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Droits humains - Page 14

  • Hisham Almiraat, en jugement au Maroc (Global Voices)

     
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    Hisham Almiraat, médecin et longtemps animateur de la communauté Global Voices, va passer en justice la semaine prochaine au Maroc, accusé de “menaces à la sécurité intérieure de l'Etat”.

    A côté de Hisham Almiraat dans le box des accusés, quatre autres défenseurs de la société civile — l'historien Maâti Monjib, les journalistes Samad Iach et Mohamed Elsabr, et le militant de la liberté d'expression Hicham Mansouri. Les défenseurs de la liberté d'expression et des droits des médias estiment largement que l'affaire est une tentative du pouvoir marocain de faire taire ceux qui en critiquent les politiques et les pratiques.

    Les pièces à conviction contre Hisham Almiraat, auteur pour Global Voices depuis 2009 et dont il a été directeur du plaidoyer de 2012 à 2014, comportent son témoignage pour “Their Eyes on Me” (“Ils m'ont à l'oeil”), un rapport de recherche sur la surveillance technique au Maroc, publié par l'ONG de Londres Privacy International en collaboration avec l’Association des Droits Numériques, un groupe marocain de la société civile qu’Almiraat a contribué à créer.

    Almiraat et sa collègue Karima Nadir, vice-présidente de l'association, ont été interrogés par la police judiciaire marocaine (BNPJ) à Casablanca en septembre 2015. Les autorités les ont questionnés sur leur activité et leurs relations avec Privacy International. Le ministère de l'Intérieur a ensuite porté plainte à propos du rapport sus-mentionné sur la surveillance in Maroc.

    Almiraat a consacré la plus grande partie de son âge adulte à travailler à l'amélioration de la vie et du bien-être de ses compatriotes, tant comme défenseur de la société civile que comme médecin. Etudiant puis médecin urgentiste le jour, Almiraat tenait son blog, écrivait pour Global Voices, et a co-fondé les projets de médias sociaux Talk Morocco et  Mamfakinch. Ce dernier a été constitué par Almiraat et une équipe de collègues défenseurs des droits humains en vue de renforcer la couverture médiatique des soulèvements sociaux au Maroc en 2011-12, et a joué un rôle central pour galvaniser le soutien de l'opinion au mouvement contestataire.

    Pendant cette période, Almiraat et ses collègues de Mamfakinch étaient la cible de logiciels de surveillance qui se sont introduits dans leurs ordinateurs et leur faisaient craindre que leurs communications soient sur écoute. Des craintes confirmées ensuite par une recherche du Citizen Lab de l'Unversité de Toronto. En juillet 2015, des fuites de dossiers de la société italienne de logiciels de surveillance Hacking Team ont établi que le Conseil Supérieur de la Défense Nationale, une institution publique marocaine, avait acheté le logiciel de Hacking Team en 2012.

    Almiraat a oeuvré au cours du temps à consolider un environnement médiatique robuste dans son pays, et à tenir son gouvernement comptable de ses engagements dans les normes internationales des droits humains de liberté d'expression et de protection de la vie privée.

    La communauté Global Voices est solidaire de Hisham et invite ses lecteurs à travers le monde à soutenir sa cause sur les médias sociaux, et à lire et diffuser ses articles, que l'on peut trouver ici et ici [Bon nombre ont été traduits en français]. Nous publierons sous peu de nouvelles informations sur l'affaire, ainsi qu'une déclaration publique de soutien.

    Ellery Roberts Biddle 16 Novembre 2015
     
  • Syrie: Craintes pour la vie du défenseur de la liberté d'expression Bassel Khartabil, détenu dans un lieu secret et qui risque la peine de mort (FLD)

    Bassel Khartabil, un défenseur de la liberté d'expression détenu dans des conditions qui s'apparentent à une disparition forcée, risque d'être condamné à mort, ont déclaré aujourd'hui 36 organisations locales et internationales.

    Sa femme a reçu des rapports non confirmés déclarant qu'un tribunal militaire l'a condamné à mort. L'endroit où il se trouve devrait être immédiatement divulgué et il devrait être libéré sans condition, ont ajouté les organisations.

    Les services de renseignements militaires ont arrêté Bassel Khartabil le 15 mars 2012. Il a été détenu au secret pendant 8 mois et a été torturé et maltraité. Il fait face à un procès militaire à cause de ses activités pacifiques en faveur de la liberté d'expression. Un juge militaire a interrogé Bassel Khartabil pendant quelques minutes le 9 décembre 2012, mais il avait dit à sa famille n'avoir rien entendu de plus à propos de cette affaire. En décembre 2012, il a été transféré à la prison Adra à Damas, où il a été détenu jusqu'au 3 octobre 2015, puis il a été transféré vers un lieu qui n'a pas été révélé et depuis, il n'y a aucune nouvelle de lui.

    Sa femme aurait reçu ces informations de sources venant des services de renseignements militaires; cela indique que depuis sa disparition, il a été jugé par un tribunal militaire au siège de la police militaire à al-Qaboun, qui l'a condamné à mort. Les tribunaux militaires en Syrie, sont des tribunaux exceptionnels où les procès se déroulent à huis clos et ne respectent pas les normes internationales en matière de procès équitable. Les accusés n'ont aucun représentant légal et les décisions de la cour sont des obligations et il n'est pas possible de faire appel. Les personnes traduites devant de tels tribunaux et remises en liberté ensuite ont déclaré les procédures sont superficielles et qu'elles ne durent souvent que quelques minutes.

    Bassel Khartabil est développeur de logiciel; il mettait son expertise technique au service de la liberté d’expression et de l’accès à l’information via l’internet. Il a reçu de nombreux prix, y compris le prix d’Index on Censorship pour la liberté numérique pour 2013 et ce pour avoir fait usage de la technologie en vue de promouvoir un internet libre et ouvert. Son arrestation et sa détention arbitraire semblent directement liées à son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains, ont déclaré les organisations.

