, « ils [les policiers] m’ont dit : ‘C’est ton mari, on ne peut rien faire. Va au tribunal.’ Pourtant j’avais des marques de coups partout. »
Jihan a confié qu’en avril 2015, son mari l’avait battue et étranglée jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. « Quand j’ai repris conscience, j’étais dans la rue, en pyjama », a-t-elle expliqué. « Je suis encore allée à la police. Ils m’ont dit : ‘On ne peut rien faire pour toi.’ Je leur ai dit qu’il ne voudrait pas me laisser rentrer à la maison. Ils l’ont appelé, mais il a répondu que c’était un mauvais numéro. » Elle a ajouté que la police n’avait rien fait d’autre, et qu’elle s’était alors réfugiée chez sa sœur. Son mari l’a retrouvée et ramenée à la maison.
Jihan a précisé qu’en août, après de nombreuses autres scènes de coups, elle avait demandé le divorce. Son mari lui a répondu : « Ah bon, tu veux le divorce ? Je vais te montrer ce que c’est, le divorce. » Il lui a alors donné un coup de poing dans l’œil et a tenté de lui lacérer le visage avec un couteau. Elle a levé le bras pour se défendre, et il lui a tailladé le bras. Une chercheuse de Human Rights Watch a observé des points de suture récents sur son bras. Jihan a déclaré qu’elle n’avait pas déposé plainte, en précisant : « j’ai peur qu’il se venge et qu’il me tue ».
Jihan logeait dans un refuge géré par une association au moment de l’entretien, et elle avait le sentiment de n’avoir aucun autre endroit où aller. Elle a expliqué que son fils se trouvait avec sa grand-mère paternelle, et qu’elle voulait le récupérer. Elle a indiqué qu’elle voulait le divorce mais que son père refusait de lui remettre son certificat de mariage pour qu’elle puisse introduire la demande de divorce. Il lui a dit : « Dans notre famille, les femmes ne divorcent pas. Reste avec lui, même s’il veut te tuer. »
Human Rights Watch s’est entretenu avec « Jihan », ainsi qu’avec 19 autres femmes et filles au Maroc en septembre 2015. Sa situation est un exemple des violences domestiques subies par les femmes dans ce pays, et de la faible réactivité du gouvernement face à ce problème.
Human Rights Watch a constaté que souvent, les autorités marocaines échouent à empêcher les violences domestiques, protéger les survivantes, et punir les agresseurs.
Les victimes de violences domestiques comme Jihan méritent beaucoup plus de la part de leur gouvernement. Le Maroc devrait renforcer et adopter des lois en vue d’améliorer la protection pour les victimes de violences domestiques. Human Rights Watch a écrit au gouvernement marocain—et notamment à Bassima Hakkaoui, ministre de la Femme et de la Famille—afin de demander un renforcement du projet de loi sur les violences faites aux femmes, ainsi que des réformes du code pénal et des procédure pénales.
Voici les mesures les plus importantes que nous recommandons :
Définition et champ d’application des crimes de violence domestique : Les projets de loi devraient définir clairement la notion de « violence domestique », et pénaliser le viol conjugal. Conformément aux normes de l’ONU, la définition devrait inclure les ex-épouses et les personnes ayant une relation intime non matrimoniale.
Mesures préventives : Les projets de loi devraient prévoir des mesures de prévention de la violence domestique—notamment des activités de sensibilisation, des modules dans les programmes d’enseignement, ainsi que des actions de sensibilisation des médias aux violences faites aux femmes.
Responsabilités des forces de l’ordre et du parquet : Les projets de loi devraient spécifier les obligations de la police et des procureurs dans les cas de violence domestique. Ces projets de loi devraient exiger que la police et les procureurs se concertent et communiquent directement, au lieu de demander aux plaignantes de transmettre des messages entre ces services.
Responsabilités du système judiciaire : Les projets de loi devraient spécifier que le témoignage d’une plaignante pour violences domestiques peut, dans certaines circonstances, être une preuve suffisante pour une inculpation, sans autres témoins.
Ordonnances de protection : Les projets de loi devraient prévoir spécifiquement des ordonnances de protection, d’urgence et de longue durée.
En application de ces ordonnances, il serait interdit aux agresseurs de s’approcher des victimes de leurs violences, sous peine d’encourir la force de la loi. Le droit marocain actuel ne prévoit pas de telles ordonnances.
