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Un appel lancé par l’Association « Action pour la Syrie » pour envoyer un message fort au Kremlin, réclamant qu’en 2018, la Coupe du Monde de Football n’ait pas lieu en Russie et exigeant qu’un autre pays hôte soit désigné si l’invasion criminelle russe ne s’arrête pas immédiatement en Syrie.
APPEL AU BOYCOTT DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL 2018 EN RUSSIE
Au moment où le peuple syrien subit la plus odieuse des barbaries de notre époque, le monde observe, dans un silence complice, l’une des plus puissantes armées du monde, enterrer dans un bain de sang, une révolte légitime contre un régime totalitaire et despotique.
Alep, ville multi‐millénaire, berceau des civilisations, maison des trois religions monothéistes, terre d’accueil pour les réfugiés tcherkesses en 1877, arméniens en 1915, grecs en 1943, palestiniens depuis 1948, irakiens en 2003 ou libanais en 2006,... est aujourd’hui une ville martyre, devenue un laboratoire de tests pour armes russes.
Depuis son intervention militaire en Syrie, la Russie a écrasé 3264 civils sous les bombes, parmi eux 619 femmes et 911 enfants. 32 médecins, 11 membres de la Défense Civile, ainsi que 12 activistes médias. Au moins 417 installations et infrastructures, parmi lesquelles des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, des monuments historiques, ont été ciblées, partiellement endommagées ou totalement détruites. Même les convois humanitaires ne sont pas épargnés. Sur les 147 attaques de missiles à sous‐munitions comptabilisées, seulement 3 ont visé des zones sous le contrôle de Daesh et au moins 48 attaques à l’aide d’armes incendiaires, interdites par le Droit International, ont visé les civils.
Tous ces actes viennent s’ajouter à la liste, déjà effrayante, des crimes du régime syrien, que la Russie est venue épauler dans cette funeste besogne : près de 700 000 morts, des centaines de milliers de personnes emprisonnées et torturées, 2 millions de maisons effacées de la carte causant l’exil et le déplacement de plus de la moitié de la population.
Malgré cela, la Russie persiste, par ses nombreux vétos au Conseil de Sécurité, à empêcher tout soulagement de la souffrance du peuple syrien.
Nous vous demandons, avant qu’il ne soit trop tard, d’utiliser tous les moyens de pression pour envoyer un message fort au Kremlin. Réclamons qu’en 2018, la Coupe du Monde de Football n’ait pas lieu en Russie. Exigeons ensemble qu’un autre pays hôte soit désigné si l’invasion criminelle russe ne s’arrête pas immédiatement en Syrie.
Peut‐on dormir tranquillement face à ces crimes contre l’humanité sans réagir ? « Plus jamais ça ! », disait‐on... Le silence du monde est une complicité, sa passivité est un crime.
Citoyens du monde libre, organisations et représentants des sociétés civiles et fédérations sportives, syndicats, ONG, gouvernements et autorités religieuses, une patrie et un peuple martyrs menacés de disparaître font appel à votre conscience. Nous vous interpellons afin d’ajouter votre voix et vos actions aux nôtres pour réclamer le boycott de la Russie.
Vive la noble lutte du peuple syrien pour la liberté, la démocratie et la justice !
Twitter : Boycott Russia 2018 / @18BoycottRussia Mail : boycottrussia.worldcup2018@gmail.com ___________________________________________________________________
نداء لدعم حملة مقاطعة كآس العالم لكرة القدم في روسيا
مقاطعة_روسيا٢٠١٨#
بينما يعاني الشعب السوري من أقذر الجرائم البربرية في عصرنا، يراقب العالم في صمت متواطئ ، واحداً من أقوى الجيوش في العالم ، يدفن في حمام من الدم، انتفاضة شعبية مشروعة ضد نظام شمولي واستبدادي
حلب المدينة القديمة قدم التاريخ، في قلب مهد الحضارات، وموطن الديانات السماوية الثلاث ، كانت ملاذاً للاجئين الشركس في عام 1877، والأرمن عام 1915، واليونان عام 1943، الفلسطينيين منذ عام 1948 والعراقيين عام 2003 واللبنانيين عام 2006،... غدت اليوم مدينة شهيدة ومخبراً لتجربة الأسلحة الروسية
سحقت روسيا منذ تدخلها العسكري في سوريا 3264 من المدنيين قضوا تحت القنابل ، بينهم 619 امرأة و 911 طفلاً و32 طبيب و11 من عاملي الدفاع المدني ، فضلا عن 12 ناشطا إعلاميا. بالإضافة إلى هؤلاء الضحايا لا يقل عن 417 من المرافق الحيوية والبنى التحتية ، بما في ذلك المستشفيات والمدارس وأماكن العبادة ، والمعالم التاريخية التي استهدفت ، فتضررت جزئياً أو دمرت كليا. حتى قوافل الإغاثة الإنسانية لم تسلم من التدمير ومن بين 147 هجوما تم توثيقها بالصواريخ المدمرة للملاجئ ، فقط ثلاثة مناطق هي تحت سيطرة داعش تم استهدافها. ونفذت ضد المدنيين لا يقل عن 48 هجمة بأسلحة حارقة وعنقودية محرمة دولياً
كل هذه الجرائم جاءت لتضاف إلى قائمة جرائم النظام السوري المروعة ، حيث جاءت روسيا لاداء هذه المهمة القذرة 700000 قتيل ومئات الآلاف من السجناء والمعذبين ، و 2 مليون وحدة سكنية تم تدميرها بالكامل تسببت في تشريد أكثر من نصف السكان. مع كل ذلك استمر اصرار روسيا بلجوئها مرات عديدة لحق النقض في مجلس الأمن ، لمنع أي قرار يخفف من معاناة الشعب السوري
إننا نناشدكم باستخدام كل وسائل الضغط لتوجيه رسالة قوية إلى الكرملين قبل فوات الأوان. لنطالب بعدم تنظيم كأس العالم 2018 لكرة القدم في روسيا. وأن نفرض اختيار بلد مضيف آخر لهذه الألعاب إذا لم يتوقف الغزو الروسي المجرم على الفور في سوريا
هل يمكن أن ننام بسلام امام هذه الجرائم ضد الإنسانية وبدون رد فعل ؟ قيل كثيرا (لن تتكرر هذه الجرائم بعد اليوم) …إن صمت العالم تواطئ وسلبيته جريمة
يا مواطنوا العالم الحر، منظمات وممثلي المجتمعات المدنية والاتحادات الرياضية والنقابات والمنظمات غير الحكومية والحكومات والسلطات الدينية ، هناك دولة وشعب مهددون بالاندثار وهم يوجهون نداءهم إلى ضمائركم. اننا ندعوكم أن تضيفوا صوتكم وجهدكم الينا للمطالبة بمقاطعة روسيا.
