Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Révolutions Arabes - Page 152

  • Tunisie : la colère des jeunes chômeurs (Lutte Ouvrière)

    kasserine-sit-in-youth-revolution-women.jpg

    Les mouvements de colère se multiplient dans les gouvernorats du centre-ouest de la Tunisie.

    La ville de Kasserine, en particulier, connaît une vague de protestations des chômeurs, qui réclament des emplois, le développement de la région et la fin de la corruption. Des manifestations et sit-in se sont déroulés dans une vingtaine de villes.

    À l’origine de cette récente flambée, il y a la mort, le 16 janvier, d’un jeune chômeur qui s’est tué en escaladant un poteau électrique lors d’un rassemblement. Son nom, comme d’autres noms, avait été retiré par l’administration d’une liste d’embauchés. Le même désespoir touche des milliers d’autres jeunes, comme ceux qui, grimpés pendant le rassemblement sur le toit de la préfecture, menaçaient de se jeter dans le vide.

    Face à la colère qui s’exprime à Kasserine, Sidi Bouzid, Siliana, villes où le chômage atteint près de 25 % et l’analphabétisme 32 %, et jusque dans les faubourgs de Tunis, les gaz lacrymogènes et l’appel à la patience sont la seule réponse du gouvernement. Le pouvoir, aux mains du parti de droite Nidaa Tounès, secondé par la parti islamiste Ennahda, déplore ne pas posséder de « baguette magique » pour régler la situation des classes travailleuses. À part des promesses de créations d’emplois et de formations, les jeunes chômeurs ne voient rien venir.

    Les prix grimpent, les grèves pour les salaires se développent dans les transports, les aéroports, le phosphate.

    L’état d’urgence proclamé depuis novembre dernier, à la suite d’un attentat meurtrier à Tunis, ne fait pas taire les protestations de la jeunesse ouvrière, pas plus que le couvre-feu instauré récemment.

    La promesse d’une aide financière d’un milliard d’euros est venue de la France, dont les groupes capitalistes ne voient pas d’un bon œil le mécontentement monter en Tunisie. Cette aide sera étalée sur cinq ans et représentera chaque année moins que le prix de deux Rafale. Il reste aussi à voir qui en seront les vrais bénéficiaires. En tout cas, elle fera au mieux l’effet d’un sparadrap sur une plaie béante.

    Viviane LAFONT 27 Janvier 2016
     
  • Le Maroc intensifie la répression de la liberté de la presse avec un procès contre le journalisme citoyen (Amnesty)

    maroc.jpg

    Le procès de sept journalistes et militants marocains accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État et de manquement au devoir de signaler des financements étrangers, qui doit s’ouvrir mercredi 27 janvier, s’inscrit dans une opération calculée de répression contre la liberté d'expression, a déclaré Amnesty International.

    Ces sept personnes doivent être jugées pour avoir pris part à un projet financé par des acteurs étrangers, qui visait à former des membres du public à l’utilisation de smartphones dans le but de pratiquer un journalisme citoyen. Les documents juridiques relatifs à cette affaire indiquent que les autorités estiment que le journalisme citoyen est susceptible d’ébranler la confiance des Marocains dans leurs institutions.

    « Ce cas démontre clairement que le gouvernement marocain intensifie ses attaques contre la liberté de la presse. Aider des Marocains à maîtriser la technologie des smartphones afin de rendre compte de ce qui se passe dans le pays n’est pas un crime, et il est choquant que cela soit traité comme une atteinte à la sûreté de l’État. Les Marocains ont le droit de recevoir et de diffuser des informations sur l'actualité de leur pays », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    Aux termes de la législation marocaine en matière de sécurité, cinq des sept accusés encourent des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. Amnesty International exhorte les autorités à abandonner les poursuites contre les sept accusés.

    Ce procès n’est que le dernier exemple en date d’un durcissement de la répression contre la liberté d'expression au Maroc.

    Dans une autre affaire médiatisée, un tribunal spécialisé dans les affaires relatives au terrorisme a accusé le journaliste Ali Anouzla d’«apologie» du terrorisme, et d’« aide matérielle » et d’«incitation » au terrorisme.

    Les charges en question sont en relation avec un article publié en 2013 sur Lakome.com, le site d’information alors très suivi d’Ali Anouzla, dans lequel celui-ci avait critiqué une vidéo du groupe armé Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il a été arrêté et maintenu en détention pendant plus d’un mois à la suite de cette publication, et le site Internet a été fermé.

    S’il est déclaré coupable, il risque jusqu’à 20 ans de réclusion.

    Dans le cadre d’une affaire distincte, Ali Anouzla a été inculpé d’« atteinte à l’intégrité territoriale » pour un entretien accordé au quotidien allemand Bild en novembre dernier - après avoir reçu le prix Raif Badawi, décerné à des journalistes pour leur courage - dans lequel il aurait utilisé l’expression « Sahara occidental occupé ». Le journaliste soutient que Bild a mal traduit ses paroles, et qu’il avait seulement fait référence à ce territoire sous le nom de « Sahara ». Les autorités marocaines revendiquent leur souveraineté sur le Sahara occidental, un territoire au sud du Maroc, annexé en 1975. S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement en vertu du Code de la presse.

    « Les autorités marocaines doivent abandonner les charges retenues contre Ali Anouzla et cesser de poursuivre des journalistes faisant leur travail, ainsi que des militants non violents, pour des faits en relation avec la sûreté de l’État et le terrorisme. Elles doivent mettre un terme à leur campagne actuelle visant à faire taire les voix dissidentes et à apeurer les gens afin de les forcer à s’autocensurer », a déclaré Said Boumedouha.

