Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Solidarité - Page 109

  • Après un été d’horreur (Agence Médias Palestine)

    Ned’a al-Najjar – connue aussi sous le nom d’Um Ayman – ne peut récupérer les vêtements qu’elle a achetés pour le bébé qu’elle attend. Ils sont ensevelis sous les décombres de sa maison, bombardée par Israël cet été. Sa grossesse s’avance et elle passe beaucoup de temps à essayer de maintenir aussi propre que possible son hébergement provisoire – une baraque exiguë en métal.

    Um Ayman et son époux ont trois enfants, dont deux filles jumelles. Le dernier enfant est aveugle. Leur cabane comporte deux petites pièces. L’eau dans sa minuscule cuisine ne cesse de goutter sur le plancher. Et Um Ayman a peur que son logement temporaire ne soit entièrement inondé s’il pleut beaucoup durant l’hiver.

    « J’espère que ce sera la dernière guerre contre nous » dit-elle. « Nous voulons une vie normale ».

    Beaucoup de ses proches et voisins, dans le secteur de Khuzaa (gouvernorat de Khan Younis), sont confrontés aux mêmes problèmes. La maison d’Hamdan Suleiman al-Najjar a été bombardée par Israël dans les dernières heures du 51e jour de l’attaque contre Gaza, cet été.

    Sa famille se compose de neuf personnes. Mais la cabane où elle s’abrite n’a de place que pour six. « J’essaie de poser quelques plaques de métal autour de ma caravane afin de l’agrandir » dit-il.


    « Complètement détruites »

    Les cabanes ont été fournies par la municipalité de Khuzaa, aidée par des organismes humanitaires étrangers. Hatem al-Khour, coordinateur pour l’attribution des hébergements : « Nous avons dénombré 460 maisons complètement détruites à Khuzaa. Nous espérons fournir des logements à toutes les personnes touchées. Mais nous sommes limités par des donations réduites ». Chacun des héber- gements provisoires revient à 6000 dollars (4700 €). Il ajoute que la municipalité a loué un terrain de deux km² pour des abris provisoires. Les branchements pour l’électricité et l’eau ont été installés.

    Boucliers humains

    Khuzaa, proche de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, a été le théâtre de certaines des pires atrocités durant l’offensive d’Israël. Il est prouvé que certains des habitants de Khuzaa ont été, à dessein, utilisés comme boucliers humains par Israël. Le 25 juillet, par exemple, les troupes israéliennes ont pris d’assaut la maison de la famille Qdeih à Khuzaa, où de nombreuses personnes avaient trouvé refuge. Après avoir abattu Muhammad Qdeih, 65 ans, certains membres de la famille élargie, notamment des enfants, ont été forcés de se tenir devant des fenêtres ouvertes, et les soldats tiraient en étant derrière eux. Certains des membres de la famille al-Najjar ont été tués par un bombardement israélien sur Khuzaa ce même jour. Parmi eux, Motassem al-Najjar, un petit garçon de 5 ans.

    « Tremblement de terre »

    Shehda Abu Rouk, le maire de Khuzaa, a comparé l’impact de l’agression israélienne à un tremblement de terre. Même si l’agression est terminée, on n’échappe pas aux destructions qu’elle provoquées. « Nous avons besoin d’au moins quinze engins – notamment des bulldozers et des camions – pour pouvoir enlever tous les décombres des maisons qui ont été démolies » dit Abu Rouk. Dimanche, les donateurs internationaux, qui participaient à une conférence au Caire, ont promis 5,4 milliards de dollars en aide à la reconstruction pour Gaza.

    Ce chiffre peut paraître impressionnant.

    Mais Oxfam, un groupe qui se bat contre la pauvreté, a mis en garde, car une grande partie de cet argent pourrait dormir sur des comptes bancaires pendant des décennies si Israël ne lève pas son siège sur Gaza. Avec les restrictions actuelles, la construction de 89 000 nouvelles maisons, 226 écoles et installations pour la santé, l’eau et le sanitaire, qu’il faut pour la bande de Gaza, pourrait prendre 50 ans, a estimé Oxfam.

    Et il y a un problème encore plus fondamental à résoudre.

    Israël a mené trois offensives majeures contre la bande de Gaza depuis décembre 2008. A chaque fois, les donateurs internationaux ont promis une aide à la reconstruction. Mais Israël n’a jamais été conduit devant les tribunaux pour les dommages qu’il a causés aux précédents projets d’aides, pas plus que pour ses crimes contre l’humanité. Les familles qui vivent à Khuzaa ont besoin de nouvelles maisons, certainement. Plus important encore, elles ont besoin qu’Israël soit tenu pour responsable.

    À moins de prendre cette mesure, elles seront vulnérables lors des prochaines agressions.

    Rami Almeghari est un journaliste et conférencier universitaire basé dans la bande de Gaza.

    Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

    Source: Electronic Intifada

    Rami Almeghari – The Electronic Intifada – 17 octobre 2014

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/10/20/apres-un-ete-dhorreur-les-familles-gazaouies-sont-maintenant-confrontees-a-lhiver-dans-des-cabanes-exigues/

  • À Rennes, rassemblement pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (Ufjp)

     

    giarennes-b82fd.jpg

    Le 24 octobre 2014, cela fera exactement 30 ans que Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné en France...

    En 1982, l’armée israélienne envahit le Liban... Après une longue série d’assassinats commis partout dans le monde et notamment en France par les services secrets israéliens à l’encontre de dirigeants palestiniens, c’est l’heure du massacre de la résistance palestinienne et de la gauche libanaise... Le siège de Beyrouth, Sabra et Chatila, les camps d’Ansar et de Khiam, terribles centres de torture et de détention...

    Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste, proche du FPLP participe à la fondation des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), qui décident de mener la lutte contre l’agresseur et ses soutiens "partout où ils se trouvent" l’attaché militaire à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Paris et le responsable du Mossad en France sont exécutés.

