Révolutions Arabes - Page 195
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Nouveautés sur Agence Médias Palestine
anne.hidalgo@paris.fr, Maire de Paris bruno.julliard@paris.fr, 1er adjoint à la maire de Paris, chargé de la Culture remi.feraud@paris.fr, Président du groupe PS au Conseil de Paris nathalie.kosciusko-morizet@paris.fr, Présidente du groupe « Les Républicains » david.belliard@paris.fr, co-président du groupe EELV anne.souyris@paris.fr, co-présidente du groupe EELV eric.aziere@paris.fr, Président des élus UDI-Modem nicolas.bonnet-oulaldj@paris.fr, Président du groupe communiste – Front...Nous publierons au fur et à mesure les différents communiqués politiques et associatifs visant à dénoncer cette opération de propagande « Tel Aviv sur Seine »: Politiques: PARTI DE GAUCHE: Danielle Simmonet, Parti de Gauche au Conseil de Paris: Journée Tel Aviv à Paris-Plages : l’indécence totale de la Ville de Paris http://www.daniellesimonnet.fr/journee-tel-aviv-a-paris-plages-lindecence-totale-de-la-ville-de-paris/ NPA: Non à l’initiative...La Maire de Paris à osé le pire.Un an après le dernier massacre israélien à Gaza, la mairie de Paris organise « Tel Aviv sur Seine » dans le cadre de Paris Plage. #ApartheidSurSeine Lire le communiqué de la Campagne BDS France à ce sujet: http://bdsfrance.org/index.php?option=com_content&view=article&id=3792%3Aqtel-aviv-sur-seineq-non-au-blanchiment-par-la-mairie-de-paris-de-lapartheid-israelien&catid=49%3Aactualites&lang=fr Et cet article: http://www.lecourrierdelatlas.com/982605082015La-venue-de-Tel-Aviv-a-Paris-Plage-cree-la-polemique.html « Ecrivez aux élus parisiens, dont les adresses...Paris, 7 aout 2015, Agence Media Palestine Jamil Hatib l’avocat d’un prisonnier palestinien vient d’informer plusieurs médias arabes que le service des prisons israéliens IPS déposera demain 8 août au tribunal, la première demande d’alimentation forcée d’un prisonnier palestinien gréviste de la faim selon la procédure prévue par la loi sur l’alimentation forcée votée à... -
Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité
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Pétition à la maire de Paris, Anne Hidalgo : annulation de "Tel-Aviv sur Seine"
Pétition sur le site avaaz.org, dimanche 9 août 2015 -
Tel-Aviv à Paris Plage ? Lettre ouverte de l’AFPS à Mme Anne Hidalgo, maire de Paris
Lettre ouverte de l’AFPS à Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, samedi 8 août 2015 -
Le père du bébé palestinien brûlé vif succombe à ses blessures
lorientlejour.com/AFP, samedi 8 août 2015
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«La reprise des négociations avec le Maroc n’est que leurre» (Algeria Watch)
Mohamed lamine Ahmed. Chef du premier gouvernement de la RASD (1976-1982)
Depuis leur début en 1997 et jusqu’à aujourd’hui, les négociations entre le Front Polisario et le Maroc n’on-abouti à aucun résultat.
Depuis le lancement du processus de négociations entre le Front Polisario et le Maroc en 1997, sous l’égide de l’ONU, les résultats obtenus restent en deçà des attentes.
La situation demeure toujours conflictuelle et menace d’une reprise des hostilités armées à tout moment. «A vrai dire, les négociations ont commencé en 1993. Jusqu’à aujourd’hui, elles n’ont abouti à aucun résultat allant dans le sens d’un règlement définitif du conflit à cause de l’intransigeance marocaine et de sa politique du fait accompli. Actuellement, les pourparlers sont suspendus. Personnellement, je suis plutôt pessimiste.
Tout ce qui se dit à propos d’une imminente reprise des négociations n’est que leurre», a déclaré Mohamed Lamine Ahmed, ex-chef du gouvernement de la RASD, actuellement, conseiller auprès du président Mohamed Abdelaziz, rencontré en marge de l’université d’été de la RASD qui se tient à Boumerdès. Pour lui, aucune des résolutions de l’ONU portant sur le dossier du Sahara occidental n’a été appliquée, exceptée celle portant cessez-le-feu. Ce qui a laissé place à un sentiment de méfiance envers l’Organisation des Nations unies.
«Le secrétaire général des Nation unies, Ban Ki-moon, n’est pas vraiment chaud pour trouver une solution au conflit sahraoui.
Il a passé 8 ans à la tête de l’ONU et n’a jamais effectué une visite dans la région, contrairement à ses prédécesseurs, De Cuellar, Boutros Ghali et Kofi Annan. Nous n’avons plus confiance en l’ONU», note notre interlocuteur avec regret. Et d’ajouter : «L’espoir s’amenuise. A chaque débat au sein de l’ONU, on n’obtient que le prolongement d’une année de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).»
Black-out médiatique
Face à la répression quotidienne que subit le peuple sahraoui, son combat pour le droit à l’autodétermination et l’indépendance demeure pacifique. Mohamed Lamine Ahmed parle de protestations quotidiennes dans les villes sahraouies occupées. Cependant, la diffusion de l’information est quasiment absente, surtout dans les média occidentaux. «C’est le black-out médiatique imposé par le Maroc.
Aucun journaliste ni observateur international n’est autorisé à entrer dans les territoires occupés du Sahara occidental. Quotidiennement, nos femmes sont dénudées en pleine rue devant leurs parents, nos jeunes malmenés et présentés devant des tribunaux militaires et incarcérés dans 21 prisons sur le sol marocain. L’on compte 515 Sahraouis portés disparus depuis le début du conflit.
Ce sont les mêmes pratiques que celles des Israéliens envers le peuple palestinien», lance avec colère Mohamed Lamine Ahmed. Notre interlocuteur affirme que cette situation n’a que trop duré. Pour lui, reprendre les armes n’est pas à exclure : «L’élite sahraoui garde toujours son sang-froid, mais la jeunesse est en ébullition. Elle attend depuis 24 ans une solution qui ne vient pas. Lorsque le terrain serait propice pour reprendre les armes, nous seront dans l’obligation de le faire.»
