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Solidarité - Page 102

  • Nouveautés sur AFPS Rennes

     

    • Sexe, violence, corps des femmes et colonialisme israélien

      Le projet sioniste repose sur la destruction des corps et des terres natives palestiniennes, inséparables de la logique coloniale d’élimination. La violence sexuelle n’est pas un simple sous-produit du colonialisme, c’est plutôt « le colonialisme lui-même qui est structuré par la logique de la violence sexuelle ». Non seulement ils ont envahi notre maison, ont accaparé notre espace, nous ont expulsées – ils m’ont même arrêtée et emmenée à la Prison Maskubya, au poste de police. Ils m’ont mise dans la (...)


    • Samah Jabr : les « traumatismes cachés » de la vie sous occupation

      « Il y a une volonté de faire des Palestiniens des apatrides, mais aussi de les priver d’un visage et d’une voix. » Samah Jabr, l’une des premières femmes psychiatres de Palestine et une psychothérapeute qualifiée en psychanalyse, a passé sa vie à témoigner et à traiter les effets psychologiques de l’occupation israélienne sur la population palestinienne. Non contente de s’en tenir simplement à la pratique de la médecine, Jabr est aussi une militante déclarée, une femme écrivain et une universitaire (...)

    • État pales­tinien : un vote motivé par les prin­cipes uni­versels, non par le communautarisme

       

      Même s’il n’a pas de force juri­dique, le vote à l’Assemblée nationale et au Sénat sur la recon­nais­sance de la Palestine a déclenché les pas­sions ce qui prouve, si besoin était, l’impact à nul autre pareil du conflit israélo-​​palestinien sur la société française Le conflit est bel et bien importé en France De nom­breux échanges ont eu lieu sur l’impact du vote sur le pro­cessus de paix, mais on a éga­lement parlé de poli­tique inté­rieure. Un argument récurrent a été que les par­le­men­taires socia­listes (...)


    • Marcel de la Gare, retour de Palestine et de bien d’autres lieux de résistance

       

      À l’automne 2012, Marcel de la Gare participait à une mission de cueillette des olives en Palestine... Avec en tête l’idée d’aller à la rencontre des diverses formes de la résistance populaire civile palestinienne. Depuis un très long silence, qui n’était apparemment que le bruit d’un travail acharné ! Nous venons de recevoir cet appel à soutien financier pour l’édition de "AHIMSÂ, l’instant neige", roman graphique de BD de 240 pages, petites et grandes histoires de la non-violence en zone de conflit dans les (...)


    • En Palestine, pas de dignité sans justice

      23 décembre

      Un ancien chef du Mossad, l’agence d’espionnage israélienne, n’est pas la personne que l’on pressentait pour recommander une approche plus conciliante des Palestiniens. Et pourtant c’est bien ce qu’Efraïm Halevy vient de faire. Dans une interview exhaustive accordée au Times of Israel, Efraïm Halevy, qui fut à la tête du Mossad de 1998 à 2002 et servit ensuite comme conseiller spécial d’Ariel Sharon, a critiqué la politique du gouvernement israélien sortant. Selon lui les prochaines élections de mars (...)

    • 2014 : quelle année pour la Palestine ! (Déclaration du Bureau national de l’UJFP, le 21-12-2014)

      23 décembre

      L’AG de l’ONU avait proclamé 2014 l’année de la Palestine. Quelle année en effet pour les Palestiniens ! Sur le terrain, « Tsahal », l’armée qui possède un État, a continué à pousser ses pions : poursuite de la réduction de la place des Palestiniens en Cisjordanie comme peau de chagrin, avec son cortège de morts et d’arrestations judaïsation violente de Jérusalem-Est annexé, avec de plus expulsion « administrative » et sans motivation de jeunes Palestiniens de la ville ; provocations sur l’Esplanade des (...)


    • "Le serment" Arte : un regard sur la Nakba pour la soirée du 31 décembre...

      22 décembre

      Arte programme la série britannique "the promise" (le serment) de Peter Kominsky (GB 2010) : tenez-vous bien, c’est à 20h50 et ça dure six heures ! Pour un réveillon militant !!! On pouvait lire cette présentation sur le site des Inrockuptibles : “The Promise”, une saga épique sur le conflit israélo-palestinien Grande figure de la télé britannique, Peter Kosminsky retrace dans The Promise l’histoire du conflit israélo-palestinien de 1946 à nos jours. Un récit épique où transpire l’amertume face aux (...)


    • Palestine : le jeu des puissants

      22 décembre

      Écouter l’émission "Youyous et chuchotements" dédiée à cet ouvrage sur la radio associative "Radio Aligre"

  • Le serment" Arte : un regard sur la Nakba pour la soirée du 31 décembre...(Afps Rennes)

     

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    Arte programme la série britannique "the promise" (le serment) de Peter Kominsky (GB 2010) : tenez-vous bien, c’est à 20h50 et ça dure six heures ! Pour un réveillon militant !!!

    On pouvait lire cette présentation sur le site des Inrockuptibles :

    “The Promise”, une saga épique sur le conflit israélo-palestinien

    Grande figure de la télé britannique, Peter Kosminsky retrace dans The Promise l’histoire du conflit israélo-palestinien de 1946 à nos jours. Un récit épique où transpire l’amertume face aux racines de la guerre.

    Depuis son téléfilm Warriors, tourné en 1999 et évoquant l’échec des casques bleus anglais en Bosnie, Peter Kosminsky s’attache aux fractures du monde contemporain. Héritier d’une longue tradition de la fiction télé anglaise, il porte un regard acéré sur son époque, en veillant à ne jamais sacrifier la recherche d’un souffle romanesque au souci de rigueur historique. Lorsqu’il écrit ses films, le réalisateur endosse d’abord des habits d’enquêteur : un long travail de préparation fondé sur des entretiens avec des témoins ou chercheurs impose son cadre à la fiction.

    De la guerre en Bosnie à la rivalité entre Tony Blair et Gordon Brown au sein du Parti travailliste (Les Années Tony Blair, 2002), de l’intervention britannique en Irak (L’Affaire David Kelly – Le prix de la vérité, 2005) aux attentats terroristes à Londres (Les Graines de la colère, 2007), Kosminky assume le risque de sa propre intervention dans le cours d’une histoire inachevée et incertaine.

    Une saga historique qui décrypte une actualité complexe

    Avec son ambitieuse nouvelle série, The Promise (Le Serment) (4 x 90 min), il radicalise cette tentative d’éclairer l’actualité complexe, au risque de la simplification ou du parti pris politique, en se concentrant sur le conflit israélo-palestinien. Si sa méthode d’écriture est la même (des dizaines de témoignages d’anciens soldats britanniques présents en Palestine après la Seconde Guerre mondiale comme source d’inspiration du scénario), Kosminsky intègre ici une dimension supplémentaire à la matrice de son oeuvre : la saga historique, la restitution du passé comme un écho persistant du présent.

    Sur un même territoire – la Palestine devenue Israël -, les années 1940 et 2000 se font face et s’enchevêtrent. L’espace reste unique, c’est le temps qui s’étire. La trame narrative trouve son point d’appui dans cet écart entre l’espace et le temps.
    The Promise mêle deux niveaux de récit et deux groupes de protagonistes que soixante années séparent mais que les enjeux d’une guerre qui paraît éternelle rapprochent. Le film joue de ce double effet d’éloignement et de proximité, comme si le passé rattrapait sans cesse des personnages dont l’identité ne s’éclaire qu’à travers le miroir des racines (du mal).

    L’héroïne, Erin (Claire Foy), Londonienne de 18 ans, rejoint pour ses vacances une amie qui vit en Israël. Elle découvre avant de partir le journal intime de son grandpère mourant, Len (Christian Cooke). Soldat anglais témoin de la libération du camp nazi de Bergen-Belsen, Len est envoyé en Palestine, à la fin de la guerre, pour maintenir la paix entre Juifs et Arabes, alors que l’Etat d’Israël n’est pas encore né, et que déjà apparaissent des tensions entre l’Irgoun, organisation armée sioniste, les populations locales et l’armée britannique.

    Lisant au gré de son séjour en Israël le récit circonstancié de la mission de son grand-père en Palestine qui fait écho à la violence qu’elle découvre elle-même sur place, le voyage d’Erin se transforme en voyage initiatique, en parcours politique. D’une ignorance, naît une prise de conscience, d’une indifférence surgit une colère : une colère qui s’arrime à celle, jusque-là sourde et imperceptible, de son grand-père qu’elle réactive comme la reconnaissance de son héritage.

    La révélation des attentats de l’Irgoun – notamment la célèbre attaque le 22 juillet 1946 de l’hôtel King David, abritant l’armée anglaise où 91 personnes furent tuées – se mêle à la violence des soldats israéliens dans les territoires palestiniens, à Gaza ou à Hébron, où Erin se rend pour tenter de retrouver les amis arabes de son grand-père à qui il a fait un "serment" : leur rendre la clé de leur maison, dont ils furent chassés en 1948, lors de la Nakba, ("catastrophe" en arabe) l’expulsion des Palestiniens de leurs terres.

    L’histoire d’un échec avant tout collectif

    Chez le grand-père et sa petite-fille, Kosminsky dépeint un même processus de désenchantement : l’un, soucieux de défendre la création légitime d’un Etat pour les Juifs, et l’autre, en phase avec la culture démocratique et ses amis israéliens, se heurtent à la présence d’un affrontement âpre et absurde. Le réalisateur ne triche pas avec le réel ; sa lecture du conflit reste sans ambiguïtés, mais pas sans nuances. Si The Promise n’épargne pas l’actuelle politique d’occupation menée par Israël, le film évite tout autant l’aveuglement sur les violences du camp opposé.

