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Révolutions Arabes - Page 189

  • Tunisie: Répression de la manifestation «anti-réconciliation» du 2 septembre (Essf)


    Le président du l’UGET donne sa version de la dispersion par la police de la manifestation anti-loi de réconciliation

    Le président de l’Union générale des étudiants tunisiens, Ghassen Bouazzi, a affirmé dans une déclaration à Tunisie numerique que les forces de sécurité ont dispersé sans ménagements une manifestation à laquelle ont appelé mardi 1er septembre 2015, les organisations de la société civile et les forces démocratiques pour contrer la loi de réconciliation économique que l’on œuvre à faire adopter.
    Il a affirmé que la manifestation organisée sous le thème « je ne pardonne pas » visait à faire exprimer le rejet de cette loi de réconciliation économique que « la coalition de la droite au pouvoir » veut faire adopter.

    Agression physique

    Le président du syndicat estudiantin, a affirmé que la police a réprimé la manifestation agressant matériellement et moralement les participants à cette manifestation. Il a affirmé qu’il a été arrêté rue de Paris d’une manière qui rassemble à un « enlèvement » pour être conduit avec d’autres militants de l’UGET au commissariat de police de la Médina connu sous l’appellation de « CTM » où ils ont retrouvé le secrétaire général du syndicat de l’Enseignement secondaire, Lassaad Yaacoubi.

    Retour de l’oppression

    Là, ils ont été également agressés verbalement et physiquement , ajoutant que le secrétaire général de l’UGET Wael Nouar, a été touché dans des endroits sensibles ce qui a nécessité son transfert vers l’hôpital Charles Nicoles où il se trouve dans un état « grave ». Il a appelé toutes les forces vives à contrer ce retour de l’oppression et de la tyrannie ainsi qu’à empêcher l’adoption de cette loi de réconciliation.
    Le président de l’UGET a annoncé qu’une seconde manifestation sera organisée demain jeudi à 16 heures , Place Mohamed Ali pour exprimer l’opposition à la loi de réconciliation.

    Tunisie numérique
    2 septembre 2015


    Le Front populaire appelle les forces démocratiques à faire barrage au retour de la dictature

    Le Front populaire a notamment appelé à défendre les acquis de liberté qu’il juge insidieusement menacés par la coalition de droite au pouvoir et à faire barrage au retour de la dictature.
    Le Front populaire a condamné, mercredi, les violences infligées aux manifestants anti-réconciliation. Dans un communiqué diffusé ce 02 septembre, le FP a fait porter l’entière responsabilité de ces agressions au ministère de l’Intérieur et au gouvernement soulignant qu’elles s’inscrivent dans un dangereux processus de retour en arrière vers de nouvelles formes de répression et de restriction des libertés, chèrement acquises lors de la révolution.


    Le Front populaire a, par ailleurs, réitéré son refus au projet-loi de réconciliation économique et financière « qu’on veut imposer de force sous couvert de l’état d’urgence ».
    Le FP a affirmé son attachement au droit à la manifestation au rassemblement pacifique et a exhorté toutes les forces démocratiques à se dresser contre le retour de la dictature. 2 septembre

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35780

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
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    Un documentaire sur 18 vaches recherchées par l’armée israélienne pendant la première Intifada a été inscrit dans la catégorie des Récompenses pour le Meilleurs Film en Langue Etrangère. Capture d’écran du film ‘Les 18 Fugitives’ (YouTube) MEE (l’Oeil du Moyen Orient), Dimanche 30 août 2015 Dernière mise à jour : lundi 31 août 2015 Le...
     
     
     
    Majd Kayyal : La logique de l'alimentation forcée des prisonniers palestiniens

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    Amjad Wardeh-Syria Majd Kayyal, 25 août 2015 La prison est une machine qui fabrique de la répression en appliquant l’isolement comme modus operandi et en utilisant les êtres humains comme matière première. Lorsqu’ils sont incarcérés, les prisonniers sont mis à l’écart de leurs besoins et de leurs plaisirs essentiels : nourriture et éducation, sexe et...
     
