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Solidarité - Page 104

  • Un ministre palestinien tué lors d'une manifestation (Libération)

    Ziad Abou Eïn est mort après avoir été frappé par des soldats israéliens alors qu'il protestait contre l’installation d’un avant-poste illégal de colons près de Ramallah.

    Un «acte barbare qui ne peut être ni accepté ni toléré». C’est en ces termes que le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié la mort du ministre palestinien chargé des Affaires de colonisation et de la barrière de séparation, Ziad Abou Eïn. C’est une «attaque brutale qui a provoqué sa mort», a précisé Abbas.

    L’homme participait avec environ trois cents autres personnes à une manifestation dans le village palestinien de Turmus Ayya, près de Ramallah pour protester contre l’installation d’un avant-poste illégal de colons israéliens. Des heurts ont éclaté entre forces israéliennes et manifestants. Selon des témoins sur place, l’un des militaires a frappé le ministre au torse avec la crosse de son fusil. Evacué par ambulance, le responsable palestinien est mort lors de son trajet à l’hôpital.

    L’armée israélienne a indiqué que Ziad Abou Eïn est mort d’une crise cardiaque. La famille a précisé qu’il souffrait également de diabète et de tension élevée. Mais pour l’Autorité palestinienne, ces informations sont superflues et elle souligne que c’est le coup porté qui a provoqué la mort. Le chef des négociations côté palestinien Saeb Erekat a exhorté la communauté internationale à «arrêter les crimes quotidiens d’Israël contre notre peuple». L’armée israélienne, qui dit mener une enquête sur l’événement a informé que ses troupes avaient été menacées lors des heurts et avaient ouvert le feu.

    http://www.liberation.fr/monde/2014/12/10/un-ministre-palestinien-tue-lors-d-une-manifestation_1160810

     L’armée israélienne a indiqué que Ziad Abou Eïn est mort d’une crise cardiaque. La famille a précisé qu’il souffrait également de diabète et de tension élevée. Mais pour l’Autorité palestinienne, ces informations sont superflues et elle souligne que c’est le coup porté qui a provoqué la mort. Le chef des négociations côté palestinien Saeb Erekat a exhorté la communauté internationale à «arrêter les crimes quotidiens d’Israël contre notre peuple». L’armée israélienne, qui dit mener une enquête sur l’événement a informé que ses troupes avaient été menacées lors des heurts et avaient ouvert le feu.Aude MARCOVITCH De notre correspondante à Tel-Aviv
  • Les processus révolutionnaires pris dans l’étau des forces réactionnaires (Syria freedom forever)

     

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    Cela fait maintenant presque quatre ans que les processus révolutionnaires du Moyen et d’Afrique du Nord ont débuté, et même si ces processus ne sont pas terminés, les objectifs initiaux de ces processus (démocratie, justice sociale, et égalité) n’ont jamais paru plus éloignés.

    Les deux forces majeurs qui se sont distingué et dominent depuis un certain moment la scène politique de la région sont les représentants des anciens régimes autoritaires d’un côté et les forces islamiques fondamentalistes et réactionnaires dans ses diverses composantes (des Frères Musulmans aux Jihadistes. Ces forces ne sont bien sûr pas complètement similaires et des différences majeurs existent entre elles, mais elles partagent une position contre révolutionnaire face au mouvement populaire et les objectifs de la révolution) de l’autre côté. En Tunisie, par exemple, la formation arrivée en tête des législatives d’octobre dernier et du premier tour des présidentielles en novembre est Nidaa Tounes, qui représente les intérêts des anciens régimes de Bourguiba et de Ben Ali, suivie des islamistes réactionnaires d’Ennahda.

    Le retour ou bien la consolidation du pouvoir des représentants des anciens régimes ne se limite pas seulement à la Tunisie, mais c’est un phénomène régional. En Egypte, l’ancien dictateur Hosni Moubarak a été blanchi, le 29 novembre, de ces deux chefs d’accusation : la corruption et surtout son rôle dans la répression et la mort de plus de 850 manifestant-e-s au cours des 18 jours du soulèvement populaire qui ont conduit à sa chute, en février 2011. Les fils de Moubarak, Alaa et Gamal, accusés d’avoir détourné ou facilité le détournement de plus de 125 millions de livres égyptiennes (environ 14 millions d’euros), ont également été acquittés. Les accusations qui pesaient sur sept hauts responsables de la sécurité, dont l’ex-ministre de l’Intérieur de Moubarak, Habib al-Adly, ont été abandonnées… Pour rappel, depuis l’arrivée au pouvoir de Sissi, au moins 1400 partisans des Frères musulmans ont été tués, plus de 15 000 sympathisant-e-s de cette organisation ont été emprisonnés. J’ai déjà abordé le rôle contre révolutionnaire des Frères Musulmans dans le passé, mais cela n’empêche pas de dénoncer les exactions et crimes du régime de Sissi contre les membres de la confrérie car cela constitue des violations de droits démocratiques de bases. Se taire face à ses crimes s’est laissé le champ à la contre révolution dans sa répression et trahir des principes de bases de défenses de droit démocratiques. Le pouvoir s’en est d’ailleurs également pris à l’opposition libérale et de gauche, incarcérant de nombreux militant-e-s, notamment pour avoir enfreint une loi controversée qui limite le droit de manifester. La contre-révolution incarnée par le régime de Sissi avance toujours davantage, avec le soutien résolu de l’Arabie Saoudite et des monarchies du Golfe, et maintenant même du Qatar. Ce dernier, ancien soutien du mouvement des Frères Musulmans en Egypte et qui accueil toujours des responsables de ces derniers, a exprimé son soutien au régime de Sissi suite aux pressions exercées par les différentes monarchies du Golfe le 9 décembre 2014 dans le cadre d’une conférence du Conseil de Coopération du Golfe. Le régime de Sissi cherche en effet à réhabiliter l’ancien régime autoritaire de Moubarak et consorts en poursuivant les mêmes politiques. En même temps, le mouvement des Frères Musulmans sévèrement réprimé n’a pas fait une auto critique profonde de son passage au pouvoir et ses politiques autoritaires et contre révolutionnaire. Depuis la chute de Morsi, le mouvement a même renforcé son discours communautaire religieux agressif envers la minorité chrétienne copte, en l’accusant de toutes sortes de complots et d’être le principale responsable de la chute des Frères Musulmans au pouvoir, tout en refusant d’apporter son soutien aux demandes sociales et des nombreuses grèves de travailleurs réprimés par le pouvoir. Le seul mot d’ordre et slogan des Frères Musulmans à ses partisans ne sont pas les objectifs de la révolution (démocratie et justice sociale), mais uniquement le retour de Morsi.

