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Solidarité - Page 110

  • Solidarité avec Kobané! (Npa)

    solidarité avec kobané! dans International

    Obama et Hollande, complices hypocrites!

    On ne sait ce qui stupéfie le plus, la résistance héroïque des défenseurs, Kurdes et Syriens non kurdes, de Kobané, qui avec leurs armes légères parviennent à endiguer les assauts de jihadistes suréquipés, ou le cynisme des gouvernements occidentaux et de leurs alliés, au premier rang desquels l’État turc, membre de l’Otan et à ce titre premier partenaire des États-Unis dans la région.

    L’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a alerté sur le risque d’un massacre de masse, en rappelant le sort de Srebrenica, la ville bos- niaque dont des milliers d’habitants avaient été exécutés en juillet 1995. Mais à l’instar d’Arin Mirkan, la capitaine des Unités de protection des femmes qui s’est fait exploser au milieu de ceux qui tentaient de s’emparer d’elle, les combattants de Kobané ne rendront pas les armes.

    Nettoyage ethnique et zone tampon Dans le même temps, les images des chars turcs, massés immobiles à la frontière d’où ils contemplent les affronte- ments, évoquent inévitablement celles de leurs homologues russes, arrêtés sur les bords de la Vistule durant l’insurrection de Varsovie, à l’été 1944.

    Non seulement l’armée turque n’intervient pas, mais elle bloque l’accès des renforts kurdes et l’approvisionnement de Kobané en armes et en munitions. Le gouvernement Erdogan ne veut pas que s’installent durablement à sa porte des zones kurdes s’administrant elles-mêmes hors de tout contrôle. C’est pourquoi il a vu l’assaut de Daesh comme un don de la providence et considère son éventuelle prise de contrôle de la ville comme un moindre mal.

    Il serait toujours temps, après, d’utiliser des forces militaires largement supé- rieures à celles des djihadistes pour réoccuper un territoire vidé de ses combat- tants et populations kurdes.

    Tel est le seul sens de la demande, formulée par Ankara, visant à la mise en place d’une «zone tampon» au nord de la Syrie. Et qui, croyez-vous, a immé- diatement appuyé cette revendication? François Hollande lui-même, bien sûr. Même si, selon les services de la présidence française, Erdogan et Hollande auraient au même moment, lors de leur entretien téléphonique du 8 octobre, «rappelé leur soutien à l’action menée par les combattants engagés dans la lutte contre Daesh»…

    L’hypocrisie atteint ici de nouveaux sommets ! Il en va d’ailleurs de même du gouvernement étatsunien, qui procède à quelques «frappes» aériennes isolées, sans doute pour qu’on ne puisse lui reprocher une totale inaction, mais sans du tout mettre en œuvre les moyens qui lui avaient permis, fin septembre, de stopper l’avancée de Daesh en Irak. Tout cela s’apparente en fait à un grand jeu de rôles, avec les populations kurdes et syriennes en victimes expiatoires.

    Soutenir la lutte, pas une politique particulière Les témoignages sur l’admi- nistration des trois cantons à majorité kurde du nord de la Syrie et, dans ce cadre, sur le rôle qu’y joue le PYD (Parti de l’union démocratique, la branche syrienne du PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan), sont pour le moins contrastés.

    Selon certains, on assisterait dans ces régions à une expérience autoges- tionnaire novatrice, baptisée confédéralisme démocratique ou municipalisme libertaire. D’autres, sans nier une série d’avancées, en particulier dans le domaine de l’émancipation des femmes, signalent que les méthodes autoritaires et mus- clées du PYD, y compris à l’égard d’autres formations de la gauche kurde et syrienne, n’ont nullement disparu.

    Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas ici de soutenir la politique d’un parti mais un combat, qui est juste sur tous les plans. Il faut se placer au côté de la résis- tance kurde comme nous avons été nombreux, encore une fois cet été, à le faire au côté de la résistance palestinienne, indépendamment de la nature et des orientations des directions politiques, PKK ou Hamas ou autre.

    Les représentants du PKK et du PYD, plus généralement ceux des commu- nautés kurdes, ont ces derniers jours multiplié les appels aux gouvernements oc- cidentaux afin que ceux-ci leur livrent des armes: lance-rockets antichars, artil- lerie, qui leur permettraient de se défendre plus efficacement, et aussi qu’ils inten- sifient les bombardements sur les colonnes et installations de Daesh.

    Pour notre part, tout en reconnaissant bien sûr le droit des Kurdes, comme des révolutionnaires syriens, de se procurer des armes où et comment ils le peu- vent, il ne nous semble pas que l’on doive attendre de grands résultats de ces appels. Si Obama, Hollande et Cameron ne l’ont pas fait jusqu’à présent, sauf au profit du gouvernement autonome du Kurdistan d’Irak, mais celui-ci est de leurs proches amis, pourquoi changeraient-ils maintenant?

    Reste la voie de la solidarité internationale directe des travailleurs et des peuples. Au mouvement ouvrier et démocratique, à ses organisations de prendre maintenant leurs responsabilités. Jean-Philippe Divès

  • Syrie comme Irak : Pas de nouvelle guerre ! (l'Anticapitaliste.ch)

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    La situation au Moyen-Orient semble très compliquée.

    L’État Islamique(EI) met chaque jour sous son contrôle de nouveaux territoires, en profitant de la guerre civile en Syrie qui continue. Les incidents meurtriers entre Palestiniens et armée israélienne se reproduisent tous les jours, et les États-Unis et leurs alliés utilisent avions et drones pour bombarder à droite et à gauche avec leur « fameuse » précision.

     Les coalitions traditionnelles paraissent incapables d’affronter cette instabilité, et le rôle des classes dominantes de la région reste flou. Pourquoi la Turquie n’attaque-t-elle pas les forces de l’EI qui entourent Kobané et qui prennent «gentiment» le contrôle d’une grande partie de la frontière entre Turquie et Syrie ? Pourquoi face à une telle menace les États-Unis ne déploient-ils pas plus de forces militaires ? Pourquoi l’occident n’utilise-t-il pas l’armée israélienne afin de stabiliser la région comme il l’a fait auparavant ?

    Et enfin, que peut-on faire ici en Europe face à cette situation ? Doit-on soutenir les bombardements contre ces « barbares » qui décapitent des innocents ? Soutenir les islamistes ? Ou bien se distancer  d’un conflit dont le résultat sera de toute façon négatif ?

    L’État Islamique et les États-Unis

    Aujourd’hui, selon les médias, l’ennemi numéro un dans la région est l’État Islamique. Mais l’histoire nous prouve que les ennemis d’hier deviennent facilement des amis et vice versa. L’Iran, la Syrie, l’Égypte, la Turquie, l’Irak et la Jordanie, ont fait partie des deux camps – depuis l’invasion de l’empire ottoman par les occidentaux, et la création de ces pays. Et on ne parle pas seulement d’Etats : les talibans,  les kurdes,  les bédouins, les chiites, les sunnites et les chrétiens ont été manipulés ou ciblés selon les plans et les besoins de l’impérialisme occidental dans la région. Certaines forces ont été même créées à cause de l’ignorance, ou grâce au soutien des forces impérialistes.

    Notamment, l’EI doit sa naissance à la situation qui a suivi la guerre en Irak en 2003.

    La manière dont les dirigeants politiques et militaires des États-Unis ont utilisé les divisions sectaires entre chiites et sunnites en choisissant la minorité chiite pour administrer le pays, a fait exploser des différences que le peuple irakien avait laissé de côté lorsqu’il a fallu résister à l’invasion de 2003.

    L’équipement de l’EI dont les médias parlent si souvent n’a pas été fabriqué par des forgerons Irakiens.