     
     
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    Par Olivia Elias, 20 août 2015 L’explosion de la création palestinienne est née des bombardements, des ruines, de la répression et de la triple interdiction à laquelle se trouve confrontés les artistes de Palestine : interdiction de séjour ou de voyage, de récit et de mémoire. La grande expo, organisée il y a quelques années...
     
     
    Une délégation de l’Union européenne se rend dans un secteur menacé d’annexion à Beit Jala

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    Maan – 26 août 2015 Image : Maan Bethléhem (Ma’an) – Une délégation de diplomates européens s’est rendue mardi dans le village à majorité chrétienne de Beit Jala, près de Bethléhem, pour évaluer les récentes tentatives israéliennes de prolonger son mur de séparation avec un nouveau segment qui traverserait le territoire du village. La délégation,...
     
     
     
    Gaza, un goulag sur la Méditerranée

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    Mohammed Omer – The New York Times – 24 août 2015 Visuel: Sébastien Thibault Gaza ville – L’an dernier, à cette même époque, alors que les missiles et les bombes pleuvaient pendant la guerre disproportionnée de sept semaines d’Israël contre la bande de Gaza, j’écrivais sur notre lutte pour survivre durant le mois saint du...

  • Mauritanie : L’UFP condamne des rafles au faciès et des violences contre les noirs (Afriques en lutte)

    L’Union des Forces de Progrès (UFP)-opposition, dénonce des rafles au faciès et des violences aveugles, touchant des individus originaires d’Afrique de l’Ouest et même des nationaux de couleur noire, dans une déclaration rendue publique vendredi soir.

    Le parti de l’opposition « dénonce avec force l’exercice de la violence aveugle de la part de certains membres des forces de l’ordre encouragés par leur impunité et exige que justice soit faite en faveur des victimes ». L’UFP évoque une situation « d’une extrême gravité et les risques qu’elle fait peser sur l’unité nationale, de plus en plus fragilisée par les pratiques inacceptables et discriminatoires d’un régime et ses manœuvres visant à diviser les mauritaniens ».

    Décrivant les rafles de Nouakchott, la déclaration fait état « de patrouille lancées aux trousses « de suspects dont le seul tort apparent est la couleur noire de leur peau ».

    Depuis plusieurs mois, signale-t-on, des rafles touchent de nombreux ressortissants d’Afrique de l’Ouest vivant en Mauritanie, notamment des sénégalais pour « défaut de cartes de séjour ». 4 septembre 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/mauritanie-l-ufp-condamne-des

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    La Bande de Gaza pourrait devenir "inhabitable" d’ici 5 ans, s’alarme l’Onu

    iTélé, mercredi 2 septembre 2015
    L’organe de l’Onu chargé du développement et du commerce alerte sur la situation dans les Territoires palestiniens, et plus particulièrement dans la bande de Gaza qui pourrait devenir "inhabitable d’ici à 2020".
     

  • Tunisie : Mettre fin aux abus sécuritaires (Essf)

     

    Après la diffusion de la vidéo « Tfarjou Fina TORTURE * » produite par l’association Forza Tounes qui donne la parole à des jeunes racontant par le menu les provocations, la torture, les arrestations arbitraire, le chantage… qu’ils ont subis.

    Face à la persistance des abus et des séances de tortures dans les lieux de détention en l’absence de sanctions effectives de la part de l’autorité de tutelle…
    Les associations et organisations de défense des droits de l’Homme signataires de ce communiqué exigent :

    · L’ouverture immédiate d’une enquête sérieuse tenant compte des témoignages recueillis dans la vidéo, des plaintes contre des pratiques de torture et des mauvais traitements et violations des droits de l’Homme.
    · Des sanctions contre tous ceux qui se sont adonnés à ces pratiques humiliantes et le dédommagement des victimes pour en finir avec le fait accompli de l’impunité.