    Georges Ibrahim Abdallah est arrêté et accusé pour ces faits. Le gouvernement de l’époque (Chirac- Pasqua-Pandraud) tente également de lui coller sur le dos tout une série d’attentats aveugles commis à la même époque à Paris, accusations finalement démenties par l’enquête. Il est pourtant condamné à la réclusion à perpétuité en 1987. Israël et les USA, qui ont multiplié les pressions, sont satisfaits...

    Georges Ibrahim Abdallah est désormais l’un des plus anciens prisonniers politiques au monde !

    DES MESURES D’EXCEPTION INTOLÉRABLES...

    Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 2003. Une première décision de justice est prise en ce sens, cette année-là. Perben, ministre de la justice de Chirac, fait casser cette décision. Le 20 décembre 2007, une nouvelle demande de libération conditionnelle est examinée en appel. L’audience est fixée le 31 janvier 2008, puis reportée au 17 avril, puis au 4 septembre, puis au 8 janvier 2009, et pour finir, au 26 mars 2009 !

    La cour va se baser sur un avis de la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté de Paris rendu le 22 janvier 2009 concernant Georges Ibrahim Abdallah : "Il revendique ses actes et les justifie par son engagement politique ; il se présente comme un « résistant » qui, à l’époque, luttait par la violence contre l’occupation du Liban par Israël, avec la complicité des États-Unis. (...) La commission constate que Georges Ibrahim ABDALLAH n’a aucunement renoncé à la lutte armée et à l’action terroriste, y compris en France. Sa dangerosité est démontré par son indifférence pour le sort des victimes et la force intacte de ses convictions qui peuvent à nouveau, si le contexte politique s’y prêtait, le pousser à se comporter en activiste résolu et implacable. La commission émet un avis défavorable à la demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah.

    En février 2012, l’État Libanais, demande officiellement la libération de celui qu’il considère à juste titre comme un prisonnier politique : sans succès...

    Puis en 2013, après une nouvelle décision de justice, Manuel Valls, ministre de l’intérieur, obéissant aux injonctions israéliennes et états-uniennes, refuse à nouveau de signer son ordre d’expulsion au seul motif de sa “non-repentance”, notion totalement étrangère au droit français... Au total, ce ne sont pas moins de huit demandes de libération qui sont ainsi repoussées !

    L’AVEU DES GRANDS VALETS

    "Nous n’avons aucune preuve contre Georges Ibrahim Abdallah. La seule chose dont nous pouvons l’accuser, c’est d’être en possession d’un faux- passeport." (J.Attali)
    Ce qui s’est passé était "une conspiration illégale du Renseignement’ .../... "Nous nous sommes vraiment comportés comme des criminels dans cette affaire..." (Y. Bonnet)

    L’ACHARNEMENT DE L’ÉTAT...

    ... Qui ne doivent rien au hasard : elles sont à l’image de la politique de la France, systématiquement complice de l’État colonial israélien, en raison d’intérêts géopolitiques, économiques et militaires communs.

    La France est ainsi le seul pays au monde où l’ordre a été donné aux procureurs de poursuivre les militants qui appellent au boycott de l’État sioniste (circulaire Alliot- Marie). Messieurs Hollande et Valls, en maintenant cette circulaire, ont affirmé la continuité de leur politique avec celle de leurs prédécesseurs.

    La France a été le seul pays à interdire des manifestations de solidarité avec les victimes de l’agression de Gaza en juillet et août 2014. Plusieurs personnes interpellées à Paris dans ces manifestations sont encore emprisonnées, et des organisateurs sont poursuivis.

    Mais la France laisse les mains libres aux colons et aux volontaires de nationalité française qui s’engagent dans les rangs de l’armée israélienne ! Elle encourage la coopération d’entreprises et d’universités françaises avec Israël, elle contribue même financièrement à travers les investissements de la Caisse des Dépôts et Consignations à développer la colonisation !

    LIBERTÉ POUR GEORGES IBRAHIM ABDALLAH ET POUR TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES PALESTINIENS !

    Avec Georges Ibrahim Abadallah, nous sommes solidaires du peuple palestinien et des quelques 7000 prisonniers politiques détenus dans les geôles sionistes. Parmi eux plus de 200 enfants !
    Notre rassemblement s’inscrit dans le cadre plus global de la solidarité avec le peuple palestinien et sa résistance. Une solidarité que nous continuerons à développer à Rennes, dans la dynamique des manifestations de cet été, quand Gaza était détruite par les bombes, que plus de 2100 personnes étaient massacrées, et que messieurs Hollande et Valls assuraient l’État d’Israël de leur amitié indéfectible...

    Tract d’appel au rassemblement du 24 octobre

     

    MANIFESTATION le 24 octobre à 18H place du Parlement à Rennes

    Appel au rassemblement : Association France Palestine Solidarité, Breizhistance, Collectif BDS-Rennes, NPA, PCF-Rennes Métropole, SLB, Union Juive Française pour la Paix

    PALESTINE VIVRA !! PALESTINE VAINCRA !

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3583

     

     

     

  • Des palestiniens essayent de reconstruire une radio féminine progressiste (AMP)

    Quand j’ai rencontré Islam Barbar dans un restaurant de Gaza en 2012 durant une mission sur les droits de l’homme, j’ai été impressionné par son attitude joviale mais décontenancé par le désespoir qu’elle ressentait.

    Bien que Barbar publiaient des rapports médiatiques, gérait son propre centre de formation aux médias et était active dans le domaine des droits des femmes, le seul endroit où elle rêvait d’aller était la Cisjordanie occupée. Non seulement elle n’avait jamais visité d’autres endroits en Palestine, mais à 26 ans elle n’avait jamais quitté la bande de Gaza assiégée. Le rapport qu’a publié l’Institut International de Presse après notre visite mettait en évidence le besoin de liberté de mouvement entre Gaza et à la fois la Cisjordanie et Israël.

