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Droits humains - Page 13

  • Répression des dernières manifestations : l’étonnante brutalité des forces de l’ordre (Algeria Watch)

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    La semaine qui s’achève aura été agitée à Oued El Ma, dans la wilaya de Batna.

    Les habitants de cette commune sont sortis manifester à partir de lundi pour dénoncer la marginalisation de leur région et l’absence de projets de développement. Ils ont fait l’objet d’une violente répression de la part des forces de l’ordre, selon plusieurs témoignages. Dans un communiqué publié ce samedi, le Front des forces socialistes (FFS) a notamment dénoncé les « dépassements en gros commis par les forces de sécurité », tels que des « arrestations arbitraires de citoyens, des violations de domiciles et destruction de la propriété privée ».

    Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ainsi que l’intervention musclée de ces derniers dans la commune d’Oued El Ma ne sont pas sans rappeler la stratégie agressive utilisée par les forces de l’ordre en réponse au mouvement de protestation des travailleurs de l’usine SNVI de Rouiba en décembre dernier.

    Dans les deux cas, l’intervention des forces de l’ordre aura été immédiate et démesurée, en contraste avec ses méthodes habituelles. Car si les forces de l’ordre en Algérie sont traditionnellement et notoirement connues pour leur brutalité, la nouveauté réside dans la façon systématique avec laquelle les forces de l’ordre basculent désormais vers celle-ci.

    Cette nouvelle stratégie tranche par exemple avec la façon dont les forces de l’ordre avaient géré les émeutes de 2011. Si la répression avait bien été au rendez-vous, elle avait néanmoins d’abord laissé place à une période d’observation. L’action des forces de l’ordre semblait par ailleurs contenue, elle ne laissait pas transparaître de la nervosité comme c’est le cas actuellement.

    Qu’a donc changé entre ces émeutes-là et celles d’Oued El Ma ? Une option probable serait peut être que les autorités semblent vouloir transmettre un message à ceux qui seraient éventuellement tentés de sortir dans les rues. L’action des forces de l’ordre pourrait servir donc de démonstration de force destinée à décourager toute velléité de protestation, au moment où la situation économique s’apprête à s’aggraver en Algérie.

    Par Radia Touri, TSA, 23 janvier 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/brutalite_forces_securite.htm

    Lire aussi:

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/revolte/occuper_rue.htm

  • La Tunisie est-elle le modèle pour les droits des femmes qu’elle prétend être ? (Amnesty)

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    Analyse des progrès de la Tunisie en matière de droits des femmes avant et après la « Révolution du Jasmin ».

    Le 14 janvier marque le cinquième anniversaire de la date à laquelle les Tunisiens ont évincé le président Ben Ali. En plus des appels à la liberté, à la dignité et à de meilleures conditions de vie, le soulèvement tunisien a apporté l’espoir de voir les droits des 5,5 millions de femmes en Tunisie renforcés. La Tunisie est connue pour être un exemple en matière de droits des femmes dans le monde arabe. Mais cette réputation résiste-t-elle à un examen approfondi de la situation ?

    Voici un récapitulatif des progrès de la Tunisie jusqu’à maintenant.

    Droit de vote ? Oui

    Les femmes ont acquis le droit de vote en Tunisie en 1957, un an après l’indépendance du pays par rapport à la France. Bien que la France ait introduit le droit de vote pour les femmes en 1944, elle n’avait pas étendu ce droit à la Tunisie, contrôlée par la France depuis 1881.

    Conditions permettant à davantage de femmes de se porter candidates en politique ? Oui

    Les femmes peuvent être candidates aux postes au gouvernement depuis 1959 en Tunisie. Cependant, plus de 20 ans se sont écoulés avant qu’une femme ne soit élue : en 1983, Fethia Mzali a été nommée ministre de la Famille et de la Promotion de la femme, devenant ainsi la première femme à obtenir un poste politique en Tunisie. Le pays a introduit des quotas volontaires de femmes pour les listes électorales des partis politiques en 1999.

    Ces quotas sont devenus une obligation légale en 2011. Lors des élections parlementaires d’octobre 2014, les femmes ont obtenu 30 % des sièges (soit plus qu’au Royaume-Uni, en France et au Congrès des États-Unis). C’est également en 2014 qu’une femme s’est présentée aux élections présidentielles pour la première fois en Tunisie. 

    Représentation des femmes dans les professions traditionnellement dominées par les hommes ? Oui... et non

    En 2010, 33 % des juges et 42,5 % des avocats en Tunisie étaient des femmes. En 2013, les femmes représentaient 30 % des ingénieurs et en 2014, elles représentaient 42 % des médecins. Bien que le taux d’alphabétisation des femmes soit plus élevé que celui des hommes, et bien que beaucoup plus de femmes obtiennent un diplôme universitaire, le nombre de femmes sur le marché du travail reste inférieur au nombre d’hommes. De plus, les femmes n’occupent que trois postes politiques sur 30.