Autres services et assistance pour les victimes : Les projets de loi devraient prévoir le soutien et la prestation de services aux victimes de violences domestiques. Parmi ces services : des lieux de refuge, des soins physiques et psychologiques, des conseils juridiques, et des lignes d’appels gratuites. Le gouvernement devrait affecter un fond spécial, ou tout autre type d’assistance financière, aux survivantes de violences domestiques.
6 mars 2016
Pour plus d’informations, notamment la liste détaillée de nos recommandations au gouvernement marocain, lisez ceci :
Maroc : Faible réponse face au problème de la violence domestique
Vous voulez aider Jihan, et toutes les victimes de violences domestiques au Maroc ? Utilisez le hashtag الحقاوي_عطيني_حقي# pour demander à Bassima Hakkaoui, Ministre des Femmes, de renforcer le projet de loi sur les violences faites aux femmes :
Envoyez un tweet à la Ministre des Femmes marocaine :
Mme Hakkaoui, défendez les femmes du #Maroc par 1 loi forte contre la violence conjugale https://www.hrw.org/fr/news/2016/02... @MSFFDS الحقاوي_عطيني_حقي#
Ecrivez sur Facebook à la Ministre des Femmes marocaine :
1. Copiez le paragraphe suivant en utilisant [Control C] ou [Command C]
Mme Hakkaoui, les Marocaines ont besoin de vous ! Protégez-les contre la violence conjugale et familiale et punissez les agresseurs, en adoptant une loi forte contre la violence domestique au #Maroc https://www.hrw.org/fr/news/2016/02...
2. Collez-le, en utilisant [Control V] ou [Command V], en tant que commentaire sous n’importe quel post de la page Facebook du ministère marocain de la Femme
http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-reste-avec-lui-meme-s-il
Et en Algérie, ce n'est pas mieux!
http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/9000_plaintes.htm
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Halte aux tortures à Djibouti (Afriques en Lutte)
Mr Houmed Ismael âgé de 23 ans sans aucun engagement politique, a été arrêté puis torturé par le chef de brigade Abdourahman Askar et ses collègues dans les locaux de la gendarmerie de Tadjourah. Il a succombé aux tortures le 14 février, son corps n’a pas été restitué à sa famille.
La gendarmerie de Tadjourah n’est pas à son coup d’essai, s’agissant des tortures. Toutes les personnes arrêtées subissent des sévices corporels et des traitements inhumains et dégradants.
Les gendarmes de Lac Assal (55 km de la capitale)
ont exécuté le 23 août 2015 un jeune djiboutien Ali Mohamed Haïssama ;
ont arrêté et torturé le 3 octobre Badoul Yussuf et Yussuf Houmad parce qu’ils ont des frères parmi le FRUD ; le 9 février 2016, 8 autres personnes.Les gendarmes de Tadjourah
Ont arrêté le 8 octobre 2015, 10 personnes dont 3 femmes qui furent férocement torturées par le chef de brigade Abdourahman Askar, à cause de leurs liens de parenté avec les membres du FRUDLe Service de Documentation et de Recherche (SRD) de la gendarmerie basé à la brigade nord de la capitale est tristement célèbre pour être un lieu de torture où on inflige toutes formes de sévices, indistinctement aux politiques, aux défenseurs des droits humains, aux femmes ainsi qu’aux civils innocents.
Mi-octobre 20 personnes dont 5 femmes arrêtées dans le district d’Obock et dans la capitale ont été transférées au SRD de la gendarmerie où elles furent systématiquement torturées ;
Toujours au mois d’octobre, 12 jeunes sympathisants de l’USN ont été pris à parti au SRD où ils ont subi de mauvais traitements.
Après l’ignoble massacre de Yonis Moussa (sous clan-Issa) à Buldhuko où 27 personnes ont été tuées selon la FIDH par les forces de l’ordre le 21 décembre, 10 membres de cette communauté dont 3 femmes ont en plus été arrêtées et ont subi des tortures au SRD le 22 et 23 décembre.En République de Djibouti, les tortures se pratiquent depuis 38 ans dans l’impunité totale, à tel point que la gendarmerie est devenue le corps des tortionnaires !