    Pour ma part, j’ai réussi à faire venir Islam au Caire en 2013 pour participer à une conférence sur la radio communautaire Aswatona dans laquelle j’étais impliqué. Les praticiens de la radio participant ont échangé des idées sur la façon d’établir, de gérer et de financer une station communautaire. Une idée souvent discutée était de commencer par une radio en ligne et ensuite d’évoluer vers la sphère FM. Energisée par la possibilité de radiodiffuser, Islam est rentrée à Gaza et s’est fixée pour objectif de créer une station de radio spécialisée sur les problèmes des femmes.

    En un an elle a réussit à obtenir une petite subvention des programmes britanniques de soutien aux médias communautaires au travers de l’Institut Média Oarva, une ONG palestinienne qui lui a aussi apporté un support technique. Nissagaza.com fut lancée le 30 avril 2014 depuis son centre médiatique de la ville de Gaza avec la participation d’associations locales de femmes, de femmes activistes et de dirigeants locaux de tous horizons. Le jour du lancement, Islam était particulièrement excitée par le jingle musical créé pour la nouvelle station pour les femmes par un supporter masculin. Elle utilise cette histoire ainsi que la présence d’hommes et de femmes à sa station pour ramener à la maison l’idée que les questions de genre ne sont pas l’apanage des femmes.

    Barbar, qui vient d’une famille progressive de la région de Jabalya au nord de Gaza a commencé à passer de longues heures dans le studio/bureau. Les volontaires devaient être formés, les programmes radios supervisés, et des financements modestes devaient être trouvés. Elle senti qu’elle devait former les femmes à la technique et au journalisme ainsi que les sensibiliser aux enjeux sociaux élémentaires. Après plusieurs mois d’émission sur les ondes, la station bourdonnait de gens et d’idées. En un temps record elle et la station furent connues, des plaques et certificats d’appréciation ornèrent son bureau et sa radio. Les idées de programme et les appels pour des coopérations et partenariats commencèrent à pleuvoir.

    Quatorze programmes radios indépendants principalement produits et présentés par des volontaires furent émis durant cette saison estivale de Ramadan. Alors que la diffusion se faisait toujours en ligne, elle fut agréablement surprise de voir le nombre d’auditeurs actifs augmenter. « Au départ, quand un programme atteignait les 500 auditeurs, je célébrais. Depuis, nos deux programmes principaux haki sabaia (discussion de filles) et dunia nisaa (le monde des femmes) ont atteint les 2000 auditeurs »  expliqua-t-elle. Les réactions sur l’usage des médias sociaux furent aussi excitantes et réconfortantes. Des journaux arabes de premier plan décrivirent la radio comme le succès des femmes de Gaza.

    La principale plainte qu’elle recevait venait d’auditeurs qui voulaient que la radio émette sur les ondes FM pour que d’autres puissent profiter de la programmation et de la musique qu’elle supervisait personnellement. Haki sabai, qu’Islam animait, présentait quatre jeunes femmes qui échangeaient des problèmes quotidiens intéressants les jeunes palestiniens.

    Dunai Nisaa s’adressait à une génération légèrement plus âgée et traitait de problèmes tels que les crimes d’honneur, les violences domestiques et le divorce. Durant Ramadan un des épisodes populaires traita de la nervosité des hommes palestiniens due aux longues heures de jeûne. Des recherches sur le divorce avaient démontré un fait important. Khula’, le droit pour les femmes de divorcer de leur maris, était apparemment applicable à Gaza bien que peu de femmes le sache et qu’encore moins en aient concrètement fait usage.

    NisaaGaza n’a jamais eu la chance d’informer ses auditeurs de cette importante découverte.

    Le lundi 25 aout, Islam a travaillé jusqu’à 19h00. Avant de partir elle a supervisé un programme médical présenté par un nutritionniste, le Dr Mahammad Hamodeh, qui avec l’aide de deux animatrices, Hiba Zagout et Isra Baba, essayait de prodiguer des conseils santé à leur audience radio. Elle fit aussi le suivi, avec l’une de ses collègues, du rapport qui devait être présenté dans Dunia Nisaa le jour suivant pour informer les femmes de Gaza qu’elles avaient le droit de Kula (divorcer) si elle souhaitaient l’utiliser.

    De retour à la maison, Islam a apprit pas les informations que les Palestiniens dans les tours hautes comme celle dans laquelle elle travaille avaient été évacués suite à des appels des israéliens informant que leurs immeubles allaient être ciblés. Tout le monde savait que la guerre à Gaza allait se terminer et il était clair que les israéliens voulaient améliorer leur position de négociation. Islam était inquiète concernant l’évacuation de son immeuble mais considéra qu’il s’agissait de mesures de précaution et que si quelque chose devait être touché il s’agirait d’un bureau spécifique.

    Islam n’était pas inquiète ; sa station de radio n’était pas politique et il y avait peu de chance qu’elle soit ciblée.

    Ce ne fut pas le cas.

    L’immeuble Basha de 13 étages entier était la cible. A 4h du matin les combattants israéliens ont largué des explosifs faisant s’effondrer la structure de la tour et la réduisant en gravats.

    Islam était dévastée.

    Islam visita les décombres et essaya en vain de trouver quelques restes de son rêve. Pas un microphone, pas un papier et aucune des récompenses et plaques qui avaient été donné à la jeune station. Islam participa à quelques manifestations mais fut en dépression pendant des semaines.

    Mais les espoirs d’Islam se sont réanimés quand des amis et collègues se sont réunis et ont commencé un effort de financement participatif en utilisant l’application indiegogo avec l’espoir de réunir assez de fonds pour retourner sur les ondes. Cette fois-ci, Islam dit que son rêve est d’émettre directement sur les ondes FM. En attendant, l’autre rêve d’Islam de visiter la Cisjordanie, même pour quelques jours, ne s’est toujours pas réalisé.

    Par Daoud Kuttab, journaliste palestinien

    Traduction: Julie V. pour l’Agence Média Palestine

    Source: Huffington Post

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/10/20/des-palestiniens-essayent-de-reconstruire-une-radio-feminine-progressiste/

  • Syrie : Déclaration des détenues politiques dans la prison centrale de Damas (Adra)

    Notre peuple endure beaucoup de douleur en attendant la lumière de la nouvelle aube.