    Les associations et organisations signataires :


    · Considèrent que la persistance de ces pratiques traduit le manque de sérieux dans la lutte contre ce lourd héritage d’ancien régime et l’absence d’une vision globale pour l’éradication de cette « culture » qui institutionnalise la torture, l’extorsion des aveux par la force et la violation de la loi par les représentants de la loi.
    · Elles rappellent au gouvernement que l’État tunisien est tenu, de par ses engagements nationaux et internationaux, de combattre la pratique de la torture et toutes les formes d’humiliation et d’en punir les auteurs.
    Les associations et organisations signataires tiennent à affirmer avec force que le tout répressif en lieu et place d’une stratégie de dialogue et d’un projet national d’intégration de la jeunesse marginalisée, c’est la porte ouverte à toutes les aventures : l’extrémisme, la violence et les barques de la mort, comme en témoigne la vidéo.

    Signataires :
    Syndicat Nationale des Journalistes Tunisiens - SNJT
    Réseau Euro-Med des Droits de l’Homme – REMDH 
    Association Tunisienne des Femmes Démocrates – ATFD 
    Association Vigilance pour la Démocratie et l’Etat Civil – Yaquadha 
    Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie – CRLDHT 
    Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux – FTDES 
    Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives – FTCR 
    Organisation 10-23 de Soutien au Processus de la Transition Démocratique 

    Tunis, le 1er septembre 2015 Collectif

    Note :
    https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=WR09AYVgixY

    Contact : Messaoud Romdhani – 00 216 97 322 921 – mah.talbi@gmail.com

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35770

     

  • Liban : crise des déchets et pourriture du système (Lutte Ouvrière)

    Au Liban, depuis quelques semaines les manifestations se multiplient, regroupant des dizaines de milliers de personnes. C’est la question des déchets qui a mis le feu aux poudres.

    Le 17 juillet, les camions venus déverser leurs ordures à la décharge de Naamé, près de la capitale Beyrouth, ont été bloqués par les riverains excédés. On estime que, depuis son ouverture, 18 millions de tonnes d’ordures ont été entassées là, sans traitement, dix fois plus que ce qui était prévu au départ. Une très bonne affaire, à 140 euros la tonne, un des tarifs les plus chers du monde, pour la société qui a le monopole de la collecte, et son propriétaire, un membre du clan de l’ancien Premier ministre Hariri.

    Les déchets se sont donc entassés dans les rues.

    Au cœur de l’été, la situation est vite devenue insupportable. C’est le collectif « Vous puez » qui a impulsé la contestation, exigeant des solutions et dénonçant la corruption des politiciens. Et le mouvement s’est développé, malgré les canons à eau et les gaz lacrymogènes de la police qui ont au contraire apporté de nouvelles vagues de manifestants dans les rues de Beyrouth. Les raisons de cette colère contre les autorités ne manquent pas. Les services publics ne sont efficaces que pour enrichir des affairistes. Les routes ne sont pas entretenues, l’assurance-maladie est inexistante, les soins hospitaliers inaccessibles pour la majorité. L’électricité est habituellement coupée trois heures par jour à Beyrouth, et souvent le double dans les villages, situation encore aggravée cet été par des pannes. Quant à l’eau, les infrastructures sont dans un état lamentable et elle manque chaque été. Tout cela dans un pays où la richesse ne manque pas, du moins pour la petite minorité qui l’accapare.

    Parler d’impuissance du système politique libanais serait un euphémisme car on est bien au-delà. Dans ce système basé sur le confessionnalisme, les postes et les fonctions sont réparties sur une base communautaire entre les 18 religions et sectes reconnues, chrétiens maronites, musulmans sunnites, chiites, druzes, etc. Installé par la France pour maintenir l’ordre colonial, ce système a servi ensuite aux grandes familles qui dominent le pays. Il a été régulièrement utilisé pour détourner la colère des exploités vers des affrontements communautaires. Il a conduit à la guerre civile des années 1975-1990 et à une quasi-partition du pays entre les zones tenues par les différents chefs de clan. Le gouvernement n’est que le reflet de cette situation et ne réunit autour d’une table que des frères ennemis, qui ont bien d’autres soucis que de faire fonctionner le pays et ses services publics laissés dans un total abandon.