La France, l’ennemi invisible
Sur le plan diplomatique, la cause sahraouie a marqué des points. Plusieurs pays la soutiennent ouvertement. Mais dans les instances onusiennes, elle se heurte toujours au veto français. Mohamed Lamine Ahmed va encore plus loin en disant que «l’ennemi principal du Sahara occidental est la France et non pas le Maroc».
«La France bloque toujours les résolutions de l’ONU concernant le dossier du Sahara occidental. Son dernier veto sur l’affaire Gdeim Izik en 2010, où 21 détenus politiques sahraouis ont entamé une grève de la faim dans les prisons marocaines pour protester contre les conditions de leur détention, est la preuve ultime que c’est l’Elysée qui décide et non pas le Maroc.
Le royaume marocain demeure encore sous protectorat français.
Notre ennemi principal c’est la France, non pas le Maroc», martèle-t-il. Notre interlocuteur regrette la chance de paix que le Maroc a ratée en évoquant la dernière position du roi Hassan II : «Hassan II a connu les affres de la guerre. Il était favorable à un référendum au Sahara occidental quels que soient les résultats. Malheureusement, après son décès tout a changé. Ceci dit, nous nous sommes préparés pour une guerre de longue haleine contre l’ennemi visible et invisible.»
Omar Arbane El Watan, 6 août 2015http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/sahara_occidental/negociations_leurre.htm
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Les intentions cachées d’une série télévisée sur les juifs égyptiens (Orient 21)
Omissions, mensonges et propagande
Programmer une série « spécial ramadan » consacrée aux juifs était un pari particulièrement audacieux. En Égypte, la chaîne Mehwar Drama l’a tenu. Avant sa diffusion, et tout au long du mois, des polémi- ques ont enflé sur les sujets abordés et la façon dont ils l’étaient. Le problème : les erreurs historiques sont multiples, les combats sont dépolitisés et la propagande actuelle contre les Frères musulmans et les Palestiniens relayée. Analyse de cette série dont les épisodes sont disponibles sur YouTube.
Avec son titre accrocheur, le thème de cette série ramadanesque était un pari risqué pour le réalisateur égyptien Medhat El-Adl. Dans Harat al-Yahoud « Le Quartier juif », il revient en effet sur un chapitre de l’histoire contemporaine controversé et finalement peu documenté : le départ des juifs d’Égypte suite à la création de l’État d’Israël et à la première guerre israélo-arabe de 1948-1949. C’est à travers l’histoire d’amour entre Ali, un officier de l’armée, musulman, et Leïla, une jeune fille juive que le réalisateur tente de réconcilier les Égyptiens avec un partie de leur héritage. Cependant, cette noble intention est desservie par les innombrables erreurs historiques qui parsèment la série et par des discours politiques qui sont le reflet trop manifeste de la propagande du régime actuel.
Un improbable « âge d’or » reconstitué en studio
Si le quartier juif existe toujours, le réalisateur a décidé de le reconstituer en studio. On découvre un quartier lumineux, aux rues larges et propres, avec un cinéma et des immeubles anciens caractérisés par des appartements à hauts plafonds et un mobilier luxueux. Rien à voir avec la réalité décrite par Albert Arié, rencontré par Orient XXI.
Agé de 85 ans, Albert Arié séjourna plusieurs semaines dans le quartier juif à la fin de l’année 1947. Détaché au « quartier juif » dans le cadre d’une campagne de lutte contre l’épidémie de choléra qui touche l’Égypte à cette époque, il raconte : « J’ai découvert l’un des quartiers les plus pauvres du Caire, aux immeubles branlants et en mauvais état, érigés le long de petites ruelles sales et enchevêtrées ». Il explique par ailleurs que s’il existait des quartiers où l’on trouvait des juifs, des musulmans et des chrétiens de classe moyenne vivant ensemble, comme à Abbassiyah ou à Sakakini, les habitants du quartier juif étaient en revanche tous juifs et vivaient bien en dessous du seuil de pauvreté. Avec un faible niveau d’éducation, souvent même illettrés, ils occupaient majoritairement de « petits boulots ». Rien à voir donc avec la mixité religieuse et les personnages cosmopolites mis en scène dans la série : pachas, officiers de l’armée et une classe moyenne petite-bourgeoise, composée d’orfèvres, de vendeurs de tissus, d’employées chez Cicurel1 et de diplômés du collège de la Mère de Dieu2, parlant français et récitant Albert Camus.
- Intérieur riche
Si l’on peut se réjouir par ailleurs de l’histoire d’amour entre Ali et Leïla, elle n’aurait probablement pas été tolérée du temps où l’Égypte était en guerre contre « l’entité sioniste » et où la loi martiale (déclarée en mai 1948 mais non mentionnée dans la série) était en vigueur. À ce sujet, Arié s’indigne : « il est grotesque d’imaginer qu’un officier aurait pu envoyer des lettres à sa petite amie juive depuis le front sans que celles-ci soient interceptées, ou qu’il soit renvoyé ». Il s’étonne aussi de l’ignorance des spécificités du judaïsme et de ses différentes doctrines, ignorance manifeste notamment dans la mise en scène d’un mariage peu probable entre une juive rabbinite et un juif karaïte (9).
La famille karaïte est par ailleurs noble et riche, à la tête d’un réseau finançant l’émigration des juifs égyptiens vers Israël. Or, les juifs karaïtes3 étaient parmi les plus pauvres d’Égypte et parmi ceux dont le sentiment national égyptien était généralement le plus fort. Le réalisateur gomme ainsi les écarts et contraintes séparant les différentes classes sociales de l’époque mais aussi les différentes religions et représente une Égypte telle qu’il se l’imagine, non telle qu’elle était, dans une vision plus romantique que nostalgique d’un « âge d’or » à l’andalouse où tout le monde coexistait4.