    Des maux qu’il subit, nous en souffrons dans un silence et un blackout prémédités.

    Aujourd’hui, nous allons parler au nom des sans-voix ; nous avons fait des statistiques approximatives qui peuvent contribuer à mettre la lumière sur notre situation pénible et nos souffrances quotidiennes.

    1- Le nombre de détenues politiques dans la prison centrale de Damas (prison d’Adra) est d’environ 500 femmes. Ce chiffre n’inclut pas le nombre des femmes détenues dans les sections de la sûreté estimé à quelques milliers, dont certaines sont maintenues en détention depuis plusieurs mois, bien que la loi en vigueur limite la phase de l’instruction à soixante jours.

    2- Le taux des détenues dans la prison d’Adra qui dépassent la cinquantaine : 30%

    3 - Le taux de femmes enceintes : 5%

    4- Le taux de natalité : 1 naissance par mois

    5- Le taux d’incapacités permanentes (handicaps) en raison de la torture dans les centres de la sûreté : 10%

    6- Le nombre de détenues souffrant de maladies incurables et de maladies dont le traitement est indisponible et qui sont négligées en raison du manque de médecins et la non-disponibilité permanente du médicament : 60%

    7- Le taux de celles qui ont bénéficié de la grâce publiée dernièrement : 10 % dont seulement une petit nombre ne dépassant pas les 3% ont été effectivement libérées.

    8- Le taux des détenues qui ont les moyens financiers pour engager un avocat : 20%, bien que l’avocat ne joue aucun rôle dans les tribunaux de la terreur excepté celui de rapprocher les délai du traitement du dossier.

    9- Le taux des détenues pouvant recevoir de la visite de parents et par conséquent la possibilité d’obtenir un peu d’argent nécessaire à leurs dépenses et besoins personnels ne dépasse pas 30%. Sachant que le coût minimum nécessaire pour un détenu est 5000 livres syriennes par mois.

    Sur ce, nous demandons :

    • Premièrement, le soutien médiatique sous toutes ses formes et de mettre la lumière sur notre situation inhumaine et illégale, puisque la plupart d’entre elles sont maintenues indéfiniment en détention par les juges des tribunaux de la terreur sans aucune justification légale, et d’autres ont vu leur libération refusée, exceptés pour certaines qui ont été en mesure de fournir d’importantes sommes d’argent dont la plupart d’entre nous sommes incapables de réunir.
    • Deuxièmement, le soutien pécuniaire et l’organisation de campagnes de secours au profit des nombreuses détenues qui ont passé plus d’un an en prison avec tout ce que cela suppose comme préjudice infligé à leurs familles et à leurs enfants ; et d’assurer une assistance à leurs familles. A savoir que certaines prisonnières surtout celles dont le conjoint est aussi détenu, se démènent même à l’intérieur de la prison pour collecter de petites sommes qui proviennent des aides et les envoie à leurs enfants qui n’ont aucun soutien.
    • Troisièmement, intensifier la pression internationale pour mettre la lumière sur le simulacre d’amnistie publié récemment et embarrasser le régime syrien pour le forcer à libérer toutes les détenues politiques.
    Collectif-10 octobre 2014 Damas

    https://www.facebook.com/Syria.SANA...

    * Traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33301

  • Syrie. La Turquie ouvre la frontière pour rejoindre Kobané (Ouest France)

    La Turquie a pris des mesures pour aider les combattants kurdes d'Irak à rejoindre, via son territoire, la ville syrienne kurde de Kobané assiégée par les jihadistes.

    « Nous aidons les forces des 'pechmergas kurdes' à franchir la frontière pour aller à Kobané. Nos discussions à ce sujet continuent », a déclaré ce lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevul Cavusoglu, lors d'une conférence de presse avec son homologue tunisien, Mongi Hamdi, sans donner d'autres précisions. Syrie - 11h43

    http://www.ouest-france.fr/syrie-la-turquie-ouvre-la-frontiere-pour-rejoindre-kobane-2917933

     

  • A Kobané, elles se battent pour nous (mâles compris) (SQ)

     
    Vivons, apprenons et combattons. Les femmes de Kobané sur le front des contradictions
    Dans une récente interview sur le front réalisée par la reporter australienne Tara Brown, une femme combattante kurde de l’YPJ (Unité de protection des femmes) a déclaré que l’Etat islamique était un ennemi de l’humanité. Pour elle et pour les femmes de sa brigade, Kobané est la frontière totale qui sépare la civilisation de la barbarie. Il y a quelque chose de troublant dans ces paroles parce que ce sont les mêmes qui, surtout depuis le 11 décembre 2001, ont prétendu justifier une guerre combattue sans frontières, de l’Afghanistan à l’Irak aux banlieues des villes américaines et européennes, au nom de l’enduring freedom d’un Occident menacé par le terrorisme mondial.
     
    Mais tout aussi troublant est le changement radical de perspective qu’imposent le contexte et la position de qui parle : si nous nous déplaçons des salles blindées du Pentagone à une terre de passage du Moyen-Orien nous n’avons plus devant nous un groupe d’hommes qui prétendent mener une guerre juste pour la liberté – y compris celle des femmes opprimées par l’intégrisme taliban – mais des femmes protégées seulement par de minces murs de pierre et par leurs propres armes qui combattent pour se libérer elles-mêmes. Mais cette observation ne suffit pas à calmer la sensation de trouble. Suffit-il vraiment que ce soit une femme qui prononce ces paroles pour changer leur signification, pour renverser un discours qui a véhiculé hiérarchies et oppressions et pour le transformer en chanson pour la liberté ? Le fait que ce soient des femmes qui embrassent les armes suffit-il à faire renoncer au pacifisme que nous avons soutenu devant l’invasion étatsunienne de l’Afghanistan, à nous faire reconnaître les raisons de la guerre ?
     