    À cela s’ajoutent les conséquences de la guerre civile syrienne avec l’afflux d’un million de réfugiés dans un pays d’un peu plus de quatre millions d’habitants, l’implication directe du parti chiite Hezbollah mais aussi la présence de combattants de l’État islamique dans certaines zones frontalières et la prise en otage de soldats libanais.

    La crise des ordures montre qu’une partie de la population libanaise, face à cette situation chaotique, en a suffisamment assez pour descendre dans la rue et dire leur fait à ces politiciens uniquement préoccupés de leurs petites affaires et de leurs bagarres de clans.

    C’est certainement révélateur. Dans ce Liban en voie d’éclatement tout comme dans l’ensemble du Moyen-Orient, il y a d’abord une population qui voudrait, simplement, pouvoir vivre normalement.

    Serge FAUVEAU 2 Septembre 2015
     
  • Une « révolution des ordures » au Liban ? (Orient 21)

    Le 17 juillet 2015, la décharge de Naamé, ouverte en 1997, ferme. Le contrat qui liait l’État libanais à la compagnie de ramassage Sukleen a pris fin sans qu’aucune solution alternative n’ait été trouvée par le gouvernement. La «  crise des déchets  » unifie le Liban au-delà de ses barrières confessionnelles : sa géographie touche aussi bien les populations sunnites, druzes, que chiites ou chrétiennes. C’est un désastre écologique : il reflète la faillite d’un État dont les services publics — de l’eau à l’électricité en passant par le ramassage des ordures — se font toujours plus absents.

    Les mobilisations populaires contre la «  crise des déchets  » se sont multipliées dans le pays. Beyrouth en est l’épicentre : le collectif «  Vous puez  »   Talahat Rihtkum  ») appelle à des manifestations devant le siège du gouvernement libanais. Les 22 et 23 août, elles réunissent entre 10 et 20 000 personnes. Le 29, ce sont plus de 50 000 manifestants qui s’assemblent sur la place des Martyrs, dans le centre-ville1.

    Le mouvement, limité à l’origine, grandit en fonction de trois aspects combinés. La politique des Forces de sécurité intérieures (FSI) et de l’armée, d’une part, qui, dès le 22 août, font usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau, mais également de tirs en l’air à balles réelles, contre la foule. D’autre part, un réel effet d’emballement médiatique : la campagne «  «  Vous puez  » a ses relais télévisuels, notamment la chaîne libanaise Al-Jedid (New TV)2. Les appels à manifester se sont aussi multipliés sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Le caractère inédit de l’événement engage également, fin août, la presse arabe et internationale — de France 24 à Al-Mayadeen3 en passant par Al-Jazira — à s’emparer du sujet. Dernier élément ayant profité au succès des manifestations : leurs revendications sociales et politiques. Ne se cantonnant plus à demander la résolution d’un problème écologique, elles appellent tantôt à la démission du ministre de l’environnement, Mohammad Machnouk, tantôt à celle du premier ministre, Tammam Salam, ou à de nouvelles élections législatives. Les slogans des manifestants se sont aussi radicalisés, de la «  chute du régime  » («  Isqat an-Nidham  ») confessionnel, à la «  Révolution  » («  Thawra  »).

    Les manifestations traduisent une colère sourde : celles et ceux qui descendent dans la rue mettent ainsi en cause le prix prohibitif de l’eau, les coupures récurrentes d’électricité dans le pays, l’absence de sécurité sociale pour une partie des Libanais, les salaires indécents des fonctionnaires, la corruption généralisée d’une partie des élites. Toutes les contradictions sociales et politiques se concentrent en cette période : certains manifestants réclament l’élection d’un nouveau président4, sans vouloir la chute du régime confessionnel  ; d’autres demandent une loi de décentralisation administrative donnant plus de pouvoir aux municipalités. Les secteurs les plus à gauche du mouvement, réunis dans un collectif nommé «  Nous voulons des comptes  » («  Bidna Nouhasib  ») se prononcent pour une «  refondation  » («  I’ada Ta’asis  ») de la République libanaise. Beyrouth n’est plus seule. Des collectifs informels naissent dans le reste du pays, à l’instar de Tripoli : «  Ras-le-bol  » («  Tafaha al-Kil  »), «  L’Akkar n’est pas une poubelle  » («  Akkar Manna Mazbale  »).