    Dans le cas de la Syrie, alors que dans le passé la solution d’un régime autoritaire sans Assad et avec quelques sections de l’opposition syrienne (libéraux et frères musulmans) proche de l’Occident et des monarchies du Golfe mais non représentative des révolutionnaires syriens était favorisé par les diverses forces impérialistes internationales et régionales, aujourd’hui ces dernières s’accordent à dire qu’ Assad pourrait finalement rester et être un allié dans la soi disant « guerre contre le terrorisme ». Le régime Assad serait dont blanchi des tous ses crimes et les destructions causés par ses forces armées et milices locales ou étrangères pour la défense du régime. On peut d’ailleurs constater que l’intervention en Syrie des Etats occidentaux, mené par les Etats Unis, avec la collaboration de certaines monarchies du Golfe n’ont pas eu beaucoup d’effets et n’ont pas empêché l’avancée des forces jihadistes, particulièrement l’Etat Islamique et Jabhat al Nusra (branche d’Al Qaida en Syrie), que ce soit contre les révolutionnaires syriens et les régions sous domination des forces kurdes du PYD en Syrie. De même, il y a toujours un refus des divers soi disants « amis » de la révolution syrienne d’aider politiquement et soutenir militairement les forces démocratiques et populaires en Syrie, dont l’Armée Syrienne Libre et les groupes kurdes du PYD (PKK syrien), qui ont combattu et combattent le régime Assad et les forces islamiques réactionnaires. Il faut d’ailleurs rappeler que ce sont ces deux composantes de l’ASL et PYD en plus du mouvement populaire syrien qui ont en premier lieu combattu l’expansion des forces jihadistes et islamiques réactionnaires en Syrie et ont payé un lourd tribut face à la tyrannie de ces groupes, tandis que le régime Assad laissait s’étendre ces derniers et concentrait sa répression contre les forces populaires, civils et armés, démocrates et progressistes du pays.

    En Tunisie, les deux premières forces arrivées en tête des législatives sont Nidaa Tunis, représentants les intérêts des anciens régimes de Bourguiba et de Ben Ali, et du mouvement islamique réactionnaire En-Nahda, qui a été au pouvoir depuis octobre 2011 avec deux autres forces politiques. Nidaa Tunis apparaît comme le choix le plus attrayant aux yeux des organisations patronales tunisiennes, des chancelleries étrangères et des institutions financières internationales.

    De son côté, En-Nahda s’est employé à continuer les politiques économiques et sociales ultra-libérales de l’époque Ben Ali. En-Nahda s’est en outre engagé avec un zèle certain à respecter les engagements de la Tunisie envers l’Union Européenne et les institutions monétaires internationales comme le FMI et la BM pour se voir accorder de nouveaux prêts dépassant plusieurs milliards. En même temps, les syndicats combatifs et les demandes des travailleurs sont considérés comme parfois avoir été excessifs dans leurs revendications, y compris au niveau de la centrale, l’Union générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), selon Ghannouchi dans une interview de juillet 2014. De plus il accuse l’UGTT d’être un héritage de la France et que cette institution ne fait pas a priori d’une institution naturelle de la cité musulmane.

    L’arrivée de En-Nahda au pouvoir n’a pas cessé les violences contre les opposant-es, comme on a pu le constater avec les assassinats politiques. Mais cette violences contre les opposants s’est également vu à travers les milices appelées « ligues de protection de la révolution » (LPR) considérés à la solde de En-Nahda. De nombreuses attaques ont été menées par ces derniers et des groupes salafistes contre différents groupes politiques et activistes, notamment des meetings politiques du Front Populaire et ses parti­san·e·s, et autres mi­li­tant·e·s et associations (dont les artistes empêchés de se produire pour « violation des principes islamiques »). Sans oublier également que le 4 décembre 2012, jour de la commémoration du 60e anniversaire de l’assassinat du leader et fondateur du mouvement syndical tunisien Farhat Hached, les LPR ont attaqué le siège de l’UGTT à Tunis avec des bâtons, des couteaux, des bombes à gaz, causant plus d’une dizaine de blessés.

    Cette violence de ces milices s’est également accompagnée d’un durcissement de la répression étatique contre les opposant·e·s et particulièrement contre de nombreux syndicalistes arrêtés à plusieurs reprises à cause de leurs activités syndicales.

    Avant de devoir quitter le pouvoir, la Troïka, soit En-Nahda et leurs alliés, a voté un budget d’austérité et des politiques antisociales et antipopulaires. Les nouvelles mesures fiscales ouvertement défavorables aux couches moyennes et populaires ont été le détonateur d’un large mouvement de contestation, provoquant non seulement l’arrêt de ses mesures, mais aussi la démission forcée du président du gouvernement, l’islamiste Ali Laarayeidh.

    Les oppositions qui ont lieu entre les représentants des anciens régimes et les forces islamiques réactionnaires et fondamentalistes ont pu être constaté dans les élections tunisiennes législatives ou bien dans la répression des membres des Frères Musulmans en Egypte par le régime de Sissi. Cela ne veut pas dire que les clashes entre ces deux forces n’ont pas laissé la place à des alliances et collaborations à certain moment. Il faut en effet se rappeler que le mouvement des Frères Musulmans en Egypte après la chute de Moubarak a entretenu des bonnes relations et même collaboré avec les dirigeants de l’armée jusqu’à la chute de Morsi en juillet 2013. Ils n’ont pas hésité à louer son rôle de « protecteur de la nation et de la révolution » à plusieurs reprises avant le renversement de Morsi. De plus, lorsque les Frères Musulmans dominaient le parlement et occupaient la présidence, ils n’ont pas remis en cause le pouvoir politique et économique de l’armée, tandis qu’il n’a pas dénoncé son rôle répressif contre le mouvement populaire égyptien par exemple durant les 18 jours du soulèvement en 2011 ou les crimes de Maspero en Novembre 2011 contre les manifestant-es égyptiens coptes.

    En Tunisie, Nidaa Tunis et En-Nahda ont également collaboré à de nombreuses reprises dans le passé et n’ont pas caché leurs intentions de le faire dans l’avenir. Dans une interview en octobre 2014, Rached Ghannouchi n’a pas exclu la possibilité de travailler avec Nidaa et a ajouté que c’est le parti En-Nahda qui a empêché l’adoption de la loi d’immunisation de la révolution permettant ainsi à des personnes ayant appartenu à l’ancien régime de se présenter aux élections. A la suite de la victoire de Nidaa aux législatives, le vice-président d’En-Nahda Abdelfattah Mourou n’est pas contre le fait qu’En-Nahda fasse partie du prochain gouvernement. Le leader du mouvement Nidaa Tounes et candidat à la Présidence de la République, Béji Caïed Essebsi, a d’ailleurs fait savoir que le mouvement En-Nahda n’est pas un ennemi et il a même indiqué que si l’intérêt suprême de l’Etat l’exige, Nidaa n’hésitera à aucun moment de former un front avec En-Nahda et que ceci ne peut être considéré comme trahison pour ceux qui ont voté Nidaa aux législatives.