    Les appels à sa libération ont été publiés par ce groupe depuis son arrestation et ont été relayés par le groupe de travail de l'ONU sur les détentions arbitraires en avril 2015.

    Les autorités syriennes devraient:

    1. Révéler immédiatement l'endroit où se trouve Bassel Khartabil et lui permettre de voir un avocat et sa famille;
    2. Garantir qu'il soit protégé de tout acte de torture et de mauvais traitements;
    3. Le libérer immédiatement et sans condition.
    4. Libérer toutes les personnes détenues en Syrie pour avoir exercer leur droit légitime à la liberté d'expression et d'association.

    https://www.frontlinedefenders.org/node/30152

  • Arabie: le poète palestinien Ashraf Fayadh condamné à mort pour "blasphème" (Al Huff')

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    Un tribunal saoudien a condamné à mort un poète et artiste plasticien palestinien mardi 17 novembre 2015 pour "blasphème", dans un de ses recueils de poèmes édité en 2008, a annoncé le Réseau arabe d'information sur les droits de l'homme, qui a condamné ce jugement sur son site Internet.

    Ashraf Fayadh est accusé de "blasphème" dans son recueil de poème "التعليمات بالداخل" (Alta'limat Bildakhel), publié en 2008. Le tribunal l'avait d'abord condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet , mais un autre juge à condamné à mort Fayadh, selon Reuters.

    Le réseau arabe d'information sur les droits de l'homme a rappelé que le poète et artiste plasticien palestinien avait déjà été emprisonné par le Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice en janvier 2014 pour "promotion de l'athéisme dans ses vers et cheveux longs". Lors de sa détention, il avait été privé de recevoir des visites ou faire appel à un avocat.

    Le poète, issu d'une famille palestinienne résidant depuis plus de 50 ans en Arabie saoudite, avait également fait l'objet une année auparavant d'une plainte pour "ses idées athéistes" auprès du même Comité, qui a émis l'ordre de l'arrêter avant de le libérer, faute de preuves, explique la même source.

    Dans son communiqué, le réseau arabe d'informations sur les droits de l'Homme rappelle que Ashraf Fayadh a pourtant représenté l'Arabie saoudite à la Biennale de Venise comme adjoint du secrétaire du pavillon saoudien. Le poète organise également plusieurs activités artistiques, dont une exposition d'art plastique initiée à l'aide de personnalités officielles, note le réseau.

    Une pétition a été lancée et signée par une centaine d'intellectuels et artistes exigeant la libération du palestinien. La même association a de son côté condamné ce jugement "inquisitoire", déplorant que "la vie humaine n'ait plus aucune valeur auprès des autorités du royaume et du Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice".

    Le réseau, qui a dénoncé cette pratique, "destinée à dissuader les intellectuels de la réflexion et de l'innovation", a ordonné l'annulation de cette condamnation et la libération de Ashraf Fayadh.

  • Syrie. L’Etat d’Assad tire profit des milliers de disparitions forcées (Al'Encontre.ch)

    La femme d'un activiste politique disparu en 2013 tenant une photo  de sa famille. © Amnesty International - Mark Esplin

    La femme d’un activiste politique disparu en 2013 tenant une photo
    de sa famille. © Amnesty International – Mark Esplin

    Par Amnesty International

    L’ampleur et le caractère orchestré des dizaines de milliers de disparitions forcées perpétrées par le gouvernement syrien au cours des quatre dernières années sont exposés dans un nouveau rapport publié par Amnesty International le 5 novembre.

    Ce rapport intitulé Between prison and the grave: Enforced disappearances in Syria montre que l’Etat tire profit des disparitions forcées nombreuses et systématiques qui constituent des crimes contre l’humanité, par le biais d’un marché noir insidieux: les familles qui cherchent désespérément à savoir ce qu’il est advenu d’un proche disparu sont impitoyablement exploitées par des individus qui leur soutirent de l’argent.

    «Les disparitions forcées commises par le gouvernement font partie d’une attaque généralisée et froidement calculée menée contre la population civile. Il s’agit de crimes contre l’humanité qui s’intègrent dans une campagne soigneusement orchestrée destinée à semer la terreur et à écraser le moindre signe de dissidence à travers le pays», a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

    L’ampleur de ces disparitions est tragique. Le Réseau syrien pour les droits humains a rassemblé des informations sur au moins 65’000 disparitions enregistrées depuis 2011, dont 58’000 disparitions de civils. Les personnes capturées sont généralement détenues dans des cellules surpeuplées et dans des conditions épouvantables, et sans aucun contact avec le reste du monde. Beaucoup meurent des suites de maladies et de torture ou sont victimes d’une exécution extrajudiciaire.

    Les disparitions forcées source de financement du régime

    Les disparitions forcées sont devenues tellement systématiques en Syrie qu’un marché noir s’est mis en place avec des «intermédiaires» ou «négociateurs» qui se font payer des dessous-de-table allant de plusieurs centaines de dollars à plusieurs dizaines de milliers de dollars par des familles désespérées qui tentent de retrouver leurs proches disparus ou de savoir s’ils sont même encore vivants. Ces dessous-de-table représentent maintenant «une grande part de l’économie» selon un militant syrien des droits humains. Un avocat de Damas a aussi dit à Amnesty International que ce système constitue «la poule aux œufs d’or pour le régime […], une source de financement sur laquelle il s’est mis à compter».

    Des familles ont cédé toutes leurs économies ou vendu leurs biens immobiliers pour payer des dessous-de-table afin de savoir ce qu’il était advenu de leurs proches disparus – parfois en échange de fausses informations. Un homme dont les trois frères ont disparu en 2012 a dit à Amnesty International qu’il a emprunté plus de 150’000 dollars pour tenter de savoir, en vain, où ses frères se trouvaient. Il est actuellement en Turquie où il travaille pour rembourser ses dettes.