    La dimension sociale du mouvement est renforcée par la présence de certains syndicalistes dans les rassemblements : Hanna Gharib, figure du comité de coordination syndicale, vient rappeler qu’en 2013 et 2014, un puissant mouvement social5 avait réclamé une augmentation de la grille des salaires et un nouveau système de sécurité sociale. Les manifestations du comité de coordination syndicale avaient réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Beyrouth.

    Un mouvement hétérogène  ?

    Les manifestations de l’été 2015 sont exceptionnelles : c’est la première fois qu’un mouvement social médiatisé remet en cause les impasses d’un système politique confessionnel, les conséquences écologiques de politiques publiques anarchiques, la paupérisation tous azimuts des Libanais. Son caractère spontané n’est pas sans rappeler les premiers instants des soulèvements arabes de l’année 2011. Toutefois, en termes de mobilisation populaire, le mouvement peut sembler limité en comparaison du passé. Les grandes démonstrations de 2005 à 2007, emmenées par les coalitions opposées du 8 et du 14-Mars6, l’une dominée par le Hezbollah chiite, l’autre par le Courant du futur sunnite, avaient mobilisé successivement près d’un demi-million de manifestants.

    Celles de l’été 2015 ont d’abord réuni des jeunes de la classe moyenne, souvent étudiants. Le mouvement grandissant, son assise générationnelle et sociale s’est élargie : retraités, fonctionnaires du service public, chômeurs. Leur aspect multiconfessionnel est indéniable. C’est un tour de force : alors que les coalitions du 8-Mars et du 14-Mars se basent sur des réseaux de solidarité communautaires, la campagne «  Vous puez  » ne bénéficie pas d’une assise politique, sociale ou confessionnelle préexistante. Elle s’inscrit cependant dans l’histoire des nouveaux mouvements sociaux au Liban depuis le milieu des années 2000 : associations de défense des droits des femmes ou des travailleurs migrants, mobilisations pour le mariage civil, grèves des fonctionnaires pour la hausse des salaires.

    Les différentes composantes du mouvement de protestation ne sont enfin pas homogènes. Les porte-paroles de la contestation ont une histoire. Ainsi de Imad Bazzi, l’un des leaders de «  Vous puez  » : cyber-activiste, journaliste, consultant de la chaîne télévisée Al-Jedid, il a par le passé été proche de la mouvance internationale Otpor, qui demandait en Serbie la chute du président Slobodan Milosevic. En 2005, c’est un fervent partisan du retrait syrien du Liban et de la démission du président Émile Lahoud. Lucien Bourjeily, autre porte-parole de «  Vous puez  », est un homme de théâtre libanais qui eut maille à partir, en 2013 et 2014, avec la Sûreté générale libanaise pour une pièce de théâtre dénonçant la censure.

    Le mouvement «  Nous voulons des comptes  », qui se distingue des militants du collectif «  Vous puez  » , est l’héritier d’une autre histoire politique : celle de la gauche radicale libanaise. La fibre sociale y est aussi plus marquée. «  Nous voulons des comptes  » tire ses racines d’une «  conférence nationale pour sauver le Liban et pour refonder la République  », tenue à Beyrouth fin 2013 : elle associait notamment le Parti communiste libanais, le Mouvement du peuple de l’ancien député Najah Wakim et des personnalités de gauche indépendantes. «  Nous voulons des comptes  » est devenu, au cours de l’été 2015, l’une des principales composantes organisatrices des manifestations. Elle tire aussi sa force des militants de l’Union des jeunesses démocratiques libanaises (UJDL), affiliée au Parti communiste libanais (PCL).