    Lors des premières séances du parlement, cette collaboration a également été remarquée. Le seul vote intervenu le 2 décembre concernait une suspension de séance de 48 heures, pour laisser davantage de temps à Nidaa et En-Nahda pour négocier entre eux et/ou récupérer chacun des alliés. Le Front populaire a été le seul groupe parlementaire à s’y opposer et a été rejoint uniquement par des députés indépendants. Lors de la deuxième séance le jeudi 4 septembre, Nidaa et En-Nahda ont à nouveau voté ensemble pour les trois postes à pourvoir.

    D’ailleurs pour rappel, le baron des affaires et soutien d’En-Nahda Mohammed Frikha avait déclaré que l’UTICA (association des patrons en Tunisie) a proposé aux différents partis, dont En-Nahda, d’intégrer des hommes d’affaires dans leur liste et a ajouté qu’il existe un certain consensus sur la ligne économique, notamment chez En-Nahda, Nidaa Tunis, et d’autres comme Afek (parti ultra libéral).

    En conclusion, ces deux acteurs, les représentants des anciens régimes et les forces islamiques réactionnaires et fondamentalistes, sont des ennemis des objectifs initiaux des processus révolutionnaires. Les mouvements populaires, activistes et groupes qui portaient les objectifs initiaux des processus révolutionnaires ont d’ailleurs été attaqués par ces deux forces.

    Il d’agit de deux forces contre révolutionnaires et cela malgré une propagande politique différente. Les représentants des anciens régimes se présentent comme des défenseurs du modernisme, comme sauveur de l’unité de la nation et champion de la lutte contre le « terrorisme ». Les forces islamiques réactionnaires et fondamentalistes se présentent de son côté comme le garant de la religion islamique, de la morale, de l’authenticité de l’identité islamique et arabe, tout en faisant le lien avec la « Umma » islamique.

    Ces deux discours, certes divergent en apparence, ne doivent pas nous faire oublier que ces deux mouvements partagent un projet politique très similaire : la volonté de limiter et réprimer les droits démocratiques et sociaux, tout en cherchant à garantir le système de production capitaliste et à continuer les politiques néolibérales qui appauvrissent des classes populaires de la région. De même ces deux forces contre révolutionnaires ne vont pas hésiter à utiliser un discours visant à diviser et à antagoniser les classes populaires sur des bases communautaires religieuses, ethniques, de genres, régionalistes, etc…

    Pour ceux et celles qui choisissent de soutenir une de ses deux forces contre révolutionnaires en la présentant comme le choix du moins « pire », ils et elles font en fait le choix de la défaite et du maintien d’un système injuste dans lequel vivent les classes populaires de la région. Le rôle des révolutionnaires n’est pas de choisir entre différentes fractions de la bourgeoisie ou différentes fractions de la contre révolution qui sont soutenus par différents acteurs impérialistes internationaux et sous impérialistes régionaux.

    Notre rôle est de s’opposer aux différentes forces de la contre révolution et construire un front indépendant de ses deux formes de réactions et en s’inscrivant sur des bases démocratique, sociales, anti impérialistes et s’opposant à toutes les formes de discriminations et travaillant pour le changement radical de la société dans une dynamique par en bas qui fait des classes populaires l’acteur du changement.

    En conclusion, face à ces affrontements ou collaboration entre les forces de la réaction, ne choisissons pas une des formes de la réaction, mais soutenons, construisons et organisons une alternative populaire et radicale pour les objectifs initiaux des révolutions démocratie, justice sociale et égalité.

    http://syriafreedomforever.wordpress.com/2014/12/09/les-processus-revolutionaires-pris-dans-letau-des-forces-reactionnaires/

  • La destruction par Israël de grands immeubles à Gaza : des opérations massives, arbitraires et non justifiées (Amnesty)

     

    Des Palestiniens rassemblés devant les ruines d'un centre commercial qui, selon des témoins, a été touché par une frappe aérienne, à Rafah en 2014.

    Des Palestiniens rassemblés devant les ruines d'un centre commercial qui, selon des témoins, a été touché par une frappe aérienne, à Rafah en 2014.

     

    Tous les éléments que nous avons rassemblés prouvent que cette destruction massive a été exécutée délibérément, sans justification militaire.
    Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International
    Le déroulement des attaques comme les déclarations faites à l’époque par des porte-parole de l’armée israélienne révèlent qu’elles ont été décidées à titre de sanction collective contre la population de Gaza et qu’elles visaient à détruire ses moyens de subsistance déjà précaires.
    Philip Luther

     

     

    Les frappes aériennes qui ont visé de grands immeubles dans les derniers jours de l’opération Bordure protectrice menée par l’armée israélienne à Gaza en août 2014 sont des attaques directes et délibérées contre des constructions civiles et constituent des crimes de guerre, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public mardi 9 décembre.

    Intitulé « Rien n’est à l’abri ». La destruction par Israël de grands immeubles à Gaza, ce document démontre que les attaques dirigées contre quatre grands immeubles dans les quatre derniers jours du conflit étaient contraires au droit international humanitaire. L’organisation y demande l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur ces attaques.

    « Tous les éléments que nous avons rassemblés prouvent que cette destruction massive a été exécutée délibérément, sans justification militaire, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « Le déroulement des attaques comme les déclarations faites à l’époque par des porte-parole de l’armée israélienne révèlent qu’elles ont été décidées à titre de sanction collective contre la population de Gaza et qu’elles visaient à détruire ses moyens de subsistance déjà précaires. »

    Même si des militaires israéliens ont averti les habitants des immeubles visés qu’ils devaient évacuer les lieux avant leur destruction, plusieurs dizaines de personnes se trouvant dans des bâtiments voisins ont été blessées, et des centaines d’autres ont tout perdu : leurs logements, leurs fonds de commerce ou leurs bureaux et leurs effets personnels.  

    Dans les quatre cas, les habitants paniqués ont quitté à la hâte les immeubles, sans avoir pu généralement emporter d’affaires, par exemple leurs papiers, leurs bijoux ou leurs économies.

    Après l’attaque, il n’est resté que le squelette de béton armé du Centre commercial municipal de la ville de Rafah, qui abritait une galerie marchande, un garage, plusieurs bureaux et un centre de santé. Les entreprises installées dans ce bâtiment pourvoyaient aux besoins de centaines de familles, qui rencontrent aujourd’hui des difficultés pour vivre dans des conditions décentes.

