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Le 4 septembre doivent avoir lieu les élections communales et régionales au Maroc.
Loin d’être un terrain d’affrontement démocratique entre différentes options politiques, ces élections redessinent les équilibres internes de la classe politique inféodée au pouvoir et n’offrent aucune autonomie d’action par rapports aux centres réels de décision. Ils permettent tout au plus, par le biais d’une corruption institutionnalisé, aux élus de bénéficier largement des possibilités d’enrichissement. Le seul enjeu pour le pouvoir central est le niveau de participation, après l’adoption d’une nouvelle constitution et l’affaiblissement du Mouvement du 20 Février qui avait porté au Maroc les revendications des soulèvements de la région arabe en 2011.
Les précédentes élections ont montré une abstention massive et un niveau important de votes blancs. Il s’agit de montrer tant au niveau national qu’international que la confiance est retrouvée vis-à-vis des institutions et que le pouvoir bénéficie d’une stabilité institutionnelle. Ce dernier n’a pas lésiné sur les moyens pour encourager la participation. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la vague répressive qui touche les militants de la Voie Démocratique. Cette dernière mène publiquement une campagne active et nationale pour le boycott.
Dans plusieurs villes et régions du Maroc, les autorités procèdent à la confiscation du matériel, à l’arrestation et intimidation des militant-es, à la dispersion par la matraque, confirmant la déclaration faite il y a quelques mois par un ministre, selon laquelle seule les points de vue conformes aux institutions sont acceptés. Cette répression ne fait pas que témoigner du caractère factice de la « façade démocratique », elle témoigne de l’inquiétude du pouvoir de voir se transformer le rejet palpable et populaire, souvent conscient de la farce électorale, en mouvement collectif de contestation populaire. Le NPA affirme toute sa solidarité avec la Voie Démocratique et son combat politique. Il appelle à l’organisation de la solidarité la plus large contre la répression du régime marocain et la fin de l’impunité et complicité accordée par le gouvernement français à la dictature de Mohamed VI.
Des activistes de la campagne "Vous Puez" #طلعت_ريحتكم sont entrés de force au siège du ministère de l'Environnement à Beyrouth.
Malgré les multiples tentatives des forces de sécurité de faire sortir les protestataires, ces derniers insistent d'y rester jusqu'à la démission du ministre Mohammad el-Machnouk. Suite à l'appel lancé par les activistes, plusieurs citoyens se sont rassemblés devant le siège du ministère en soildarité avec les protestataires.
Des renforts de l'armée libanaise sont arrivés sur les lieux et les forces de sécurité ont bloqué toutes les entrées menant au bâtiment.
La pression s'est accrue dimanche sur le gouvernement libanais au lendemain de la plus grande manifestation jamais organisée par la société civile qui lui a donné jusqu'à mardi pour trouver une issue à la crise des ordures.
"Votre heure a sonné", ont prévenu les organisateurs de la campagne citoyenne "Vous puez" à l'adresse des dirigeants politiques, promettant une "escalade" si leurs revendications n'étaient pas entendues d'ici à mardi soir, au terme d'un ultimatum lancé samedi.
“Laïcité, égalité et justice sociale” Pancarte de la coalition progressiste “Le peuple Veut”
Le Liban avait connu quelques manifestations importantes au début de l’année 2011 contre le régime confessionnel à la suite des soulèvements régionaux, mais le mouvement a pris malheureusement fin quelques mois plus tard, notamment par le sabotage de plusieurs partis réactionnaires et confessionnels du mouvement et la complicité de mouvements de gauche de tradition stalinienne.
Une nouvelle dynamique populaire a commencé avec la campagne « vous puez » qui a été déclenché à la suite d’une crise de gestion des déchets. Des tas d’ordures se sont accumulés dans les rues de Beyrouth depuis début juillet, après la fermeture d’un site majeur, dans la ville de Naameh, ville côtière du Sud, de décharge à ordures. Ouvert en urgence en 1998, ce lieu d’enfouissement des déchets devait fermer dix ans plus tard et ne jamais dépasser les 2 millions de tonnes d’ordures. Le 17 juillet dernier, quand les habitants des villages voisins ont barré la route aux camions poubelles de l’entreprise Sukleen, elle avait été agrandie à quatre reprises et contenait 18 millions de tonnes de déchets. Depuis ce jour, l’odeur qui étouffait le quotidien à Naameh s’est déplacée dans les rues de Beyrouth. Après dix jours sans collecte de poubelles, cela représentait déjà 3 000 tonnes de déchets quotidiens.