    Accès à l’avortement ? Oui... et non

    La Tunisie a introduit le droit à l’avortement sur demande (le droit de demander et de se voir accorder un avortement sans délai) dans les trois premiers mois de grossesse en 1973, soit deux ans avant la France. L’avortement sur demande pendant le premier trimestre était autorisé pour les femmes ayant cinq enfants ou plus depuis 1965. La libre contraception a été introduite en 1973.

    Cependant, des données tendent à prouver que les femmes non mariées se voient souvent refuser le droit à un avortement sous le prétexte fallacieux que l’accord du père est nécessaire. Même des femmes mariées ont été dissuadées de mettre fin à leur grossesse par le personnel de cliniques publiques prétendant que l’avortement est immoral ou repoussant délibérant l’avortement jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour le pratiquer.

    Droit au mariage ? Oui... et non

    Les femmes et les hommes ont des droits égaux en ce qui concerne le mariage, le divorce et la propriété. Les hommes ne peuvent plus divorcer de leur femme sans passer par un tribunal. Grâce aux efforts des groupes de défense des droits des femmes dans le pays et aux changements apportés à la loi en 1993, les femmes mariées ne sont plus forcées d’« obéir » à leur mari.

    Cependant, le mari est toujours considéré comme le chef de famille et doit toujours subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants du mieux qu’il le peut. Les époux doivent remplir leurs devoirs conjugaux conformément aux usages et aux traditions, lesquels sont ancrés dans des attitudes et des convictions qui portent préjudice aux femmes. Une récente étude gouvernementale a montré que les femmes passent huit fois plus de temps à effectuer des tâches ménagères que les hommes, y compris à s’occuper des enfants et des personnes âgées.

    Protection des femmes contre la violence familiale ? Non

    La violence contre les femmes, particulièrement dans le cadre de la famille, reste un grave problème en Tunisie. Selon un sondage effectué par le gouvernement en 2010, 47,6 % des femmes interrogées avaient été victimes d’une forme de violence au moins une fois dans leur vie. Parmi celles-ci, un peu moins d’un tiers avaient été victimes de violence physique, 28,9 % de violence psychologique et 15,7 % de violence sexuelle. La grande majorité de celles qui avaient été victimes de violence sexuelle (78,2 %) ont déclaré que leur partenaire intime en avait été l’auteur.

    Bien que la violence familiale soit reconnue comme un crime, plus de la moitié des personnes qui en ont été victimes déclarent qu’elles ne l’ont pas signalé à la police ou à quiconque car il s’agit de « faits habituels qui ne valent pas la peine d’être discutés ». D’autres ont déclaré ne pas vouloir faire honte à leur famille.

    Celles qui signalent des violences déclarent souvent que la police les dissuade de porter plainte en leur disant de penser d’abord au bien-être de leurs enfants et ne pas briser la famille. L’hébergement d’urgence et les foyers pour les victimes de violences familiales sont rares, ce qui empêche ces femmes de chercher à obtenir justice car elles n’ont nulle part où se réfugier.

    Protection des droits des femmes par la loi ? Non

    Bien que la Constitution tunisienne de 2014 protège les progrès réalisés par les mouvements de défense des droits des femmes et garantisse le principe d’égalité et de non-discrimination, des lois discriminatoires à l’égard des femmes continuent de poser un problème. Le Code pénal classe la violence sexuelle comme une attaque contre la décence d’une personne, en mettant l’accent sur les notions d’« honneur » et de « moralité ». Le viol est mal défini et le viol conjugal n’est même pas reconnu. Selon le Code du statut personnel tunisien, un mari ne peut pas avoir de relation sexuelle avec sa femme tant qu’il n’a pas payé une dot. Cela implique qu’une fois qu’il l’a payée, il est autorisé à avoir des relations sexuelles avec elle quand il veut.

    De nombreuses femmes avec qui Amnesty s’est entretenue ont déclaré n’avoir jamais refusé de rapport sexuel avec leur mari, parce qu’elles ne pensaient pas avoir le droit. De plus, un vide juridique dans la loi tunisienne permet toujours aux violeurs d’échapper à leur condamnation s’ils épousent leur victime adolescente. Bien que cela ne soit possible que si la jeune fille accepte, la liberté qui entoure cet accord reste discutable.

    La Tunisie est-elle donc le modèle qu’elle prétend être pour les droits des femmes ? Pas encore. Mais après avoir fait tant de progrès impressionnants, le pays met ses propres efforts en danger en hésitant à régler ces derniers obstacles qui représentent pourtant beaucoup.

    L’histoire est largement à la portée de la Tunisie. Appelons ses dirigeants à la prendre en main.

     Shiromi Pinto,

    https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2016/01/is-tunisia-the-beacon-of-womens-rights-it-claims-to-be/

  • Solidarité avec Ashraf Fayad (Afps)

    "Je suis l’expérience de l’enfer sur la planète Terre".Retour ligne automatique Le poète palestinien Ashraf Fayad a été condamné à mort pour "apostasie" par des juges d’Arabie saoudite. Il lui est notamment reproché d’avoir publié un recueil de poèmes en 2007, "Instructions internes", qui contiendrait des poèmes athées. (Cette condamnation à mort intervient après une première condamnation à quatre ans de prison et 800 coups de fouets).