    «Ces disparitions qui brisent des vies ont aussi créé une économie de marché noir basée sur la corruption, qui fait commerce de la souffrance des familles ayant perdu un des leurs. Ces familles se retrouvent mutilées et accumulent les dettes», a déclaré Philip Luther. Ceux qui tentent de savoir ce qu’il est arrivé à un membre de leur famille qui a disparu risquent souvent d’être arrêtés ou soumis eux-mêmes à une disparition forcée, ce qui ne leur donne guère d’autre choix que de recourir à ces «intermédiaires».

    Un ami de l’avocat syrien spécialiste des droits humains Khalil Matouq, qui a fait l’objet d’une disparition forcée il y a deux ans, a dit que les disparitions forcées font partie d’une «grande stratégie mise en œuvre par le gouvernement pour terroriser la population syrienne». Sa fille, Raneem Matouq, a également été soumise à une disparition qui a duré deux mois, et elle a vécu une expérience horrible en détention.

    Citons le cas particulièrement effroyable de Rania al Abbasi, une dentiste, qui a été arrêtée en 2013 en même temps que ses six enfants âgés de deux à quatorze ans, alors que son mari avait été capturé la veille au cours d’une descente effectuée à leur domicile. On est depuis sans nouvelles de cette famille. Ces personnes pourraient avoir été prises pour cible parce qu’elles avaient apporté une aide humanitaire à d’autres familles.

    Certains Etats ainsi que l’ONU ont condamné les disparitions forcées, mais la dénonciation de ces actes ne suffit pas. Il y a plus d’un an et demi, en février 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la Résolution 2139, qui demande qu’il soit mis fin aux disparitions forcées en Syrie, mais il n’a pas encore pris de mesures supplémentaires pour garantir sa mise en œuvre.

    «Les Etats qui soutiennent le gouvernement syrien, notamment l’Iran et la Russie, qui a récemment commencé à mener des opérations militaires en Syrie, ne peuvent pas fermer les yeux sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis massivement avec leur appui. La Russie, dont le soutien est essentiel pour le gouvernement du président Bachar el Assad, est parfaitement placée pour convaincre ce gouvernement de mettre fin à cette campagne cruelle et lâche de disparitions.»

    Pour en savoir plus sur la campagne d’Amnesty International réclamant la fin des disparitions forcées en Syrie, veuillez cliquer ici. (Communiqué de presse publié le 5 novembre 2015, Londres – Genève)

    Publié par Alencontre le 5 - novembre - 2015
     
  • Arrêt des poursuites contre l’avocat tunisien Ali Kalthoum (Essf)

    Communiqué

    L’Union syndicale Solidaires exprime son entière solidarité avec Maître Ali Kalthoum, déféré le 3 novembre devant le juge d’instruction.
    Infatigable défenseur des droits de l’Homme sous le régime de Ben Ali, cet avocat de Gafsa avait notamment été un des organisateurs de la défense des prévenus dans les procès ayant suivi le soulèvement du bassin minier de 2008.

    Ali Kalthoum est aujourd’hui poursuivi pour son action en tant que membre du comité cherchant à faire toute la lumière sur l’assassinat, le 6 février 2013, du leader de gauche Chokri Belaïd.
    Il lui est notamment reproché d’avoir affirmé que le juge d’instruction chargé de l’enquête avait couvert des personnes impliquées dans cet affaire.

    L’Union syndicale Solidaires s’élève contre le retour de pratiques de l’époque Ben Ali et participera aux actions de soutien à Maître Ali Kalthoum.

    Paris, le 4 novembre 2015 , par Union syndicale Solidaires

  • Yémen. Des armes à fragmentation brésiliennes auraient été utilisées dans une attaque lancée par l'Arabie saoudite et ses alliés (Amnesty)

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    Les forces de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ont recouru à un modèle brésilien de munitions à fragmentation, interdites au niveau international, lors d'une attaque contre un quartier résidentiel d’Ahma à Sada (nord du Yémen) cette semaine, blessant au moins quatre personnes et répandant de dangereuses sous-munitions non explosées sur des terres agricoles des alentours, a déclaré Amnesty International vendredi 30 octobre.  

    L’organisation a recueilli les propos d’un certain nombre de résidents locaux, dont deux victimes, les professionnels de santé qui les soignent, un témoin et un militant local qui s’est rendu sur place peu après l’attaque. Les projectiles non explosés retrouvés sur les lieux de l’attaque sont similaires à des bombes à sous-munitions de fabrication brésilienne dont on sait que l’Arabie saoudite les a utilisées par le passé.

    « Parce que les armes à sous-munitions sont par nature non discriminantes, leur utilisation est interdite par le droit international humanitaire coutumier. En fait, près de 100 États interdisent leur fabrication, leur stockage, leur transfert et leur utilisation, compte tenu des dégâts uniques et durables qu’elles causent », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « Outre le fait de tuer et blesser des civils lors de leur utilisation initiale, de nombreuses sous-munitions n’explosent pas à l’impact et continuent à présenter pendant des années un risque mortel pour toutes les personnes qui sont à proximité. La coalition dirigée par l’Arabie saoudite doit immédiatement cesser de les utiliser, et tous les camps doivent publiquement s’engager à ne jamais déployer d’armes à sous-munitions et envisager de devenir parties à la Convention mondiale sur les armes à sous-munitions. »

    Témoignages

    L’attaque a eu lieu vers midi mardi 27 octobre 2015, dans une zone résidentielle d’Ahma, à environ 10 kilomètres au nord-ouest d’al Talh dans le district de Sahar, près de la ville de Sada. Ahma se trouve à une quarantaine de kilomètres de la frontière avec l’Arabie saoudite. 