Certes, le réalisateur n’échappe pas aux contradictions du cinéma et de la société égyptiens, comme lorsqu’il habille les jeunes actrices de tenues aguichantes, courtes et décolletées, dignes de la haute couture à l’européenne et plutôt associées aux classes moyennes de l’époque. On peut dire aussi qu’il s’agit d’une fiction et que le réalisateur peut donner libre cours à son imagination, comme dans l’épisode 9, lorsque le personnage de l’officier égyptien parvient, après s’être évadé d’une prison de l’armée israélienne, à rejoindre l’Égypte en se jetant dans un train qui relie les États israélien et égyptien... bien qu’il n’y ait jamais eu de train entre ces deux États. Interrogé à ce sujet par Al-Masry al-Youm, le réalisateur a simplement répondu : « je voulais qu’il s’échappe par le train. »
Petits arrangements avec l’Histoire
La série n’en demeure pas moins une fiction historique, et ce qui pourrait passer pour des lubies de la part du réalisateur devient plus problématique lorsqu’il réécrit le cours des événements. La chronologie est en effet bien souvent malmenée, comme lorsque l’assassinat du premier ministre Mahmoud Al-Nuqrashi (décembre 1948, ici épisode 10) se produit après la signature de l’accord d’armistice entre l’Égypte et Israël (janvier 1949 mais épisode 6 !)5.
Dans un premier temps, ce manque de rigueur du réalisateur a eu pour conséquence de décrédibiliser auprès du public égyptien et arabe l’ensemble de la série, y compris et surtout le portrait « humain » dressé des juifs, inédit dans le cinéma égyptien. Il aura retenu toutes les attentions, dénoncé comme une manipulation supplémentaire destinée à donner une image positive d’Israël6 bien que la série ait son lot de « méchants » juifs, comme le personnage d’un orfèvre avide qui reprend les clichés les plus classiques du cinéma égyptien.
La représentation romantique d’une Égypte tolérante et respectueuse de ses communautés éclipse les moments douloureux qui ont poussé les juifs à quitter l’Égypte, comme la série d’attentats à la bombe contre le quartier juif dès 1947, les dizaines de victimes et la vague d’exode qui s’ensuivit. Les politiques de persécutions et d’exil forcé orchestrées par le gouvernement et notamment le ministère de l’intérieur sont, elles aussi, occultées par la représentation d’une nation égyptienne forte et unie, en lutte contre l’occupant britannique. Le seul cas d’exil forcé mentionné dans la série, sans être pour autant expliqué, est celui d’Henri Curiel, dont le personnage fait une furtive apparition aux épisodes 18 (1 minute 30) et 19 (40 secondes). Finalement, la question du départ des juifs d’Égypte se retrouve dépolitisée et les prises de position politique des personnages, qu’il s’agisse du choix d’émigrer en Israël ou de l’adoption d’un discours anti-juif, sont réduites à une dimension individuelle, résultat de déceptions amoureuses, de querelles ou encore de ressentiment personnels.
Dans ce contexte, les quelques événements historiques et discours politiques qui surgissent en toile de fond de manière grossière, voire caricaturale, s’intègrent mal et il est difficile de ne pas y voir le reflet d’une propagande politique plus actuelle.
Caricature des Palestiniens
À l’image de la question de l’émigration des juifs d’Égypte, les conséquences de la création de l’État d’Israël pour les Palestiniens sont éclipsées et les représentations ponctuelles et caricaturales qui sont faites ne redorent guère leur image dans le contexte politique et médiatique égyptien actuel, particulièrement hostile aux Palestiniens.
Le premier Palestinien de la série apparaît au 4e épisode sous les traits d’un « collabo » des forces d’occupation israéliennes. Bien que par la suite, ce personnage s’avère en réalité un agent double espionnant l’ennemi, on regrette que ce soit l’entrée choisie par le réalisateur, d’autant que la représentation des Palestiniens ne s’améliore pas au cours des épisodes suivants (8, 9 puis 19) où ils apparaissent uniquement sous les traits de quelques villageois (bédouins ?) palestiniens, totalement passifs, aux habits folkloriques, entourés de leurs chameaux, dans un décor semi-désertique.
Il faut attendre l’épisode 18, soit plus de la moitié de la série, pour que la résistance palestinienne entre en scène incarnée par... des Palestiniens attaquant un kibboutz. Cette scène silencieuse d’une durée de 40 secondes ponctuée uniquement par des coups de feu montre les Palestiniens tournant autour de ce qui semble être une antenne relais, tels des Indiens autour du feu. L’épisode se conclut par une seconde attaque sur la personne du dirigeant du kibboutz par un enfant palestinien qui tente de le tuer avec un fusil.
Agents doubles, agresseurs ou spectateurs mais toujours silencieux ou tout simplement absents d’un conflit qui n’est plus le leur, les Palestiniens se trouvent ainsi réduits au rôle de figurants tandis que par ailleurs la série reprend certains éléments du discours sioniste sans aucun démenti : un commandant de kibboutz explique que cette terre est en réalité la terre des juifs « depuis 2000 ans » et que ce qu’il veut c’est vivre en paix : il rêve d’une grande maison, d’amour, de paix et de musique... mais ils doivent se défendre contre les Palestiniens qui les attaquent (16 et 18). En revanche, les propos antisémites sont toujours attaqués par des répliques scandalisées et véhémentes.
Les débats politiques sur la colonisation et l’occupation de la Palestine ainsi mis en scène apparaissent donc simplifiés, pour ne pas dire simplistes, et finalement biaisés dans un contexte où les relations avec Israël n’ont jamais été aussi fortes, du renforcement du blocus sur Gaza après le coup d’État du 3 juillet 2013 au renvoi d’un ambassadeur en Israël après presque 3 ans d’absence en passant par la complicité de l’Égypte dans l’attaque menée par Israël sur Gaza à l’été 2014. Ce n’est donc pas tant l’humanisation des juifs que l’absence de traitement identique vis-à-vis des Palestiniens et des Frères musulmans qui se fait le reflet de la nouvelle phase de normalisation accrue avec l’occupant israélien entamée par les nouvelles autorités égyptiennes.
Frères musulmans, une vision manichéenne
Dès le premier épisode, le ton est donné avec une attaque contre les Frères musulmans et leur rôle dans la guerre contre l’occupant sioniste et le déni de la réalité de l’envoi de brigades fréristes en Palestine. C’est ensuite leur rôle politique dans la réussite du coup d’État des Officiers libres (1952) qui est occulté, alors qu’ils constituaient l’une des principales forces mobilisatrices, sans compter leurs rapports organisationnels avec les Officiers libres dont nombre des membres du comité exécutif ont appartenu à un moment ou un autre aux Frères Musulmans et alors que l’on dénombrait plus de 70 recrues des Frères musulmans parmi les Officiers libres7. Le réalisateur présente les Officiers libres comme une force détachée des courants idéologiques de l’époque et les communistes sont eux aussi vivement attaqués, accusés à tort de « rassembler des juifs pour les envoyer en Israël », alors que les communistes égyptiens rejetaient le sionisme.
