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Révolutions Arabes - Page 149

  • Syrie. Un «processus de négociations» frère jumeau de celui Israël-Palestine (A l'Encontre.ch)

    Les «premières négociations de paix», en janvier 2014, à Montreux-Genève, sous l'égide Lakhdar Brahimi et Ban Ki-moon

    Les «premières négociations de paix», en janvier 2014, à Montreux-Genève, sous l’égide Lakhdar Brahimi et Ban Ki-moon

    Par Sharif Nashashibi 

    Le président syrien Bachar al-Assad s’est inspiré des manœuvres de diversion israéliennes en matière de négociation: rien que du processus et pas de paix

    Jusqu’ici, rien de remarquable n’est ressorti de la dernière conférence sur la Syrie qui se déroule actuellement à Genève [article écrit le 3 février 2016, avant que l’ineffable Staffan de Mistura n’annonce la suspension jusqu’au 25 février 2016]. Ce n’est pas surprenant, non seulement en raison des conditions spécifiques de ces négociations, mais parce que celles-ci sont l’extension d’un «processus de paix» redondant qui partage des caractéristiques significatives avec son pendant israélo-palestinien.

    Le cadre du «processus de paix» syrien est resté sensiblement le même depuis son lancement en 2012. En dépit de ses défaillances évidentes et prévisibles, à Genève et à Vienne, la conférence actuelle en Suisse s’obstine à réinventer une roue qui n’a jamais fonctionné. On est alors en droit de se demander si le processus est conçu pour gérer le conflit plutôt que de le résoudre.

    Voilà comment le «processus de paix» israélo-palestinien moribond a longtemps été considéré, étant donné qu’il en reste à ces recettes qui échouent depuis son début il y a un quart de siècle. Israël l’utilise comme couverture pour ancrer encore davantage son occupation et la colonisation de la Palestine, fidèlement assisté et encouragé par les Etats-Unis qui sont censés jouer les intermédiaires entre les deux parties.

    En ce qui concerne la Syrie, c’est la Russie qui soutient activement le régime par le massacre et l’assujettissement des Syriens tout en prétendant être un médiateur en quête de paix. Dans les deux cas, cette duplicité sert à soutenir leurs alliés respectifs et les protéger de la critique dans un Conseil de sécurité de l’ONU paralysé principalement par les droits de veto américain et russe.

    Les Syriens connaissent ce que les Palestiniens endurent depuis longtemps: du processus et pas de paix; négocier pour négocier, pas pour trouver une solution juste et durable à leur détresse. Dans les deux cas, il s’agit pour certains protagonistes de ces conflits, et la communauté internationale dans son ensemble, d’être vus en train de faire quelque chose, peu importe la sincérité et l’efficacité de ces efforts – en d’autres termes, les relations publiques et l’apparence priment sur le fond.

    Fin de l’occupation israélienne/du règne d’Assad

    Lorsque les Palestiniens disent que les discussions doivent aboutir à la fin de l’occupation israélienne, ou lorsque les Syriens disent que les discussions doivent aboutir à la démission du président Bachar al-Assad, ils sont raillés comme obstructionnistes pour ces conditions préalables. Toutefois, les négociations doivent avoir un objectif final clairement défini, sinon elles se perdent indéfiniment dans les méandres et donnent le temps et la possibilité de remettre à plus tard, de duper et d’avorter.

    Israël et le régime d’Assad sont les causes de leurs conflits respectifs, quoi qu’on puisse penser des méthodes utilisées pour leur résister et des groupes impliqués dans la résistance. Quel est l’intérêt de négocier pour les Palestiniens si Israël ne s’engage pas à mettre fin à son occupation, ou pour les Syriens si Assad refuse de démissionner?

    La belligérance d’Israël et du régime d’Assad repose sur un déséquilibre fondamental du pouvoir vis-à-vis de leurs ennemis, ce qui rend les négociations vides de sens sans la pression nécessaire parce que la partie la plus forte n’a ainsi aucune raison de chercher une solution juste – et donc viable.

    Staffan Mistura annonce, le 2 février 2016 «l'ouverture officielle des négociations de Genève»

    Staffan Mistura annonce, le 2 février 2016 «l’ouverture officielle des négociations de Genève»

    Le régime d’Assad a détruit le pays, a commis des crimes de guerre et contre l’humanité et il est responsable de la grande majorité des centaines de milliers de victimes civiles à ce jour – rien que pour conserver son monopole brutal sur le pouvoir. Pourtant, comme dans l’ensemble du «processus de paix» syrien, le sort d’Assad ne sera pas discuté à Genève.

    «Il est inacceptable que l’ensemble de la crise syrienne et la solution à cette crise doivent dépendre du sort d’un seul homme» (17 décembre 2015), déclarait le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon en décembre, comme si une solution pouvait être trouvée en balayant tout simplement cette question capitale sous le tapis taché de sang.

    Au lieu de cela, la première phase des négociations (qui sont censées durer six mois) se concentrera uniquement sur la conclusion d’un cessez-le-feu (qui exclura certaines des forces au sol les plus redoutables), la fourniture d’une aide humanitaire et la lutte contre l’Etat islamique. Cependant, régler tout ou partie de ces questions – qui sont des effets du conflit, non sa cause – ne mènera pas à une transition du pouvoir qui n’est pas encore matière à discussion et n’apportera donc pas la paix en Syrie.

    L’utilisation des tactiques israéliennes par Assad

    Au contraire, le régime continuera à qualifier toute opposition de terrorisme, de sympathie terroriste ou d’ingérence étrangère, tout comme le fait Israël. La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a accusé le secrétaire général de l’ONU d’«encourager le terrorisme» (BBC 27 janvier 2016) après que ce dernier a déclaré qu’«il est dans la nature humaine de réagir à l’occupation» (The Guardian, 26 janvier 2016),

    Le régime d’Assad continuera à utiliser les négociations comme une plate-forme pour amplifier son discours déformé et veillera à ce qu’elles s’enlisent sur les questions de «sécurité» plutôt que sur le traitement de la cause du conflit et donc de sa solution – encore une fois, comme le fait Israël.

    Les deux parties et leurs alliés respectifs mettent la futilité des négociations sur le compte de la désunion de leurs adversaires, disant qu’il leur manque un «partenaire pour la paix», mais font tout leur possible pour maintenir et exacerber les divisions.

    Israël a longtemps attisé les flammes de la rivalité entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. En parallèle, les discussions à Riyad en fin d’année dernière qui ont conduit à une unité diplomatique sans précédent entre les groupes de l’opposition syrienne se sont heurtées à des efforts extérieurs visant à dicter quels sont ceux qui sont autorisés à participer à des négociations – une tentative évidente de créer de nouvelles divisions.