Nos organisations demandent :
l’arrêt immédiat des tortures à Djibouti et le jugement des tortionnaires ;
la suspension de la coopération française avec la gendarmerie de Djibouti ;
l’enquête sur les tortures infligées à Mr Houmad IsmaelParis, le 18 février 2016
Pour l’ORDHD, A COLOMBA
Pour l’AFASPA, Jean-Paul ESCOFFIER, Président
1er mars 2016 par
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Manifestation à Paris de solidarité avec les contestations du peuple marocain (Essf)
Appel à manifester à Paris, en solidarité avec les contestations du peuple marocain
A l’occasion du 5e anniversaire du mouvement du 20 février
Face à la prédation économique et à l’explosion des inégalités sociales, les marocain(e)s se soulèvent encore, 5 ans après la naissance de ce mouvement en scandant les mêmes revendications. En effet, les villes du Nord ont connu un soulèvement populaire avec l’un des slogans du mouvement du 20 février : « Amendis dégage ! », les étudiants en médecine ont pacifiquement manifesté pour leur droits légitimes, les habitants des régions les plus marginalisées du Maroc à l’image d’Imider, de Bouarfa, du Rif…etc. continuent leur lutte contre les politiques d’exclusion et d’appauvrissement, les enseignants stagiaires poursuivent depuis plusieurs mois leur lutte contre les réformes gouvernementales et pour la défense de l’enseignement public. C’est une large frange de la population qui fait entendre sa voix et ce malgré la répression sauvage dont elle est victime.
Les indicateurs économiques et les rapports nationaux et internationaux reflètent cette situation alarmante que vivent les Marocain(e)s. En 2014, l’Unesco a classé le système éducatif marocain parmi les « 21 pires systèmes éducatifs » au monde. En 2015, le rapport du PNUD sur le développement humain a placé le pays à la 126e position (sur 188 pays analysés). Les rapports de l’Organisation International du Travail, d’Amnesty, de Transparency, de Reporters Sans Frontières, de Human Rights Watch, de l’AMDH, de l’ASDHOM… n’échappent pas à cette tendance.
Menaces, tabassages, prisons ou tortures, sont le lot quotidien des militant(e)s et des marocain(e)s libres qui luttent chaque jour pour un Maroc meilleur. On réprime les organisations des droits humains, on musèle les journalistes, mais on honore les présumés tortionnaires. L’un d’entre eux, Abdellatif HAMMOUCHI, a été promu à la légion d’honneur par le Ministre de l’Intérieur français en 2014 malgré les plaintes en cours. Ce triste événement marque ainsi un nouvel épisode du soutien de l’état français au régime marocain.
Le mouvement marocain du 20 février a ouvert une brèche pour un réel changement et un avenir meilleur pour tou(te)s les marocain(e)s. Il reste l’un des points d’appui pour amplifier la résistance face à la prédation économique et la politique répressive du pouvoir en place.
À travers cet appel, les organisations signataires accompagnées de toutes les personnes voulant exprimer leur solidarité avec les luttes du peuple marocain appellent à manifester pour :
La liberté, l’égalité, la dignité et la justice sociale
Rendez-vous, le samedi 20 février 2016 à 15h
Devant l’ambassade du Maroc à Paris
(5 Rue le Tassé, Paris, Métro 6 ou 9, station Trocadéro).
Premiers signataires :
Mouvement du 20 Février Paris/IDF, Association Marocaine des Droits Humains Paris/IDF (AMDH Paris/IDF), Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Collectif des Amazighs de France pour le Changement Démocratique au Maroc, Taharour Dimocrati /Emancipation démocratique, Association des Marocains en France (AMF), La Voie Démocratique Paris (Annahj-Paris), Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Association Marocaine des Droits Humains Nord/France (AMDH Nord/France) …
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Bahreïn. Cinq ans après le soulèvement de 2011, les espoirs de justice et de réforme s'estompent (Amnesty)
Cinq ans après la vague de manifestations en faveur d'une réforme en profondeur qui a ébranlé Bahreïn, les espoirs d'avancées en matière de droits humains et d'obligation de rendre des comptes pour les violations passées et présentes s'estompent, a déclaré Amnesty International.
Le mouvement de contestation qui a débuté le 14 février 2011 s'est heurté à la violence des forces de sécurité, qui ont blessé et tué des manifestants. D'autres sont morts en détention après avoir été torturés.