À partir de l’épisode 10, les réunions secrètes qui se multiplient en vue d’une révolte ne font qu’exacerber l’aspect caricatural des discours de chacune des parties : d’un côté, des officiers uniquement préoccupés par le bien du pays veulent rejoindre les Officiers libres, rejetant l’idée d’une adhésion aux Frères musulmans — des « assassins » qui « mélangent politique et religion pour tromper les pauvres et les innocents » (17). De l’autre, des Frères musulmans qui discutent essentiellement de leurs intérêts et de l’avenir de la confrérie après l’assassinat de leur leader Hassan Al-Banna (14, 15).
Hypocrites dans leur solidarité avec les Palestiniens et finalement plus occupés à semer la discorde dans le pays (et dans le quartier) en propageant l’idée que « les juifs ici sont comme les juifs en Israël » (4), le portrait dressé des Frères musulmans est loin d’être aussi humain que celui des juifs. Albert Arié, communiste et juif, qui a côtoyé de nombreux Frères musulmans, notamment pendant ses onze années de détention en tant que prisonnier politique, explique : « Les Frères musulmans ont effectivement mené certaines attaques contre les juifs mais ils avaient d’autres chats à fouetter, surtout après leur dissolution. Réduire l’histoire post-1948 des juifs égyptiens à ces attaques, c’est réductionniste et c’est une insulte à la vérité. Ce n’est pas la peur des Frères musulmans qui a poussé les juifs à partir mais la peur et les pressions de la sécurité intérieure et du ressentiment populaire croissant ».
À l’épisode 11, suite à l’assassinat du premier ministre Nokrachi, les attaques contre la confrérie sont formulées par le personnage d’Al-Banna lui-même : « Ce que j’ai bâti depuis 1928 est en train d’être détruit par des gens qui sont immatures, instables et ne comprennent rien ». « Ce qui nous est arrivé avant est une chose mais ce qui va nous arriver maintenant va être bien pire. Aujourd’hui va commencer la guerre contre nous », ajoute-t-il ; une déclaration presque prophétique si l’on considère la répression actuelle subie par les Frères musulmans. Par ailleurs, la nécessité de lutter contre les idées de la confrérie revient à de nombreuses reprises : alors que dans le quartier, voyous et prostituées deviennent eux aussi les héros de la résistance contre l’occupant (16) entraînés par l’officier Ali, celui-ci explique que les idées des Frères musulmans doivent être combattues, tandis que ceux qui les embrassent sont présentés comme des jeunes trop crédules (la sœur d’Ali) ou fanatiques (son compagnon).
Face aux Frères musulmans (et aux communistes), les jeunes et beaux officiers, courageux, aux discours progressistes et unitaires, sont les seuls véritables patriotes, l’officier amoureux Ali renonçant finalement à son bonheur personnel dans la dernière scène, son amour de la patrie étant plus fort que celui qui le lie à Leïla.
La vision romantique d’une nation égyptienne forte, unie dans toutes ses composantes et conduite par une armée glorifiée fait écho au slogan du coup d’État militaire du 3 juillet 2013 : « le peuple, l’armée, la police, main dans la main ». Et finalement, alors que le réalisateur tente de retracer les deux années qui ont suivi le coup d’État de 1952 et la nouvelle dissolution des Frères musulmans en 1954, les discours anachroniques contre les Frères accusés de vouloir « récupérer la Révolution » ou de faire partie d’une « cinquième colonne » cachent mal les positions assumées du réalisateur qui compare Gamal Abdel Nasser et Abdel Fattah Al-Sissi : « Nous voyons l’histoire se répéter. Les Frères musulmans ont essayé de prendre le dessus sur la révolution de juillet mais ont échoué parce que Nasser était un leader avec une stratégie. C’est arrivé à nouveau avec la révolution du 25 janvier (2011, début du printemps égyptien) comme les événements le prouvent. »8 L’un des éclairs de vérité sur cette question réside peut-être dans cette phrase prononcée dans l’un des derniers épisodes par un jeune Frère musulman : « Quoi qu’il advienne, ils disent toujours que c’est notre faute ou celle des communistes » (28).
Au service du discours dominant actuel
L’histoire des juifs d’Égypte, celle de la révolution de 1952 et la question palestinienne sont des thématiques sensibles qui ont été soumises, au fil des décennies, à l’interprétation et à la manipulation des différents régimes égyptiens. La série Le quartier juif est le reflet de son époque et du discours dominant actuel, alors que la peine de mort de Mohamed Morsi, accusé d’espionnage au profit « du Hamas, du Hezbollah chiite libanais et des pasdarans iraniens » a été confirmée le 16 juin 2015.
Certes, concernant la question des juifs d’Égypte, cette série représente une nouvelle tentative9 de briser un tabou et de bousculer certaines idées reçues auprès de la population égyptienne, comme le montrent non seulement les nombreuses polémiques mais aussi l’intérêt porté par certains médias ces dernières semaines à cet aspect de l’histoire contemporaine négligé jusque-là. Son héritage est menacé ; sur 100 000 juifs égyptiens en 1948, il n’en reste plus que quelques uns10. Nous conclurons alors avec ces mots d’Albert Arie dans un entretien à Ahram online : « Ce qu’il faut maintenant c’est faire en sorte que l’histoire des juifs égyptiens, qui fait en fait partie de l’histoire de l’Égypte, soit bien documentée et leurs monuments préservés pour qu’un jour peut-être, l’histoire complète soit correctement racontée, loin des buts de propagande politique ou de gains commerciaux ».
Céline Lebrun 7 août 2015 -
Syrie. Les responsables d’attaques chimiques devront répondre de leurs actes (Courier International)
Le Conseil de sécurité des Nations unies s’apprête à adopter ce vendredi 7 août une résolution pour établir une procédure d’enquête sur l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit syrien.
“Cette avancée arrive après des mois d’efforts déployés par les Etats-Unis et ses alliés européens pour convaincre la Russie d’atténuer le soutien diplomatique qu'elle offre à Bachar El-Assad, l'homme fort de la Syrie”, souligne Foreign Policy. C'est chose faite à la suite de l'accord finalisé le mercredi 5 août par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov.