    Le président syrien Bachar al-Assad s’est inspiré des manœuvres de diversion israéliennes en matière de négociation. Cela n’a rien de surprenant, car cette tactique est très familière, ayant été utilisée efficacement pour maintenir l’occupation par Israël du plateau du Golan syrien depuis un demi-siècle. N’est-ce pas cruel que les Syriens soient une fois de plus la cible de telles tactiques – cette fois par leur propre gouvernement? (Publié par MEE, le 3 février 2016)

    Publié par Alencontre le 7 - février - 2016

    Sharif Nashashibi collabore régulièrement avec Al-Arabiya News, Al-Jazeera English, The National et The Middle East Magazine. En 2008, il a reçu une distinction de la part du Conseil international des médias «pour avoir réalisé et contribué à des reportages systématiquement objectifs» sur le Moyen-Orient.

    http://alencontre.org/syrie-un-processus-de-negociations-frere-jumeau-de-celui-israel-palestine

  • Imen Habib : « Un harcèlement juridique contre BDS » (UJFP)

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    Imen Habib, animatrice de la Campagne BDS France, interviewée par Denis Sieffert, dresse un bilan de l’action internationale contre la colonisation des Territoires palestiniens. Si elle connaît des victoires, elle rencontre aussi la répression, notamment en France.

    Au moment où la droite israélienne lance une offensive en France contre le boycott des produits israéliens, et tente de faire interdire toute réunion publique sur ce thème, deux pétitions circulent en défense de cette campagne pacifique. L’une initiée par BDS France, dont nous avons rencontré la coordinatrice, l’autre, d’une sensibilité différente, est à l’initiative de l’Association France Palestine solidarité (voir encadré).


    Pouvez-vous nous rappeler l’historique de la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) ?

    Imen Habib : La campagne BDS a été lancée en 2005 par plus de 170 associations et organisations de la société civile palestinienne. C’est une campagne non-violente qui s’inspire de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.

    Dans quel contexte est née cette initiative ?
    Cet appel a été lancé un an après l’avis de la Cour internationale de justice recommandant sans succès le démantèlement du mur dont le tracé annexait de nouveaux territoires palestiniens, isolait des villages et détruisait des terres agricoles.

    Quels sont les pays qui ont repris immédiatement cet appel ?

    La campagne BDS est très vite devenue internationale, aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, puis en Espagne, au Maroc, et même au Japon, où j’ai eu le plaisir de rencontrer des camarades de BDS Osaka ! En France, il y a eu des actions BDS ici et là, mais c’est en 2009 que s’est créée la campagne BDS France, après l’attaque israélienne sur Gaza « Plomb durci », qui a fait 1 400 morts côté palestinien. Nous nous sommes dit qu’il était temps de créer une campagne unitaire ayant vocation à ne travailler spécifiquement que sur BDS. Aujourd’hui, la campagne BDS France [1] regroupe plus d’une cinquantaine d’organisations nationales, d’associations et de comités locaux. Nous travaillons étroitement avec le BNC (comité palestinien pour le BDS), ainsi qu’avec nos amis anticolonialistes israéliens de « Boycott from within » (Boycott de l’intérieur).

    La France a une position particulièrement répressive…

    La France est en effet le seul pays démocratique à criminaliser BDS. Tout commence par une circulaire de l’ancienne ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, demandant aux procureurs de poursuivre les militants BDS. Cette circulaire est tellement « politique » qu’elle ne fait même pas semblant de viser le boycott en général. Il y est précisé que la répression doit concerner les boycotteurs d’Israël. Pas de problème pour ceux qui appellent par exemple au boycott de la Chine par rapport à la situation au Tibet…

    Les militants BDS ont fait l’objet d’un harcèlement­ juridique de la part d’organisations ultra-sionistes portant systématiquement plainte lors d’actions anodines de distribution de tracts. Certains tribunaux ont obtempéré, alors que sans la circulaire ils auraient classé l’affaire. Pire encore, lorsque des militants étaient relaxés, le parquet faisait systématiquement appel. La plupart des responsables politiques, de François Fillon à Manuel Valls, n’ont comme seuls arguments à nous opposer que des mensonges éhontés pour tenter d’arrêter la progression de la campagne en France.

    Quelle est l’attitude des tribunaux ?

    Il y a eu des jugements contradictoires concernant les procès BDS. Certains procureurs, refusant d’obéir à leur hiérarchie et faisant preuve d’indépendance, ont notamment demandé la relaxe de militants ou de militantes inculpés. Un juge de la cour d’appel de Paris avait précisé que cette campagne BDS relevait de la liberté d’expression. Mais les lourdes pressions politiques ont fait que des militants ont été condamnés, comme c’est le cas pour le procès des « douze » de Mulhouse, condamnés à de lourdes amendes, jugement confirmé par la Cour de cassation. C’est un véritable scandale, qui ne nous arrêtera pas.

    Il y a des débats au sein du mouvement français de défense des droits des Palestiniens, pouvez-vous nous en donner les enjeux ?

    Oui, comme dans tout mouvement, il y a des débats et des stratégies différentes quant au champ d’application de cette campagne de boycott. Certaines associations veulent limiter le boycott surtout aux produits des colonies et ne participent pas ou peu au boycott culturel, universitaire et sportif de l’État d’Israël et de ses institutions.

    Ce n’est pas le cas de la campagne BDS France, car nous considérons que le problème ne se limite pas seulement aux colonies. Il y a de très nombreuses discriminations à l’encontre des Palestiniens d’Israël, et il y a le droit au retour des réfugiés qui est reconnu par les Nations-Unies. Lors de la campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud, il ne s’est pas élevé une seule voix, et à juste titre, pour dire qu’il fallait limiter ce boycott aux bantoustans. C’est le régime d’apartheid israélien qui est visé par BDS, et je crois que c’est très important de le rappeler.

    De plus, nous répondons à un appel palestinien avec lequel nous sommes solidaires. Ce sont les Palestiniens qui nous demandent, par exemple, de ne pas boycotter les individus, mais en revanche de boycotter et d’appeler au désinvestissement d’entreprises complices de violations du droit international et/ou des institutions israéliennes. Nous respectons ces demandes.

    Quel bilan tirez-vous de cette campagne, en France et dans le monde ?
    Malgré les nombreuses attaques auquel elle doit faire face, la campagne BDS continue et progresse en France. Elle obtient ses premiers grands succès avec les campagnes en direction de Veolia ou d’Orange. Elle progresse aussi à travers le monde : des victoires sont remportées chaque jour et, selon un rapport des Nations-Unies, les investissements étrangers en Israël ont chuté de 46 % en 2014. Les auteurs du rapport attribuent cela aux attaques contre Gaza, mais aussi à la campagne BDS. Israël considère les actions de BDS comme une « menace stratégique » et un département spécial doté de plusieurs millions de dollars a été créé pour lutter contre BDS à travers le monde.