Par la suite le gouvernement d’unité nationale libanais, composé des forces du 8 et 14 mars, [1] a transporté certains tas d’ordures dans les régions les plus pauvres pour soulager momentanément les tensions dans la capitale Beyrouth et épargner aux quartiers les plus embourgeoisés l’odeur et la pollution liées à l’accumulation des déchets. Sans issue à la crise, la plupart des rues beyrouthines débordent maintenant d’ordures.
La classe dominante bourgeoise et confessionnelle tente également de se diviser les profits de la privatisation des ramassages d’ordures en fonction de lignes confessionnelles et géographiques : plus particulièrement, les liens entre Averda, l’entreprise aux commandes de Sukleen, et la puissante famille Hariri. Proche de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005, Maysarah Sukkar a créé Averda quelques mois avant d’obtenir son premier contrat au Liban. Avec un chiffre d’affaires de 20 000 dollars, il met alors la main sur le marché multimillionnaire des déchets de Beyrouth et du Mont Liban, sans appel d’offres public. Renouvelé à plusieurs reprises dans l’opacité générale, le contrat d’Averda est finalement arrivé à échéance le 17 juillet 2015. Sans accord politique sur un nouvel espace où enfouir les déchets, les camions de Sukleen ont commencé à les déverser dans les cours d’eau, les espaces verts ou dans le port de Beyrouth.
La campagne « Vous puez » revendiquait d’abord une solution écologique à la crise des déchets, mais par la suite, comme nous l’expliquerons, le mouvement s’est radicalisé pour dénoncer le régime confessionnel et bourgeois libanais dans son intégralité
Lors de la première mobilisation autour de cette campagne le samedi 22 aout, plus de 10’000 manifestant-es se sont retrouvés dans les rues de Beyrouth. Les manifestant-es mettent en cause tous les partis confessionnels et bourgeois du 8 et 14 mars dans la crise des déchets et la corruption qui gangrènent le pays.
Face aux manifestant-es, la répression de l’armée et de la police a été extrêmement violente. Ces derniers ont tenté de repousser les manifestant-es en dehors des routes menant au centre ville de Beyrouth, en tirant à balle réelle en l’air et en ciblant les manifestant-es avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. La police a aussi attaqué les manifestant-es avec des matraques, en en blessant plus de 75 répertoriés dans les hôpitaux.
Malgré la répression féroce, la mobilisation est repartie de plus belle le lendemain, comme un défi à la police, avec environ 20 000 personnes dans les rues de Beyrouth. On pouvait lire sur les murs du gentrifié centre ville investis par les manifestant-es des graffitis tels que “à bas le capitalisme » et « Downtown Beyrouth appartient au peuple », « non à l’homophobie, au racisme,, au sexisme et au classisme » et « Révolution ».
Les différents médias libanais, tous aux services des partis politiques bourgeois et confessionnels, avec la collaboration des services de sécurité et même de certains membres de la campagne « vous puez » qui ne voulaient pas d’une radicalisation du mouvement et la mise en cause du système confessionnel, ont tenté de discréditer le mouvement dans son intégralité en caractérisant particulièrement les jeunes issus des banlieues pauvres de Beyrouth qui avaient rejoint le mouvement comme des « infiltrés » des émeutiers et des saboteurs… Une propagande mensongère, qui par les termes similaires utilisés, rappelait pour beaucoup de manifestants la propagande du régime Assad en Syrie contre les manifestants pacifiques au début de la révolution en 2011.
Des mobilisations et sit-ins ont eu lieu toute la semaine à la suite en dépit de la continuation de la répression, répressionqui a résulté par l’hospitalisation de plus de 400 personnes.
D’autres mobilisations ont eu lieu dans d’autres localités du pays, mais plus particulièrement dans la région de Akkar. Dans cette région située dans le nord du Liban et qui est l’une des plus pauvres du pays et la moins desservie en services [2], les populations locales se sont mobilisées sous le slogan « Akkar n’est pas une poubelle » suite à la proposition du gouvernement libanais de transporter les déchets dans cette région. En contrepartie et pour tenter de faire accepter cette mesure, le gouvernement a décidé d’allouer 100 millions de dollars au développement de Akkar et 200 autres millions de dollars déjà alloués ont été débloqués pour son infrastructure routière et ses égouts. Un regroupement des municipalités de la vallée de Akkar a aussi mis en place une campagne baptisée « Tamartouna bifadlikoum » (Vous nous avez ensevelis par vos largesses) qui refuse le principe du troc consistant à jeter les déchets du Liban àAkkar et à assurer en contrepartie le développement de la région.
Dans cette même région de Akkar, une pétition a été lancé par les habitant-es du village d’Ersal pour empêcher la création d’une zone de dépotoir d’ordures dans la localité.