« Cinq ans après le soulèvement, la torture, les détentions arbitraires et la répression généralisée contre les militants pacifiques et les détracteurs du gouvernement se poursuivent. Aujourd'hui à Bahreïn, quiconque ose critiquer les autorités – défenseur des droits humains ou militant politique – risque d'être sanctionné, a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.
« Les autorités ont promis de sanctionner les membres des forces de sécurité ayant bafoué les droits humains en 2011, mais les Bahreïnites attendent toujours que justice soit rendue. Les institutions mises sur pied pour protéger les droits fondamentaux ne mènent pas d’enquêtes indépendantes, n'amènent pas les responsables à rendre des comptes, et semblent de plus en plus servir à dissimuler les violations persistantes. »
Des militants politiques, des défenseurs des droits humains, des enseignants et des médecins comptaient parmi les personnes arrêtées pour avoir organisé ou participé aux manifestations de 2011, ou pour avoir dénoncé les violences. Nombre d'entre eux sont toujours derrière les barreaux. Plusieurs purgent des condamnations à la réclusion à perpétuité, parfois sur la base d'« aveux » qui leur auraient été extorqués sous la torture. Contraste saisissant, l'immense majorité des violations n'a pas donné lieu à des poursuites.
Les rares membres des forces de sécurité poursuivis pour avoir bafoué les droit humains, dont ceux qui ont abattu des manifestants, ont été acquittés pour « légitime défense » ou condamnés à des peines symboliques ne reflétant pas la gravité de leurs actes.
« En ne soumettant pas les membres des forces de sécurité responsables des violations commises en 2011 à l’obligation de répondre de leurs actes, les autorités laissent à penser que la torture et le recours abusif et arbitraire à la force ne seront pas punis. Elles doivent maîtriser leurs forces de sécurité et affirmer sans équivoque que les violations ne seront pas tolérées et que les responsables présumés seront traduits en justice », a déclaré James Lynch. 11 février 2016
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La crise des réfugiés syriens en quelques chiffres (Amnesty)
Les réfugiés dans la région
Plus de 4,5 millions de réfugiés venant de Syrie se trouvent dans seulement cinq pays, à savoir la Turquie, le Liban, la Jordanie, l'Irak et l'Égypte :
- la Turquie accueille 2,5 millions deréfugiés venant de Syrie, soit plus que tout autre pays au monde ;
- le Liban accueille environ 1,1 million de réfugiés venant de Syrie, ce qui représente environ une personne sur cinq dans le pays ;
- la Jordanie accueille environ 635 324 réfugiés venant de Syrie, chiffre qui représente environ 10 % de la population ;
- l'Irak, où 3,9 millions de personnes ont déjà été déplacées à l'intérieur du pays, accueille 245 022 réfugiés venant de Syrie ;
- l'Égypte accueille 117 658 réfugiés venant de Syrie.
Seuls 61 % du montant de l'appel de fonds lancé par l'ONU pour répondre aux besoins humanitaires des réfugiés syriens avaient été obtenus à la fin de l’année 2015.
Le manque de fonds signifie que les réfugiés syriens les plus vulnérables au Liban ne reçoivent que 21,60 $ par mois soit 0,70 cents par jour pour l'aide alimentaire, ce qui est bien en-dessous du seuil de pauvreté fixé par l’ONU à 1,90 $.
86 % des réfugiés syriens en Jordanie vivent en dessous du seuil de pauvreté local.
Le conflit en Syrie
Selon l’ONU, environ 250 000 personnes ont été tuées et 13,5 millions de personnes ont besoin d'urgence d'une aide humanitaire en Syrie.
Plus de 50 % de la population syrienne est actuellement déplacée.
Réinstallation à l'étranger
Au total, 162 151 places d'accueil ont été offertes au niveau mondial depuis le début de la crise en Syrie, ce qui ne représente que 3,6 % de la population totale des réfugiés syriens au Liban, en Jordanie, en Irak, en Égypte et en Turquie.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), au moins 450 000 personnes dans les cinq principaux pays d’accueil – soit 10 % – ont besoin d'être réinstallées.
Amnesty International demande instamment que des offres de réinstallation ou d’autres formes d’accueil soient offertes à au moins 10 % des réfugiés les plus vulnérables venant de Syrie d'ici la fin de 2016.