    Comment percevez-vous l’attitude du gouvernement actuel, et notamment les récentes interventions de Manuel Valls ?
    Ces dernières semaines, Manuel Valls est intervenu quatre fois contre la campagne BDS, qui est devenue le nouveau chiffon rouge qu’il agite pour détourner l’opinion de ses errances politiques et sociales. Cette focalisation contre des militants antiracistes en dit long. Ce qui est certain, c’est que nous n’avons pas l’intention de nous laisser intimider : la censure, l’arbitraire et la répression ne nous démobiliseront pas. Nous continuerons à lutter pour la justice, l’égalité et la liberté en Palestine-Israël, et aussi en France, tant qu’il le faudra.

    Une pétition pour lutter contre cette répression, « Nous appelons au boycott des produits israéliens », a été lancée et nous avons eu l’agréable surprise de la voir signée par de nombreuses personnalités, et aussi par des milliers de personnes souvent éloignées de BDS mais qui n’en peuvent plus de ces atteintes aux libertés fondamentales. Elle compte aujourd’hui plus de 12 000 signataires [2].

    « Une atteinte aux libertés publiques »

    Dans un texte initié par France Palestine solidarité (voir Politis.fr), de nombreuses personnalités expriment leur « indignation face à une atteinte aux libertés publiques », à la suite de la condamnation de « citoyens ayant appelé au boycott de produits israéliens ». Les signataires, qui avouent avoir des « positions diverses » sur ce boycott, soulignent que ces actions « ont toujours été considérées par les pays démocratiques comme des formes protégées de liberté d’expression ». « Au nom de
    quoi, s’interrogent-ils, en vient-on, en France, à considérer qu’un appel au boycott est une incitation à la discrimination quand il concerne Israël alors qu’il ne poserait aucun problème quand il s’agit d’un autre pays ? »
    Ils rappellent que « cela fait des dizaines d’années que l’État d’Israël viole les conventions internationales et bafoue les droits du peuple palestinien reconnus par l’ONU, […] sans provoquer de réaction autre que de condamnation verbale de la part de nos gouvernements ».

    jeudi 4 février 2016

     
  • Syrie, Turquie, Russie, Genève... (Essf)

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    Orateur: Ghayath Naisse

    Un rapport récent de l’ONU confirme l’existence de vingt « points » en Syrie qui souffrent du blocus complet et de la famine de la population civile.

    Cela concerne 400 000 personnes, dont des enfants, femmes et vieillards. Des dizaines meurent de faim au quotidien. Ce rapport chiffre également à environ quatre millions le nombre de personnes qui ne bénéficient que de peu d’aide humanitaire pour leur survie...

    La plupart de ces régions sont encerclées par les forces armées du régime et de ses alliés. Les villes de Kifraya, Alfoua, Nibil et Alzahra, sont, elles, encerclées par les factions djihadistes et réactionnaire comme Daesh (l’État islamique), Jabhat al-Nosra, Jaish al-Islam et Ahrar al-Sham.

    Le déploiement russe au service du régime syrien

    Depuis l’annonce de l’intervention militaire directe de la Russie en Syrie le 30 septembre dernier, la situation militaire et politique a connu un changement et une accélération. Sur le plan militaire, une offensive sur plusieurs fronts de l’armée régulière et des milices alliées a été enregistrée. Et le régime a pu récupérer le contrôle sur une étendue plus importante de territoires.

    En effet, lorsque l’armée turque a abattu un avion militaire russe le 24 novembre, cela n’a pas eu l’effet de dissuasion escompté par le gouvernement turc AKP. Au contraire, la Russie de Poutine a considéré cet acte comme « hostile » et a décidé de déployer une armada impressionnante en mer, sur terre et dans l’air, officialisant la mise en place de son système de défense aérienne le plus sophistiqué (le S400). Le gouvernement russe, pour bien afficher sa volonté de domination en Syrie, déclare que toute « menace » à ses forces présentes en Syrie sera désormais détruite immédiatement.

    De ce fait, en Syrie, la zone d’exclusion aérienne, ou zone tampon, demandée par le gouvernement turc, tombe à l’eau. Si une zone d’exclusion existe ce jour, c’est du côté turc de la frontière. Aujourd’hui, presque toute la zone nord-ouest de la Syrie, qui connaissait la présence des factions « turkmènes » proches du gouvernement turc, a été récupérée par le régime (dont récemment les fiefs de Salma et Rabia), avec des protestations turques à peine audibles...

    Quelles négociations ? Quel accord ?

    Sur le plan politique, il apparaît de plus en plus qu’un accord-cadre entre les États-Unis et la Russie se fait concernant la Syrie : la déclaration de Genève le 30 juin 2012, puis celle de Vienne en novembre 2015, transformée en résolution du conseil de sécurité de l’ONU fin décembre 2015 (sous le numéro 2254). Dans tous ces documents, il n’est pas question de « changement de régime », ni de départ « forcé » ou obligatoire du dictateur. En effet, ils parlent de négociations pour arriver à un gouvernement de transition par acceptation mutuelle.

    Dans cette approche, l’Arabie saoudite a parrainé une réunion de « l’opposition » syrienne début décembre, pour former une « haute commission de négociations » qui comprend en particulier les personnes qui lui sont proches. Cette commission s’est déclarée la seule légitime à négocier, en exigeant l’arrêt des combats, la libération des prisonniers et la confirmation que Bachar el-Assad n’a pas sa place dans la période de transition, comme conditions préalables pour participer aux négociations de Genève III en cours.

    A Genève, aucune légitimité populaire

    Mais, en réalité les choses sont différentes, le ministre saoudien des Affaires étrangères ne parle plus de départ de Bachar à court terme : dans sa dernière déclaration cette semaine, il précise qu’« il n’y a pas d’avenir pour Bachar dans l’avenir de la Syrie ». En même temps, Staffan de Mistura, le représentant de l’ONU pour la Syrie, a invité plusieurs délégations de « l’opposition » pour participer cette semaine aux négociations. L’une proche de l’Arabie saoudite et de la Turquie, une autre le « Conseil de la Syrie démocratique » – dont la composante la plus importante, le parti kurde PYD, n’a pas été invitée –, une délégation de « l’opposition intérieure » proche de la Russie, et une délégation de la « société civile » qui ne représente rien... excepté le régime.

    Il est prévu six mois de négociations avant de former un gouvernement d’« union nationale » ou de transition selon l’interprétation des parties présentes. Et le fait est que ce sont les combats sur le terrain qui vont orienter l’issue de ces négociations. La Russie, le régime et ses alliés accélèrent leurs offensives, en particulier contre l’Armée syrienne libre pour la détruire ou l’affaiblir au maximum. Ainsi ne restera que Daesh et les djhadistes sur la scène pour justifier un minimum de concession politique.

    Le drame est qu’aucune des parties présentes à Genève III n’a de légitimité populaire. Les premières demandes des masses syriennes aujourd’hui sont la paix, l’arrêt des combats, des bombardements, du blocus, la libération des prisonniers et le retour des déplacéEs. Mais les revendications de la révolution demeurent : la liberté, le pain et l’emploi, et la dignité.