    Complément d'information 

    Les personnes en instance de jugement sont :

    Maati Monjib, 53 ans, historien et fondateur du Centre Ibn Rochd d’études et de communication, président de l’ONG Freedom Now (qu’il a créée avec Ali Anouzla) et membre de l’Association marocaine pour le journalisme d'investigation (AMJI). S’exprimant régulièrement au sujet de la politique marocaine dans les médias internationaux, au sein de clubs de réflexion et sur la scène universitaire, il est certainement la principale personnalité visée par ces poursuites.

    Abdessamad Ait Aicha (connu sous le nom de Samad Iach), 31 ans, journaliste, ancien employé du Centre Ibn Rochd d’études et de communication, et membre de l’AMJI.

    Hicham Mansouri, 35 ans, journaliste et ancien employé de l’AMJI, récemment remis en liberté après avoir purgé une peine de 10 mois de prison. Amnesty International craint que sa condamnation n’ait été motivée par des considérations politiques.

    Hicham Khreibchi (connu sous le nom d’Hicham Al Miraat), 39 ans, médecin, fondateur et ancien président de l’Association des droits numériques (ADN), et ancien responsable des actions de plaidoyer à Global Voices.

    Mohamed Essaber/Sber, 44 ans, président de l’Association marocaine pour l’éducation de la jeunesse (AMEJ).

    Maria Moukrim, 39 ans, journaliste, ancienne présidente de l’AMJI.

    Rachid Tarik, 68 ans, journaliste (à la retraite), président de l’AMJI.

    Plusieurs accusés sont par ailleurs d’anciens sympathisants ou membres du mouvement du 20-Février, une mouvance pacifique pro-démocratie et anti-corruption ayant émergé en 2011 au Maroc dans le contexte des soulèvements populaires dans la région.

    https://www.amnesty.org/morocco-ramps-up-crackdown-on-press-freedom-with-trial-over-citizen-journalism/

  • LYON : Interdiction préfectorale de manifestation pour la Palestine. (AFPS)

    basket4-500-03ad7.jpg

    On ne joue pas avec l’Apartheid Israélien !

    Collectif 69 - Villeurbanne, mercredi 27 janvier 2016

    RASSEMBLEMENT mercredi 27 janvier à 18h30 Devant l’Astroballe Liberté pour la Palestine

    http://collectif69palestine.free.fr...

    Le 27 janvier, l’ASVEL reçoit l’équipe israélienne MACCABI RISHON dans le cadre de la "FIBA Europe Cup". Nous serons présent pour rappeler qu’Israël, n’a rien à faire dans une compétition européenne tant que cet État ne respecte pas les droit humains.

    Nous répondons ainsi à l’appel de la "la société civile palestinienne pour un mouvement BDS (Boycott, Désinvestissements et Sanctions) à travers le monde. "Nous, représentants de la Société civile palestinienne, invitons à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d’investissement contre Israël tels que ceux appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid. Nous faisons appel à vous pour faire pression sur vos états respectifs afin qu’ils appliquent des embargos et des sanctions contre Israël, […] Ces mesures de sanction non-violentes devraient être maintenues jusqu’à ce qu’Israël honore son obligation de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international. "

    RASSEMBLEMENT mercredi 27 janvier à 18h30

    Devant l’Astroballe (44 Avenue Marcel Cerdan, 69100 Villeurbanne) Métro Laurent Bonnevay

    Parce que  : Israël commet chaque jour des crimes contre le peuple palestinien Occupation, assassinats, colonisation. Parce que nous n’oublions pas les crimes contre l’Humanité commis à GAZA en 2014 faisant plus de 2000 morts dont 500 enfants et des milliers d’handicapés.

    Parce que : Israël utilise le sport comme propagande. Le Ministère israélien de la Culture et des Sports, reconnaît lui-même que les événements sportifs permettent à Israël « d’améliorer son image » alors qu’il viole impunément les droits Humains, les lois internationales et les résolutions de l’ONU depuis plus de soixante ans. Qu’il ne respecte en rien les valeurs du sport, qu’il détruit les équipements sportifs palestiniens, empêche les sportifs palestiniens de circuler en Palestine et d’aller à l’étranger. C’est pourquoi cette équipe doit être considérée comme une « ambassadrice » de l’État d’Israël. "Nous appelons :

    – la FIBA et plus généralement les instances sportives internationales (notamment le CIO et la FIFA) à exclure Israël jusqu’à ce que cet Etat respecte le droit international.

    – Toutes les personnes de conscience, citoyens, supporters, joueurs, officiels, à se mobiliser contre la venue de l’équipe israélienne de basket en solidarité avec le peuple palestinien.

    Participez et faite connaître l’Événement Facebook

    Interdiction préfectorale

    Israël demande…le gouvernement s’exécute !

    A l’occasion du match de basket ASVEL / MACCABI RISHON à Villeurbanne

    Le Préfet du Rhône vient de notifier à notre Collectif une interdiction de manifester.

    Nous avions déposé une déclaration et obtenue une autorisation pour le mercredi 27 janvier devant l’Astroballe de Villeurbanne.

    A l’occasion de la venue d’une équipe d’Israël nous avions l’intention d’exprimer, comme toujours, pacifiquement, notre soutien au peuple palestinien.

    Cette interdiction fait suite aux nombreuses attaques de Valls contre le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement sanctions) et aux pressions des officines pro israéliennes. D’ailleurs Cukierman, président du CRIF, a crié victoire avant que la notification ne nous soit remise !

    Les attendus de cet arrêté préfectoral sont particulièrement graves pour les libertés publiques. Il s’agit d’interdire toute manifestation prônant le boycott d’Israël. Ainsi la France est le seul pays au Monde à vouloir interdire cette expression citoyenne, portée par de grands résistants (Gandhi, Luther King, Mandela…) pour libérer les peuples de l’oppression.

    En outre, l’arrêté de monsieur le Préfet fait la part belle au communautarisme pourtant stigmatisé à longueur de temps. Il nous est expliqué qu’une manifestation contre Israël à Villeurbanne… serait interdite compte tenu de la forte présence de la communauté juive ! De plus une hypothétique contre-manifestation risquerait d’entrainer des heurts !