Les syndicats de la CGTL (centrale syndicale au Liban) ont appelé à rejoindre le mouvement à la suite des manifestations du 22 et 23 août, mais vu leurs faiblesses et leurs soumissions aux partis confessionnels et bourgeois libanais, leurs appels restent à bien des égards rhétoriques.
Le samedi 29 août, une nouvelle manifestation encore massive s’est déroulée dans la capitale Beyrouth, rassemblant entre 60 000 à 100 000 personnes. La jeunesse était présente en masse et avec un dynamisme important.
On pouvait lire et entendre les messages suivants sur les pancartes et entendre les slogans de la manifestation : « Révolution contre la classe dominante, contre le confessionnalisme, contre le racisme et contre le patriarcat », « Laïcité, égalité et justice sociale » ; « De Douma (en Syrie) à Beyrouth le peuple est un et ne meurt pas » ; « De Baghdad à Damas et Beyrouth, et la Palestine une seule révolution », « le peuple veut la chute du régime confessionnel », etc…
De nombreux manifestants dénonçaient également la corruption des élites politiques du 8 et 14 mars, de même que les politiques néolibérales et de privatisations qui ont appauvri les classes populaires du pays et entrainé la destruction des services publics.
A noter dans ces mobilisations, la constitution d’un front rassemblant divers mouvements de gauche, dont au cœur le Forum socialiste, nommé « le peuple veut » sous le slogan « Laicité, égalité et justice sociale ». Cette coalition progressiste revendique notamment : la libération de tous les manifestant-es arrêtés dans le cadre des mobilisations « vous puez » et la fin des campagnes de répression de l’Etat ; l’élection d’une Assemblée constituante, sur la base du scrutin proportionnel non confessionnel, avec le Liban comme arrondissement unique ; la démission du ministre de l’environnement et la mise à l’écart du Conseil du développement et de la reconstruction du dossier des déchets ; des poursuites judiciaires pour toutes les personnes impliquées dans les affaires de privatisations et gestion des déchets ; une enquête avec tous ceux qui étaient impliqués dans les violences au cours des dernières manifestations, c’est-à-dire les responsables politiques et sécuritaires, avec à leur tête le ministre de l’Intérieur, Nohad Machnouk ; etc…
Les multiples tentatives des partis politiques confessionnels et bourgeois du 8 et 14 mars de coopter le mouvement à son avantage politique et intérêts opportunistes sont pour l’instant encore un échec.
Les mobilisations au Liban, comme celle continue en Iraq qui a rassemblé aussi des centaines de milliers de manifestants le vendredi 28 août, nous démontrent que l’onde de choc des processus révolutionnaires de la région débutés en 2011 sont loin d’être terminés, malgré les différentes offensives contre-révolutionnaires. Il faut apporter notre soutien à ces nouvelles révoltes au Liban et en Iraq tout en continuant à soutenir les révolutionnaires en Syrie, Bahrain, Tunisie, Egypte, Yemen, Palestine, etc… qui luttent pour les objectifs initiaux (démocratie, justice sociale et égalité) des processus révolutionnaires et contre toutes les formes de la contre révolution.
Comme nous l’avons dit auparavant et malgré les difficultés importantes et multiples, les processus révolutionnaires ne sont pas morts…
Joseph Daher 30/08/2015
Notes
[1] La coalition du 8 mars est liée à la Syrie et l’Iran, regroupe le Hezbollah, l’autre parti chiite Amal et le Courant patriotique libre (chrétien) du général Aoun. De son côté, le pôle du 14 mars, soutenu par les Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, est constitué du Courant du futur de Saad Hariri (sunnite), des Forces libanaises et de Kataeb (chrétiens)
[2] Le nord du Liban et sa capitale Tripoli comptent 20,7% des habitants du pays, mais 46% de la population extrêmement pauvre et 38% des pauvres. La région est également la moins équipée au niveau sanitaire, les taux d’abandon scolaire, de chômage et d’analphabétisme des femmes y sont parmi les plus élevés.
Aucun projet de développement de grande ampleur n’a eu lieu également depuis les années 1990. Le nombre d’établissements commerciaux ne dépasse pas les 17 000, dont la grande majorité sont de petites entreprises familiales de moins de cinq employés, dans le gouvernorat du Liban-Nord, tandis que le Mont Liban et Beyrouth en comptent comparativement 73 000 et 72 000.