    Les attentats, s’accumulant de tous côtés, annulent leurs effets respectifs. La violence en partage, plutôt que la terre, n’est que la trace d’un échec collectif. Le réalisateur oppose moins la vertu d’un camp au vice d’un autre qu’il ne critique la responsabilité originelle des Britanniques – son grand sujet – dans le processus de guerre continu. Pour ne pas avoir su laisser derrière elle, en 1948, une Palestine stable, la Grande-Bretagne porte selon lui une responsabilité cruciale dans la situation actuelle.

    Par-delà cette relecture du conflit, le cinéaste excède le cadre réducteur d’un film politique à thèse pour conférer à son récit un souffle épique. Le Serment n’est pas un sermon idéologique mais une promesse romanesque. En faisant évoluer Erin et Len du silence vers la révolte, en suivant ceux qui partagent leur vie affective contrariée, Peter Kosminsky déploie un art du récit marqué par l’amplitude du regard tant sur les personnages que sur le cadre spatial (réel) dans lequel même les plus beaux serments se perdent.

    Jean-Marie Durand

    Interview de Peter Kosminsky sur le site de Télérama

    On doit au Britannique Peter Kosminsky, ancien reporter de guerre et documentariste, quelques-unes des plus belles et des plus stimulantes fictions télévisées des quinze dernières années : Warriors, Les Graines de la colère, L’Affaire David Kelly, Les Années Tony Blair... Des œuvres en prise avec le réel, engagées et rigoureuses, accessibles sans être simplificatrices. Dans The Promise, une mini-série en quatre épisodes qu’il a écrite et réalisée, et que Canal+ diffuse à partir du 21 mars, Peter Kosminsky explore les racines du conflit israélo-palestinien sur deux époques étroitement entrelacées : la fin désastreuse du mandat colonial britannique en Palestine, entre 1945 et 1948, et ses répercussions, en 2005, à l’intérieur d’Israël et des territoires palestiniens. Un double récit appuyé sur le point de vue « candide » de deux citoyens britanniques – Erin, l’héroïne de la partie contemporaine, étant la petite-fille de l’ex-sergent Len Matthews, parachuté dans la Palestine de 1945 juste après la victoire alliée sur l’Allemagne nazie.
    En février 2011, lors de son passage à Paris et de la première, Peter Kosminsky nous a accordé cet entretien au long cours.

    Pourquoi teniez-vous autant à raconter deux histoires en même temps, l’une située dans le passé, l’autre dans le présent ?

    En mettant les deux époques en parallèle, je voulais montrer que le passé a des conséquences sur le présent, et que la Grande-Bretagne a une responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui. Ce conflit reste une plaie ouverte dans la politique mondiale, et nous étions là à ses débuts. Si nous avions laissé la Palestine en meilleur état, il n’en serait peut-être pas ainsi. Je sais que c’est facile à dire, et je n’ai aucune solution à proposer. Mais quand la Grande-Bretagne a décolonisé, elle a fait de sacrés dégâts pratiquement à chaque fois. Il suffit de regarder autour de nous : l’Inde, le Pakistan, l’Afrique du Sud et, bien sûr, la Palestine. Il y a peu d’exemples d’harmonie inter-ethnique dans les pays que nous avons quittés. Nous avons souvent laissé ces questions irrésolues, et sommes retournés chez nous aussi vite que les convenances le permettaient.

    Pourquoi avez-vous situé en 2005 la partie contemporaine de la série ?

    Cette fiction a exigé huit ans de travail. Et la majeure partie de nos recherches ont été faites dans les quatre premières années. Après, il a fallu l’écrire, trouver de l’argent et un lieu pour tourner, tout cela a pris du temps. Du coup, beaucoup d’événements, comme, par exemple, les attentats-suicides palestiniens, étaient plus pertinents au moment des recherches qu’ils le sont aujourd’hui. Nous avons donc pris la décision de situer le film pendant l’été 2005. Si nous ne l’avions pas fait, certains événements auraient paru étranges.


    Vous n’aviez encore jamais réalisé de fiction ou de documentaire sur le conflit israélo-palestinien. D’où est venue l’idée de The Promise ?

    Après la diffusion de Warriors, qui parlait de l’impuissance des Casques bleus britanniques envoyés en Bosnie, nous avons reçu une lettre d’un vétéran de la campagne de Palestine, un homme déjà très âgé, qui nous disait : « Pourquoi ne faites-vous pas un film sur nous ? On nous a complètement oubliés. » De fait, à ma grande honte, je ne savais rien au sujet des vétérans de Palestine. J’étais même très surpris d’apprendre que nous avions là-bas, en 1945, cent mille soldats – à peu près la taille de l’armée britannique actuelle. Notre ignorance s’explique facilement : le retrait de Palestine était perçu en Grande-Bretagne comme une défaite humiliante, après la grande victoire de la Seconde Guerre mondiale, et personne n’avait envie de se souvenir de quelque chose d’aussi embarrassant. Quand les soldats sont revenus, en 1948, les temps étaient très difficiles, la Grande-Bretagne était ruinée, tout le monde était concentré sur l’indépendance de l’Inde, qui représentait un énorme bouleversement psychologique. Pour les vétérans de Palestine, il n’y a eu ni statue ni mémorial.

    Auriez-vous fait ce film si vous n’aviez pas reçu cette lettre ?

    Non, je ne crois pas. Après Warriors, je ne tenais pas particulièrement à tourner une autre histoire de soldats. J’ai laissé de côté cette lettre pendant trois ans. J’ai fini par m’en souvenir, mon équipe de documentaristes et moi-même avons commencé à faire des recherches, et, je ne sais trop comment, parmi tous les sujets sur lesquels nous enquêtions, c’est devenu celui qui nous occupait le plus. Plus je lisais le résultat de nos recherches, plus j’étais intéressé par ce qu’elles disaient de l’implication et de la responsabilité de la Grande-Bretagne dans les événements qui ont façonné le conflit actuel.

    Combien de vétérans avez-vous rencontré lors de vos recherches, et comment se sont passés les entretiens ?

    Nous en avons rencontré 82, sur plusieurs années. Certains sont morts depuis. Nos entretiens étaient chargés d’émotion. Quand nous avons fait Warriors, j’ai interrogé un soldat, dans une base militaire du Sud de l’Angleterre, qui m’a décrit des choses parmi les plus épouvantables qu’on m’ait jamais racontées. Il était bouleversé, et il m’a dit : « Je n’en ai jamais parlé à personne. » J’ai eu la même impression avec les vétérans de Palestine. Ils en discutaient quand ils se rencontraient, mais toujours sur le ton de la plaisanterie. Vous pouviez déduire de la façon dont ils parlaient qu’ils ne s’étaient jamais vraiment confiés, qu’ils n’avaient rien dit de la façon dont ils ont été attaqués, dont leurs amis ont été tués. Ils se sont réfugiés dans le silence pendant soixante ans. Depuis que j’ai fait ce film, un certain nombre d’amis m’ont confié que leur père, ou leur grand-père, était là-bas, mais ne leur en avait jamais parlé.

    Le mandat britannique en Palestine a commencé en 1920, et s’est terminé en 1948. La partie "historique" de The Promise décrit les trois dernières années de ce mandat, juste avant la création de l’Etat d’Israël. Lors de vos recherches documentaires sur cette période, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?

    Deux choses. D’abord, le fait que les Britanniques ont utilisé contre l’insurrection juive un grand nombre des tactiques militaires reproduites aujourd’hui par l’armée israélienne contre l’insurrection palestinienne. On voit dans le film qu’après un attentat-suicide en Israël, l’armée israélienne s’en va détruire la maison du poseur de bombe. Les Britanniques ont fait exactement la même chose dans les années 40. Quand ils étaient attaqués, ils dynamitaient les maisons des familles liées à l’attaque. Ça m’a paru délirant ; je n’arrivais pas à comprendre pourquoi l’armée israélienne utilisait les tactiques d’une armée qui avait échoué.
    Notre autre sujet d’étonnement, c’était la mise en place, par la société juive de l’époque, de clubs d’hospitalité pour les soldats britanniques. On y employait des jeunes filles qui n’étaient pas des prostituées, mais qui devaient, en établissant des liens d’amitié, gagner les cœurs et les esprits de ces soldats et, par extension, ceux de leurs familles quand ils seraient de retour en Angleterre. C’est ce qui m’a conduit à créer le personnage de Clara. Je trouvais cette idée vraiment étrange, on l’associerait plutôt à un système de type soviétique. Bien sûr, Israël à ses débuts était un endroit très marqué par le socialisme, en tous cas pour les Juifs. Et il y a quelque chose qui me faisait penser à la société stalinienne, dans cette idée d’un Etat qui intervient pour changer les esprits dans le sens qui lui convient.

    Avez-vous pu rencontrer, et vous entretenir avec ces femmes qui ont inspiré le personnage de Clara ?

    Nous n’avions aucun moyen de les trouver, et il n’y avait pas d’enregistrements ; ils ont été détruits ou mis au secret. J’ai pu lire les entretiens réalisés par une universitaire qui avait fait une étude sur le sujet et qui avait interviewé un certain nombre de ces femmes. Mais elle a refusé de me les présenter. C’était la base de leur accord, elles avaient accepté de lui parler à condition qu’elle ne dévoile jamais leur identité. C’est un sujet assez sensible en Israël.

    Jusqu’à quel point avez-vous dramatisé les événements que vous décrivez ? Tout ce qui arrive dans The Promise est-il vrai ?

    Oui, sans exception. Les personnages et leurs réactions sont fictives, mais ce qui arrive à Len s’est vraiment produit –l’explosion du King David, la fusillade dans la rue, la capture de deux sergents spécialisés dans le renseignement et leur réclusion dans une fosse –, j’ai juste ajouté Len aux deux personnes enfermées dans la fosse. L’histoire contemporaine est un peu moins exacte, parce que, de toutes évidence, Erin vit dans un tout petit monde, une sorte de bulle. Mais quand elle va à Hébron, tout ce qu’elle expérimente est basé sur des témoignages. La rencontre pacifiste du premier épisode s’appuie sur des enregistrements vidéo de rencontres similaires. Les événements qui ont lieu à Gaza, à la fin du film, sont étroitement basés sur le témoignage de membres d’une ONG internationale.