    Nous vous invitons à participer à la soirée de solidarité en sa faveur qui se tiendra le jeudi 21 janvier 2016, à 20 heures au théâtre Toursky (espace Léo Ferré).

    Cette soirée est co-organisée par l’association le Scriptorium, le Théâtre Toursky, l’Union des Poètes & cie, la revue des Archers.

    Au cours de ce temps de solidarité, des poètes et des artistes français et étrangers liront des poèmes de Fayad Ashraf, ainsi que des poèmes en rapport avec le sujet, ponctués par des moments musicaux.

    Cette réunion s’inscrit dans une succession de manifestations qui ont eu lieu et vont se dérouler dans d’autres villes de France et régions du monde : Maison de la Poésie de Paris, Berlin, Strasbourg, Montréal...

    L’objectif de cette soirée est triple :

    - sensibiliser le public le plus large à cette cause pour faire annuler la sanction

    - témoigner de l’aspect irréductible de la parole poétique sous toutes les latitudes et dans toutes les sociétés humaines

    - envoyer à Ashraf Fayad le signe d’une présence solidaire en poésie

    La communauté poétique et littéraire a répondu favorablement à notre initiative.

    Nous avons à ce jour reçu le soutien des institutions suivantes : La Maison des Écrivains et de la Littérature, Le Printemps des Poètes, la Biennale des Poètes, les Amis de Richard Martin, le P.E.N. Club français, la Société des Gens de Lettres, le CipM, the World Poetry Movement.

    Pour rappel, une pétition en faveur d’ASHRAF FAYAD est en ligne sur change.org. Chacun peut, chacun doit la signer !

    Dominique Sorrente, président du Scriptorium et représentant de l’Union des Poètes & cie - Richard Martin, directeur du théâtre Toursky et directeur de la publication de la revue des Archers

    Association le Scriptorium, Théâtre Toursky, Union des Poètes & cie et revue des Archers - Marseille, jeudi 21 janvier 2016

    http://www.france-palestine.org/Solidarite-avec-Ashraf-Fayad

  • Tunisie. Des actes de torture et décès survenus en détention font craindre un recul des gains obtenus après le soulèvement (Amnesty)

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    De nouveaux éléments recueillis par Amnesty International, faisant état de cas de torture et de morts en détention, semblent indiquer la reprise d’une répression brutale, cinq ans après le renversement du précédent régime autoritaire par la « révolution de jasmin », point de départ d’une vague de soulèvements à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

    Lors d’une mission en Tunisie en décembre 2015, des représentants d’Amnesty International ont recensé plusieurs décès en garde à vue, ainsi que des allégations de torture durant des interrogatoires de police.

    « Il y a cinq ans, les Tunisiens se sont soulevés et ont rejeté les entraves de l’autoritarisme. Le régime de l’ancien président Ben Ali reposait notamment sur la torture et la répression ; celles-ci ne doivent pas devenir des caractéristiques de la Tunisie de l’après-soulèvement », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    Selon des informations reçues par l’organisation, au moins six décès sont survenus en détention depuis 2011 dans des circonstances n’ayant pas donné lieu à de véritables enquêtes, ou n’ayant pas débouché sur des poursuites pénales lorsque des enquêtes ont eu lieu.

    Sofiene Dridi a été arrêté à son arrivée à l’aéroport de Tunis le 11 septembre 2015, après avoir été expulsé par la Suisse. En 2011, les autorités tunisiennes avaient émis un mandat d’arrêt contre lui pour agression violente.

    Sofiene Dridi a comparu le 15 septembre en bonne santé et a été transféré à la prison de Mornaguia après l’audience. Le 18 septembre, sa famille a été informée qu’il avait été conduit à l’hôpital. Ses proches lui ont voulu lui rendre visite mais le personnel médical a affirmé ne rien savoir. Lorsqu’ils se sont adressés au tribunal pour essayer d’obtenir de plus amples informations, on leur a dit qu’il était mort d’un arrêt cardiaque. Après avoir vu son corps à la morgue, ses proches ont signalé que son visage et son corps présentaient des hématomes. Son certificat de décès était daté du 17 septembre. À ce jour, sa famille attend encore de connaître tous les détails relatifs à la cause de sa mort.

    Amnesty International a par ailleurs reçu des informations sur des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements infligés à des personnes, y compris des femmes, incarcérées l’an dernier après leur arrestation sur la base d’accusations de terrorisme.

    D’après certains témoignages, des détenus ont été soumis à des décharges électriques, notamment sur les parties génitales, et ont été maintenus dans la position douloureuse dite du « poulet rôti », dans laquelle poignets et chevilles sont attachés à un bâton. Certains ont également été giflés ou forcés à se déshabiller, et leurs geôliers ont proféré des menaces contre leur famille afin de les forcer à signer de faux aveux.