Qui consacre la justice sociale, la liberté et l’égalité
– Pour un Etat laïque démocratique qui consacre la justice sociale, la liberté et l’égalité pour tous, hommes et femmes
– Pour une Assemblée constituante élue en dehors du carcan sectaire, qui élaborera une nouvelle Constitution pour le Liban
– Pour le droit de tous à une vie décente, et dans un environnement propre ne suffoquant pas sous l’odeur des déchets
Le processus révolutionnaire arabe qui s’est déclenché en Tunisie en décembre 2010 et qui a entraîné la fuite du président Ben Ali a ouvert la voie à un cycle de soulèvements révolutionnaires dans notre région qui ont réussi à renverser plus d’un tyran. Quoique ces soulèvements n’aient pas abouti à réaliser la revendication principale des masses insurgées, à savoir le renversement des régimes en place, des masses populaires libanaises, relativement larges, sont descendues dans la rue sous le slogan de « renverser le régime sectaire libanais ».
Mais cette tentative n’a pas atteint ses objectifs faute d’organisation et d’une direction résolue et structurée, et à cause de l’inertie de plusieurs forces de la gauche nationale et stalinienne, qui ont préféré haleter derrière des forces et des directions du milieu bourgeois sectaire, sous le fallacieux prétexte d’élargir, autant que possible, le cadre du mouvement, même si au détriment de la radicalité des revendications.
Cependant ce qui distingue la mobilisation massive des jeunes dans les rues et les places publiques aujourd’hui, c’est qu’elle intervient à un moment où le pouvoir bourgeois en place est arrivé à un stade ultime de pourrissement, accéléré par ses contradictions inextricables et son incapacité à reproduire ses institutions (laprésidence de la République, la Chambre des députés, la direction de l’armée, etc.). Sans parler de l’implication de certaines de ses composantes dans des aventures militaires honteuses, hors du Liban, au profit de puissances régionales autoritaires et foncièrement réactionnaires, à l’image des modèles iranien et syrien, et pour affronter la volonté des peuples arabes, notamment l’héroïque peuple syrien.
Bien évidemment la goutte qui a fait déborder le vase cette fois est le phénomène de la corruption qui a atteint des proportions inégalées et qui a conduit le gouvernement libanais, dans sa quête et ses méthodes ignominieuses de pillage de l’argent public, à la noyade, et qui tente à son tour de noyer les citoyen.ne. s dans la question des déchets. Il voulait se débarrasser de ce problème en le confiant en sous-traitanceà des entreprises appartenant à tel ou tel confident des symboles du pouvoir en place, selon le principe infâme des quotas, sinon à d’anciens seigneurs de la guerre, ou encore des chefs des madhahib (doctrines religieuses) et des confessions.
Cependant il a été contraint sous la pression des manifestants qui tiennent des sit-in dans la rue Riad Solh et d’autres qui se sont mobilisés contre lui à annuler les résultats du dernier appel d’offres y afférent. Entretemps, il essaye de se débarrasser des déchets quotidiens en les déversant dans les montagnes, dans les rivières, dans la mer et sur les plages, dans les forêts, et ailleurs, avec toutes les conséquences désastreuses sur l’environnement et sur la santé des citoyens et tous les résidents du territoire libanais. Ceci à un moment où les Libanais vivent dans des conditions très difficiles et sont exposés à toutes sortes de dangers découlant des orientations politiques, sociales et économiques des symboles du pouvoir, y compris le risque d’entretuement d’ordre sectaire.
Pour faire face à cette situation, le « Forum socialiste », qui participe de près au mouvement de la jeunesse rebelle, qui subit une horrible répression de la part des forces militaires, propose une principale vision programmatique et appelle les masses qui se sont soulevées à travailler sur sa base. Cette vision programmatique comprend les éléments suivants:
– Rejeter l’attribution en sous-traitance de la collecte des déchets à des entreprises privées, et placer leur gestion sous la responsabilité des municipalités, en particulier sur la base du tri à la source, et l’adoption du recyclage des déchets qui est en vigueur dans les pays développés, et bénéficier de ce processus pour produire de l’énergie, en pleine conformité avec les règles de protection de l’environnement.
– Le jugement des pilleurs de l’argent public devant une justice impartiale, soumise à un régime de responsabilité rigoureux, et l’épuration continue des éléments corrompus, avec le recouvrement des biens et fonds pillés à tous les niveaux, y compris les domaines publics terrestres et maritimes.
– Mettre fin à la privatisation, et la protection du secteur public en le plaçant sous le contrôle des travailleurs, avec un régime de responsabilité continu.
– Accorder aux fonctionnaires, y compris les membres des différentes forces armées, le droit de se syndiquer, et toutes les libertés démocratiques, en particulier la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que le droit des militaires au vote.
– L’instauration de l’échelle mobile des salaires.
– L’annulation de la nouvelle loi portant sur les expulsions locatives, et la remplacer par une loi qui préserve les droits des locataires, et garantit le droit à un logement décent pour tous.
– Résoudre le problème du chômage, et garantir l’emploi, la santé et la retraite.