    Hormis de vagues affirmations laissant entendre qu’un centre de commandement du Hamas se trouvait dans l’un des immeubles démolis et qu’un autre abritait des « équipements liés aux militants palestiniens », les autorités israéliennes n’ont fourni aucune information expliquant pourquoi elles avaient entièrement détruit quatre bâtiments.

    « Même si les autorités israéliennes avaient de bonnes raisons de croire qu’une partie d’un immeuble visé était utilisée à des fins militaires, elles avaient l’obligation de choisir des moyens et des méthodes d’attaque limitant au maximum les dommages aux civils et à leurs biens, a déclaré Philip Luther. L’armée israélienne avait déjà mené des frappes aériennes contre des appartements précis de tours d’habitation sans pour autant les détruire entièrement. »

    Amnesty International a transmis les résultats de ses recherches sur ces raids aériens aux autorités israéliennes, et leur a demandé de lui indiquer pourquoi chacune de ces attaques avait été menée ; quels étaient les personnes ou les biens visés ; quelles précautions avaient été prises pour réduire les risques encourus par les civils ; et si une enquête avait eu lieu ou était en cours.

    Seul le contrôleur de l’État – qui exerce des fonctions de médiateur – a répondu, expliquant simplement le champ de ses investigations sur l’opération Bordure protectrice. Les pouvoirs publics qui auraient pu réellement répondre à ces questions sont restés muets.

    Des violations du droit international humanitaire imputées à Israël, au Hamas et aux groupes armés palestiniens pendant le conflit ont été recensées par Amnesty International, qui les condamne systématiquement. Ce rapport et un autre document rendu public en novembre, Des familles sous les décombres. Les attaques israéliennes contre des habitations, traitent des attaques israéliennes, mais une autre publication actuellement en cours de rédaction sera axée sur les violations commises par le Hamas.

    Jusqu’à présent, les enquêtes sur les atteintes présumées au droit international perpétrées par les forces israéliennes ou palestiniennes dans la bande de Gaza et en Israël n’ont pas brillé par leur indépendance, leur exhaustivité ou leur impartialité.

    Amnesty International demande à ce que la commission d’enquête établie par les Nations unies puisse mener à bien ses investigations, sans entraves. Elle engage aussi les autorités israéliennes à ne plus empêcher ses chercheurs et d’autres organisations de défense des droits humains de se rendre à Gaza.

    « Une enquête indépendante et impartiale doit être menée sur les crimes de guerre qui auraient été commis, et les auteurs présumés de ces actes doivent être traduits en justice, dans le respect des normes d’équité des procès. Les personnes dont le logement et les moyens de subsistance ont été détruits illégalement méritent justice et doivent obtenir pleinement réparation », a déclaré Philip Luther.

     

    http://www.amnesty.org/fr/news/israels-destruction-multistorey-buildings-extensive-wanton-and-unjustified-2014-12-09

  • Des ONG exhortent les gouvernements à réinstaller 5 % des réfugiés syriens d'ici à la fin de 2015 (Amnesty)

    Plus de 30 organisations internationales humanitaires et de défense des droits humains appellent les gouvernements qui vont se réunir à Genève le 9 décembre 2014 à s’engager à accueillir, d’ici à la fin de 2015, au moins 5 % des réfugiés syriens les plus vulnérables actuellement installés dans les pays voisins de la Syrie – soit 180 000 personnes.

    Au cours de cette réunion, organisée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les gouvernements vont prendre des engagements concernant la réinstallation ou tout autre forme d’accueil humanitaire des réfugiés syriens. Selon les estimations, jusqu’à 3,59 millions de personnes auront fui le conflit syrien pour trouver refuge dans des pays voisins à la fin de l’année 2014. À ce jour, la communauté internationale s’est engagée à réinstaller moins de 2 % de ces réfugiés, sans réellement préciser dans quel délai.

    Les pays voisins de la Syrie font preuve d’une générosité incroyable depuis trois ans et demi, mais le poids de cette crise pèse fortement sur leurs infrastructures et leurs services publics. Plus d’un million de réfugiés sont actuellement enregistrés en Turquie, et autant au Liban. Un habitant du Liban sur quatre est actuellement un réfugié ayant fui la Syrie. La Jordanie en accueille plus de 618 000, et l’Irak 225 000 (en plus des millions d’Irakiens déplacés à l’intérieur du pays). Les réfugiés et les populations qui les accueillent paient le prix de la baisse actuelle des moyens, de même que tous ceux qui essaient encore de fuir le conflit syrien mais se heurtent aux restrictions de passage et aux fermetures de frontières mises en place par les pays voisins de la Syrie.

    « La situation des réfugiés syriens les plus vulnérables devient de plus en plus désespérée. Certains – dont des enfants malades, qui pourraient mourir faute de traitements – ne peuvent tout simplement pas survivre dans cette région. L’aide humanitaire ne peut plus être la seule solution : il est temps que les gouvernements des pays riches intensifient leurs efforts et tendent une bouée de sauvetage à 5 % des réfugiés d’ici à la fin de 2015 », a déclaré Justin Forsyth, directeur général de Save the Children.

    « Nous sommes face à l’une des pires crises en matière de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des millions de civils déplacés, principalement des femmes et des enfants, a déclaré Mark Goldring, directeur exécutif d’Oxfam Royaume-Uni. Nous comptons sur les gouvernements réunis à Genève pour faire preuve au plus vite de la solidarité internationale qui est absolument nécessaire pour améliorer la vie des réfugiés les plus vulnérables. »

    Cinq pour cent, ce n’est qu’une toute petite partie des réfugiés, mais cela reviendrait tout de même à redonner l’espoir d’un avenir meilleur et de la sécurité à au moins 180 000 personnes d’ici à la fin de 2015, notamment aux victimes de la torture, aux réfugiés qui ont besoin de soins médicaux importants, et aux femmes et aux enfants vulnérables – identifiés comme tels par le HCR. En outre, le fait d’accueillir les réfugiés les plus vulnérables en leur proposant une réinstallation ou un titre de séjour pour raisons humanitaires soulagerait aussi les pays voisins de la Syrie du coût que représentent les dépenses immédiates nécessaires pour les soigner, les aider ou les protéger.

    « Face à l’effondrement de la solidarité internationale, les pays voisins de la Syrie restreignent de plus en plus le passage à leurs frontières. Les civils syriens désespérés ne peuvent plus échapper à la guerre. Les pays riches doivent revoir à la hausse leurs engagements d’accueil, tout en augmentant l’aide qu’ils apportent à la région afin que les frontières restent ouvertes », a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien des réfugiés (NRC).

    « Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de frontière commune avec la Syrie que cela nous dégage de toute responsabilité. »

    La coalition d’ONG demande aussi aux États qui, traditionnellement, n’accueillent pas de réfugiés syriens sur leur territoire, comme les pays du Golfe et d’Amérique latine, de participer à l’effort international en s’engageant à réinstaller ou à accueillir à titre humanitaire un certain nombre de réfugiés.

    « Compte tenu de l’ampleur de la crise, il est temps que la communauté internationale dans son ensemble accentue considérablement ses efforts pour prendre sa part de responsabilité et ainsi soulager les pays voisins de la Syrie. Les pays qui, jusqu’ici, ne se sont engagés à accueillir qu’un nombre insignifiant de réfugiés, voire aucun, doivent proposer beaucoup plus de places aux réfugiés syriens », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

    Les gouvernements peuvent aussi aller encore plus loin en trouvant des moyens innovants d’aider les réfugiés syriens en 2015, par exemple en leur proposant des permis de travail et des places à l’université, tout en leur offrant toutes les protections requises conformément à la Convention relative au statut des réfugiés adoptée en 1951.

    /FIN

    Pour obtenir de plus amples informations ou organiser une interview, veuillez contacter :

    -
    En Jordanie : Karl Schembri, responsable régional Médias, Save the Children, karl.schembri@savethechildren.org, +962 (0) 7902 20159


    - Au Liban : Joelle Bassoul, conseillère Médias pour la crise en Syrie, Oxfam, jbassoul@oxfam.org.uk, +961-71525218

    - Aux États-Unis : Oliver Money, responsable des relations Médias, International Rescue Committee, oliver.money@rescue.org, +1-646 318 7307

    - Au Royaume-Uni : Sara Hashash, attachée de presse pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Amnesty International, Sara.hashash@amnesty.org, + 44 (0) 20 7413 5511


    ABAAD (Liban)

    ACTED
    ACTION CONTRE LA FAIM
    ACTIONAID
    AMEL (Liban)
    AMNESTY INTERNATIONAL
    ASSOCIATION EUROPÉENNE POUR LA DÉFENSE DES DROITS DE L’HOMME
    ASSOCIATION TURQUE POUR LA DÉFENSE DES DROITS HUMAINS (İHD)
    BRITISH REFUGEE COUNCIL
    CARE INTERNATIONAL
    CARITAS
    CENTRE FOR REFUGEE SOLIDARITY
    CENTRE LIBANAIS DES DROITS HUMAINS
    CHILDRENPLUS
    CONSEIL DANOIS POUR LES RÉFUGIÉS
    CONSEIL EUROPÉEN SUR LES RÉFUGIÉS ET LES EXILÉS
    CONSEIL NORVÉGIEN POUR LES RÉFUGIÉS
    FRONTIERS RUWAD ASSOCIATION (Liban)
    HANDICAP INTERNATIONAL
    INTERNATIONAL RESCUE COMMITTEE
    ISLAMIC RELIEF
    JREDS (Jordanie)
    LIGUE DES DROITS DE L’HOMME
    MEDAIR
    MÉDECINS DU MONDE
    MUSLIM AID
    OXFAM
    PREMIÈRE URGENCE- AIDE MÉDICALE INTERNATIONALE
    RÉSEAU EURO-MÉDITERRANÉEN DES DROITS DE L’HOMME
    SAVE THE CHILDREN
    SAWA FOR DEVELOPMENT AND AID (Liban)
    SYRIA INGO REGIONAL FORUM
    UN PONTE PER

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/governments-urged-resettle-5-cent-refugees-syria-end-2015-2014-12-05

  • « Pourquoi est-​​ce que les enfants meurent à Gaza ? » (Afps)

     Samah Jabr est psy­chiatre et psy­cho­thé­ra­peute à Jéru­salem, et se pré­occupe du bien-​​être de sa com­mu­nauté, au-​​delà des ques­tions de maladies men­tales. Elle écrit régu­liè­rement sur la santé mentale dans les ter­ri­toires palestiniens.

    La guerre d’Israël contre la bande de Gaza entre le 7 juillet et le 25 août a causé, selon les rap­ports, 2 133 morts dont 577 enfants, et plus de 11 000 blessés. Plu­sieurs mil­liers res­teront han­di­capés à vie, des dizaines de mil­liers de maisons ont été détruites et des cen­taines de mil­liers de per­sonnes n’ont désormais plus de foyer.

    De tels rap­ports ne repré­sentent que la partie émergée de l’iceberg. Les réper­cus­sions sont beaucoup plus pro­fondes, et s’agissant de la santé mentale de la popu­lation et du bien-​​être de la société, elles s’inscrivent dans le long terme. Le dommage psy­cho­lo­gique qui a résulté et qui per­sistera est invi­sible, non exprimé et incommensurable.

    Consi­dérez cette mère palestino-​​américaine qui a dû choisir entre fuir Gaza avec deux de ses enfants (ceux qui pos­sé­daient la natio­nalité amé­ri­caine) en laissant der­rière elle les deux autres qui ne la pos­sé­daient pas, ou rester à Gaza sous les bom­bar­de­ments avec ses quatre enfants. Le dommage psy­cho­lo­gique se reflète aussi dans les ques­tions que les enfants posent à leurs parents : « Pourquoi est-​​ce que les enfants meurent à Gaza ? » « Que leur arrive-​​t-​​il une fois qu’ils sont morts ? » « Est-​​ce que vous serez tristes si je meurs moi aussi ? »… Voilà ce qu’ont vécu les familles qui ont reçu l’ordre d’évacuer leurs maisons, avec leur passé et leur avenir réduits en pous­sière. Les sta­tis­tiques ne peuvent appré­hender le chagrin trau­ma­tique chro­nique res­senti par celles et ceux qui pleurent la perte d’êtres aimés dans d’aussi atroces cir­cons­tances, ni la souf­france émo­tion­nelle sup­portée par celles et ceux pour les­quels le pro­cessus de deuil ne peut suivre son cours naturel.

    Mémoire traumatique

    Mariam a perdu sa petite sœur il y a quelques années, quand les soldats ont fait feu sur la voiture fami­liale en route vers l’école. Aujourd’hui encore, chaque fois que Mariam ren­contre un soldat, elle revit la fusillade et le goût amer de la perte. Elle ne peut se débar­rasser de cette mémoire trau­ma­tique, et cela domine sa vie.

