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Droits humains - Page 8

  • Maroc : La lutte des prisonniers politiques arrive à un stade critique (Tendance Claire)

    Prisonniers politiques détenus à Meknès

     

    La lutte des prisonniers politiques marocains pour des droits aussi élémentaires que le droit au soin, aux visites, à une nourriture de base saine, à l’hygiène, à la poursuite des études se poursuit malgré le black out médiatique.

    Ces prisonniers subissent quotidiennement des humiliations et des mauvais traitements, plusieurs d’entre eux sont détenus sans procès, d’autres ont été condamnés dans des caricatures de procès à des peines extrêmement lourdes (jusqu’à 40 ans de prison !).

    Le nombre de ces prisonniers ne cesse de grandir puisque les arrestations dans les milieux militants se poursuivent et que se multiplient aussi les situations d’enlèvement (comme cela a été le cas par exemple pour Zouhir Alaichi, enlevé le 20 août 2016, en plein jour, dans une rue de la ville de Larache).

    A la mi-août 2016, parmi les initiatives de luttes des prisonniers, ont été recensés les mouvements de grève de la faim suivants, dans l’ensemble du pays : 


    - A la prison de Toulal 2 de Meknès, Rédouan Almali, Hamza Al Hamadi, Yassin Rahal, Ibrahim Kassimi, Ibrahim Attahiri en étaient à leur 80e jours de grève de la faim ; leur état de santé a été reconnu critique, particulièrement celui d’Ibrahim Attahiri. 


    - A la prison de Toulal 3 de Meknès, Ikram Bourhim, Zakia Biya, Fatima Ezzahra Sahik étaient en grève de la faim depuis plus de 24 jours (voir notre article). 
     

    A la prison de Marrakech, les manifestants estudiantins arrêtés le 19 mai (voir notre article) ont mené à leur tour une grève de la faim de 48 heures comme premier avertissement avant d’aller plus loin si leurs revendications n’étaient pas prises en compte. Ce sont Myriam Aamani, Lahcen Elamrani, Nabil Elkafifi, M’Barek Talibi, Mounaatif Chadi, Mohamed Boukhliki, Mohamed Elharaoui, Fouad Atouni, Badr Azahraoui, Abdelmounin Elismaili, Abdelmounin Maji, Hassan Raji et Hamid Hamza.

    A la prison Aïn Kadouss, de Fès, Mounir Al Ghazoui, Zakaria Al Azouzi, Zouhair Saber, Jaber Rouijel, Ahmed Fahmi sont en grève de la faim ouverte depuis le 18 août.

    A la prison de Touchka et d’Errachidia, Hassan Koukou, Mounir Aitkhafou, Soufian Esserhir, Hassan Onmouch – tous condamnés à 5 ans de prison - ont mené une grève de la faim de 48 heures. 
    - A la prison Raas Almaa, de Fès, Bouchta Aljanati, Noaman Munbaddine étaient en grève de la faim depuis le 18 juillet.

    Prisonniers politiques détenus à Meknès

    Maryam Ammani, détenue à Marrakech, est en grève de la faim ouverte depuis 10 jours.

    http://www.secoursrouge.org/Maroc-La-lutte-des-prisonniers-politiques-marocains-a-un-stade-critique

    http://tendanceclaire.org/

  • Empêchement d’un rassemblement des familles de disparus à Alger (Algeria Watch)

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    La Laddh et le FFS dénoncent

    À l’appel de SOS disparus et du collectif des familles de disparus en Algérie, des familles de disparus ont tenté de se rassembler devant le siège de la CNCPPDH à Alger, hier, à l’occasion de la Journée internationale des disparitions forcées.

    La police est intervenue pour empêcher le rassemblement. Des arrestations ont été opérées parmi les manifestants. Un empêchement que la Laddh et le FFS ont dénoncé dans des communiqués publics. Dénonçant “avec force l’empêchement et la répression du rassemblement pacifique des familles de disparus et des militants des droits de l’Homme à Alger le 30 août 2016”, la Laddh qui a souligné que “les mères, femmes et filles de disparus ont été malmenées et plusieurs personnes ont été arrêtées et conduites aux commissariats de Rouiba et de Heuraoua, à une trentaine de kilomètres du lieu du rassemblement”, a exigé leur libération.

    Une exigence exprimée également par le FFS qui a dénoncé “une répression systématique de tout mouvement protestataire pacifique et alerte l’opinion publique sur ces dérives répétées”.

    R. N. Liberté, 31 août 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/rassemblement_familles_empeche

    http://www.huffpostmaghreb.com/manifestations-des-familles-des-disparus-la-laddh-et-le-ffs-denoncent

  • Un blogueur condamné à mort en Mauritanie pour avoir dénoncé la discrimination contre la caste des forgerons (Global Voices)

    Source site d'ibnkafkasobiterdicta.wordpress.com, Divagations d'un juriste marocain en liberté surveillée, qui affirme

     

    Du site Ibn Kafka où le juriste affirme “si l’histoire mauritanienne est faite de souffrances et d’injustices, elle est aussi faite de résistance et de dignité exemplaire”

    Pour avoir écrit un billet sur Internet critiquant l'utilisation de l'Islam pour justifier le phénomène moyenâgeux du système des castes, le blogueur Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould M’kheitir a été condamné à mort par la Cour Criminelle de Nouadhibou en Mauritanie.