عاش كفاح الشعب السوري النبيل من أجل الحرية والديمقراطية والعدالة.
Des femmes, des jeunes filles et des fillettes yézidies ayant été réduites en esclavage, violées, frappées et soumises à d’autres actes de torture par le groupe armé se faisant appeler État islamique (EI) ne bénéficient pas d’un soutien adéquat de la part de la communauté internationale, a déclaré Amnesty International lundi 10 octobre.
Lors d’une mission dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien en août 2016, des délégués de l’organisation ont recueilli les propos de 18 femmes et jeunes filles qui avaient été enlevées par l’EI. Soit ces femmes et jeunes filles s’étaient échappées, soit elles avaient été libérées après le paiement d’une rançon par leur famille. Plusieurs d’entre elles ont très sérieusement envisagé le suicide, ou ont des sœurs ou des filles qui se sont donné la mort après avoir subi de terribles abus en captivité. La souffrance des victimes est exacerbée par leurs misérables conditions de vie actuelles, leur peine pour leurs proches tués par l’EI et leurs craintes pour ceux qui restent en captivité.
« L’horreur subie par ces femmes et jeunes filles yézidies aux mains de l’EI donne un éclairage nouveau sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ce groupe. De nombreuses femmes et jeunes filles ont été violées, frappées ou soumises à d’autres actes de torture de manière répétée, et continuent à souffrir du traumatisme causé par ce qu’elles ont traversé », a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe pour les recherches au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth.
« Ces témoignages soulignent la nécessité absolue d’un soutien international accru, afin d’aider ces personnes à faire face aux traumatismes physiques et psychologiques à long terme causés par les sévices qu’elles ont subis et dont elles ont été témoins. »
Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI. Il faut en faire beaucoup plus pour s’assurer qu’elles reçoivent les soins et le soutien dont elles ont besoin en urgence pour reconstruire leur vie.
Depuis que des combattants de l’EI ont attaqué la région de Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak en août 2014, les Yézidis sont systématiquement et délibérément pris pour cible.
Des milliers de personnes ont été enlevées ; des centaines d’hommes et de garçons ont été massacrés ; beaucoup ont été menacés de mort s’ils ne se convertissaient pas à l’islam. Des femmes et des jeunes filles yézidies enlevées sont séparées de leurs proches, puis « offertes » ou « vendues » à d’autres combattants de l’EI en Irak et en Syrie. Elles sont souvent échangées à plusieurs reprises entre combattants, violées, frappées ou victimes d’autres violences physiques, privées de nourriture et d’autres biens de première nécessité, et forcées à nettoyer, cuisiner et accomplir d’autres corvées pour leurs ravisseurs.
Beaucoup de personnes auxquelles Amnesty International a parlé ont dit que leurs enfants leur ont été arrachés. Des garçons ayant plus de sept ans ont été emmenés pour être endoctrinés et entraînés au combat, tandis que des fillettes n’ayant pas plus de neuf ans ont été « vendues » comme esclaves sexuelles. Selon certains politiciens, militants et prestataires de services de santé locaux, quelque 3 800 femmes et enfants se trouvent toujours en captivité aux mains de l’EI. On ne sait pas ce qui est advenu de centaines d’hommes yézidis enlevés et on craint que la plupart ne soient morts.
L’horreur en captivité
Jamila*, une jeune femme de 20 ans originaire de la ville de Sinjar, enlevée le 3 août 2014, a déclaré à Amnesty International qu’elle avait été violée à plusieurs reprises par au moins 10 hommes différents après avoir été « revendue » d’un combattant à l’autre. Elle a finalement été libérée en décembre 2015 après que sa famille a versé une forte somme à son tortionnaire.
Jamila a expliqué que des combattants les ont forcées, elle et d’autres femmes et jeunes filles à se déshabiller et à « poser » pour des photos à Mossoul, avant de les « revendre ». Elle a essayé de s’échapper à deux reprises mais a été rattrapée à chaque fois. À titre de punition, elle a été attachée à un lit par les mains et les jambes, a subi un viol en réunion, et a été frappée à coups de câbles et privée de nourriture.
Comme de nombreuses autres femmes, ce qu’elle a vécu en captivité l’a amenée à envisager le suicide. Mais elle est déterminée à s’exprimer : « Je ne veux pas cacher ce qui s’est passé, pour que les gens puissent aider non seulement celles qui sont toujours avec Daech [acronyme arabe de l’EI], mais aussi les anciennes victimes à reconstruire leur vie. »
Nour, une jeune fille de 16 ans de Siba Sheikh Khidir ayant donné naissance à une petite fille durant sa période de captivité aux mains de l’EI, qui a duré près de deux ans, a été transférée à au moins six reprises entre plusieurs lieux en Syrie et en Irak, notamment à Tal Afar, à Mossoul, à Alep et à Raqqa.
Elle a décrit à quel point les mauvais traitements que les combattants de l’EI infligent aux Yézidis sont déshumanisants.
« Pour eux nous sommes des "kouffar" [infidèles] et ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ce fut tellement humiliant. Nous étions emprisonnés ; ils ne nous donnaient pas à manger ; ils nous frappaient [tous] même les jeunes enfants ; ils nous achetaient et nous vendaient et nous faisaient ce qu’ils voulaient [...] C’est comme si nous n’étions pas humains pour eux », a-t-elle dit, ajoutant que ses trois sœurs et sa tante sont toujours en captivité.
« Je suis libre maintenant, mais d’autres continuent à vivre ce cauchemar, et nous n’avons pas assez d’argent pour subvenir à nos besoins et payer pour faire revenir nos proches. »
Fahima, 31 ans, mère de sept enfants, est originaire de la région de Sinjar. Elle s’est échappée en février 2016, mais deux de ses filles, Nadia, 12 ans, et Nurin, trois ans, sont toujours aux mains du groupe armé, ainsi que trois de ses sœurs, son père, son frère et quatre nièces et neveux. Elle a expliqué à Amnesty International qu’avant leur enlèvement, sa fille Nadia vivait déjà dans la terreur : « Ellesavait que Daech prenait des filles. Elle m’a dit de nombreuses fois : "Maman s’ils m’emmènent, je me tuerai". »
Les femmes et jeunes filles rencontrées ont répété à Amnesty International qu’elles traversent des phases de dépression profonde, ainsi que de colère, et beaucoup ont des pensées suicidaires. Certaines ont fait des tentatives de suicide en captivité ou après s’être échappées.
Shirin, 32 ans, mère de six enfants originaire de Tel Qasab, un village situé dans l’ouest de la région de Sinjar, a été enlevée à Solakh le 3 août 2014 avec cinq de ses enfants, alors âgés de cinq à 11 ans. Sa fille de 13 ans s’est suicidée après s’être échappée.