    Un militant local qui s’est rendu sur le site plusieurs heures après l’attaque a trouvé trois sous-munitions non explosées situées à une vingtaine de mètres les unes des autres - une dans un champ d’une ferme locale, une autre près d’une serre et une troisième près d’une mosquée. À la connaissance d’Amnesty International, l’objectif militaire le plus proche est un marché à al Talh, à une dizaine de kilomètres au sud-est, où il est établi que des armes sont vendues et qui a été visé par des frappes aériennes à au moins cinq occasions distinctes depuis le début, en mars, de la campagne de bombardements menée par l’Arabie saoudite et ses alliés. 

    Des témoins ont décrit comment, malgré l’absence d’aéronefs militaires, une série de roquettes ont sifflé dans le ciel et explosé en vol, suivies de dizaines d’explosions au sol. Ces témoignages et les éléments retrouvés sur le terrain confirment l’utilisation de munitions à fragmentation tirées par le biais de roquettes sol-sol, elles-mêmes propulsées par un système de lance-roquettes multiple.  

    Salah al Zara, 35 ans, agriculteur local, se trouvait sur la route principale à 50 mètres, lorsque la frappe est survenue. « J’étais à moto avec un ami et nous allions dans la direction de Dhahyan, lorsque j’ai vu [...] quatre roquettes en pleine descente [...]

    Chacune a pris une direction différente ; il y avait deux minutes d’intervalle entre les roquettes. Il y a d’abord eu quatre explosions dans le ciel, et puis cinquante au moment de l’impact au sol. Les munitions ont atterri sur un groupement de 30 maisons et commerces. »

    Saleh al Muawadh, 48 ans, un agriculteur père de 10 enfants, a parlé à Amnesty International au téléphone depuis son lit à l’hôpital d’al Jamhouri, dans la ville de Sada : « Je passais à moto sur la route principale près du lieu de l’attaque quand j’ai senti plein d’éclats de métal. L’impact de la frappe s’est ressenti jusque dans des fermes situées à deux kilomètres du site. »

    Des blessures causées par des éclats

    Selon des professionnels de la santé ayant soigné les victimes de cette attaque, un des blessés, Abdelaziz Abd Rabbu, 25 ans, atteint au torse et à l’abdomen, est dans un état critique.

    Abdelbari Hussein, 22 ans, un autre civil blessé lors de la frappe, a déclaré à Amnesty International : « J’étais assis dans mon magasin quand l’attaque s’est produite. Je n’ai pas entendu d’avion, seulement des explosions. » Il a été blessé à l’abdomen par des éclats métalliques.

    Même si l’attaque a pu viser des Houthis et d’autres membres de groupes armés parmi la population civile, le recours à des armes frappant sans discrimination comme les munitions à fragmentation est interdit par le droit international humanitaire. Tout recours à des armes à dispersion est contraire à cette règle.

    Interdiction des bombes à sous-munitions

    Les armes et munitions à fragmentation contiennent entre des dizaines et des centaines de sous-munitions, qui sont libérées dans l’air, et se répandent sans discrimination sur une large surface pouvant mesurer des centaines de mètres carrés. Elles peuvent être larguées ou tirées depuis un avion ou, comme dans ce cas, projetées depuis des roquettes sol-sol.  

    Les sous-munitions ont par ailleurs un taux de non explosion élevé - ce qui signifie qu’un fort pourcentage d’entre elles n’explosent pas à l’impact, et deviennent de fait des mines antipersonnel qui représentent une menace pour les civils, des années après leur déploiement. La fabrication, la vente, le transfert et l’utilisation de munitions à fragmentation sont prohibés par la Convention de 2008 sur les armes à sous-munitions, signée par plus de 100 États. 

    Bien que le Brésil, le Yémen, l’Arabie saoudite et les autres membres de la coalition menée par cette dernière qui prennent part au conflit au Yémen ne soient pas parties à la Convention, elles sont tenues, en vertu des règles du droit international humanitaire coutumier, de s’abstenir d’utiliser des armes qui par nature frappent sans discrimination et représentent invariablement un danger pour les civils. 

    L’ASTROS II brésilien

    Amnesty International, Human Rights Watch et la Coalition contre les sous-munitions ont recueilli des informations sur le recours de l’Arabie saoudite et ses alliés à quatre modèles de munitions à fragmentation dans le cadre du conflit au Yémen à ce jour, dont trois de fabrication américaine.  

    Mais cette attaque récente semble marquer la première utilisation de munitions à fragmentation brésiliennes dans ce conflit.

    Plusieurs entreprises brésiliennes produisent ce type de munitions. Si Amnesty International n’a pas été en mesure de confirmer de manière indépendante la marque et le modèle des sous-munitions larguées sur Ahma, celles-ci présentent des similitudes avec des dispositifs fabriqués par une entreprise brésilienne nommée Avibrás Indústria Aeroespacial SA.

    L’ASTROS II, un système de lance-roquettes multiple monté sur un camion, est fabriqué par Avibrás. L’ASTROS II peut tirer plusieurs roquettes de suite à brefs intervalles, et trois de ses roquettes peuvent être équipées d’un nombre de sous-munitions pouvant aller jusqu’à 65, et possèdent un rayon d’action pouvant atteindre les 80 km, selon le type de roquette. Le site Internet de l’entreprise le dit « capable de tirer des roquettes longue portée et conçu comme un système d’armement stratégique ayant un fort pouvoir dissuasif. »

    Selon le Landmine and Cluster Munition Monitor, qui effectue un suivi sur les mines terrestres et les munitions à fragmentation, Avibrás a vendu ce type de munitions à l’Arabie saoudite par le passé, et Human Rights Watch a recueilli des informations sur leur utilisation par les forces saoudiennes à Khafji en 1991, « laissant derrière elles un nombre élevé de sous-munitions non explosées. »

    « Le Brésil doit immédiatement préciser quelle est l’étendue de ses transferts internationaux de munitions à fragmentation interdites, qui remontent à des décennies. Le Brésil et les autres États continuant à permettre la production et le transfert de ces armes ne peuvent prétendre qu’ils n'ont pas conscience de l’impact qu’elles ont sur les civils au Yémen et ailleurs. Le Brésil doit immédiatement mettre un terme à leur fabrication, détruire ses stocks et adhérer à la Convention sur les armes à sous-munitions sans plus attendre », a déclaré Átila Roque, directeur exécutif d’Amnesty International Brésil.  