    Fils du préfet de cette ville, capitale économique de la région au sud du pays, Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould M’kheitir est de formation comptable et âgé de 29 ans, de la caste des forgerons. Il avait fait appel de cette condamnation. Dans un billet publié par le site chezvlane.com, il avait écrit le 25 décembre 2014:

    Ceux qui osent inventer de faux hadiths et les attribuent au prophète (paix et salut d’Allah sur lui), aucune morale ni religion ne peut l’empêcher d’interpréter à leur guise un article écrit par un simple jeune, novice de surcroît. Ils ne ménageront aucun effort afin de mobiliser la passion du musulman commun au service de leurs intérêts. C’est ainsi qu’ils ont prétendu que les forgerons ont Blasphémé à l’encontre du prophète (paix et salut d’Allah sur lui)  à travers un article écrit par un des leurs, tout comme ils avaient prétendu que celui qui avait fait tomber les dents du prophète lors de la bataille du mont Ouhoud était un forgeron.

    C’est dans ce cadre que je voudrais confirmer ici ce qui suit :

    1. Je n’ai pas, consciemment ou inconsciemment, blasphémé à l’encontre du prophète (Paix et Salut d’Allah sur lui) et je ne le ferai jamais. Je ne crois d’ailleurs pas qu’il y ait dans ce monde plus respectueux envers lui (paix et salut d’Allah sur lui) que moi.

    2. Tous les faits et récits que j’ai cité dans mon précédent article revêtent un caractère historique et véridique. Ces récits ont naturellement leurs interprétations littérales et superficielles et leurs sens visés et profonds.

    Mohamed Cheikh Ould Mohamed, publié sur ODH Mauritanie

    Mohamed Cheikh Ould Mohamed, publié sur ODH Mauritanie

    Le 21 avril 2016, la Cour d’appel de Nouadhibou a confirmé la peine capitale, cependant, avec une requalification des faits. En effet, il n’est plus considéré comme apostat, mais uniquement comme mécréant.

    Avec cette requalification des accusations contre lui, l'espoir est encore permis  parmi les militants des droits humains en Mauritanie que la Cour suprême, saisie par sa défense, casse la condamnation à la peine capitale et prononce une sentence plus clémente.

    Le site sénégalais Setal  rappelle les faits:

    Ce jeudi, la cour d'appel n'a pas suivi l'accusation qui demandait la confirmation de la peine. Les avocats s'en félicitent même si évidemment pour eux cela ne suffit pas. Cela fait maintenant deux ans et trois mois que Mohamed Cheikh ould Mkheitir a été arrêté pour un simple article posté sur internet. Cet article a été jugé blasphématoire envers le prophète et l'islam, il a choqué la partie la plus conservatrice de l'opinion mauritanienne qui a salué à l'époque sa condamnation à mort.

    Il n'en reste pas moins que le blogueur pourrait subir une peine sévère principalement pour des raisons de plotique intérieure. En effet, dans un billet paru sur le site d’ Amnesty International, le 26 avril 2016, la journaliste et militante des droits humains, Sabine Cessou écrit, citant un collègue sous couvert d'anonymat:

     toute l’affaire relève « de la politique intérieure, avec un tribunal qui veut donner des gages aux salafistes – une tendance en plein essor dans notre pays, comme dans tout le monde arabo-musulman ».

    Dans un communiqué sur le sujet, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) cite Me Fatimata Mbaye, présidente de l’Association mauritanienne des droits humains (AMDH), ancienne vice-présidente de la FIDH et avocate des militants anti-esclavagistes:

    Cette condamnation, la première pour “apostasie” en Mauritanie depuis l’indépendance, constitue un recul de la tolérance et démontre à quel point les questions de caste, de religion, d’esclavage et donc de démocratie sont tabous en Mauritanie. Nous observons un durcissement du pouvoir et de la société contre toutes les voix contestataires sur ces sujets.

    Après la publication du billet, les extrémistes religieux avaient incité l'opinion publique à demander la pendaison du blogueur. Le site sénégalais Leral  décrit l'atmosphère qui s'était créée dans le pays contre l'accusé:

    Des milliers de mauritaniens dont certains ont lu, d'autres pas du tout, l'article incriminé avaient battu le pavé, à Nouakchott, Nouadhibou et ailleurs pour exiger sa pendaison pure et simple, il y a un an de cela…. [Le] président de la République, devant la foule de manifestants amassée devant le portail de son palais avait déclaré : ” Je vous remercie de tout cœur pour votre présence massive en ce lieu pour condamner le crime commis par un individu contre l'Islam, la religion de notre peuple, de notre pays, la République Islamique de Mauritanie, comme j'ai eu à le préciser par le passé et le réaffirme aujourd'hui, n'est pas laïque et ne le sera jamais…. je vous assure en conséquence que le Gouvernement et moi-même ne ménagerons aucun effort pour protéger et défendre cette religion et ses symboles sacrés… ». Cette déclaration du président, celle des différents partis politiques conjugués avec les manifestations et fatwas ont eu raison de lui.

    Son soutien au blogueur avait attiré les ires des extrémistes sur Mme Aminetou Mint Moctar, lauréate du prix 2006 des droits de l’homme de la République française et en 2010, de la médaille de Chevalier de la Légion d’honneur française. Une fatwa avait été émise contre cette personnalité, qui, comme le révélait le site Africa News, a été la première femme mauritanienne à être nominée pour le Prix Nobel pour la paix à cause de ses engagements pour la cause des droits humains.

    M. Yehdhih Ould Dahi, chef du courant islamiste radical “Ahbab Errassoul” (les amis du Prophète) avait proclamé selon le site w41k.com:

    «Cette méchante qui défend Mkheitir et disant qu’il s’agit d’un prisonnier d’opinion, et qui a demandé sa libération pour qu’il soit rendu à sa femme, cette femme qui décrit les amis du Prophète comme des Boko Haram et des Takfiris seulement parce qu’ils demandent le respect de l’honneur du Prophète, qu’elle soit damnée par Allah, les anges et tous les gens. Aujourd’hui, je vous annonce avec la bénédiction d’Allah, son apostasie pour avoir minimisé l’outrage à l’honneur du Prophète. C’est une infidèle, dont il est légitime de s’emparer de son sang et de ses biens. Celui qui la tuera ou lui crèvera les yeux sera récompensé par Allah».