    Sachez, à l’avenir, que si vous souhaitez faire interdire une manifestation il vous suffit d’agiter la menace d’une contre-manifestation…

    L’État d’urgence permet donc tous les excès et des atteintes graves aux droits d’expression et de manifestation, droits pourtant garantis par la Constitution.

    - Pour ce qui concerne l’arrêté d’interdiction du Préfet, nous n’avons, pour l’instant, d’autres choix que de nous y conformer. En revanche nous avons l’intention de saisir le tribunal administratif afin de faire casser cet arrêté inique.

    - Nous appelons à manifester contre l’état d’urgence, dont on voit bien qu’il devient l’instrument à dessein de basse politique.

    - Nous appelons à poursuivre les campagnes de soutien au peuple palestinien et à amplifier la campagne BDS, notamment en signant la pétition (http://www.bdsfrance.org/petition-n...).

    mercredi 27 janvier 2016, Par Le Collectif 69

    http://collectif69palestine.free.fr/spip.php?article966

    Tract:

    http://collectif69palestine.free.fr/IMG/pdf/TractBasket.pdf

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    1349120963netanyahu_cartoon_Un.jpg

  • Tunisie. Ils veulent un autre ordre social. Eux, veulent l’ordre (A L'Encontre.ch)

    protest-kasserine-map-fr

    Par Henda Chenaoui

    Le Conseil de sécurité nationale de Tunisie s’est réuni, le 25 janvier 2016, au Palais de Carthage sous la présidence du président de la République, Béji Caïd Essebsi (BCE), pour l’évaluation de la situation sécuritaire dans le pays.?La réunion s’est déroulée en présence du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, du chef du gouvernement Habib Essid, des membres du Conseil supérieur des armées, ainsi que de plusieurs hauts cadres sécuritaires, outre des membres du gouvernement et des députés de l’ARP, indique un communiqué de la présidence de la République. Autrement dit, face au mouvement social, «l’ordre» est réclamé par les sommets de l’armée, par les ex-bénalistes, ainsi que par ceux (Ennhada) qui «négocient» avec le pouvoir, tant l’ordre social est propre à leur programme socio-économique, Dès novembre 2015, la vieille garde se retrouve à la Sécurité nationale: Abderrahmane Belhaj Ali.

    Abderrahmane Belhaj Ali

    A. Belhaj Ali

    Ce dernier, très tôt, a attiré l’attention Zine el-Abidine Ben Ali, ancien directeur de la Sûreté devenu ministre de l’Intérieur. A sa prise de pouvoir, le 7 novembre 1987, Ben Ali fait de Belhaj Ali son directeur de la sécurité présidentielle. Ironie de l’histoire: déjà, à l’époque, il succède à Rafik Chelly, resté fidèle à Habib Bourguiba. Belhaj Ali officie à ce poste jusqu’en 2001, quand Leïla Ben Ali (femme influente de Ben Ali, du clan Trabelsi) commence à éloigner le premier cercle formé, depuis 1987, autour de son époux. «Déplacé» en Mauritanie il va compléter sa formation dans ce pays. Il sera aux premières loges du nouvel ordre que vise à imposer ECB qui doit faire face à une résistance sociale d’ampleur que décrit Henda Chenaoui. (Rédaction A l’Encontre)

    *****

    Entre Kasserine, Sidi Bouzid et Tunis, le mouvement social revendiquant travail et développement régional continue à rassembler des milliers de citoyens. Ce lundi, 25 janvier, les manifestations ont eu lieu à Kasserine, Sidi Bouzid, Regueb, Jebeniana, Hamma, Gafsa, Jendouba, Ghardimaou, Tibar, Siliana, Beja, Jendouba, le Kef et Tunis. Les manifestations et rassemblements ont conservé leur aspect pacifique dans toutes les régions.

    Là où tout a commencé le 16 janvier 2016 les jeunes chômeurs continuent leur sit-in au siège du gouvernorat pour revendiquer le développement régional et l’emploi. Dans un communiqué publié hier dimanche 24 janvier, ils se réjouissent «de l’échec des tentatives d’infiltration et de récupération des demandes légitimes du sit-in et de tout le mouvement social pacifique». Les chômeurs ont condamné «la surdité du gouvernement face à nos demandes d’ouverture d’un dialogue». Ils ont exprimé leur refus catégorique du «traitement hautain et centralisé des problématiques de la région de Kasserine et de sa jeunesse». Ils rappellent enfin leur détermination à affronter «le système de la corruption et de la bureaucratie qui a marginalisé depuis des années notre région et qui essaie à nouveau d’ignorer notre existence dans les programmes de développement».

    Dans les régions, la dignité passe par le travail et le développement

    A Sidi Bouzid, une manifestation a eu lieu ce matin, lundi 25 janvier, rassemblant des dizaines de personnes. Organisée par l’Union des diplômés chômeurs, le bureau régional de l’UGTT et le bureau régional de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, la manifestation s’est dirigée vers le siège du gouvernorat où les manifestants ont demandé à rencontrer le gouverneur. «Ce dernier nous a promis, la semaine dernière, une réunion pour recevoir nos demandes de développement et d’emplois. Mais il a tout annulé à la dernière minute sans explications», selon Atef Affi, membre de l’UDC (Union des diplômés chômeurs) à Sidi Bouzid. Le bureau régional de l’UDC a appelé le pouvoir central à régler la question de l’emploi précaire et à confier la gestion des concours publics à une commission indépendante où la société civile doit être représentée.

    Le rassemblement des jeunes chômeurs de la région a été réprimé par la police qui «a aspergé les manifestants de gaz lacrymogène et a attaqué même les passants à coups de matraques», témoigne Atef Affi. En même temps, des jeunes chômeurs ont entamé, ce matin, un sit-in au siège de la délégation de Regueb (40 km de Sidi Bouzid) pour demander le développement régional, l’emploi et l’ouverture du dossier de la corruption.

