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Révolutions Arabes - Page 188

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    Fête de l’Humanité 2015 - Programme du stand AFPS

    AFPS, lundi 7 septembre 2015
    Avenue Che Guevara - village du monde En plus d’un espace « politique générale AFPS, matériel militant et vente de produits », deux pôles seront mis en valeur : Prisonnier(e)s politiques palestinien(ne)s et GAZA. L’ensemble du stand sera sous le thème « Palestine : pour imposer le droit – Boycott, Désinvestissement, Sanctions ». Que faire (...)

    Le Palestinian Youth Orchestra vient de terminer sa tournée en France

    Taoufiq Tahani, Président de l’AFPS, mardi 8 septembre 2015

  • Tunisie : Poursuite des mobilisations contre le blanchiment des corrompus de l’ère Ben Ali (Essf)

    tunisie-corruption-sfax.jpg

    Les opposants au gouvernement Nidaa Tounes - Ennahdha maintiennent la manifestation prévue samedi 12 septembre à Tunis, malgré son interdiction dans le cadre de la proclamation de « l’état d’urgence ».

    Manifestations en Tunisie contre un projet de loi de « Réconciliation économique »

    http://www.maghrebemergent.com/actualite/maghrebine/51030-manifestations-en-tunisie-contre-un-projet-de-loi-de-reconciliation-economique.html

    Le projet de loi portant réconciliation économique en Tunisie, notamment pour les grosses fortunes amassées durant le régime Benali, ne semble pas passer devant l’opinion publique. Plusieurs manifestations de protestation contre ce projet de loi, déposé au parlement fin juillet, ont été organisées lundi à travers plusieurs villes du pays.

    Lundi 7 septembre à Sidi Bouzid, d’où est parti l’étincelle de la Révolution de Jasmin qui a fait ‘’dégager’’ Benali et son régime corrompu, la police a empêché une manifestation de dénonciation de ce projet de loi, voté en conseil des ministres en juillet dernier. Selon l’agence ‘’TAP’’, ‘’les forces de sécurité ont interdit lundi l’organisation d’une manifestation contre la loi de réconciliation économique à l’avenue principale de la ville de Sidi Bouzid’’. ‘’Des composantes de la société civile et des représentants des organisations régionales se sont réunis devant le siège de l’Union régionale du travail (URT), répondant à l’appel de l’Union régionale des diplômés sans emploi, pour exprimer leur refus de la loi de réconciliation économique’’, ajoute TAP. Les manifestants ont notamment dénoncé ce projet de loi présenté par la présidence tunisienne, et appelé à plus de ‘’justice sociale’’, comme ils ont revendiqué ‘’le droit au travail’’. Appelant ‘’à la chute du gouvernement’’, les manifestants ont par ailleurs estimé que ‘’l’état d’urgence (imposé depuis la recrudescence des actes terroristes en Tunisie, NDLR), sert de prétexte pour la répression des mouvements de protestation’’.
    A Sfax, les forces de sécurité ‘’ont fait usage d’une violence disproportionnée les manifestants qui observaient un sit-in’’ de protestation contre ce projet de loi, ont dénoncé les partis Al Massar et l’Union Populaire Républicaine (UPR).
    Même mobilisation à Tozeur (sud) de partis et de la société civile, qui ont organisé lundi un sit-in contre ce projet de loi.

    Tous contre l’amnistie des grosses fortunes
    Au sein de la société civile tunisienne, le projet fait débat, et est rejeté en bloc car étant incompatible avec la nouvelle Constitution du pays. Le constitutionaliste Jawhar Ben Mbarek, qui estime que ‘’c’est une sorte d’amnistie spéciale pour certaines personnes’’, n’es pas loin de s’interroger sur l’efficacité de cette loi qui, selon lui, ne sera d’aucun apport financier dans la mesure où la majorité des biens appartenant aux personnes accusés de corruption sont confisqués. ‘’ Il s’agit juste d’une amnistie au profit d’un groupe de corrompus qui fera perdre à l’Etat l’occasion de les poursuivre fiscalement’’, a-t-il ajouté.
    Dans une contribution au site ‘’Contrepoints.org’’, Amir Mastari relève de son côté que ‘’ les auteurs de ce projet de loi (pour la réconciliation économique) semblent négliger le fait que l’on est dans un contexte post-révolution’’, relevant que ‘’c’est peut être politiquement correct, pour le parti de Nida Tounes, de tenter de préserver les intérêts des plus riches pour que ceux-ci servent le parti au moment des élections’’.

    Nida Tounes mal barré
    Mais, cela renvoie également un signal fort du désintérêt du parti du Président aux ‘’revendications (des Tunisiens) quant à la lutte contre l’impunité, la rente et le clientélisme’’. Et puis, ‘’cela risque de remettre en cause la transition démocratique dans le pays et exacerber les tensions radicales dans la société tunisienne’’, affirme t-il encore. Pour de nombreux activistes tunisiens, la proposition du parti Nida Tounes de BCE est anticonstitutionnelle. L’article 148 de la Constitution stipule en fait que ‘’l’État s’engage à mettre en application le système de la justice transitionnelle dans tous ses domaines et dans les délais prescrits par la législation qui s’y rapporte. Dans ce contexte, l’évocation de la non-rétroactivité des lois, de l’existence d’une amnistie ou d’une grâce antérieure, de l’autorité de la chose jugée ou de la prescription du délit ou de la peine, n’est pas recevable’’.

    Algérie, Maroc, même combat
    La proposition des dirigeants Tunisiens de réconciliation économique, une sorte d’amnistie, pour les grosses fortunes amassées du temps de Benali, a été déjà appliquée en Algérie et au Maroc pour légaliser les fonds non déclarés et bancarisés. La LFC2015 a introduit en Algérie la possibilité pour les détenteurs de fonds non déclarés de les bancariser complètement en payant une taxe forfaitaire de 7%. L’opération est en cours, aucun bilan n’a été donné pour le moment.
    Par contre, au Maroc, l’opération ‘’Contribution libératoire’’, semble connaître quelques ‘’couacs’’, les déclarants n’ayant pas, selon l’Office des changes, tout déclaré de leur patrimoine à l’étranger. L’opération clôturée le 31 janvier dernier, avait été marquée par la déclaration de 8,41 milliards de dirhams, et rapporté 315 millions de dirhams pour le Fonds de Cohésion Sociale.

    6 septembre

    Sfax : altercation entre forces de sécurité et manifestants opposés à la loi sur la « réconciliation économique »

    http://www.lapresse.tn/article/sfax-altercation-entre-forces-de-securite-et-manifestants-opposes-a-la-loi-sur-la-reconciliation-economique/94/5125

    Une altercation a eu lieu, dimanche à Sfax, entre forces de l’ordre et des manifestants opposés à la loi sur la réconciliation économique, a-t-on appris de sources concordantes. Sous le slogan « Manech Msamheen » (pas de pardon), la manifestation était organisée par des jeunes sfaxiens et nombre de composantes de la société civile devant le siège de la banque centrale à Sfax pour protester contre la loi sur la réconciliation économique.
    « Les forces de l’ordre ont fait usage d’une violence disproportionnée pour disperser les manifestants qui participaient pacifiquement au sit-in », a déclaré Chafik Ayadi, représentant du Front Populaire à l’Assemblée des représentants du Peuple (ARP). « Près de 16 blessés ont été transférés à l’hôpital pour y recevoir des soins », a encore précisé M. Ayadi qui était présent sur les lieux. L’usage de violences disproportionnées a été démenti de sources sécuritaires dans la région. « Seule une grenade lacrymogène a été utilisée pour disperser la manifestation », a confirmé un responsable sécuritaire qui précise que la manifestation n’avait pas d’autorisation des autorités locales.