– L’annulation de la partie de la dette publique qui concerne la dette du Trésor public libanais envers les banques, et la nationalisation des banques et du commerce extérieur.
– L’instauration de la laïcisation globale, y compris une loi civile des statuts personnels qui garantie le droit au mariage civil.
– Inviter l’élection d’une Assemblée constituante, sur la base du scrutin proportionnel non confessionnel, avec le Liban comme arrondissement unique. Cette Assemblée élaborera une nouvelle Constitution pour le pays.
– Le jugement des criminels de guerre, et mettre un terme à l’impunité consacrée par la misérable loi d’amnistie, à la fin de la dernière guerre civile, et clarifier le sort de toutes les personnes kidnappées et disparues durant cette triste période.
– Reconnaître les droits civils, économiques, sociaux et politiques aux réfugiés palestiniens et leur garantir un logement décent à la place des camps de la honte dans lesquels ils sont entassés.
– Reconnaître les droits humanitaires aux réfugiés syriens, et leur accorder le statut de réfugiés au lieu de celui de déplacés, ce qui permet de leur garantir le droit à une vie humaine décente, à l’abri de toute discrimination raciale, ainsi que leur permettre d’entrer au Liban sans visa.
Ce qui se passe aujourd’hui au Liban sont les prémices d’un soulèvement populaire contre l’un des pires régimes bourgeois sectaires. Tous ceux et toutes celles qui sont lésés par ce régime – ils sont la majorité des habitants de ce pays – doivent descendre dans les rues et les places publiques, indépendamment de leur appartenance confessionnelle ou doctrinaire, pour :
participer au processus tant attendu et mettre fin à la désintégration sociale existante
instaurer un pouvoir démocratique et laïque qui consacre l’égalité pour tous, hommes et femmes, de tous les madhahib et confessions et de toutes les couches sociales, ainsi que la liberté et la dignité humaine et la justice sociale.
C’est un mouvement qui va laisser ses empruntes progressistes dans toute la région, comme il suscitera une très grande solidarité des peuples de la région et du monde en général.
Ils étaient des dizaines de milliers, samedi place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, à crier leur ras-le-bol d’une classe politique libanaise qu’ils jugent corrompue et incompétente. Quelques images de cette manifestation organisée par le collectif de la société civile « Vous Puez! », qui a rassemblé des Libanais venant des quatre coins du pays. Ci-dessus, quelques morceaux choisis.
Qui sont ces Libanais venus dénoncer l’incurie du gouvernement au cœur de Beyrouth?
Ils n’étaient qu’une poignée d’irréductibles, il y a plus d’une dizaine de jours, à manifester sous le slogan « Vous Puez! » contre la gestion gouvernementale désastreuse du dossier des déchets. Le week-end dernier, ils étaient déjà plus nombreux, au centre-ville de Beyrouth, à dénoncer l’incurie du gouvernement. Des rassemblements qui avaient fini par déraper, notamment en raison de l’infiltration de fauteurs de troubles, en affrontements avec les forces de l’ordre, qui avaient eu la main lourde en matière de répression.
Samedi, à l’appel des activistes du collectif « Vous Puez ! », des dizaines de milliers de Libanais sont descendus, place des Martyrs, pour dénoncer l’incurie des autorités. Dans le cadre de cette manifestation, les revendications pour une solution à la crise des ordures ont souvent été diluées dans une marée de demandes sociales et politiques. L’expression d’un ras-le-bol général.
L’Orient-Le Jour a interrogé dix de ces manifestants aux profils diverses, venus des quatre coins du pays pour crier leur colère contre les responsables politiques. Voilà pourquoi ils sont venus manifester :
Ali el-Hage, 52 ans, agriculteur, originaire de Maaraké (Tyr)
« Je suis venu réclamer le changement. Je veux changer le pays. Il nous faut un Etat laïc (en bonne et due forme). Assez des zaïms et des chefs politiques! Nous en sommes dégoûtés. Nous devons être des citoyens libanais honnêtes ».
Mahdi Haïdar, 30 ans, employé chez Porsche, et son neveu Jeffrey, trois ans, originaires du Liban-sud
« Nous avons tous le devoir de manifester. Mon salaire ne me suffit pas. On nous vole, on nous dépossède de nos bien de toute part, sans distinction entre les confessions. Je manifeste aussi pour l’avenir de mon neveu Jeffrey ».
Mayyas Ayyach, 20 ans, étudiante à l’AUB, et Line Moustapha, 18 ans, étudiante à l’Université libanaise, toutes deux originaires du Chouf
« J’ai toujours participé aux manifestations, notamment celles en faveur du mariage civil au Liban et des droits de la femme, explique Mayyas Ayyach. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de manifester pour une solution à la crise des déchets. Nous exprimons à présent un ras-le-bol général. Nous devons tous manifester notre colère, en tant que Libanais ». « Nous devons changer toute cette classe politique, renchérit Line Moustapha. Il nous faut des dirigeants clairvoyants. Nous demandons à ce que tous les Libanais nous soutiennent. Tous ensembles, nous pouvons obtenir le changement ».