    Ghayath Naisse « Syrie : Tous les chemins mènent à Genève ? » ». Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 322 (04/02/2016) :Retour ligne automatique

    , par NAISSE Ghayath

    *
    https://npa2009.org/actualite/international/syrie-tous-les-chemins-menent-geneve

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37115

  • L’affaire Salah Hamouri, une occultation française (Afps Rennes)

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    Un documentaire retrace le traitement médiatique et politique français de l’affaire Salah Hamouri, alors que son épouse vient de se voir interdire le retour à Jérusalem

     

    « Connaissez-vous Salah Hamouri » ?

    « Connaissez-vous Salah Hamouri ? ». C’est par cette simple question que le comédien français François Cluzet avait pu, un jour de novembre 2009, à l’heure du repas dominical, interpeller à la fois les médias et les politiques français.

    Devant un blond journaliste vedette médusé et un Jean-François Copé, alors porte-parole du gouvernement, passablement gêné, le comédien avait rappelé que « depuis quatre ans, un Français de mère [était] en prison en Israël […] pour délit d’opinion simplement parce qu’il a dit qu’il était contre la colonisation. Personne n’en parle, vous ne savez même pas qui c’est, Monsieur Copé non plus ». C’est par cette interpellation que débute le documentaire « L’affaire Salah Hamouri » réalisé par Nadir Dendoune.

    Le propos du film n’est en rien de reprendre le procès attenté à Salah Hamouri par Israël. En 2005, alors âgé de 19 ans, cet étudiant en sociologie à l’université de Bethléem est accusé d’avoir projeté de tuer le rabbin Ovadia Yossef, alors leader du parti israélien ultra-orthodoxe Shas. Autre chef d’accusation, son appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Seule allusion à ce procès dans le documentaire, l’intervention de Léa Tsemel, avocate du jeune homme. Cette figure reconnue de la défense des droits des Palestiniens indique que « dès le début, ses droits ont été bafoués ».

    Après avoir été détenu trois ans sans procès, Salah Hamouri avait dû se soumettre à la procédure particulière dite « du marchandage » ou du plaider coupable pour ne pas passer quatorze ans en prison. Le tribunal militaire l’avait alors condamné à sept ans d’emprisonnement.

    Nadir Dendoune tente surtout de comprendre pourquoi le sort de ce jeune franco-palestinien qui a passé sept ans dans les prisons israéliennes a si peu intéressé en France. Une interrogation d’autant plus vive qu’à la même époque, le sort du soldat franco-israélien Gilad Shalit avait fait l’objet d’une intense campagne politique et médiatique pour sa libération. Ce jeune soldat avait été capturé le 25 juin 2006, à la lisière de la bande de Gaza, par des combattants islamistes. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, appellera en 2008 personnellement à sa libération tandis que la diplomatie française le considérera comme « le seul Français détenu en otage dans le monde », alors que dans le même temps, Salah Hamouri croupissait encore en prison sans procès. À l’initiative de Bertrand Delanoë, maire de Paris à l’époque, Gilad Shalit sera également fait citoyen d’honneur de la capitale française et son portrait sera affiché sur le fronton de l’hôtel de ville. À sa libération, il sera reçu à l’Élysée.

    Gilad Shalit, Salah Hamouri, comme l’illustration du tout et du rien que le documentaire illustre parfaitement, sans parti pris mais en obligeant au questionnement. Deux Français, l’un érigé en cause nationale, l’autre ignoré dans un silence épais, le visible contre l’invisible, le soldat contre le prisonnier politique. Ironie ou pirouette sarcastique de l’histoire, Gilad Shalit retrouvera la liberté fin 2011 en échange de la libération d’un millier de prisonniers palestiniens, dont Salah Hamouri… lequel avait de toute façon presque purgé sa peine.

    Ce que montre bien le film de Nadir Dendoune, c’est qu’au final l’affaire Hamouri est une affaire éminemment française, qui révèle comme un palimpseste jauni les ressorts et tabous du pays. C’est ce qu’explique admirablement l’historien Dominique Vidal dans le documentaire : « La France est l’un des pays qui a participé au génocide des juifs. Cela pèse encore dans la réaction du corps politique français […]. Cette culpabilité pèse dans la manière dont les autorités politiques et médiatiques se confrontent au conflit israélo-palestinien ».

    Pour Nadir Dendoune, les difficultés mêmes qu’il a rencontrées pour que son projet aboutisse traduisent ce malaise français. Il a dû d’ailleurs, pour le financer, faire appel au crowfunding : « Je savais que ce film ne serait pas simple à faire, à montrer, mais je ne pensais pas que ce serait aussi difficile. J’ai du mal à le faire diffuser ou même simplement à ce que les journalistes à qui j’ai fait parvenir une copie en parlent. C’est une spécificité française. En Suisse ou en Belgique, la question palestinienne est moins épineuse. C’est dommage car je suis persuadé qu’il n’y a rien de pire qu’une parole frustrée », déclare-t-il à Middle East Eye.

    « Certains ont peur que cela envenime les tensions entre juifs et musulmans, alors que ce n’est pas la question, poursuit-il. C’est une simple question de justice et de liberté d’expression. Mais je commence à me dire que quand la liberté d’expression concerne la Palestine, ce n’est jamais le bon moment. Cette attitude est contre-productive : plus on évite ce genre de débat, plus on alimente la haine et l’impression qu’il y a deux poids, deux mesures. Les journalistes français semblent tétanisés dès qu’ils entendent le mot Palestine et Israël ».

    Une situation confirmée dans le documentaire par l’intervention de deux journalistes. Charles Enderlin, journaliste franco-israélien, remarque ainsi que certains sujets sur la situation imposée aux Palestiniens peuvent déclencher en France « des réactions très vives » du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) et de l’Ambassade d’Israël notamment, concluant qu’« il est très difficile […] de couvrir la situation palestinienne ». Autre analyse, celle de la grand reporter de France 3 Gwenaëlle Lenoir : « Salah Hamouri avait été arrêté et condamné par un État considéré comme démocratique. […] C’est oublier que le système judiciaire israélien pour les Palestiniens est un système de tribunaux militaires. Et puis Salah Hamouri est un Arabe. On s’occupe moins des Arabes dans les médias français ».

    Et maintenant, vers une affaire Elsa Hamouri ?

    L’affaire Hamouri est-elle désormais close ? Pas si sûr, si l’on tient compte du fait qu’en mars dernier, le Franco-Palestinien a fait l’objet d’un ordre militaire israélien qui restreint ses déplacements dans les territoires occupés pendant six mois. Une restriction qui empêche de facto cet étudiant en droit à l’université de Birzeit, près de Ramallah, de passer son examen pour devenir avocat.