    8 septembre

    Des associations dénoncent l’interdiction des manifestations sous couvert de l’état d’urgence

    http://www.maghrebemergent.com/actualite/breves/fil-maghreb/51027-tunisie-des-associations-denoncent-l-interdiction-des-manifestations-sous-couvert-de-l-etat-d-urgence.html

    Des associations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé, lundi, la décision du ministère de l’Intérieur d’interdire les manifestations, appelant à respecter le droit de manifester garanti par la Constitution.
    Ils ont, également, appelé à interdire l’usage de la force et de la violence et à poursuivre les auteurs de ces actes.
    La liberté de pensée, d’expression, de manifestation et de réunion sont des droits garantis par la Constitution sans lesquelles l’exercice de la citoyenneté et la réalisation de la transition démocratique ne peuvent pas être concrétisés, a déclaré, lundi à l’agence TAP, Abdelbasset Ben Hassen, président de l’Institut arabe des droits de l’Homme (IADH).
    S’agissant de l’état d’urgence, Ben Hassen a rappelé que les principes mentionnés dans la Constitution ainsi que dans la loi internationale des droits de l’Homme, particulièrement l’article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ne sont pas en contradiction avec l’état d’urgence. La loi stipule que la déclaration de l’état d’urgence « ne doit pas servir de prétexte pour violer ces droits », a-t-il ajouté.
    De son côté, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) a dénoncé, dans un communiqué, « les abus à répétition commis contre des manifestants sous couvert de l’état d’urgence », estimant que ces pratiques constituent une violation manifeste des droits mentionnés dans la Constitution et des Pactes ratifiés par l’Etat tunisien.
    La Ligue a, par ailleurs, exigé l’ouverture d’une enquête « sérieuse et indépendante » sur ces agressions « complètement inadmissibles » dans une société démocratique.
    L’Organisation tunisienne de lutte contre la torture a, pour sa part, appelé, dans un communiqué, les autorités au respect du droit de manifester et à mettre un terme à l’état d’urgence.
    L’Organisation a noté la recrudescence de la répression contre les rassemblements et les manifestations pendant l’état d’urgence, relevant plusieurs abus, notamment l’usage de la violence, le 1er septembre courant Place Mohamed Ali et à l’Avenue Habib Bourguiba, lors d’un rassemblement de jeunes dénonçant le projet de loi relatif à la réconciliation économique.

    8 septembre

    L’opposition décidée à manifester malgré l’interdiction

    http://directinfo.webmanagercenter.com/2015/09/08/tunisie-des-partis-politiques-attaches-a-la-marche-contre-le-projet-de-loi-sur-la-reconciliation/

    Les partis et associations ayant pris part à la rencontre nationale politique et civile, tenue les 7 et 8 septembre 2015, réaffirment leur attachement à l’organisation d’une marche populaire pacifique, le 12 septembre prochain, pour revendiquer le retrait du projet de loi sur la réconciliation économique, a déclaré Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire.
    Les forces politiques et civiles participant à cette réunion ont qualifié ledit projet de loi de « soulèvement contre la constitution, d’atteinte flagrante à ses dispositions et de main-mise sur le processus de justice transitionnelle », a-t-il dit, dans une déclaration à la presse mardi.
    Hammami a expliqué que la marche prévue vise à défendre les droits et libertés, dont le droit de manifester.
    Il a lancé un appel à participation à l’adresse de l’ensemble des forces politiques, sociales et civiles opposés au projet de loi sur la réconciliation économique et financière. 8 septembre

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35827

  • Pourquoi les monarchies du Golfe refusent d'accueillir des réfugiés (FranceTVinfo)

    Alors que quatre millions de personnes ont fui la Syrie depuis 2011, les frontières des riches Etats pétroliers voisins leur restent fermées. Explications.

    Près de 2 millions de réfugiés syriens en Turquie, 115 000 au Liban, 630 000 en Jordanie, 132 000 en Egypte... Et aucun, ou presque, dans les pays du Golfe, d'après les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU. Cette absence d'action politique suscite critiques et interrogations sur la solidarité arabe, non seulement en Occident mais dans les pays eux-mêmes. Comment l'expliquer ?

    Parce que rien ne les y oblige légalement

    Aucun des Etats du Golfe n'est signataire des conventions internationales définissant le statut de réfugié, et notamment la Convention de 1951. Du point de vue du droit international, ils ne sont donc pas contraints d'accueillir des migrants pour leur proposer l'asile ou, a minima, les héberger dans des camps de réfugiés. Contrairement aux pays européens, qui s'organisent en conséquence.

    Pour l'heure, ces pays restent silencieux sur le sujet. "Malheureusement, les riches pays du Golfe n'ont publié aucun communiqué sur la crise et encore moins proposé une stratégie pour aider les migrants, en majorité des musulmans", relevait récemment l'éditorialiste du quotidien qatari Gulf Times.

    Pour les critiques des riches pétromonarchies, le contraste est d'autant plus saisissant que certains de ces Etats du Golfe financent des groupes armés engagés dans la guerre civile syrienne et portent donc une part de responsabilité dans les conséquences humanitaires du conflit. Sara Hashash, responsable des relations presse d'Amnesty International pour le Moyen-Orient, fustige ainsi le comportement "absolument scandaleux" des pays du Golfe.

    Parce qu'ils fournissent déjà une aide financière

    Ces Etats ne sont pourtant pas restés inactifs depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011. "Les pays du Golfe ont fourni 900 millions de dollars pour aider les déplacés syriens, à travers des ONG et des donations de particuliers", selon la BBC (en anglais)"Pour des raisons logistiques, le Qatar ne peut accueillir des réfugiés en grand nombre et choisit à la place de les soutenir financièrement", avance Abdullah Al-Athbah, rédacteur du chef du quotidien qatari Al-Arab.

    Mais cette aide est insuffisante, selon le Washington Post (en anglais), qui note que "les Etats-Unis ont levé quatre fois plus de fonds". Directeur pour la Syrie de l'ONG Oxfam, Daniel Gorevan estime lui aussi que les pays du Golfe pourraient "à l'évidence en faire bien plus" pour les réfugiés syriens. Il les invite à leur proposer des emplois, à mettre en place des mécanismes de regroupement familial et des dispositifs d'immigration légale.

    Parce qu'ils craignent un bouleversement de leur démographie

    Problème : ces tout petits Etats (si l'on fait exception de l'Arabie saoudite) craignent d'être submergés par des réfugiés alors qu'ils font déjà travailler des millions de migrants, notamment originaires d'Asie du Sud. Aux Emirats arabes unis et au Qatar, les travailleurs étrangers sont en moyenne cinq fois plus nombreux que les ressortissants nationaux. 

    Pour Sultan Barakat, du Brookings Doha Center, un geste pourrait aider les Syriens et désamorcer les critiques : permettre l'entrée des réfugiés ayant déjà des membres de leur famille dans le Golfe. Des centaines de milliers de Syriens vivent en effet depuis des années dans la région, attirés par les opportunités d'emploi. L'octroi de visas reste cependant strictement contrôlé. 

    Parce qu'ils ont peur pour leur sécurité

    La crise des réfugiés syriens intervient au moment où les pays du Golfe concentrent leur attention sur le conflit au Yémen et sur la complexe opération militaire qu'ils y mènent contre des rebelles chiites Houthis. En outre, pour déstabiliser le président syrien Bachar Al-Assad, soutenu par l'Iran chiite, leur rival régional, des pays du Golfe ont aidé, avec de l'argent et des armes, des groupes rebelles sunnites engagés contre le régime de Damas.

    Dans ce contexte, des considérations sécuritaires sont parfois avancées pour expliquer le refus d'accueillir des réfugiés. "Comme les pays du Golfe sont impliqués dans les affaires politiques de la Syrie, ils peuvent s'inquiéter de ce que pourraient entreprendre ceux qui viendraient chez eux", explique Sultan Barakat, du Brookings Doha Center. L'Arabie saoudite a notamment été visée depuis le début de l'année par des attentats du groupe Etat islamique, et veut réduire le plus possible le risque terroriste sur son territoire. Ariane Nicolas Mis à jour le 08/09/2015 | 17:26

    http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/pourquoi-les-monarchies-du-golfe-refusent-d-accueillir-des-refugies_1074749.html

  • La crise des réfugiés syriens en quelques chiffres (Amnesty)

    Faits et chiffres

    Les réfugiés dans la région

    Plus de 4 millions de réfugiés venant de Syrie (95 %) se trouvent dans seulement cinq pays, à savoir la Turquie, le Liban, la Jordanie, l'Irak et l'Égypte :

    • le Liban accueille près de 1,2 million de réfugiés venant de Syrie, ce qui représente environ une personne sur cinq dans le pays ;
    • la Jordanie accueille près de 650 000 réfugiés venant de Syrie, chiffre qui représente environ 10 % de la population ;
    • la Turquie accueille 1,9 million de réfugiés venant de Syrie, soit plus que tout autre pays au monde ;
    • l'Irak, où 3 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays au cours des 18 derniers mois, accueille 249 463 réfugiés venant de Syrie ;
    • l'Égypte accueille 132 375 réfugiés venant de Syrie.

    Seuls 40 % du montant de l'appel de fonds lancé par l'ONU pour répondre aux besoins humanitaires des réfugiés syriens ont été obtenus.

    Le manque de fonds signifie que les réfugiés syriens les plus vulnérables au Liban ne reçoivent que 13,50 dollars par mois soit moins d'un demi-dollar par jour pour l'aide alimentaire.

    Plus de 80 % des réfugiés syriens en Jordanie vivent en dessous du seuil de pauvreté local.

    Le conflit en Syrie

    Près de 220 000 personnes ont été tuées et 12,8 millions de personnes ont besoin d'urgence d'une aide humanitaire en Syrie.

    Plus de 50 % de la population syrienne est actuellement déplacée.