Bilal, 24 ans, propriétaire d’un café, résidant à Tyr
« Je suis là aujourd’hui pour réclamer que l’autoroute de ma ville soit asphaltée, que le courant électrique soit assuré 24h sur 24. Je manifeste évidemment contre la décharge d’ordures à Deir Qanoun, dans ma ville, aussi ».
Fouad Karaki, 48 ans, en recherche d’emploi, et son épouse Fatima, 38 ans, femme au foyer, résidents dans le quartier de Bechara el-Khoury (Beyrouth).
« Je vivais à l’étranger, explique Fouad Karaki. Mais je suis rentré il y a deux ans, et j’espé- rais trouver un emploi au Liban. En vain. Je manifeste aujourd’hui à cause des provocations de nos dirigeants. Ils forment un petit gang qui est toujours au pouvoir. Qu’ils ramassent eux-mêmes nos déchets dans les rues. La crise des ordures a été un déclencheur, mais tout est pourri. La corruption s’est répandue partout. Il est temps de dresser les potences devant le Grand sérail (siège du gouvernement) ». « Je manifeste pour réclamer mes droits. Assez! Cette situation ne peut plus durer », lance Fatima.
Emne Nasreddine, 25 ans, originaire de Baableck, employée dans une ONG qui s’occupe des réfugiés syriens au Liban. « Mère, devrais-je faire confiance au gouver- nement? » peut-on lire sur sa pancarte, en allusion à un titre du groupe Pink Floyd.
« Mon père a du quitter le pays. Ma mère ne peut pas assurer les frais de son traitement médical. Je manifeste pour que tout cela change et qu’on puisse rester au Liban ».
Rita Abdelkader, 37 ans, femme au foyer, originaire de Choueifat (au sud de Beyrouth), accompagnée de ses deux enfants
« Je manifeste pour faire tomber le gouvernement. Les pauvres s’appauvrissent davantage à cause de nos responsables politiques. Je réclame également une solution à la crise des ordures, une assurance maladie et des soins hospitaliers décents. Oui, je manifeste pour beaucoup de choses. Nos dirigeants croient que les sièges du pouvoir leur appartiennent éternellement. Depuis que je suis né, la classe politique est la même ».
Samar Khoury, 56 ans, originaire de Tripoli, praticienne en médecine chinoise
« Je suis venue en compagnie de ma fille de 19 ans. Il était temps qu’on manifeste. Les ordures étaient enfouies, mais aujourd’hui, elles s’accumulent sous nos yeux. Nous sommes unis à présent. Nos demandes sont basiques : courant électrique, eau, air propre, une solution à la crise des déchets. Toutes ces demandes sont en fait nos droits, tout simplement. Les Libanais ont enfin compris cela ».
Daniella Fayad, 25 ans, originaire du Akkar, employée dans une ONG qui travaille avec les réfugiés syriens au Liban.
« Je suis dans la rue aujourd’hui pour réclamer quatre choses : une nouvelle loi électorale pour les législatives, la décentralisation, du sang neuf au sein de la classe dirigeante, et évidemment une solution à la crise des déchets ».
Jamil Ali Hassan, 61 ans, commerçant, résidant à Beyrouth
« Je suis venu exprimer mon soutien à ce mouvement (Vous Puez !) qui a réussi un exploit : rassembler les partisans du 14 et du 8 Mars autour de mêmes demandes. Je réclame l’activation du système libanais et non son changement. Notre pays protège les libertés, les bases démocratiques sont là. Mais elles ne sont pas appliquées. Je viens de la génération qui a échoué. C’est pour cela je soutiens cette nouvelle génération ».
Le pouvoir de Mohammed VI sévit contre la principale organisation socialiste révolutionnaire au Maroc, la Voie démocratique.
Celle-ci s’oppose avec courage à l’oligarchie qui grenouille au palais royal et subit aujourd’hui l’intimidation et la répression. Par-delà la Méditerranée : solidarité !
Les militants et les militantes de La Voie démocratique ont décidé de boycotter les élections communales et régionales organisées par le pouvoir marocain début septembre. Celles-ci se veulent un alibi démocratique, dans un royaume où la répression organisée par le Makhzen — le pouvoir marocain et ses institutions — s’exerce contre toutes celles et tous ceux qui résistent, revendiquent, s’organisent pour défendre leurs droits et leurs libertés et construire une alternative.