    Récemment, c’est son épouse, Elsa Hamouri, qui s’est vue interdire le retour à Jérusalem après des vacances en France. La jeune femme, enceinte de sept mois, a dû revenir en France après un séjour en détention à l’aéroport Ben Gourion alors qu’elle vit et travaille au consulat général de France à Jérusalem : « Je disposais d’un visa consulaire de service valable jusqu’en octobre 2016. On m’a questionnée sur les raisons de ma venue en Israël et si j’étais mariée. Puis on m’a annoncé que je devais rentrer sur le territoire israélien avec un visa d’épouse et non un visa de service », explique-t-elle à MEE.

    Dans la cellule sommaire où elle attendra son expulsion, Elsa Hamouri indique avoir dû protester pour avoir accès à des médicaments qu’elle avait dans sa valise et qu’on ne voulait pas lui donner. « Il a fallu l’intervention du consulat pour que je puisse aussi obtenir du savon et une brosse à dents », ajoute-t-elle.

    Un double argumentaire a été avancé par les autorités israéliennes pour justifier cette expulsion : d’abord, Elsa Hamouri aurait menti pour obtenir ce visa de service. « Or ce visa est demandé par le consulat auprès du ministère des Affaires étrangères israélien à qui j’avais fourni mon passeport. Le consulat savait que mon époux est un ancien prisonnier politique et que mon visa d’épouse avait été rejeté », précise la jeune femme. Face à ce refus, la Française avait interjeté un appel suspensif, ce qui lui permettait de circuler sur la base de son visa consulaire de service.

    Autre argument avancé par les autorités israéliennes : Elsa Hamouri constituerait une « menace ». « Le ministère israélien de l’Intérieur a fourni un rapport pour justifier de ce rejet de visa d’épouse. Selon ce rapport, je serais un danger pour la sécurité de l’État d’Israël et j’aurais des activités terroristes. Le rapport est vague, monté de toute pièce et vide », affirme-t-elle.

    Et la jeune femme d’énumérer les atermoiements et freins administratifs qui avaient de toute façon ralenti la demande de ce visa d’épouse : pièces justificatives sans fin, lenteur dans la réponse, etc.

    Pour Elsa Hamouri, pas de doute, la raison de cette expulsion est une simple question politique : « Ils font de moi un appât pour que mon époux me rejoigne en France. Ils font de moi une terroriste pour l’obliger à partir et pour qu’il perde ainsi sa carte d’identité d’habitant de Jérusalem, laquelle est conditionnée au fait d’y vivre. En outre, si l’enfant ne nait pas à Jérusalem, il n’aura pas ce statut de Hiérosolymite et pourrait être expulsé comme moi ».

    Le Quai d’Orsay a été saisi et Elsa Hamouri a interjeté appel de la seconde décision de rejet de son visa d’épouse. Elle dit ne demander que la stricte application de son droit à une vie familiale et à résider auprès de son mari à Jérusalem. La jeune femme en est convaincue : « Tout est fait pour présenter la chose comme un problème administratif alors que c’est un problème politique ».

    Source : Middle East Eye

    http://www.rennespalestine.fr/

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Palestine. L’armée israélienne détruit 20 constructions palestiniennes dans la «zone de tir» en Cisjordanie (A L'Encontre.ch)

    Une femme palestinienne assise avec un enfant à côté de ce qu’ils ont pu récupérer des restes de leur maison après qu'elle a été démolie par les bulldozers israéliens dans la zone militaire de Musafir Jenbach, qui comprend plusieurs villages, au sud de la ville cisjordanienne de Hébron, le 2 février 2016. In The Times of Israël du 4 février 2016. Il faut prouver, par l'image, «qu'il n'ont pas droit à la résidence».

    Une femme palestinienne assise avec un enfant à côté de ce qu’ils ont pu récupérer des restes de leur maison après qu’elle a été démolie par les bulldozers israéliens dans la zone militaire de Musafir Jenbach, qui comprend plusieurs villages, au sud de la ville cisjordanienne de Hébron, le 2 février 2016.
    In The Times of Israël du 4 février 2016. Il faut prouver, par l’image, «qu’il n’ont pas droit à la résidence».

    Par Micheal Schaeffer Omer-Man

    Netanyahou a demandé au président de la Knesset, Yuli Edelstein, d’étudier la possibilité de prendre des mesures punitives contre trois parlementaires «arabes-israéliens» – Jamal Zakalka, Basel Ghattas et Haneen Zoabi – qui ont rendu visite à des familles palestiniennes qualifiées de «terroristes». Cette visite s’inscrivait dans le cadre d’une campagne ­menée par les familles et des organisations d’aide humanitaire diverses pour récupérer le corps de membres de la famille «tués durant des attaques», dans la dernière période, et qui sont détenus par le pouvoir militaire dans un endroit tenu «secret» et qui fait, depuis longtemps, l’objet de dénonciation par des organismes internationaux et des associations de défense des droits humains.

    Le ministre israélien de la «Sécurité publique», Gilad Erdan, a déclaré que les corps des victimes ne pouvaient être remis à leurs familles, car «elles ne remplissaient pas les conditions pour assurer que les funérailles des terroristes se déroulent pacifiquement» (Haaretz, 4 février 2015). Les trois députés, dont Ghattas en particulier, a indiqué au journaliste de Haaretz (Jack Khoury) que des réunions s’étaient tenues avec Giland Erdan deux fois et que ce dernier était tout à fait au courant de la démarche des trois parlementaires. Le «débat» politico-répressif sur cette question, voulu par le ministre et Netanyahou, a permis à l’aile la plus «radicale» – ouvertement raciste – d’affirmer que ces «parlementaires coupaient les derniers liens qui les rattachaient à la société israélienne».

    Parallèlement, la destruction des maisons que l’article de Micheal Schaeffer Omer-Man décrit est l’objet d’un débat qui traduit le véritable objectif présent du gouvernement israélien. Ainsi The Times of Israël, dont l’orientation est tout à fait orthodoxe, écrit le 4 février 2016: «Au cours des dernières années, l’UE a construit plus de 200 structures dans la zone C, a affirmé la radio de l’armée, territoire qui, selon les Accords d’Oslo signés en 1993 entre Israéliens et Palestiniens, tombe sous le contrôle civil et sécuritaire israélien. Dix préfabriqués sont arrivés au cours des deux dernières semaines. Les forces israéliennes ont démoli 24 des 40 structures mardi dans et autour du village de Khirbet Jenbah dans le sud de Hébron – 10 d’entre elles ont été financées par l’UE – après que les bâtiments ont été déclarés comme étant situés dans une zone de tir militaire par l’organisme qui supervise les activités israéliennes civiles dans les Territoires. Ces démolitions sont intervenues après un long arbitrage qui n’a pas produit des résultats escomptés, a déclaré le ministère de la Défense. La Haute Cour a rendu une décision ordonnant l’arrêt d’urgence des démolitions jusqu’au, au moins, le 9 février suite à une requête déposée par un groupe européen.» Autrement dit: l’UE rompt les «Accords d’Oslo» qui sont reconnus, aujourd’hui, comme s’inscrivant dans une pratique d’extension spatiale sioniste accentuée. Mieux, selon Danny Danon, l’ambassadeur d’Israël à l’ONU dénonce «l’Union européenne de faire preuve d’hypocrisie. Ils ne peuvent pas venir et d’une part blâmer Israël de créer une réalité sur le terrain et en plus dépenser des centaines de millions de dollars pour un plan global pour des constructions illégales» (The Times of Israël, 5 février 2016). L’ambassadeur parlait à la radio militaire israélienne, plus fonctionnelle, dans le cas présent. qu’une prise de parole sur une chaîne de TV diffusant à New York, bien que Danon ne s’en prive non plus pas. (Rédaction A l’Encontre)