    Réinstallation à l'étranger

    Au total, 104 410 places d'accueil ont été offertes au niveau mondial depuis le début de la crise en Syrie, ce qui ne représente que 2,6 % de la population totale des réfugiés syriens au Liban, en Jordanie, en Irak, en Égypte et en Turquie.

    Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR),400 000 personnes dans les cinq principaux pays hôtes – soit 10 % – ont besoin d'être réinstallées.

    Amnesty International demande instamment qu'au moins 10 % des réfugiés les plus vulnérables venant de Syrie soientréinstallés depuis les principaux pays hôtes d'ici la fin de 2016 (cela représente 400 000 personnes).

    Repères :

    • Les pays du Golfe, dont le Qatar, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn, ont offert zéro place d'accueil pour les réfugiés syriens.
    • D'autres pays à hauts revenus tels que la Russie, le Japon, Singapour et la Corée du Sud ont aussi offert zéro place d'accueil. 
    • L'Allemagne s'est engagée à offrir 35 000 places pour les réfugiés syriens par le biais de son programme d’admission humanitaire et de parrainages individuels, ce qui représente 75 % du total pour l'Union européenne (UE). 
    • L'Allemagne et la Suède ont à elles deux reçu 47 % des demandes d'asile de Syriens en UE entre avril 2011 et juillet 2015. 
    • Outre l'Allemagne et la Suède, les 26 autres pays de l'UE se sont engagés à offrir 8 700 places d'accueil, chiffre qui représente environ 0,2 % des réfugiés syriens se trouvant dans les principaux pays hôtes. 4 septembre 2015, 19:28

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/syrias-refugee-crisis-in-numbers/

     

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Selon la ministre israélienne de la culture, la palestinienne qui a défendu un petit garçon blessé d'un soldat israélien aurait dû être "abattue"

    Selon la ministre israélienne de la culture, la palestinienne qui a défendu un petit garçon blessé par un soldat israélien aurait dû être « abattue »

    La ministre israélienne de la Culture, Miri Regev Miri Regev, ministre israélienne de la Culture, a déclaré que l’armée israélienne aurait dû tirer sur la famille palestinienne de Nabi Saleh en Cisjordanie qui a empêché un enfant blessé d’être arrêté au cours de la dernière manifestation hebdomadaire contre la confiscation illégale de leurs terres. Selon...
     
     
     
    À Gaza, les nourrissons et les mères paient le prix de huit années de siège israélien

    À Gaza, les nourrissons et les mères paient le prix de huit années de siège israélien

    Un nourrisson est traité dans une clinique de la ville de Gaza, le 17 avril 2014. En règle générale, il est rare de constater une augmentation de la mortalité infantile, pourtant, ce taux a récemment augmenté dans la bande de Gaza. (Photo : Wissam Nassar / The New York Times) Par Nora Barrows-Friedman, vendredi 2...
     
     
     
    Nadia Hijab et Alaa Tartir: "Et après le départ d'Abbas ?

    Nadia Hijab et Alaa Tartir: « Et après le départ d’Abbas ?

    Par Nadia Hijab et Alaa Tartir, 4 septembre 2015 (publié initialement sur le site internet du Monde Diplomatique version anglaise). Une rencontre du Conseil National Palestinien (CNP) est attendue ce mois pour sa première session depuis 2009 en vue d’accepter la démission de Mahmoud Abbas comme président de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine)...

  • Monde arabe : « Nous sommes toujours dans ce processus révolutionnaire inauguré en 2011 » (NPA)

     

    Entretien. Invité de notre Université d’été, le chercheur Gilbert Achcar est entre autres intervenu dans l’atelier intitulé « Du “Printemps arabe” à “l’État islamique”, que reste-t-il du soulèvement arabe ? ». 

    Plus de quatre ans après la chute de Ben Ali, peut-on toujours parler, comme tu l’as fait dans ton livre Le peuple veut, de « soulèvement arabe » ?

    Certainement. Le soulèvement arabe se référait à l’année 2011 qui a connu six soulèvements, ainsi que des mouvements sociaux dans la quasi-totalité des pays de l’ensemble arabophone. Mais depuis le départ, j’ai souligné que ce soulèvement était le début d’un processus révolutionnaire de longue durée : dans cette optique, le fait qu’à partir de 2013, la région soit entrée dans une phase de contre-révolution – en particulier depuis le basculement de la situation en Syrie, lorsque l’Iran et ses alliés libanais et irakiens ont sauvé le régime Assad et lui ont permis de passer à la contre-offensive – ce fait-là ne supprime en rien les fondements du processus révolutionnaire, notamment le ­blocage socio-économique.

    On voit bien que la région reste en plein bouillonnement avec ce qui s’est passé tout récemment en Irak et au Liban, deux pays qui avaient été moins affectés que d’autres par l’onde de choc de 2011. Au cours des dernières semaines, les deux pays ont connu des mobilisations de masse autour de clivages qui opposent « le peuple », au sens de 2011, aux gouvernements sur des revendications sociales. Nous sommes toujours bel et bien dans ce processus révolutionnaire qui a été inauguré en 2011 et qui, à mon sens, va se poursuivre sur plusieurs décennies, avec l’alternance de phases à dominante révolutionnaire ou contre-révolutionnaire selon la dialectique propre à ce genre de processus.

    Qui sont les principaux acteurs de la contre-révolution ?

    La complexité de la situation régionale, c’est qu’il n’y a pas une contre-révolution homogène comme on a pu la connaître dans des situations classiques. Qu’on pense par exemple à la Révolution française : lorsque l’Europe réactionnaire s’est liguée contre elle de concert avec les forces réactionnaires françaises, le camp de ce qu’on a pu appeler l’ancien régime était plutôt homogène dans sa nature. Or dans le monde arabe, il n’y a pas que l’ancien régime, même si tout naturellement celui-ci est la première et la principale force contre-révolutionnaire. Il y a également des oppositions de type réactionnaire à l’ancien régime qui se sont développées dans la région, au départ comme antidote à la radicalisation à gauche – un antidote qui a été presque partout favorisé par l’ancien régime lui-même, même s’il est entré par la suite, dans de nombreux pays, en conflit ouvert et parfois sanglant avec cet ancien régime.

    On a donc, depuis 2011, un processus révolutionnaire en butte à deux principaux obstacles, deux forces contre-révolutionnaires : les régimes qu’il s’agit de renverser, et les forces islamiques qui se posent en alternative réactionnaire aux régimes. L’absence ou la faiblesse organisationnelle du pôle révolutionnaire composé du mouvement ouvrier et des forces progressistes, ou alors sa faiblesse politique, ont laissé la porte ouverte à cette concurrence entre pôles réactionnaires et au choc entre eux, avec une montée aux extrêmes dans des situations de guerre civile en Syrie, en Libye ou au Yémen, ou sous une forme larvée, mais néanmoins brutale, au Bahreïn et en Égypte.

    Comment qualifierais-tu l’action des pays occidentaux, États-Unis en tête, dans la région ? Certains leur attribuent en effet l’essentiel, sinon la totalité des responsabilités quant à la situation chaotique actuelle, quitte à verser dans le complotisme...

    En laissant de côté les théories du complot qui en viennent à attribuer le soulèvement lui-même aux manigances des États-Unis, des théories qui sont en général fondées sur la vision fantasmagorique d’États-Unis omnipotents, il y a l’idée répandue, y compris dans certains secteurs de la gauche, que les États-Unis seraient en train d’alimenter le chaos en Syrie après l’avoir fait en Libye. C’est se méprendre profondément sur la politique actuelle de l’administration Obama dont on voit bien d’ailleurs la pusillanimité sur le dossier syrien. Les États-Unis sont depuis 2011 au point le plus bas de leur hégémonie dans la région depuis l’apogée de 1990-91. Ils ont perdu énormément de terrain, en particulier en raison de la catastrophe que l’Irak a été pour leur projet impérial. L’obsession majeure de l’administration Obama est de préserver les appareils d’État dans la région et d’éviter précisément que s’installe une situation de chaos comme ce que l’Irak a pu connaître après le démantèlement de l’État baathiste par l’occupation de 2003.

    Ce qui a pu faire penser que la stratégie étatsunienne n’avait pas assimilé cette leçon amère, c’est l’intervention en Libye, mais cette perception passe à côté du fait que cette intervention-là visait à prendre le contrôle de la situation dans ce pays pétrolier et à négocier un compromis avec l’appareil d’État, dont une partie avait d’ailleurs rejoint le camp des insurgés. Et de ce point de vue, le résultat de l’intervention en Libye est un autre désastre : le renversement de Kadhafi tel qu’il s’est déroulé a été pour Washington un lourd fiasco, comme la suite l’a bien montré. Les choses sont allées beaucoup plus loin que souhaité, puisque l’OTAN a assisté impuissante au démantèlement intégral de l’État libyen, qui a fait de la Libye un pays sans État, sans « monopole de la violence physique légitime », avec des milices rivales qui sont aujourd’hui en train de s’entretuer. En ce sens, il s’agit bel et bien d’une seconde défaite après l’Irak, ce que n’ont pas compris les adeptes de la théorie du complot. Aujourd’hui, l’obsession des États-Unis, y compris en Syrie, c’est de négocier et parvenir à conclure des compromis entre les deux pôles de la contre-révolution régionale afin de re-stabiliser la situation en restaurant ou consolidant des États capables de maintenir l’ordre.