    Vendredi 30 octobre, Amnesty International a parlé avec un haut responsable d’Avibrás qui avait vu les images en provenance du Yémen. Il a déclaré que la forme « ressemble » à certains des modèles d’Avibrás et n’a pas exclu qu’il s’agissait d’un de leurs produits, mais a ajouté que cela était assez improbable compte tenu du calibre. Il a toutefois reconnu que l’entreprise a fabriqué des calibres du même type au début des années 90, et a déclaré qu’il mènerait une enquête plus approfondie. 30 octobre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/press-releases/2015/10/yemen-brazilian-cluster-munitions-suspected-in-saudi-arabia-led-coalition-attack/

  • Voici à quoi ressemble la «fermeté face au terrorisme» à Jérusalem-Est (Amnesty)

    À l’extrémité sud de Jabal Mukaber, un quartier palestinien de Jérusalem-Est occupée, les collines forment un large amphithéâtre naturel. Ici, des oliveraies ornent les pentes douces, des chevaux hennissent et des oiseaux s’envolent des toitures pour jouer dans le ciel nocturne. La vue de la grande forteresse d’Hérode sur l’Hérodion est à couper le souffle. Là où j’étais assis, cependant, l’air était lourd de poussière de ciment, soulevée par les pieds de deux jeunes enfants se courant après entre les piles de gravats et les meubles fracassés. C’est là, sur ce site idyllique situé à 200 mètres du cadre impeccablement soigné d’une colonie israélienne illégale, que j’ai découvert à quoi ressemble la « fermeté face au terrorisme ».

    Depuis la route, rien n’indique ce qu’on s’apprête à voir : c’est seulement après avoir longé une autre maison et emprunté des escaliers que vous vous retrouvez soudain face à des obstacles inattendus. De gros morceaux de parpaing s’empilent sur le côté et le sol est recouvert de poussière grise. En haut des escaliers, c’est la dévastation. Des colonnes tordues ont repoussé les murs qu’elles soutenaient naguère, et la partie avant de la maison a basculé, semblant penser à s’effondrer complètement.

    C’est là que vivait Ghassan Abu Jamal, avec son épouse et leurs trois enfants. Avec son cousin Uday, Ghassan Abu Jamal a mené le 18 novembre 2014 une attaque visant la synagogue Har Nof, à Jérusalem, tuant cinq civils israéliens et un agent de la police israélienne des frontières, avant que les deux hommes ne soient abattus. Amnesty International a condamné cette attaque, la qualifiant d’odieuse. Les agresseurs étant morts et ne pouvant donc être sanctionnés davantage, les autorités israéliennes ont adopté une série de mesures qui punissent leurs familles. Quelle que soit la gravité des actes perpétrés par Uday et Ghassan Abu Jamal, le traitement qui a été infligé à leurs proches et dont j’ai été témoin n’était pas justifié.  

    « Le jour de l’attentat, la police a fait une descente dans la maison, arrêté de nombreux membres de la famille, et m’a emmené au Camp russe [un centre de détention] », m’a déclaré Moawiyeh Abu Jamal, frère de Ghassan. « Il m’y ont gardé pendant six jours, et m’ont fait subir un interrogatoire qui a duré de nombreuses heures. Pendant l’interrogatoire, j’avais les bras et les jambes entravés, et quand il ne me posaient pas de questions, ils me faisaient asseoir sur une toute petite chaise, ce qui me faisait très mal. » Cette position douloureuse est connue sous le nom de torture du shabah ou fantôme ; il a ajouté qu’on lui a placé un sac sur la tête, qu’on le lui a noué autour du cou, et qu’on l’a privé de sommeil pendant de longues heures. Depuis de nombreuses années, Amnesty International recueille des informations sur les actes de torture et les autres formes de mauvais traitements infligés en toute impunité aux Palestiniens par des représentants de l’État israélien chargés de mener leur interrogatoire. Moawiyeh Abu Jamal a été libéré sans inculpation, de même que l’ensemble des membres de sa famille arrêtés ce jour-là, ce qui tend à indiquer que les autorités ne disposent pas d’éléments prouvant qu’un seul d’entre eux a été impliqué dans ces attaques. 

    Le 6 octobre dernier en pleine nuit, des policiers israéliens sont arrivés pour exécuter un ordre de démolition. « Ils sont arrivés à minuit et pendant deux heures, nous les avons entendus saccager le mobilier dans la maison. Puis nous avons entendu des bruits de perceuse, avant une forte explosion à 5 h 30 [du matin]. » Bien que la Cour suprême israélienne ait donné l’instruction à la police d’éviter d’endommager d’autres appartements de l’immeuble pendant la démolition, le logement de Moawiyeh Abu Jamal, contigu à celui de Ghassan, a été détruit et des maisons voisines ont subi des dégâts. En bas de l’escalier, des fissures courent en travers du plafond et sur les murs d’une chambre exiguë où Moawiyeh Abu Jamal, son épouse et leurs quatre enfants dorment désormais. Reprenant mon souffle à la porte, j’ai vu un grand immeuble flambant neuf se dresser dans la colonie en haut de la colline. Mais en bas, cette famille n’est même pas autorisée à enlever les gravats. « Mon fils n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé », me dit Moawiyeh Abu Jamal. « Il n’arrête pas de me demander qui a fait ça, et pourquoi. » 