    Ce sont les ex-officiers sunnites de Saddam Hussein qui avaient accès aux dépôts d’armements cachés partout en Irak, qui ont pu équiper les différents groupes autour d’Al-Qaïda qui ont évolué en EI. De plus, le régime de Bachar el-Assad n’a pas hésité à armer les groupes de cette mouvance pour qu’ils puissent noyer dans le sang la révolution syrienne. En bref, les États-Unis et leurs alliés occidentaux et moyen-orientaux n’ont jamais eu pour but ni d’empêcher le terrorisme ni de protéger les civils. Comme l’avait dit Lawrence Korb, vice Secrétaire d’état à la Défense de Reagan (1981-1985) lors de la guerre contre l’Irak en 1991 : « Si au Koweït on cultivait des carottes, on s’en foutrait. »  Les armées de l’ouest interviennent uniquement pour protéger les intérêts des multinationales pétrolières et des matières premières.

    Les classes dominantes du Moyen-Orient ne sont pas innocentes non plus.

     Nationalistes, islamistes et libéraux, ils ont tous utilisé la résistance palestinienne d’une manière opportuniste et quand cela menaçait leurs propres intérêts, ils n’ont pas hésité à la massacrer. Les exemples sont nombreux : les Phalangistes d’Elie Hobeika au camp de Sabra et Shatila en 1982, les Hachémites en Jordanie en 1970 lors du septembre noir, ou l’armée du régime de Hafez al-Assad  en 1975 au Liban. Le partenaire préféré des États-Unis dans la région, l’Arabie Saoudite, est connue non seulement pour l’imposition la plus sévère de la charia, mais aussi pour le financement de la renaissance de nouveaux courants islamistes. Al-Qaïda comme l’EI ont été tous deux financés au moins pendant une période de leur existence par la péninsule Arabe via la place financière de Dubaï. En outre, une grande partie de leurs dirigeants a vécu ou été éduqué en Arabie Saoudite.  Mais les attaques des armées occidentales ne visent pas les responsables, qui sont leurs alliés.  Ils disaient vouloir se débarrasser d’un dictateur, Saddam Hussein, mais l’ont finalement remplacé par d’autres, et ont créé les conditions pour l’émergence d’autres forces réactionnaires comme l’EI.

    L’histoire le prouve encore une fois : la pauvreté et la misère que les bombardements créent sont  le meilleur laboratoire génétique pour les « terroristes » de l’avenir.

    Mais ce sont des sauvages!

    Certes, les images des décapitations filmées et distribuées sur internet sont très choquantes. Par contre, personne ne nous a montré les images des 30 personnes exécutées cette année aux États-Unis condamnées à mort, ou des 52 qui ont été exécutées en Arabie Saoudite dont une pour sorcellerie. Les néo-conservateurs n’ont pas laissé couler une larme pour ces personnes-là.  Ils profitent par contre des actions abjectes de leur propre enfant en Irak pour jouer le rôle de pompiers voulant assurer la stabilité inachevée dans la région.

    Expliquer que la réaction d’Obama et de David Cameron  est totalement hypocrite ne revient aucunement à soutenir l’EI ou autres djihadistes. Il s’agit de revenir à la racine du problème qui a donné naissance à ces atrocités. Comme le dit Chris Harman dans son livre Le prophète et le prolétariat : «comprendre les raisons du cancer ne signifie pas justifier la douleur ou la mort ». Mais essayer de comprendre la nature et les forces motrices de ce mouvement sans prendre par exemple en compte la mort de 500 000 enfants à cause de l’embargo sur l’Irak de 1991 à 2003, est une méthode erronée.

    D’ailleurs, le fait que le camp des force occidentales s’autoproclame progressiste ou se présente comme le  garde du corps de la civilisation, semble assez ridicule.  Aucune force du monde arabe ne pourra faire autant de morts que l’Holocauste, la guerre du Vietnam ou la Première guerre mondiale. Même de nos jours encore, la guerre des drones lancée par le dit pacifiste Obama a tué plus de 2500 personnes, dont 20% étaient des civils.

    Leurs hésitations montrent leur hypocrisie.

    Sur le terrain, l’EI avance tous les jours en massacrant, et la seule force qui lui résiste effectivement sont les Kurdes. Les bombardements aériens ont de la peine à cibler les forces extrêmement mobiles des djihadistes. Pour l’instant, ils se limitent à frapper des infrastructures comme l’usine de gaz Coneco, et poussant la population à l’obscurité et à la misère.

    Malgré les discussions qu’on entend depuis début septembre, les États-Unis et l’Europe n’ont pas pour l’instant soutenu les Kurdes. La Turquie a refusé pendant plusieurs jours de laisser passer les 160 000 réfugiés qui se massaient aux frontières turco-syriennes. Erdogan a ouvert les frontières uniquement sous la pression des émeutes et des manifestations au sud du pays dans les régions où la majorité de la population est kurde. En même temps, il n’a pas hésité à tuer 21 manifestants et à les appeler «des traitres et des saboteurs de la paix ». La passivité de l’armée turque face au déploiement des tanks et des armes de l’EI juste à côté des frontières est, à première vue, très étonnante. Ce retard exceptionnel est en effet dû à la convergence de plusieurs facteurs.

    D’abord, l’hésitation des États-Unis – à s’investir dans une nouvelle guerre coûteuse, en vies humaines et en dollars,  en même temps que d’autre fronts stratégiques demandent son attention – est justifiable. L’importance du front ukraino-russe et surtout celui en mer de Chine méridionale3 laissent peu de marge de manœuvre pour le géant déjà affaibli après 14 ans de guerres sans succès en Irak et en Afghanistan. De plus, comme l’a très clairement expliqué le secrétaire d’État américain John Kerry, Kobané n’était «pas un objectif stratégique». «Aussi horrible que ce soit d’observer en temps réel ce qui se passe à Kobané, vous devez prendre du recul et comprendre l’objectif stratégique».

    En Europe, la crise économique ne laisse que peu de marge de participation à la Grèce ou à Chypre, qui étaient lors des dernières guerres des forces très importantes d’un point de vue géostratégique. En Europe centrale, les chefs d’Etats ne sont pas non plus prêts à engager leurs armées dans une guerre dont les enjeux et les résultats sont très incertains. La défaite de David Cameron au Parlement britannique en août 2013, la première depuis 1782 sur un sujet de guerre, rappelle aux belliqueux que le coût de leurs aventures cette dernière décennie a été trop élevé.

    Pour la Turquie, les choses sont encore plus compliquées. Elle ne souhaite pas voir un deuxième territoire autonome kurde juste à côté de celui au nord de l’Irak, mais en même temps elle ne veut pas mettre en danger le processus de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ni avoir l’EI comme voisin direct.  D’un autre côté, laisser l’EI faire le sale boulot de nettoyage ethnique du Kurdistan syrien est quelque chose qui arrangerait bien les dirigeants d’Ankara…

    Les frontières des accords Sykes-Picot (1917) et de Lausanne (1923) sont en train de changer et les « grandes puissances » sont prêtes à se battre, chacune  pour ses propres intérêts.

    Ce ne serait pas faux alors de dire que le bloc des pays dits « progressistes » n’est pas si uniforme. Les classes dominantes ont certainement un intérêt commun dans la région: une stabilité qui permettrait aux capitaux occidentaux d’envahir tous les aspects de vie de Kirkouk (Irak du nord) à Bassora (Irak du sud) et du Caire à Lahore (Pakistan) afin de faire des profits. Cet horizon étant loin et incertain, les diverses stratégies nationales prennent un rôle plus important. Et les conflits ne manquent pas : les zones exclusives économiques pour les pays avoisinants, le contrôle du pétrole, les conduites de gaz, la suprématie militaire.