    L'atmosphère qui entoure cette affaire semble se rasséréner, mais ce qui est certain, c'est que la condamnation à mort du blogueur Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould M’kheitir est toujours en vigeur et que le blogueur croupit toujours en prison.

  • Le procès secret d'un travailleur humanitaire à Gaza ne permettra pas de rendre justice (Amnesty)

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    Mohammed al Halabi

    Israël/Territoires palestiniens occupés

    Les autorités israéliennes doivent veiller à ce que le procès d’un travailleur humanitaire de l'organisation World Vision soit équitable et public, a déclaré Amnesty International à la veille de son procès, alors que des informations indiquent que la procédure devrait se dérouler à huis clos.

    Mohammed al Halabi, responsable des opérations à Gaza de World Vision, ONG internationale de développement qui se consacre aux enfants, est inculpé de 12 accusations, notamment d'appartenance à une « organisation terroriste » et de détournement des fonds de l'association à des fins « terroristes ». Au départ, il n’a pas pu consulter d’avocat. Lorsque son avocate a enfin pu le rencontrer, il a affirmé avoir été sérieusement maltraité en détention.

    Les autorités israéliennes imposent à son avocate toute une série de restrictions portant sur le fait d'évoquer plus en détail cette allégation, ainsi que de nombreux éléments de l'affaire. 

    « Les procès secrets constituent la violation la plus flagrante du droit à un procès public. Tenir ces audiences derrière des portes fermées rendrait toute condamnation sujette à caution, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.

    « L'accusation de détournement de fonds destinés à soulager la crise humanitaire à Gaza est extrêmement grave. Il est donc d'autant plus important que les droits de Mohammed al Halabi soient pleinement respectés et qu’il soit jugé avec équité et transparence. »

    D'après les normes internationales, les procès ne peuvent se dérouler à huis clos que dans des circonstances exceptionnelles. Si des motifs de sécurité nationale peuvent justifier de mener la totalité ou une partie du procès à huis clos, les autorités israéliennes n'ont avancé aucun élément expliquant pourquoi de telles conditions sont nécessaires au déroulement de ce procès.

    L'Agence israélienne de sécurité (AIS) a arrêté Mohammed al Halabi le 15 juin au point de passage d'Erez, séparant Israël et la bande de Gaza occupée, alors qu'il rentrait chez lui à Gaza d'une réunion qui s’était tenue dans les locaux de World Vision à Jérusalem. Il a été conduit au centre de détention d'Ashkelon, en Israël, où il a été interrogé avant d'être transféré à la prison de Nafcha, dans le désert du Néguev.

    On ne l'a pas autorisé à consulter un avocat avant le 6 juillet, soit trois semaines après son arrestation. Aussi a-t-il dû répondre à des interrogatoires intensifs sans l'assistance d'un avocat. Il n'a pas été inculpé avant le 4 août, plus de sept semaines après son interpellation.

    En outre, selon les médias, il a été roué de coups et ses « aveux » concernant le détournement de 6,6 millions d'euros par an ont été obtenus sous la contrainte. Ce chiffre semble très élevé : selon World Vision, Mohammed al Halabi et les managers occupant des postes similaires sont habilités à valider des dépenses maximales de 13 500 euros en une fois et le budget total de l'organisation des 10 dernières années pour Gaza s'élève à environ 20 millions d'euros.

    « Les autorités israéliennes doivent immédiatement enquêter sur les allégations selon lesquelles Mohammed al Halabi a subi des mauvais traitements en détention et a pu faire des " aveux " sous la contrainte. Les preuves obtenues sous la torture ou tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant doivent être exclues de la procédure. Si ces allégations ne font pas l’objet d’investigations indépendantes et impartiales, le procès risque d'être fondamentalement biaisé », a déclaré Magdalena Mughrabi.

    Entre 2001 et 2016, le nom de l'Agence israélienne de sécurité a été cité dans près de 1 000 plaintes pour torture et mauvais traitements, sans qu'aucune information judiciaire ne soit ouverte.

    Amnesty International a également appris que les autorités israéliennes ont sévèrement restreint la divulgation d’informations concernant l'affaire Mohammed al Halabi. D'après son avocate, ces restrictions sont beaucoup plus marquées que ce qu'elle a vu en plus de 40 ans d'expérience.

    Par ailleurs, les autorités israéliennes ont fait des déclarations qui risquent d'influencer le cours de la justice. Dans une déclaration, le ministère des Affaires étrangères présentait comme un fait établi les allégations selon lesquelles Mohammed al Halabi est membre du Hamas et a détourné 6,6 millions d'euros par an.

    « Les autorités israéliennes doivent s’abstenir de toute déclaration susceptible d’influencer le dénouement du procès. Considérer des allégations comme des faits constitue une violation de la présomption d'innocence », a déclaré Magdalena Mughrabi.

    Mohammed al Halabi travaille pour World Vision depuis 2005 et a été promu responsable des opérations dans la bande de Gaza en 2014. World Vision a ouvert une enquête indépendante sur les accusations et suspendu son travail humanitaire à Gaza à la suite de l'arrestation de Mohammed al Halabi. Plusieurs gouvernements ont annoncé la suspension du financement des projets de World Vision dans les Territoires palestiniens occupés dans l'attente des conclusions de ces investigations.