« Il y avait des combattants de Daech de toutes sortes de nationalités différentes. J’ai vu des Européens et des arabes, et même des Kurdes [...] Ils ont pris mon fils aîné [âgé de 10 ans] et deux de mes filles, Nermeen [11 ans] et Seveh [17 ans]. Seveh a été enlevée avec son bébé », a déclaré Shirin.
Sa fille Seveh a indiqué à Amnesty International que six combattants se l’étaient échangée en Irak et en Syrie, avant de la « revendre » à sa famille en novembre 2015. Elle a été violée et agressée à de nombreuses reprises en captivité, et a dit que ses ravisseurs avaient aussi frappé son bébé de trois mois et les affamaient régulièrement. Elle a essayé de se tuer à trois reprises, mais d’autres captives l’en ont empêchée.
Seveh continue à souffrir des graves conséquences physiques et psychologiques de ce qu’elle a traversé, et elle reste bouleversée que sa sœur se soit suicidée après s’être échappée et par le sort réservé aux membres de sa famille manquant à l’appel.
Sa sœur Nermeen était dans un tel désarroi après ce qu’elle avait vécu en captivité qu’elle s’est enfermée dans une cabane et s’est immolée par le feu au camp pour personnes déplacées de Zakho, dans le gouvernorat de Dohuk. Elle a rapidement été transportée à l’hôpital, mais est morte trois jours plus tard.
« À l’hôpital, je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ça, et elle m’a dit qu’elle n’en pouvait plus. Elle souffrait en permanence, elle pleurait tout le temps », a déclaré Shirin, la mère de Nermeen, à Amnesty International, ajoutant que la famille avait demandé à de nombreuses reprises qu’elle puisse faire une thérapie spécialisée à l’étranger.
En plus de se débattre avec leurs traumatismes, de nombreuses victimes comme Shirin se retrouvent à devoir rembourser d’énormes dettes - jusqu’à des dizaines de milliers de dollars américains -, après que leur famille a fait des emprunts pour payer leur libération.
Un soutien international insuffisant
La majorité des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies parvenues à s’échapper après avoir été capturées par l’EI vivent dans des conditions difficiles, soit avec des membres de leur famille sans ressource qui ont été déplacés de chez eux, soit dans des camps pour personnes déplacées du Kurdistan irakien. Leurs besoins sont bien supérieurs au soutien disponible.
La situation de beaucoup d’entre elles nécessite une aide financière ainsi qu’une prise en charge psychologique. Une femme de 42 ans originaire de la région de Sinjar, qui a passé 22 mois en captivité avec ses quatre enfants, a indiqué qu’ils restent traumatisés. Elle a expliqué qu’un combattant de l’EI particulièrement brutal a cassé les dents de son fils de six ans et s’est moqué de lui, et frappé sa fille de 10 ans si sauvagement qu’elle s’est uriné dessus.
« Il frappait mes enfants et les enfermait dans une pièce. Ils pleuraient à l’intérieur et je pleurais aussi, assise devant la porte. Je l’ai supplié de nous tuer mais il m’a répondu qu’il ne voulait pas aller en enfer à cause de nous », a-t-elle dit.
Elle s’inquiète également du remboursement de l’argent emprunté pour obtenir leur libération. Elle a arrêté d’aller chez le médecin parce qu’elle n’en a plus les moyens.
Il faut renforcer les moyens d’agir des victimes et leur donner la capacité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer et satisfaire les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI, et la plupart dépendent de réseaux familiaux ou de proximité pour obtenir de l’aide. Les services et l’assistance humanitaire dont bénéficient actuellement les victimes, fournis par divers gouvernements, organisations non gouvernementales et agences des Nations unies sont sous-financés et leur qualité est variable.
Un programme soutenu par le gouvernement allemand a permis à 1 080 Yézidis - des personnes ayant subi des violences sexuelles et leur famille immédiate - de se rendre en Allemagne pour recevoir des soins spécialisés, mais les victimes ont désespérément besoin d’autres initiatives de ce genre.
Une femme d’une soixantaine d’années de la région de Sinjar, qui vit désormais dans le camp de Chem Meshko pour personnes déplacées, et dont 32 parents sont aux mains de l’EI ou manquent à l’appel, a dit à Amnesty International : « Le monde entier sait ce qui est arrivé aux Yézidis [...] Je veux savoir ce qu’ils vont faire maintenant ? »
« Le monde peut et doit en faire plus pour aider à panser les profondes blessures physiques et psychologiques des femmes et des enfants qui ont passé de longues périodes en captivité, et leur offrir un espoir de reconstruire leur vie brisée », a déclaré Lynn Maalouf.
« La communauté internationale doit traduire en actions concrètes le choc et l’horreur que lui inspirent les crimes de l’EI et sa sympathie pour les victimes yézidies de violences sexuelles et d’autres sévices. Les donateurs doivent en faire plus, en établissant et finançant des programmes de soutien et de soins spécialisés, en consultation avec les victimes, les militants de cette communauté et les prestataires de soins. »
La capacité des victimes à bénéficier de services et à se déplacer librement est par ailleurs souvent entravée par la bureaucratie irakienne - beaucoup éprouvent des difficultés à obtenir des papiers d’identité, qu’elles ont perdus lorsque l’EI a attaqué Sinjar.
Si la proportion de victimes prêtes à parler de ce qu’elles ont vécu a augmenté étant donné qu’un grand nombre de captifs de l’EI ont pu s’échapper ces deux dernières années, la stigmatisation et la crainte des comportements sociaux négatifs et de leur impact sur les perspectives de mariage pour les femmes et les filles demeurent.
Obligation de rendre des comptes pour les violations
Jusqu’à présent, pas une seule personne accusée d’avoir commis des crimes contre la communauté yézidie n’a été poursuivie ni jugée en Irak. Les quelques procès ayant eu lieu concernant des crimes que l’EI aurait commis en Irak n’ont pas fait grand chose pour établir la vérité sur les violations, ni rendre justice et accorder des réparations aux victimes. Par exemple, les procès de 40 personnes accusées d’avoir pris part au massacre de quelque 1 700 élèves officiers chiites au camp d’entraînement de Speicher en juin 2014 ont été entachés d'irrégularités, et de nombreuses personnes ont été déclarées coupables sur la base d’« aveux » arrachés sous la torture.
« Si les autorités irakiennes veulent réellement obliger les membres de l’EI à rendre des comptes pour leurs crimes, elles doivent de toute urgence ratifier le Statut de Rome et déclarer la Cour pénale internationale compétente pour juger de tous les crimes perpétrés en Irak dans le cadre de ce conflit. Elles doivent promulguer des lois érigeant en infraction les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, et réformer les secteurs de la sécurité et de la justice afin de les mettre en conformité avec les normes internationales », a déclaré Lynn Maalouf.