    La volonté d’aider les peuples de la région est si limité que l’Union Européenne n’accepte même pas d’enlever le PKK et le PYD (parti de l’union démocratique syrien, kurde) de sa liste des groupes terroristes. Si l’Europe veut aider le peuple kurde, elle doit immédiatement enlever le PKK de la liste des organisations terroristes, et obliger la Turquie à laisser le couloir nécessaire pour que les kurdes puissent transporter leurs armes afin de se défendre. Mais ceci irait contre les intérêts turcs dans la région parce qu’un Kurdistan faible, isolé et dépendant  au nord de l’Irak est quelque chose de contrôlable. Par contre, une lutte commune de tou·te·s les Kurdes serait pour les intérêts turcs un cauchemar qui déstabiliserait la région d’une manière incontrôlable. Avec l’aide des familles kurdes corrompues  des Talabani et des Barzani, la stratégie de diviser pour mieux régner fonctionne bien, et permet de ne pas prendre le risque de laisser l’ensemble de la population kurde, qui a une forte tradition anti-impérialiste, devenir un facteur important dans la région. Pour les États-Unis et l’Europe, les Kurdes pourraient être aidés à une seule condition : qu’ils deviennent leur sous-traitant dans la région comme l’avait été au Kosovo l’UCK (Armée de libération du Kosovo).

    Bref, Obama et ses alliés s’engageront dans cette guerre au gré de leurs intérêts et non ceux de la population locale.

    Que fait Israël?

    Si son rôle est de garantir la stabilité dans la région pour les intérêts de l’impérialisme, pourquoi Israël n’agit-t-il pas ? Son armée est une des toutes premières au monde, implantée juste à côté. Pourquoi alors n’est-elle pas utilisée ?

    Pour les forces impérialistes, l’utilisation de l’armée israélienne est une épée à double tranchant. Les Américains et les Européens savent que la présence de l’armée israélienne risque plutôt de créer des problèmes au lieu de les résoudre. Aucune population dans la région ne serait prête à accepter la collaboration, le soutien et d’autant plus l’intervention d’Israël au nom de leurs intérêts. Les peuples, qu’ils soient kurdes ou arabes, afghans ou égyptiens, voient tous l’appareil étatique et militaire d’Israël comme un ennemi, comme le chien de garde de l’impérialisme occidental.

    Une intervention israélienne risquerait de provoquer de fortes réactions non seulement au Moyen-Orient, mais aussi dans les capitales de l’ouest. Après cet été meurtrier (et l’opération «Bordure protectrice»), la perte de légitimité de l’état sioniste est remarquable. Souvent, même les médias qui d’habitude sont 100% pro-sionistes, ont été obligés d’admettre que la brutalité et les crimes de l’armée israélienne n’étaient pas justifiables.

    Et nous, que pouvons-nous faire ?

    Si une intervention militaire n’a donc rien à offrir, si c’est n’est de tuer des gens, la question qui se soulève est : que pouvons-nous faire en Europe ? Comment agir face aux massacres de la population irakienne et kurde par l’EI ? Que faire face aux bombardements de la coalition ?

    La première chose à faire, c’est de montrer notre solidarité. Ceci n’est pas une tâche abstraite ni symbolique. Faire revivre les mouvements anti-guerre de 2003 dans la période actuelle tellement incertaine pourrait avoir de multiples résultats. En se réunissant sous les pancartes et les banderoles contre la guerre, nous ciblerons non seulement nos gouvernements qui participent chacun à sa manière à cette offensive, mais aussi l’extrême droite et son pilier idéologique islamophobe. En nous réunissant ici en Europe avec les réfugiés et les immigrants arabes, nous montrons aux peuples du Moyen-Orient, non seulement que nous sommes contre les bombardements, mais que les peuples européens ne sont pas conquis par l’islamophobie et le racisme.

    Les peuples en Syrie, en Irak et au Kurdistan savent que l’EI a été soutenu ou toléré par des régimes arabes selon leurs besoins. Mais ils ne sont pas les seuls à le savoir. Les peuples en Tunisie, en Égypte, au Liban, et en Palestine le savent aussi. Il y a peu, ils se révoltaient et nous remplissaient de joie avec leur printemps arabe. C’est notre obligation maintenant d’agir et de leur montrer que nous leur faisons confiance. Ce n’est pas le moment de nous barricader dans de faux camps. Les classes dirigeantes se frottent les mains quand la gauche se rallie à leur cause «humanitaire et culturelle». Nous ne pouvons pas faire confiance à ceux qui ont créé cette situation.

    Le 26 septembre, des dizaines de manifestations ont eu lieu en Syrie sous le slogan «Les civils n’ont pas besoin des nouveaux assassins internationaux», exprimant ainsi leur sentiment de l’inutilité des bombardements.

    La gauche, qui voit l’histoire à travers le prisme de la lutte des classes et non celui du sectarisme, ne doit pas seulement agir, mais aussi se charger de créer un mouvement beaucoup plus large que ses propres forces. Créer un mouvement qui devra réclamer :

    -D’arrêter toute intervention impérialiste de la région.

    -D’aider le peuple Kurde sans conditions politiques et financières.

    DD

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=12468

  • Omar Barghouti: La reconnaissance d’un Etat Palestinien sans l’inté de ses droits n’a pas de sens (Agence Médias Palestine)

    Omar Barghouti est un militant palestinien et l’un des fondateurs du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions. Il est l’auteur de « Boycott, Désinvestissement, Sanctions : Le Combat Mondial pour les Droits des Palestiniens. »

    Le vote écrasant du Parlement britannique pour la reconnaissance d’un « Etat de Palestine » peut vraiment être un signe de « où souffle le vent », comme l’a commenté l’ambassadeur britannique à Tel-Aviv – un reflet de l’érosion significative du soutien public au régime israélien d’occupation et de déni des droits des Palestiniens. Mais il ne faudrait pas le voir en noir et blanc.

    Si c’est le premier pas vers la reconnaissance du droit irréfutable du peuple palestinien à l’auto-détermination, ce serait alors une contribution positive à l’établissement d’une paix juste et durable en conformité avec la législation internationale.

    Si l’intention est simplement de ressusciter la solution comateuse de la solution à deux Etats dictée par Israël, cela ne ferait que perpétuer un régime injuste.

    Mais si, comme sous-entendu, cela consiste à seulement ressusciter la version comateuse de la « solution à deux Etats » qui, dictée par Israël, oublie les droits fondamentaux des Palestiniens, ce serait une preuve de la complicité britannique pour accorder une légitimité au régime injuste d’Israël.

    Comme l’a prédit le Secrétaire d’État John Kerry, après tout, le déni des droits des Palestiniens par Israël et la colonisation continue des territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem Est, transformera la solution putative à deux Etats en Bantoustans palestiniens dans un « Etat d’apartheid » d’Israël.

    Selon les Nations Unies, le droit des Palestiniens à l’auto-détermination comprend, en plus de la souveraineté nationale, « le droit inaliénable des Palestiniens à retrouver leurs maisons et leurs biens d’où ils ont été déracinés et évincés ».

    Une écrasante majorité de la société civile palestinienne a déclaré, dans l’appel historique de 2005 au Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël, que pour mettre en œuvre l’auto-détermination palestinienne, il fallait mettre fin à l’occupation et la colonisation par Israël depuis 1967, « reconnaître les droits fondamentaux des citoyens arabes-palestiniens d’Israël à une totale égalité », et le droit pour les réfugiés palestiniens de retrouver leurs maisons et leurs terres d’où ils ont été chassés par la force en 1948.