“Il s’agit de la meilleure opportunité pour les Nations unies d’accuser officiellement le gouvernement syrien d'utiliser des bombes au chlore pour frapper des zones habitées”, poursuit le magazine américain.
Le projet de la résolution qui sera soumis au vote ce vendredi 7 août stipule que des recommandations seront faites dans les vingt jours pour établir un “mécanisme conjoint d'enquête”, sous la houlette des Nations unies et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
“C'est la première fois que nous avons une résolution des Nations unies avec un mandat pour déterminer la responsabilité de quoique ce soit dans le conflit syrien”, commente un diplomate du Conseil de sécurité dans Foreign Policy. Il ajoute : “C'est une percée importante. Elle révèle une évolution de la position de la Russie, qui s'est attachée jusqu'à maintenant à défendre le régime syrien et à lui éviter toute accusation ou blâme.”
Et le magazine d'émettre quelques réserves : la résolution qui doit être adoptée par les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne propose pas de moyens spécifiques pour poursuivre des membres du gouvernement d'Assad ou des membres des groupes extrémistes qui seraient désignés comme responsables d'utilisation d'armes chimiques. “L'établissement d'une cour pénale pour les juger nécessitera une autre résolution et il n'est pas du tout certain que la Russie ira jusqu'à la soutenir.”
Foreign Policy rappelle que la Syrie est censée avoir détruit tout son arsenal chimique, conformément à un accord américano-russe conclu en septembre 2013 et entériné par une résolution du Conseil de sécurité, après un bombardement au gaz sarin qui avait fait des centaines de morts en août 2013 dans la ville de Ghouta, située dans la banlieue de Damas.
Mais, selon l'OIAC, qui a pu se rendre sur place en mai 2014 pour une mission d’inspection, l'usage “systématique et répété” de bombes chimiques ne s'est pas pour autant arrêté. Toutefois, la mission, qui a remis son rapport en septembre 2014, n'était pas en mesure de désigner les auteurs de ces attaques.
Auteur Hoda Saliby Publié le 07/08/2015 - 12:11Commentaire: Nous n'en croyons pas un mot! Comment ont-ils soutenu l'ASL, seule force laique? -
Algérie Annaba : Le complexe métallurgique ArcelorMittal paralysé (Afriques en lutte)
Le complexe métallurgique ArcelorMittal d’Annaba se retrouve encore une fois paralysé.
Des employés d’une de ses unités, en l’occurrence ArcelorMittal Pipes and Tubes (AMPTA), anciennement appelée unité de Tuberie sans soudure (TSS), en grève depuis le mois d’avril dernier, ont fermé, hier, l’accès principal au complexe. Ce qui a provoqué la mise à l’arrêt de toutes les unités du complexe.
C’est la seconde fois que cela se produit en l’espace de deux semaines. Le 21 juillet dernier, ces mêmes employés, une soixantaine à peu près, avaient procédé de la même manière. Mais leur action, à savoir la fermeture de l’accès, n’avait duré qu’une demi journée. Cette fois-ci, ArcelorMittal est intégralement à l’arrêt depuis deux jours déjà. L’AMPTA est en difficulté financière vu que son plan de charge n’est pas assez étoffé.
Les employés grévistes réclament une augmentation de salaire en plus d’autres revendications comme l’annulation de la décision de licenciement prise à l’encontre du SG du syndicat. Un conflit qui n’a trouvé, jusque-là, aucune solution.
En bloquant l’accès au complexe, le mettant complètement à l’arrêt, les protestataires espèrent que cela fera finalement réagir les pouvoirs publics. L’AMPTA, qui emploie 350 travailleurs, est détenu à 70% par ArcelorMittal et 30% par l’entreprise nationale Sider.
Elyas NourElyas NourElyas NourSource : Algérie Focus 6 août 2015
http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-annaba-le-complexe
Voir aussi:
http://www.huffpostmaghreb.com/2015/07/04/arcelo-mittal_n_7726378.html
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Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité
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Une explosion fait quatre morts dans la bande de Gaza
Nouvel Obs avec Reuters, jeudi 6 août 2015 -
Chronique d’Hébron. Un étudiant raconte son quotidien en Palestine
Paul Elek, L’Humanité, jeudi 6 août 2015 -
Israël : le "djihadisme juif", obstacle à une paix durable depuis 35 ans
RTBF, mercredi 5 août 2015
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Israël contraint d’affronter l’extrémisme juif
Nicolas Ropert, Le Monde, jeudi 6 août 2015 -
Le terrorisme juif ne sera en aucune façon vaincu s’il n’est pas mis fin à l’occupation
Noam Sheizaf, 972 Mag, jeudi 6 août 2015 -
"L’impunité des colons n’est pas une accusation mais une constatation"
Entretien avec Charles Enderlin, RTBF, mercredi 5 août 2015 -
Leila Shahid : "Le Premier ministre est responsable de ce qu’il se passe en ce moment"
France Inter, mardi 4 août 2015
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Égypte: canal de Suez, encore un projet pharaonique… et contesté (Orient 21)
Le nouveau timbre lancé pour célébrer le projet d’extension du canal de Suez représente par erreur le canal de Panama. Il a été retiré de la vente.
Développement ou opération de communication ?
Lors de son premier discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 24 septembre 2014, le président Abdel Fattah Al-Sissi a énoncé ses priorités : le développement pour atteindre la prospérité et lutter contre le terrorisme. Il a aussi déclaré que « le nouveau projet du canal de Suez [était] un cadeau de l’Égypte au monde ». Ce projet répond aux priorités nationales et devrait contribuer à façonner cette « nouvelle Égypte » qu’il veut incarner. Mais la réalité est moins rose que les discours.
« Moins les zones sont développées, plus le terrorisme apparaît », déclarait Mohab Mamish, le président de l’Autorité du canal de Suez, lors de l’inauguration du nouveau projet de développement du canal le 5 août dernier. L’Égypte veut nettoyer le nord Sinaï des groupes djihadistes qui y organisent des attentats ciblant les forces de l’ordre. Le projet est une manière de reprendre possession de ce territoire.