    Depuis 2007, les forces israéliennes imposent un blocus aérien, maritime et terrestre à la bande de Gaza, ce qui limite fortement l'entrée et la sortie des biens et des personnes sur ce territoire et s'apparente à une punition collective. Ces dernières années, l'Égypte a très souvent fermé le point de passage de Rafah. En raison du blocus et des conflits armés qui ont opposé Israël aux groupes armés palestiniens ces 10 dernières années, près de 80 % de la population de Gaza dépend de l'aide humanitaire internationale.

    « Pour vivre, la majorité de la population civile à Gaza dépend de l’acheminement de l'aide humanitaire. Il est crucial que cette affaire ne nuise pas à la capacité des organisations humanitaires et de développement telles que World Vision de faire leur travail sans être la cible de restrictions arbitraires et de mesures de harcèlement et d'intimidation », a déclaré Magdalena Mughrabi. 

    29 août 2016

    https://www.amnesty.org/fr/Israel-opt-secret-trial-of-gaza-aid-worker-will-not-deliver-justice

  • Quatre prisonniers grévistes de la faim, menottés à leurs lits, en situation critique (Info Palestine)

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    Noran Balboul se tient à côté d’une série de portraits dédiée à ses frères en grève de la faim, lors d’un sit-in de solidarité à Bethléem, le 2 août 2016 - Photo : MaanImages/Jaclynn Ashly

    Quatre prisonniers palestiniens grévistes de faim sont dans un état critique à l’hôpital Assaf Harofeh en Israël [Palestine de 1948], selon un communiqué publié samedi par le Comité palestinien des Affaires des prisonniers.

    Dans le même temps, 120 autres prisonniers palestiniens ont poursuivi la grève de la faim dans un mouvement de solidarité de grande ampleur.

    Menottés à leurs lits d’hôpital

    Les quatre grévistes de la faim ont été identifiés par le comité comme Muhammad et Mahmoud Balboul, qui sont été en grève depuis respectivement 51 et 53 jours, Ayyad al-Hreimi et Malek al-Qadi, qui sont tous deux en grève de la faim depuis plus de 40 jours. Tous les grévistes de la faim sont restés menottés à leurs lits d’hôpital, selon le communiqué.

    Chacun des prisonniers s’est déclaré en grève de la faim pour protester contre son incarcération en détention administrative – une politique israélienne de détention sans inculpation ni jugement [ni limite de temps], presque exclusivement utilisée contre les Palestiniens.

    Le comité révèle dans la déclaration que les grévistes de la faim sont dans des « conditions de santé graves », car ils ont perdu une quantité significative de poids et souffrent en permanence de douleurs et d’engourdissement dans leur corps.

    Le comité a mis en garde sur la nature critique de leurs conditions de santé et a exigé un renforcement du soutien populaire, juridique et politique pour aider à sauver leurs vies.

    120 prisonniers palestiniens en grève de la faim

    Le comité a ajouté que 120 prisonniers palestiniens poursuivaient en ce moment un mouvement collectif de grève de la faim, lancé en soutien à Bilal Kayid – un membre du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) – qui a mis fin à sa grève de la faim de 71 jours ce mercredi.

    Le comité ajoute que le service israélien des prisons (IPS) a continué à imposer des représailles sur les prisonniers, avec des mesures répressives telles que le confinement, l’interdiction des visites et l’imposition d’amendes.

    Une réunion se serait tenue entre des représentants des prisonniers et des responsables de l’IPS pour discuter de la situation, mais ils ne seraient pas parvenus à un accord, a encore dit le comité dans sa déclaration.

    Ces grévistes de la faim ont déclaré leurs grèves dans un contexte de mouvement de masse qui s’est propagé à travers les prisons israéliennes après que Kayid ait annoncé sa grève le 14 juin suite à sa condamnation à la détention administrative, le jour même où il devait être libéré après avoir purgé une peine de 14 ans et demi.

    Kayid est l’un des plus connus des grévistes de la faim depuis que le journaliste palestinien Muhammad al-Qiq a manqué mourir lors d’une grève de la faim de 94 jours pour protester contre sa détention administrative, avant d’être finalement libéré en mai.

    La détention administrative : un emprisonnement sans accusation et sans limite de temps

    La politique d’Israël de la détention administrative, qui permet à Israël de détenir quelqu’un sans procès ni accusation, est presque exclusivement utilisée contre les Palestiniens et a été largement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme, qui ont accusé Israël d’utiliser cette politique afin d’éroder la vie politique et sociale palestinienne en kidnappant des dizaines de Palestiniens sans preuve d’actes répréhensibles.

    Selon Addameer, on pouvait comptabiliser en juillet 7000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont 750 en détention administrative.

    27 août 2016 - Ma’an News - Traduction : Chronique de Palestine

    http://www.info-palestine.eu/

  • Maintien en détention du journaliste syndicaliste palestinien Omar Nazzal (SNJ, SNJ-CGT, CFTD-journalistes)

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    Nous publions ci-dessous le courrier que le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes ainsi que la FIJ et la FEJ, ont adressé à Mme Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, à propos de la prolongation de trois mois de la rétention administrative d’Omar Nazzal, journaliste et syndicaliste palestinien, détenu sans motif depuis avril dernier par les autorités israéliennes.

    Madame l’Ambassadrice,

    En avril dernier, les participants du Congrès de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) réunis à Sarajevo (Bosnie) ont vainement attendu l’arrivée du deuxième invité de la délégation palestinienne, Omar Nazzal, 54 ans, cadre du Syndicat des journalistes palestiniens. Arrêté par l’armée israélienne le 23 avril à la frontière entre la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, et la Jordanie, il est, depuis cette date, placé en rétention administrative.

    Ce régime extrajudiciaire, hérité de l’occupation britannique, est utilisé par votre pays pour mettre et garder en détention des personnes suspectes, sans avoir à justifier des raisons qui ont fondé contre elles ces mises en accusation. Pire, ces mesures administratives peuvent être prolongées toujours sans avoir à en justifier les motifs.