    Lorsque les manifestations du centre-ville de Beyrouth dégénèrent en un affrontement particulièrement violent avec la police, le 23 août, «  Vous puez  » et «  Nous voulons des comptes  » divergent sur l’attitude à tenir face aux autorités. Les premiers suspendent les manifestations et dénoncent les violences, selon eux provoquées par des infiltrés. Les seconds tiennent les forces de sécurité pour responsables de la situation  ; ils organisent le 26 août un rassemblement devant une caserne de police, dans le quartier de Mar Elias, pour demander la libération de plusieurs activistes arrêtés les jours précédents.

    Autre élément qui divise les manifestants : la figure du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Alors que certains collectifs comme «  Vous puez  » ou «  Vers la rue  » (ash-Sharaa) mettent désormais sur certaines affiches le portrait du dirigeant chiite aux côtés de ceux de Saad Hariri et Nabih Berri pour tous les dénoncer, d’autres activistes voient dans les attaques contre le secrétaire général du parti une volonté de s’en prendre au symbole de la «  résistance  » à Israël.

    Manifestations pacifiques et violences sociales

    La question de la violence divise également le mouvement de protestation. La nuit du 23 août, plusieurs dizaines de jeunes — parfois des adolescents — affrontent les forces de sécurité. Ces jeunes ne cachent pas leurs origines géographiques, sociales ou confessionnelles : ils viennent de la banlieue sud de Beyrouth, à majorité chiite, ou d’un quartier pauvre adjacent du centre-ville, Khandaq al-Ghamiq. La manifestation dégénère, des cocktails Molotov sont jetés sur la police, qui compte aussi des blessés.

    Les jeunes sont immédiatement accusés par une partie de la presse, mais aussi par certains organisateurs des manifestations, d’être des «  infiltrés  ». Le terme fait florès depuis. En cause : leur proximité supposée avec le mouvement chiite Amal dont Nabih Berry, le dirigeant, est aussi le président du Parlement. En somme, Amal aurait téléguidé ces jeunes manifestants afin de faire dégénérer les manifestations pacifiques en émeutes.

    Les débats entre «  Vous puez  » et «  Nous voulons des comptes  », tout comme les controverses sur les réseaux sociaux, tendent depuis à relativiser l’hypothèse des infiltrés. Se profile également une lecture plus sociale du phénomène. Ce n’est d’abord pas la première fois que les jeunes issus de ces quartiers populaires manifestent sur un mode violent : en janvier 2008, plusieurs rassemblements contre les coupures d’électricité, dans la banlieue sud de Beyrouth, avaient dégénéré en affrontements avec l’armée. Tout au long de l’été 2015, la jeunesse de Khandaq al-Ghamiq a brûlé aussi des poubelles, ou en a versé le contenu sur certaines artères routières. Si la thèse d’une manipulation ne peut jamais être exclue, il n’en reste pas moins que la mobilisation sur un mode violent, voire typiquement spontané, d’une jeunesse désœuvrée, n’est, au Liban, pas un phénomène nouveau. L’affiliation avec le mouvement Amal est aussi à relativiser. Il ne s’agit pas de militants d’une organisation politique à proprement parler, mais bien plus d’une base sociale de Amal, mobilisée sur un mode confessionnel, ayant un rapport de fusion organique avec une formation perçue, en dehors du Hezbollah, comme représentant les intérêts des chiites au Liban.

    Les controverses sur les «  infiltrés  » ramènent enfin le facteur confessionnel dans un débat public qui semblait y avoir échappé. La «  révolution des ordures  » se voulait non-confessionnelle  ; la voilà remise sur les rails classiques de la vie politique libanaise.

    Faire chuter le régime, mais lequel  ?