    Amnesty International demande que l’ensemble de ces allégations fassent l’objet d’enquêtes indépendantes, que les résultats de celles-ci soient rendus publics, et que lorsqu’il existe suffisamment d’éléments à charge recevables contre une personne, celle-ci soit poursuivie. Dans les cas de mort en détention, l’enquête doit inclure une autopsie réalisée en bonne et due forme par un médecin légiste indépendant et impartial.

    « Trop peu a été fait pour réformer les forces de sécurité et pour amener les auteurs présumés de ces actes à rendre des comptes », a déclaré Said Boumedouha.

    « S’il est compréhensible que la sécurité est une priorité pour le gouvernement, compte tenu des attaques ayant ébranlé la Tunisie ces 12 derniers mois, il ne faut pas l’utiliser comme prétexte à un retour en arrière sur les modestes avancées obtenues sur le terrain des droits humains depuis le soulèvement. »

    Ces cinq dernières années, les Tunisiens ont adopté une nouvelle constitution comportant d’importantes garanties en matière de droits humains, ratifié des traités internationaux cruciaux pour la protection de ces droits, et organisé des élections présidentielles et législatives, tandis que les groupes de la société civile n’ont eu de cesse de se renforcer, après des années de répression sous le régime Ben Ali.

    Pourtant, au cours de l’année écoulée, les autorités ont adopté au nom de la sécurité une série de mesures inquiétantes qui pourraient mettre ces progrès en péril.

    Une nouvelle loi de lutte contre le terrorisme adoptée par le Parlement en juillet 2015 donne une définition trop large du terrorisme. Elle donne aux forces de sécurité des pouvoirs de surveillance très étendus, et a prolongé la période durant laquelle les forces de sécurité peuvent maintenir des suspects en détention au secret, la faisant passer de six à 15 jours, ce qui augmente considérablement le risque de torture.

    En novembre dernier, l’état d’urgence a été décrété pour la deuxième fois en 2015, après une attaque meurtrière contre des membres de la garde présidentielle à Tunis. C’est dans ce cadre que les autorités ont mené des milliers de descentes et d’arrestations, et placé des centaines d’autres personnes en résidence surveillée.

    Des parents de personnes recherchées pour terrorisme ont parlé à Amnesty International du harcèlement constant que leur font subir les forces de sécurité. Un homme de 65 ans dont le fils est un fugitif recherché sur la base d’accusations de terrorisme a déclaré que des membres des forces de sécurité enfoncent les portes du domicile familial presque toutes les nuits. Il a expliqué à quel point ces irruptions sont effrayantes pour les occupants de la maison, qui incluent ses deux autres fils, dont l’un présente des troubles mentaux, et deux petits-enfants en bas âge. Il a ajouté que des membres de la famille ont été convoqués à plusieurs reprises pour répondre à des questions, et que ses deux autres fils ont été frappés par des policiers lors de leurs interrogatoires.

    D’autres personnes ont parlé à Amnesty International de visites quotidiennes de policiers qui enfoncent des portes, volent parfois des effets personnels, et compliquent le quotidien de membres de ces familles qui travaillent et veulent une vie normale.

    Des personnes ont également indiqué avoir été abordées à maintes reprises par des policiers dans la rue. Un homme a dit avoir été questionné et arrêté plusieurs fois à cause de sa barbe. À une occasion il a été forcé à descendre d’un bus et interrogé au sujet de ses convictions et pratiques religieuses.

    Des lois limitant de manière arbitraire la liberté d’expression sont toujours en vigueur en Tunisie, et des personnes formulant des critiques - en particulier contre les forces de sécurité - sont poursuivies pour diffamation et « atteinte à la pudeur ». Les médias indépendants sont visés par des restrictions au titre de la nouvelle législation contre le terrorisme. Des journalistes couvrant des manifestations ou les répercussions des attentats se sont par ailleurs heurtés à des réactions violentes de la part de membres des forces de sécurité. En novembre, le ministère tunisien de la Justice a diffusé une déclaration selon laquelle les journalistes risqueraient des poursuites s’ils compromettaient les efforts du pays visant à combattre le terrorisme.

    Des organisations des droits humains et des avocats ont eux aussi essuyé des attaques pour avoir défendu les droits de suspects de terrorisme, et sont présentés comme des obstacles à la lutte contre le terrorisme dans le débat public, qui oppose de manière erronée les droits humains et la sécurité.