    *****

    L’armée israélienne exploite un échec de la médiation ordonnée par le tribunal pour démolir des bâtiments dans la «Zone de tir 918». Israël tente depuis 15 ans d’expulser de leurs terres des communautés palestiniennes appauvries dans le seul but «d’économiser quelques sous sur les entraînements militaires».

    Mardi matin, 2 février 2016, les forces militaires israéliennes ont démoli plus de 20 bâtiments dans les villages palestiniens de Khirbet Jenbah et Hawala. En début d’après-midi, la Cour suprême d’Israël a émis une injonction transitoire jusqu’à ce qu’une audition puisse être tenue la semaine prochaine.

    Un officier supérieur déclarait dans une commission parlementaire de la Knesset: «Les zones d'entraînement aux tirs sont fréquemment utilisées pour déplacer des résidents palestiniens.» (+972)

    Un officier supérieur déclarait dans une commission parlementaire de la Knesset: «Les zones d’entraînement aux tirs sont fréquemment utilisées pour déplacer des résidents palestiniens.» (+972)

    Quelque 1000 Palestiniens vivent dans huit villages sur un territoire que les Israéliens ont déclaré constituer la «Zone de tir 918» dans les collines au sud d’Hébron. Quelques 400 personnes, dont un grand nombre d’enfants, vivent dans les deux villages qui ont été ciblés mardi.

    Dans cette zone, des familles palestiniennes vivent traditionnellement dans des grottes. L’Etat israélien cherche depuis quinze ans à expulser cette population de leurs foyers et de leurs pâturages. Par contre les colonies juives qui se trouvent dans cette même «zone de tir 918» n’ont pas reçu d’ordres d’expulsion.

    Il y a plus de deux ans, la Cour suprême israélienne a ordonné à l’armée d’accepter un processus de médiation avec les résidents palestiniens de la «zone de tir 918», mais cette tentative de médiation était récemment tombée en panne.

    Il semble que l’armée tentait de profiter de l’intervalle entre l’échec de la médiation et la reprise de la question par le tribunal pour détruire les bâtiments.

    Cette médiation n’était pas la première tentative de «résoudre» la question de la «zone de tir 918» en dehors des tribunaux. En 2002, les villageois et l’Etat étaient déjà entrés dans un processus de médiation, au cours duquel l’armée a essayé de reloger les résidents palestiniens dans une autre zone, plus réduite, se trouvant à proximité. Les résidents ont néanmoins refusé, et en 2005 le processus s’était achevé sans avoir abouti à un «résultat».

    Au cours de l’audition de la Cour suprême en 2013, l’Etat arguait que la «zone de tir 918» constituait une nécessité militaire puisqu’elle permettait de diminuer les coûts logistiques des exercices d’entraînement à cause de sa proximité à la base militaire avoisinante. Autrement dit: il s’agissait officiellement d’économiser quelques sous!

    Les avocats représentant les villageois rétorquaient que la loi internationale interdit explicitement l’expulsion de résidents d’un territoire occupé, tout comme la saisie permanente de terres pour une utilisation militaire.

    Une année plus tard, un officier supérieur de l’armée israélienne a admis, lors d’une audition à la Knesset (Parlement), que des zones d’entraînement aux tirs étaient fréquemment utilisées pour déplacer des résidents palestiniens.

    Au cours des années récentes, la Zone de tir 918 a suscité l’attention au niveau international: des écrivains israéliens et internationaux exhortaient Israël de «cesser son déplacement des villages palestiniens situés dans la zone de tir 918».

    Parmi ces auteurs, il y avait John Le Carré, Michael Chabon, Dave Eggers, Ian McEwan, la lauréate du prix Nobel Herta Muller et Philip Roth.

    «Dans la réalité d’une occupation en cours, inébranlablement cynique et malfaisante, chacun d’entre nous a l’obligation morale d’essayer de soulager les souffrances, de faire quelque chose pour faire plier la main géante et cruelle de l’occupation», écrivaient les auteurs israéliens.

    Des campagnes similaires ont récemment stoppé, pour l’heure, les efforts de l’armée de déplacer des collectivités palestiniennes appauvries dans les collines au sud de Hébron.

    L’année dernière, le Département d’Etat états-unien, les ministres de l’Union européenne, les Nations Unies et des centaines d’activistes ont rejoint une campagne publique large pour sauver le village palestinien de Susya.

    Suite à cette campagne publique, l’armée israélienne a fuité des documents indiquant que les villageois palestiniens à Susya sont effectivement les propriétaires des terres sur lesquelles est situé leur village, et les menaces de démolition ont disparu sans faire de bruit. (Traduction A l’Encontre; article publié sur le site du magazine +972)

    Michael Schaffer Omer-Man est responsable du site +972 et était avant en charge du «news desk» du Jerusalem Post, plus exactement de la partie en ligne: JPost.com.

  • Algérie : Statut du tamazight, choix culturels et linguistiques, académie et peuple...(Essf)

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    Pour l’auteur de cette contribution, les choix culturels et linguistiques des Algériens doivent se fonder sur leurs réalités et leurs besoins actuels plus que sur une « essence » difficilement définissable. « Sommes nous obligés de convoquer les morts pour légitimer les revendications d’aujourd’hui ? », s’interroge-t-il. Et de répondre que « l’identité culturelle collective, politique ou sociale n’est pas dictée par nos origines mais par notre existence dans le monde réel et la projection que l’on fait pour notre devenir ».

    Le tamazight [berbère] devrait être bientôt officialisé, une fois qu’aura été adoptée par les membres du Parlement la nouvelle Constitution amendée, dont l’article 3 bis stipule que cette langue sera « également langue nationale et officielle » aux côtés de l’arabe lequel, aux termes de l’article 3, « demeure langue officielle de l’Etat » algérien.