Repères :
- Les pays du Golfe, dont le Qatar, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn, ont offert zéro place d'accueil pour les réfugiés syriens.
- D'autres pays à hauts revenus tels que la Russie, le Japon, Singapour et la Corée du Sud ont aussi offert zéro place d'accueil.
- L'Allemagne s'est engagée à offrir 39 987 places pour les réfugiés syriens par le biais de son programme d’admission humanitaire et de parrainages individuels, ce qui représente environ 54 % du total pour l'Union européenne (UE).
- L'Allemagne et la Suède ont à elles deux reçu 57 % des demandes d'asile de Syriens en UE entre avril 2011 et juillet 2015.
- Outre l'Allemagne et la Suède, les 26 autres pays de l'UE se sont engagés à offrir 30 903 places d'accueil, chiffre qui représente environ 0,7 % des réfugiés syriens se trouvant dans les principaux pays d’accueil.
Sources: Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Organisation internationale pour les migrations (OIM)3 février 2016
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/02/syrias-refugee-crisis-in-numbers/
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Turquie. Les autorités doivent permettre aux Syriens qui fuient les combats à Alep de se mettre en sécurité (Amnesty)
Les dizaines de milliers de personnes fuyant l'offensive conjointe menée par les gouvernements syrien et russe dans le nord de la Syrie doivent être autorisés à franchir la frontière pour se mettre en sécurité en Turquie, a déclaré Amnesty International le 5 février 2016, alors que des milliers de personnes attendent aux postes-frontière, qui restent fermés.
Selon certaines informations, entre 40 000 et 70 000 personnes sont déplacées, fuyant les combats qui font rage près de la ville d'Alep. Plus de 20 000 attendent déjà à Bab al Salam, du côté syrien du poste-frontière d'Öncüpınar, dans la province de Kilis, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, actuellement fermée.
« La Turquie a laissé entrer un très grand nombre de personnes fuyant les horreurs de la guerre et la catastrophe humanitaire. Elle ne doit pas fermer ses portes à ceux qui ont besoin de se mettre en sécurité, a déclaré Sherif Elsayed Ali, directeur adjoint du programme Thématiques mondiales à Amnesty International.
« Ces personnes fuient les frappes aériennes et les violents combats. Elles sont traumatisées et épuisées. La Turquie doit leur permettre d'entrer sur son territoire et la communauté internationale doit faire tout son possible pour fournir à ce pays l’aide dont il a besoin. »
Amnesty International a recensé tout au long du conflit des attaques illégales généralisées contre des zones civiles et des centres médicaux, imputables aux forces du gouvernement syrien et, de plus en plus, aux forces russes, qui apportent leur soutien au gouvernement syrien depuis septembre 2015. Elle a notamment recueilli des éléments attestant de l'utilisation illégale de bombes non guidées dans des zones à forte densité de population et d'armes à sous-munitions, par nature non discriminantes.
« L'offensive conjointe des forces syriennes et russes contre Alep fait de nombreuses victimes parmi la population civile, contraint des milliers à fuir et avive les craintes qu'un siège ne soit mis en place, car les voies d'approvisionnement vers les zones contrôlées par l'opposition sont coupées. La communauté internationale ne peut guère se dire surprise d'assister à cet exode aujourd'hui, a déclaré Sherif Elsayed Ali.
« La conférence des donateurs qui s'est tenue le 4 février à Londres a promis un fonds de 10 milliards de dollars pour les personnes touchées par la guerre en Syrie – ce qui montre à quel point leurs besoins sont critiques et urgents. La Turquie, ainsi que le Liban et la Jordanie, accueillent un nombre disproportionné de réfugiés et la communauté internationale doit mettre en œuvre ses engagements en vue de proposer une part équitable de places de réinstallation pour les réfugiés. »
Complément d’information
Amnesty International a demandé à plusieurs reprises aux pays voisins de la Syrie de maintenir des postes-frontière ouverts aux réfugiés syriens fuyant le conflit, à savoir des points de passage suffisants, situés au bon endroit, sûrs et réguliers. Pourtant, la Turquie, le Liban et la Jordanie ferment fréquemment leurs frontières, tout comme l'Irak, ce qui entrave le passage des réfugiés et les oblige à emprunter des itinéraires dangereux et clandestins, et à faire appel à des passeurs.