« En attendant, l’Irak doit coopérer avec la communauté internationale afin de garantir que ces crimes donnent lieu à des enquêtes et des poursuites efficaces. Il convient d’accorder une priorité élevée à la préservation des éléments de preuve, afin que les responsables présumés d’atteintes aux droits humains puissent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables, ce qui est essentiel pour que les victimes yézidies - et toutes les victimes de crimes de droit international en Irak - obtiennent justice et réparations, ainsi qu’elles le méritent. » 10 octobre 2016
* Tous les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des victimes.
Une série d'homicides illégaux démontre un mépris flagrant pour la vie humaine
Près d'un an s'est écoulé depuis la vague de violence meurtrière qui s'est abattue sur Israël et les territoires palestiniens occupés (TPO), et les forces israéliennes continuent de faire preuve d'un mépris flagrant pour la vie humaine en utilisant de façon illégale et irresponsable la force meurtrière contre des Palestiniens, a déclaré Amnesty International le 28 septembre.
Dans un mémoire adressé aux autorités israéliennes le 14 septembre, l'organisation expose en détail 20 cas manifestes d'homicide illégal de Palestiniens commis par les forces israéliennes, et demande des éclaircissements sur les enquêtes. Dans au moins 15 de ces cas, des Palestiniens ont été délibérément abattus alors qu'ils ne représentaient aucun risque imminent pour la vie d'autrui, et il s'agit manifestement d'exécutions extrajudiciaires. Les autorités israéliennes n'ont pas répondu aux préoccupations exprimées par Amnesty International.
« Depuis le début de l'escalade de la violence en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, l'an dernier, on assiste à une multiplication des homicides commis par les forces israéliennes, favorisée par une culture de l'impunité, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Les cas d'homicide illégal présentés dans le mémoire démontrent un mépris flagrant pour la vie humaine, et posent de graves questions pour les autorités israéliennes. Les responsables présumés doivent être déférés à la justice pour que cesse cette vague d'homicides illégaux. »
Depuis le 1er octobre 2015, Israël et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, ont connu la plus grave vague de violences recensée depuis la fin de la deuxième intifada, en 2005. Plus de 225 Palestiniens et trois ressortissants étrangers ont été tués par les forces israéliennes l'an dernier, dans la plupart des cas lors d'une attaque présumée ou réelle ou d'une tentative d'attaque contre des soldats, des policiers ou des civils israéliens. Au moins 35 Israéliens et deux ressortissants étrangers ont été tués au cours de la même période par des Palestiniens.
Dans certains cas, la force meurtrière a peut-être été le seul moyen de protéger la vie de civils ou de membres des forces de sécurité. Toutefois, ainsi que le montrent les cas exposés dans le mémoire, dans de nombreux cas, les personnes tuées ne représentaient aucune menace imminente pour la vie d'autrui. Cela inclut notamment les cas où les forces israéliennes ont tiré sur des personnes qui étaient blessées ou qui s'enfuyaient ou sur des manifestants non armés.
Les homicides illégaux commis par les forces israéliennes ne sont pas une nouveauté. Dans un rapport datant de 2014 intitulé La gâchette facile. L’usage d’une force excessive par Israël dans les territoires palestiniens occupés, Amnesty International a exposé 19 cas d'homicides illégaux manifestes, dont trois cas pour lesquels il existe des éléments prouvant qu'il y a eu une intention de tuer, ce qui constitue un crime de guerre.
Alors que les violences se poursuivent en Israël et dans les TPO, les familles des personnes tuées de façon illégale l'an dernier n'ont toujours pas obtenu justice. Sur les 20 cas exposés dans le mémoire, une condamnation a été prononcée contre un soldat dans un seul cas. Dans de nombreux cas, alors qu'il existe des éléments prouvant qu'il s'agit d'une exécution extrajudiciaire, aucune enquête pénale n'a été ouverte.
Hadeel al Hashlamoun était âgée de 18 ans quand elle a été abattue par les forces israéliennes à Hébron, le 22 septembre 2015. Selon des témoins, elle tenait un couteau, mais était séparée des soldats par des clôtures métalliques. Un examen de ce cas mené par l'armée israélienne a abouti à la conclusion qu'elle aurait pu être arrêtée vivante. Amnesty International n'a connaissance d'aucune enquête pénale sur sa mort.
Le père d'Hadeel, Salah Hashlamoun, a déclaré : « Je passe par une phase de grave dépression et de désespoir. Cela fait maintenant un an que ma fille a été tuée, et le problème ce n'est pas seulement que nous n'avons pas obtenu la moindre miette de justice, mais qu'Israël continue de tuer nos jeunes, et que les homicides se multiplient.
« Je veux faire toute la lumière sur le cas de ma fille, de nouveau maintenant du fait de cet anniversaire ; pas seulement pour obtenir justice, mais aussi pour tenter de ralentir le rythme des meurtres qui augmente à nouveau. »
Le neveu de Salman Shaalan, Mahmoud Muhammad Ali Shaalan, avait 16 ans quand il a été tué, le 26 février 2016, au poste de contrôle de Beit El, près de Ramallah. Selon les témoignages recueillis par Amnesty International, il a été abattu à distance par des soldats israéliens après avoir été refoulé au point de contrôle. Une autopsie a confirmé cette version des faits, mais aucune enquête pénale n'a encore été ouverte sur cet homicide. La famille n'a pas été autorisée à avoir accès à la vidéo montrant l'homicide.
Salman Shaalan a déclaré : « Nous vivons un cauchemar. Tout indique qu'il a été tué sans aucune raison, alors personne ne dit rien, dans l'espoir que ça passera. Ils n'ont ouvert aucune enquête, et ne découvriront pas ce qui s'est passé.
« Nous sommes aujourd'hui confrontés à une réalité qui est qu'Israël peut faire tout ce qu'elle veut sans que personne ne l'oblige à rendre des comptes. J'espère que l'heure de la justice va bientôt sonner. »
Les recherches menées par Amnesty International montrent que la justice militaire est systématiquement incapable de rendre justice pour les victimes palestiniennes d'homicides illégaux et pour leurs proches. L'attitude du département de la police chargé des enquêtes internes, en cas d'allégations d'homicides illégaux commis par la police israélienne, incite également à douter de sa capacité à mener des enquêtes impartiales et indépendantes.
« Les proches d'Israéliens tués par des Palestiniens peuvent compter sur un État qui va activement mener des poursuites contre les agresseurs, en outrepassant parfois même les limites de la légalité. Par contre, les Palestiniens n'ont personne pour protéger leurs droits », a déclaré Philip Luther.