    À Jebeniana (Sfax), une grande manifestation a eu lieu, cet après-midi, au centre-ville, appelant à ouvrir le dossier du développement et de l’emploi mais aussi à la démission du gouvernement actuel. Deux sit-in se poursuivent aux sièges de la municipalité et de la délégation depuis mardi 19 janvier.

    hamma

    À El Hamma (Gabes), les manifestants ont barré la route nationale n°16 qui relie Gabes à Kebili pour exiger d’être reçus par les responsables locaux. Selon radio Tatouine toutes les administrations locales ont été fermées durant la journée.

    À Gafsa, plusieurs manifestations pacifiques ont eu lieu, aujourd’hui, rassemblant les diplômés chômeurs et les ouvriers des chantiers. Toujours avec les mêmes demandes, les manifestants ont appelé à l’application de la discrimination positive envers les régions défavorisées.

    Au nord-ouest, plusieurs délégations dans les gouvernorats de Jendouba, Siliana, Béja et le Kef ont continué à manifester pour les mêmes raisons. À Jendouba, des sit-in ont démarré, dès ce matin, dans de nombreuses délégations. À GharDimaou, Tibar et Siliana, les diplômés chômeurs ont manifesté pour rappeler leur droit à l’emploi et au développement régional.

    Deux grèves de la faim à Tunis

    Quinze employés diplômés de la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz continuent leur 22e jour de grève de la faim devant le siège de la compagnie, rue Kamel Ataturk à Tunis. Un rassemblement de soutien, organisé par les militants de Manich Msamah, a eu lieu ce midi. Les grévistes de la faim demandent de régler leurs situations financière et administrative.

    À la Kasbah, une dizaine de jeunes diplômés chômeurs se sont rassemblés pour rappeler les demandes du mouvement social revendiquant travail et développement. Malgré la forte présence policière, aucune agression n’a été enregistrée durant ce rassemblement pacifique.

    Le samedi 22 janvier, huit jeunes de Bouzayane (Sidi Bouzid) ont entamé une grève de la faim au siège de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. à Tunis. Les grévistes demandent la mise en application immédiate d’un accord de l’année dernière pour l’emploi. Un sit-in a eu lieu à Bouzayane durant 47 jours suivi d’une grève de la faim du 22 avril au 4 juin 2015. Les deux actions ont débouché sur un accord d’embauche pour 64 jeunes de la région dans la fonction publique.

    L’accord a été signé par le ministère des Affaires sociales, le secrétaire général adjoint de l’UGTT (Union générale tunisienne du travail), Bouali Mbarki, un membre de la LTDH et deux députées de la région Mbarka Aouinia (Front Populaire) et Nozha Bayaoui (Initiative Nationale). «Mais la liste a été modifiée et les autorités locales ont supprimé huit noms. Nous continuerons notre grève de la faim jusqu’à l’application de l’accord du 4 juin 2015 dans son intégralité», nous explique Akram Dhif Allah, un des grévistes de la faim. (25 janvier 2016, dans nawaa)

    Publié par Alencontre le 27 - janvier - 2016

    Henda Chenaoui est journaliste indépendante, spécialiste en mouvements sociaux et nouvelles formes de résistance civile. Elle s’intéresse à l’observation et l’explication de l’actualité sociale et économique qui passe inaperçue.

    http://alencontre.org/moyenorient/tunisie-ils-veulent-un-autre-ordre-social-eux-veulent-lordre

  • Répression des dernières manifestations : l’étonnante brutalité des forces de l’ordre (Algeria Watch)

    cb3-dilem.jpg

    La semaine qui s’achève aura été agitée à Oued El Ma, dans la wilaya de Batna.

    Les habitants de cette commune sont sortis manifester à partir de lundi pour dénoncer la marginalisation de leur région et l’absence de projets de développement. Ils ont fait l’objet d’une violente répression de la part des forces de l’ordre, selon plusieurs témoignages. Dans un communiqué publié ce samedi, le Front des forces socialistes (FFS) a notamment dénoncé les « dépassements en gros commis par les forces de sécurité », tels que des « arrestations arbitraires de citoyens, des violations de domiciles et destruction de la propriété privée ».

    Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ainsi que l’intervention musclée de ces derniers dans la commune d’Oued El Ma ne sont pas sans rappeler la stratégie agressive utilisée par les forces de l’ordre en réponse au mouvement de protestation des travailleurs de l’usine SNVI de Rouiba en décembre dernier.

    Dans les deux cas, l’intervention des forces de l’ordre aura été immédiate et démesurée, en contraste avec ses méthodes habituelles. Car si les forces de l’ordre en Algérie sont traditionnellement et notoirement connues pour leur brutalité, la nouveauté réside dans la façon systématique avec laquelle les forces de l’ordre basculent désormais vers celle-ci.

    Cette nouvelle stratégie tranche par exemple avec la façon dont les forces de l’ordre avaient géré les émeutes de 2011. Si la répression avait bien été au rendez-vous, elle avait néanmoins d’abord laissé place à une période d’observation. L’action des forces de l’ordre semblait par ailleurs contenue, elle ne laissait pas transparaître de la nervosité comme c’est le cas actuellement.

    Qu’a donc changé entre ces émeutes-là et celles d’Oued El Ma ? Une option probable serait peut être que les autorités semblent vouloir transmettre un message à ceux qui seraient éventuellement tentés de sortir dans les rues. L’action des forces de l’ordre pourrait servir donc de démonstration de force destinée à décourager toute velléité de protestation, au moment où la situation économique s’apprête à s’aggraver en Algérie.