    Sur le long terme, dans la mesure où elle ne prend pas en compte les fondements socio-économiques du soulèvement, cette stratégie est vouée à l’échec…

    Cette politique de conciliation entre les deux forces de la contre-révolution a eu jusqu’ici un seul succès, en Tunisie, avec un gouvernement de coalition entre Ennahda et les restes de l’ancien régime, et il y a des négociations intensives en cours pour des compromis de ce type, en Libye, en Syrie et également en Égypte et au Yémen. L’accord sur le nucléaire avec l’Iran s’inscrit dans la même perspective.

    Washington veut réconcilier tout ce beau monde qui a en commun une profonde hostilité aux aspirations démocratiques et sociales du « printemps arabe » de 2011. Mais sur le long terme, il est évident que tout cela est voué à l’échec ! L’alternative se pose entre deux termes : soit une issue positive au processus révolutionnaire, c’est-à-dire une rupture radicale sur les plans socio-économique et politique avec la variante régionale du capitalisme, qui permette à la région d’entrer dans une nouvelle phase de développement de longue durée ; ou alors ce que j’ai appelé naguère le « choc des barbaries », avec le développement de symptômes de putréfaction politique dont le soi-disant « État islamique » est aujourd’hui l’exemple le plus saillant.

    Propos recueillis par Julien Salingue

    Hebdo L'Anticapitaliste - 301 (03/09/2015)

  • Culture

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  • Egypte. «Un mois de septembre imprévisible» (Al'Encontre.ch)

     

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    Ce dimanche 6 septembre 2015, le Premier ministre Ibrahim Mahlab «a appelé toutes les catégories de la société égyptienne à travailler dur parce qu’il est urgent de bâtir le pays loin de l’organisation de grèves et de sit-in» (Egypt Independent).

    Le 22 août 2015, Tadamon (Solidarité), une coalition de 27 organisations et associations ouvrières et syndicales, a lancé un appel à une grève générale de la fonction publique le 12 septembre contre une nouvelle loi sur ce secteur, concernant donc environ de 6 à 7 millions de fonctionnaires, 25% des salarié·e·s d’Egypte. Aujourd’hui, ce sont désormais plus de 50 organisations syndicales et des centaines de militants syndicalistes indépendants rejoints par les confédérations syndicales indépendantes EFITU (Egyptian Federation of Independent Trade Unions) et EDLC Egyptian Democratic Labour Congress (EDLC), qui appellent à faire de cette journée une marche massive contre la loi sur le service public civil.

    Cet appel ne sort pas de rien. Il prolonge ce qui est perçu par bien des militants égyptiens comme une nouvelle escalade des protestations ouvrières dans le pays. Pour Fatma Ramadan, dirigeante syndicale radicale courageuse, on pourrait en dater le renouveau en mai 2015 et pour Khaled Ali, avocat défendant les militants ouvriers, candidat aux dernières présidentielles, on pourrait en fixer le début au mois de décembre 2014.

    Des luttes ouvrières qui n’ont jamais cessé

    En fait, les protestations ouvrières n’ont pas stoppé depuis février 2014 – après 6 mois d’interruption suite au coup d’État de Sissi en juillet 2013 – et, si l’on remonte plus loin, n’ont quasi jamais cessé depuis 2006 (voir article publié sur A l’Encontre, le 17 mai 2015).

    Rappelons seulement, pour la dernière période, qu’en février, mars et avril 2014 les grèves quasi généralisées dans la fonction publique – qui touche de nombreux secteurs industriels nationalisés en Égypte – pour une hausse et une généralisation du salaire minimum ont fait tomber le gouvernement de l’époque et ont poussé Sidi à se mettre en avant dans les élections présidentielles pour faire barrage à cette vague de grèves. En effet, ce mouvement de grèves était sans doute en passe de se donner des organes de coordination nationale voire même, peut-être, à travers la coordination des médecins, un embryon de représentation politique des aspirations ouvrières.

    L’élection de Sissi a momentanément freiné, de mai à juillet 2014, les protestations et l’émergence cette possible conscience naissante.

    Le dictateur a certainement profité des illusions provoquées par sa démagogie nassérienne, bien qu’elles aient été peu profondes dans les milieux jeunes et les plus populaires, ce dont les résultats électoraux ont témoigné. En même temps, pour détourner la colère populaire, Sissi a amplifié à ce moment sa campagne, pourtant déjà intense et féroce, contre le terrorisme islamiste. Cette campagne était accompagnée d’appels permanents, incessants et omniprésents à l’union nationale contre le terrorisme accouplés systématiquement au leitmotiv de retrousser les manches pour sauver l’économie égyptienne et donc de produire plus en évitant de faire grève pendant un an. Parallèlement, le gouvernement multipliait les atteintes à la liberté de manifestation et d’expression tous azimuts touchant en particulier, avec violence, les milieux démocrates les plus sincères mais aussi le droit de grève et de manifestation des travailleurs, en poursuivant, arrêtant et condamnant de nombreux militants syndicalistes ou de «simples» salariés en lutte.

    Cette orientation politique, dont le bras armé est la police et l’armée, était bien sûr soutenue par le syndicat ouvrier officiel, véritable organe policier en milieu salarié. Elle l’était aussi par les dirigeants des principaux organes de presse quasi muselés malgré la protestation de certains de leurs journalistes. Elle l’était encore par une grande partie de la gauche la plus timorée qui soutenait ou avait soutenu Sissi depuis son coup d’État. Elle l’était enfin par les dirigeants des principales confédérations syndicales indépendantes nées de la révolution. Ce qui fait beaucoup.

    Malgré cela, depuis août 2014, après trois mois d’interruption pour cause de campagne présidentielle, les protestations ouvrières ont repris et n’ont pas cessé.

    On notait ainsi 778 grèves et protestations sur les 6 premiers mois de l’année 2015 tout particulièrement dans le privé et chez les travailleurs manuels, ensuite dans le public, enfin dans le médical et l’enseignement, puis les journalistes. Le chiffre est certes bien inférieur à celui du premier semestre 2014 qui avait été de 2245 protestations. C’était le gros mouvement social, quasi généralisé dans la fonction publique, autour du salaire minimum que nous avons signalé plus haut. Si l’on veut donc comparer réellement, il faut le faire entre le premier semestre 2015 et le second semestre 2014 où il y a sensiblement le même nombre de grèves.

    Ce mouvement s’explique par une situation sociale catastrophique face à laquelle le gouvernement semble impuissant, et de plus en plus, complice. Les faibles illusions nées des promesses démagogiques ont fait long feu. Les promesses de hausse du salaire minimum au privé sont abandonnées et celles de certains secteurs de la fonction publique ne sont pas appliquées. Les promesses d’un salaire maximum pour les cadres dirigeants ne sont pas non plus mises en route ou alors sont vidées de leur contenu. Les engagements de renationaliser certaines entreprises publiques – récemment privatisées et en difficulté – sont oubliés, avec en même temps l’assurance de faire appliquer les jugements de tribunaux allant dans ce sens. Par contre les baisses des subventions étatiques aux tarifs de l’électricité et du fuel ainsi que des hausses de taxe indirectes sur les produits de consommation ont été mises en route immédiatement. Elles ont eu des conséquences terribles sur la vie de très nombreux Egyptiens avec une hausse des prix d’environ 10%. En septembre 2015, ce sont les tarifs du métro qui devraient à leur tour augmenter.

    Ce qui fait qu’avec l’écart bondissant entre les prix et les salaires on assiste à l’affichage de plus en plus visible de la plus grande richesse en même temps que de la plus grande pauvreté… comme à l’époque du gouvernement des milliardaires sous Moubarak dans les années 2004-2005, point de départ de la vague de luttes en Égypte.

    Il devient donc toujours plus clair que le gouvernement Sissi est un gouvernement des plus riches et que sa démagogie contre le terrorisme islamiste n’est que poudre aux yeux pour détourner des revendications sociales.

    Cela est d’autant plus perceptible que la résistance ouvrière n’a pas cessé mais aussi, sur ce fond social, que la scène politique est en train de changer.