Concrètement, il prévoit l’agrandissement et la construction de nouveaux ports permettant l’arrimage et l’entretien de très gros navires transitant par le canal. Il planifie également la création d’un hub technologique, de zones industrielles pour des entreprises intéressées par ce débouché immédiat sur l’une des principales routes maritimes mondiales et la construction d’entrepôts. Le développement de cette région faisait déjà partie des grands projets de Hosni Moubarak dans les années 1990. Mohamed Morsi voulait y adjoindre le percement de trois tunnels. Les autorités évaluent le coût du projet à 78 milliards d’euros, avec à la clé la création d’un million d’emplois. La partie du projet qui retient toute l’attention des Égyptiens et de la presse est le « nouveau canal de Suez ».
« Ce projet géant consiste à créer un nouveau canal parallèle au second », a expliqué Mamish. En réalité, il est moins ambitieux, puisqu’il s’agira de creuser une nouvelle portion de canal sur 35 kilomètres et d’élargir le chenal dans le canal existant sur une autre portion de 37 km. Ces travaux doivent permettre de réduire de 8 heures le temps d’attente des deux convois quotidiens transitant dans la direction nord-sud (southbound), actuellement contraints de jeter l’ancre pour laisser passer le seul convoi (northbound) quotidien. L’élargissement du chenal permettra à deux Suezmax1 de se croiser. Le percement de 6 tunnels (4 routiers et 2 ferroviaires) à différentes hauteurs du canal est également prévu.
Les autorités du canal de Suez prévoient un doublement du trafic d’ici 2020 — on passerait alors de 49 bateaux par jour à 97 — et espèrent récolter 10 milliards d’euros par an grâce aux droits de passage2. En 2013, l’Égypte a perçu environ 4 milliards d’euros, une source de devises salutaire dans un pays sinistré par près de trois ans d’instabilité politique. Le financement de cette partie du projet est estimé à 6,4 milliards d’euros.
Les acteurs économiques s’interrogent
Les acteurs du transport maritime s’interrogent sur l’intérêt d’un tel programme. Il n’y a eu aucune pression de leur part sur les autorités ; le coût du fret n’a jamais été aussi bas, réduire de huit heures une traversée de plusieurs semaines ne présente pas d’avantage déterminant. Le projet aurait pu présenter une utilité s’il avait permis aux supertankers de transiter sans décharger leur brut mais la taille des Suezmax restera inchangée. Ils craignent surtout que son manque de rentabilité entraîne le pouvoir à relever les taxes pour payer les investisseurs. Enfin, d’après l’assureur Allianz, augmenter le trafic dans cette zone conduira à une augmentation du risque d’accidents déjà trop fréquents (1:1100 pour Suez contre 1:4000 pour Panama)3.
Peu de voix s’élèvent contre le projet dans la presse égyptienne. Pourtant, il y a matière à réagir. En pleine inauguration, le président a exigé qu’il soit terminé en un an alors que Mohab Mamish avait annoncé qu’il se ferait sur trois ans. Ce nouveau délai imposé est totalement irréaliste et dangereux, aussi bien pour la bonne facture de l’ouvrage que pour la sécurité des ouvriers sur le chantier. Depuis le 15 septembre, trois ouvriers y ont perdu la vie. Des portions du nouveau canal se sont remplies d’eau, ce qui complique les travaux. Plusieurs experts soulignent que si des études sérieuses avaient été menées en amont, ces infiltrations auraient été évitées. Des milliers d’habitants ont reçu un avis d’expulsion 10 jours seulement avant la démolition de leur maison et de leurs champs et n’ont reçu aucune compensation4.
Concurrencer le canal de Panama
Cet empressement soudain s’explique aussi par le fait que les autorités du canal de Panama, principal concurrent du canal de Suez, ont entrepris des travaux afin de doubler et d’approfondir le canal qui doivent se terminer en 2016. Sissi espère, en accélérant la cadence, garder un avantage compétitif5. On ne trouvera aucune mention du canal de Panama dans les discours ou dans la presse, si ce n’est pour évoquer la terrible bourde du timbre émis pour célébrer le nouveau projet du canal de Suez illustré par...le canal de Panama.
Face à l’augmentation constante de la taille des porte-conteneurs, Panama n’avait d’autre choix que d’augmenter la capacité de son canal qui permettra, à terme, le passage de navires transportant jusqu’à 12 000 conteneurs (contre 5 000 maximum aujourd’hui). Dans le même temps, afin de réduire les coûts, les transporteurs optent pour des porte-conteneurs toujours plus gros, quitte à ce que le temps de transport augmente. Maersks, la plus grande compagnie de transport maritime au monde, a récemment fait ce choix et a annoncé6, seul capable de permettre le passage de ces gigantesques transporteurs de marchandises qui peuvent supporter jusqu’à 18 000 conteneurs. Le canal de Suez, même dans ses dimensions actuelles, dispose déjà d’un avantage compétitif sur le futur canal de Panama.
Recyclage d’un symbole national
Diffusée en direct sur plusieurs chaînes égyptiennes7, l’inauguration du projet le 5 août 2014 a été une opération de communication savamment orchestrée. Elle a rappelé l’importance du canal dans l’histoire de l’Égypte moderne. Creusé par des Égyptiens, dont 100 000 perdirent la vie, pour le profit des puissances coloniales d’abord françaises puis britanniques, il est le symbole de l’émancipation du joug impérialiste lorsque le président Gamal Abdel Nasser nationalise la compagnie du canal de Suez en 1956. Grâce aux revenus dégagés par le canal, Nasser peut enfin mener son grand projet : la construction du barrage d’Assouan. En 1973, c’est en traversant le canal que l’armée égyptienne prend par surprise les forces israéliennes occupant le Sinaï.
À côté de l’histoire racontée, il y a aussi les non-dits, comme sur le choix du lieu de l’inauguration. La ville d’Ismaïlia est certes le siège de l’Autorité du canal de Suez, mais elle reste aussi associée à l’occupation britannique, à la naissance du mouvement des Frères musulmans ayant combattu cette occupation et soutenu la révolution de 1952. Ce fait n’a été rappelé ni par le président, ni dans les documentaires, ni dans les journaux. Exclus du pouvoir en 1952 par les Officiers Libres, bannis de la scène politique depuis la destitution de Morsi, ils sont désormais accusés d’antinationalisme. Al-Sissi s’approprie le lieu, le symbole : il incarne une Égypte indépendante. C’est important pour ce militaire de carrière qui, contrairement à Nasser, Anouar El-Sadate ou Moubarak, n’a combattu dans aucune guerre.