    Les syndicats de journalistes français (SNJ, SNJ-CGT et CFDT-journalistes), membres de la Fédération internationale des Journalistes (600.000 membres dans le monde), et de la Fédération européenne des journalistes ainsi que ces organisations internationales, ont, à plusieurs reprises, dénoncé la répression quasi-permanente dont sont la cible les journalistes palestiniens et leur syndicat Palestinian Journalists Union (PJS).

    Selon les précisions de l’armée israélienne, la détention par un tribunal militaire d’Omar Nazzal serait motivée par le fait d’appartenir à une « organisation terroriste » et non « pas du fait de ses actions en tant que journaliste ».

    Nous doutons fortement de cette accusation. Omar Nazzal est un journaliste professionnel compétent, expérimenté et avisé.

    Nous venons d’apprendre que sa détention serait prolongée de trois mois sans procès ni inculpation.

    C’est un véritable déni de justice.

    Nous vous appelons, Madame l’Ambassadrice, à transmettre aux autorités de votre pays que nous considérons que :
    – notre confrère Omar Nazzal doit être libéré sans retard. En grève de la faim depuis le 4 août, ce journaliste entend protester contre sa détention injustifiée. Nous rendons Israël responsable de son état de santé ;
    – doivent cesser les détentions arbitraires des journalistes et les poursuites injustifiées dont ils sont l’objet ;
    – doivent cesser les pressions, censures, restrictions de circulation ainsi que les brimades qui ont pour conséquence d’empêcher les journalistes palestiniens d’exercer librement leur mission d’informer ;
    – doivent être respectées les conventions internationales sur la protection des droits de l’Homme, la liberté syndicale, la liberté d’expression, dans les territoires palestiniens, comme partout dans le monde.

    Restant à votre disposition, veuillez agréer, Madame l’Ambassadrice, nos salutations syndicales les plus déterminées.

    Paris, le 21 août 2016

    SNJ/SNJ-CGT/CFDT-Journalistes

    http://www.acrimed.org/Maintien-en-detention-du-journaliste-syndicaliste

  • Irak Les exécutions ne permettront pas de résoudre les menaces à la sécurité (Amnesty)

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    L'exécution de 36 hommes en Irak dimanche 21 août signe une hausse alarmante du recours à la peine de mort par les autorités en réponse aux menaces à la sécurité auxquelles le pays doit faire face, a déclaré Amnesty International le 22 août 2016.

    Ces hommes avaient été déclarés coupables de l'homicide de 1 700 recrues à la base militaire de Speicher, près de Trikrit en juin 2014, à l'issue d'un procès collectif entaché de graves irrégularités qui n'a duré que quelques heures et reposait sur des « aveux » arrachés sous la torture.

    « Ces exécutions collectives marquent une hausse alarmante du recours à la peine de mort en Irak, a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe des recherches au bureau régional pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

    « À maintes reprises, Amnesty International a souligné que les familles des victimes ont le droit de connaître la vérité et réclament justice pour les atrocités commises par le groupe armé se désignant sous le nom d'État islamique (EI). Cependant, exécuter des hommes qui ont été contraints de passer aux " aveux " sous la torture, sans avoir véritablement la possibilité de se défendre, ce n'est pas rendre justice.

    « Compter sur les exécutions pour lutter contre les menaces à la sécurité n'est pas judicieux. Loin de remédier aux causes profondes des attaques meurtrières, cela ne fera que perpétuer le cycle de la violence. La peine capitale est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, et il n'est pas prouvé qu'elle a un effet plus dissuasif sur la criminalité qu'une peine de prison. »

    Seuls des procès exhaustifs, équitables et transparents rendront justice aux victimes et à leurs familles.

    Amnesty International avait évoqué l'affaire Speicher lors d'une rencontre à Bagdad le 4 août avec la Commission spéciale du bureau du président mise en place en 2015 pour accélérer les exécutions, et avait explicitement demandé que le président ne ratifie pas les condamnations à mort prononcées contre ces hommes.

    Elle demande aux autorités irakiennes d'instaurer sans délai un moratoire officiel sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort. Dans l'intervalle, le Parlement doit rayer la peine de mort de la législation et respecter toutes les normes internationales qui s'appliquent à son usage.

    L'un des hommes exécutés a « avoué » avoir tué 60 recrues à Speicher après avoir reçu des menaces de viol visant son épouse et ses sœurs. Il a également été frappé à coups de câbles et a reçu des décharges électriques. Sur des images vidéo, on peut voir cet homme recevoir des coups de poing au visage lors de son interrogatoire et faire ses « aveux » à la télévision irakienne, un bleu visible sous l’œil droit. Alors qu'il s'est rétracté au tribunal, selon ses avocats, ses « aveux » ont été retenus pour justifier sa condamnation. Le tribunal n’a pas ordonné l’ouverture d’une enquête sur les allégations de torture formulées par cet homme et d’autres accusés.

    Complément d’information

    Quarante personnes ont été déclarées coupables du massacre de Speicher en février 2016. Le 31 juillet, le verdict a été confirmé pour 36 des accusés et le président irakien a ratifié les exécutions le 14 août.

    Les autorités irakiennes sont soumises à une pression politique et publique croissante pour accélérer les exécutions, notamment depuis l'attaque meurtrière à Karrada, quartier commerçant de Bagdad, le 2 juillet, qui a fait près de 300 victimes.

    Au lendemain de cette attaque, le ministère de la Justice a annoncé que sept exécutions ont eu lieu les 4 et 5 juillet. Il a déclaré que près de 3 000 prisonniers se trouvent dans le quartier des condamnés à mort.

    En outre, le Code pénal irakien a été modifié le 12 juillet, et il est désormais plus difficile pour les condamnés à mort de solliciter un nouveau procès.