    Une répression violente qui en dit long sur les résistances et les radicalités populaires

    Ce sont surtout dans les zones à haute densité ouvrière, comme dans les villes industrielles du «6 Octobre» (capitale du gouvernorat du 6 Octobre) et du «10 Ramadan» (ville créée aussi par décret présidentiel la même année, en 1979) que la répression est la plus dure. Les patrons sollicitent fréquemment les forces de l’ordre pour écraser leurs ouvriers… mais pas sans riposte.

    Ainsi des employés en lutte d’une cimenterie appartenant à l’armée à Al Arish se sont fait tirer dessus en juin par l’armée qui était entrée dans l’usine, faisant un mort et plusieurs blessés. Mais aussitôt, malgré et contre cette violence, ce sont les 1000 salariés de l’entreprise qui se sont tous mis en grève et ont fait partir l’armée.

    En mai et juin, 54 salariés des transports publics sont passés en jugement et ont été condamnés pour fait de grève. Et des dizaines d’autres attendent leur tour. Des salariés du gaz, du pétrole, du textile ont été licenciés ces derniers mois pour fait de grève dont les principaux dirigeants de l’usine textile de Mahalla. Mais la plupart d’entre eux n’hésitent pas à continuer à se faire entendre dans la presse ou dans la rue.

    Le 25 juillet des employés municipaux à Alexandrie ont été condamnés et licenciés pour fait de grève, mais aussi pour avoir coupé l’électricité en pleine séance du tribunal qui était en train de les juger.

    Le 26 juillet, des salariés de la bibliothèque d’Alexandrie ont été condamnés pour avoir séquestré leur directeur.

    Bref, si la violence des forces de répression est extrême, la résistance des salariés est loin d’être éteinte et pourrait trouver dans la situation qui s’ouvre une nouvelle dimension.

    Un équilibre de la scène politique perturbé par la quasi-disparition d’un de ses deux pôles

    La scène politique a été principalement occupée depuis le renversement de Morsi par l’opposition mutuelle des deux forces de la contre-révolution: l’armée et les Frères Musulmans. De ce fait, la question sociale, pourtant bien présente, était relativement occultée politiquement, sauf par à-coups, par exemple en février-mars 2014. Du coup, la majorité des dirigeants syndicaux ou politiques de gauche, se sont positionnés le plus souvent en soutien critique d’un des deux pôles contre l’autre – l’armée ou la Confrérie. Et bien que les luttes sociales soient assez nombreuses pour tenter de mener une politique indépendante, personne ne cherchait vraiment à définir cette politique s’appuyant sur les luttes sociales et visant à les représenter, ne serait-ce qu’en commençant seulement à tenter de les unifier afin de les rendre plus visibles et efficaces.

    Jusqu’à aujourd’hui, en effet, la politique gouvernementale prenait prétexte du terrorisme islamiste pour empêcher toute contestation sociale ou démocratique. La terreur policière était justifiée par le gouvernement par les attentats dont elle amplifiait la portée psychique en confondant les nombreuses manifestations pacifiques des Frères Musulmans et l’activité terroriste de Daesh [«Etat islamique»] au Sinaï ou d’autres groupes ailleurs. La très forte visibilité des manifestations de la Confrérie et les accrochages parfois violents provoqués par la répression policière permettaient aux autorités de confondre les deux violences et d’accuser toute manifestation à but social ou toute grève d’être manipulée par les Frères Musulmans, les terroristes ou au moins de faire leur jeu. En même temps, en exagérant la nocivité de la Confrérie et en la présentant comme son seul adversaire sérieux, l’armée lui donnait en quelque sorte un certain crédit, dont les Frères pouvaient espérer jouer pour apparaître ainsi comme le seul recours possible demain à toutes les colères populaires enfouies. L’émergence de Daesh et de la guerre au Sinaï a probablement perturbé ce jeu infernal.

    La voie politique moyenne et légaliste de manifestations pacifiques et d’élections démocratiques, qu’avaient choisie les Frères, se trouvait alors fortement contestée, vu l’énorme répression du pouvoir, de deux côtés. D’une part, par ceux parmi eux qui étaient tentés par la voie violente de l’État Islamique ; de l’autre par ceux qui au contraire voulaient revenir à une activité purement associative, charitable et en dehors du champ politique.

    Ainsi les manifestations de rue des Frères Musulmans qu’ils tenaient régulièrement depuis longtemps ont quasi disparu depuis plusieurs mois, un déclin qui était perceptible dés décembre 2014 et encore plus en ce printemps 2015.

    Dès lors l’argument gouvernemental principal pour justifier sa lutte antiterroriste et freiner toute lutte sociale a perdu de sa force.

    Ainsi s’il n’y a pas quantitativement beaucoup plus de luttes qu’auparavant, une autre ambiance politique les rend plus visibles aux yeux d’un certain nombre de militants et de commentateurs… et en même temps plus politiques, la question sociale prenant peut-être insensiblement à nouveau la place centrale occupée jusque-là par la question religieuse et le terrorisme.

    Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est le gouvernement qui, avec le vide des Frères Musulmans, prend sa place dans la défense de l’ordre religieux et devient lui-même la cible des mouvements qu’il a mis en route.

    Ainsi une récente décision de justice a choqué une bonne partie des Egyptiens. En effet, alors que le gouvernement prétendait lutter contre les excès islamistes et laisse circuler par exemple en ce sens une pétition demandant à interdire tout parti religieux pour ne pas mêler politique et religion, il vient de décider de s’appuyer sur un jugement d’un tribunal au mois d’avril pour condamner toutes les grèves, au prétexte que la grève nuirait à autrui… selon la Sharia, la loi islamique. De même, un copte a été arrêté pour insulte à la religion car il avait plusieurs bibles. Les condamnations de chanteuses et danseuses aux vêtements trop «révélateurs» pour atteinte à la morale apparaissent d’autant plus hypocrites. Et il apparaît que la lutte des autorités contre l’islamisme avait surtout pour but de lutter contre les grèves et la démocratie.

    Dès lors, plusieurs choses changent et les grèves sont devenues plus visibles de deux manières.

    Des grèves ouvrières émiettées qui pourraient trouver une convergence en septembre
    contre une loi qui cristallise toutes les colères

    Manifestation, fin août, de journalistes licenciés devant le siège de leur syndicat immobile

    Manifestation, fin août, de journalistes licenciés devant le siège de leur syndicat immobile.

    Les statistiques décrivent une large majorité de grèves dans le secteur privé et en particulier chez les ouvriers manuels, mais Khaled Ali (juriste et militant connu) dans un interview récent à la presse cite pour sa part des grèves ou des mouvements des fonctionnaires du ministère de la Justice, des vétérinaires du ministère de l’Agriculture, des journalisteset des employés de plusieurs sociétés immobilières… C’est-à-dire des grèves qui se situent essentiellement au Caire et, surtout, des grévistes qui ont manifesté publiquement au vu de tous, en pleine capitale, devant le syndicat des journalistes, le Conseil des ministres ou devant les ministères.

    Il y a eu bien d’autres grèves dont certaines un peu plus visibles comme celles des employés des sociétés Gas Misr, des ouvriers du textile à Mahalla ou ceux de Misr Iran à Suez ou enfin de Engineering Projects Company durant 2 mois.

    Mais la presse qui en général parle peu des grèves n’en parle quasiment jamais en dehors du Caire ou d’Alexandrie. Ce qui donne l’impression à beaucoup qu’il n’y en a pas. Alors quand soudain des manifestations surgissent en plein cœur du Caire, la presse ne peut guère les occulter (même si Al Ahram, la voix du gouvernement ne parle que de quelques dizaines de manifestants). Dès lors, on a le sentiment, dans l’ambiance générale, qu’il se passe quelque chose de nouveau de ce côté, et surtout, d’un défi résolu au pouvoir, qui paraît d’autant plus massif – et de fait politique – que ces manifestations sont interdites, que la répression est très brutale et que ce défi vient en remplacement de celui des Frères.

    Un défi donc qui traduit une nécessité et libère un espoir pour la justice sociale dans de larges couches – bien au-delà des manifestants – dont les sentiments profonds se trouvent soudain représentés par ce qu’expriment ces manifestations publiques.

    Ainsi germe lentement dans certains esprits l’idée qu’après des mois où les aspirations populaires ont été refrénées, au prétexte de la lutte contre le terrorisme islamiste, on pourrait assister à une soudaine explosion d’une colère sociale trop longtemps contenue. Et c’est ce qu’exprime la presse titrant souvent «mois de septembre imprévisible» ou «test en septembre pour le gouvernement», ou encore «bras de fer engagé entre le gouvernement et les syndicats» comprenant bien qu’une remise en cause de cette loi ou l’indication d’un nouveau rapport de force ou encore la seule expression publique d’un nouveau courage social pourrait ouvrir des vannes à bien d’autres contestations.