    Len et Erin, vos deux héros, effectuent, à soixante ans d’écart, une sorte de parcours initiatique sur cette terre où ils ont quasiment tout à découvrir. Comment envisagiez-vous leurs trajectoires respectives ?

    Erin est l’adolescente typique, si tant est qu’une telle personne existe ! J’ai deux filles, et Erin, d’une certaine manière, s’inspire de chacune d’elles. J’ai toujours su qu’avec elle le spectateur ferait un voyage émotionnel. La première rencontre avec Erin n’est pas forcément évidente. C’est quelqu’un d’assez égoïste, elle émet des opinions qui ne s’appuient pas sur grand-chose, fait souvent l’opposé de ce qu’on lui demande, et se montre prête à mentir et tricher si c’est nécessaire. Mais à la fin, le spectateur se retrouve face à une jeune femme extraordinaire : courageuse, désintéressée, encore instable et d’un caractère difficile, mais prête à se donner beaucoup de mal pour venir à bout de la tâche qu’elle s’est assignée.

    Pour Len, j’ai décidé que ce serait l’inverse. Quand vous le rencontrez, en 1945, il a déjà effectué le plus extraordinaire des voyages émotionnels. C’est un parachutiste, il a participé au débarquement du D-Day, à la catastrophe de l’opération Market Garden [la tentative de reprendre le pont d’Arnhem, qui vit mourir 30 % des parachutistes britanniques en une seule attaque, NDLR], à la bataille des Ardennes, et à la libération du camp de concentration de Bergen-Belsen. Il a mûri à toute allure, son caractère est déjà bien dessiné. Len devait être un personnage héroïque et désintéressé, parce que je savais qu’Erin allait en tomber amoureuse en lisant son journal, et je voulais que les raisons de cette attirance soient évidentes.

    Au début de The Promise, vous montrez des archives filmées de la libération du camp de Bergen-Belsen. Etait-ce évident, quand vous avez décidé d’inclure cette séquence, qu’il vous faudrait renoncer à la fiction, et passer par le document d’archives ?

    A l’origine, j’avais écrit des scènes que nous devions tourner. Mais c’était incroyablement difficile. Ces images sont encore très fraîches dans les esprits. Il aurait fallu d’énormes moyens pour les reconstituer de manière convaincante. Et j’avais un dilemme moral sur la recréation de ces scènes, qui auraient été très difficiles à tourner en Israël. En même temps, je ne croyais pas que le spectateur pourrait comprendre le cheminement de Len sans montrer ces images. Elles étaient nécessaires pour expliquer pourquoi Len, au début du film, se sent si viscéralement en sympathie avec les Juifs de Palestine. Et la façon la plus simple de le faire, c’était de montrer quelques-unes de ces images pendant que l’on entendait sa voix.

    Vous avez filmé The Promise en Israël et dans les territoires palestiniens. Pourquoi avez-vous souhaité tourner sur les lieux mêmes de l’histoire que vous racontiez, ce que vous n’aviez jamais fait pour vos précédentes fictions ? Cela ne risquait-il pas de vous compliquer la tâche ?

    Si, bien sûr. A l’origine, nous pensions plutôt à la Tunisie, au Maroc, à Chypre, à l’Espagne, à la Jordanie... Mais nous n’arrivions pas à trouver un endroit qui corresponde à tout ce dont nous avions besoin. Israël s’est imposé comme la meilleure option. La topographie, l’architecture, la diversité culturelle et l’allure des gens, tout collait parfaitement, et il y avait une industrie du cinéma florissante, avec toutes les compétences dont nous avions besoin. Notre équipe de tournage était fantastique, la ville d’Haïfa nous a beaucoup aidés, mais l’armée, l’Etat, tous les corps officiels d’Israël ont été aussi peu coopératifs qu’ils pouvaient l’être. Tout nous était toujours refusé, sans explication.

    L’autre difficulté, c’était d’essayer de dépeindre un conflit avec des comédiens directement concernés par ce conflit. Prenez cette scène de l’épisode 4 où un soldat israélien affronte une Palestinienne ; le gars qui joue le soldat est, en vrai, un réserviste de l’armée israélienne, et la comédienne palestinienne a des opinions bien tranchées sur les Israéliens et sur l’occupation. Du coup, quand ils jouent la scène, il y a ce quelque chose en plus que vous ne pouvez pas obtenir dans un pays voisin, avec des gens qui font semblant. Ça a rendu la direction d’acteurs très intéressante.

    Vous avez effectivement tenu à ce que les acteurs de The Promise aient la même nationalité que les personnages qu’ils incarnaient. Les comédiens ont-ils parfois contesté ce que vous leur demandiez de dire et de faire ?

    Non, jamais, mais l’atmosphère sur le plateau était parfois très lourde. La plupart des acteurs s’entendaient plutôt bien, mais il y avait parfois des tensions. Certains des Palestiniens, notamment, ne se sentaient pas à l’aise, parce que l’équipe de tournage était majoritairement juive. Pour Warriors, nous avions fait appel à beaucoup de gens qui avaient été vraiment impliqués dans la guerre en Bosnie, mais celle-ci était terminée. Il y avait encore de l’animosité, des choses non résolues, mais un accord avait été signé, le monde était en train de changer. En Israël et dans les territoires occupés, rien n’est réglé. Quand nous avons tourné dans des villes arabes des scènes où des comédiens jouent des colons, tout était très tendu. Nous avons notamment tourné une séquence où un colon hurle des injures, au mégaphone, à un groupe de libéraux israéliens. La scène n’a pas été tournée à Hébron, où une personne faisant cela disposerait de 5 000 soldats pour la protéger. Elle a été tournée à Acre, au milieu d’une ville arabe. Et le comédien était très nerveux ! Il m’a dit : « Je vais me faire tuer ! » ; j’ai répondu : « Non, tu es un acteur ; joue, c’est tout. » Il ne fanfaronnait plus comme lors de notre première répétition à Tel Aviv, mais il a joué la scène, et c’était courageux, je l’ai admiré pour cela.

    Après la diffusion du premier épisode au Royaume-Uni (1), certains vous ont accusé d’avoir fait une œuvre de propagande pro-palestinienne et anti-israélienne. Vous attendiez-vous à ce type de réactions ?

    Nous avons commencé à être critiqués par des sites web israéliens avant même que commence la diffusion de The Promise. Chacun est libre de ses opinions, j’admets très volontiers que c’est un sujet controversé et que tous les aspects du film ne plairont pas à tout le monde, même si, à mon sens, l’ensemble est équilibré. Mais je n’ai pas de temps à perdre avec des gens prêts à attaquer des programmes qu’ils n’ont pas encore vus. Je trouve cela pathétique. Ils regardent le monde à travers de telles œillères qu’ils préfèrent condamner, avant même d’en avoir visionné une seule image, un programme qui a demandé huit ans de travail, qui a fait l’objet de minutieuses recherches et qui a l’obligation, selon la loi audiovisuelle britannique, d’être équilibré.

    The Promise semble effectivement aboutir à la conclusion qu’il n’y a ni bons ni méchants, que la situation présente est dommageable à toutes les parties, et qu’il est extrêmement difficile, voire impossible, de prendre parti pour l’un ou l’autre camp...

    C’est ce que je crois. Ma responsabilité, c’était, d’abord, de présenter une image qui rende justice à la complexité de la situation. On n’aide personne en prétendant que le bien et la justice se trouvent d’un seul côté ; si c’était si simple, on aurait déjà trouvé une solution. De chaque côté, il y a des vérités et des droits qui entrent en compétition les uns avec les autres. Vous ne pouvez pas avoir tout d’un côté ou tout de l’autre, tout est imbriqué.

    Ensuite, je n’ai pas recherché une sorte d’équilibre scientifique, mais un équilibre instable, pour qu’à un certain point de l’histoire, vous vous sentiez proche de l’une des parties et que, juste au moment où vous vous sentez conforté dans votre point de vue, quelque chose arrive qui vous entraîne de l’autre côté. Par exemple, vous assistez à un incident au checkpoint, et vous vous sentez peut-être en empathie avec les Palestiniens et la manière dont ils sont traités ; et puis des terroristes palestiniens font sauter le café près duquel se trouve l’héroïne, ce qui va probablement affecter votre façon de voir... Plutôt que de nuancer le film de façon à ce qu’il n’offense personne, j’ai fait en sorte que les sympathies du spectateur changent régulièrement de direction, en fonction des circonstances.

    lundi 22 décembre 2014

    http://www.rennespalestine.fr/?Le-serment-Arte-un-regard-sur-la

  • Marwan Barghouti nommé Citoyen d’honneur de la ville d’Aubervilliers (AFPS)

    Aujourd’hui la situation du peuple pales­tinien continue de se dété­riorer et la poli­tique menée par l’État d’Israël, notamment l’extension des colonies, rend chaque jour un peu plus dif­ficile la recherche d’une solution négociée au conflit.

    Dans le même temps, des mil­liers de pri­son­niers sont incar­cérés, la plupart arbi­trai­rement, dans les prisons israéliennes.

    Parmi eux, Marwan Bar­ghouti, député au Conseil Pales­tinien, enlevé à Ramallah en 2002 et incarcéré dans une prison près de Tel-​​Aviv. Lors de son procès, il avait refusé de recon­naître la légi­timité de la cour mili­taire d’occupation qui le jugeait et avait utilisé cette tribune pour faire connaître son combat huma­niste. Il a été condamné à 5 peines de réclusion à perpétuité.