    Les rangs de l’Unité de protection du peuple comptent 45000 personnes, dont 35% de femmes. Près de 16000 guerrières contredisent pratiquement tout lien substantiel entre le sexe, la guerre ou la paix.
     
    Il s’agit, pour la majeure partie, de kurdes syriennes, mais chaque jour de nouvelles combattantes provenant de la Turquie et de la Syrie, pas seulement kurdes, s’unissent à celles du YPJ. Le détonateur de cette vague de recrutements a été la prise du Sinjar par une partie de l’Etat islamique, le 3 août dernier. Des milliers de femmes kurdes yézidi ont été capturées. Celles qui n’ont pas été tuées pour s’être rebellées ou avoir tenté de fuir et celles qui ne se sont pas tuées pour échapper à leur destin ont été violées, réduites en esclavages et vendues à des combattants et à des émirs dans le but de satisfaire leurs exigences sexuelles et les nécessités de produire et d’élever des martyres jihadistes.
     
    Des centaines d’enfants ont été capturés et renfermés dans des écoles coraniques pour être transformés en combattants. Derrière la haine déchaînée de l’IS à l’égard des femmes – soumises à des normes implacables qui règlent leur habillement et limitent leur mobilité, qui les déclarent « disponibles au viol » - il y a leur réduction en instruments de reproduction d’un ordre violemment patriarcal suivant une logique qui, toute extrémisée et confessionnellement orientée qu’elle soit, a un caractère terriblement mondial.
     
    A Kobané, se combat une « guerre de position » et cette définition n’a rien à voir avec les stratégies militaires.
    Le fait est que ce qui est en jeux, c’est aussi la place que les femmes occupent dans le monde et pour cela les guerrières des YPJ sont pleines d’orgueil d’avoir pris les armes, comme le sont leurs mères organisées dans le groupe Şehîd Jîn’. L’éthique du soin dont ces femmes sont porteuses prend des formes tout à fait imprévues pour qui, dans notre partie du monde, font du soin quelque chose qui concerne la vie et qui, par sa nature, nie la guerre. Mais à Kobané, la guerre est le choix obligé pour qui entend prendre soin de sa propre vie et de sa propre liberté, de la vie et de la liberté de ses camarades, de sa région, de ses idées.
     
    Interviewée par Rozh Ahmad, qui a réalisé un très beau documentaire sur le front de la Rojava, la mère d’une combattante, qui porte le voile, raconte : « deux de mes filles sont parties la même semaine. Une est entrée dans les YPJ, l’autre s’est mariée. Heureusement, je ne m’inquiète pas pour celle qui est dans les YPJ. Elles ont des bonnes idées et pour nous, c’est un honneur d’avoir une fille dans leurs rangs. Ma fille mariée va bien, mais je suis encore inquiète pour elle. » Cette mère ne dit pas quelle est son inquiétude mais nous pouvons l’imaginer d’après le récit de la fille combattante : « notre société ne considérait les femmes que comme de bonnes ménagères, les femmes étaient faites sur mesure pour les hommes et enfermées à la maison comme des esclaves. Maintenant, nous avons appris cette réalité amère. Maintenant nous avons changé : nous vivons, nous apprenons et nous combattons. Nous sommes maintenant des soldates (…) nous vivons pleinement notre différence. »
     
    Les femmes combattantes de Kobané, en premier lieu, sont différentes de ce qu’elles ont été. Les armes ont marqué un changement décisif par rapport à l’inépuisable continuité de la tradition et peut-être aussi par rapport à la « Charte du contrat social » de la Rojava, qui garantit aux femmes l’égalité et la participation active à tout organe d’autogouvernement. Il s’agit d’un changement qui est dû, dans une certaine mesure, à la poussée politique du PKK, dans l’ « idéologie » duquel se reconnaît pleinement le Haut conseil des femmes du mouvement de libération du Kurdistan. Comme l’explique Handan Çağlayan, la persistance d’habitudes comme le namus, l’obligation pour les hommes de surveiller les corps, les comportements et la sexualité des femmes, constituait une importante limite à la mobilisation de masse en faveur de la cause kurde. Le lien établi par Öcalan entre la libération des femmes et la révolution sociale (Woman and Family Question, 1992), ne peut en tout cas pas être lu exclusivement à la lumière de la « stratégie de mobilisation », mais doit être considéré aussi comme une réponse à une présence massive des femmes, y compris dans la guerre, à partir de la fin des années 80.
     
    En outre, l’absence de reconnaissance de la minorité kurde par la Syrie a produit chez les femmes un sentiment d’oppression et, avec lui, le sens de la possibilité et de la nécessité de la rébellion. C’est ce que raconte clairement à Rozh Ahmad une des combattantes interviewées : « nous autres jeunes filles kurdes, nous étions obligées à parler arabe entre nous à l’école. Nous kurdes, nous étions opprimées, l’Etat contrôlait complètement nos vies. Mais nous nous sommes toujours rebellées contre tout ça. » Au-delà de l’identification de ces femmes avec la cause kurde, il y a, toutefois, quelque chose de plus. Une d’elles raconte que, selon certains, les combattantes « sont coupées de la vie sociale » parce qu’elles ont pris les armes. A quoi elle répond avec orgueil que, avec ses compagnes, elle a « une vie beaucoup plus riche que ce qu’ils pensent ». Avec orgueil, une autre affirme que certains hommes, qui n’ont pas eu le courage de combattre, baissent la tête à leur passage. Quoique cela passe au second plan devant l’impressionnante résistance qu’elles sont en train d’opposer à l’IS, il semble que ces femmes portent en avant une bataille sur le front intérieur pour affirmer leur droit à conquérir la liberté. 
     