    Manifestation des salariés des impôts et des douanes le 10 août 2015 contre la nouvelle loi sur le service public. Sept millions de salariés sont concernés

    Manifestation des salariés des impôts et des douanes le 10 août 2015 contre la nouvelle loi sur le service public. Sept millions de salariés sont concernés

    L’appel au 12 septembre en unifiant les mécontentements de la plupart des fonctionnaires contre une nouvelle loi sur le service public a donc déjà dépassé le cadre de la fonction publique et celui d’une spécificité sociale pour toucher au politique.

    La loi diminue les bonus – un complément de salaire qui pallie leur faiblesse – les faisant passer d’environ 400/500 livres Egyptiennes à seulement 80 (9,15 euros). Elle diminue également les possibilités d’augmentation et de promotion, réduit les compensations en cas de travail pendant les congés, ou en cas de dépassement d’horaires. Elle généralise les 35 heures, mais ne précise pas le maximum d’heures qui peuvent être travaillées. Elle permet de licencier les salariés jugés inefficients, de muter au bon vouloir de l’employeur…. et oblige les stagiaires à éduquer dix Egyptiens analphabètes! Seul point positif, elle étend le congé maternité de 3 à 4 mois.

    Bref, selon les salariés, elle donne tous pouvoirs aux cadres dirigeants en matière d’embauche, licenciements, sanctions et salaires. Elle ouvre la voie à une encore plus grande corruption dans les services publics permettant aux dirigeants de se faire leur clientèle dans l’administration en embauchant et licenciant qui ils veulent. Par ailleurs, elle est comprise par beaucoup comme une étape vers la diminution de moitié les effectifs de la fonction publique.

    Cette loi cristallise toutes les colères en résumant et symbolisant les évolutions actuelles d’autres lois passées récemment. Par exemple, celles concernant les privatisations, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la santé ou de la compagnie holding des industries alimentaires qui englobe 39 entreprises, dont les deux plus grands producteurs de sucre qui garantissaient jusque-là du sucre subventionné pour 20 millions de familles.

    Et puis contre des lois qui affectent directement le mouvement ouvrier, comme les articles récemment introduits du code pénal interdisant de critiquer le régime sur les réseaux sociaux, ou la loi de la protection des établissements publics, dont la protection a été confiée à l’armée et qui permet de traduire devant un tribunal militaire les ouvriers manifestant dans ou devant une entreprise publique.

    Enfin, contre des lois plus générales qui touchent les salariés en tant que citoyens, notamment celle du 18 août 2015 sur le terrorisme qui qualifie de «terrorisme» tout ce qui porte atteinte au travail dans les hôpitaux, les écoles, les télécommunications, les institutions d’État et d’une manière générale touche à l’économie nationale.

    Bref, c’est toute la politique du gouvernement qui peut être rapidement mise en cause et beaucoup le comprennent ou l’espèrent ainsi.

    La visibilité nouvelle des manifestations de salariés a occupé le vide politique laissé par l’éclipse des Frères et traduit un besoin social urgent. La manifestation du 12 septembre peut être une étape visant clairement à unifier et centraliser la réponse ouvrière.

    Le mouvement contre cette nouvelle loi, décidée en mars et dont les salariés ont commencé à mesurer les effets en matière de salaire en juillet, a en effet commencé par différents mouvements dispersés, notamment des employés du ministère des affaires religieuses le 26 juillet, puis par une première protestation centralisée le 27 juillet qui a été ensuite suivie, le 10 août, par une manifestation au Caire rassemblant plusieurs milliers de manifestants malgré la chaleur étouffante . Dans des médias, certains n’hésitant pas à y voir la plus grosse manifestation depuis 2013.

    Au premier plan figuraient des militants et salariés des impôts qui ont joué un rôle important dans le passé pour la constitution des confédérations indépendantes; puis principalement des salariés des transports publics du Caire organisant des grèves partielles ce jour-là sur plusieurs dépôts de bus, des employés du ministère des antiquités et d’autres des douanes. Ils demandaient le retrait ou la suspension de la loi et la démission du ministre des Finances comme du Premier ministre. Parmi les slogans les plus repris, on peut noter ceux parlant «d’illégitimité» de la loi comme de ses promoteurs ou de «départ» pour ces derniers.

    Devant le succès de la manifestation, ses organisateurs ont appelé aussitôt à une suite, le 17 août. A cet appel se sont associés des syndicats des instituteurs, des médecins et pharmaciens, des ingénieurs, des vétérinaires ainsi que des salariés du ministère de la planification. Le mouvement semblait s’amplifier immédiatement. Aussi, le gouvernement interdit la manifestation du 17 août.

    Dès lors se mit en place une espèce de tête à tête et de bras de fer entre le mouvement et les autorités qui focalise une bonne partie de l’attention publique. Les initiateurs du mouvement répondirent sur-le-champ par une escalade appelant dès lors à une grève générale de la fonction publique le 30 août. Puis, face à une nouvelle menace d’interdiction, ils décidèrent finalement d’avertir le gouvernement par voie judiciaire qu’ils feraient grève et manifesteraient le 12 septembre, appelant à une «marche du million».

    Cette fermeté a aussitôt agglutiné autour du syndicat des finances de très nombreux militants et syndicats parmi lesquels ceux des ministères de la Santé, du Commerce, de l’Agriculture, de l’Irrigation, des Chemins de fer, des Transports et des Assurances sociales. Ainsi, se multiplient des initiatives locales, pétitions, pages Facebook ou même grèves et manifestations pour préparer le 12 septembre; comme le 26 août où les salariés des ministères du commerce extérieur et du développement industriel ont manifesté au sein de leurs ministères contre la nouvelle loi.

    Une autre étape avec la contestation des officiers de police de bas rang

    Mais ce qui est peut-être le plus manifeste du nouveau climat en train peut-être de s’ouvrir est la contestation au sein des rangs des officiers de police de bas rang.

    Les 22 et 23 août, on a assisté à des grèves et manifestations d’officiers de police de bas rang dans diverses localités du gouvernorat de Sharqiya dans le Delta du Nil, bien relayés par les médias, notamment aux commissariats de Mina Al-Kanh et Zagazig où ils auraient même tenté d’incendier le commissariat de cette dernière localité avant que les forces antiémeutes ne viennent les disperser par la force et non sans affrontement violents. Ce que toute l’Égypte a vu: des affrontements entre forces de police.

    Le 23 août 2015: des sous-officiers manifestent à Sharqiya

    Le 23 août 2015: des sous-officiers manifestent à Sharqiya.

    Par ailleurs, en même temps. selon la presse, il y aurait eu des protestations de simples soldats-employés et conscrits des forces de répression qui regroupent pour ces derniers les plus pauvres des Egyptiens forcés de faire leur service militaire dans les régiments policiers les plus engagés dans la répression et les plus exposés, par exemple dans le Sinaï.

    En outre, un groupe constitué d’officiers de police de bas rang organisé à l’échelle nationale comme de nombreux policiers de commissariats sur tout le territoire ont témoigné dans la presse de leur solidarité à l’égard des manifestants et de leurs revendications.

    Enfin, le «Club des officiers de police de bas rang» né de la révolution de 2011 et impliqué dans le mouvement de Sharqiya a décidé d’appeler à un meeting-assemblée générale le 5 septembre au niveau national pour envisager une possibilité d’escalade si le gouvernement ne satisfait pas leurs revendications. Aussitôt, le Premier ministre s’est engagé à satisfaire toutes leurs revendications le 5 septembre, mais parallèlement le gouvernement accusait ces officiers de police d’être manipulés par les Frères Musulmans. En même temps qu’il le démentait, le porte-parole du mouvement déclarait qu’il craignait pour sa vie, ayant reçu des menaces de mort. Il suggérait qu’elles venaient des autorités au pouvoir.

    Cette agitation policière n’est pas sans conséquences. Il y a 31 niveaux hiérarchiques dans la police, tous avec des salaires et des privilèges différents. Ce qui implique pas mal de tensions. Les officiers de police de bas-rang, mal considérés et assez mal traités, issus plutôt des milieux populaires, sans grandes possibilités de promotion au-delà d’un certain niveau – car il est difficile de monter dans la hiérarchie policière quand on est de «basse extraction» – sont environ 300’000 et font le «sale boulot», c’est-à-dire, entre autres, la répression des grèves et des manifestations des ouvriers et des plus pauvres. Or ces policiers réclament et crient qu’ils veulent plus de «justice sociale».

    Bien que des officiers de police aient déclaré à la presse que leurs salaires ont été multipliés par plus de trois depuis 2011 ils revendiquent pêle-mêle, des augmentations de salaires, des bonus spéciaux pour juin et juillet, des promotions, des droits à la retraite du même type que ceux des officiers supérieurs, une protection santé plus efficace, l’accès aux hôpitaux militaires (les meilleurs), des repas gratuits, etc. mais aussi, et c’est notable – on verra pourquoi – moins de sanctions internes et plus d’impunité.