    L’impact d’une guerre sur la santé mentale de la popu­lation civile est l’une de ses consé­quences les plus impor­tantes et les plus per­sis­tantes. Les études scien­ti­fiques concluent à une aggra­vation des troubles mentaux consé­cutifs à la guerre. Les femmes, les enfants, les per­sonnes âgées et celles qui vivent avec une infirmité sont les plus vul­né­rables ; le degré du trau­ma­tisme et la pré­sence d’un soutien phy­sique et émo­tionnel ont aussi une inci­dence sur le résultat.

    Face à l’atrocité immé­diate d’une guerre, les per­sonnes éprouvent com­mu­nément un état d’hyperexcitation dans lequel elles se sentent capables de lutter contre ou de fuir le danger, mais où elles peuvent aussi se sentir figées dans un état de vul­né­ra­bilité. Dans les années à venir, elles peuvent être tour­mentées par le sou­venir, des cau­chemars et des flash-​​backs des évé­ne­ments traumatiques.

    Les mal­heurs for­tuits et les catas­trophes natu­relles sont eux aussi tra­giques, mais ils sont imper­sonnels ; les hor­reurs d’une guerre sont pro­fon­dément per­son­nelles. Les bles­sures trau­ma­tiques infligées dans une guerre causent un dommage profond par­ti­culier parce qu’elles repré­sentent une méchanceté déli­bérée et évi­table. Les sen­ti­ments évoqués, le sens d’une vul­né­ra­bilité et d’une rage impuis­sante sont plus douloureux.

    Un trem­blement de terre ne « triomphe » pas, mais dans une guerre, un côté vise à triompher de l’autre et à l’humilier. Les pertes subies sont donc par­ti­cu­liè­rement amères et hon­teuses. Dans le cas de Gaza, la proximité de celui qui en est l’artisan est un rappel constant du passé et une menace per­ma­nente pour l’avenir.

    Transgénérationnel

    Détruire une vie sur le plan phy­sique et matériel, c’est aussi détruire un mode de vie, détruire un point de vue : le conflit phy­sique apporte avec lui le conflit psy­cho­lo­gique. Gaza est l’une des régions les plus den­sément peu­plées sur la terre, un endroit où les civils vivent sous occu­pation et sous un siège depuis des décennies, avec des taux très élevés de chômage et une pau­vreté qui leur sont imposés. Sa popu­lation civile manque d’accès à son propre espace aérien, sa terre, ses voies navi­gables, ses ins­tal­la­tions sani­taires, ses routes et ses fron­tières, et elle a été isolée par la force des Pales­ti­niens de Cis­jor­danie et de Jérusalem-​​Est, un iso­lement séparant des familles et excluant toute crois­sance éco­no­mique, sociale et politique.

    C’est parce que Gaza, et toute la Palestine, a été sans inter­ruption dominée par une force mili­taire infi­niment plus puis­sante qui a contrôlé tous les aspects de la vie pendant des géné­ra­tions que la vie de ses civils ne peut être nor­ma­lisée par un simple cessez-​​le-​​feu. La guerre qui fait l’information dans le monde se superpose à un dénuement grave, chro­nique, trau­ma­tique qui n’est plus de l’information. Les Pales­ti­niens ont besoin que cessent les bom­bar­de­ments, mais ils ont aussi besoin que leurs droits perdus leur soient rendus et que les torts sous-​​jacents soient réparés. Sinon le risque existe que la vio­lence per­ma­nente engendre une spirale sans fin de vic­ti­mi­sation et de revanche, de pola­ri­sation et de mytho­logie, et de plus de trau­ma­tismes transgénérationnels.

    Les stra­tégies cultu­relles et spi­ri­tuelles d’adaptation sont très impor­tantes pour cette nation. En dépit de l’érosion constante de la com­mu­nauté en raison d’une oppression mili­taire, poli­tique, éco­no­mique, sociale, idéo­lo­gique et psy­cho­lo­gique impla­cable, les pro­blèmes de santé mentale ne sont pas si géné­ra­lisés qu’on pourrait le croire.

    Plus de mal que de bien

    J’ai écouté des cen­taines de per­sonnes alors qu’elles com­men­çaient à com­prendre la gravité des des­truc­tions et leur impact sur leur vie. J’ai prescrit des trai­te­ments à des Gazaouis admis dans des hôpitaux de Jéru­salem et de Cis­jor­danie. Leur réaction la plus fré­quente a été de dire : « Allah nous suffit, et Il est le meilleur pro­tecteur. » Trahies par la « com­mu­nauté inter­na­tionale, ces per­sonnes ont mis leur confiance dans une puis­sance qu’ils croient plus grande que celles d’Israël, des Nations unies et du gou­ver­nement amé­ricain. Leur foi pro­fonde est plus forte que les mis­siles intel­li­gents d’Israël et le trai­tement psy­cho­lo­gique appliqué par des pro­fes­sionnels. En Palestine aujourd’hui, il y a le chagrin mais pas le désespoir, la déception mais pas l’amertume à l’égard d’un monde dont l’ignorance et la torpeur morale ont permis tant de cruautés.

    En dépit des des­truc­tions et des pertes effroyables à Gaza, beaucoup de gens ordi­naires ont pris des risques pour aider les autres à sur­vivre : le per­sonnel médical et la défense civile ; des jour­na­listes, des familles qui ont recueilli des néces­siteux et des sans-​​abri. Les dom­mages causés ne décou­ra­geront pas leur morale ni n’affaibliront leur détermination.

    Le trai­tement du trau­ma­tisme se concentre souvent sur des tech­niques qui aident la per­sonne à se rap­peler et à relater les détails effroyables de ce qu’elle ou il a connus dans un envi­ron­nement sûr. Mais la réalité pales­ti­nienne com­prend non seulement le stress post-​​traumatique interne, mais aussi le stress trau­ma­tique externe actuel et qui se poursuit. Les évé­ne­ments trau­ma­tiques ne peuvent être bannis de la conscience quand ils ne sont pas bannis de la réalité collective.

    Recon­naître cette réalité est un pro­cessus social, qui dépasse les limites de la psy­cho­thé­rapie indi­vi­duelle. Ainsi, le trai­tement qui fait fi de la réalité poli­tique peut faire plus de mal que de bien. Tout comme la victime d’un crime n’a pas seulement besoin d’une sym­pathie indi­vi­duelle mais aussi que justice soit rendue, la com­mu­nauté pales­ti­nienne a besoin d’être vue ; que sa souf­france soit entendue et reconnue. Les torts qu’elle a subis doivent être réparés. Les com­mis­sions d’enquête et de vérité, les mémo­riaux et les céré­monies peuvent aussi aider à ce pro­cessus de guérison.