    C’est la participation à la guerre qui les a conduites à se sentir égales. Contre toute rhétorique nationaliste construite sur la « défense de nos femmes », les guerrières des YPJ ont commencé à se défendre elles-mêmes et ont accepté le risque de mourir, sans avoir pour cela une heureuse propension au martyre. Contre l’incrédulité de leurs pères et de leurs frères qui doutaient de leur force et bien au-delà de la reconnaissance formelle de leur égalité exprimée par la constitution de la Rojava, ces femmes ont démontré qu’elles avaient non seulement la force mais aussi le courage. Elles n’aiment pas la guerre, elles n’aiment pas tuer, elles n’aiment pas les armes et le répètent dans leurs interviewes. Une combattante raconte que nettoyer son fusil n’était pas après tout si difficile, mais que pour tirer elle a dû surmonter la peur. Chacune de ces femmes a combattu avant tout contre une part d’elle-même, sa propre « passivité », comme l’appelle l’une d’elle, l’ignorance ce que peut signifier « être une femme », pour aller sur le front de Kobané. Aucune d’elles n’était déjà libre, chacune d’elles a dû conquérir un bout de liberté.
     
    Convaincues que la guerre et la pratique de la violence ne sont pas le propres des femmes, certaines pourraient en arriver à nier que ces ces femmes soient vraiment des femmes. Il est déjà arrivé devant les images de Lynndie, la fière tortionnaire d’Abou Grahib. Entre elle et les combattantes de la Rojava, il y a un abîme, mais dans les deux cas, il est clair qu’il y a bien des manières d’être au monde comme femmes, au-delà de tout destin tracé dans l’ordre symbolique du père ou dans celui de la mère.
     
    Convaincues que l’égalité n’est rien d’autre que l’expression politiquement correcte de la perpétuation d’un pouvoir sexuel sur les femmes, d’autres pourraient voir en ces guerrières la reproduction d’un « modèle masculin » d’autonomie. Et pourtant, ces combattantes sont des femmes et combattent pour les femmes, contre un esclavage qui ne porte pas seulement les masques noirs de l’IS et de son fondamentalisme, mais qui, comme le rappelle l’une d’elles, arrive en Europe sous les dehors acceptables et colorés du capitalisme. Peut-être, alors, n’est-ce pas l’histoire de ces femmes qui serait inadaptée par rapport aux objectifs de la liberté féminine. Peut-être sont-ce les discours que les femmes et les féministes ont à leur disposition qui n’est pas à la hauteur de l’histoire des combattantes de Kobané. Il ne s’agit pas, évidemment, de faire de la lutte armée le paradigme de tout parcours de libération, ni d’oublier combien d’oppression et combien d’exploitation passent par l’égalité formelle. Mais on ne peut ignorer que, tandis qu’elles revendique d’être « une brigade uniquement de femmes qui vivent de manière complètement indépendantes », en combattant au front côte à côte avec leurs camarades hommes, ces femmes revendiquent et pratiquent l’égalité et enseignent quelque chose aux hommes.
     
    Il y a, en cela, quelque chose de profondément subversif, qui ne sera peut-être pas décisif du point de vue militaire mais l’est certainement du point de vue politique. Deux mille femmes, misérablement équipées et avec un faible appui international, donnent une contribution fondamentale à la défense d’une ville assiégée par 9000 djihadistes bien armés. Leur force – comme l’a rappelé la combattante des YPJ Xwindar Tirêj  — n’est pas dans les fusils mais dans la détermination. Bien sûr, leurs camarades hommes aussi sont déterminés, mais dans l’égalité féminine, il y a quelque chose de plus. C’est le visage et le corps de cette détermination qui terrorise les combattants de l’Etat islamique convaincus que, s’ils sont tués par une femme, ils n’iront pas au paradis. Ainsi, tandis que les miliciens de l’IF aspirent au paradis, les femmes de Kobané exigent de le ramener sur terre et, en le faisant, posent des questions vraiment dérangeantes au-delà de Kobané. Peut-être cela explique-t-il le silence fracassant de beaucoup de femmes et de féministes devant cette guerre et le rôle de l’Unité de protection des femmes. Peut-être est-il plus facile de se déclarer dans la guerre quand le rôle des femmes est celui de victimes, quand leur corps est un terrain de bataille, quand elles se font médiatrices et ambassadrices de paix, quand elles une parmi tant de genres qui subissent la discrimination et l’oppression fondamentaliste, quand elles peuvent être considérées comme la métaphore d’une vulnérabilité qui unit le genre humain et révèle les prétextes belliqueux de domination du sujet Mâle, Blanc et Occidental, quand les sujets post-coloniaux sont exotiques. Peut-être est-il plus difficile de prendre part à la guerre quand elle signifie admettre que les mêmes qui donnent la vie peuvent l’ôter à coups de mortier, que les mêmes qui incarnent la paix peuvent décider de s’armer et d’aller au front, que les mêmes qui devraient contester le pouvoir luttent pour prendre le pouvoir et le font en tant que femmes. Tandis qu’elles rient et tirent, tandis qu’elles se reposent et dansent en tenue de combat et foulards colorés, les femmes combattantes de Kobané semblent indiquer le point où chaque discours formulé jusqu’ici par des femmes et des féministes risque de s’effriter sur le front des contradictions. C’est pourquoi, plutôt que de se retrancher dans le silence, il vaut peut-être la peine d’écouter et d’essayer de comprendre l’enjeu global de la guerre des femmes de Kobané.
    Par Paola Ruban
     
     
     

  • « L’État islamique a déjà perdu la bataille de Kobanê » (AL)

    http://rojavareport.files.wordpress.com/2014/01/cropped-cizreautonomy.jpg

    Dans une interview donnée le 17 octobre au journal turc prokurde Özgür Gündem, et reproduite par le site web anglophone Rojava report, Mehmûd Berxwedan, du commandement général des YPG, explique pourquoi l’État islamique (Daech) a, selon lui, « déjà perdu » la bataille de Kobanê.

    Mehmûd Berxwedan est un officier des Unités de protection populaire (YPG), proches du PKK, qui défendent Kobanê face à Daech.

    Dans le cadre d’une interview donnée à un journal sympathisant, il lui est certes impossible de paraître pessimiste, et il faut donc rester prudent quant à certaines de ses déclarations triomphalistes. Néanmoins, un certain nombre de ses analyses sont intéressantes, et renforcent l’idée que tout n’est pas perdu à Kobanê.