    Depuis début 2016 en Irak, au moins 123 personnes ont été condamnées à mort et 81 au moins ont été exécutées. 22 août 2016

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/08/iraq-executions-will-not-eliminate-security-threats/

  • Appel à un « jour de colère » en soutien aux prisonniers en grève de la faim (Info Palestine)

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    La santé de Bilal Kayid – prisonnier gréviste de la faim – a continué de se détériorer à un rythme rapide, selon le chef du Comité palestinien des Affaires des Prisonniers qui a appelé dans un communiqué publié ce mardi, les Palestiniens à participer à une « journée de colère » en solidarité avec tous les prisonniers en grève de la faim.

    Dans la déclaration, Qaraqe a exprimé son inquiétude concernant la santé de Kayid qui est entré ce jour-là dans son 63e jour sans alimentation, en disant après une visite avec le gréviste de la faim que Bilal Kayid s’est « transformé en un squelette. »

    Il a ajouté que le prisonnier souffre d’un épuisement sévère, d’une incapacité à parler, à entendre, à voir, à se tenir debout, tout en souffrant de graves douleurs à l’estomac, aux poumons et aux reins.

    Le gréviste de la faim est incarcéré à l’unité de soins intensifs à l’hôpital Barzilai en Israël [Palestine de 1948], où il a été menotté à son lit depuis que sa santé s’est gravement détériorée le mois dernier.

    Qaraqe a exhorté les médias et la communauté internationale à mettre Israël sous pression afin d’arrêter les violations du droit commises contre les prisonniers palestiniens, tout en appelant à une intervention arabe et internationale pour mettre fin à la détention arbitraire des Palestiniens dans les prisons israéliennes.

    Il a ajouté que le jeudi serait déclaré « journée de colère » en solidarité avec les prisonniers palestiniens.

    Bilal Kayid est un membre éminent du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP). Après avoir été condamné à six mois de détention administrative – une politique israélienne d’internement sans inculpation ni jugement et sans limite de temps – le jour même où il devait être libéré d’une peine de prison de 14 ans et demi, il s’est déclaré en grève de la faim.

    Extension du mouvement de grève

    Les prisonniers affiliés au FPLP et dans les prisons israéliennes ont lancé des grèves de la faim de solidarité pour soutenir Kayid, avec au moins 100 prisonniers palestiniens participant à ce mouvement depuis ce lundi.

    Kayid est l’un des plus connus des grévistes de la faim depuis que le journaliste palestinien Muhammad al-Qiq s’est trouvé au bord de la mort lors d’une grève de la faim de 94 jours, pour finir par être finalement libéré en mai.

    D’autres prisonniers palestiniens ont également rejoint le mouvement de grève pour protester contre leur placement en détention administrative. Muhammad et Mahmoud Balboul sont en grève depuis respectivement le 4 et le 1° juillet, et le bien connu journaliste palestinien Omar Nazzal s’est déclaré en grève le 4 août, tandis que Ayyad al-Hreimi et Malik al-Qadi sont également en grève de la faim pour protester contre leur détention sans inculpation ni jugement.

    La politique d’Israël de la détention administrative, presque exclusivement utilisée contre les Palestiniens, a été largement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme qui ont accusé Israël d’utiliser cette politique afin d’éroder la vie politique et sociale palestinienne en kidnappant des dizaines de Palestiniens, sans aucune preuve d’actes condamnables.

    Mardi dans quatre prisons israéliennes différentes, quatre autres prisonniers palestiniens ont annoncé qu’ils se mettaient en grève de la faim ouverte en solidarité avec les grévistes de la faim en détention administrative et pour protester contre les récentes décisions de placer des restrictions sur les visites familiales et d’interdire la chaîne de télévision Ma’an d’être diffusée à l’intérieur des prisons israéliennes.

    Le prisonnier Walid Masalmeh est également en grève de la faim pour protester contre son maintien à l’isolement.

    Violente répression

    Le mouvement de solidarité à grande échelle parmi les prisonniers a donné lieu à une répression tout aussi massive contre les prisonniers, et principalement contre ceux du FPLP par le Service pénitentiaire d’Israël (IPS), qui a mené plusieurs raids, fermant des blocs de cellules, confisquant les biens personnels et transférant les détenus pour tenter de réprimer leur mouvement de grève.

    Les autorités israéliennes d’occupation ont également interdit toute visite d’avocat aux prisonniers en grève de la faim, affirmant [avec leur cynisme habituel] que leur état de santé ne pouvait pas permettre de telles visites…

    Pendant ce temps, ces mêmes autorités d’occupation ont récemment interdit les visites familiales à au moins 54 Palestiniens emprisonnés.

    L’IPS a interdit à plusieurs reprises les visites familiales pour des dizaines de prisonniers palestiniens détenus dans des prisons à travers l’état d’Israël, et certaines familles ont déclaré avoir été retenues aux points de contrôle israéliens et contraintes de retourner chez elles dans le territoire occupé, en dépit de l’octroi de permis de visite.

    Tous ces incidents surviennent au milieu des protestations provoquées par la décision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de limiter, par suite de coupures budgétaires, à un seul jour par mois les visites familiales pour les prisonniers palestiniens de sexe masculin.

    Toutefois, l’Autorité palestinienne a annoncé sa décision la semaine dernière de couvrir les frais de la deuxième visite de famille pour les prisonniers palestiniens, tandis que le CICR resterait en charge d’organiser ces visites avec les autorités israéliennes d’occupation.