    L’unité nationale, la cohésion sociale et la soli­darité inter­na­tionale sont d’autres remèdes poten­tiels pour la douleur et l’aliénation psy­cho­lo­giques causées par la déshu­ma­ni­sation impi­toyable des Pales­ti­niens par Israël et l’apathie, le déni et la dénon­ciation inter­na­tionaux en résultant. La soli­darité peut favo­riser la gué­rison, réduire la soif de revanche et ouvrir la voie pour une récon­ci­liation future ; elle prend en compte le sou­venir per­sonnel et la recons­truction de la société qui aideront fina­lement tant les Pales­ti­niens que les Israé­liens dans la période de l’après-guerre.

    La sécurité favorise la confiance ; la recon­nais­sance prévoit la recon­nais­sance mutuelle ; la com­passion ouvre la voie au pardon ; et la justice apporte la paix.

    L’Orient le Jour, jeudi 4 décembre 2014

    http://www.france-palestine.org/Pourquoi-est-ce-que-les-enfants

     

    Plus de 400 000 enfants de Gaza ont un besoin immédiat « de soutien psychologique et de protection de l’enfance » suite à l’assaut dévastateur d’Israël, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

    Les données sont contenues dans un rapport d’octobre produit par l’Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA).

    Il est confirmé qu’au moins 538 enfants palestiniens ont été tués par les attaques militaires israéliennes durant l’opération appelée « bordures protectrices » rapporte l’UNICEF. Plus des deux-tiers des enfants décédés, 68 pourcents, avaient 12 ans ou moins.

    L’Agence de l’ONU rapporte que presque 425 000 enfants à Gaza ont un besoin immédiat de soutien psychologique et de protection de l’enfance, dont au moins 3373 enfants blessés (certains avec des handicapes permanents) et 1500 enfants devenus orphelins.

    Tous ont besoin d’un soutien urgent « afin de gérer des niveaux critiques de détresse et de vulnérabilité psychologique à une période où plusieurs voisinages et villages de la bande de Gaza sont toujours en ruines. »

    Le rapport inclus l’histoire de Shaima, âgée de 10 ans, de Shuja’iyya dans l’est de la ville de Gaza, qui, comme beaucoup d’autres, est régulièrement visitée à la maison par un conseiller.

    Son quartier est « maintenant principalement réduit à une vaste étendue de décombres » avec « la menace de restes explosifs à chaque coin de rue. »

    Durant l’offensive israélienne, la famille de Shaima a trouvé refuge dans l’appartement de son grand-père, pour que finalement l’éclat d’un obus israélien tue son père, Adel, et sa sœur Dima âgée de 2 ans.

    « J’ai vu mon oncle porter ma sœur. J’ai réalisé que sa tête avait été coupée lors du bombardement. Je n’ai pas regardé le corps de mon père parce que j’ai eu peur que ses blessures soient aussi horribles. Je me suis enfuie… Je ne peux plus chanter. Je pense à mon père et ma sœur qui sont morts. Je me sens coupable. »

    Traduction: Julie V. pour l’Agence Média Palestine

    Source: Middle East Monitor

  • Procès BDS -cour d’appel de Caen –condamnation scandaleuse des militants (Npa Alençon))

    La cour d’appel de Caen vient de condamner 7 militants du collectif Palestine- Orne qui avaient appelé au boycott des produits Israéliens dans un magasin Carrefour de la ville d’Alençon en 2010.

    C’est sur la base du délit de « discrimination par l’entrave à l’activité économique » que la Cour a prononcé la condamnation des militants à 500 € avec sursis et 350 € de dommages –intérêts à deux organisations à la solde de l’ambassade d’Israël …..

    Cette condamnation reflète scandaleusement la manière dont la justice française peut se mettre en quatre pour servir les intérêts politiques des gouvernements Sarkozy et Hollande : en effet , c’est sur ordre de la garde des sceaux de l’époque, Alliot-Marie , dans une circulaire aux procureurs (circulaire maintenue par Taubira….) que ces inculpations ont été engagées et poursuivies dans le but de donner des gages de soutien honteux à l’état criminel d’Israël.

    L’État d’Israël continue à poursuivre et intensifier plus que jamais l’occupation et la colonisation de la Palestine en violation complète du droit international et dans la plus parfaite impunité , et l’État Français lui apporte son soutien objectif en poursuivant et condamnant les militants qui appellent au boycott des produits provenant d’Israël…..

    Le NPA dénonce cette condamnation scandaleuse et appelle à renforcer toutes les actions et réseaux de boycott d’Israël ainsi que toutes les actions visant à l’abrogation par le gouvernement Hollande de cette honteuse circulaire Alliot-Marie .

    Communiqué NPA Alençon

  • Palestine : dans quel État ? (npa)

    L’Assemblée nationale s’est donc prononcée, par 339 voix contre 151 (et 16 abstentions), pour la reconnaissance de l’État de Palestine. Ne boudons pas notre plaisir : comme lors de l’admission de la Palestine à l’ONU, comme « État non-membre », en novembre 2012, les mines déconfites des partisans de l’État d’Israël, qui constatent que ce dernier n’est pas intouchable, sont pour le moins réjouissantes.

    Mais ne nous y trompons pas. Le vote des parlementaires est doublement symbolique, et n’aura aucune conséquence concrète pour les Palestiniens. Tout d’abord, les assemblées françaises n’ont pas de rôle décisionnel en matière de diplomatie, et se contentent d’ « inviter » l’exécutif à reconnaître l’État de Palestine. De plus, le texte de la résolution ne prévoit aucun mécanisme contraignant à l’égard d’Israël, quand bien même celui-ci occuperait désormais un « État » formellement reconnu.

    Laurent Fabius a d’ailleurs expliqué qu’avant toute reconnaissance formelle, la France défendrait une « relance des négociations » pour aboutir, d’ici « deux ans », à une solution définitive. Mais de qui se moque-t-on ? En 1994, les accords d’Oslo promettaient une solution « dans cinq ans ». En 2003, George W. Bush envisageait une solution « en 2005 ». En 2007, il prévoyait l’établissement d’un État palestinien « dans un an ». En 2010, Obama en appelait à la création dudit État « en 2011 ». Etc.

    Durant combien d’années la mascarade diplomatique va-t-elle se poursuivre ? Combien de temps l’État d’Israël va-t-il pouvoir expulser, enfermer et bombarder les Palestiniens sans s’attirer davantage de réprobation que des prises de position symboliques et des invitations à « négocier » ? Combien de lois discriminatoires et racistes vont encore être adoptées au parlement de la « seule démocratie du Moyen-Orient », sans que nos courageux gouvernants ne lèvent le sourcil ?

    Le temps des mesures symboliques et de la défense de pseudo-négociations bilatérales entre l’occupant et l’occupé est largement révolu. L’urgence de l’heure n’est pas à la reconnaissance d’un État qui n’existe pas, mais bel et bien au boycott total d’Israël et aux sanctions contre un État qui jouit d’une lamentable impunité internationale. Seuls l’isolement et la mise au ban de l’État d’Israël, par le développement de la campagne BDS, pourront permettre d’envisager un avenir moins sombre pour les Palestiniens.