    Outre la destruction d’une maison, les autorités israéliennes ont ordonné que les pièces où vivait Uday Abu Jamal dans la maison de son grand-père soient « scellées ». Le mot « sceller » évoque quelque chose de soigné, de précis et d’hygiénique, mais comme j’ai pu le voir, ce n’est pas ce qui caractérise ce processus. Pour « sceller » une pièce, les autorités israéliennes brisent une fenêtre, y introduisent un tuyau relié à une bétonnière, et pompent du ciment à l’intérieur de la maison. Le résultat est à mi-chemin entre la catastrophe naturelle et une installation d’art contemporain, où le ciment, désormais sec, remplit la pièce aux deux-tiers, les vestiges de la vie quotidienne en hérissant la surface. Au domicile de Mutaz Hijazi, un Palestinien tué après qu’il a tenté d’assassiner un militant israélien d’extrême-droite, des architectes ont dit à sa famille que du fait des 90 tonnes de béton coulées dans sa chambre, la maison se détachera lentement de ses fondations, et glissera jusqu’en bas de la pente raide sur laquelle elle est perchée, ce qui mènera à sa destruction.

    La Cour suprême israélienne a affirmé que ces démolitions n’ont pas pour but de punir les familles des personnes ayant mené des attaques, mais de dissuader, en signifiant à ceux qui envisageraient de s’en prendre à des Israéliens que cela sera le prix à payer pour leurs proches. Ces justifications ne changent rien au fait que les démolitions et les décisions de « sceller » les logements ont tout d’une sanction collective - punir des gens pour les agissements d’autres personnes.

    Outre les personnes se retrouvant sans logement du fait de ces démolitions, les autorités israéliennes ont révoqué le statut de résident de l’épouse de Ghassan Abu Jamal et de leurs trois enfants, une décision qui les prive d’accès aux soins. Ces mesures, qu’elles soient ou non en réaction à une attaque odieuse, constituent un châtiment collectif et enfreignent le droit international.

    Chaque gouvernement est tenu de protéger des attaques la population se trouvant sous son autorité, mais les mesures adoptées doivent respecter les droits humains et le droit international humanitaire.

    Comme le fait de prendre des civils pour cible, les châtiments collectifs sont absolument interdits et ne sont jamais justifiés. Lorsque ce type de sanction revêt la forme de vastes destructions de logements, il s’agit d’une grave atteinte aux Conventions de Genève et d’un crime de guerre. Les autorités israéliennes doivent immédiatement cesser de punir des personnes qui ne sont pas responsables d’attaques : la logique perverse de cette « fermeté face au terrorisme » se solde par des souffrances pour la population palestinienne toute entière.

    Par Jacob Burns, Research & Campaign Assistant for Amnesty International's Israel/Palestine team, 30 octobre 2015, 12:35 UTC

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/10/iopt-this-is-what-being-tough-on-terror-looks-like-in-east-jerusalem/

  • Égypte. Une descente armée contre une ONG de journalisme a tout d’une nouvelle attaque contre les médias indépendants (Amnesty)

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    Une descente armée effectuée contre une organisation non gouvernementale (ONG) de journalisme au Caire, mercredi 21 octobre, est le signe d’une intensification de la répression menée par les autorités égyptiennes contre la liberté d'expression et d’association, a déclaré Amnesty International.

    Des membres des forces de sécurité portant des armes à feu et des masques ont attaqué les locaux de la Fondation Mada mercredi 21 au matin et ont arrêté tous les employés présents. Les motifs de ce raid ne sont pas clairs mais, selon des informations obtenues par Amnesty International, les forces de sécurité n’ont pas présenté de mandat de perquisition ni de mandat d’arrêt délivré par le parquet, ainsi que le requiert le droit égyptien.

    « Effectuer une descente armée contre une ONG qui œuvre au développement des compétences des journalistes indique clairement que le journalisme indépendant et les activités de la société civile ne sont pas tolérés dans l’Égypte d’aujourd’hui. Il s’agit d’une attaque illégale qui présente toutes les apparences d’une nouvelle tentative d’écraser le journalisme indépendant dans le pays », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

    « Les professionnels des médias et les employés des ONG doivent pouvoir effectuer leur travail légitime sans crainte, menaces, ni harcèlement. Les autorités égyptiennes doivent expliquer pourquoi elles s’en sont prises à cette ONG, et libérer immédiatement quiconque est détenu pour avoir exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et d’association. »

    Il s’agit d’une attaque illégale qui présente toutes les apparences d’une nouvelle tentative d’écraser le journalisme indépendant dans le pays.
    Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International

    Les forces de sécurité ont fait irruption dans les bureaux de l’ONG peu après que des policiers en civil sont arrivés dans les locaux et ont demandé à rencontrer le directeur de l’organisation, Hisham Gaffar. Ils ont fracturé le coffre-fort et confisqué des documents et des équipements qui se trouvaient dans le bureau. Les femmes travaillant sur place ont plus tard été autorisées à partir mais une vingtaine d’hommes, y compris des agents de nettoyage, des gardiens de sécurité et même un livreur de restauration sont maintenus en détention dans le bâtiment.

    Hisham Gaffar a plus tard été conduit à son domicile par des membres des forces de sécurité, qui se sont alors mis à fouiller les lieux. Lorsque son fils est arrivé au bureau, les forces de sécurité l’ont frappé et arrêté.

    Les autorités égyptiennes ont la mauvaise habitude d’effectuer des descentes arbitraires dans les ONG. C’était le cas durant l’ère Moubarak et cela l’est resté au lendemain du soulèvement de 2011. Des ONG ont été attaquées à plusieurs reprises, et leurs employés arrêtés et emmenés dans des lieux inconnus où ils ont été maltraités.