    Les populations algériennes, et particulièrement les berbérophones, vont désormais pouvoir construire leur devenir identitaire, culturel et linguistique avec le poids juridique et institutionnel que leur octroiera cette nouvelle Constitution. C’est indéniablement un acquis démocratique. Il vient couronner de longues années de luttes et de combats. Ni le caractère anti-démocratique de cette révision de la Constitution – qui, il faut le souligner, est élaborée dans le mépris des règles élémentaires de la démocratie –, ni les vices de forme et l’ambigüité juridique avec lesquels cette constitutionnalisation du tamazight est introduite et encore moins les calculs politiciens qui la sous-tendent ne doivent faire de l’ombre à la légitimité de cette officialisation.

    Cependant, cet acte n’est pas dénué de contradictions et d’ambigüités, tant sur le plan strictement formel que sur le plan de la démarche préconisée pour une officialisation finale et concrète.

    Ambigüité juridique et atermoiements politiques

    Quand la Constitution instaure un préalable technique avant une officialisation complète et concrète du tamazight, cela signifie qu’elle y voit un « corps malade », qui ne peut s’épanouir ou gérer les domaines scientifiques et technologiques sans être guéri par des soins appropriés !

    Certes, le tamazight est, dans l’immédiat, dans l’incapacité de promouvoir une vie culturelle au-delà du folklore, un enseignement de qualité ou une pensée scientifique respectant les exigences du monde moderne. Un travail de rattrapage (ou de « mise à jour », selon la formule en vogue) du retard que cette langue a subi dans son histoire est, bien évidement, nécessaire.

    C’est toutefois « l’expert » seul qui est invité pour ce travail ! Il est présenté comme l’intellectuel qui dispose des règles (abstraites) et, à travers ces règles, de l’autorité pour effectuer ce travail ! Or, l’expertise sert aussi à mettre en place l’idéologie professionnelle des linguistes, celle des savants de la langue à qui on reconnaît une fonction distincte de celle du peuple et de l’artisan de tous les jours. Le linguiste, détenteur d’un savoir linguistique (et idéologique !) peut ainsi éliminer le peuple et son produit artisanal et spontané et devenir le seul capable de contrôler le processus de production en amont et en aval.

    La revendication d’officialisation du tamazight, il faut le rappeler, est portée par un mouvement large et populaire. Le mouvement culturel berbère, le MCB, a produit, dans le sillage d’experts et de militants comme Salem Chaker, ou encore derrière des autorités scientifiques et intellectuelles comme Mouloud Mammeri, des dizaines voire des centaines d’artisans de la langue. Ils sont l’expression directe et patente de la volonté démocratique et populaire de voire cette langue s’émanciper et se moderniser. Ils lui donnent déjà le quitus pour une existence concrète et les outils nécessaires pour son ancrage dans un univers linguistique plus vaste et non uniquement pour survivre comme « monument ethnographique ».

    Le piège est de confiner ce débat à l’intérieure de l’institution qui s’appelle « académie ». Il faut, d’ailleurs, se demander ce que c’est que l’académie : c’est une « bureaucratie culturelle » qui a comme fonction de fournir à l’Etat un ordre, un code linguistique, une esthétique et la culture officielle dont il a besoin. Pour empêcher la bureaucratie culturelle d’imposer sa langue et sa culture officielle, il faut continuer à se battre partout, pas seulement à l’intérieur de cette institution et quelle que soit la couleur qu’on veut lui donner.

    Le discours officiel prépare déjà, bien évidement, sa future académie et ses futurs « experts » à donner une orientation précise au travail de promotion du tamazight (c’est déjà flagrant dans la conférence de presse lors de laquelle Ahmed Ouyahia a annoncé cette officialisation). Mais rien n’est encore joué. Il reste à se rappeler l’expérience de lutte qui a aguerri les populations berbérophones, notamment en Kabylie (il faut reconnaître que dans d’autres régions berbérophones, l’institutionnalisation du tamazight est une revendication secondaire). Faisons en sorte que la « rue » impose ses propres experts et qu’elle soit en mesure d’imposer la feuille de route de cette académie.

    Elevée une langue au rang de langue officielle de l’Etat signifie qu’elle doit être en usage dans les institutions de cet Etat dont la capacité d’assurer une prise en charge adéquate de la réalité culturelle, sociale, scientifique ou diplomatique que vit le pays dépend du dynamisme de cette même langue et du génie populaire à la porter haut !

    Or, si l’on perçoit le tamazight comme « corps malade », qu’il faut d’abord soigner, il faut se souvenir que ceci est aussi valable pour la langue arabe, le véritable arabe parlée par les millions d’Algériens, y compris par les officiels dans leur vie quotidienne. Car l’arabe dont parle la Constitution n’est pratiquée que d’une manière formelle à l’intérieur des institutions et, d’une manière laborieuse, même à l’école. Nous savons tous que le véritable arabe que parlent les officiels dans leur famille et avec leurs enfants n’est pas celui qu’ils pratiquent devant les caméras de télévision. Nous connaissons aussi l’arabe parlé par les enseignants experts de l’éducation à nos enfants. Il est loin de celui qu’ils parlent avec leurs propres enfants à la maison. S’il y a lieu de moderniser cet arabe, s’agit-il de partir de celui pratiqué officiellement dans tout le monde arabe et d’arriver à le rapprocher de ses expressions locales ? Ou faut-il partir du parler local pour lui donner une assise moderne ! Dans les deux cas nous aurons un arabe algérien !

    Crise de l’état social et « panique identitaire »

    Parmi les Etats-nations appartenant à l’univers culturel et linguistique arabe, l’Algérie peut être considérée parmi les plus solides. Cette cohésion est l’expression d’une guerre de libération des plus meurtrières et des plus radicales qu’ait connues la région. Le fait national algérien relève d’un héritage commun et d’un riche souvenir pour « avoir fait des grandes choses ensemble », « avoir souffert, joui et espéré ensemble », selon l’expression d’Ernest Renan [1].

    Mais quand le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, déclarait, en 1963, « Nous sommes des Arabes, des Arabes, dix millions d’Arabes. [...] Il n’y a d’avenir pour ce pays que dans l’arabisme [2] », il introduisait dans la conscience des Algériens une « panique identitaire [3] » qui nous poursuit jusqu’à aujourd’hui. Avec cette sentence, Ahmed Ben Bella confondait l’identité culturelle, qui varie entre groupes voire entre individus, et identité nationale, façonnée dans la dynamique d’un mouvement national des plus émancipateurs. Il engageait la nation algérienne sur le sentier de l’essentialisme culturel, où les Algériens seraient des Arabes et des musulmans par essence ! Pourtant dans le registre de l’essentialisme, celui des origines, il serait plus juste de dire que nous sommes des Amazighs.

    Sommes-nous obligés de convoquer les morts pour légitimer les revendications d’aujourd’hui ? Faut-il faire appel à El-Kahina, rappeler le « message » de Okba Ibnou Nafaâ ou faire le procès des Banou Hilal pour justifier l’état des lieux d’aujourd’hui ? L’identité culturelle collective, politique ou sociale n’est pas dictée par nos origines mais par notre existence dans le monde réel et la projection que l’on fait pour notre devenir.