« La seule façon d'empêcher d'autres homicides illégaux est de mettre fin à l'impunité dont bénéficient ceux qui ont commis de tels actes par le passé. Israël a l'obligation de diligenter des enquêtes exhaustives et impartiales sur tous les homicides commis par ses forces de sécurité, et de tenir les familles pleinement informées de l'avancée des investigations. Le gouvernement israélien doit réformer de toute urgence son système d'enquête afin de pouvoir remplir ses obligations et déférer à la justice les responsables présumés d'exécutions extrajudiciaires. »
Des vidéos et des images satellites montrant des cimetières et des tumulus improvisés donnent un rare aperçu de ce qui se passe dans la zone désertique située entre la Jordanie et la Syrie, où sont piégés des dizaines de milliers de réfugiés pratiquement coupés de toute aide humanitaire depuis deux mois, a déclaré Amnesty International.
Des témoignages récents recueillis par l’organisation auprès de personnes se trouvant dans cette zone appelée « la berme » (du nom du mur de sable marquant la frontière côté jordanien) décrivent une situation désespérée marquée par la souffrance humaine, et soulignent les conséquences tragiques de l’incapacité de la communauté internationale à s’entendre sur le partage des responsabilités en ce qui concerne la crise mondiale des réfugiés. La semaine du 19 septembre 2016, les dirigeants du monde entier vont se réunir à New York pour deux sommets de haut niveau sur la question des réfugiés.
« La situation dans la berme donne un triste aperçu des conséquences que peut avoir l’incapacité lamentable des États à partager les responsabilité dans la crise mondiale des réfugiés. Cette absence de partage des responsabilités a amené de nombreux pays voisins de la Syrie à fermer leurs frontières aux réfugiés », a déclaré Tirana Hassan, directrice en charge de la réaction aux crises au sein d’Amnesty International.
« Les personnes piégées dans la zone de la berme se trouvent dans une situation désespérée, caractérisée par une pénurie de nourriture et une propagation des maladies. Certains réfugiés souffrent, voire meurent, de maladies faciles à prévenir, simplement parce que les autorités ne les autorisent pas à entrer en Jordanie et ont bloqué tout accès aux secours, aux soins médicaux et à une aide humanitaire digne de ce nom. »
Les voisins de la Syrie, dont la Jordanie, où vivent 650 000 réfugiés, accueillent la grande majorité des personnes qui fuient le conflit, ce qui pèse lourdement sur leurs ressources. À l’approche des deux sommets sur les réfugiés, Amnesty International appelle les dirigeants mondiaux à passer des discours aux actes et à s’engager concrètement à accueillir une part équitable des réfugiés, afin de soulager la pression sur les pays qui les hébergent en nombre. L’organisation demande également à la Jordanie d’autoriser immédiatement les réfugiés de la berme à entrer sur son territoire.
Famine, maladies et décès
L’aide humanitaire aux réfugiés de la berme, déjà limitée par le passé, est totalement interrompue depuis que les autorités jordaniennes ont fermé les points de passage de Rukban et Hadalat à la suite d’un attentat qui a fait sept morts parmi les gardes-frontières le 21 juin 2016. Depuis, une seule distribution de nourriture a eu lieu début août à destination des plus de 75 000 personnes piégées dans cette zone. Les autorités jordaniennes interdisent aux organisations humanitaires de se rendre dans cette zone désertique, les contraignant à larguer de la nourriture par-dessus le mur de sable au moyen de grues.
Abu Mohamed, qui vit dans le camp informel de Rukban depuis cinq mois, a indiqué que la situation s’y était fortement détériorée depuis l’attentat du 21 juin.
« La situation humanitaire est catastrophique, en particulier pour les enfants. Nous avons de l’eau potable mais pratiquement pas de nourriture ni de lait […] C’est terrible », a-t-il déclaré.
« Beaucoup de personnes sont mortes […] Ils ont juste distribué du riz et des lentilles, et un kilo de dattes séchées, mais c’est tout de que nous avons eu depuis un mois. Le moral est extrêmement bas chez les habitants du camp. »
Des images vidéo qu’Amnesty International s’est procurées montrent deux cimetières improvisés à Rukban, avec des dizaines de tumulus, situés à proximité des tentes des réfugiés.
L’impossibilité de bénéficier de véritables soins médicaux et les conditions de vie effroyables forment un cocktail mortel. Le manque d’hygiène, les mauvaises conditions sanitaires et l’accès limité à l’eau potable auraient entraîné une multiplication des cas d’hépatite, qui serait la principale cause de mortalité chez les enfants à Rukban.
De source humanitaire, depuis juin 2016, au moins 10 personnes sont mortes d’hépatite. Des réfugiés de Rukban ont indiqué que beaucoup des victimes étaient des enfants souffrant de jaunisse – une des conséquences de l’hépatite.
Des travailleurs humanitaires ont également signalé au moins neuf décès survenus lors d’accouchements depuis le 21 juin. De nombreuses femmes enceintes figurent parmi les réfugiés, et elles n’ont pas accès aux soins médicaux.
Le nombre exact de décès est difficile à vérifier car l’accès à la zone est très restreint.
Déplacez le curseur pour visualiser les changements intervenus à Rukban.
Selon des personnes vivant à Rukban, fin août 2016, un jeune homme de 20 ans est mort de la jaunisse, probablement à la suite d’une hépatite. Il serait décédé d’une hémorragie gastro-intestinale. En l’absence de médicaments, rien n’a pu être tenté pour lui sauver la vie.
Les autres maladies les plus courantes dans le camp sont les infections respiratoires, la déshydratation, la leishmaniose et la diarrhée.
Des images satellite qu’Amnesty International s’est procurées montrent que, depuis fin 2015, la densité de population à proximité des deux camps frontaliers informels de Rukban et Hadalat a fortement augmenté.
Bien que les réfugiés soient un peu moins nombreux à Hadalat depuis l’interruption de l’aide humanitaire en juin et les frappes aériennes russes survenues dans la région en juillet, globalement le nombre de réfugiés ne cesse d’augmenter dans la zone de la berme.
À Rukban, le nombre total d’abris est passé de seulement 368 en septembre 2015 à 6 563 fin juillet 2016, pour atteindre plus de 8 295 en septembre 2016. Cette augmentation spectaculaire s’explique par le fait que, ces derniers mois, des milliers de personnes ont continué de fuir le conflit en Syrie, où les crimes de guerre et autres graves violations sont quotidiens.