    Israël a violemment refusé la pleine égalité, dans ses principes et dans ses lois, pour ses citoyens palestiniens parce que cela saperait, de facto et de jure, sa volonté d’être un Etat exclusivement juif. Cependant, même le Département d’État américain a critiqué Israël parce qu’il maintenait un système de « discrimination institutionnelle, juridique et sociétale » contre ses citoyens palestiniens.

    Les Palestiniens attendent des gouvernements mondiaux, et spécialement du gouvernement britannique directement responsable de la création de la question palestinienne, de reconnaître, avant toute autre chose, notre droit à l’égalité des droits avec toutes les autres nations et tous les autres êtres humains.

    Nous voulons ce que l’Archevêque Desmond Tutu appelle « le menu complet des droits ».

    Traduction : J.Ch. pour l’Agence Média Palestine 

    Source:

    http://www.nytimes.com/roomfordebate/

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/10/17/omar-barghouti-la-reconnaissance-d-un-etat-palestinien-sans-lintegralite-de-ses-droits-na-pas-de-sens/

  • Notes politico-militaires sur la bataille de Kobané (TC Npa)

    1. Petit rappel historique

    Vous n'êtes pas sans savoir que le PKK a eu ses heures maoïstes et tiers-mondistes. Vous n'êtes pas sans savoir que Hô Chi minh tient une certaine place dans la tête d'Öcalan. Alors je vais effectuer un retour aux sources avec une métaphore d'Hô Chi minh; celle du tigre et de l’éléphant :

    L'esprit de l'homme est plus fort que ses propres machines... Ce sera une guerre entre un tigre et un éléphant. Si jamais le tigre s'arrête, l'éléphant le transpercera de ses puissantes défenses. Seulement le tigre ne s'arrêtera pas. Il se tapit dans la jungle pendant le jour pour ne sortir que la nuit. Il s'élancera sur l'éléphant et lui arrachera le dos par grands lambeaux puis il disparaîtra à nouveau dans la jungle obscure. Et lentement l'éléphant mourra d'épuisement et d'hémorragie. Voilà ce que sera la guerre d'Indochine

    Cela a résumé la stratégie élaborée par son chef d’État major Võ Nguyên Giáp. Il est mort en 2013. Il fut l'artisan de la défaite française et américaine au Vietnam. Il fut le seul général d’État major qui a su vaincre successivement deux armées impérialistes dans une lutte de libération nationale, dont la première puissance mondiale. Il est considéré comme le principal responsable de la défaite française à la bataille de Diên Biên Phu. Il n'avait pourtant reçu aucune formation militaire. Ses stratégies sont malgré cela parmi les plus étudiées au monde. Je vous recommande vivement de vous y intéresser.

    Pourquoi vous parle-je de ce monsieur de l'Extrême-Orient ? Parce que ce qu'il vient de se passer à Kobané est une mise en pratique des tactiques militaires de ce monsieur doublée d'un certain génie d'adaptation de la part des YPG/YPJ (unités de protection armées, hommes et femmes du PYD – parti kurde syrien frère du PKK).

    2. L’Éléphant charge, le tigre le touche une première fois

    La situation semble catastrophique, n'est-ce pas ? Plus de 70 villages ont été pris aux YPG/YPJ qui sont aujourd'hui acculés dans la ville de Kobané dont ils ont en partie perdu le contrôle. La supériorité écrasante en armes et en nombre des combattants de Daech semble indiquer une défaite inévitable. La Turquie soutenant logistiquement et militairement Daech, ne laisse entrevoir qu'un avenir sombre pour nos révolutionnaires Kurdes aux abois... Cela fait plusieurs jours que les médias annoncent la chute de la ville mais elle ne tombe pas. Une lutte acharnée a été menée maison par maison. Pourquoi et comment une telle résistance ? Petit retour en arrière.

    En juillet dernier les troupes de Daech lancent un premier assaut majeur sur les positions des YPG. Daech avait rapporté son armement d'Irak : ses chars lourds russes et américains, ses missiles thermiques dernière génération, ses obusiers lourds face aux kalachnikovs des YPG/YPJ. La première phase de la bataille de Kobané s'était soldée par un échec cuisant des troupes de Daech face aux troupes kurdes qui avait su user d'une extrême mobilité sur le front. Si vous voulez avoir un résumé de la première bataille de Kobané, j'ai réalisé une partie des descriptifs de la première bataille sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Première_bataille_de_Kobané

    Le bilan est un échec cuisant pour Daech qui partait avec un avantage de départ criant : les YPG affirment que les affrontements ont fait 685 morts dans les rangs de l'État islamique, dont 5 émirs. Il revendique également la destruction de 6 chars et de 14 bases. Les pertes des YPG sont de 72 morts. Les combats auraient atteint une intensité inédite avec le bombardement par l'État islamique des villages de Zor Mixar et Beyadiyê avec plus de 3 000 obus. Les YPG déclarent également avoir repris plusieurs villages, ainsi que des collines stratégiques. Je vous laisse imaginer ce que coûte le bombardement de ces pauvres petits villages par Daech avec plus de 3 000 obus de dernière génération. Au final, la première bataille de Kobané s'est clairement soldée par un échec de Daech.

    3. L’Éléphant s'enrage et s'en prend à un autre mastodonte

    En août dernier, Daech fait tomber trois bases de l'armée arabe syrienne : la division 17 basée à Raqqa, la base de la brigade 93 et la plus connue, la base aérienne de Tabqa. Daech a sacrifié des centaines d'hommes dans ces assauts dans l'espoir de libérer plus de troupes et de récupérer des armes. Il n'empêche que le coût en pertes humaines fut très lourd. Cela lui a permis de récupérer du matériel et des hommes pour les concentrer sur un autre front. Un excellent article de The Arab Chronicle en parle bien : http://the-arab-chronicle.com/fall-of-tabqa-airbase-chute-base-tabqa/

    A la suite de ces victoires, l’État islamique a gagné un grand prestige. L'OSDH estime qu'au mois de juillet 6 000 hommes l'ont rejoint. En septembre, une grande partie d'entre eux ont reçu une formation nécessaire dans les rudiments du combat permettant à Daech d'envisager un assaut à la mi-septembre. De plus, Daech a engagé en parallèle des négociations avec une veille alliée...

    4. L'accord entre la Tulipe et l’Éléphant

    Rappelez vous de la prise d'otage des 90 Turcs, lors de la prise de Mossoul par Daech en juin dernier, principalement des routiers et du personnel consulaire. Les Turcs soutenaient Daech depuis un moment dans le but d'écraser Bachar et les Kurdes. Mais la Turquie commençait à se poser des questions sur un soutien devenu trop voyant. Toutefois, Erdogan, dans sa grande subtilité, s'est dit que s'il soutenait Daech il obtiendrait deux choses : la libération des otages turcs (ce qu'il a obtenu) et la chute du berceau de la révolution kurde : Kobané. Il a donc effectué des livraisons importantes de munitions pour renflouer Daech, déjà largement utilisées lors de la première bataille de Kobané. Ces livraisons ont été massives jusqu'a la remise récente des otages le 20 septembre.

    Peu de temps après, la Turquie a déclaré rejoindre la coalition anti-Daech mais... en empêchant les Kurdes et les armes de traverser les frontières pour rejoindre leurs frères d'armes. La Turquie a gavé Daech allant jusqu’à faire en train des livraisons d'armes et de tanks derrière les lignes de front d’après des témoins interrogés par  Firatnews. Même Joe Biden, vice-président des États-Unis, grand allié de l'État turc, a balancé l'info[1]. C'est un secret de polichinelle : La Turquie soutien Daech.