Militant-es politiques, syndicalistes, animateurs ou animatrices d’associations de chômeurs, femmes en lutte, défenseurs de l’autodétermination des peuples… l’État marocain réprime à tour de bras.
Le 25 août, il s’en est pris aux militants et militantes de La Voie Démocratique menant campagne pour le boycott des élections du 4 septembre.
A Rabat, 11 personnes ont été arrêtées ; A Agadir et Bouizakarne, la Police a empêché les diffusions de tracts en s’en emparant ; A Sidi Moktar, la Gendarmerie royale a convoqué des militants pour leur participation à cette campagne ; A Boujad, la famille d’un militant a reçu des menaces, pour les mêmes raisons…
Aujourd’hui, c’est le vice-secrétaire national de La Voie démocratique qui a été arrêté suite à une diffusion de tracts dans sa ville de Salé. Nous affirmons notre solidarité avec les militants et militantes de La Voie Démocratique que le pouvoir marocain prétend faire taire ! Nous exigeons la libération de tous les prisonnier-es politiques et le respect des libertés !
La nomination de Gal Hirsch comme nouveau chef de la police en Israël a suscité quelques articles de presse soulignant les liens entre des secteurs de l’armée, des sociétés d’exportation d’armes, des entreprises israéliennes dites de sécurité agissant à l’échelle internationale et la police du gouvernement Netanyahou.
Ainsi, le quotidien Haaretz, en date du 28 août, citait les états de service de l’ex-commandant de la Brigade de Galilée brigadier Gal Hirsch à la tête de sa société Defensive Shield Holding. Depuis 2007, la firme a été active en Géorgie, accompagnant l’encadrement militaire israélien. Ses «spécialistes» ont pris part à des entraînements de troupes spéciales au Kazakhstan! Defensive Shield recrute parmi les corps d’élite de l’armée israélienne.
Elle a aussi servi à l’organisation de systèmes de sécurité de la Principauté de Monaco. Elle est active en Amérique latine et en Afrique. Gal Hirsch est aussi actionnaire de la société Nirtal (Training & Supply of Combat Equipment LTD), spécialisée entre autres dans «le contre-terrorisme», «la guerre sur des terrains urbains».
Gal Hirsch déclarait le 26 août: «La police israélienne, hommes et femmes, de vrais combattants, ont été pendant de nombreuses années mes frères et sœurs, des frères d’armes et des partenaires au cours de nombreuses missions.» Sa nomination confirme le type de bloc politico-militaire-policier dominant en Israël. Haggai Matar, dans sa brève note, éclaire le personnage militaire-policier. (Rédaction A l’Encontre)
Il faut savoir trois choses au sujet de Gal Hirsch, le nouveau chef de la police d’Israël, qui a soutenu les routes ségréguées et le tir contre un jeune Palestinien.
1. Pendant la seconde Intifada [qui commença en septembre 2000 suite à la présence d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des Mosquées] après un certain nombre de coups de feu et de cocktails Molotov lancés par des Palestiniens contre des voitures israéliennes, le nouveau chef de la police, Gal Hirsch, avait interdit aux Palestiniens d’emprunter la Route 443. Elle est ainsi devenue une route destinée aux seuls Israéliens. Or, cette route avait été construite sur des terres privées et publiques palestiniennes, avec un accord qu’Israël accepterait qu’elle serve de route pour les résidents locaux palestiniens. Cette interdiction a également créé une situation paradoxale où les Palestiniens voulant tirer sur des voitures israéliennes pouvaient le faire plus facilement, puisque la route était réservée exclusivement aux Israéliens. En 2009, la Cour suprême a rejeté la politique raciste de ségrégation pour la Route 443. Cependant l’armée a trouvé des moyens de contourner cette décision. Aujourd’hui, même si les Palestiniens sont autorisés à emprunter cette route, l’organisation du trafic fait en sorte de les détourner vers des routes alternatives, moins bonnes.
2. Après avoir été obligé de quitter l’armée suite à la deuxième guerre contre le Liban [juillet-août 2006], Gal Hirsch est devenu un entrepreneur indépendant et a lancé une compagnie appelée «Pilier de défense, du nom de l’opération de 2002 à Gaza dans laquelle il a servi comme général en chef. Le site de cette entreprise révèle qu’elle est spécialisée dans l’approvisionnement d’équipement de combat militaire et policier et fournit entre autres des conseils en matière de sécurité.