    La «  révolution des ordures  » a pu faire émerger un véritable espace politique entre les coalitions du 8-Mars et du 14-Mars. Elle s’inscrit dans l’héritage des révoltes arabes du printemps 2011 dont elle reprend nombre de revendications : aspiration à plus de démocratie et de justice sociale, chute du régime, dénonciation de la corruption des élites politiques. L’analogie s’arrête peut-être là. Les appareils de sécurité libanais, un moment débordés, tentent aujourd’hui d’obtenir l’assentiment des manifestants - avec un succès tout relatif. Le 29 juillet, les Forces de sécurité intérieures déploient une grande banderole au-dessus de la place des Martyrs, au slogan significatif : «  Pour vous, avec vous, pour vous protéger  » («  Lakum, Ma’a-kum, li-Himayatikum  »).

    Dans un premier temps, le ministre de l’intérieur Nouhad Machnouk reconnaît un usage excessif de la force par la police. Le premier ministre condamne les «  ordures politiques  ». Les différentes factions, toutes sans exception, reconnaissent les doléances des manifestants. Le général Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre (CPL) présent au gouvernement, inscrit les protestations actuelles dans la lignée de celles qu’il avait initiées, quelques semaines plus tôt, pour la résolution du dossier présidentiel. Il appelle maintenant son parti à descendre dans la rue, le 4 septembre, pour la tenue de nouvelles élections législatives. Les Forces libanaises de Samir Geagea disent qu’elles ne peuvent que soutenir le mouvement, puisqu’elles boycottent elles-mêmes un gouvernement qu’elles estiment non représentatif. Le leader du mouvement Amal rappelle qu’il s’est prononcé par le passé pour un «  État civil  » non confessionnel. Le Hezbollah se fait discret : il est conscient que certains de ses sympathisants sont également descendus dans la rue.

    La tentation «  pro-mouvement  » des deux grandes coalitions politiques libanaises n’est pas si paradoxale. Certes, elles sont les premières cibles de la protestation populaire. Elles sont déstabilisées. Et pourtant : les divisions politiques au sein du gouvernement d’union nationale actuel sont telles qu’il n’est pas dans l’intérêt du 14-Mars ni du 8-Mars d’apparaître à contre-courant d’un petit mouvement populaire dénonçant la faillite de l’État. Il leur est toutefois impossible de séduire des manifestants radicalisés par deux semaines continues de mobilisation. Le tropisme d’apparence d’élites politiques disant comprendre le sens des manifestations pourrait ne durer qu’un temps : le 1er septembre, alors que des manifestants occupent le ministère de l’environnement, le général Michel Aoun évoque pour la première fois la thèse d’une «  manipulation politique  ».

    Mais une contradiction insoluble demeure, pour un mouvement qui demande la chute du régime : lequel  ? Que faire lorsque ce «  régime  » est affublé de multiples têtes, que sa structure confessionnelle tient aussi de par ses divisions, lui donnant une apparence de relatif pluralisme, et que de nombreux Libanais, en l’absence d’un véritable État redistributeur, ont accès à certains services sociaux par le seul intermédiaire de partis politiques à caractère confessionnel  ?

    Les revendications des manifestants trouvent un écho favorable dans la population. Il n’est pas encore certain qu’elles puissent passer outre certaines contradictions. Les effets profonds de la crise syrienne sur le Liban, la «  bataille des frontières  » opposant l’armée libanaise et le Hezbollah aux groupes armés «  djihadistes  » et l’instabilité sécuritaire chronique peuvent amener certains Libanais à craindre un mouvement social demandant la chute d’un régime confessionnel certes bancal, mais à l’heure actuelle relativement plus stable qu’un paysage régional dévasté de la Syrie à l’Irak. Les appareils politiques confessionnels libanais n’ont pas encore perdu de leur force de mobilisation : ainsi du mouvement Amal, qui, le 30 août, a réuni plusieurs milliers de manifestants à Nabatieh, au sud du pays, pour l’anniversaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr7.

    La «  révolte des ordures  » n’est sans doute pas près de s’arrêter et les manifestations vont continuer, non sans contradictions : d’un côté, un mouvement social à nul autre semblable dans l’histoire du Liban depuis le début des années 1990 et la politisation croissante d’une partie de la jeunesse libanaise qui ne se reconnaît plus dans ses élites politiques. De l’autre, la résilience probable d’un système communautaire à la vie longue, hérité du mandat français, que les différentes crises et guerres civiles n’ont jamais empêché de se renouveler.