    « Les avancées tunisiennes en matière de droits humains paraissent de plus en plus ténues face à ces mesures rétrogrades », a déclaré Said Boumedouha. « Il existe un risque réel que cette réaction violente mal avisée ne fasse régresser la Tunisie jusqu’au point où elle se trouvait il y a cinq ans. »

    Complément d’information

    En 2011, Amnesty International a attiré l’attention sur les domaines nécessitant une réforme urgente en Tunisie. Ces réformes essentielles n’ont à ce jour pas encore été introduites. Si la Tunisie a adopté plusieurs nouvelles lois, notamment sur la torture et les médias, certains textes répressifs restent inchangés et permettent que des violations continuent à être commises. Les auteurs d’homicides illégaux de manifestants en réaction au soulèvement de 2011 n’ont pas suffisamment été amenés à rendre des comptes, et les autorités ont manqué à leur devoir de réformer les forces de police et de sécurité. Des actes de torture, en particulier en détention provisoire et durant les interrogatoires, continuent donc à être signalés et les juges et procureurs ne font pas grand chose pour obliger les autorités à répondre d’accusations de torture et d’agressions sur des manifestants et des journalistes. Les efforts en matière de justice de transition sont lents et entachés d’irrégularités. Les femmes continuent à se trouver en butte à la discrimination, dans la législation et dans la pratique, et les autorités ne les protègent pas suffisamment contre les violences liées au genre. Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées sont privés de certains droits fondamentaux. 14 janvier 2016

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/01/tunisia-evidence-of-torture-and-deaths-in-custody/

  • Nouveautés sur Afriques en Lutte

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  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

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  • Allié privilégié de Hollande, le régime saoudien assassine ! (Npa)

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    L'Arabie Saoudite vient d'exécuter par balles ou par décapitation quarante-sept hommes ce 2 janvier dans différentes villes du pays.

    Ils étaient condamnés pour « terrorisme », un qualificatif si flou qu'il peut s'appliquer à toutes celles et ceux dont les idées ou les actes s’opposent au régime.

    Parmi les condamnés figurent plusieurs militants de l'opposition, notoirement actifs lors du soulèvement populaire initié en 2011. C'est ainsi que Nimr Baqer Al Nimr, qui avait pris la tête du soulèvement de la province orientale, et avait tenu des propos virulents contre les dictateurs de la région, avec en tête les Al Saoud, Al Khafila et Al Assad, a été exécuté.

    Le NPA dénonce cette nouvelle série d'exécutions perpétrée par le régime du souverain soi-disant « réformateur ».  Toutes les condamnations à morts prononcées par les tribunaux saoudiens doivent être annulées, les accusés doivent avoir droit à des procès publics et équitables.

    Nous ne sommes pas dupes de l'hypocrisie des dirigeants iraniens qui protestent bruyamment mais utilisent de la même façon les condamnations à mort pour faire taire leurs propres opposants. Mais nous dénonçons particulièrement celle du gouvernement français qui s'est contenté de « déplorer » ces peines capitales, alors que depuis la visite de Hollande à Ryad en mai dernier et la tenue de la commission jointe franco-saoudienne, c'est un permis de tuer qui a été délivré par la France, avec à la clé des promesses de ventes pour au moins 20 milliards d'euros en jeu : hélicoptères Air Bus H 145, patrouilleurs maritimes, centrales nucléaires EPR, accords sur la formation à la sûreté nucléaire et le traitement de déchets…

    En exacerbant les tensions au Moyen Orient, l’Arabie Saoudite apporte une nouvelle preuve du cynisme des politiques extérieures de la France et des USA qui sont ses alliés privilégiés. Loin d’être un rempart au terrorisme djihadiste, les régimes dictatoriaux et théocratiques ont contribué à sa formation, et leurs exactions le renforce !

    Le NPA apporte son soutien aux manifestants de Bahrein qui, en solidarité avec les victimes du régime saoudien, occupent les rues de plusieurs villes depuis deux jours, et s’opposent à la répression qui les vise.

    Il apporte son soutien à tous les opposants au régime des Al Saoud qui se battent pour la démocratie, la justice sociale et réclament « le renversement du régime ».

    Montreuil, le 4 janvier 2015

    https://npa2009.org/communique/allie-privilegie-de-hollande-le-regime-saoudien-assassine

    Lire aussi:

    https://npa2009.org/actualite/international/notre-ami-le-roi

     
  • Dans un rapport publié mercredi, Amnesty international a accusé la Russie d’avoir provoqué la mort de centaines de civils lors de raids aériens. (France 24)

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    Syrie : des centaines de civils sont morts dans des raids russes, selon Amnesty

    L’ONG estime que ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre.

    Dans un rapport publié mercredi 23 décembre, Amnesty international accuse la Russie d’avoir tué des centaines de civils et causé des destructions massives en Syrie dans des raids contre des zones d'habitation à forte densité de population". Selon l’ONG basée à Londres, ces attaques pourraient constituer des "crimes de guerre".

    "Certaines frappes aériennes russes semblent viser directement des civils ou des biens à caractère civil, car elles touchent des zones d'habitation, où il n'y a pas de cible militaire évidente, et parfois des structures médicales, causant des morts et des blessés parmi les civils", a affirmé Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient, dans un communiqué accompagnant le rapport. "Ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre" a-t-il souligné.

    Amnesty accuse notamment la Russie d'avoir recours à "des bombes à sous-munitions" et des "bombes non guidées". Six raids sont principalement évoqués : ils ont touché les provinces de Homs (centre), Idleb (nord-ouest) et d'Alep (nord) entre septembre et novembre 2015, lors desquels sont morts "au moins 200 civils et une dizaine de combattants".