    Ini­tiateur du Document national de récon­ci­liation des pri­son­niers sur la base duquel un gou­ver­nement national pales­tinien s’est formé en 2007, Marwan BAR­GHOUTI milite pour un accord sur la coexis­tence d’un État pales­tinien et d’un État israélien sur la base des fron­tières de 1967.

    Marwan Bar­ghou­tiest un des prin­cipaux diri­geants pales­ti­niens. Il sym­bolise la Palestine et la cause pales­ti­nienne. Il œuvre pour résoudre poli­ti­quement et paci­fi­quement le conflit israélo-​​palestinien en se fondant sur les réso­lu­tions du Conseil de Sécurité de l’ONU pour, qu’enfin, soient ins­taurés deux États libres et indé­pen­dants, vivant en paix côte à côte.

    En ce 18 décembre 2014, c’est donc un homme de Paix et de Dia­logue que la Ville d’Aubervilliers a nommé citoyen d’honneur.

    Communiqué de la ville d’Aubervilliers, mardi 23 décembre 2014

    http://www.france-palestine.org/Marwan-Barghouti-nomme-Citoyen-d,25439

  • 6 000 tra­vailleurs fron­ta­liers en grève (AFPS)

     

     

    Pour dénoncer une "humi­liation quotidienne"

    Mou­vement spontané ce 21 décembre : des tra­vailleurs pales­ti­niens qui vont chaque jour tra­vailler en Israël ont débrayé pour dénoncer les condi­tions dif­fi­ciles qui leur sont imposées au point de passage.

    C’est une grève d’un genre par­ti­culier qui a eu lieu ce 21 décembre aux abords de Tul­karem, dans le nord de la Cis­jor­danie. Quelque 6 000 Pales­ti­niens, qui passent chaque jour la fron­tière pour aller tra­vailler en Israël, ont débrayé spon­ta­nément afin de pro­tester contre "les humi­lia­tions quo­ti­diennes qu’ils subissent au point de passage", rap­porte le journal israélien Yediot Aharonot.

    "La construction d’un nouveau ter­minal pour les piétons du côté pales­tinien du point de passage a aggravé les condi­tions pour les Pales­ti­niens, qui doivent tem­po­rai­rement uti­liser un passage étroit." Les travaux n’avançant que len­tement, la situation se pro­longe, ce qui a donné lieu à ce mou­vement de colère.

    "Sans une once de respect"

    Sabri, un Pales­tinien qui tra­vaille en Israël depuis des années raconte son quo­tidien : "En ce qui me concerne, quand j’arrive au point de passage, j’entre en enfer. Les gens se bous­culent dans ce passage étroit comme des animaux. Ils se mettent à pousser, la pression monte et, souvent, des gens sont blessés et finissent par être emmenés à l’hôpital de Tul­karem en ambulance."

    Le plus souvent, seuls quatre ou cinq des 16 postes de contrôle bio­mé­trique fonc­tionnent, ce qui ralentit le passage, explique encore Sabri, qui impute éga­lement la congestion du tunnel au manque d’organisation des auto­rités pales­ti­niennes.

    Mais c’est surtout l’attitude mépri­sante du per­sonnel israélien que les gré­vistes entendent dénoncer. "Parfois, ils nous traitent sans une once de respect", déplore Azam. Il raconte au jour­na­liste de Yediot avoir dû attendre que des employées ter­minent de dis­cuter entre elles pour pouvoir passer le contrôle, et que des Pales­ti­niens qui s’impatientaient se sont vu répondre : "Fermez-​​la !"

    Préavis

    Le mou­vement de grève s’est déclenché spon­ta­nément, ce dimanche [le 21 décembre]. "Je n’ai vu per­sonne s’y opposer, raconte un Pales­tinien. Nous avons tourné les talons et nous sommes rentrés chez nous." Une médiation avec les auto­rités civiles pales­ti­niennes a permis un retour au travail, et un repré­sentant du ministère de la Défense israélien a promis la fin des travaux dans les deux mois.

    "Nous retournons tra­vailler, ont dit les gré­vistes. Mais si nous n’observons pas d’accélération dans la construction du nouveau ter­minal, nous ferons la grève une fois par semaine et n’irons pas tra­vailler en Israël."

    Courrier international, mardi 23 décembre 2014

    http://www.france-palestine.org/6-000-travailleurs-frontaliers-en

  • Nouveautés Afps, Rennes (35)

  • 2014 : quelle année pour la Palestine ! (Ujfp)

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    (Scouts palestiniens)

    L’AG de l’ONU avait proclamé 2014 l’année de la Palestine.
    Quelle année en effet pour les Palestiniens !

    Sur le terrain, « Tsahal », l’armée qui possède un État, a continué à pousser ses pions :


    - poursuite de la réduction de la place des Palestiniens en Cisjordanie comme peau de chagrin, avec son cortège de morts et d’arrestations
    - judaïsation violente de Jérusalem-Est annexé, avec de plus expulsion « administrative » et sans motivation de jeunes Palestiniens de la ville ; provocations sur l’Esplanade des Mosquées, tentative grossière mais dangereuse au plan mondial pour transformer le conflit colonial en conflit religieux
    - judaïsation du Nakab/Neguev par concentration des Bédouins palestiniens dans des villes dortoirs et destruction de leurs villages, et poursuite de la colonisation de la vallée du Jourdain
    - manifestations racistes contre les Palestiniens comme contre les immigrés, et menaces sur les manifestations pacifistes
    - Gaza, bien sûr, Gaza sous blocus, Gaza victime d’un déluge de fer et de feu pour punir les Palestiniens d’avoir obligé toutes les factions à constituer un gouvernement d’unité nationale. Plus de 2200 morts, plus de 11000 blessés, des dizaines de milliers de Gazaouis encore sans-abri à l’entrée de l’hiver...

    Sur le plan juridique et parlementaire, poursuite de l’escalade dans les discriminations proposées par l’extrême droite du Likoud et ses alliés d’extrême extrême droite : interdiction de la commémoration de la Naqba, projet d’État national du peuple juif, interdiction d’appeler à la campagne BDS,.. Cet été, comme le tribunal Russell l’a montré, outre la recension des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, c’est de bien des secteurs de l’opinion, y compris des responsables politiques et religieux, que sont partis de véritables incitations au génocide !

    Sur le plan diplomatique, « l’incapacité » de John Kerry à influer sur le gouvernement Nétanyahou a été manifeste, les lobbys sionistes, juifs comme évangélistes, interdisant au gouvernement US toute mesure de rétorsion, obtenant même du Congrès unanime le maintien d’un soutien militaire indéfectible, les USA réapprovisionnant Israël en munitions dès après l’opération « Bordure protectrice ». Le Président Hollande a été probablement cette année le chef d’Etat allant le plus loin dans l’affirmation de la solidarité occidentale à Israël, s’excusant de ne pas lui exprimer son amour en chantant, et affirmant en plein carnage le droit d’Israël à se défendre ! Quant à l’Union européenne, même si elle a agacé le gouvernement israélien par ses mesurettes sur l’étiquetage ou le blocage théorique des produits des colonies, elle a maintenu l’essentiel de l’accord d’association, au mépris de l’article 2 qui prévoit pourtant une suspension de l’accord en cas de non-respect des droits humains par Israël. L’opération « bordure protectrice » n’a même pas donné lieu à enquête internationale.


    Un concentré de cette lâcheté de l’autoproclamée communauté internationale, en fait de sa solidarité sans faille avec son allié, nous est donnée par l’absence quasi complète de réactions devant la mort d’un ministre palestinien directement consécutive aux coups reçus des soldats de l’armée d’occupation, pour avoir osé manifester de façon non violente contre une nouvelle implantation coloniale, illégale même du point de vue israélien !

    Quelles peuvent être alors les quelques lueurs d’espoir ?
    D’abord, et avant tout, l’extraordinaire résistance du peuple palestinien, résistance armée légitime à Gaza, résistance le plus souvent non armée des comités populaires contre la construction du Mur ou contre des checkpoints, grèves de la faim des prisonniers à l’isolement, résistance à l’étouffement à Jérusalem,...


    Ensuite, s’il y a bien un processus de fascisation en Israël, il est loin d’être achevé. Non seulement Nétanyahou a été conduit à convoquer de nouvelles élections, mais il se trouve encore des jeunes pour refuser de participer à une armée criminelle, des journalistes courageux pour dénoncer l’aggravation du régime d’apartheid, d’anciens membres des « services secrets » pour dire tout haut qu’Israël fonce dans le mur...

    Enfin, si la plupart des dirigeants de la « communauté internationale » se déshonorent dans le soutien à cet État voyou, les sociétés civiles, elles, multiplient les preuves de leur écœurement devant ces comportements honteux. Malgré le honteux maintien de la circulaire Alliot-Marie en France et la poursuite de la tentative de criminaliser les actions, malgré la tentative lamentable soutenue par Valls et Hollande d’accrocher à nos actions l’infamante accusation d’antisémitisme, la campagne BDS se développe en France comme elle s’étend à l’étranger, les actions de Boycott économique, culturel, universitaire, sportif, se multiplient. Et cette campagne obtient des succès, même si les Sanctions tardent à venir, le Désinvestissement est à l’ordre du jour ; les adhésions mondiales d’associations syndicales à BDS se développent, les ventes des produits des colonies baissent, des chefs d’entreprises s’inquiètent, Sodastream doit déménager de Cisjordanie, des cargos de marchandises israéliennes sont arrêtés aux Etats-Unis, Veolia complice d’Israël perd de gros marchés...


    Cet été, il y a eu des manifestations dans le monde entier, plus de 500 manifestations en France contre l’agression israélienne sur Gaza, souvent dans des villes qui n’en avaient pas connues pendant l’opération « plomb durci ». Une nouvelle génération s’est levée pour marquer sa solidarité.
    La reconnaissance de l’État de Palestine par les deux tiers des États du monde, qui s’est étendue à plusieurs États européens cette année, est le signe encourageant que la mobilisation des peuples peut parvenir à faire bouger un tant soit peu des dirigeants aussi rétifs soient-ils.