    Par Radia Touri, TSA, 23 janvier 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/brutalite_forces_securite.htm

    Lire aussi:

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/revolte/occuper_rue.htm

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    Gaza1anApres0110.jpg

  • Egypte. La propagande sécuritaire discréditée par l’affaire Moheb Doss (A l'Encontre.ch)

     
    Moheb Doss en 2014. A l'arrière-plan, on voit un tag «Libérez Boudy» avec un portrait de ce jeune révolutionnaire emprisonné. (Photo de Hany Hanna)

    Moheb Doss en 2014. A l’arrière-plan, on voit un tag «Libérez Boudy» avec un portrait de ce jeune révolutionnaire emprisonné.
    (Photo de Hany Hanna)

    La stratégie de répression du régime du maréchal Sissi repose sur la suspicion généralisée. La suspicion de sympathie avec les Frères musulmans est jetée indistinctement sur les opposants au régime, voire sur ses partisans critiques. Dans un Etat de droit, cette pratique ne résisterait pas à la présomption d’innocence. On ne croit une accusation que si elle est fondée. Mais l’Egypte est encore sous le choc de l’expérience des Frères musulmans au pouvoir et de leurs connivences affichées avec les terroristes islamistes. Les Egyptiens ont donc laissé l’armée prendre le pouvoir pour les protéger de toute possibilité de retour au pouvoir de la confrérie, voire d’un risque de guerre civile et de troubles internes comme ceux qui déchirent la Syrie ou la Libye. Seule armée du Moyen-Orient arabe encore forte, l’armée égyptienne est aux yeux de la population la garante de la stabilité du pays, voire de l’existence même de l’Etat égyptien. Les plus inquiets soupçonnaient en effet les Frères musulmans de vouloir le diluer dans une internationale islamiste et les Etats-Unis de travailler à sa division. Par principe, tout un pan de la population soutient son champion contre ses opposants. Peu importe que les accusations contre ces derniers ne soient pas étayées sur des preuves! Puisque le pouvoir affirme les avoir, comment ne pas lui faire confiance? La propagande répressive est rodée au point que tout opposant arrêté est présumé aux yeux d’une partie de l’opinion publique comme Frère musulman, sympathisant des Frères ou agent du complot américain consistant à instiller le poison islamiste dans la région.

    Utilisant cette stratégie en pilotage automatique et rendu nerveux par le 5e anniversaire de la révolution du 25 janvier 2011 qu’il a tout fait pour étouffer, le régime arrête les jeunes révolutionnaires à tout va. Parmi eux un certain Moheb Doss. En procédant à cette arrestation, le régime vient d’ébranler la pierre angulaire de sa stratégie répressive: la présomption d’appartenance au complot des Frères musulmans. Cette fois elle ne peut pas s’appliquer. Tout simplement parce que Moheb Doss est chrétien! Il a été arrêté le 6 janvier à l’entrée de la cathédrale du Caire où il allait célébrer le réveillon du Noël copte orthodoxe. Moheb est aussi est surtout un des six fondateurs du mouvement pétitionnaire Tamarrod qui a été à l’origine de l’éviction du pouvoir du président, Frère musulman, Mohamed Morsi [en fonction du 30 juin 2012 au 3 juillet 2013]. Cet étudiant en droit avait lancé en mai 2013 avec une poignée d’autres jeunes une pétition exigeant le départ de Morsi. La pétition avait recueilli en quelques semaines des millions de signatures et fait descendre des millions d’Egyptiens dans la rue le 30 juin 2013, ouvrant la voie à l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi.

    Ce CV ne lui a pourtant été d’aucun secours. En ce réveillon de Noël, le pouvoir a décidé de ne lui faire aucun cadeau. Le 6 janvier vers 21h30, Moheb se rend à la cathédrale du Caire avec deux amis dont le journaliste Gamal George au moment même où le président Sissi s’apprête à y aller pour présenter ses vœux à la communauté copte. Après l’habituel contrôle de sécurité, des policiers en civil leur demandent leurs papiers. Moheb Doss présente sa carte d’identité. Le policier qui le contrôle lui demande, d’après le témoignage de Gamal George: «C’est donc vous Moheb du mouvement Kefaya?» Il faut savoir que «Kefaya!» (Assez!) est un des mouvements qui ont appelé à manifester le 25 janvier 2011 et initié la révolution. Doss répond par l’affirmative. «Alors venez avec nous, nous avons quelques questions à vous poser», lui répond le policier. Moheb Doss n’est pas autorisé à passer un coup de fil et son téléphone portable est confisqué. Les amis de Moheb demandent aux policiers où ils l’emmènent. Ces derniers répondent qu’ils l’emmènent au commissariat proche d’Al Ouaili. Ses deux amis s’y rendent aussitôt. Là-bas, on leur explique qu’il a été emmené au centre de la Sécurité de l’Etat! Jusqu’au lendemain 7 janvier après-midi, aucune nouvelle. Puis, vers 17h, huit policiers perquisitionnent sans mandat le domicile où Moheb vit avec ses parents et sa sœur. Ils confisquent l’ordinateur familial et repartent aussitôt. Le 8 janvier, à l’aube, la famille reçoit un coup de fil du centre de la Sécurité de l’Etat où il est détenu. On leur annonce qu’il a été déféré au parquet de la Sûreté de l’Etat et qu’il a écopé de quinze jours de détention préventive. Sa famille peut désormais le visiter et lui apporter des affaires à condition que la visite ne dépasse pas deux minutes.