    5. L’Éléphant charge derechef...

    Sûr de lui, Daech a rassemblé toutes ses troupes disponibles, environ 1/3 de ses hommes, probablement autour de 10 000 combattants surmotivés et suréquipés d'armes de dernière génération fraîchement ravitaillées. Mais premier petit bémol que les stratèges remarqueront : l’État islamique a pris plus de 60 villages en moins de 48h... peuplés de seulement 800 habitants ! Le reste avait déjà traversé la frontière turque ! Bah oui, 300 000 réfugiés ont franchi la frontière sains et saufs grâce aux YPG qui avaient prévus de longue date cette charge à tombeau ouvert[2]. D’ailleurs Daech n'a pu se défouler que sur une dizaine de Kurdes exécutés en place publique. Loin du massacre annoncé...

    6. Et le tigre frappe une deuxième fois...

    Face à cette avancée fulgurante les YPG ont tenu des dizaines d'embuscades dans leur retraite préméditée. Daech fut largement retardé et a perdu beaucoup d'hommes pour en fin de compte  prendre le contrôle de villages agricoles désertés. Mais Daech, sûr de sa victoire prochaine, prit cela comme une avancée majeure et vit la retraite kurde comme une lamentable déroute face à sa supériorité incontestable.

    Les Kurdes s'étaient retranchés autour de la ville de Kobané. Cette zone était fortifiée en particulier la colline de Miştenur. Ce fut le début d"une lutte de conquête mètre par mètre pour Daech qui s'attendait à une victoire facile. Le matin du 4 octobre, au 20ème jour de la résistance de Kobané, la colline de Mistenur était jonchée de 150 cadavres de Daech abandonnés aux corbeaux[3]. Un grand nombre de chars furent détruits dans une tempête de feu qui s'abattit sur l’État islamique. Son artillerie vida une quantité colossale d'obus pour repousser de seulement quelques mètres la ligne de front. L'utilisation de missiles Grad[4] pour bombarder Kobané est révélateur : une salve de missiles Grad est capable de raser des quartiers entiers. L'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'homme) avait calculé que plus de 90 obus étaient tombés sur Kobané en une seule journée, peu de temps avant que Daech n'y entre.

    7. L’Éléphant repousse le tigre dans ses retranchements

    Au prix de centaines de morts, de blessés, de véhicules blindés lourds détruits, de munitions gaspillées, Daesh a fini par entrer dans Kobané il y a quelques jours. Les Kurdes ne s'attendaient pas à un tel déferlement de violence et ils durent se retrancher dans la ville. L'un des révélateurs de ce recul fut l'utilisation de commandos suicide et le sacrifice d'une capitaine kurde qui se fit sauter sur les djihadistes.

    Daech n'avait pas prévu une telle résistance de la part des Kurdes. Pour avancer, il dût s'appuyer sur l'arrivée d'armement lourd venu de ses bases arrière notamment de Raqqa, ainsi qu'un bien plus grand nombre d'hommes. Daech commença à déployer toutes les forces syriennes dont il dispose dans la bataille avalant toujours plus de matériels et d'hommes. Un des faits révélateurs que les Kurdes n'avaient pas lâché était que le repli orchestré se fit de façon méthodique. J'y reviendrai.

    8. L’Éléphant tente d'éradiquer le tigre affaibli mais se prend un arbre.

    Daech fut rempli d'enthousiasme. Posant pied dans la ville tant rêvée, pourtant remplie de quartiers fantômes, ses hommes redoublèrent d'effort. Ayant pris place dans l'est de la ville, un combat brutal a plongé les djihadistes dans une spirale infernale de violence. Chaque maison, chaque coin de rue était un traquenard dans une ville que les djihadistes ne connaissaient pas. Les Kurdes le savaient et les armes lourdes de Daech perdirent en efficacité : les chars rentrés dans la ville étaient à portée de tirs des charges anti-tank, les ligne de tirs de l'artillerie se retrouvèrent obstrués par des bâtiments fantôme. Maison par maison, bombardement par bombardement Daech subissait tout ce que pouvait espérer le PKK : une usure lente, un déchaînement de l’État islamique au prix de pertes énormes. Le PKK obtint un écho international de sa lutte et avait entraîné Daech sur son terrain : la guerilla urbaine qui est favorable à l'infanterie légère.

    Daech a beau contrôlé 40% de la ville, mais c'est au prix d'une concentration maximale de ses forces et de pertes importantes. Être capable d'alimenter une telle machinerie de destruction est un défi important pour Daesh. Une défaite de Daesh à Kobané signifierait purement et simplement un recul majeur de l’État islamique, un recul dont il se remettrait très difficilement. Pour vaincre à Kobané, Daesh devra encore anéantir des milliers de combattants kurdes. L'un des éléments marquants de cette nouvelle phase de la bataille est l’emploi de plus en plus systématique d'attentats suicides contre les YPG. Cela signifie que ni les bombardements, ni les chars lourds, ni les assauts de masse n'ont brisé la ligne de défense et que la dernière option est le bourrage d'explosifs d'un camion à faire sauter avec un kamikaze à l'intérieur. C'est un aveu d'impuissance malgré une force de frappe considérable.

    9. Le coup de griffe du Tigre

    Venons-en au bilan chiffré. Ce ne sont pas les kurdes qui le disent, mais l'observatoire des droits de l'homme[5] :les YPG ont perdu, de façon sûre, 226 hommes et femmes. Ce bilan est proche de la réalité, les enterrements des milices kurdes étant officiels et largement acclamés par la population, les noms des morts diffusés. De plus les YPG déclarent à peu près le même bilan. Vous pouvez d’ailleurs observer dans l'article de Wikipédia, sur la première bataille de Kobané, que L'OSDH déclare moins de morts dans les rangs des YPG que les YPG elles-mêmes (OSDH déclare 72 morts alors que les YPG 74). Pour les Kurdes, le bilan est donc fiable. En terme de pertes matérielles, à part quelque tracteurs et des transporteurs de troupes, pas grand chose à signaler.

    Maintenant vous observerez que l'OSDH dans son article en anglais ne cite pas le nombre de morts de Daech, ce qu'il fait en arabe : 298 morts ! Premier constat : Daech a nettement plus de morts alors que son armée est suréquipée. De plus L'ODSH précise dans son article en arabe que le nombre de morts est certainement 2 fois supérieur à ce qui est annoncé ! Cela signifie que sur 550 morts en 25 jours de combat (26 selon les YPG) il y aurait eu 1 100 morts, dont la très grande majorité pour Daech. Cela coïncide avec les déclaration des YPG. Daech a probablement perdu plus de 800 hommes sans parler des blessés et des pertes matérielles considérables.

    10. Résumé de la stratégie des YPG/YPJ

    Tout leur repli était préparé et prémédité, même si ils ne pensaient pas reculer aussi loin. C'est pour cela que les YPG enregistrent peu de pertes en comparaison aux immenses moyens déployés par l’État islamique. Le but des YPG était d’entraîner Daesh dans une spirale infernale  l'obligeant à utiliser de plus en plus de moyens pour le pousser au-delà de ses limites tout en préservant ses propres forces. C'est chose faite. L’État islamique a misé toute ses forces dans la bataille pour la prise d'un canton kurde sur les trois. Cela signifie que paradoxalement l’État islamique n'a jamais été aussi exposé.

    L’Éléphant montre son flanc ! La multiplication des attentats suicides des djihadistes, le bilan des morts des YPG de plus en plus bas (5 morts pour la journée de vendredi 10 octobre) montre que Daech commence à se fatiguer dangereusement. Effet pervers de cet assaut ultramassif : cela a attiré les frappes de la coalition. Toute la machine militaire de l’État islamique est autour de Kobané, c'est pour cela que la coalition frappe et non dans l'espoir de sauver la ville. Bref Kobané est devenu un sac à point pour les chasseurs-bombardiers américain. Toute l'artillerie et les chars lourds de Daech sont exposés. A leur manière les États-Unis sont tombés dans le piège du PKK, obligés de frapper Daesh à Kobané alors qu'ils ont tout fait, dans un premier temps, pour éviter de venir en aide au PKK/PYD.