Renforcement des restrictions pour des raisons de sécurité
Les autorités jordaniennes ont évoqué à maintes reprises leurs craintes en matière de sécurité pour justifier la fermeture de la frontière – ayant eu pour conséquence l’arrêt de l’aide humanitaire dans la zone de la berme. Mohammed al Momani, ministre d’État pour les Affaires médiatiques, a déclaré à Amnesty International que la zone de la berme était en train de « devenir une enclave de Daesh » (c’est-à-dire une zone contrôlée par le groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique). Il a reconnu que la situation humanitaire était mauvaise et a affirmé que la Jordanie était prête à assumer sa part de responsabilité, mais il a aussi appelé les Nations unies et la communauté internationale à prendre une part équitable des responsabilités concernant les réfugiés de la berme.
« Il ne fait aucun doute que la sécurité est un élément important à prendre en compte, mais la protection des Jordaniens ne doit pas se faire aux dépends de l’aide humanitaire et de la protection de ceux qui en ont désespérément besoin », a déclaré Tirana Hassan.
Par le passé, la Jordanie a soumis les réfugiés syriens à des procédures rigoureuses de contrôle et d’enregistrement avant de les laisser entrer sur son territoire. Rien ne l’empêche de remettre en place ces procédures afin d’ouvrir ses portes aux réfugiés qui fuient le conflit en Syrie tout en assurant sa sécurité.
L’ONU est en train de négocier une reprise de l’aide humanitaire avec les autorités jordaniennes. Le projet consisterait à déplacer les points de distribution à deux kilomètres à l’intérieur de la zone désertique, à distance de la frontière jordanienne, afin de créer une zone tampon.
« Que l’aide soit distribuée au niveau de la berme ou deux kilomètres plus loin ne change rien au fait que des dizaines de milliers de personnes attendent une protection internationale aux portes de la Jordanie, et ne dispense en aucun cas les autorités d’offrir un abri sûr aux personnes qui fuient le conflit et les persécutions », a déclaré Tirana Hassan.
« Forcer directement ou indirectement les réfugiés à retourner en Syrie en leur refusant l’entrée dans le pays et en leur imposant des conditions de vie intolérables constitue une violation flagrante des obligations internationales de la Jordanie. Les autorités doivent permettre à l’aide humanitaire de parvenir sans entrave aux réfugiés qui sont piégés dans cette zone. Elles doivent renoncer à toute tentative de les contraindre ou de les inviter à partir. »
Quoi qu’il en soit, la solution à plus long terme devra être mondiale. À l’échelle internationale, le nombre de places de réinstallation offertes aux réfugiés syriens reste terriblement insuffisant. Le poids de la crise des réfugiés continue de reposer principalement sur les pays de la région, trois d’entre eux accueillant à eux seuls plus quatre millions de personnes.
« Sans réels engagements suivis des faits en matière d’augmentation des réinstallations, les deux sommets prévus sur les réfugiés resteront purement symboliques », a déclaré Tirana Hassan.
« L’absence de solution à long terme pour les réfugiés piégés dans la zone de la berme sera révélatrice non seulement de l’échec de la communauté internationale à cet endroit, mais aussi de son manquement à ses obligations à l’égard des réfugiés du monde entier. »
Le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) doit immédiatement mettre fin à la détention arbitraire et honteuse d'une femme yézidie qui, après avoir subi la captivité aux mains du groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique (EI), est détenue sans jugement depuis près de deux ans, a déclaré Amnesty International.
Bassema Darwish, qui est âgée de 34 ans, mère de trois enfants et qui vivait dans le village de Babira, dans le gouvernorat de Ninewa, est détenue par le GRK depuis octobre 2014. Elle est accusée de complicité avec les forces d'EI qui ont tué trois membres des pechmerga (les forces armées du GRK) au moment où ces derniers atteignaient la maison où elle était retenue en captivité, à Zummar, dans le nord-ouest de l'Irak.
« Les femmes yézidies enlevées par EI ont véritablement été victimes de graves violences, notamment de viol et d'esclavage sexuel. En ce qui concerne Bassema Darwish, sa libération de captivité n'a pas mis fin aux mauvais traitements. Au lieu de la maintenir en détention depuis près de deux ans en violation de ses droits, les autorités devraient veiller à ce qu'elle reçoive une aide médicale et psychosociale, afin de l'aider à surmonter les épreuves qu'elle a subies en captivité, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.
« Le fait de la maintenir en détention sans jugement pour une durée indéterminée, sans même qu'elle ait réellement la possibilité de contester la légalité de sa détention, est cruel et illégal. Les autorités doivent soit la libérer immédiatement soit l’inculper d’une infraction dûment reconnue par la loi. »
Des proches, des militants et des représentants des autorités ont dit à Amnesty International que Bassema Darwish a été enlevée par des combattants d'EI, en même temps que son mari et 33 autres proches, le 3 août 2014 alors qu'ils tentaient de fuir la ville de Sinjar. Elle était alors enceinte. Les captifs ont dans un premier temps été emmenés à Tal Afar, où les femmes et les enfants, parmi lesquels Bassema Darwish, ont été séparés des hommes. On ignore ce qu'il est advenu de 31 de ses proches.
Elle est actuellement détenue dans la prison pour femmes et pour mineurs d'Erbil, et a donné naissance à une petite fille, Nour Hussein, pendant sa détention.
Les combattants d'EI ont systématiquement commis des crimes de droit international, notamment des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Des femmes et des filles yézidies ont été retenues en esclavage sexuel, violées, tuées et torturées. Certaines ont été forcées à regarder pendant qu'on tuait des hommes de leur famille, séparées de force de leurs enfants ou encore forcées à se convertir à l'islam.
« Il est choquant que le Gouvernement régional du Kurdistan, qui a toujours condamné les atrocités infligées par EI à la communauté yézidie, maintienne en détention une victime de ces violences, en l'accusant d'infractions liées au terrorisme et en la privant de ses droits fondamentaux », a déclaré Philip Luther.
Le responsable du département des enquêtes de la Direction de la lutte contre le terrorisme, avec qui s'est entretenue Amnesty International en août 2016, a déclaré que quand les forces pechmerga sont arrivées sur le site où Bassema Darwish était retenue en captivité, à Zummar, cette dernière les a trompées en disant que la maison était vide. Il affirme que des combattants d'EI cachés dans le bâtiment ont alors tué trois membres des pechmerga alors qu'ils entraient dans la maison.
Selon lui, Bassema Darwish avait été « radicalisée », avait piégé les forces pechmerga, et était responsable de leur mort. Il a dit qu'elle était détenue au titre de la législation antiterroriste et que son cas avait été soumis à l'autorité judiciaire, qui devait encore fixer une date pour une audience.
Des proches de Bassema Darwish ont dit à Amnesty International qu'elle a comparu devant un juge en août au moins une fois sans un avocat, et qu'on l'a forcée à signer quatre documents écrits en kurde, sans qu'elle ait pu en comprendre le contenu.