Malgré les promesses d'aide du 4 février, la réponse globale de la communauté internationale à la crise en Syrie s'avère insuffisante et les organismes ont dû restreindre l'aide fournie à ceux qui en ont besoin. Les fonds, les promesses de réinstallation, par lesquelles un État propose une résidence et de l'aide aux réfugiés qui fuient leurs pays d'origine, ainsi que les itinéraires sûrs et légaux pour se mettre en sécurité, demeurent trop rares. 5 février 2016
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Six syndicalistes et militants des droits de l’homme arrêtés par la police (Algeria Watch)
Le Wali d’Alger empêche une réunion du Snapap
Des syndicalistes et des membres d’associations ont été empêchés, hier, de tenir une réunion sur le pouvoir d’achat et la loi de finances 2016.
Un dispositif policier dépêché par le wali d’Alger a empêché la tenue de la rencontre, programmée par le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) hier à la maison des syndicats à Bab Ezzouar, Alger.
Salah Debbouz, président la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) a été arrêté avec d’autres membres du Snapap, mais aussi du Syndicat autonome des travailleurs du secteur des transports.
Au total, six syndicalistes et militants ont été arrêtés et conduits au commissariat d’El Djorf (Bab Ezzouar) pour «rassemblement sans autorisation», précise Mourad Tchiko, membre du conseil national du Snapap. «Ce motif est nul, puisqu'il s’agit d’une réunion programmée au siège du syndicat qui ne nécessite pas, selon la loi en vigueur, une autorisation préalable des autorités locales», souligne le même syndicaliste, qui exprime une sérieuse inquiétude sur l’exercice des activités syndicales.
Ce syndicaliste, qui dénonce la force utilisée par les policiers pour empêcher la tenue de la réunion — la troisième du genre depuis quelques semaines — sur ordre du wali d’Alger. «C’est une décision arbitraire qui trahit la volonté des pouvoirs publics à museler tout ce qui ne concorde pas avec le discours officiel servi par les médias publics et les satellites du pouvoir», dénonce Mourad Tchiko, contacté hier.
Le Snapap organise depuis quelques semaines des rencontres entre syndicalistes et société civile autour de la situation socioéconomique du pays. Les réunions passées avaient trait au pouvoir d’achat des Algériens, sérieusement menacé par les dispositions de la loi de finances 2016 qui comporte de nouvelles augmentations des tarifs de produits de large consommation.
«La rencontre d’aujourd’hui (hier, ndlr) devait porter sur les dispositions de la loi de finances mais aussi sur la lutte contre la corruption. Les autorités ne veulent apparemment pas de fausses notes pour le vote des nouvelles constitutions qu’elles présentent comme voies salutaires vers l’Etat civil tant recherché et voilà qu’elles nous affichent la couleur de ce qui attend les syndicats et les autres formes de militantisme», soutient encore M. Tchiko.
Plusieurs réunions ont été consacrées par ce syndicat à l’analyse du salaire des fonctionnaires algériens. On se rappelle de l’étude réalisée par un groupe de syndicalistes, rendue publique il y a quelques semaines, faisant état de la détérioration du pouvoir d’achat et appelant à l’instauration de mesures d’urgence au profit des ménages aux revenus modestes. Le Snapap compte saisir les organisations et instances nationales et internationales sur «cet abus de pouvoir» et n’écarte pas la possibilité de poursuivre en justice M. Zoukh, le wali d’Alger. El Watan, 7 février 2016
Fatima Aït Khaldoun-Arabhttp://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/syndicalistes_militants_arretes.htm
http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/snapap_denonce_arrestations.htm
Voir aussi:
http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/praticiens_sante_privatisations.htm
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Le Maroc intensifie la répression de la liberté de la presse avec un procès contre le journalisme citoyen (Amnesty)
Le procès de sept journalistes et militants marocains accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État et de manquement au devoir de signaler des financements étrangers, qui doit s’ouvrir mercredi 27 janvier, s’inscrit dans une opération calculée de répression contre la liberté d'expression, a déclaré Amnesty International.
Ces sept personnes doivent être jugées pour avoir pris part à un projet financé par des acteurs étrangers, qui visait à former des membres du public à l’utilisation de smartphones dans le but de pratiquer un journalisme citoyen. Les documents juridiques relatifs à cette affaire indiquent que les autorités estiment que le journalisme citoyen est susceptible d’ébranler la confiance des Marocains dans leurs institutions.