    "Atteinte au droit international humanitaire"

    Le rapport affirme que, dans le cas des ces raids, "aucune cible militaire ni aucun combattant ne se trouvait dans l'environnement immédiat" des attaques. "Ces raids ont pu porter atteinte au droit international humanitaire", ajoute le texte.

    Moscou est engagé militairement en Syrie depuis fin septembre en soutien au régime du président syrien Bachar al-Assad et affirme mener des raids aériens contre les "groupes terroristes", dont l'organisation État islamique (EI). Mais les pays occidentaux et arabes accusent la Russie de frapper l'opposition modérée plutôt que l'EI.

    L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a, de son côté, recensé entre fin septembre et le 21 décembre 2 132 personnes tuées dans des raids russes, dont 710 civils parmi lesquels 161 enfants et 104 femmes.

    Le conflit en Syrie a fait plus de 250 000 morts et des millions de personnes déplacées depuis mars 2011.

    L'organisation Human Rights Watch avait déjà dénoncé le 20 décembre l'utilisation croissante des bombes à sous-munitions depuis le début de l'engagement russe en Syrie.

    Avec AFP  Première publication : 23/12/2015

    http://www.france24.com/fr/20151223-civils-morts-raids-russes-amnesty-international

  • Des écoles bombardées : la coalition menée par l’Arabie saoudite met gravement en péril l’avenir des enfants au Yémen (Amnesty)

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    Les forces de la coalition conduite par l’Arabie saoudite se sont livrées à plusieurs frappes aériennes qui ont visé des établissements scolaires toujours utilisés, en violation du droit international humanitaire, et ont ainsi entravé l’accès à l’éducation de milliers d’enfants du Yémen, écrit Amnesty International dans une synthèse rendue publique vendredi 11 décembre. Les forces de la coalition sont armées par des États, dont les États-Unis et le Royaume-Uni.

    Dans ce document intitulé ‘Our kids are bombed’: Schools under attack in Yemen, Amnesty International enquête sur cinq frappes aériennes contre des écoles qui se sont déroulées entre les mois d’août et d’octobre 2015. D’après les recherches menées par l’organisation au Yémen, celles-ci ont fait cinq morts et au moins 14 blessés, dont quatre enfants, dans la population civile. Les élèves ne se trouvaient pas dans les établissements lors des attaques, mais celles-ci ont gravement endommagé ou détruit les locaux, ce qui va avoir des conséquences durables pour les élèves.

    « La coalition dirigée par l’Arabie Saoudite a lancé plusieurs frappes aériennes illégales contre des établissements utilisés à des fins pédagogiques – et non militaires –, ce qui constitue une violation flagrante des lois de la guerre, a déclaré Lama Fakih, conseillère pour les situations de crise à Amnesty International, qui vient de rentrer du Yémen.

    « Les écoles sont des lieux de vie très importants pour la population civile, elles sont supposées être des espaces sûrs pour les enfants. Les jeunes élèves du Yémen sont contraints de faire les frais de ces attaques. Déjà durement touchés par le conflit, ils voient leur éducation bouleversée, ce qui pourrait constituer un handicap qui les suivra toute leur vie. »

    Certains établissements scolaires ont été bombardés à plusieurs reprises, ce qui porte à croire qu’ils ont été délibérément pris pour cibles.

    « Attaquer délibérément des écoles qui ne sont pas des objectifs militaires et s’en prendre directement à des civils qui ne participent pas aux hostilités sont des crimes de guerre », a déclaré Lama Fakih.

    Les dégâts ont gravement perturbé la scolarité des plus de 6 500 enfants inscrits dans les écoles des gouvernorats de Hajjah, d’Al Hudaydah et de Sanaa. Il s’agissait parfois des seuls établissements scolaires de la région. Rien ne donnait à penser que l’un des cinq établissements bombardés aurait pu être utilisé à des fins militaires.

    En octobre 2015, l’école Science et foi du village de Magreesh (district de Bani Hushaysh, gouvernorat de Sanaa), a été bombardée à quatre reprises en quelques semaines. La troisième frappe a tué trois civils et fait plus de 10 blessés. Mille deux cents enfants étaient scolarisés dans cette école, la seule du village.

    Dans le secteur de Hadhran (district de Bani Hushaysh), l’école Kheir a également été la cible de plusieurs frappes aériennes, qui ont gravement endommagé les locaux les rendant inutilisables. Lors de ces attaques, deux habitations civiles et une mosquée ont également été touchées : dans l’une de ces habitations, deux enfants ont été tués et leur mère a été blessée tandis qu’un homme est mort et un autre a été blessé alors qu’ils priaient dans la mosquée.

    Amnesty International demande qu’une enquête indépendante et impartiale soit ouverte sur les cinq attaques présentées dans sa synthèse, et que les auteurs présumés de ces attaques soient tenus de répondre de leurs actes. L’organisation engage également la coalition à accorder des réparations pleines et entières aux victimes de ces attaques illégales et à leurs familles.