    Le nationalisme se nourrit aussi de la satisfaction des besoins sociaux essentiels. Rappeler la dimension sociale de l’Etat ne signifie pas réduire la politique au « social » ou se détourner du champ spécifiquement institutionnel. C’est surtout rappeler qu’après les expériences fondatrices des massacres du mai 1945, de la crise du PPA-MTLD en 1949, de l’indépendance en 1962, de la révolte d’avril 1980 en Kabylie, de la révolte juvénile d’octobre 1988, et du Printemps noir de 2001, la lutte pour la démocratie politique n’est plus dissociable de son contenu social, que l’enjeu est le pouvoir, qu’on doit lutter pour des réformes institutionnelles sur le mode de scrutin, la représentativité des assemblées élues, la parité, etc. mais ne pas oublier que le chômage est un cancer qui mine les meilleures formules démocratiques.

    Au moment où s’affaiblit la fonctionnalité de l’Etat-nation tel qu’il a émergé depuis l’indépendance dans sa version d’Etat social, l’introduction du tamazight dans le débat constitutionnel ne doit pas servir à ressusciter les différences originelles dans une logique « ethnique » du nationalisme fondé sur les racines, mais sur un pacte constitutionnel centré sur le devenir. jeudi 4 février 2016

    Nadir Djermoune* « Du droit du tamazight de s’émanciper de »son« académie... (opinion) ». Maghreb Emergent. 4 février 2016 13:03 :


    http://www.maghrebemergent.com/contributions/opinions/55340-du-droit-du-tamazight-de-s-emanciper-de-son-academie.html

    * Nadir Djermoune est enseignant-chercheur à l’institut d’architecture d’urbanisme de l’université de Blida.

    Notes

    [1Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une nation (conférence donnée en 1882 à la Sorbonne), in : Qu’est-ce qu’une nation ? Et autres essais politiques, Paris : Agora, Les classiques, 1992 ; cité par Daniel Bensaïd dans La discordance des temps, Essais sur les crises, les classes, l’histoire, Paris : Editions de la Passion, 1995, p. 151

    [2Jamel Zenati, « L’Algérie à l’épreuve de ses langues et de ses identités : histoire d’un échec répété », Mots. Les langages du politique [En ligne], 74 | 2004, mis en ligne le 28 avril 2008, consulté le 23 janvier 2016. URL : http://mots.revues.org/4993.

    [3L’expression est de Daniel Bensaïd, op. cit., p. 149.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37112

    Lire aussi:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_berb%C3%A8res

  • L’Algérie renonce temporairement au gaz de schiste (Basta)

    La dégringolade des prix du pétrole est officiellement à l’origine de cette décision.

    La compagnie nationale pétrolière Sonatrach suspend son exploration de gaz de schiste près d’In Salah, dans le Sud de l’Algérie. C’est précisément dans cette ville au cœur du Sahara qu’a débuté en janvier 2015 une mobilisation écologique et citoyenne inédite contre les risques de pollution des eaux et de l’air liés à l’usage de la fracturation hydraulique. Selon le quotidien El-Khabar, traduit par le Huffington Post, c’est le passage du prix du baril de pétrole en dessous des 30 dollars qui rend l’exploration non rentable. « Un seul forage revient à plus de 3 millions de dollars », indique le quotidien. « La suspension des travaux d’exploration du gaz restera en vigueur tant que le prix du pétrole ne remonte pas au moins au niveau des 80 dollars le baril ».

    Mais les opposants algériens au gaz de schiste n’ont pas eu le temps de savourer cette première victoire. Dix-huit activistes viennent d’être convoqués par la police judiciaire d’In Salah, pour des faits qui se seraient produits pendant le mouvement de contestation, rapporte le journal algérien TSA. Les manifestants seraient mis en cause pour le vol de pièces détachées et d’équipements, précise le site du quotidien El Watan. Mohad Gasmi, l’un des piliers de la lutte, a ainsi été arrêté le 3 février, selon les informations recueillies par Basta ! (notre portrait de cet activiste).

    Une mobilisation citoyenne visant à dénoncer ces « représailles » est en cours de préparation. « Nous nous attendions tous à des répressions, confie une militante d’In Salah. L’essentiel est que la lutte continue. Le bout du chemin est là. » Des militants du mouvement anti gaz de schiste d’In Salah planchent par ailleurs sur le projet de « Smart Sahara » visant à promouvoir l’écologie et les énergies renouvelables, dans une région où se conjuguent un puissant ensoleillement et une vaste nappe phréatique dont dépendent des milliers d’agriculteurs.

     Sophie Chapelle

    Pour aller plus loin :
    - télécharger le rapport de Basta ! et l’Observatoire des multinationales sur Total et les gaz de schiste en Algérie

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Une parodie « supplément » du New York Times critiquant la couverture par ce journal d’Israël/Palestine, distribué dans les rues de New York

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    Adam Horowitz, 2 février 2016 – Mondoweiss   Ce matin, les New Yorkais se rendant à leur travail ont la surprise de voir des gens qui se sont dispersés dans la ville pour distribuer un « supplément » réalisé avec talent du New York Times du jour, qui annonce une « nouvelle politique éditoriale » sur Israël/Palestine. Nous avons...
     
     
    Des câbles diplomatiques israéliens dévoilent une forte augmentation dans les efforts pour boycotter Israël

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    Dana Somberg – Maariv Hashavua – 2 février 2016 Des dizaines de câbles envoyés chaque mois au ministère des Affaires étrangères israélien par les ambassades d’Israël en Europe et aux États-Unis rendent compte d’une montée en flèche du mouvement international BDS. Le ministère des Affaires étrangères reçoit des dizaines de rapports mensuels depuis ses ambassades...
     
     
     
    2015 : 130 Palestiniens détenus pour leurs commentaires sur les réseaux sociaux

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    Vendredi 22 janvier 2016, par IMEMC News and Agences Mercredi, le Comité des détenus et ex détenus palestiniens a rapporté que les forces israéliennes ont arrêté quelques 130 Palestiniens pour leurs activités sur les réseaux sociaux au long de l’année 2015. Le rapport du comité explique que 27 de ces détenus ont été accusés « d’incitation »...
     
     
     
    De plus en plus de réclamations à Israël pour qu'il libère le professeur de cirque pour enfants en situation de handicap

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    Ryan Rodrick Beiler, 31 janvier 2016 #FREEABUSAKHA  [Libérez Abu Sakha] Alors que l’artiste de cirque de 23 ans Mohammad Abu Sakha entame son deuxième mois de détention administrative dans une prison israélienne, de nouveaux appels ont été lancés par Amnesty International pour sa libération. Abu Sakha, qui a été artiste et entraîneur à l’Ecole Palestinienne du...

  • Nouveautés sur Afriques en Lutte

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