    18 août 2016 - Ma’an News

    http://www.info-palestine.eu/

  • Amnesty dénonce la "cruauté la plus vile" dans les prisons du régime syrien (France 24)

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    Au moins 17.723 prisonniers sont morts en détention depuis le début de la guerre en mars 2011, soit, en moyenne, plus de 300 décès par mois, d'après l'ON

    Electrocutions, brûlures à l'eau bouillante, viols: le régime syrien a eu recours sur une "grande échelle" à la torture dans ses prisons où plus de 17.700 détenus ont péri en cinq ans de guerre, a indiqué jeudi Amnesty en dénonçant "une cruauté sous sa forme la plus vile".

    "Ils nous traitaient comme des animaux. J’ai vu le sang couler, on aurait dit un fleuve", affirme Samer, un avocat en parlant de ses anciens gardiens durant sa détention.

    Son témoignage figure parmi les 65 récits d'ex-détenus qui ont croupi dans les prisons des services de renseignement du régime et dans la prison militaire de Saydnaya près de Damas, et ont été recueillis par Amnesty International.

    Les actes de torture y sont "généralisés et systématiques contre tous les civils soupçonnés d’être contre le régime", a ajouté dans son rapport l'ONG basée à Londres en dénonçant des "crimes contre l'Humanité".

    Au moins 17.723 prisonniers sont morts en détention depuis le début de la guerre en mars 2011, soit, en moyenne, plus de 300 décès par mois, d'après l'ONG. Mais selon elle, les chiffres réels sont bien plus élevés en citant des dizaines de milliers de disparitions forcées.

    De nombreux prisonniers ont été libérés soit après des différentes amnisties décrétées par le régime ces dernières années, soit après des échanges de prisonniers ou après des procès et se trouvent dans des lieux non précisés.

    Les anciens détenus ont raconté de sinistres rituels à Amnesty, notamment "la fête de bienvenue", durant laquelle les nouveaux détenus sont "roués de coups" au moyen de barres de fer, de plastique ou de câbles électriques.

    Morts 'étouffés'

    Autres sévices: décharges électriques, brûlures à l'eau bouillante et viols.

    Omar S. a raconté qu’un gardien avait contraint deux hommes à se déshabiller et avait ordonné à l’un de violer l’autre, le menaçant de mort s’il n’obtempérait pas.

    Saïd, un militant antirégime, a affirmé avoir été violé, devant son père, à l'aide "d'une matraque électrique" en étant suspendu d'un seul bras et en ayant les yeux bandés.

    La plupart des victimes d'exactions "ont raconté avoir vu des personnes mourir en détention, et certaines ont affirmé s’être retrouvées avec des cadavres dans leur cellule", selon l'ONG de défense des droits de l'Homme.

    Un ex-détenu "raconte qu’un jour la ventilation avait cessé de fonctionner et que sept personnes étaient mortes étouffées" dans des centres de détention surpeuplés, selon Amnesty.

    "Le caractère systématique et délibéré de la torture et des autres mauvais traitements à la prison de Saydnaya témoigne d'une cruauté sous sa forme la plus vile et d’un manque flagrant d’humanité", dénonce Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty.

    A Saydnaya, où il fait très froid l'hiver, les détenus sont maintenus pendant des semaines dans des cellules souterraines sans couverture, selon le rapport.

    D'ex-prisonniers ont confié avoir mangé des noyaux d’olive et des écorces d’orange pour ne pas mourir de faim.

    Salam, un avocat d’Alep détenu deux ans à Saydnaya, a déclaré que "des gardiens avaient battu à mort un entraîneur de kungfu et cinq autres détenus. Puis ils ont passé à tabac 14 autres, tous morts en une semaine. On voyait le sang couler de leur cellule."

    L'ONG, qui dénonce des "procès iniques", fait aussi état de "nourriture insuffisante, de soins médicaux limités et d’absence d’installations sanitaires adaptées" dans les prisons, "un traitement inhumain et cruel".

    La guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus de 290.000 morts.

    24matins.fr  publié le

    http://www.24matins.fr/amnesty-denonce-la-cruaute-la-plus-vile-dans-les-prisons-du-regime-syrien

     

  • Massacre de Rabaa : le rapport que les autorités égyptiennes ne veulent pas qu’on lise (Orient 21)

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    Le massacre de Rabaa du 14 août 2013 et les tueries de masse de manifestants en Égypte font l’objet d’un rapport détaillé de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch qui les qualifie de « probables crimes contre l’humanité ».

    Une délégation de l’organisation, avec à sa tête son directeur Kenneth Roth, devait se rendre au Caire pour présenter les résultats de son enquête. L’entrée du territoire lui a été interdite.

    Human Rights Watch (HRW) publie dans son rapport All According to Plan : The Rab’a Massacre and Mass Killings of Protesters in Egypt1 le compte-rendu minuté d’une journée qui marque un tournant dans l’histoire récente de l’Égypte et de ce qui l’a précédé. Le 14 août 2013, en effet, sur la place de Rabaa Al-Adaweyya au Caire, au moins 817 Égyptiens ont été tués en douze heures (le chiffre avoisine probablement le millier).

    Après la destitution par l’armée de Mohamed Morsi, premier civil démocratiquement élu, ses partisans organisent deux grands sit-in au Caire, sur les places Rabaa et Al-Nahda. «  Des dizaines de milliers de manifestants pro-Morsi, en grande majorité pacifiques, notamment des femmes et des enfants, ont tenu un sit-in du 3 juillet au 14 août afin de demander la réintégration du président déchu par le coup d’État militaire  », explique HRW. Avant d’être évacués. Le rapport détaille comment «  l’un des plus importants massacres de manifestants de l’histoire récente  » a été planifié au plus haut sommet de l’État.