    « Les attaques illégales présumées, dont la liste ne cesse de s’allonger, ne font l’objet d’aucune enquête de la part de la coalition saoudienne ni des États qui lui fournissent un soutien, notamment des armes. Cette situation dénote une impassibilité inquiétante à l’égard des conséquences dévastatrices de cette guerre sur les civils au Yémen, a déclaré Lama Fakih.

    « Quelle que soit l’issue des négociations de paix qui doivent se tenir la semaine du 14 décembre, il est essentiel que des enquêtes indépendantes soient menées sur ces attaques et d’autres frappes aériennes illégales, et que les responsables présumés aient à rendre des comptes. »

    C’est tout le système éducatif yéménite qui pâtit du conflit. D’après l’UNICEF, au moins 34 % des enfants ne vont plus à l’école depuis les premières frappes aériennes, en mars 2015.  D’après les chiffres communiqués à Amnesty International par le ministère de l’Éducation, installé à Sanaa, plus de 1 000 établissements scolaires ne fonctionnent plus : 254 ont été entièrement détruits, 608 l’ont été partiellement, et 421 servent d’abri aux personnes déplacées dans le pays par le conflit.

    Ces frappes aériennes ont également terrifié la population civile et ont été traumatisantes sur le plan psychologique pour les élèves.

    « Nous vivons dans la peur. Aujourd’hui, j’ai vu un avion, j’étais terrifiée », a déclaré une enfant de 12 ans scolarisée à l’école d’Al Asma, dans le village de Mansouriya (Al Hudaydah), détruite en août par un bombardement de la coalition.

    La directrice d’un autre établissement de la ville de Hodeida, le campus Al Shaymeh réservé aux filles où sont inscrites quelque 3 200 étudiantes, a fait part de son émotion après que l’établissement eut été bombardé à deux reprises en l’espace de quelques jours, en août 2015. Aucune étudiante ne se trouvait sur le campus, mais un homme et une femme ont été tués.

    « Pour moi, toute humanité avait disparu. Attaquer, sans sommation, un établissement d’enseignement… Où se trouve l’humanité ? […] S’en prendre à ce type de lieu est censé être illégal en temps de guerre », a-t-elle déclaré.

    Des rumeurs, selon lesquelles l’établissement servait de cache d’armes, avaient été colportées, notamment sur les réseaux sociaux, avant les bombardements, mais la directrice a expliqué à Amnesty International qu’elles étaient infondées. L’établissement avait été fouillé à la suite de ces rumeurs : aucune arme n’avait été trouvée.

    Même si des établissements scolaires yéménites ont parfois été utilisés à des fins militaires par les différentes parties au conflit, dans les cinq attaques évoquées dans sa synthèse, Amnesty International n’a trouvé aucun élément (fragments d’armes, débris d’explosions secondaires, etc.) tendant à prouver que ces établissements l’avaient été.

    Les groupes armés étatiques et non étatiques ne doivent pas se servir d’établissements scolaires à des fins militaires, ni se livrer à des opérations à proximité de ces établissements, car ils risquent alors de devenir des cibles militaires légitimes, exposées à des attaques, ce qui met en danger la population civile et peut avoir des effets négatifs à long terme sur l’accès des enfants à l’éducation.

    Dans sa résolution 2225 sur le sort des enfants en temps de conflit armé, adoptée cet été, le Conseil de sécurité des Nations unies a exhorté toutes les parties au conflit à « respecter le caractère civil des écoles » et s’est dit préoccupé par le fait que l’utilisation d’écoles à des fins militaires puisse en faire des cibles légitimes au regard du droit international et mettre en danger la sécurité des enfants.

    La synthèse d’Amnesty International insiste également sur la nécessité pour tous les États qui fournissent des armes à la coalition saoudienne, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, de suspendre de toute urgence tous les transferts d’armements utilisés pour commettre des violations du droit international, y compris des crimes de guerre. Il convient notamment pour les États fournisseurs d’armes de suspendre les transferts de bombes d’emploi général, d’avions de chasse, d’hélicoptères de combat et de pièces et composants associés.

    En novembre, le ministère des Affaires étrangères des États-Unis a approuvé un transfert d’armes (dont des bombes d’emploi général MK89) d’un montant de 1,29 milliard de dollars à destination de l’Arabie saoudite, alors qu’Amnesty International avait recueilli des informations établissant leur utilisation lors de frappes aériennes illégales qui avaient fait plusieurs dizaines de morts dans la population civile.

    « Il est inacceptable que les États-Unis, entre autres alliés de la coalition conduite par l’Arabie saoudite, continuent d’autoriser des transferts d’armements à destination de membres de cette coalition en dépit d’éléments attestant de toute évidence qu’ils ne respectent pas les lois de la guerre ni le droit international humanitaire. Ces transferts doivent cesser immédiatement, a déclaré Lama Fakih.