    Ses déclarations reflètent également le nécessaire pragmatisme du combattant dos au mur, prêt à accepter toute aide d’où qu’elle vienne, y compris des puissances impérialistes arabo-occidentales.

    L’essentiel de ses déclarations, en six points.

    Pourquoi tant de haine ?

    Daech a déjà essayé de s’emparer de Kobanê en juillet 2014. La bataille a duré un mois, et s’est soldée par la défaite des djihadistes. Pour Mehmûd Berxwedan, avec cette deuxième tentative, Daech poursuit des objectifs autres que purement géostratégiques. Certes, la ville est enclavée, ce qui facilitait son attaque, mais ce n’est pas seulement pour cela qu’elle a été ciblée : « La révolution du 19 juillet [2012] dans la Rojava a débuté à Kobanê, qui est devenue un symbole de résistance et de liberté. […] Pour cette raison, Kobanê entrave les plans de certaines puissances régionales et internationales, qui redoutent que les Kurdes expriment leur propre volonté. » Une allusion limpide à la Turquie. « Ils pensaient qu’ils pourraient briser la volonté de Kobanê et s’en emparer assez vite. Mais ils n’ont pas atteint leur but. Finalement, ils ont pris conscience que malgré la concentration de leurs forces ici, ils n’y parviendraient pas. […] Nous estimons que Daech a amassé ici près de 70 % de ses combattants. »

    « Nous avions décidé de livrer la véritable bataille dans la ville. Nous voulions que le tournant se joue là. »

    La tactique des YPG-YPJ. Mehmûd Berxwedan explique que cette 2e bataille de Kobanê a en fait connu plusieurs phases successives. Dans un premier temps, Daech s’est emparée de dizaines de villages autour de la ville, en attaquant « sur 4 ou 5 fronts simultanément », selon une technique habituelle chez eux, avec des tanks, de l’artillerie, des mortiers et des armes lourdes. « Bien sûr ils pensaient que les choses se passeraient comme à Mossoul [en Irak] et dans les autres régions qu’ils occupent, et que Kobanê tomberait en quelques jours. En fait, ils tablaient sur une semaine. C’est à peu près ce que pronostiquaient aussi la Turquie et d’autres puissances. »

    En réalité, il leur a fallu trois semaines pour atteindre les abords de la ville. Les YPG-YPJ ont défendu les villages, le temps d’évacuer la population civile, mais ont préservé leurs forces en se repliant progressivement en bon ordre. « Les djihadistes pensaient détruire l’essentiel de nos forces dans les villages avant d’entrer en vainqueurs dans la ville, en brandissant leurs armes, explique Mehmûd Berxwedan. Nous avions décidé de livrer la véritable bataille dans la ville. Nous voulions que le tournant se joue là. »

    Le retour de l’espoir. Durant ces trois semaines, le président turc Erdogan, de nombreux États et le monde entier ont pensé que la chute de Kobanê était imminente. « Pendant que tout le monde se fondait sur cette hypothèse, nous brisions Daech. Un mois a passé. Nous entamons le second mois. Ça a été une résistance historique. […] Cela fait trois jours qu’ils n’ont pas avancé d’un pas. Depuis trois jours, nous n’avons pas reculé, et nous regagnons même du terrain. Daech est fini. Ils sont fatigués. Leurs forces les abandonnent. […] Durant ce premier mois nous avons résisté. Dans ce second mois, nous allons détruire Daech à Kobanê. Nous n’ambitionnons plus seulement la résistance, mais la victoire. »

    Le moral des djihadistes. Selon Mehmûd Berxwedan, Daech a d’ores et déjà épuisé ses meilleures troupes, et fait appel à ses réserves, peu formées et d’une moindre valeur sur le terrain. « Nous avons vu pas mal de gamins auxquels ils avaient donné une arme. Récemment ils ont enrôlé des femmes dans ce qu’ils appellent les Unités féminines (Ketibe-i Unsa). A présent ils font appel à des renforts de plus en plus lointains. Malgré tout cela, ces trois derniers jours, nous avons brisé leur moral. […] Ni leurs camions kamikazes ni leurs autres armes n’ont été d’aucune utilité. Et pour cause : cette ville est notre ville. Nous en connaissons chaque rue, chaque avenue. Nous savons d’où ils vont venir, et où les frapper. […] Depuis hier, nous avons repris 5 ou 6 quartiers. Et sur le front ouest, nous les avons repoussé hors de Kobanê. »

    L’attentisme de la Turquie. Récemment, des roquettes tirées par Daech se sont abattues sur le territoire turc. Mehmûd Berxwedan pense que c’est un pur accident : « Daech ne frapperait pas volontairement son partenaire. » La non-réaction turque est elle-même très parlante : « Si c’est nous qui avions tiré, ne serait-ce qu’une balle en direction de la Turquie, quel enfer ça aurait été ! »

    Les bombardements arabo-américains. La coalition dirigée par Washington pensait que la ville tomberait en une semaine. Au bout de 15 ou 20 jours, la durée de la résistance lui ôtant tout prétexte pour ne pas agir, elle s’est finalement décidé à bombarder les assaillants de Kobanê. Dans un premier temps, elle l’a fait à l’aveugle, ne daignant pas prendre contact avec les YPG-YPJ. A présent, explique Mehmûd Berxwedan, la communication a été établie et, « depuis 10 jours », l’aviation de la coalition « joue un rôle important, en coordination avec les YPG. Ils travaillent très efficacement. Jusqu’ici, il n’y a pas eu d’erreur ni de bavure ». Jouant sur les contradictions entre la Turquie et les États-Unis, le commandant YPG réclame à présent que la coalition aille plus loin, et leur livre franchement des armes : « Si la coalition formée contre Daech veut vaincre, elle doit fournir des armes à ceux et celles qui se battent au sol. Et les forces qui combattent au sol, ce sont les YPG-YPJ. […] Les combattants qui veulent nous rejoindre devraient y être autorisés. Or la Turquie ne l’autorise pas. […] Il faut faire pression sur la Turquie pour qu’elle ouvre un corridor. »