    Une tuerie programmée

    14 août, 5 h 30. La place est encerclée par la police et l’armée. Des messages diffusés durant quelques minutes demandent aux 20 000 personnes installées à Rabaa2 de s’en aller. La plupart ne les entend pas ou n’y prête pas attention : depuis des jours, les autorités préviennent que les lieux seront vidés, mais sans donner de précisions. Estimant être dans leur droit de s’opposer pacifiquement à la destitution du président, les manifestants veulent rester. Mais toutes les issues sont bientôt bloquées par des véhicules blindés de transport de troupes. Le dispositif est lourd : bulldozers, troupes au sol, snipers, tireurs d’élite installés dans des hélicoptères. À 6 h 30, l’assaut est lancé. Le piège se referme sur les manifestants. «  Les forces de sécurité utilisent des balles réelles et visent la tête, le cou, et la poitrine.  » L’hôpital et le personnel de santé sont eux aussi ciblés. La mosquée dans laquelle des femmes et enfants ont trouvé refuge est incendiée : le gouvernement accusait les manifestants d’y avoir mis le feu. HRW dément et dénonce «  l’usage d’une force meurtrière sans discernement  ». Plus de 800 manifestants sont arrêtés, certains d’entre eux «  battus, torturés et exécutés sommairement  ». Les cadavres s’amoncellent. Des vidéos montrent des bulldozers qui leur roulent dessus. Des corps brûlés. Des charniers. HRW accuse au moins douze personnes d’avoir «  suivi un plan qui prévoyait des milliers de morts  ». Dont le général Abdel Fattah Al-Sissi, à l’époque ministre de la défense. 

    Considérant que les Égyptiens avaient répondu à son appel de lui manifester leur soutien dans sa «  lutte contre le terrorisme  », le général Al-Sissi a lancé les dispersions de sit-in après plusieurs semaines de campagne à l’encontre des manifestants. Le discours sur les pro-Morsi est similaire à celui tenu sur les révolutionnaires de la place Tahrir en 2011 : ils sont accusés d’être instrumentalisés et payés, de gêner la circulation et de porter atteinte à la sécurité nationale.

    «  Pendant des semaines, le premier ministre, les ministres de l’intérieur et de la défense et d’autres représentants du gouvernement ont indiqué qu’un dispersion forcée était nécessaire.  » Mais ce qui retient particulièrement l’attention de HRW, ce sont les déclarations publiques des ministres qui, avant le démantèlement, prévoyaient déjà un nombre de victimes très important.

    «  Le ministère de l’intérieur avait tablé sur un bilan allant jusqu’à 3 500 tués. Le ministre Mohamed Ibrahim — qui a dit avoir passé “un très grand nombre de longues journées à discuter de tous les détails de la dispersion” — a déclaré avoir prévu des pertes de l’ordre de 10 % des personnes présentes, admettant que le sit-in en avait réuni “plus de 20 000”. Le premier ministre Hazem al-Beblawi commentera en septembre : «  On s’attendait à bien pire. Le bilan final est inférieur à nos prévisions  ». L’un «  des plus grands massacres de manifestants en une seule journée de l’histoire récente à l’échelle mondiale  » est considéré comme «  une réussite  ». Pour HRW, «  une douzaine de hauts responsables de la chaîne de commandement  », «  en particulier le ministre Mohamed Ibrahim, le ministre de la défense de l’époque, qui a tenu un rôle de commandement sur les forces armées, l’actuel président Al-Sissi et le chef des forces spéciales à la tête de l’opération Medhat Menshawi devraient faire l’objet d’une enquête afin d’établir leur rôle dans ces tueries  ».

    Des crimes impunis

    Si le rapport précise que les manifestants ont pu détenir des armes et ont riposté, notamment avec des cocktails molotov, il ne met pas sur le même plan leurs violences et celles des forces de l’ordre qui ont débuté les hostilités. Ibrahim a déclaré que quinze armes à feu avaient été saisies, ce qui conforte l’organisation de défense des droits de l’homme dans son propos. HRW détaille tous les arguments à l’encontre des manifestants pour en revenir à la même conclusion : rien ne peut justifier un tel usage de la force. Et confronte les déclarations et conclusions du ministre de l’intérieur et les faits, mettant ainsi en évidence, preuves accablantes à l’appui, les contradictions.

    Elle rappelle aussi le contexte : propagande médiatique à l’égard des soutiens de Morsi, arrestation massive de Frères et de Soeurs musulman-e-s et de tout opposant, liberté de la presse restreinte, interdiction de manifester, dissolutions d’associations, procès de masses, milliers de personnes détenues, peines de morts massives. L’attaque de Rabaa n’est pas un événement isolé. Le démantèlement de Al-Nahda a été mené selon les mêmes méthodes et six manifestations entre le 5 juillet et le 17 août 2013 ont été sévèrement réprimées. 1 150 personnes ont ainsi été tuées en deux mois par les forces de sécurité.

    Kenneth Roth dénonce l’impunité de ceux qui dirigent encore le pays et sont impliqués dans «  ces probables crimes contre l’humanité  ». HRW demande une enquête internationale et des réactions fermes de tous les pays, rappelant que l’Union européenne et les États-Unis continuent à fournir des armes et d’autres équipements à l’Égypte.

    Si ces violences sont spectaculaires, les conclusions de ce rapport sont, elles, familières : depuis la révolte de 2011, les autorités, les forces de police et l’armée ont pris l’habitude de réprimer sévèrement toute opposition. Dans une totale impunité.

    1Le rapport se base sur plus de 200 témoignages de manifestants, médecins, résidents locaux et journalistes indépendants. HRW s’est rendu sur chacun des sites des manifestations durant les attaques ou immédiatement après leur début et a examiné les preuves matérielles, des heures de séquences vidéo ainsi que les déclarations des pouvoirs publics.

    2La place a accueilli jusqu’à 85 000 manifestants.

    Voir aussi:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre de la place Rabia-El-Adaou