    « Les États qui approvisionnent la coalition en armes doivent également user de leur influence pour presser les membres de celle-ci de respecter leurs obligations internationales et d’enquêter sur les violations du droit international humanitaire. »

    Il est interdit aux États parties au Traité sur le commerce des armes, dont le Royaume-Uni, de donner leur aval à un transfert d’armes dès lors qu’ils savent que les armes en question serviront à commettre des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil, ou d’autres violations du droit international humanitaire. 11 décembre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/bombing-of-schools-by-saudi-arabia-led-coalition-in-yemen/

  • Arabie saoudite. L’exécution se profile à l’horizon pour au moins cinquante condamnés à mort, dont des militants chiites (Amnesty)

    Execution in Saudi Arabia

    La probabilité que plus de 50 personnes soient exécutées sous peu s’accroit, des médias nationaux proches des autorités saoudiennes ayant affirmé qu’ils seraient bientôt tous mis à mort le même jour, a déclaré Amnesty International.

    Les mères de cinq militants chiites figurant parmi ces prisonniers ont imploré le roi Salman de faire preuve de clémence, après avoir eu vent de préparatifs pouvant être en relation avec des exécutions imminentes.  

    « La forte augmentation du nombre d’exécutions observée cette année en Arabie saoudite, associée à la nature secrète et arbitraire des décisions de justice et des exécutions dans le royaume ne nous laissent pas d’autre choix que de prendre très au sérieux ces signes récents », a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

    « L’Arabie saoudite ne doit pas procéder à ces exécutions, et doit lever le secret entourant les condamnations à la peine capitale, dans le cadre d’une refonte de grande ampleur de son système judiciaire. » 

    Parmi les cinq militants nommés dans l’appel des mères de condamnés figurent des mineurs délinquants : Ali al Nimr, Abdullah al Zaher et Hussein al Marhoon. Amnesty International s’est mobilisée pour demander que leurs condamnations à mort soient annulées, en raison d’allégations crédibles selon lesquelles ils ont été torturés et fait l’objet de procès iniques devant le Tribunal pénal spécial, qui est saisi des affaires en relation avec le terrorisme. Le droit international prohibe le recours à la peine de mort contre les personnes âgées de moins de 18 ans. 

    Parallèlement à l’action menée par Amnesty International en leur faveur, un groupe d’experts des Nations unies et le Parlement européen ont tous deux exhorté l’Arabie saoudite à s’abstenir d’exécuter Ali al Nimr. Philip Hammond, le secrétaire d’État britannique, a déclaré publiquement qu’il ne pensait pas qu’Ali al Nimr serait mis à mort.  

    Ali al Nimr et son oncle, Nimr al Nimr, un dignitaire religeux chiite, faisaient partie de six militants arrêtés après des manifestations réclamant une réforme politique, qui avaient débuté dans la province de l’Est, majoritairement chiite, en 2011.

    « Trois de ces six militants ont été condamnés pour des "infractions" commises alors qu’ils étaient mineurs, et ont affirmé qu’on les avait torturés afin de leur arracher des aveux. Compte tenu de ce que nous savons des profondes failles du système pénal saoudien, l’équité des procès de personnes passibles de la peine de mort dans ce pays nous inspire de sérieux doutes. »

    Les mères de condamnés ont publiquement fait état de leurs craintes, après avoir appris cette semaine que leurs fils avaient été soumis à un examen médical « inopiné » en prison, qu’elles considèrent comme un signe pouvant annoncer une exécution imminente. Quatre de ces cinq hommes sont détenus à l'isolement dans un quartier carcéral accueillant des condamnés à mort, depuis leur transfert à la prison d’al Hair à Riyadh début octobre.  

    Dans leur lettre, les mères demandent l’annulation de la condamnation de leurs fils, et l’organisation de nouveaux procès se déroulant en public et respectant les normes internationales d’équité en la matière, et autorisant la présence d’observateurs indépendants. 

    Cette semaine, plusieurs journaux saoudiens proches des autorités ont indiqué que 55 « terroristes d’al Qaïda et d’al Awamiyya » seront exécutés « dans les jours à venir ». Al Awamiyya est une zone majoritairement chiite de la province de l’Est, où des manifestations ont eu lieu en 2011.  

    « Exécuter par décapitation ou par une autre méthode des dizaines de personnes en un seul jour serait une nouvelle régression vertigineuse pour l’Arabie saoudite, dont les autorités continuent à faire preuve d’un cynisme implacable et même d’une défiance ouverte lorsque des gouvernements et des citoyens du monde entier remettent en question leur recours à la peine de mort », a déclaré James Lynch.  

    L’Arabie saoudite fait depuis longtemps partie des pays procédant au plus grand nombre d’exécutions dans le monde, et ce bilan s’est encore alourdi récemment à la suite d’une forte augmentation du nombre d’exécutions. Amnesty International publiera début 2016 son rapport annuel sur les condamnations à mort et exécutions recensées dans le monde. 

    L’organisation est opposée à ce châtiment en toutes circonstances, indépendamment des questions relatives à la culpabilité ou à l’innocence et quels que soient l'accusé, le crime commis et la méthode d’exécution.

    26 novembre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/saudi-arabia-execution-looms-for-at-least-50-on-death-row/