    Transcription et commentaire : Guillaume Davranche (AL Montreuil)

    Lire aussi:

    http://www.lcr-lagauche.org/la-question-kurde-en-turquie-une-cle-de-la-guerre-en-cours-au-moyen-orient/

    http://alternativelibertaire.org/?L-Etat-islamique-a-deja-perdu-la

  • Belfast et Derry

    eirigi.jpg

  • Nouveautés sur Afps Rennes

    JPEG - 19.8 ko

    • AVOIR 20 ANS EN PALESTINE

      Une délégation composée de jeunes Palestiniens et d’un jeune Israélien viendra "raconter" leur quotidien. Une rencontre et un échange certainement très intéressants qui permettra de mieux se rendre compte de la réalité sur le terrain et mesurer les conséquences de l’occupation israélienne. Réservez la (...)

     

    • Repenser de fond en comble la stra­tégie des Pales­ti­niens - un diplomate s’exprime à coeur ouvert

    •  

      Le 9 octobre, le nouveau premier ministre pales­tinien Rami Ham­dallah est entré solen­nel­lement à Gaza, à la tête du nouveau gou­ver­nement d’union nationale. Le 12 octobre au Caire, la confé­rence des dona­teurs a promis 4,3 mil­liards d’euros pour la recons­truction de la bande de Gaza, ravagée par 52 jours d’agression israé­lienne l’été dernier. Et le 13 octobre, le Par­lement bri­tan­nique a voté la recon­nais­sance de l’État pales­tinien, vote non contrai­gnant pour le gou­ver­nement du Royaume-​​Uni mais (...)


    • Deux jeunes volontaires du premier groupe de cueilleurs sont arrivées depuis une semaine...

      18 octobre

      Elles en ont profité pour prendre ou reprendre doucement contact avec le pays, retrouver des amis rencontrés il y a deux ans... Très vite, la situation politique et l’occupation manifestent leur cruauté... Vendredi 10 octobre Nous arrivons à Tel Aviv vers 23h, pas de temps à perdre, il nous faut récupérer les bagages et trouver un shirout pour rejoindre Jerusalem où nous avons réservé une chambre dans un hostel. Nous passons le contrôle des passeports sans encombre "Ahhh you like to travel", "Why (...)


     

    • Cueillettes d’olives solidaires 2014 : c’est parti !

      18 octobre

      Un premier groupe de volontaires est arrivé en Palestine ces derniers jours. Ils se sont rendus aujourd’hui sur leur lieu d’hébergement et s’apprêtent pour une première journée de travail ! Chaque soir, après le travail de la journée, ils vont s’efforcer de nous faire parvenir un compte-rendu accompagné de photographies que nous publierons sur ce site. Ne manquez pas ce rendez-vous quotidien ! Et si cela vous tente, n’hésitez pas à prendre contact pour la campagne de cueillettes 2015 : nous ne (...)


    • Le Parlement britannique vote la reconnaissance de la Palestine

      14 octobre

      Voir l’article original sur le site du Monde Les députés britanniques ont mis la pression sur le premier ministre David Cameron, lundi 13 octobre, au sujet de son attitude jugée trop conciliante vis-à-vis du gouvernement israélien. Par 274 voix pour contre 12 (sur 650 élus), la Chambre des communes a adopté un texte réclamant la reconnaissance de la Palestine. Ce vote non contraignant relève d’une initiative travailliste destinée à mettre en difficulté le gouvernement. Néanmoins, sa portée symbolique (...)


    • La lutte contre l’impunité, un élément clé de la paix au Proche-​​Orient

      14 octobre

      Sir Desmond DE SILVA ancien pro­cureur en chef de la Cour spécial pour la Sierra Leone et Sir Geoffrey NICE a été pro­cureur du Tri­bunal Inter­na­tional pour l’ ex-​​Yougoslavie Pour en finir avec ce cycle de vio­lence et de haine dans la région, l’accession de la Palestine au statut de la Cour pénale inter­na­tionale (CPI) est nécessaire. Dimanche 12 octobre, des ministres des Affaires étran­gères d’Europe, du Moyen-​​Orient et d’Amérique se réuniront au Caire à l’occasion d’une confé­rence sur la (...)


    • Voeu adopté par le Conseil Municipal de Rennes, ce soir, 13 octobre 2014

      13 octobre

      Les massacres commis cet été à Gaza et la répression féroce qui s’est abattue sur la Cisjordanie – qui a aussi frappé les citoyens arabes et les militants anticolonialistes en Israël même – sont une nouvelle démonstration de l’absence totale de pression internationale sur l’État israélien qui fait régresser tous les espoirs de paix en organisant une véritable séparation entre populations arabe et israélienne. La colonisation n’a fait que progresser. Il ne reste plus de la Palestine historique qu’un territoire (...)


    • Palestine : Stop au partenariat Sodastream- France Télévisions

      12 octobre

      Partenariat Sodastream – France Télévisions : France Télévisions doit cesser de soutenir la colonisation et l’apartheid israélien ! Signez la pétition ! France 2 et France 3 attribuent en cadeau des produits Sodastream dans des émissions de divertissement, telles que « Questions pour un champion », « Slam » et « Motus ». Or Sodastream est une entreprise israélienne implantée dans la colonie Ma’ale Adumim en Palestine occupée, en violation du droit international. A travers cette pétition, nous demandons à (...)


    • Compte-rendu de la conférence ACRIMED de Julien Salingue

      12 octobre

      Vous trouverez ci dessous le lien vers un compte-rendu de la conférence de Julien Salingue, rédigé par un adhérent de notre comité rennais de l’AFPS. Et aussi, si vous êtes intéressés par une approche critique des médias, une bibliographie proposée par Acrimed... Compte-rendu de la conférence Bibliographie Acrimed