L’indépendance est bien le leitmotiv du discours du raïs. Les travaux (canal et tunnels) sont effectués par des compagnies égyptiennes sous la direction des forces armées. Le financement doit être exclusivement égyptien et se fera grâce à des certificats d’investissements vendus à 1,10 ou encore 100 euros avec un rendement exceptionnel de 12 % par an. Il sait, dit-il, que la question du financement est très sensible pour les Égyptiens. Morsi n’avait-il pas été accusé de vouloir vendre le canal de Suez aux Qataris ? Pourtant, dans le nouveau projet, seule la partie canal et tunnels sera financée par les Égyptiens, le reste le sera par des investisseurs étrangers. Les Émirats arabes unis8, les États-Unis, la Norvège, l’Inde, la Hollande, l’Arabie saoudite et le Koweït se sont montrés intéressés9. Tout comme la Russie, depuis le rapprochement entre Sissi et le président Vladimir Poutine, et la Chine avec laquelle un accord a été conclu.
Une propagande paternaliste
Dans son discours simple et empreint de paternalisme tenu à l’occasion du lancement du projet, le président a demandé aux Égyptiens de « se soutenir les uns les autres et de soutenir le projet. » Il n’a pas caché la difficulté de la tâche : « Nous avons beaucoup de défis à relever, d’efforts à accomplir et de sacrifices à réaliser ». On ne sait plus s’il parle du nouveau canal de Suez ou de l’Égypte. Peu importe, le projet est le symbole de la reconstruction de tout le pays. Et l’accent a été mis sur la capacité des citoyens à le réussir seuls.
Les médias ont été invités à soutenir le projet, il a été encensé dans un long éditorial du quotidien Al Ahram ; les Égyptiens ont été incités à investir10. Mis sur le marché le 4 septembre, les certificats d’investissement ont tous été vendus en une dizaine de jours, permettant ainsi de réunir les 6 milliards d’euros nécessaires. De nombreux petits porteurs se sont rendus dans les banques avec un sens aigu du patriotisme.
Le développement du canal de Suez a un avantage déterminant sur d’autres mégaprojets tels que celui de Tochka : il repose sur une base déjà existante et rentable. Il est moins utopique et la position stratégique de la région laisse espérer que les investissements ne se feront pas à fond perdu. Cependant, concernant la partie « canal » du projet, il ne suffit pas d’en doubler la capacité pour doubler ses revenus. Cela dépend du contexte international. Les revenus tirés du canal de Suez stagnent depuis trois ans, l’année 2014 sera sans doute meilleure mais sans croissance mondiale significative, l’Égypte n’aura pas la rentabilité attendue. Pourtant, il faudra bien rémunérer les investisseurs et le risque existe de voir diminuer les revenus puisque l’Égypte tire des droits de passage. À court et moyen termes, ceux qui ont investi seront donc rémunérés au détriment de l’État, des autres projets de développement dont l’Égypte a grandement besoin, notamment pour aider les plus pauvres.
Orient XXI Séverine Evanno 20 octobre 2014 http://orientxxi.info/magazine/egypte-canal-de-suez-encore-un,0727 -
Ils étaient 222 décapités par la guillotine (Babsman)
Dans leur opération de répression de la lutte pour l’indépendance, les autorités coloniales usèrent d’une arme sauvage : la guillotine.
Une machine de guerre infernale. De 1956 à 1958, il y a eu 16 exécutions doubles, 15 multiples, 8 quadruples, une quintuple. Pour la seule année 1957, 82 condamnés à mort ont été exécutés : 41 à Alger, 7 à Oran et 34 à Constantine.
Premier à monter sur l’échafaud : Ahmed Zabana
Ahmed Zabana a été décapité par la guillotine le 19 juin 1956, à 4 heures du matin, dans la cour de la prison de Serkadji. Le Conseil supérieur français de la magistrature avait scellé son sort lors de sa réunion du 5 juin 1956.
Il avait suivi la directive du chef du gouvernement, Guy Mollet – « la sanction doit immédiatement suivre l’arrêt » – donnée en Conseil des ministres quatre mois auparavant, le 15 février. De son côté, le Secrétaire d’Etat à la guerre, Max Lejeune, socialiste de la SFIO, partisan convaincu de l’Algérie française, appuyait l’appel des Français d’Algérie : « Les sentences doivent être exécutées ». A la date du 15 février 1956, 253 condamnations à mort avaient été prononcées dont 163 par contumace. 90 détenus se trouvaient donc dans les couloirs de la mort des prisons
La condamnation à mort le 30 mai 1956 d’Ahmed Zabana figurait parmi les 55 sentences confirmées par la Cour de Cassation.
Le 19 juin 1956, le bourreau en titre s’appelait André Berger, « Monsieur Alger » ; Maurice Meissonnier, aidé de son fils Fernand, était son adjoint.
Témoin de la scène, Maître Mahfoud Zertal rapporte : « J’ai pu constater le courage, la fermeté, l’abnégation du condamné qui a demandé à aller vers le supplice libre de ses mouvements, refusant menottes et cagoule. Son ultime demande fut celle de faire sa prière. Elle lui fut refusée.
Mes collègues et moi avions protesté énergiquement, arguant du fait que c’était la dernière volonté du condamné. Les bourreaux avaient alors justifié leur refus par le fait, ont-ils dit, que dans pareilles circonstances l’accélération des faits étaient de rigueur. A la suite de notre protestation, la demande du condamné fut acceptée ; le directeur de la prison vint vers moi pour me dire que la prière avait pris beaucoup de temps, mais Zabana termina sa prière sans aucune contrainte.
Il a ensuite écrit une lettre à sa mère puis a demandé à aller seul vers l’échafaud.
Et le miracle eut lieu ! Nous ne pouvons appeler autrement que miracle ce qui est arrivé les instants suivants ; en effet, le couteau d’acier qui pèse un quintal été stoppé net, et à deux reprises, au niveau du coup du condamné !