    La Fondation Mada pour le développement des médias est une ONG qui travaille au renforcement des capacités des journalistes locaux. 21 octobre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/press-releases/2015/10/egypt-armed-raid-on-journalism-ngo-bears-hallmarks-of-another-assault-on-independent-media/

  • Bahreïn. La condamnation à un an de prison d'une militante qui a déchiré la photo du roi bafoue la liberté d'expression (Amnesty)

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    Le jugement en appel rendu mercredi 21 octobre contre la militante bahreïnite Zainab Al Khawaja, confirmant sa condamnation pour « insulte » envers le roi de Bahreïn et réduisant sa peine de trois à un an de prison, illustre une nouvelle fois le mépris des autorités à l'égard du droit à la liberté d'expression, a déclaré Amnesty International.

    Ce verdict, qui confirme une condamnation pour avoir déchiré une photo du roi devant le tribunal en octobre 2014, coïncide avec le 32e anniversaire de Zainab Al Khawaja et fait planer sur cette mère de deux enfants la menace d'un séjour d'un an derrière les barreaux et d'une nouvelle arrestation immédiate.

    La famille de Zainab Al Khawaja a déclaré à Amnesty International que si elle est incarcérée, elle a l'intention de garder son plus jeune fils – qui n'a pas encore un an – avec elle pendant qu'elle purgera sa peine.

    « La décision de la cour d'appel de Bahreïn de rejeter la demande de libération de Zainab Al Khawaja et de l'incarcérer pour une année est une attaque contre la liberté d'expression et montre une nouvelle fois que les autorités usent de méthodes répressives pour réduire au silence des militants pacifiques, a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

    La décision de la cour d'appel de Bahreïn de rejeter la demande de libération de Zainab Al Khawaja et de l'incarcérer pour une année est une attaque contre la liberté d'expression et montre une nouvelle fois que les autorités usent de méthodes répressives pour réduire au silence des militants pacifiques.
    James Lynch, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

    « Il est absurde que Zainab Al Khawaja passe un an en prison simplement pour avoir déchiré la photo du chef de l'État. Les autorités doivent veiller à ce que sa condamnation et sa peine de prison soient annulées. Elle ne devrait pas être sanctionnée pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d'expression. »

    Les lois qui interdisent l'insulte ou le manque de respect à l'égard des chefs d'État ou d'autres responsables de l'État sont contraires aux normes internationales et au droit international relatifs aux droits humains. À maintes reprises, Amnesty International a demandé aux autorités bahreïnites de supprimer du Code pénal les dispositions qui érigent en infraction la liberté d'expression.

    Zainab Al Khawaja est la fille du militant et prisonnier d'opinion Abdulhadi Al Khawaja, qui purge actuellement une peine de détention à perpétuité pour son rôle pacifique dans les manifestations antigouvernementales de 2011.

    En plus d'un an de prison, Zainab Al Khawaja a été condamnée à une amende de 3 000 dinars bahreïnites (environ 7 000 euros), somme qu'elle ne pourra sans doute pas verser. Si elle ne s'acquitte pas de cette amende, sa peine sera prolongée d'un an et demi.

    Depuis décembre 2011, la jeune femme a été appréhendée et relâchée à plusieurs reprises, et a déjà passé près d'un an et demi en prison.

    Elle fait également appel de trois autres condamnations prononcées à son encontre, dont une à quatre mois de prison pour deux inculpations de « destruction de biens publics », pour avoir déchiré des photos du souverain de Bahreïn en mai 2012, et une à un an de prison pour « outrage à agent », parce qu'elle avait pris la défense d'une autre détenue qui était insultée et humiliée par un gardien en juin 2013. Les jugements concernant les appels de ces condamnations sont attendus pour le 3 décembre.

    Le 17 novembre, elle fera appel d'une condamnation à neuf mois de prison pour « entrée dans une zone interdite » et « insulte à agent », lorsqu'elle a tenté de rendre visite à son père qui observait une grève de la faim à la prison de Jaww en août 2014.

    Zainab Al Khawaja compte parmi plusieurs militants politiques et défenseurs des droits humains récemment incarcérés à Bahreïn pour avoir exprimé sans violence leurs opinions.

    « L'attitude des autorités de Bahreïn, qui persécutent les militants des droits humains et les détracteurs du gouvernement, illustre leur incapacité à mettre en œuvre les réformes promises. Pour démontrer qu'elles sont résolues à faire respecter les droits fondamentaux, elles doivent libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers détenus uniquement pour avoir exprimé sans violence leurs opinions », a déclaré James Lynch.  21 octobre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/press-releases/2015/10/bahrain-one-year-prison-sentence-for-activist-who-ripped-up-photo-of-king-a-vindictive-assault-on-freedom-of-expression/

  • Maroc : Pourquoi le régime punit-il Maâti Monjib et pourquoi l’opprime-t-il ? (Essf)

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    Depuis début octobre 2015 l’Etat marocain autoritaire achemine Maâti Monjib vers une mort imminente. L’Etat a sciemment choisi d’ignorer sa grève de la faim pour la défense de ses libertés de circulation et d’expression, ce qui met sa vie directement en danger, s’agissant d’une personne diabétique avec des antécédents cardiaques.
     
    Depuis un certain temps toutes les formes d’activité exercées par Monjib font l’objet d’incessantes  intimidations : que ce soit par l’interdiction de l’association qu’il préside « Liberté maintenant », ou le harcèlement des activités de l’Association marocaine pour le journalisme d’investigation (AMJI), au point de mettre en prison son directeur, Hicham Mansouri, sous prétexte de « complicité d’adultère ».
     