La Direction de la lutte contre le terrorisme a rejeté la demande qu'avait présentée Amnesty International pour pouvoir aller voir Bassema Darwish en prison au cours d'un voyage dans le Kurdistan irakien en août. Les avocats qui ont voulu lui rendre visite en prison se sont également heurtés à un refus des autorités. Amy Beam, fondatrice de l'ONG humanitaire Amy, Azadi and Jiyan, a dit à Amnesty International que l'Asayich (le service de sécurité du GRK) lui a adressé des menaces à cause de ses initiatives visant à obtenir la libération de Bassema Darwish.
Amnesty International a évoqué le cas de Bassema Darwish auprès des autorités à de multiples occasions, mais en vain, notamment tout récemment dans une lettre adressée au président du GRK, Masoud Barzani, le 26 août.
« Bassema Darwish doit être autorisée à avoir accès sans restriction à ses proches, ses avocats et des observateurs internationaux indépendants. Son droit à un procès équitable, y compris le droit de contester la légalité de sa détention, d'être informée dans une langue qu'elle comprend des charges retenues contre elle, et de bénéficier d'une défense adéquate, doit être pleinement respecté », a déclaré Philip Luther.
Amnesty International demande également au GRK de remettre en liberté Bassema Darwish jusqu'à ce qu'une juridiction ordinaire et civile se prononce sur le bien-fondé de toute accusation retenue contre elle, en tenant compte de son passé, de sa vulnérabilité et de ses responsabilités à l'égard de ses enfants.
Il n'est pas anticonstitutionnel, en Israël, de nourrir de force des détenus en grève de la faim.
C'est le sens d'un jugement rendu dimanche 11 septembre par la Haute cour de justice du pays. Elle avait été saisie par une association de médecins qui contestaient un article de loi demandant aux praticiens d'alimenter de force des prisonniers palestiniens ayant cessé de se nourrir.
Pour la Haute cour de justice israélienne, « un gréviste de la faim n'est pas un patient ordinaire ». À ses yeux, il s'agit plutôt d'une « personne qui, consciemment et délibérément, se met en danger ». Et elle considère également qu'une grève de la faima « des implications qui vont au-delà du cas personnel du gréviste ».
Pour elle, il n'est donc pas anticonstitutionnel de demander à des médecins de nourrir de force des détenus palestiniens ayant cessé de s'alimenter. Une mesure prévue par un amendement ajouté à la loi sur les prisons il y a un an. Car les grèves de la faim dans les prisons israéliennes sont fréquentes et embarrassent l'administration. Récemment encore, trois détenus qui protestaient contre leur détention sans jugement ont été libérés après avoir cessé de s'alimenter pendant plus de 60 jours. Leur état de santé s’était détérioré.
Le gouvernement a annoncé son intention de faire appliquer cet amendement. Mais la mesure risque d'être compliquée à mettre en place : l'association médicale israélienne qui avait saisi la Haute cour de justice a fait savoir avant le jugement qu'elle demanderait aux médecins de refuser cette alimentation contrainte. Elle considère la pratique comme de la « torture » et estime qu'il y a des situations « où l'éthique médicale prévaut sur la loi ».
Solidarité avec les travailleurs des chantiers navals d’Alexandrie – Non aux procès militaires des travailleurs !
Chèr.e.s frères et sœurs,
Nous vous écrivons pour vous demander de supporter une campagne de solidarité avec 26 ouvriers de la Compagnie Navale d’Alexandrie, en Egypte, qui sont actuellement en centre de détention en attente de leur verdict par un juge militaire prévu le 18 Septembre 2016, pour des accusations de refus de travailler et d’incitation à la grève. Leur procès exclut de nombreux droits dont jouissent les tribunaux civils en Egypte.
Les travailleurs, en détention depuis le 24 Mai dernier, n’ont commis aucun crime selon la loi militaire. De plus, les actions ayant entrainé leur détention sont décrites comme des manifestations pacifique ainsi qu’une grève revendiquant une hausse salariale, le développement et l’amélioration de la production dans le chantier naval et des mesures de sécurité au travail dont la protection contre les risques du métier comme les brûlures.
La Compagnie Navale d’Alexandrie ne peut être considérée comme une institution militaire et ses travailleurs ne peuvent être considérés comme des travailleurs militaires. Il s’agit bien de travailleurs civils ayant rejoint la compagnie il y a des années lorsqu’elle faisait partie du secteur public, qui est bien un secteur civil. Les travailleurs sont donc assujettis aux réglementations du travail sous la loi civile.
La propriété de la compagnie en question a évolué depuis sa fondation en 1960, puis s’est vue devenir partie de l’Organisation des Industries et Services de la Marine, qui fait affiliée aux Forces Armées Egyptiennes. Tout ce qui a lieu dans la compagnie est donc devenu assujetti et sous la juridiction des tribunaux militaires selon la loi militaire.
Faire un procès en tribunal militaire aux travailleurs des Chantiers Navals d’Alexandrie constitue une violation pleine des conventions internationales dont l’Egypte est signataire. Ceux-ci disent que les travailleurs ont droit aux manifestations pacifiques, à la liberté d’expression ainsi qu’aux négociations afin de faire réaliser leurs demandes légitimes de juste salaire et conditions de travail décentes.
Nous vous conjurons de mener des actions afin de propager les informations concernant le procès et d’envoyer immédiatement des lettres de protestation au président Egyptien Abdelfattah al-Sisi et au ministre égyptien du Travail, demandant la libération immédiate des travailleurs des Chantiers Navals d’Alexandrie.
Signataires :
Mettawa Mahran, fondateur du Syndicat indépendant des travailleurs du secteur privé (en cours de formation)
Su’ad Omar, syndicaliste
Raed al-Husseini, president du Syndicat indépendant des enseignants
Le Syndicat égyptien des travailleurs du pétrole
Fatma Ramadan, syndicaliste
Ce que vous pouvez faire:
Ecrire au président égyptien Abdelfattah al-Sisi, Office of the President Al Ittihadia Palace Cairo, Arab Republic of Egypt Fax: +202 2 391 1441 Email: p.spokesman@op.gov.eg Twitter: @AlsisiOfficial
Ecrire au Ministre du Travail égyptien Mohammed Safan, 3 Yousef Abbas Street, Salah Salem, Nasr City, Cairo, Egypt manpower@manpower.gov.eg
Signer la pétition internationale de solidarité avec les travailleurs des chantiers navals d’Alexandrie ici
Utiliser les icônes pour réseaux sociaux ici et ici pour répandre le message en ligne
Partager la video de syndicalistes Britanniques soutenant les Alexandria Shipyard workers ici
Faire passer une motion de protestation dans votre branche syndicale
En savoir plus ici (Anglais) sur les procès militaires qui résultent en des verdicts injustes basés sur des « preuves » obtenues sous la torture
Téléchargez ici(Anglais) une copie de notre brochure d’introduction au mouvement des travailleurs égyptiens.