    Autre événement encourageant : désertant les autres fronts, Daech recule sur le front du puissant canton kurde de Cizîre. Il y a perdu plusieurs dizaines de villages ces dernières semaines. En une journée les YPG de Cizîre ont repoussé le front de 10 kilomètres à Sêrékaniyé. A Rabia, poste frontière irakien, une vidéo à fait le tour des médias kurdes[6]. Droit dans ses bottes, un officier kurde explique l'encerclement des djihadistes dans la ville et la prise de trois véhicules blindés de Daech, ceux-ci trônant en arrière fond dans la vidéo accompagnée d'autres prises de guerre.

    Conclusion provisoire

    Bien que la ville soit réellement en danger, il ne faut pas sous-estimer le PKK, organisation qui lutte militairement contre l’État turc, deuxième armée de l'OTAN, depuis plus de 30 ans. La stratégie employée a tout d'une veille tradition militaire maoïste qui a démontré son efficacité. Il est temps plus que jamais de soutenir le PYD qui a une chance de l'emporter. Nous sommes solidaires de milliers de combattants et combattantes des YPG/YPJ qui risquent leur vie chaque jours dans la lutte contre les théofascistes de Daech. Nous saluons le PYD qui a protégé les populations avec ferveur, laissant le moins de monde possible en arrière. D'après l'OSDH il n'y a eu qu'une vingtaine de civils qui sont morts, la plupart dans des bombardements.

    De plus malgré une situation difficile, il n'a pas cédé politiquement à tous les impérialistes du monde entier qui cherche à le faire plier. Il n'a pas cédé au chantage cynique de la Turquie qui a dit : soit vous vous mettez sous la coupe et la direction politique de l'ASL et dans ce cas on peut envisager de ne plus vous mettre des bâtons dans les roues, soit on favorisera votre anéantissement. C'est un enjeu central que le PYD refuse de se soumettre à l'impérialisme et de se mettre sous la coupe de la direction de l'ASL.

    Nous avons proposé, lors du CPN du NPA des 20-21 septembre[7], que le NPA propose une campagne unitaire du mouvement ouvrier pour fournir une aide matérielle au PKK/PYD. Cette proposition n'a reçu aucun soutien au CPN. Nous nous en désolons. Nous saluons l'initiative des révolutionnaires suédois[8] (Arbetarmakt) qui ont écrit à l'ensemble des forces socialistes et révolutionnaires pour participer à une campagne unitaire de dons pour fournir des armes au PKK/PYD. Nous saluons la collecte organisée par le groupe allemand « Neue antikapitalistische Organisation »[9]

    Il n'est pas trop tard pour Rojava : le NPA doit lancer au plus vite une campagne de solidarité concrète pour aider matériellement et militairement les forces du PKK/PYD à vaincre Daesh.

    (13 octobre 2014)

    Raphaël, comité Jeunes travailleurs du NPA

    Lire les notes

  • Syrie: L'Etat islamique utilise-t-il des armes chimiques? (CI)

    *

    Un groupe de recherche israélien estime qu'il est possible que l'organisation de l'Etat islamique ait utilisé des armes chimiques contre les Kurdes en Syrie. En parallèle de cette information, The New York Times a révélé l'existence d'armes chimiques en Irak.
     
    Le groupe de recherche Gloria, dont le siège est à Tel-Aviv, a publié le 12 octobre un rapport selon lequel l'organisation Etat islamique (EI) semble avoir utilisé des armes chimiques en Syrie, rapporte le site d'info israélien Ynet. "D'après l'étude, il semblerait que l'utilisation d'armes chimiques ait commencé en juillet, au début des affrontements entre les forces kurdes et l'EI, près de Kobané, en Syrie. Le rapport précise qu'au moins trois combattants kurdes sont morts à la suite d'une attaque chimique", détaille le site.

    Pour en venir à cette hypothèse, le chercheur Jonathan Spyer, qui a dirigé l'étude, s'est appuyé sur des photos montrant les cadavres de combattants kurdes après l'affrontement du 12 juillet dans le village d'Adviko. Une équipe médicale mobilisée par le ministre de la Santé de l'autorité kurde avait dans un premier temps observé que les cadavres de trois combattants kurdes ne comportaient aucune trace de balles ou de sang.

    Traces de brûlure et taches blanches

    Jonathan Spyer a eu accès aux photos des cadavres de ces combattants. Il a choisi de les diffuser en même temps que son rapport sur le site de Gloria. "Ils ont sur la peau des traces de brûlure et des taches blanches qui, pour les experts, peuvent indiquer l'utilisation d'un agent chimique comme le gaz moutarde", précise le chercheur, avant de conclure : "On ne peut pas tirer de conclusions définitives sans mener une enquête plus approfondie."

    De son côté, The New York Times a publié le 15 octobre une grande enquête sur l'existence d'armes chimiques en Irak datant de l'ère Saddam Hussein et en particulier de la guerre Iran-Irak [1980-1988]. Le quotidien new-yorkais révèle notamment que des soldats américains et des soldats irakiens ont été exposés à ces armes entre 2004 et 2011, et que le Pentagone leur a demandé de garder le secret. "Au total, les troupes américaines ont fait état, dans le plus grand secret, de la découverte d'environ 5 000 ogives, obus et bombes aériennes contenant des armes chimiques", écrit le journal.

    Dans son éditorial du jour, le New York Times dénonce la volonté du Pentagone d'étouffer l'affaire et met en garde le gouvernement américain de l'usage qui pourrait être fait de cet arsenal chimique, notamment par l'EI. "Les autorités américaines affirment pour l'instant qu'il est peu probable que des combattants de l'EI utilisent ce stock d'armes chimiques, mais les deux experts en contrôle de l'armement Joseph Cirincione et Paul Walker ont suggéré sur le site Internet Defense One consacré aux questions de sécurité nationale que l'EI aurait utilisé ces armes pour tuer des combattants kurdes à Kobané", conclut le New York Times.
     
    http://www.courrierinternational.com/article/2014/10/16/l-etat-islamique-utilise-t-il-des-armes-chimiques
  • Toulouse: Un collectif pour soutenir les Kurdes de Kobané contre Daesh (20 mn)

    «Nous manifestons déjà depuis plus d’un mois.

    C’est bien, mais ça ne suffit pas.» C’est à partir de ce constat, dressé par le responsable de la Maison franco-kurde Midi-Pyrénées Ahmet Alim, qu’est né le collectif Urgence Solidarité Kobané - Soutien au Peuple Kurde.

    D’envergure régionale, cette structure officiellement constituée mardi, rassemble associations kurdes et françaises, mais aussi des partis politiques et des syndicats, très majoritairement de gauche. L’objectif est évident: venir en aide aux combattants kurdes qui luttent dans la ville syrienne de Kobané, à la frontière turque, contre les jihadistes de Daesh.

    Le «double jeu» turc

    «Il s’agit de faire pression sur le gouvernement français et de créer une opinion publique favorable pour apporter une aide matérielle aux forces kurdes afin qu’elles puissent se défendre, reprend Ahmet Alim. Il n’y a pas besoin d’intervention terrestre mais d’armes. Une collecte pour les réfugiés va être organisée. Si on n'agit pas comme il faut, il y aura un génocide.» Le nouveau collectif critique sévèrement le «double jeu» de la Turquie, membre de la coalition anti-jihadistes, mais accusée de commerce d’armes et de pétrole avec Daesh.