    Monjib est historien auteur d’une thèse sur l’histoire politique du Maroc à l’époque cruciale de la mise en place des fondements du despotisme, celle de 1955-1965. Son titre en est « La Monarchie marocaine et la lutte pour le pouvoir : Hassan II face à l’opposition nationale, de l’indépendance à l’état d’exception ». (1)

    Lors des années Driss Basri (2), le ministère de l’Intérieur avait même interdit la publication de chapitres de cette thèse dans un journal marocain. Cette thèse est préfacée par l’écrivain français Gilles Perrault, à qui l’on doit « Notre ami le roi », livre percutant qui a ouvert une brèche dans le mur sombre de la tyrannie politique au Maroc.

    Il convient de mentionner que cette thèse a été notamment dédiée à l’Association marocaine des droits l’Homme (AMDH), à l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM), et au jeune martyr Abdelhak  Chabada, en ces termes : « A mon ami qui s’est enlevé la vie à l’âge de 28 ans, Abdelhak Chabada ».
     
    Aujourd’hui Monjib subit l’oppression tout comme l’Association marocaine des droits de l’Homme que le régime étrangle en la soumettant à diverses formes de tracasseries et d’interdiction. Il partage aussi le malheur qui s’abat sur les militants de l’Union nationale des étudiants du Maroc, qui sont soumis aux procès, à l’emprisonnement, à la répression ainsi qu’aux assauts des forces de répression contre les universités. Il se trouve, en plus de tout cela, contraint d’observer une grève de la faim à l’instar de nombreux militants du champ universitaire au cours des dernières années.
     
    Monjib avait également collaboré à l’écriture de la biographie de Mehdi Ben Barka [Publications Michalon, 1996] aux côtés de la journaliste de gauche Zakya Daoud, qui elle aussi avait fait l’objet de tracasseries et a dû fermer l’une des principales tribunes de gauche, à savoir la revue Lamalif.
     
    Monjib agace le régime de la tyrannie avec sa plume et ses activités, doté en plus d’une vraie crédibilité de défenseur des libertés, des droits de l’homme et de la démocratie. Et cela d’autant plus qu’il publie dans la presse étrangère anglophone.
     
    Monjib irrite le régime à cause des efforts intellectuels déployés dans le cadre du Centre Ibn Rochd. Ce centre était le premier qui a fait connaître au Maroc, et peut-être dans toute la région arabe, la pensée de la militante marxiste révolutionnaire américaine d’origine russe et secrétaire de Trotski dans les années 1930 [Raya Dunayevskaya, NdT], en traduisant en arabe son texte « Marxisme et Liberté ». (3) Il poursuit toujours ses efforts de traduction de la pensée radicale. Le centre a été la cible de harcèlement et d’interdiction ce qui l’a forcé à se dissoudre en novembre 2014.
     
    La contribution de Monjib dans la presse intéressée par l’histoire du Maroc est centrée sur les penseurs de gauche et l’histoire des luttes au Maroc. 
     
    Lorsque la rue marocaine s’est mise à bouger sous l’effet du processus de lutte qui a traversé la région en 2011, Maâti Monjib était membre du Conseil national de soutien au Mouvement du 20 Février.
     
    La tyrannie ne supporte pas les véritables voix de l’opposition. Elle ne supporte d’ailleurs même pas celles provenant de positions libérales. Ceux-ci ne mettent pourtant pas en cause le système du capitalisme dépendant au Maroc. Nombreux sont les opposants qui se situent pourtant très loin du socialisme révolutionnaire — partisans qu’ils sont d’une monarchie « rationalisée » qui protège le capitalisme dépendant et apporte plus de démocratie formelle au pouvoir des détenteurs des capitaux. Ceux-ci font néanmoins l’objet de persécutions. Parmi les plus connus d’entre eux on peut citer le journaliste Aboubakr Jamaï et Ali Anouzla.
     
    L’autoritarisme étouffe toute personne qui ne chante pas les louanges de la démocratie hassanienne (4). D’autres intellectuels enfermés dans leur tour d’ivoire, qui n’ont rien à voir avec les organisations de lutte ouvrières et populaires, mais qui tiennent beaucoup à leur indépendance vis-à-vis du régime, furent eux aussi vus de très mauvais œil par ce dernier qui les harcèle et tend à les réduire au silence.
     
    Pour arrêter ses adversaires, le régime se sert de toutes sortes d’alibis non politiques puisqu’il ne trouve pas de justifications politiques convaincantes pour l’opinion publique (notamment à l’extérieur du pays).
     
    Dans le cas de Monjib, l’Etat alimente la suspicion d’irrégularités financières au centre Ibn Rochd. Une manœuvre qui ne trompe personne. Qui ignore encore que cet Etat avec ses services de renseignements très efficaces laissent sévir les pilleurs dans plusieurs associations de ladite société civile mais font pression sur Monjib pour qu’il s’aligne dans le rang des flagorneurs, qui veulent accumuler des richesses.
     
    La solidarité avec Monjib est un devoir primordial pour tout défenseur des libertés et de la démocratie, Son état met toutes les organisations militant pour les droits humains, syndicaux et politiques, devant l’examen de leur fidélité à leurs principes fondateurs. 
     
    La vie de Monjib est en danger !
    Ce qui reste de nos libertés est en danger !
    Solidarité avec Monjib !
    A bas la tyrannie !
     
    Dimanche 25 octobre 2015, par Almonadil-a

    Notes :

    1. Monjib Maati,"La Monarchie marocaine et la lutte pour le pouvoir : Hassan II face à l’opposition nationale, de l’indépendance à l’état d’exception, préface de Gilles Perrault. L’Harmattan, Paris, 1992 (NdT).

    2. Driss Basri, est un ancien puissant ministre de l’Intérieur du roi Hassan II pendant un quart de siècle. Son nom a été fortement associé aux années de plomb. Il est mort à Paris, en France, le 27 août 2007.

    3. Raya Dunayevskaya, « Marxisme et Liberté » https://www.marxists.org/francais/dunayevskaya/works/1957/09/preface.htm

    4. La démocratie de Hassan II, celle qui a entériné son pouvoir quasi absolu ! (NdT).

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36164