Le ministère de la Culture a refusé de délivrer le «visa culturel» sans lequel la projection du film ne peut se faire.
Le film documentaire Vote off, du jeune réalisateur-producteur algérien Fayçal Hammoum, produit par Thala films, a été déprogrammé des 14es Rencontres cinématographiques (RCB) qui se déroulent jusqu’à ce vendredi à la Cinémathèque de Béjaïa. Le ministère de la Culture a refusé de délivrer un «visa culturel», qui tient lieu d’une autorisation de projection.
C’est depuis 2011, en vertu de la loi n°11-03 du 17 février 2011 relative à la cinématographie, décret 13-276, que le département de Azeddine Mihoubi exige un «visa culturel» pour tout film programmé dans une manifestation culturelle. Vote off est le premier film à faire les frais de cette loi dans le cadre des RCB qui appliquent cette loi depuis l’année dernière.
C’est l’incompréhension chez le réalisateur. «Je suis surpris, je ne m’attendais pas à cela, d’autant que mon film est très loin d’être partisan», nous a-t-il déclaré au téléphone. «On ne peut que se rendre à l’évidence et appeler les choses par leur nom : il s’agit là d’un cas flagrant de censure», accuse-t-il dans une lettre adressée à l’opinion publique, dont nous avos été destinataire d’une copie.
Le ministère a dû prendre le soin de superviser au préalable ce film de 81 minutes dont le contenu est apparemment dérangeant par le spectre de l’abstention bien réelle qu’il ne fait que filmer à quelques mois des législatives de 2017. Selon son synopsis, «Vote Off suit la jeunesse algérienne pendant le mois qui a précédé l’élection de 2014. Une jeunesse active mais qui n’a jamais voté…».
La caméra de Fayçal Hammoum a investi le terrain de la campagne électorale à Alger pour la présidentielle d’avril 2014 pour prendre le pouls de la société dont fait partie une jeunesse désabusée et abstentionniste. Elle s’est posée dans des meetings de candidats, dans leurs permanences, dans la rue, à El Watan… pour «un voyage électoral ou plutôt une balade où se côtoient le doute, la peur, l’espoir».
«Au-delà des parcours individuels de mes personnages qui sont au centre du projet, j’ai aussi fait ce film pour une raison simple et sans doute un peu naïve : je veux croire que l’Algérie peut et doit devenir aussi démocratique que possible», réagit, dans sa lettre, Fayçal Hammoum. Il considère qu’«interdire ce film, c’est interdire la croyance qui en est à l’origine.
La croyance en un pays de droit où l’expression d’une idée n’est pas vécue comme une menace mais une chance. Interdire ce film, c’est interdire par avance tous les films qui voudront affirmer cela. C’est, qu’on le veuille ou non, avouer que rien ne changera». Le jeune réalisateur est convaincu qu’«on peut toujours enterrer un film mais jamais la parole et encore moins la pensée des hommes».
L’association Project’heurts qui a été forcée d’annuler la projection du film, et pour affirmer son attachement «aux valeurs de la démocratie et de la liberté d’expression et de création», a maintenu le rendez-vous de demain à 17h, l’heure prévue de la projection du film Vote off, mais pour engager un débat sur «la loi sur le cinéma, sur la liberté de création en Algérie en présence du réalisateur et du producteur du film».
«Ce bras de fer constant avec le ministère de mon pays et autres autorités ‘‘suprêmes’’ de la culture commence à me fatiguer. Et je suis, de la même façon, fatigué d’avance de devoir demander grâce pour un film condamné à mort par la censure», écrit, déçu, Fayçal Hammoum à propos d’un film qu’il aurait pu appeler «A quoi rêvent wled houmti». A la liberté, certainement.
Les prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik ont entamé, vendredi, une grève de la faimde 48 heures pour demander le règlement de leur situation et protester contre les conditions inhumaines et les mauvais traitements perpétrés à leur encontre de la part de l’administration de la prison marocaine, a rapporté hier l’APS citant le ministère des Territoires occupés et de la Communauté sahraouie établie à l’étranger.
Les autorités marocaines ont procédé récemment au transfert de 21 prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik depuis la prison de Salé à El Aarjat, après l’annonce de la Cour de cassation marocaine, le 27 juillet dernier, du jugement des 23 condamnés dudit groupe et le renvoi de l’affaire devant une juridiction pénale de droit commun.
En novembre 2010, des affrontements ont éclaté au Sahara occidental occupé, lorsque les forces de sécurité marocaines ont démantelé un camp sahraoui à Gdeim Izik, où des milliers de Sahraouis manifestaient pour des revendications sociales et économiques. Des centaines de Sahraouis ont été arrêtés et 25 d’entre eux ont été condamnés par un tribunal militaire à de lourdes peines d’emprisonnement allant de 20 ans à la perpétuité.
Les prisonniers politiques sahraouis avaient mené plusieurs fois des grèves de la faim pour protester contre leur incarcération arbitraire et leur jugement inéquitable. Des organisations internationales ainsi que les familles des prisonniers ont, à plusieurs occasions, demandé un procès équitable, conformément au droit international dans ce dossier, puisqu’il s’agit de détenus politiques.
De son côté, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a exprimé son inquiétude face aux rapports attestant que les accusés sahraouis avaient été torturés et maltraités pendant leur détention provisoire. «Le recours aux tribunaux militaires ou d’exception pour juger des civils soulève de sérieux problèmes quant à l’équité, l’impartialité et l’indépendance de l’appareil judiciaire», a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat onusien.
Trois ans après le verdict du procès, la Cour de cassation marocaine a ordonné la tenue d’un nouveau procès devant une juridiction civile. Fin août, l’eurodéputée espagnole Paloma Lopez a exhorté l’Union européenne à prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir le respect des droits de l’homme au Sahara occidental par les autorités d’occupation marocaines.
Elle a préconisé ainsi la suspension de l’Accord d’association avec le Maroc, eu égard à «l’échec de la politique du dialogue». «Compte tenu du niveau d’utilisation de la violence contre les prisonniers politiques sahraouis et l’échec de la politique européenne fondée uniquement sur le dialogue avec les autorités marocaines d’occupation et institutions connexes, d’autres mesures sont nécessaires pour garantir le respect des obligations du Maroc en matière des droits de l’homme, y compris la suspension de l’accord d’association», a-t-elle plaidé dans une question écrite adressée à la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.