    L’Union Juive Française pour la Paix salue le peuple palestinien et sa résistance. En 2014, elle a gagné en visibilité et s’est renforcée, car parmi les Juifs de France eux-mêmes l’exaspération devant la politique israélienne et devant la prétention du CRIF à les engager en soutien a grandi. Elle appelle à une particulière vigilance dans les semaines qui viennent, car les surenchères sont à craindre dans la période électorale qui s’ouvre. Elle s’engage, et engage tous ses adhérents à développer encore plus et mieux la solidarité sous toutes ses formes, en développant et approfondissant les cadres unitaires, notamment celui de la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions.

    dimanche 21 décembre 2014 par le Bureau National de l’UJFP
     
  • Irak. L’arrivée de l’hiver révèle les terribles brèches dans l’aide humanitaire dont ont besoin les milliers de déplacés (Amnesty)

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    Le manque de coordination et les lacunes majeures de l’assistance humanitaire se traduisent par une situation très difficile pour la plupart des 900 000 personnes déplacées par le conflit en Irak qui ont fui vers le Kurdistan irakien, a déclaré Amnesty International.

    Les délégués d’Amnesty International qui viennent tout juste de rentrer d’une visite au Kurdistan irakien ont constaté que de nombreuses personnes déplacées ne disposent pas des biens de première nécessité dont elles ont besoin pour survivre durant l’hiver – couvertures, vêtements chauds et chauffage notamment. Des milliers vivent dans des camps très mal équipés ou dans des campements informels, dans des conditions très rudes.

    « La réponse humanitaire présente de graves lacunes. De nombreuses personnes vivent dans des camps ou des bâtiments mal équipés, sans murs ni abris pour se protéger du froid, du vent, de la pluie. Vêtus d’habits légers, les enfants courent dans tous les sens, dans un froid glacial. Dans certains camps, les toilettes et l’eau potable manquent. Dans certains campements de fortune, il n’y en a pas du tout. Alors que l’hiver arrive, la situation risque de s’aggraver fortement, a déclaré Khairunissa Dhala, conseillère sur les droits des réfugiés à Amnesty International.

    « La communauté internationale et le gouvernement régional du Kurdistan doivent mener une action concertée afin de venir en aide à ceux qui se sont installés à l’intérieur ou à l’extérieur des camps, dans le but d’éviter un désastre humanitaire de grande ampleur. »

    Le gouvernement régional du Kurdistan a fait des efforts pour fournir des logements et des services d’urgence aux personnes déplacées. Cependant, la communauté internationale a réagi avec lenteur et, surtout, l’aide humanitaire n’est pas suffisante pour répondre aux besoins premiers.

    Les fonds manquent cruellement. Le Plan de réponse stratégique pour l’Irak 2014-2015 lancé par les Nations unies n’est financé qu’à hauteur de 33 %. La part du budget couvrant les abris et d’autres équipements de base n’est jusqu’ici financée qu’à hauteur de 23 %. Plusieurs projets de l’ONU ne sont pas financés au-delà de mars 2015.

    « Les personnes déplacées ont peu de chances de pouvoir rentrer chez elles bientôt ; c’est pourquoi il faut renforcer le financement, la planification et la coordination en vue de venir en aide à ceux qui souffrent le plus », a déclaré Khairunissa Dhala.

    Les abris
    Environ 120 000 personnes déplacées vivent actuellement dans 12 camps gérés par des agences humanitaires ou le gouvernement régional du Kurdistan, dans le gouvernorat de Dohuk. Cependant, ces camps n’ont pas la capacité d’accueillir toute la population déplacée. La plupart sont éparpillés dans des centaines de campements informels installés sur des chantiers, des centres communautaires et d’autres lieux. D’autres ont trouvé des logements privés.


    La situation en termes de logement, d’équipements et de services varie grandement d’un camp à l’autre. Au camp de Bersive I, qui accueille environ 10 000 personnes, les tentes ne sont pas vraiment imperméables, il n’y a pas d’eau chaude et le nombre de toilettes et de douches est inférieur aux normes humanitaires minimales. Ces piètres conditions découragent certains de venir y trouver refuge.

    Amnesty International s’est également rendue dans des campements informels à Dairaboun et Zawita, et a constaté une pénurie d’aide et un manque critique d’installations sanitaires.

    Selon l’ONU, environ 40 % des personnes déplacées dans le gouvernorat de Dohuk vivent sur des chantiers et des bâtiments en cours de construction, qui pour la plupart n’ont pas de murs, de fenêtres ni de portes, et sont ouverts au froid, au vent et à la pluie. Ces personnes n’ont pas de chauffage, d’eau ni d’installations sanitaires. Amnesty International a également confirmé des cas d’enfants qui chutent des bâtiments et se blessent gravement ou se tuent.

    De nombreuses familles qui ont trouvé un abri dans ce genre de bâtiments ont déclaré à Amnesty International qu’elles n’auraient pas survécu sans la bonne volonté des habitants du secteur. Elles n’avaient pas reçu d’autre aide depuis des mois. Mais la pression exercée sur ces habitants commence à se faire sentir. Certains propriétaires privés affirment que les personnes déplacées doivent maintenant partir, afin de pouvoir terminer les chantiers.

    Khani, une jeune femme de 22 ans qui vit dans le sous-sol d’un bâtiment non terminé avec six autres familles, s’est vu demander de quitter les lieux. Ils n’ont ni eau ni gaz, et disposent d’un chauffage que leur a fourni une association caritative. « Nous avons besoin de plus de couvertures et de vêtements. C’est notre priorité pour l’instant », a-t-elle expliqué.

    Tandis que le gouvernement régional du Kurdistan fait des efforts pour transférer les personnes installées dans des bâtiments non terminés vers les camps, il ne semble pas avoir envisagé de solutions de remplacement, par exemple des logements adaptés situés hors des camps.

    « Toute personne se retrouvant sans abri après avoir fui les violences qui déchirent l’Irak a droit à un abri sûr, chaud et adapté. C’est d’autant plus urgent que l’hiver arrive. Personne ne doit être expulsé s’il n’a nulle part où aller. Les autorités du gouvernement régional du Kurdistan doivent collaborer avec l’ONU et les organismes humanitaires afin de fournir aux personnes déplacées un abri adéquat », a déclaré Khairunissa Dhala.

    L’accès à l’éducation


    Selon les estimations, 252 000 enfants d’âge scolaire (entre six et 17 ans) sont déplacés dans la région du Kurdistan. Très peu d’enfants dont les familles se sont entretenues avec Amnesty International dans les camps et les campements informels vont à l’école. De nombreux camps n’ont pas d’école, certaines familles n’ont pas les moyens de payer le transport, d’autres ont besoin que leurs enfants travaillent pour survivre. Certains parents ont expliqué que leurs enfants qui suivaient auparavant le programme en arabe enseigné dans le reste de l’Irak étaient incapables de suivre le programme en kurde.


    « L’éducation doit être une priorité de la réponse humanitaire à la crise. Ces enfants ont déjà perdu leur maison, ils ne doivent pas être privés de leur droit à l’éducation », a déclaré Khairunissa Dhala.

    Enfin, Amnesty International demande aux autorités, ainsi qu’à l’ONU et aux organismes humanitaires, d’améliorer l’enregistrement de tous ceux qui sont déplacés à l’intérieur de leur pays, afin d’évaluer correctement les besoins et les vulnérabilités.

    Complément d’information
    Depuis le début de l’année 2014, plus de deux millions d’Irakiens ont été déplacés en raison des affrontements qui déchirent le pays. La région du Kurdistan accueille 48 % de l’ensemble de la population déplacée, c’est-à-dire environ 946 266 personnes.


    Depuis janvier 2014, la région du Kurdistan a connu trois vagues de déplacement, conséquences de la progression militaire du groupe armé qui se fait appeler État islamique (EI). La première s’est déroulée lorsque les forces de l’EI ont pris le contrôle de secteurs du gouvernorat d’Anbar en décembre 2013 et janvier 2014, causant la fuite de nombreuses familles (principalement des arabes sunnites). La deuxième vague a eu lieu en juin et juillet 2014, après la prise par l’EI de villes et villages dans le nord de l’Irak (notamment Mossoul), entraînant le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes, pour la plupart membres de minorités religieuses et ethniques. La troisième s’est déroulée lorsque l’EI a pris le contrôle de la région de Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak, le 3 août, faisant fuir des centaines de milliers d’habitants, pour la plupart membres de la minorité des Yézidis.

    Avec une population de cinq millions d’habitants, la région du Kurdistan accueille environ 230 000 réfugiés syriens, en plus des personnes déplacées.

    19 décembre 2014

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/iraq-dire-winter-conditions-expose-shocking-gaps-humanitarian-assistance-th

  • Nouvautés sur Association France Palestine

    Sombre séquence pour les dirigeants israéliens

    AFPS, samedi 20 décembre 2014
    Cinq mois après les mas­sacres de Gaza, alors que la pour­suite de la colo­ni­sation, les décla­ra­tions guer­rières et l’intensification de la répression meur­trière contre les Pales­ti­niens semblent leur seul horizon, les diri­geants israé­liens viennent d’essuyer une inédite série de camou­flets sur le terrain exté­rieur qui traduit leur isolement. (...)

  • Palestine-Israël. «La solidarité avec le peuple palestinien n’a rien à voir avec l’antisémistime» (A l'Encontre.ch)

    Julien Salingue

    Entretien avec Julien Salingue,
    mené par «Kévin l’impertinent»

    Le Comptoir: Les députés ont voté le mardi 2 décembre dernier la reconnaissance française de l’État palestinien. Qu’en pensez-vous?