    Nicolas Dot-Pouillard  Orient XXI Nicolas Dot-Pouillard  2 septembre 2015
     
  • Tunisie : Retrait du projet de loi dit : « de Réconciliation Nationale » (Afriques en lutte)

    Rassemblement devant l’Ambassade de Tunisie à Paris

    Pour le retrait du projet de loi dit : « de Réconciliation Nationale »

    Jeudi 3 Septembre 2015 – 18h30

    Place André Tardieu – 75007 Paris

    Métro : St François Xavier – Ligne 13

     

    https://www.facebook.com/events/302...

    A propos du projet de loi sur la Réconciliation nationale

    Déclaration des associations de Tunisiens à l’Etranger

    Réconciliation nationale ! L’expression résonne comme un mot d’ordre en ces temps de mobilisation contre le terrorisme. Par ailleurs, ne s’agit-il pas du volet final du triptyque vérité – justice - réconciliation de la Justice transitionnelle que nous appelons tous de nos vœux…

    Nous somme tous demandeurs de réconciliation nationale. Mais de quelle réconciliation il s’agit ?

    En ces temps de turbulences, le sens des mots semble aussi troublé.

    Il s’agit de « tourner la page », nous dit le président de la République. Soit, mais quelle page ?

    S’il s’agit d’absoudre des mafieux, on ne voit pas en quoi cela va contribuer à renforcer l’économie du pays. Si les « hommes d’affaires », qui ont fait fortune grâce à la corruption, sont des acteurs du développement, cela se saurait !

    Si l’on entend attirer les spéculateurs en tous genres, ils ne sont pas concernés par la levée en masse que l’on veut provoquer, ils ont toujours préféré vampiriser les richesses produites par le labeur des plus pauvres.

    S’il s’agit de passer l’éponge sur les forfaits des « commis » de l’État qui ont piqué dans la caisse, un État ne se renforce pas en s’attirant les faveurs des responsables du laxisme, des larcins ou des compromissions les plus graves au cœur de l’État…

    On voudrait rabaisser encore l’État et son autorité que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

    Ce projet de loi, concocté par la présidence de la République sera dommageable pour l’État, pour la justice transitionnelle, pour le développement et pour la transition démocratique -déjà compromise et mal engagée-.

    Alors que le dossier des assassinats politiques s’enlise, alors que des petites lois scélérates comme celle sur la consommation de cannabis continuent à ruiner l’avenir de dizaines de milliers de jeunes, alors qu’aucun dispositif sérieux ne protège du racisme et de toutes les formes de haines et de fanatisme larvées… alors que les inégalités se creusent… la loi préparée par les conseillers du président à Carthage serait une caution inutile aux corrompus et aux corrupteurs. Sans compter sa dimension symbolique catastrophique à l’heure où on demande des sacrifices aux plus démunis.

    Le CRLDHT, la FTCR, les personnalités et les organisations signataires se rallient à la Coalition de la société civile contre le projet dit de réconciliation nationale et se déclarent solidaires avec les initiatives de cette Coalition.

    Elles demandent aux députés de l’Assemblée du Peuple de rejeter le projet et de veiller au respect de l’Etat de droit et de la Constitution.

    Pour une unité nationale contre le terrorisme

    Pour la réalisation d’une vraie justice transitionnelle, contre la corruption, la répression et la régression vers les pratiques d’ancien régime

    Pour le respect des mots d’ordre de la révolution : Dignité, Liberté et Justice Sociale.

    Paris le 26 Août 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/tunisie-retrait-du-projet-de-loi
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    https://encrypted-tbn1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQ6hzsGrGkygxinAHa-hV5N3QtA_Xd6j3vhBKbt9NZDbqbbBVqmgQ

    Réactions israéliennes hystériques après la diffusion des images de l’arrestation ratée de l’enfant Tamimi

    Ma’an News Agency, lundi 31 août 2015