    «Un drame humain se joue sous nos yeux, mais la communauté internationale n’agit pas», accuse Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PCF 31, membre du collectif. Une rencontre rapide avec la Région Midi-Pyrénées est espérée. En attendant, une nouvelle manifestation est prévue samedi à Toulouse dès 16h, place du Capitole.

    «Entre 3000 et 5000 Kurdes» en Midi-Pyrénées

    Selon des sources internes à la communauté, «entre 3000 et 5000 Kurdes» vivent en Midi-Pyrénées. «Quelques-uns» sont partis à Kobané, pour lutter contre les jihadistes de DAESH. Nicolas Stival

    http://www.20minutes.fr/toulouse/1460979-20141014-toulouse-collectif-soutenir-kurdes-kobane-contre-daesh

  • Gaza, France : les 18 et 22 octobre, pour le peuple palestinien, contre la criminalisation de la solidarité (Npa)

     

    Malgré le cessez-le feu, la situation du peuple palestinien est loin d’être réglé  : le blocus contre Gaza est toujours maintenu tout comme la colonisation en Cisjordanie. En France, le gouvernement maintient lui aussi le cap, ne surtout pas s’opposer à la politique de l’État d’Israël et criminaliser le mouvement de solidarité. Les raisons de se mobiliser ces prochains jours sont donc plus que jamais d’actualité.

    L’offensive terrestre contre Gaza s’est arrêtée le 26 août dernier mais cela ne veut pas dire que le conflit soit terminé. Défaits politiquement, et n’ayant pu venir à bout de la résistance, l’armée et le gouvernement israéliens entendent faire payer leur échec à tout un peuple. Les négociations engagées à l’issue du cessez-le-feu sont dans l’impasse, et rien ne laisse présager une quelconque «  ouverture  » de la part du gouvernement d’extrême droite.

    Avec ou sans opération militaire, Israël reste un État criminel. Qu’il y ait offensive militaire ou pas, Israël prive en permanence les habitantEs de Gaza et de Cisjordanie de leurs droits les plus élémentaires. Pour les uns, c’est un blocus complet de leur territoire, offensives militaires régulières, privation de certaines ressources, tandis que pour les autres, c’est une occupation grandissante, le contrôle des ressources en eau, la construction d’un mur d’apartheid et de colonisation et des arrestations arbitraires.

    La fin du blocus contre les gazaouis, l’amélioration de la vie des Palestiniens et la reconnaissance de leurs droits ne sont pas à l’ordre du jour de l’État d’Israël qui continue sa politique coloniale et d’apartheid, avec l’aval des grandes puissances occidentales dont la France.

    Relancer la mobilisation

    La mobilisation pour le peuple palestinien doit donc reprendre des couleurs dans les semaines qui viennent. C’est dans cette perspective que plusieurs organisations et associations dont l’Association France Palestine solidarité (AFPS) ont repris l’idée de BDS Perpignan de remobiliser le mouvement de solidarité pour exiger la levée du blocus de Gaza, la mise en place d’un embargo sur les livraisons d’armes, la suspension de l’accord d’association avec Israël, et la reconnaissance de l’État palestinien.

    Après des mobilisations en régions les 9-10-11 octobre, une nouvelle journée de mobilisation, «  Convergence Palestine  », a lieu ce samedi 18 octobre à Paris. De 14 heures à 18 heures, place de la République, aura lieu un grand rassemblement avec prises de parole, concert et animation. Cela doit être une réussite car, quelles que soient les nuances dans les revendications portées par les différentes composantes du soutien à la Palestine, cette échéance nous paraît importante.

    La solidarité  : un droit, pas un délit

    Après avoir tenté de diaboliser cet été le mouvement de solidarité, le gouvernement a voulu le museler en interdisant certaines manifestations. Cela constitue une atteinte grave aux droits élémentaires et aux libertés fondamentales. Le gouvernement veut criminaliser la légitime expression d’une solidarité avec le sort du peuple palestinien, et ne recule devant rien pour stigmatiser et empêcher cette solidarité. Les militantEs de la campagne BDS sont régulièrement poursuivis, tout comme un certain nombre de militantEs ayant participé aux manifestations interdites, convoqués au tribunal le 29 octobre prochain, ainsi que notre camarade Alain Pojolat convoqué lui le mercredi 22 octobre pour avoir déclaré à la préfecture ces manifestations... interdites par la suite  !

    Face à cette tentative d’intimidation et de criminalisation du mouvement de solidarité, le site Mediapart a publié un appel de 200 personnalités  [1] – syndicalistes, politiques, mouvement social, intellectuels et artistes – qui exigent l’arrêt des poursuites engagées contre ces militants et réaffirment que la solidarité est un droit, pas un délit  ! Cet appel est devenu une pétition à faire signer largement  [2].

    À l’initiative de l’AFPS, du PG, de Solidaires, de l’UD CGT 75 et du NPA, un rassemblement unitaire pour dénoncer cette criminalisation a lieu à Paris devant le Palais de justice, le mercredi 22 octobre à partir de 8 h 30, au moment où Alain Pojolat est convoqué au tribunal. Soyons-y nombreux et nombreuses  !

    Le combat continue.

    Sandra Demarcq  16 octobre 2014

    Notes

    * Paru dans l’Notre presse : Hebdo L’Anticapitaliste - 260 (16/10/2014). http://www.npa2009.org/

  • Qui bénéficie des milliards promis pour la reconstruction de Gaza? (Agence Media Palestine)

    Une conférence de donateurs qui s’est tenue au Caire dimanche dernier pour la recons- truction de Gaza dévastée par la guerre a affiché un engagement total de 5,4 milliards de dollars de la part de différents gouvernements occidentaux et arabes.

    En réalité, Israël est le véritable bénéficiaire de cette aide monétaire. La communauté internationale, ainsi qu’elle se proclame, a une fois de plus payé la facture de la reconstruction de même qu’elle arme Israël et l’assure de l’impunité qui ne fait que récompenser son assaut sur Gaza et garantit essentiellement sa répétition.

    « C’est la troisième fois en moins de six ans, qu’avec les habitants de Gaza, nous avons été contraints de faire face à un effort de reconstruction » a déclaré un John Kerry exaspéré à la conférence. C’est comme si, pour le secrétaire d’État américain, le bain de sang de cet été était tout sauf inévitable, vu tout l’armement prodigué à Israël ajouté à l’aide financière et à la couverture diplomatique déployées depuis les assauts d’envergure de novembre 2012 et de l’hiver 2008-2009.

    Les participants à la conférence des donateurs ne font que l’effort minimum leur permettant de prétendre qu’ils donnent la priorité aux survivants de Gaza, alors que plus d’un sur mille des 1 800 000 Palestiniens de Gaza, dont la plupart sont réfugiés, a été tué.

    L’Autorité palestinienne, basée dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, a déjà annoncé que la moitié des engagements financiers de la conférence de dimanche ne parviendra même pas à Gaza.

    Les engagements pour Gaza détournés à Ramallah

    Au contraire, ces fonds seront détournés vers le budget de l’Autorité palestinienne sur des postes non spécifiés.  Bien que l’AP n’ait pas dit comment elle va utiliser les fonds levés à la conférence pour la reconstruction de Gaza qu’elle s’est réservés, « le secteur de la sécurité s’est développé plus vite que n’importe quel autre domaine de l’Autorité palestinienne », au cours de la dernière décennie, ainsi que l’ont noté Sabrien Amrov et Alaa Tartir dans un document de politique générale publié par le think tank palestinien Al-Shabaka.

    L’année dernière, 26% du budget de l’AP ont été consacrés à la sécurité (en comparaison des 16% pour l’éducation, 9% pour la santé et un minuscule 1% pour l’agriculture qui est historiquement la colonne vertébrale de l’économie palestinienne). 44% des fonctionnaires de l’AP sont employés dans le secteur de la sécurité – plus que dans tout autre, ont souligné Amrov et Tartir.