    Julien Salingue: Précisons que les députés viennent de voter qu’ils «invitaient» le gouvernement à reconnaître l’Etat palestinien, ce qui n’est pas une petite nuance. C’est-à-dire que c’est une invitation qui n’a pour le moment aucun effet concret et qui, en réalité, n’en aura pas. Le gouvernement ne reconnaîtra pas l’Etat palestinien, car ce n’est pas la stratégie actuelle de la diplomatie française qui dit qu’il faut plutôt relancer les négociations et ne pas froisser l’État d’Israël. Alors pourquoi ce vote et pourquoi maintenant? Je pense qu’il y a de plus en plus de gens, y compris parmi les députés socialistes, qui prennent conscience, notamment depuis cet été, que beaucoup de Français sont sensibles à la question palestinienne, notamment dans leur électorat ou ex-électorat. Ils se sont donc dit qu’il était peut-être temps de faire un geste, aussi symbolique soit-il, en direction de cet électorat qu’ils ont peur de perdre.

    La seconde chose, c’est que c’est un mouvement européen: plusieurs responsables politiques de l’Union européenne (UE) sont, je le pense, assez excédés par l’Etat d’Israël, y compris par son attitude vis-à-vis des pays européens. C’est symbolique, or c’est une manière de dire aux responsables israéliens que tout n’est pas permis. Concrètement, cela ne débouchera sur rien et ne changera pas la situation là-bas, il ne faut pas se faire d’illusion.

    Et quels intérêts la reconnaissance de l’État palestinien pourrait représenter pour le gouvernement français et pour sa diplomatie?

    Le seul intérêt que pourrait avoir le gouvernement français, ça serait de redorer son image dans le monde arabe. Celle-ci est depuis pas mal d’années, notamment avec la présidence Sarkozy, largement écornée, et encore plus depuis cet été avec les déclarations de l’Elysée (Hollande) au début des bombardements sur Gaza. Ça serait l’occasion de renouer avec ce mythe d’une diplomatie française autonome, notamment vis-à-vis des États-Unis, et parfois critique d’Israël.

    Tradition chez les présidents français qui remonte à De Gaulle et va jusqu’à Chirac…

    Exactement. C’est le gaullisme «historique», l’idée d’une indépendance, ou au moins d’une autonomie diplomatique. Même si cela ne correspond plus à grand-chose, et que l’idée d’une politique «pro-arabe» était largement surfaite, cette image se perpétue. On inaugure des rues «Jacques Chirac» à Ramallah… Le seul intérêt qu’aurait le gouvernement Hollande-Valls, ce serait donc de renouer avec cette posture et cette image. Mais, en termes d’influence concrète sur l’évolution des événements là-bas, une reconnaissance formelle n’aurait absolument aucun impact, tout simplement parce que l’Etat d’Israël ne comprend pas ce langage. Le seul langage qu’il comprenne, c’est la menace de sanctions, assortie par un passage à l’acte. Il suffit de se souvenir que la Palestine a été admise à l’ONU comme Etat non-membre il y a deux ans, ça n’a absolument pas empêché l’État d’Israël de continuer à coloniser ou de bombarder Gaza cet été. Tant qu’il n’y aura pas de politique concrète, tant qu’Israël ne sentira pas concrètement que sa politique a un coût, économique et diplomatique, rien ne bougera.

    Les événements récents à Jérusalem nous ont rappelé que la ville est au cœur du conflit. En quoi le partage de Jérusalem est-il important pour les Palestiniens et les Israéliens? Vu l’importance qu’a cette ville dans les trois monothéismes, ne faudrait-il pas plutôt en faire une cité indépendante et internationale?

    La résolution 181 de l’ONU prévoyait un statut international pour Jérusalem, sans partage. C’était une zone sous statut international, mais ça n’a jamais été respecté. D’un côté, l’État d’Israël a annexé Jérusalem, y compris sa partie arabe au début des années 1980, et a proclamé que c’était sa capitale une et indivisible et n’a rien voulu entendre.

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    De l’autre côté, il y a les Palestiniens qui souhaiteraient une souveraineté sur la ville de Jérusalem, ou au moins sur sa partie arabe, entre autres celle qui abrite les lieux saints.

    Tout le problème étant que la politique d’annexion d’Israël s’est accompagnée de contraintes de colonisation. Aujourd’hui, il y a 200’000 colons à Jérusalem-Est et dans la banlieue environnante, ce qui a coupé la ville de son arrière-pays en Cisjordanie. Le but est d’obtenir, par une politique de fait accompli, une très grande majorité juive pour empêcher tout partage. Quelles peuvent être les solutions? Un partage international de la ville: pourquoi pas? Mais de mon point de vue, cela ne doit pas se faire pour des raisons religieuses, mais pour des raisons politiques. Si les Palestiniens sont attachés à Jérusalem, ce n’est pas parce qu’ils y prient, mais parce qu’ils y vivent. De même, si les Palestiniens de Cisjordanie veulent aller dans cette ville, ce n’est pas que pour y prier. Il faut se rappeler que, jusqu’en 1993, Jérusalem était le poumon économique de la Cisjordanie. En réalité, Jérusalem est un carrefour humain, politique, économique et religieux. Il ne faut pas se contenter du prisme religieux. Qui plus est, il ne peut y avoir de solution à la question de Jérusalem sans un règlement de l’ensemble des questions (colonies, réfugiés, etc.).

    En France, beaucoup de pro-Palestiniens affirment que les médias seraient entre les mains des «sionistes». De l’autre côté, beaucoup de pro-Israéliens reprochent aux mêmes médias d’accabler le gouvernement israélien. Quel est le traitement médiatique du conflit dans l’Hexagone?

    Les médias ne sont ni pro-Israël, ni pro-Palestine, mais ils sont médiocres, de manière générale, en ce qui concerne le traitement du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Il y a quand même des journalistes qui font du bon travail, y compris dans de grands médias, et il ne faut pas le sous-estimer. Mais le «bruit médiatique», les grands titres et la couverture un peu mainstream, sont très dépolitisés. On oublie les enjeux de fond et on court après les événements: les attentats, les bombardements, les assassinats, etc. Et on saute d’un événement à un autre sans jamais donner d’éléments de fond. On dépolitise et on «déshistoricise». J’avais appelé cela, dans un article publié il y a quelques années, «le syndrome de Tom et Jerry». On a l’impression qu’on a affaire à deux adversaires qui se tapent dessus et se courent après, mais on ne sait jamais pourquoi. C’est ce qui permet de comprendre pourquoi une partie de l’opinion qui a des sympathies pour la cause palestinienne a l’impression que les médias sont pro-Israël. Comme les questions de fond ne sont jamais rappelées et que, sous prétexte de fausse neutralité, il y a un traitement qui se veut «équilibré», que la parole est autant donnée aux uns qu’autres, que l’on veut montrer les réalités vécues par les uns et par les autres, on oublie qu’il y a un occupant et un occupé. Après, qu’il y ait des pro-Israëliens qui considèrent que la couverture est pro-palestinienne, c’est soit de la mauvaise foi, soit c’est parce qu’aujourd’hui, défendre la politique de l’Etat d’Israël, c’est défendre une politique de droite, voire d’extrême droite, et que les médias ne le font (heureusement) pas. Il ne faut pas oublier qu’il y a quand même un gros travail mené par certains journalistes, mais que ce qui est montré n’est pas la réalité dans sa complexité, et les moyens ne nous sont pas offerts pour comprendre. Dans ces conditions, une majorité du public se désintéresse, ou se dit que les choses sont trop compliquées et que les torts doivent être partagés.

    Les manifestations de cet été en faveur du peuple palestinien ont été le théâtre de dérives antisémites, certes minoritaires, mais visibles quand même. Le rôle des organisations de gauche n’était-il pas de prévenir et de se désolidariser au mieux de toutes marques d’antisémitisme?

    Je pense que la gauche au sens large et le mouvement de solidarité avec la Palestine en particulier se sont largement démarqués de toute manifestation d’antisémitisme, et ce depuis bien longtemps. Ce n’est pas parce que dans une manifestation de 20’000, 30’000 ou 40’000 personnes, il y a trois abrutis avec une caricature antisémite, qu’il faut en tirer des conclusions concernant la nature des manifestations. Le cordon existe depuis longtemps et j’estime qu’en réalité il y a une peur (liée à une pression) qui fait que le mouvement de solidarité se sent en permanence obligé de se justifier. Ce phénomène dénote plutôt une surestimation de la réalité de l’antisémitisme en son sein.

    Je pense qu’il faut être très clair: le mouvement de solidarité avec la Palestine n’a rien à voir avec l’antisémitisme. Les forces solidaires des Palestiniens rappellent que c’est une question politique et non une question ethnique ou raciale. J’estime que le boulot est largement fait. Par contre, il y a deux véritables dangers.

    Le premier, c’est qu’il peut y avoir certains courants comme Egalite & Réconciliation (Alain Soral) qui veulent surfer sur le mouvement de solidarité avec la Palestine (sans en être membres) pour diffuser des messages antisémites en facilitant les amalgames; c’est une menace bien réelle qu’il ne faut pas sous-estimer.

    Le second, c’est qu’il peut y avoir des amalgames qui sont favorisés par certains des soutiens inconditionnels d’Israël. Parce que quand dit: «les Juifs de France soutiennent l’État d’Israël», il entretient l’amalgame. Quand des groupes ultra-sionistes appellent à des rassemblements de soutien à Israël devant des synagogues, ils entretiennent l’amalgame.