    Mais de quoi Moheb est-il soupçonné? D’«appartenance à une organisation illégale». Son cas est joint à l’affaire 796/Sûreté de l’Etat où un certain Mahmoud El Saqqa est soupçonné d’animer un mystérieux «groupement du 25 janvier». Moheb Doss ne connaît pourtant pas Mahmoud El Saqqa et ne risque pas de faire partie de la même organisation que lui. Difficile d’y voir plus clair car aucun avocat n’est autorisé à consulter son dossier. Mais la seule question des policiers lors de son arrestation est en lien avec sa participation à la révolution du 25 janvier. Ceci concorde bien avec la nervosité croissante du pouvoir par rapport au 5e anniversaire de la révolution du 25 janvier 2011 qu’il a tout fait pour étouffer. Depuis un mois, le régime arrête les jeunes révolutionnaires à tout va. Le 19 janvier, la police affirme avoir perquisitionné 5000 appartements du centre-ville du Caire! Pourtant, Moheb Doss twittait le 24 décembre 2015: «La probable présence dans la rue de la confrérie criminelle des Frères musulmans, l’impréparation du mouvement révolutionnaire et l’absence d’un plan de mobilisation clair font que descendre dans la rue serait actuellement une démarche non progressiste. # Mon humble avis.» Peu susceptible donc d’avoir fomenté des troubles pour le 25 janvier 2016, il dérange visiblement le régime pour d’autres raisons. Top of Form

    D’abord, Doss fait partie des fondateurs de Tamarrod qui n’ont pas continué à soutenir Sissi après l’éviction de Mohamed Morsi. Ils se sont retirés dès qu’ils ont découvert l’embrigadement par le pouvoir de certains membres du mouvement. Ce retrait était aussi et surtout motivé par le fait qu’Abdel-Fattah Al Sissi n’avait pas adopté, selon Doss, les démarches révolutionnaires nécessaires pour se débarrasser du régime corrompu de Moubarak, ni adopté une politique d’indépendance nationale. Doss est même allé plus loin dans un entretien accordé au site Baouabet Yanair (Le portail de janvier) en juillet 2015 où il traite Sissi de pire chef d’Etat de l’Egypte depuis le XIXe siècle et lui reproche de mettre l’Egypte sous la dépendance des Etats-Unis. L’hypothèse de la punition de l’effronté est d’autant plus probable qu’un autre fondateur de Tamarrod, le journaliste Hassan Chahine, a été renvoyé du poste qu’il occupait à l’hebdomadaire Al Yom Al Sabi’ après avoir soutenu à l’élection présidentielle de 2014 le rival de Sissi, Hamdine Sabahi. Depuis, les portes de la presse, largement soumise aux pressions sécuritaires, lui sont fermées. Leur collègue Mahmoud Bad qui a, lui, activement soutenu Sissi est désormais député. Il a un appartement, une voiture et des gardes du corps.

    Hatem Bachat

    Hatem Bachat

    Plus récemment, Moheb Doss a participé aux élections législatives qui ont eu lieu en décembre 2015 dans le cadre de la campagne d’un candidat de l’opposition: le général Hatem Bachat. Cet ancien directeur adjoint des Renseignements généraux s’est présenté avec succès aux élections sous l’étiquette du parti libéral des Egyptiens libres, fondé en 2011 par le milliardaire copte Naguib Sawires. Cet engagement du jeune révolutionnaire peut surprendre d’autant plus que Doss est nassérien. Mais en tant que camarade de Hatem Bachat à l’Heliopolis Sporting Club du Caire, il a été séduit par l’esprit démocratique et unitaire de Bachat et le respect des adversaires dont il a fait preuve lors de l’élection du conseil d’administration du club. A ce propos, Doss écrivait en mars 2015 sans le quotidien Al Masry-al-Youm qu’il espérait que cette attitude du général Bachat soit celle des candidats aux futures élections législatives, précisant que la société que la révolution du 25 janvier avait l’ambition de créer était celle du respect mutuel. De là, il n’y avait qu’un pas pour participer à la campagne législative de Hatem Bachat, une campagne où l’emploi des jeunes occupait une place importante.

    En participant à cette campagne, Moheb Doss a s’est aventuré dans un terrain doublement miné. D’abord parce que les Egyptiens libres, initialement alliés à Sissi, se sont retournés contre lui. Cela s’est manifesté par le refus de Sawires de la proposition de la Sécurité de l’Etat de faire partie d’un groupe parlementaire visant à regrouper les trois quarts du parlement et dirigé par le général Seif El Yazel, tête de la liste majoritaire Fi Hob Misr (Pour l’amour de l’Egypte) et ancien des Renseignements généraux. Sawires déclarait début décembre 2015 sur les chaînes paraboliques CBC et MBC Masr que cette proposition était antidémocratique et irrespectueuse du peuple. Ce rejet a ouvert la voie à une série d’autres refus parmi lesquels ceux du Wafd, le plus vieux parti libéral d’Egypte et de Mostaqbal Misr (L’Avenir de l’Egypte), la liste de Mohammed Badrane, le leader étudiant qui a tenté de ramener le mouvement estudiantin dans le giron du régime. Ces ratés retentissants ont conduit le 19 décembre au limogeage de Salah Hegazy, le directeur de la Sécurité de l’Etat, un appareil supposé se distinguer par son efficacité et sa discrétion. Il faut dire que le micmac a été tel que des députés connus pour être des agents des services de la Sécurité de l’Etat comme Mustafa Bakri se sont mis à dénoncer les interventions de ces mêmes appareils lorsqu’ils n’ont pas eu les postes qu’ils pensaient mériter!

    De même que Naguib Sawires a dénoncé ce mois de janvier 2016 sur la chaîne ON TV les attaques du pouvoir contre la révolution du 25 janvier 2011 comme une tentative de falsifier l’histoire. Il a aussi déclaré que ce qui avait fait descendre la Egyptiens dans la rue n’était pas une quelconque manipulation mais le refus de l’injustice et la répression. Il est même allé plus loin en déclarant: «Les pratiques et les façons de procéder actuelles nous ramènent aux mêmes pratiques et façons de faire qui avaient cours avant le 25 janvier 2015 et qui ont fait descendre les gens dans la rue.» Sawires a précisé qu’il entendait par là les interventions de la Sécurité de l’Etat y compris dans le processus électoral et les médias ainsi que les arrestations arbitraires des jeunes. Il a enfin fustigé la confusion de la politique économique actuelle. Il est vrai que sous le gouvernement actuel, à bien des égards libéral, «dérégulateur» au plan économique, les entreprises de travaux publics dont Orascom, la compagnie de Sawires, souffrent de l’absence d’appel d’offres et ne travaillent sur les nouveaux grands chantiers que sous les conditions imposées par l’armée.