3. Hirsch a fait partie de ceux qui ont soutenu Israël Shomer, le commandant de brigade qui a abattu un jeune palestinien [Muhammad al-Casba, 17 ans] ayant lancé des pierres contre son véhicule en lui tirant trois balles dans le dos et dans la tête [mars 2015]. Hirsch a décrit le garçon comme étant un «terroriste» et a justifié ses tirs, malgré une vidéo qui montre clairement que Shomer a choisi de sortir de son véhicule militaire, de prendre en chasse le jeune Palestinien qui tentait de fuir et de lui tirer dans le dos, alors que sa vie n’était pas menacée. (Article paru sur le site israélien +972 le 26 août 2015; traduction A l’Encontre) Par Haggai Matar
Il aura fallu une vague de chaleur, plus de 50 degrés dans les rues de Bagdad, pour que soudain la guerre contre l’Etat islamique (EI) passe au second plan et pour que l’Irak refasse de la politique. Depuis le 31 juillet, des manifestations ont lieu dans la capitale, dans le grand port du Sud, Bassora, et dans les villes saintes chiites de Nadjaf et Kerbala. On y dénonce des coupures d’électricité insupportables par cette chaleur, et la corruption au sein de l’Etat, qui en est l’une des causes. Poussé par la rue, le premier ministre, Haïder Al-Abadi a présenté, dimanche 9 août, un ambitieux plan de réforme du fonctionnement de l’Etat. Le Parlement, sous pression, a approuvé, mardi 11 août, les mesures anticorruption présentées par le chef du gouvernement.
Ce plan prévoit la suppression immédiate des trois postes de vice-premiers ministres et de vice-présidents, attribués par convention à un chiite, un sunnite et un Kurde. Ce système de répartition du pouvoir selon des lignes confessionnelles et partisanes est un héritage de l’occupation américaine et un symbole du profond dysfonctionnement de l’Etat irakien. Déjà, le vice-premier ministre Baha Al-Aradji, membre du mouvement chiite Sadr, a présenté sa démission. Une enquête sur des soupçons de corruption a été ouverte à son encontre.
La principale victime de cette réforme serait le vice-président Nouri Al-Maliki, ex-premier ministre de 2006 à 2014, évincé quelques semaines après la conquête par l’Etat islamique (EI) de larges pans des provinces sunnites de l’ouest et du nord du pays. M. Maliki, secrétaire général du parti religieux chiite Dawa, auquel appartient M. Al-Abadi, reste puissant au sein de l’appareil d’Etat, dont il a contribué à façonner les travers autoritaires, clientélistes et confessionnels. C’est lui qui avait réprimé la première vague de manifestations spontanées d’inspiration libérale qu’avait connue l’Irak, fin 2011, en même temps que celles des zones sunnites. « On a l’impression que cette séquence pourrait tourner la page Maliki dans l’esprit de la population irakienne », estime Robin Beaumont, doctorant à l’EHESS.
M. Al-Abadi souhaite également remplacer de hauts fonctionnaires de l’administration centrale et des provinces, hors des quotas confessionnels et partisans usuels. Il fusionne des ministères pléthoriques, où l’on plaçait des amis politiques.
« Ils nous ont volés au nom de la religion »
Les manifestations qui lui ont donné ce mandat fort ont été organisées notamment sur les réseaux sociaux par des fonctionnaires, des journalistes, des membres de la société civile, souvent jeunes, qui dénoncent les partis religieux au pouvoir : « Ils nous ont volés au nom de la religion », scandent-ils.
Leur initiative a « pris » dans la population épuisée par la faiblesse de l’Etat, essentiellement parmi les chiites. « Depuis un an, tout est gelé au nom de la lutte contre Daech. Les services publics se délitent. Il n’y a plus de centre. C’est une lutte de tous contre tous pour des revenus qui baissent avec les prix pétroliers », analyse Loulouwa Al-Rachid, chargée de mission auprès de l’International Crisis Group en Irak.
Des proches de l’ayatollah Ali Al-Sistani, principale autorité chiite d’Irak, à la parole rare, se sont rangés derrière la grogne populaire lors du sermon de la prière du vendredi, à Kerbala. Ils ont enjoint M. Al-Abadi à « frapper d’une main de fer » les corrompus.
Les observateurs s’attendent à ce que Nouri Al-Maliki, qui s’est déclaré favorable à cette réforme, ne se laisse pas écarter aisément. Le risque est grand, même si les parlementaires l’approuvent, qu’une telle réforme s’enlise.
Le mouvement est d’ores et déjà soumis à des tentatives de récupération par des groupes religieux. Vendredi, la milice Asaïb Ahl Al-Haq, pro-iranienne, défendait à Bagdad, parmi les manifestants, une « mobilisation civile », pendant de la « mobilisation populaire » armée contre l’EI. « On a réussi à empêcher les miliciens de harceler les vrais manifestants. On n’allait pas laisser faire. On a distribué des drapeaux et pour l’instant, ça marche », dit Anasse Azzaoui, un manifestant.