    Surtout qu’il y a des juifs qui soutiennent la Palestine et qui ont manifesté cet été…

    Oui, c’est vrai. Les amalgames viennent donc également de certains parmi ceux qui soutiennent l’Etat d’Israël et je pense qu’il faudrait leur demander autant de comptes, voire davantage, qu’au mouvement de solidarité, car ce ne sont pas des individus isolés qui entretiennent cet amalgame-là, mais des forces institutionnalisées comme le Crif (Conseil Représentatif des Association Juives de France). De même que l’Etat d’Israël lui-même qui se proclame être l’«Etat des Juifs» et prétend agir «pour le Peuple juif» entretient les confusions dans lesquelles certains s’engouffrent. Ce genre d’amalgame n’est pas de la responsabilité du mouvement de solidarité pour la Palestine. Il serait temps de l’admettre et de questionner publiquement l’ensemble des «amalgameurs».

    Le polémiste et théoricien national-socialiste Alain Soral qui monte actuellement son parti, Réconciliation national, est-il le grand gagnant des événements de cet été et des faiblesses de la gauche gouvernementale sur le sujet? Et ces événements ont-ils révélé une inquiétante convergence entre extrême gauche anti-impérialiste et extrême droite antisémite?

    Il n’y a aucune convergence entre ces forces, pour la simple et bonne raison que la gauche authentiquement anti-impérialiste ne veut rien avoir à faire, et n’a rien à voir, avec ce type de courants-là. Il n’y a donc pas de convergences possibles. Ce n’est pas parce que certains individus basculent vers Soral, alors qu’ils avaient plutôt une identité de gauche, que cela correspond à un mouvement de fond des organisations. Il ne faut pas surestimer ce phénomène, même s’il ne faut pas non plus sous-estimer le phénomène Soral. Mais il a également montré toutes ses limites cet été. Je ne pense pas qu’il en sorte gagnant, au contraire. Plus il y a de mobilisations organisées sur la question palestinienne et plus il est perdant. Parce que Soral et sa bande ne mobilisent pas sur la question palestinienne. Qu’est-ce qu’ils proposent comme perspective aux gens au nom de leur antisionisme? Rien ! Parce qu’en vrai, cela ne les intéresse pas, Soral et ses amis. Eux, ils veulent s’appuyer sur une critique justifiée de la politique israélienne et un sentiment d’indignation légitime pour prospérer, en mélangeant soigneusement antisionisme et antisémitisme. L’«antisionisme» de Soral n’est pas un vrai antisionisme. Je le dis et le répète: Soral n’est pas antisioniste.

    L’antisionisme, c’est l’opposition au projet historique de construction d’un État juif en Palestine et maintenant que cet État existe, c’est l’opposition à sa perpétuation comme Etat juif et discriminatoire. L’«antisionisme» de Soral est une opposition à un sionisme qui serait une entité transnationale qui gouvernerait le monde, qui aurait une politique bancaire, une politique économique, une politique sociale, etc. [Le mythe raciste du«Juif omnipotent et omniprésent», pour Soral]. Ça n’a rien à voir avec le sionisme! Je veux dire, que «le sionisme» n’a pas d’opinion sur le mariage homo ou sur la crise économique! Non, le sionisme est un courant politique précis, avec différentes sensibilités en son sein, qui voulait la création de l’Etat d’Israël et veut le maintenir tel quel. Derrière cet amalgame, nous savons très bien que ceux qui sont visés ne sont pas les sionistes, mais les Juifs. Il ne faut pas sous-estimer le danger, mais il ne faut pas être sur la défensive.

    Ceux qui sont authentiquement solidaires des Palestiniens et ont témoigné de cette solidarité ces dernières années, ce n’est pas la bande à Soral. C’est le mouvement de solidarité avec la Palestine qui a construit la campagne de boycott, qui construit des partenariats avec des Palestiniens. Le combat, il faut le mener en faisant de la politique, et ça sera le seul moyen de couper l’herbe sous le pied des Soral et compagnie. Je précise également que le vote du Parlement français, aussi symbolique soit-il et malgré les arrière-pensées électoralistes de nombre de parlementaires socialistes, témoigne quand même d’un élément important: contrairement à ce que Soral raconte, ce n’est pas le Crif, le gouvernement israélien ou Bernard-Henri Lévy (BHL) qui décident de la politique française. Car le Crif, le gouvernement israélien et BHL étaient opposés à la résolution parlementaire, et l’ont fait savoir. Les députés ne s’engagent certes pas à grand-chose, mais la décision qu’ils ont prise est l’inverse de ce que voulait le Crif.

    C’est quand même la démonstration claire que le lobby pro-Israël – qui évidemment existe et peut avoir par moments une emprise, notamment lorsque ses positions font écho aux vues du gouvernement français – n’est pas si puissant que cela. Ensuite, cela montre que ce qui pèse, ce n’est pas les discours de dénonciations stériles, mais ce sont les vraies mobilisations, qu’il s’agisse des manifestations de cet été ou du développement, depuis de longues années, de la campagne BDS (Boycott – Désinvestissement – Sanctions).

    Pour en revenir une dernière fois aux mobilisations de cet été, que pensez-vous de certains cortèges que nous pourrions qualifier de «communautaires», je pense notamment au collectif Cheikh Yassine [du nom d’Ahmed Yassine, fondateur et ancien leader du Hamas, assassiné en 2004] qui a manifesté avec la gauche?

     

    Kaled Mechal, de la direction du Hamas

    Kaled Mechal, de la direction du Hamas

    Je pense que les sources de la solidarité avec la Palestine peuvent être nombreuses. Ça peut être la tradition anti-impérialiste de la gauche radicale. Ça peut être religieux: la majorité des Palestiniens sont des musulmans. Il peut y avoir un mobile «communautaire» également, qui découle d’une identification avec une population arabe agressée. Les vecteurs peuvent être multiples et je ne juge pas des motivations: il n’y en a pas une qui soit a priori plus valable, ou plus digne, que les autres. Le vrai problème est de savoir comment est posée la question palestinienne. Si tu la poses en termes strictement religieux ou communautaires, tu es largement à côté de la plaque.

    C’est une question politique, territoriale, coloniale. Mais, on peut avoir des motivations différentes et poser la question de la même façon. Après, que dans des manifestations se retrouvent des courants plus «communautaires» ou plus religieux, moi ça ne me choque absolument pas, à partir du moment où ils sont très clairs, comme le reste des courants politiques (je ne leur demande pas davantage de comptes qu’aux autres) sur, par exemple, l’absence d’amalgames entre antisionisme et antisémitisme ou sur le refus de toute discrimination au sein du mouvement de solidarité. A partir du moment où tout le monde est d’accord sur le fait qu’il ne faille pas tout mélanger et que nous sommes sur un pied d’égalité quelles que soient notre religion ou notre couleur de peau, c’est bon. Dans le cas contraire, il faut rompre avec les groupes et groupuscules qui ne sont pas clairs là-dessus.

    Le reproche que je ferais à Cheikh Yassine, puisque ce groupe était mentionné dans la question, porte sur ce point. Ils influencent des gens très sincères et actifs dans la mobilisation, mais ils sont prêts à intégrer n’importe qui et travailler avec n‘importe qui, sous prétexte qu’il faut être le plus nombreux possible pour défendre les Palestiniens. Or, à un moment donné, même si tu es plus nombreux – ce qui reste à démontrer – si tu tolères dans tes rangs, ou près de toi, des gens qui font des amalgames et mélangent tout, tu dessers la cause palestinienne. En gros, il faut juger au cas par cas et poser les questions très clairement, dans un rapport d’égalité avec les autres groupes, sans le paternalisme qui domine encore trop souvent chez certaines forces du mouvement de solidarité. C’est-à-dire que je ne suis pas celui qui décide qui a le droit ou qui n’a pas le droit de venir, mais à partir du moment où nous nous mettons d’accord sur le cap et le contenu d’une manifestation, nous devons les respecter. Et ceux qui ne les respectent pas ne doivent pas s’étonner de ne pas être les bienvenus.

    La gauche de la gauche dénonce à juste titre les dérives du gouvernement israélien et de «Tsahal», ladite Armée de défense israélienne. Mais on l’entend cependant moins sur celles Hamas qui n’est ni réputé pour son pacifisme, ni pour sa modération. Sa vision n’est-elle pas trop idéologique? Ce sont quoi «les dérives du Hamas»?Je pense à sa charte qui reste violente ou encore à sa branche armée…

    Tous les groupes palestiniens ont une branche armée. Pour prendre les choses dans l’ordre, sur les moyens d’action utilisés par les Palestiniens, la première chose à rappeler est qu’à l’heure actuelle, aucun parti politique palestinien – à l’exception du Parti communiste palestinien, qui se nomme actuellement «Parti du peuple palestinien» – n’a renoncé à la lutte armée. C’est vrai pour le Fatah ou une large partie de la gauche. Nous pouvons comprendre pourquoi: ils restent sous occupation et sont victimes d’une agression militaire. Le simple fait de se défendre militairement paraît logique et légitime. À plusieurs reprises les Nations-Unies ont consacré le droit des peuples sous occupation de se défendre par les armes. Alors de mon point de vue, c’est tout à fait légitime. Après, sur la stratégie, «est-ce que c’est utile et est-ce que c’est le moment?», j’ai envie de dire que ce sont les Palestiniens qui sont le mieux placés pour le savoir, car ce sont eux qui vivent les bombardements, les contrôles et la répression. Ils en discutent entre eux. Ils ont des désaccords. Par moments, ils suspendent la lutte armée et par moments, ils la reprennent.

    Mahmoud Abbas

    Mahmoud Abbas

    Je suis très méfiant, pour être poli, vis-à-vis de ceux qui, très confortablement installés dans leurs canapés dans les pays occidentaux, disent au peuple palestinien: «Attention avec vos armes, ça vous dessert». Ça fait soixante-dix ans que les Palestiniens luttent, a priori, ils savent à peu près ce qu’ils font. Et même s’ils font des conneries, je ne suis pas là pour juger à leur place. Et surtout, c’est le troisième point, la moindre des choses quand on est de gauche, c’est d’être solidaire des droits des Palestiniens et ne pas conditionner ce soutien aux choix tactiques qu’ils utilisent. Même si je n’étais pas d’accord avec la manière dont ils luttent, je ne cesserais pas d’être solidaire de leurs droits.