    L’élection du général Bachat sur une liste de l’opposition gêne aussi parce qu’elle casse le monopole de la défense de l’Etat que s’arroge le pouvoir. Ce dernier avait l’habitude de jeter sur les opposants le soupçon de participation à un complot étranger menaçant la sécurité de l’Etat. Mais l’entrée de Bachat en politique dans les rangs de l’opposition démonte cette argumentation. Elle démontre aux yeux de ceux qui ne voulaient pas encore le croire que l’opposition n’implique pas l’hostilité à l’Etat. De ce point de vue, elle enlève la raison d’être de la répression.

    L’arrestation de Moheb Doss révèle en fin de compte que les arrestations récentes ne sont pas motivées par la participation à un prétendu «groupement du 25 janvier» comme le voudrait la version officielle mais simplement à la Révolution du 25 janvier 2011. L’hommage bref et convenu rendu par le président à la Révolution à l’occasion de son anniversaire n’empêche pas des députés et des médias proches du pouvoir de la présenter comme un complot de l’étranger. Or non seulement Doss y a participé mais il a contribué à l’échec des démarches du pouvoir visant à l’enterrer au profit de «la révolution du 30 juin». La récupération de Tamarrod l’y aurait pourtant aidé. Après avoir mis en doute la prétention de Sissi à représenter l’indépendance nationale, il a contribué à faire élire un ancien général des Renseignements généraux comme député d’une opposition élogieuse vis-à-vis de la révolution du 25 janvier 2011. Moheb Doss monterait-il ainsi les serviteurs de l’Etat contre le régime? Habituellement, le pouvoir accuse ses opposants de comploter avec les Frères musulmans et de porter atteinte à la sécurité de l’Etat et à l’économie nationale. Avec l’élection du général Bachat sur la liste des Egyptiens Libres, le pouvoir a affaire à un ancien général des Renseignements généraux élu sur les listes d’un parti fondé par un des plus gros employeurs du pays. Il est pour ainsi dire tombé sur un os. Le régime reproche-t-il à Moheb Doss d’avoir mis cet os sous ses dents? (25 janvier 2016)

    Publié par Alencontre le 25 - janvier - 2016 Par Hany Hanna
     
  • Tunisie: révolte de la jeunesse marginalisée (Al'Encontre.ch)

    Un jeune Tunisien emmené après une tetntative de suicide  le 22 janvier 2016 à Kasserine

    Un jeune Tunisien emmené après une tetntative de suicide
    le 22 janvier 2016 à Kasserine

    Par Alain Baron, le 24 janvier 2015

    Depuis le 17 janvier, des explosions de colère secouent une partie de la jeunesse tunisienne. Elles se traduisent notamment par des manifestations, des sit-in devant ou à l’intérieur de bâtiments de l’Etat, des barrages routiers à l’aide de pneus enflammés, quelques pillages et même la mort d’un policier.

    Les raisons de la colère

    Tout a commencé à Kasserine, une ville déshéritée de l’intérieur du pays où un jeune chômeur est mort électrocuté le 16 janvier. Il était monté sur un poteau électrique pour protester contre son retrait arbitraire d’une liste d’embauches dans la fonction publique.

    Dès le lendemain, des affrontements avec la police ont eu lieu sur place. Ce mouvement s’est ensuite étendu dans une série de localités et certains quartiers de grandes villes. Le 22, le couvre-feu entre 20h et 5h a été décrété sur l’ensemble du pays [1].

    Les causes de ces mouvements ne sont pas nouvelles. Depuis des années des milliers de jeunes, souvent titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, réclament un emploi. C’était déjà le cas lors du soulèvement du bassin minier de Gafsa en 2008, puis de l’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 qui a été le signal du début de la révolution.

    Mais cinq ans plus tard, la situation de l’emploi n’a pas changé, elle s’est même détériorée. Le nombre de suicides est en augmentation parmi les jeunes, et des explosions locales de colère ont périodiquement lieu. Cela a par exemple été le cas en 2015 dans le sud du pays ainsi que dans la région de Gafsa où des jeunes chômeurs ont paralysé plusieurs mois le bassin minier.

    Une des raisons pour lesquelles la tragédie de Kasserine a été le point de départ d’une vague nationale de mobilisations, est l’aggravation de la crise globale que traverse la Tunisie.

    Accentuant la politique néo-libérale en vigueur du temps de Ben Ali, le pouvoir est incapable d’apporter la moindre solution aux jeunes réclamant un emploi.

    Simultanément Nidaa Tounès, le parti arrivé en tête aux élections d’octobre 2015 a explosé. Un de ses députés a comparé les clans rivaux à « une dispute entre coqs pour une poubelle ».

    Résultat, Ennahdha est redevenu le premier parti représenté à l’Assemblée. Avec un ministre de la Justice et un ministre de l’Intérieur réputés proches d’Ennahdha, les dossiers des exactions commises lorsque ce parti dirigeait le gouvernement en 2012-2013 ne sont pas près d’avancer.

    L’absence d’alternative crédible

    La création rapide de milliers d’emplois durables serait pourtant possible. Pour financer une telle mesure, le Front populaire propose par exemple un impôt exceptionnel sur les grandes fortunes, ainsi qu’un moratoire de trois ans sur le remboursement de la dette, qui représente 18 % du budget et la principale dépense de l’Etat.

    Mais le Front populaire, qui rassemble l’essentiel des organisations de gauche, ne dispose que de 7 % des sièges au Parlement. Il peine également à se structurer et à définir une stratégie globale à la hauteur des enjeux.

    Plusieurs associations, dont la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) ont appelé «à l’adoption d’un modèle économique dont l’objectif est la réduction des disparités régionales et des inégalités sociales», en disant leur «déception» face à l’inaction des différents gouvernements.