J’ai immédiatement évoqué le principe de pitié pour le condamné face à de tels évènements. Rien n’y fit. On me répondit qu’il fallait achever et renouveler l’opération jusqu’à ce que mort s’en suive.
On actionna à nouveau le couperet qui fonctionna à la troisième tentative. Le cou du supplicié fut tranché, mais la tête ne roula pas dans le panier placé à cet effet et fut projeté à plus de vingt mètres.
La lettre-testament du chahid fut remise par mes soins à sa mère ». (1)
« Dieu m’a choisi parmi ses fidèles qui doivent être sacrifiés. Je ne meurs pas en vain. Le peuple algérien sera victorieux et l’Algérie indépendante.
Je demande à Dieu de me recevoir en martyr et de m’admettre en son paradis », avait-il écrit au pied de l’échafaud.
Ahmed Zabana, ouvrier soudeur, ancien de l’Organisation Spéciale (OS) bras armé du PPA-MTLD, moudjahid du 1er novembre 1954, avait 30 ans.
Il fut enterré au cimetière d’El Alia, au carré 16. Les fossoyeurs étaient des détenus de droit commun en fin de peine. Le 18 juin 1975, ses cendres furent transférées au cimetière de son village natal – Saint Lucien, aujourd’hui Zabana.
Le 19 juin 1956, date de son exécution, fut une date cruciale, selon l’historien français, Pierre Vidal-Naquet. En effet, la riposte du FLN ne s’était pas fait attendre.
Mohamed Rebah
NOTES:
- 1 – Source : Magazine Mémoria du 26 juillet 2014
- *Le chiffre de 222 est donné par le magazine français Le Point. Selon l’historienne française, Sylvie Thénault, auteure de Une drôle de justice, le nombre d’exécutés s’élèvent à 198.
- *Les chiffres ont été repris de l’ouvrage François Mitterrand et la guerre d’Algérie par François Malye et Benjamin Stora.
http://www.babzman.com/2015/ils-etaient-deux-cent-vingt-deux-decapites-par-la-guillotine/
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Changement d’image pour le Festival du film de Locarno pour essayer de se dérober au boycott d’Israël (Aurip)
Plus tôt cette année, des professionnels de l’industrie cinématographique du monde entier se sont engagés à boycotter le Festival international du film de Locarno, en Suisse, en raison de son partenariat avec l’Israel Film Fund parrainé par l’État israélien.
En dépit des efforts des organisateurs du festival, rebaptisant la section du festival consacrée aux films financés par l’État israélien – et « équilibrant » avec des films arabes d’Afrique du Nord -, les signataires en faveur du boycott restent fermes sur leur engagement à ne pas participer à Locarno.
Avec le soutien financier du gouvernement israélien, la section « Carte Blanche » du festival devait être consacrée aux films venant d’Israël, présentés au dernier stade de la production afin de mettre en valeur les réalisateurs pleins d’avenir devant les représentants de l’industrie.
Aujourd’hui, il semble que le festival est en train d’essayer de se dérober à la condamnation de sa relation avec l’État d’Israël – et au boycott qui monte – en modifiant le nom de la séance « Carte Blanche ».
Évoquant « certaines réactions que l’édition de cette année a provoquées », le site du Festival international du film de Locarno affirme que la décision a été prise de « changer le nom de l’initiative, en la renommant "First Look", parce que le nom précédent de "Carte Blanche" ne reflète pas suffisamment la façon dont le projet est organisé et qu’il donne lieu à de fausses interprétations ».
« Un équilibre »
Dans ce qui paraît être une surenchère cynique sur ce qui est présenté parfois comme un « équilibre », une autre section du festival – le programme Open Doors – va être, cette année, consacrée aux films venant des pays d’Afrique du Nord de langue arabe, Maroc, Algérie, Libye et Tunisie.
Le site du festival avait publié des affirmations tout aussi fallacieuses dans sa déclaration initiale d’avril, défendant le choix d’Israël pour le programme alors nommé « Carte Blanche », quand il prétendait :
« Cela a été le cas en 2007 quand le Festival a consacré la section Open Doors aux pays du Machrek (Syrie, Liban, Jordanie, Israël, Iraq, Territoires palestiniens et Égypte), avec la rétrospective 2006 "Est de la Méditerranée" des Pardi di domani, ou quand il a mis l’accent en 2013 sur les films syriens, produits en dépit de conditions incroyablement difficiles. Pour nous, ces principes de la liberté artistique représentent un symbole auquel on ne peut renoncer. »
Sauf que selon un communiqué de BDS Tunisie, la plupart des réalisateurs et producteurs tunisiens ont retiré leurs films du festival en protestation contre la présence institutionnelle israélienne. La page correspondante sur le site du festival semble bien confirmer l’existence d’un désarroi dans le programme, car elle a été effacée et aucun contenu nouveau n’est venu la remplacer.
Et selon un courriel envoyé à The Electronic Intifada par la réalisatrice palestinienne primée Annemarie Jacir, plusieurs des réalisateurs algériens et marocains se sont également retirés, ce qui montre la réticence des artistes du monde arabe à se laisser utilisés pour blanchir Israël.
Changer de nom
Représentant déjà une vitrine précieuse pour les professionnels de l’industrie, les films projetés au programme « First Look » seront aussi éligibles à un prix comprenant 60 000 € de services post-production par Rotor Film et un soutien publicitaire de 5500 € par le Film français.
Selon le quotidien israélien Ha’aretz, les organisateurs du festival persistent à prétendre que le changement de nom a eu lieu parce que « la nature du projet, qui est consacré au cinéma israélien, n’est pas une "carte blanche" étant donné que ce n’est pas une plate-forme pour l’État d’Israël ni pour l’Israel Film Fund, et parce que le choix des films en post-production est réservé à la seule direction artistique du festival. »
Cependant, Ha’aretz affirme aussi que le programme officiel du festival « montre clairement que le cinéma israélien aurait apprécié bien davantage la représentation ».
Deux autres films israéliens avaient été donnés en très bonne position dans le programme du festival et sur les listes des nominés pour les prix. Le réalisateur israélien Nadav Lapid avait été désigné comme juré pour l’un des prix du festival.
5 août| Sarah Irving pour The Electronic IntifadaDes artistes et des professionnels du cinéma tunisien annulent leur participation au Festival de Locarno 2015, BDS Tunisie, 1er août 2015.