    De même, pour finir sur cette question, je ne conditionne pas mon soutien aux représentants que ce peuple a choisi d’élire. Car, il ne faut pas oublier que la dernière fois où il y a eu des élections, le Hamas était majoritaire. S’il y en avait de nouvelles aujourd’hui, on ne sait pas ce que cela donnerait, mais il est probable que le Hamas resterait majoritaire.

    Après, nous avons le droit de dire que nous ne sommes pas d’accord avec telle ou telle organisation. Mais je ne suis pas pour une focalisation sur le Hamas, parce que pendant les quinze ans de l’application des accords d’Oslo, personne n’a dit grand-chose sur l’OLP et le Fatah. Alors qu’au niveau de l’autoritarisme, de la corruption et de la répression, ils n’étaient pas tout blancs, loin de là, et ce y compris sur les questions religieuses. A Ramallah, il y a une police qui fait respecter le ramadan dans les rues par exemple: c’est une police de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

    Après, en tant que militant de gauche – ou d’extrême gauche –, j’ai un projet de société différent du Hamas, ça c’est clair. Donc, j’ai des partenariats privilégiés avec des organisations politiques avec lesquelles je me sens plus proche, à savoir la gauche palestinienne. Mais je ne m’interdis pas de discuter avec des gens du Hamas de mes désaccords, tout en les considérant comme des égaux.

    Pour conclure, j’entends bien ce truc qui consiste à dire que si l’on critique Israël, il faut également critiquer les dérives au sein du peuple palestinien. Je ne suis prêt à le faire que si nous n’oublions pas que les organisations de gauche et progressistes – et c’est valable pour l’ensemble de la région – ont été détruites systématiquement par les régimes en place et par Israël, avec les soutiens des pays occidentaux, et qu’elles ne vont pas se reconstruire par miracle. Les Palestiniens au départ n’étaient pas derrière des courants religieux, et on a refusé de leur donner leurs droits. Quand ils étaient dans la négociation, on a refusé de leur donner leurs droits. C’est donc un peu facile de leur dire aujourd’hui qu’il faut négocier et ne pas être derrière les organisations religieuses. Ils ont essayé un moment, mais ça n’a pas marché. Et par ailleurs, ça ne durera pas éternellement.

    Vous avez répété plusieurs fois au cours de cet entretien que le conflit est avant tout politique et non religieux, et vous avez raison. Mais, le recours au religieux tend à prendre le pas sur le conflit politique. D’abord, qu’en pensez-vous? Ensuite, importer le conflit à l’intérieur de nos frontières [France] ne risque-t-il pas d’attiser les conflits communautaires et d’instaurer un climat de guerre civile en France, où nous avons les plus fortes communautés musulmane et juive d’Europe?

    La question de l’importation a plutôt tendance à me faire sourire. Car personne n’«importe» la question palestinienne en France. Par contre, l’Europe et, en l’occurrence, la France, a exporté ses conflits là-bas. Parce que la colonisation et la partition souvent artificielle du monde arabe sont dues à la France, à la Grande-Bretagne etc., et à leurs rivalités. Le génocide [des Juifs, entre autres] pendant la Seconde Guerre mondiale vient des pays européens. Et nous avons exporté nos conflits intra-européens dans cette région du monde. Donc, il ne faut pas s’étonner après qu’il y ait un retour de bâton: c’est logique et parfaitement normal. Il n’y a pas de raison de parler d’importation: nous avons exporté nos conflits!

    Qui plus est, à partir du moment où le gouvernement français prend des positions sur le conflit israélo-palestinien, il est logique que la population se positionne ou manifeste si elle n’est pas d’accord, comme sur toutes les autres questions. Je refuse ce terrorisme de «l’importation». C’est une question légitime, et c’est normal que la population d’un pays comme la France prenne parti, car c’est en partie de la faute de la France si les événements qui se passent là-bas ont lieu.

    Je comprends la crainte en France qui consiste à penser que cette situation prend trop d’importance, ou que certains tentent de monter les communautés entre elles et que les questions religieuses sont trop mises en avant au détriment des questions politiques. Oui, mais c’est précisément pour cela qu’il faut continuer de se bagarrer pour rappeler que c’est une question coloniale et politique, même si nous pouvons avoir l’impression, par moments, que, là-bas, les discours religieux semblent dominer.

    Mais qu’est-ce que cela veut dire? Par exemple, est-ce que l’élection du Hamas était un vote politique ou religieux? C’était un vote politique. Je connais des chrétiens qui ont voté pour le Hamas. Ils n’ont pas voté pour la charia mais pour une organisation qu’ils estimaient plus apte à mener le combat de libération nationale que les autres. Il ne faut pas sous-estimer ce phénomène. Ils ont voté pour ceux qui ont refusé la capitulation, poursuivi la lutte, dénoncé la corruption, critiqué la stratégie des négociations et d’Oslo. Ils sont apparus comme incarnant cela. Ce résultat ne signifiait pas que les Palestiniens se sont réveillés, d’un coup, plus religieux qu’avant.

    Après, que parmi les Palestiniens, il y en ait qui tentent de mettre en avant les questions religieuses plus que les questions politiques, bien sûr. Mais c’est plus marginal qu’il n’y paraît, y compris du côté du Hamas.

    Dans ma question, je ne visais pas exclusivement les Palestiniens. Du côté d’Israël, et notamment de l’extrême droite, il y a aussi une instrumentalisation du religieux.

    J’allais y venir. En Israël, il y a une nette instrumentalisation des référents religieux pour légitimer le projet de colonisation, que ce soit à Jérusalem ou à Hébron. Ils se justifient en disant que la Torah explique que c’est chez eux. Mais, même quand il y a une instrumentalisation du religieux pour la colonisation israélienne, il faut rester sur le terrain politique: je ne vais pas aller discuter de la Torah avec eux! Non, ce n’est pas le problème.

    Le problème est que cette terre est sous occupation et que des gens se font exproprier, bombarder et expulser. Il faut ramener le débat sur le terrain politique, comme le font les Palestiniens là-bas ou certains Israéliens, même s’ils sont de plus en plus marginaux et ultra-minoritaires. Il y a une volonté délibérée, chez certains membres de l’establishment israélien de tourner cela en conflit religieux, parce que c’est là qu’il y a le plus d’effets. Car, à partir du moment où ils s’inscrivent dans un conflit de religion, on entre dans la rhétorique du choc des civilisations et ils espèrent avoir le soutien des pays occidentaux: ils ne sont pas stupides! Ce n’est pas qu’ils croient profondément en cette histoire de Torah, même si certains colons y croient. Mais les dirigeants politiques ne sont pas fous. Et face à cette instrumentalisation, je le répète, la politique est la meilleure réponse. Là-bas, les Palestiniens le font. Certains Israéliens essaient de le faire. Ici, en France, nous devons le faire aussi et refuser le glissement sur le terrain du religieux, comme un Meyer Habib [directeur du groupe Vendôme – bijouterie de luxe – et député de la 8e circonscription des Français de l’étranger], par exemple, s’en est fait le spécialiste.

    Mais il faut également reconnaître l’existence de revendications d’ordre plus religieuses, comme le droit d’aller prier à Jérusalem, tout en soulignant que ce droit n’est pas que religieux: il est également politique, car il concerne la question de la liberté de culte et surtout de la liberté de circulation. Et ça, c’est un problème qui concerne tous les Palestiniens, au quotidien, et qui est un des problèmes les plus essentiels pour eux, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou non-croyants. (Publié le 19 décembre dans «Le comptoir» qui reprend la formule de Balzac: «Le comptoir d’un café est le parlement du peuple».)

    Publié par Alencontre le 21 - décembre - 2014

    Repères 2014

    Benyamin Nétanyahou

    Benyamin Netanyahou

    • 12 juin: trois adolescents Israéliens âgés de 16 à 19 ans disparaissent en Cisjordanie. Benyamin Netanyahou son gouvernement accusent le Hamas, qui nie toute implication, mais salue l’événement.
    • A partir du 15 juin, le gouvernement israélien lance une opération baptisée «Gardien de nos frères», visant à «éradiquer le Hamas». Plus de 2500 soldats sont déployés au sud de la Cisjordanie. Bilan au 30 juin: 420 Palestiniens arrêtés – dont 305 appartenant au Hamas – 200 bâtiments fouillés. Cinq Palestiniens trouvent la mort dans cette opération.
    • Le Hamas réplique par des tirs de roquettes en direction de Jérusalem, Tel-Aviv et Haïfa, qui ne font ni dégâts majeurs, ni victimes.
    • Le 7 juillet, Israël lance l’opération «Bordure protectrice» et déploie 1500 soldats et 40’000 réservistes et lance un raid aérien. Démarre un conflit armé qui dure plusieurs semaines.
    • Le 28 août, l’Egypte, Israël et l’État de Palestine annoncent un cessez-le-feu. Bilan: près de 68 morts israéliens dont 64 soldats; près de 2000 du côté palestinien, dont au moins 1444 civils et 478 enfants.
    • 18 novembre: un attentat à Jérusalem fait quatre morts du côté israélien, ceci dans un contexte très tendu où de nombreux Palestiniens manifestent contre la colonisation.
    • Le 2 décembre, Netanyahou annonce des élections législatives le 17 mars 2015, espérant une majorité plus à droite.

    Julien Salingue est docteur en sciences politiques. Il a publié, entre autres, La Palestine d’Oslo (L’Harmattan, 2014), Israël, un Etat d’apartheid? Enjeux juridiques et politiques (L’Harmattan 2013), en collaboration avec Lebrun Céline.