    Quant aux simples soldats et conscrits, ils dénoncent les violences, les mauvais traitements et les discriminations dont ils sont victimes de la part de la haute hiérarchie, ce qui les avait déjà amenés à barrer des routes, notamment les conscrits de Al-Azab en mai 2015, qui avaient bloqué celle de Beni-Suef à Fayoum.

    Les officiers de bas rang avaient pour leur part manifesté et bloqué en juillet le commissariat de Giza revendiquant des hausses de salaire et plus d’impunité. En juillet également, ceux de Damanhour dans le delta avaient organisé une grève de la faim contre des sanctions disciplinaires visant certains d’entre eux, notamment un, accusé d’avoir tué un suspect au cours de son audition.

    Or, malgré le fossé entre ces policiers et le mouvement social, ce qui est remarquable dans cette agitation c’est qu’elle s’est déclenchée dans l’espace ouvert par les manifestations des fonctionnaires et leur appel au 12 septembre. Cela a été relevé par de nombreux journaux qui, d’une manière ou d’une autre, ont associé le mouvement des officiers de police de bas rang à celui des fonctionnaires en écrivant qu’il s’était déclenché du fait du climat créé par les appels au 12 septembre.

    Cela ne veut pas dire que ce soit vrai ni que les officiers de police de bas rang se rapprochent des prolétaires – par qui ils sont haïs – mais pas non plus que ce soit un hasard de calendrier comme voudraient le faire croire des représentants des autorités. En fait, il est plus probable que les officiers utilisent ce climat social parce qu’ils sont proches de certaines préoccupations soulevées par la mise en mouvement, non pas tant des salariés, mais de la bureaucratie d’État. Cependant leur initiative amène beaucoup à se demander si on n’assiste pas au début d’une nouvelle vague de contestation sociale et politique.

    Car, en effet, ce qui est grave pour le pouvoir, c’est que ce sont ces officiers de bas rang qui sont au fondement de la répression et qu’une éventuelle défection de ces hommes des basses œuvres pourrait lui être fatale. Par ailleurs, ces mêmes mouvements des officiers de police de bas rang ont été aussi les premiers signes annonciateurs du mouvement qui a fait tomber Morsi en 2013. Enfin ces mouvements ont également accompagné la révolution de 2011 par la création d’une multitude de d’associations syndicales toujours existantes, dont il est difficile de savoir ce qu’elles sont devenues et quelles sont leurs perspectives.

    Un appareil d’Etat non homogène et sans espace public possible pour régler ses différends

    Contrairement aux apparences, l’appareil d’État est loin d’être homogène. Il y a des guerres terribles entre factions rivales de l’armée, de la police ou de la haute bureaucratie civile et les hommes d’affaires qu’ils essaient de représenter. Cela a bien sûr été de tout temps.

    A la périphérie du quartier huppé de Doqqi, au Caire, le 30 août 2015, un bidonville abritant plus de 200 familles est détruit de manière «musclée» par la police. Les familles refusent de partir.

    A la périphérie du quartier huppé de Doqqi, au Caire, le 30 août 2015, un bidonville abritant plus de 200 familles est détruit de manière «musclée» par la police. Les familles refusent de partir.

    Mais la particularité du régime de Sissi l’a amené à porter certainement au plus haut point les contradictions internes. En effet, le régime de Sissi, commencé comme un semblant de régime bonapartiste, cherchant à imiter Nasser, l’a amené à un dialogue direct avec le «peuple», multipliant les promesses démagogiques pour tenter d’obtenir son soutien. On a vu combien cela lui avait déjà coûté cher en février, mars et avril 2014, lorsqu’il avait dû essuyer un vaste mouvement social dans la fonction publique qui avait essayé de lui faire tenir sa promesse d’augmenter le salaire minimum de manière importante fin janvier 2014.

    Or Sissi, en même temps qu’il promettait la hausse du salaire minimum, promettait également de fixer un salaire maximum pour faire cesser le scandale des rémunérations faramineuses de la haute hiérarchie de la bureaucratie d’État. On assiste peut-être dans la contestation actuelle chez les fonctionnaires et les policiers de bas rang aux effets de cette promesse.

    En effet, le régime de Sissi évoluant vers une dictature classique, il s’est peu à peu reposé uniquement sur la répression de l’appareil d’État. Et une répression d’autant plus féroce, d’une part, parce qu’il avait beaucoup promis et, d’autre part, parce qu’il n’a pas de parti à lui pour le soutenir, pour l’aider à faire passer ses mesures, comme le PND (Parti national démocratique) de Moubarak ou Sadate.

    Il a donc quasi tout interdit: droit de manifester, de grève, d’expression, mais aussi partis, ONG, journaux, représentation religieuse. De plus, l’Égypte n’a pas de Parlement depuis trois ans, pas plus que de municipalités élues. En même temps, les syndicats indépendants nouveaux sont très faibles – soit achetés soit réprimés – et le syndicat officiel ne représente plus rien, sinon une force de police.

    Mais l’absence de Parlement comme de toutes autres institutions électorales de ce type rend très difficile la résolution des conflits internes entre factions de l’appareil d’État et des notables sinon quasi impossible. Ils ne peuvent plus se résorber. Ils ne peuvent qu’éclater en utilisant ou en se glissant dans les fractures sociales déjà existantes, risquant de les aggraver par ce fait même. Ce qui peut, à terme, déboucher sur une situation instable sinon révolutionnaire résumée par le fameux «ils ne peuvent plus en haut et ils ne veulent plus en bas».

    Un des signes de l’existence manifeste de ces tensions internes est que Sissi, aussitôt après les manifestations des officiers de police de bas rang, a promis… des élections législatives – que les policiers ne réclamaient pourtant pas – qui commenceraient à être organisées, très rapidement en octobre. L’affaire traînait, et tout d’un coup, après ces manifestations policières, le pouvoir s’est précipité… comme s’il répondait à ce qu’il y a de sous-jacent dans cette rébellion policière ou à ceux qui en jouent. Mais Sissi pourrait bien avoir mis le doigt dans un engrenage qui le dépasse.

    N’ayant plus l’outil de la démagogie nassérienne, n’ayant pas de parti large pour obtenir un soutien populaire, il doit redéfinir sa relation à un appareil d’État qui n’est pas le sien, mais est issu de Sadate et Moubarak. Or arrivé au pouvoir pour bloquer la révolution en cours, sa démagogie populiste l’a amené à modifier des rapports de force internes à la bureaucratie, mais sans aucune maîtrise du processus.

    Ainsi, alors qu’il promettait un salaire maximum, les secteurs les plus forts de la banque, de la justice, de la police et de l’armée obtenaient que cette mesure ne les concerne pas, déconsidérant aux yeux de la population sa démagogie nassérienne, mais irritant aussi profondément les autres sommets de la hiérarchie d’État sur qui cette mesure pourrait s’appliquer.

    Aujourd’hui, pour redéfinir sa relation aux hommes d’affaires et à l’appareil d’Etat, le faire sien et en même temps pas cher et au service des patrons, il déclare vouloir rendre la bureaucratie plus efficace en l’accusant d’être inefficiente. Sa loi sur le service public civil sort de cette volonté et signifie cela.

    Mais la traduction qui «fuite» dans la presse, probablement à son insu, est qu’il voudrait réduire de moitié les effectifs des fonctionnaires. Ce qui ne peut que soulever une forte émotion populaire. Ainsi, Sissi va se heurter non seulement à toute une série de bureaucrates des secteurs moins «forts» de la haute bureaucratie qui craignent pour leur avenir mais aussi aux salariés qui craignent pour leur travail et que les premiers laisseront probablement manifester, s’ils ne les y encouragent pas.

    Or, Sadate et Moubarak s’étaient déjà cassé les dents dans leurs volontés de réforme de la vaste bureaucratie nassérienne pour la mettre sous la pression du marché et de l’insécurité du travail. Ils avaient du reculer.

    On voit mal Sissi – plus faible – réussir là où les premiers ont échoué.

    C’est à ce moment qu’interviennent les manifestations de policiers de bas rang et la date qu’ils ont choisie pour ce faire.

    Lors de la révolution de 2011, on avait vu apparaître toute une série d’associations de policiers dans l’esprit du 25 janvier pour faire de la police un organisme « neutre » et si possible honnête et non pas un outil politique direct du pouvoir en place. Ainsi sont nées des associations de policiers de bas rang aux titres évocateurs: «Policier mais honnête», «Institution nationale pour réformer la police», «Collectif général des officiers de police»…

    Après la surprise de la première vague révolutionnaire, deux courants principaux se sont constitués pour redonner tout son poids à la police, l’un qui a donc cherché à réhabiliter l’image du policier en le soustrayant aux influences politiques et en cherchant à le rapprocher de la population, l’autre, qui, au contraire, a tenté de renforcer ses moyens répressifs et son impunité, en mettant la police hors de tout contrôle. Car il ne faut pas oublier qu’une bonne partie des revenus des policiers se fait par l’organisation de rackets sur les plus pauvres. D’où l’importance de l’impunité.