    L’Autorité palestinienne – qui a déjà bloqué les efforts pour porter les crimes de guerre de Gaza cet été devant la Cour pénale internationale – est dirigée par Mahmoud Abbas, qui a récemment décrit la collaboration avec les forces d’occupation israéliennes en Cisjordanie comme « sacrée ».

    L’AP se saisit de l’opportunité

    Plus de quarante Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée depuis le début de l’année ; quatorze ont été tués pendant la même période en 2013. « La coordination de la sécurité » est de toute évidence concernée par la préservation des vies palestiniennes.

    Ainsi que l’ont souligné Amrov et Tartir, « la résistance armée naguère considérée comme inséparable de la lutte palestinienne pour l’auto-détermination, est traitée par l’AP comme une forme dissidente qui relève non simplement du contrôle mais de l’éradication et de la criminalisation.

    Le paradigme actuel de la coordination de la sécurité, disent Amrov et Tartir, « est de criminaliser la résistance contre l’occupation et de laisser Israël – et ses laquais – être seuls détenteurs de l’usage des armes contre une population sans défense.

    Étant donné que l’Autorité palestinienne qui fonctionne comme la branche policière de l’occupation israélienne, se positionne elle-même comme l’opérateur de la reconstruction de Gaza, cette position sera certainement utilisée comme une opportunité par ceux qui veulent démanteler la résistance armée (qui a défendu Gaza et a fait preuve d’une plus grande discipline et d’une meilleure capacité tactique que dans toutes les confrontations antérieures avec Israël).

    Bien que l’AP ait joué des coudes pour mettre le leadership du Hamas sur la touche à Gaza, toute tentative de reconstruction est soumise au final au pouvoir d’Israël.

    (il vaut la peine de noter que l’Organisation de Libération de la Palestine a déclaré à l’Agence de presse Ma’an News dimanche qu’aucune date n’a encore été fixée pour démarre des projets de reconstruction à Gaza).

    Rappelant aux observateurs qui est effectivement en position de responsabilité, des ministres de l’AP basés en Cisjordanie, dont le Premier ministre Rami Hamdallah se sont vu refuser par Israël des permis d’aller à Gaza où Israël impose une fermeture et un blocus économique, renforcés par la conférence des donateurs tenue en Égypte.

    « Plus de 50 ans pour reconstruire »

    l’Agence d’aide internationale Oxfam a mis en garde la semaine dernière sur le fait que l’argent promis à la conférence mondiale des donateurs « va croupir sur des comptes bancaires pendant des décennies avant qu’il n’atteigne les gens, sauf à ce que les restrictions sur les importations imposées depuis longtemps par Israël ne soient levées ».

    L’importation de matériaux de base pour la construction à Gaza ayant été interdite à quelques exceptions près depuis 2007 et les tunnels d’approvisionnement sous la frontière avec l’Égypte massivement détruits, les Palestiniens sont dans l’incapacité de reconstruire.

    Oxfam a précisé que « dans le cadre des restrictions et du rythme des importations actuels, il pourrait falloir plus de 50 ans pour construire 89 000 nouvelles maisons, 226 nouvelles écoles, de même que des équipements de santé, des usines, de l’assainissement dont les habitants de Gaza ont besoin.

    Quel que soit le montant levé auprès des donateurs internationaux pour la reconstruction, Israël détermine ce qui entre à Gaza et ce qui en sort.

    L’Agence des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires note dans un récent rapport de suivi que des cargaisons de matériaux de construction apportés à Gaza le mois dernier étaient « destinées à des projets pré-approuvés par les autorités israéliennes et dont la mise en œuvre était confiée à des organisations internationales à Gaza ».

    La main mise d’Israël sur l’économie de Gaza s’applique aussi aux exportations – les premiers camions transportant des biens à l’exportation depuis juin sont les deux seuls qui ont été autorisés le mois dernier à traverser la zone de contrôle commercial exercé par Israël.

    Responsabilité ou complicité

    Le BNC, le Comité Palestinien pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions, condamne le manque de pression significative sur Israël pour l’arrêt du blocus qui a mis à genoux l’économie de Gaza avant même les destructions perpétrées à Gaza cet été – au cours desquelles 419 locaux professionnels et magasins ont été endommagés et 128 complètement détruits.

    Le BNC a déclaré dimanche que « les promesses des donateurs financiers n’exonèrent pas Israël de sa responsabilité dans les graves violations du droit international dont il s’est rendu coupable, dont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, pas plus qu’elles ne rendent justice aux victimes palestiniennes.

    La déclaration ajoute que « le blocus israélien et les assauts militaires répétés contre la bande de Gaza occupée font partie des efforts systématiques d’Israël pour séparer de façon permanente la petite bande de Gaza de la Cisjordanie et pour « se débarrasser » de sa population palestinienne nombreuse, composée principalement de réfugiés de la Nakba de 1948, dont les droits et les revendications sont restés sans réponse en Israël.

    Le BNC critique les agences internationales y compris celles des Nations Unies et le Comité International de la Croix Rouge pour avoir agi dans le cadre de la politique israélienne de séparation et de punition collective.

    S’ils n’adoptent pas un embargo militaire global et contraignant sur Israël, les États donateurs, les agences internationales et les organisations non gouvernementales se rendent complices d’une politique injuste et illégale de punition collective ; c’est ce que le BNC exprime clairement. Et il n’y a pas de mécanisme de redevabilité envers le public palestinien.

    Abandonner Gaza

    Face à cette réalité, il est tragique mais non surprenant que de jeunes Palestiniens de Gaza, confrontés à un taux de chômage de 60%, aient perdu espoir et mettent leur vie entre les mains de passeurs dans une tentative pour se rendre en Europe et avoir un avenir.

    « Cela ne s’est jamais encore produit… même aux pires moments, les gens n’ont jamais considéré la possibilité d’abandonner la bande de Gaza », a dit Sarah Roy, qui a étudié l’économie de Gaza pendant trente ans, lors d’un interview fait par Bettina Marx pour Deutsche Welle.

    « La classe moyenne a été réduite à néant » a dit Roy.

    Même le naufrage intentionnel d’un bateau transportant environ 500 passagers dont beaucoup de Palestiniens de Gaza qui sont donnés pour noyés pour la plupart, au large des côtes de Malte le mois dernier, n’a pas endigué la migration de masse de la bande de Gaza via les tunnels clandestins.

    En août 2012 les Nations Unies ont publié un rapport sur la question de savoir si Gaza serait un lieu vivable en 2020. Mais dès aujourd’hui, Gaza est invivable.

    Par Maureen Clare Murphy, mardi 14/10/2014

    Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

    Source: Electronic Intifada

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/10/15/qui-beneficie-des-milliards-promis-pour-la-reconstruction-de-gaza/

  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

     

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

     Kobané est-elle seule ? – « Les conditions de construction d’un mouvement européen contre la guerre ne sont-elles pas réunies ? »
     
    Syrie COURT Mireille - 14 octobre 2014
     

     

    Turquie TAYLOR Rafael - 31 août 2014
     

     

    Syrie CDKF, CUSK-SPK, Maison Franco-Kurde Midi-Pyrénées -14 octobre 2014 Syrie/Kurdistan : nouvelles manifestations annoncées en solidarité avec Kobanê
     

     

    Syrie STIVAL Nicolas - 14 octobre 2014
     

     

    Syrie MARTIN Myriam, TOUBHANS Marie-Pierre, ONGUN Emre, SITEL Francis -14 octobre 
     

     

    Women WMW (Europe) - 12 October 2014
     

     

      Moyen-Orient, Méditerranée Pétition - 10 octobre 2014