« Ce cas démontre clairement que le gouvernement marocain intensifie ses attaques contre la liberté de la presse. Aider des Marocains à maîtriser la technologie des smartphones afin de rendre compte de ce qui se passe dans le pays n’est pas un crime, et il est choquant que cela soit traité comme une atteinte à la sûreté de l’État. Les Marocains ont le droit de recevoir et de diffuser des informations sur l'actualité de leur pays », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Aux termes de la législation marocaine en matière de sécurité, cinq des sept accusés encourent des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. Amnesty International exhorte les autorités à abandonner les poursuites contre les sept accusés.
Ce procès n’est que le dernier exemple en date d’un durcissement de la répression contre la liberté d'expression au Maroc.
Dans une autre affaire médiatisée, un tribunal spécialisé dans les affaires relatives au terrorisme a accusé le journaliste Ali Anouzla d’«apologie» du terrorisme, et d’« aide matérielle » et d’«incitation » au terrorisme.
Les charges en question sont en relation avec un article publié en 2013 sur Lakome.com, le site d’information alors très suivi d’Ali Anouzla, dans lequel celui-ci avait critiqué une vidéo du groupe armé Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il a été arrêté et maintenu en détention pendant plus d’un mois à la suite de cette publication, et le site Internet a été fermé.
S’il est déclaré coupable, il risque jusqu’à 20 ans de réclusion.
Dans le cadre d’une affaire distincte, Ali Anouzla a été inculpé d’« atteinte à l’intégrité territoriale » pour un entretien accordé au quotidien allemand Bild en novembre dernier - après avoir reçu le prix Raif Badawi, décerné à des journalistes pour leur courage - dans lequel il aurait utilisé l’expression « Sahara occidental occupé ». Le journaliste soutient que Bild a mal traduit ses paroles, et qu’il avait seulement fait référence à ce territoire sous le nom de « Sahara ». Les autorités marocaines revendiquent leur souveraineté sur le Sahara occidental, un territoire au sud du Maroc, annexé en 1975. S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement en vertu du Code de la presse.
« Les autorités marocaines doivent abandonner les charges retenues contre Ali Anouzla et cesser de poursuivre des journalistes faisant leur travail, ainsi que des militants non violents, pour des faits en relation avec la sûreté de l’État et le terrorisme. Elles doivent mettre un terme à leur campagne actuelle visant à faire taire les voix dissidentes et à apeurer les gens afin de les forcer à s’autocensurer », a déclaré Said Boumedouha.
Complément d'information
Les personnes en instance de jugement sont :
Maati Monjib, 53 ans, historien et fondateur du Centre Ibn Rochd d’études et de communication, président de l’ONG Freedom Now (qu’il a créée avec Ali Anouzla) et membre de l’Association marocaine pour le journalisme d'investigation (AMJI). S’exprimant régulièrement au sujet de la politique marocaine dans les médias internationaux, au sein de clubs de réflexion et sur la scène universitaire, il est certainement la principale personnalité visée par ces poursuites.
Abdessamad Ait Aicha (connu sous le nom de Samad Iach), 31 ans, journaliste, ancien employé du Centre Ibn Rochd d’études et de communication, et membre de l’AMJI.
Hicham Mansouri, 35 ans, journaliste et ancien employé de l’AMJI, récemment remis en liberté après avoir purgé une peine de 10 mois de prison. Amnesty International craint que sa condamnation n’ait été motivée par des considérations politiques.
Hicham Khreibchi (connu sous le nom d’Hicham Al Miraat), 39 ans, médecin, fondateur et ancien président de l’Association des droits numériques (ADN), et ancien responsable des actions de plaidoyer à Global Voices.
Mohamed Essaber/Sber, 44 ans, président de l’Association marocaine pour l’éducation de la jeunesse (AMEJ).
Maria Moukrim, 39 ans, journaliste, ancienne présidente de l’AMJI.
Rachid Tarik, 68 ans, journaliste (à la retraite), président de l’AMJI.
Plusieurs accusés sont par ailleurs d’anciens sympathisants ou membres du mouvement du 20-Février, une mouvance pacifique pro-démocratie et anti-corruption ayant émergé en 2011 au Maroc dans le contexte des soulèvements populaires dans la région.