    Les mouvements de ce corps qui témoignent de deux orientations pour l’État sont toujours l’expression d’un affrontement au sommet. Et l’affrontement incessant de ces deux factions finit toujours par trouver une expression publique dans les mouvements de colère des plus mal lotis des policiers, ceux de bas rang, affrontement qu’on entend dans les deux revendications des mouvements de policiers, «justice sociale», d’une part, et «impunité», d’autre part.

    Or, si les policiers ont choisi les dates de début septembre et les revendications salariales – malgré tout ce qu’ils ont déjà gagné depuis la révolution de 2011 – c’est probablement en toute connaissance de cause.

    Dans les conflits actuels, les catégories policières qui veulent une police plus «neutre» ont choisi de s’associer aux secteurs de la haute bureaucratie les plus faibles, et par là au mouvement des salariés eux-mêmes et, sans s’y associer, en donnant toutefois plus de poids à leur appel au 12 septembre.

    Les secteurs policiers qui ne veulent aucun contrôle savent pour leur part que dans ce genre de crise, le pouvoir s’est toujours dépêché de céder en leur accordant très rapidement des augmentations de salaire. Les hausses de salaires ont été en effet depuis 2011 le moyen qu’ont trouvé les gouvernements pour tenter de réconcilier les deux catégories et calmer l’ensemble.

    On pourrait presque dire que ces policiers de bas rang s’associent, de facto, aux mouvements sociaux émergeant pour leur donner de la force afin de les utiliser comme levier de pression et chantage sur le pouvoir afin d’être mieux payés ensuite… pour les réprimer.

    Par contre personne ne peut savoir jusqu’où peut aller la spirale de contestation qu’ils peuvent contribuer à déclencher. Car aujourd’hui, il ne s’agit pas que d’une fronde des policiers mais d’une alliance de fonctionnaires d’Etat et de policiers de bas rang, ce qui supprime ou affaiblit deux des trois piliers sur lesquels Sissi s’appuie pour gouverner et le rend – momentanément – assez fragile.

    Aussi s’il ne résout pas le problème rapidement, s’il n’enraye pas la spirale contestatrice, Sissi pourrait bien suivre la voie des Moubarak et Morsi. Et c’est probablement pourquoi il a immédiatement proposé le détournement des colères par l’impasse électorale. La rapidité de réaction doit témoigner de son inquiétude. Sauf que cette même rapidité enlève toute crédibilité à ces élections, qui n’en avaient déjà pas beaucoup.

    Pour ne prendre qu’un exemple des emballements rapides possibles, 45’000 mineurs sont en passe d’être jetés à la rue par la fermeture annoncée d’un millier de mines. Une situation semblable avait déjà déclenché de violentes émeutes en 2009. On imagine très facilement ce qui pourrait se passer si le mouvement dans la fonction publique ouvrait un nouvel espoir chez les travailleurs.

    En sommes-nous là? Le piège électoral va-t-il donner une issue à Sissi? On ne peut pas encore le savoir, mais les premières semaines de septembre le permettront peut-être. Auquel cas, la question pour le mouvement ouvrier redeviendrait, à nouveau, très rapidement politique.

    Depuis 2006 – plus particulièrement bien sûr depuis 2011 – il y a beaucoup de luttes. On assiste à des successions de luttes souvent émiettées, parfois isolées dans une profession ou une localité, s’éteignant même un moment, qui redémarrent brutalement en s’emparant de questions sociétales ou de divisions au sommet ou encore qui reprennent plus lentement en marchant vers leur unification parfois sur un terrain économique, d’autre fois politique, occupant des places, des rues ou des entreprises, gonflant de temps à autre jusqu’à devenir massives. entraînant alors des millions d’hommes et de femmes sur la scène publique, basculant même dans l’insurrection et la révolution, levant des barricades, affrontant sans peur les forces de répression, faisant chuter une dictature et plusieurs gouvernements… et débouchant toujours sur la question de l’orientation politique : quelle politique, quelle société veut le mouvement ouvrier?

    Dans ces montages russes des événements quotidiens, avec une répression omniprésente d’une ampleur jamais vue (41’000 personnes condamnées), les hommes et les organisations sont soumis à dure épreuve. La gauche a fait naufrage, mais en même temps les militant·e·s ont acquis une expérience considérable. Toute la question est de savoir quelle conscience les militants politiques et syndicaux ont tiré de toutes ces années ?

    En mars et avril 2014, un certain nombre d’entre eux avaient commencé à mettre au point des coordinations pour tenter d’organiser centralement le mouvement social. En même temps, un embryon de programme ouvrier s’adressant à toute la population et reprenant l’essentiel de ses revendications avait été mis en avant. L’élection de Sissi puis son pouvoir fort avaient mis un terme à cette expérience. Un possible affaiblissement de Sissi pourrait-il lui redonner naissance?  La répression est terrible en Egypte mais la colère sociale latente qui est immense peut exploser à nouveau à tout moment. Et peut-être plus expérimentée. Par Jacques Chastaing

  • Soutien au mouvement populaire au Liban, contre la répression d’Etat (Lcr.be)

    23 sept 2006 chatelet palais royal paris drapeaux libanais palestiniensPARIS/2006/06/23/JMB

    Ces dernières semaines, des manifestations se sont amplifiées à Beyrouth contre la gestion désastreuse des ordures par le gouvernement, au point d’atteindre une échelle nationale.

    En cause, une gestion libérale et privatisée du traitement des ordures dont les conséquences écologiques désastreuses touchent en premier lieu les habitants des quartiers et régions les plus pauvres du pays : l’un des premiers lieux touchés a été la petite ville côtière de Na’ameh, (sud de Beyrouth) dont la fermeture du site d’enfouissement pour cause de surcharge et suite aux mobilisations locales, a entraîné un déplacement des ordures jusqu’aux quartiers les plus huppés de la capitale. La solution proposée par le régime est la création d’un nouveau site dans la région pauvre de Akkar, au nord du pays : une tentative de plus de la part des classes dirigeantes de faire porter le poids de leurs échecs aux couches les plus vulnérables de la société.

    En vérité, l’affaire de la gestion des ordures est le dernier scandale en date d’un régime en état de crise perpétuelle. Les politiques néolibérales, la privatisation à outrance et la spéculation immobilière font que la précarité socio-économique touche la majorité de la population libanaise. La rhétorique sectaire et confessionnelle omniprésente sert la stratégie du régime qui vise à diviser pour mieux régner, mais menace de faire replonger le pays dans la guerre civile. Les institutions démocratiques de l’État central sont de fait désintégrées, et le pouvoir partagé entre des partis confessionnels censés contenir leurs “bases” respectives afin que les oligarques et les capitalistes proches du régime puissent continuer à piller les ressources du pays.

    La radicalité exprimée lors des manifestations ces dernières semaines par les couches sociales les plus pauvres témoigne du ras-le-bol de la population qui ne se taira pas face à la répression de l’Etat qui a déjà fait des centaines de blessés, et à la campagne de diabolisation cherchant à diviser bons et mauvais manifestants. Désormais, la question d’une gestion collective des ordures est devenue un élément catalyseur de la population contre toute solution se basant sur des critères sectaires et confessionnels, un système politique qui, rappelons-le, est le mode de gouvernance hérité du système colonial français. C’est donc en toute logique que les manifestants réclament la fin d’un  régime confessionnel et sectaire.

    En solidarité avec la campagne « Le peuple veut », à laquelle nos camarades du Forum Socialiste au Liban participent, nous appelons à relayer les demandes exprimées par les manifestants et à soutenir toute initiative de solidarité internationale pour un État laïque démocratique qui consacre la justice sociale, la liberté et l’égalité. 4 septembre 2015

    LCR-SAP (Belgique), NPA (France) , SWP (Angleterre), SAP-Grenzeloos (Pays-Bas), et Internationale Socialisten (Pays-Bas), SolidaritéS (Suisse) , Vrede vzw ( Belgique)

    http://www.lcr-lagauche.org/soutien-au-mouvement-populaire-au-liban-contre-la-repression-detat/

  • Nouveautés "Tunisie" sur ESSF

    4.09   Tunisie  2 septembre 2015
     
    4.09  Collectif - 3 septembre 2015
     
    4.09  Collectif - 26 août 2015
     
    3.09   Collectif - 1er septembre 2015
     
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    4.09   Gauche radicale NPA - 30 août 2015