    Montreuil, le 2 décembre 2014

  • Nouveautés Afps, Rennes (35)

    Vendredi 5 décembre – Soirée et exposition sur la Palestine. Papier Buvard
Le Theil-de-Bretagne

Le vendredi 5 décembre à partir de 20h, nous vous proposons une soirée avec l’association France Palestine. Cette soirée avec projection est accompagnée d’une exposition qui nous permettra de retracer ensemble l’historique de ce pays et de sa population. Des personnes impliquées dans des missions dans ce pays, viendront témoigner de ce qu’elle ont constatées sur place et raconter leurs histoires.
     

    Vendredi 5 décembre – Soirée et exposition sur la Palestine. Papier Buvard
    Le Theil-de-Bretagne

    Le vendredi 5 décembre à partir de 20h, nous vous proposons une soirée avec l’association France Palestine. Cette soirée avec projection est accompagnée d’une exposition qui nous permettra de retracer ensemble l’historique de ce pays et de sa population. Des personnes impliquées dans des missions dans ce pays, viendront témoigner de ce qu’elle ont constatées sur place et raconter leurs histoires.


    • Ici vous trouverez les concerts et spectacles programmés au café. La liste est modifiée et mise à jour, retrouvez le...
       
  • La frénésie autour de la loi sur « l’État juif » tombe à plat : Israël pratique déjà la discrimination (Agence Médias Palestine)

    Le projet de loi sur « l’État-nation juif » a provoqué une énorme quantité de discussions et de controverses en et hors d’Israël.

    Mais ce qui manque dans la plupart des réactions internationales, c’est à quel point Israël se définit déjà comme un Etat juif et, de ce fait, pratique institutionnellement et juridiquement la discrimination. Ci-après trois entrées par lesquelles la loi israélienne a créé une ethnocratie, pas une démocratie.

    Un. Pendant les quelques premières années après la création de l’État d’Israël en 1948, la Knesset a voté trois lois qui établissaient les fondements d’un Etat juif aux dépens des indigènes palestiniens (dont la plupart avaient subi un nettoyage ethnique et été empêchés de revenir).

    L’effet combiné de la Loi sur le Droit au Retour, de la Loi sur le Bien des Absents et de la Loi sur la Citoyenneté signifiait ceci : tout Juif dans le monde pouvait migrer en Israël et devenir un citoyen, tandis que les Palestiniens expulsés étaient dépouillés de leur citoyenneté et expropriés de leurs biens par l’État.

    Deux. Il n’existe pas de nationalité israélienne, avec l’utilisation, « dans l’Enregistrement de la Population, du mot ‘nationalité’ se référant, non pas à la citoyenneté, mais plutôt à l’identité ethnique ». En octobre 2013, la Cour Suprême d’Israël a pris des décisions contre un effort pour établir une nationalité israélienne distincte de l’identité juive.

    Ce faisant, les juges ont confirmé une décision judiciaire de 1972 qui affirmait « il n’y a pas de séparation entre nation israélienne et nation juive », et en créer une « nierait les fondements mêmes sur lesquels l’État d’Israël a été construit » – c’est à dire, en tant qu’Etat juif.

    Aeyel Gross a écrit dans Haaretz que cette distinction, parallèlement à « l’identification de l’État à un seul groupe national spécifique, induit une hiérarchie et de l’exclusion » qui ne s’expriment pas que comme des « symboles », mais aussi «  en termes d’allocation de ressources, de pouvoir de gouvernement, de travail, de discrimination (formelle ou non) et par le besoin d’indiquer, dans l’enregistrement de la population, qui est juif et qui ne l’est pas.

    Trois. Il n’y a pas de garantie d’égalité, pour les citoyens juifs et palestiniens, qui soit enchâssée dans la législation israélienne. Comme l’a exprimé en 2012 le Comité de l’ONU pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD), il n’existe ni « définition » ni « prohibition de la discrimination raciale ».

    Ce qui s’en rapproche le plus, c’est la Loi fondamentale : Dignité Humaine et Liberté (1992), mais elle ne contient aucune obligation spécifique à l’égalité – ou, selon les mots du Magistrat Aharon Barak, « tous les aspects de l’égalité » ne sont « pas inclus dans le cadre de la dignité humaine ».

    En fait, la Loi Fondamentale contient une opposition cruciale, ou clause limitative, qui permet que les « droits » qui y sont inclus puissent être « violés » par des lois « qui conviennent aux valeurs de l’État d’Israël » – à savoir, « en tant qu’Etat juif et démocratique ».

    Sur ces éléments fondateurs, on a construit une légion de décisions politiques et de pratiques discriminatoires. Celles ci servent à protéger la majorité juive créée grâce à l’expulsion massive des Palestiniens et assurent aux Juifs des avantages et des privilèges aux dépens de ceux des Palestiniens qui sont restés.

    Ceci affecte l’attribution de terre, le logement, la planification régionale et municipale, les droits à la citoyenneté, la famille, l’éducation, la défense des minorités et pléthore d’autres domaines de la vie courante. Même le Département d’État américain reconnaît qu’Israël exerce une « discrimination institutionnelle et sociétale » contre ses citoyens palestiniens. (Pour en savoir plus, voyez mon livre « Palestiniens d’Israël : Ségrégation, Discrimination et Démocratie ».)

    Se référant au nouveau projet de loi, Le Times est sorti avec l’en-tête « Israël hésite à propos de la loi sur les Arabes de deuxième classe ». Un éditorial du New York Times a prétendu que « les tribunaux et lois d’Israël » ont logiquement donné un « poids égal » à la définition d’Israël en tant que à la fois « juif et démocratique ». Ceci est tout simplement faux.

    Il est absurde de suggérer, comme le fait l’article du New York Times, que « ‘existence même d’Israël… a été fondée sur l’idéal de démocratie pour l’ensemble de sa population ». Les Palestiniens ont toujours été (au mieux) des citoyens de deuxième classe et Israël se définit déjà comme un « Etat juif » plutôt que comme un Etat de tous ses citoyens.

    Alors oui, la nouvelle vague de législation d’extrême droite révèle quelque chose de nouveau – mais n’oublions pas que nous sommes témoins d’une intensification de la discrimination raciale, pas de son émergence.

    Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

    Source: Middle East Monitor

    Ben White
    Mardi 25 novembre 2014

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/11/30/la-frenesie-autour-de-la-loi-sur-letat-juif-tombe-a-plat-israel-pratique-deja-la-discrimination/