    En ce qui la concerne, l’UGTT a appelé le gouvernement à trouver des solutions «urgentes et efficaces» pour résoudre rapidement les problèmes du chômage et du développement dans les régions défavorisées. Elle a réitéré les projets alternatifs, qu’elle avait déjà proposés aux gouvernements précédents.

    Une solidarité hésitante

    Même si la grande majorité de la population reconnaît la légitimité des revendications des chômeurs, beaucoup sont choqués par les violences commises ces derniers jours. Ils craignent que des djihadistes se mêlent aux manifestants afin de développer le chaos. Suite au traumatisme causé par les exactions de Daech en Tunisie, la crainte existe que les tâches supplémentaires confiées à la police et l’armée se fassent au détriment de leurs autres tâches : la lutte contre les réseaux et maquis islamistes ainsi que le trafic d’armes en provenance notamment de Libye.

    En ce qui les concerne, les organisations de jeunes ont du mal à mobiliser. Les rassemblements et manifestations de solidarité organisés dans les grandes villes par l’Union des diplômés-chômeurs (UDC) et l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET) n’ont jamais rassemblé à ce jour plus de 300 participant-e-s.

    Les difficultés d’une jonction avec le mouvement ouvrier organisé

    Comme souvent en Tunisie, la possibilité d’un réel mouvement de solidarité va largement dépendre du positionnement du mouvement syndical. Mais de ce côté-là, rien n’est en ce moment très simple.

    Sous l’impulsion de la gauche de l’UGTT, le mouvement syndical sort en effet d’une année de mobilisations intenses.

    Celles-ci ont permis au premier semestre une victoire historique dans l’enseignement secondaire, et des avancées appréciables dans le reste du secteur public ainsi que dans certaines entreprises privées.

    La vague de grèves générales régionales dans le secteur privé au second semestre a par contre été brutalement interrompue le 25 novembre après l’attentat de Daech à Tunis.

    Après des mois de tensions, le risque existe aujourd’hui que les syndicalistes les plus combatifs relâchent la pression. Cela accentue au sein de l’UGTT le danger d’un retour de balancier vers la routine et la recherche de consensus avec les adversaires des intérêts des salariés et des chômeurs [2].

    Un compromis à minima avec le patronat a par exemple été trouvé en catastrophe le l9 janvier au sujet des augmentations salariales dans le secteur privé.

    Du coup, la reprise des grèves générales régionales dans le privé a été annulée, dont celle prévue le 21 janvier dans la région de Tunis. (24 janvier 2016)

    _____

    [1] Une série d’articles sur ces mobilisations est disponible sur le blog tunisien Nawaat :

    – Kasserine : après le deuil, l’embrasement (19 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/19/kasserine-apres-le-deuil-lembrasement/

    – Reportage à Kasserine : « Personne ne saura calmer la colère de la faim » (21 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/21/reportage-a-kasserine-personne-ne-saura-calmer-la-colere-de-la-faim/

    – Ridha Yahyaoui : Un stylo m’a tué (22 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/22/ridha-yahyaoui-un-stylo-ma-tuer/

    [2] Le 20 janvier, au premier rang des invités à la cérémonie des 70 ans de l’UGTT, figuraient les porte-parole de l’ensemble du spectre politique tunisien, dont le Président d’Ennahdha, ainsi qu’un représentant du syndicat patronal UTICA.

     

    A Kasserine, le 21 janvier 2016: la police affronte les jeunesse. Le Premier ministre exige la «patience» et n'annonce aucune mesure contre le chômage. Selon l'AFP, Inès Bel Aiba: «Le ministre Kamel Jendoubi (société civile et droits de l'Homme) a, lui, affirmé que le chef du gouvernement ne tarderait pas à annoncer des mesures pour "la jeunesse, l’emploi et la prise en charge des situations difficiles». Interrogé par l'AFP, l'analyste Selim Kharrat ne s'est pas montré «étonné» de l'absence d'annonces immédiates. «Si le gouvernement avait des solutions à proposer, il l'aurait fait bien avant l'éclatement de cette crise. Il ne faut pas oublier que sa marge de manœuvre est très réduite»", notamment financièrement, a-t-il dit. Mais il "aurait pu prendre des mesures non coûteuses" contre la corruption et a "manqué une occasion de donner un signal positif", a ajouté M. Kharrat. Selon lui, «ce que réclament les manifestants, c'est non seulement du travail mais aussi des dirigeants intègres et au service des populations». La réponse du gouvernement, de facto, les ex-Benaliste et Ennhada: le couvre feu! (Réd. A l'Encontre)

    A Kasserine, le 21 janvier 2016: la police affronte les jeunesse. Le Premier ministre exige de la «patience» et n’annonce aucune mesure contre le chômage. Selon l’AFP, Inès Bel Aiba: «Le ministre Kamel Jendoubi (société civile et droits de l’Homme) a, lui, affirmé que le chef du gouvernement ne tarderait pas à annoncer des mesures pour la jeunesse, l’emploi et la prise en charge des situations difficiles».
    Interrogé par l’AFP, l’analyste Selim Kharrat ne s’est pas montré «étonné» de l’absence d’annonces immédiates.
    «Si le gouvernement avait des solutions à proposer, il l’aurait fait bien avant l’éclatement de cette crise. Il ne faut pas oublier que sa marge de manœuvre est très réduite», notamment financièrement, a-t-il dit. Mais il «aurait pu prendre des mesures non coûteuses» contre la corruption et a «manqué une occasion de donner un signal positif», a ajouté M. Kharrat. Selon lui, «ce que réclament les manifestants, c’est non seulement du travail mais aussi des dirigeants intègres et au service des populations». La réponse du gouvernement, de facto, les ex-Benalistes et Ennhada: le couvre feu! (Réd. A l’Encontre)

    Publié par Alencontre le 25 - janvier - 2016