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  • Israël, Juifs et Arabes: la perspective révolutionnaire d’un vivre-ensemble (Essf)

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    Michel Warschawski milite depuis de longues années en Israël. Il a retracé sa biographie dans un de ses ouvrages, Sur la frontière (Stock, 2002).

    Après avoir passé ses premières années à Strasbourg, Michel Warschawski a décidé à 16 ans de partir pour Jérusalem où il a entrepris des études talmudiques. Il a rejoint en 1968 l’Organisation socialiste israélienne fondée en 1962 par des exclus du PC israélien et des militants plus anciens influencés par le trotskysme. Le groupe était surtout connu par le nom de son journal, Matzpen (« La boussole » en hébreu). Matzpen était une organisation révolutionnaire qui considérait le sionisme comme un projet colonial et combattait pour une coexistence entre Juifs et Arabes sur la base d’une complète égalité. Dès juin 1967, Matzpen appelait au retrait complet, immédiat et inconditionnel d’Israël de tous les territoires occupés et affirmait son soutien au droit du peuple palestinien à combattre pour sa libération.

    Malgré un effectif restreint, les actions et positions de Matzpen ont eu un écho qui en a fait un « ennemi intérieur » dénoncé par les sionistes de droite comme de gauche, et dont les militants étaient fréquemment arrêtés. Bien que formé en majorité de militants juifs, Matzpen s’efforçait à la fois de de mobiliser la jeunesse juive israélienne et de développer des liens avec les Palestiniens d’Israël et les organisations de la gauche palestinienne et de pays arabes.

    Dans les années 1970, un débat s’est ouvert au sein de Matzpen sur ses perspectives. Matzpen et des militants de la gauche palestinienne ont décidé de créer en 1984 le Centre d’information alternative (AIC), organisme d’information et de solidarité dont Michel Warschawski est le directeur.

    Matzpen a ensuite cessé d’exister comme organisation bien que nombre de ses militants demeurent actifs dans divers mouvements. En 1989, Michel Warschawski a été condamné à plusieurs mois de prison ferme pour « prestations de services à organisations illégales » (il s’agissait de l’impression de tracts).

    Henri Wilno

    Dans un texte de l’été 2014, tu parles de « fascisation » en Israël. Quelles sont les racines de ce processus ? Est-ce seulement le produit de l’état de guerre ? Peut-on dire que désormais c’est l’extrême droite qui gouverne ?

    Michel Warschawski – Je parle d’un processus long qui remonte a la campagne de haine et de délégitimation qui a précédé l’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995. Les assassins du Premier ministre ont pris le pouvoir et sont en fait le pouvoir depuis. J’y inclus l’épisode Ehud Barak (1999-2001) qui, certes, a été le candidat des Travaillistes, mais défendait une politique d’extrême droite et a tout fait pour qu’Ariel Sharon devienne Premier ministre et lui son ministre de la Défense.

    Vingt ans donc de pouvoir continu de la droite, qui ont changé la donne, pas tant dans le domaine de la politique coloniale envers les Palestiniens, mais dans le régime interne de l’Etat d’Israël.

    Le racisme s’est lâché, dans le discours politique, dans la rue et dans la législation qui culmine avec la proposition de modification de la « Loi Fondamentale – Israël, Etat-Nation du peuple Juif ». Une série de lois liberticides et ouvertement discriminatoires contre la minorité palestinienne d’Israël a déjà été votée, d’autres, pires encore, sont en route. La Cour Suprême, qui a été pendant de nombreuses années le garant d’un système qui jonglait entre « Etat juif » et « Etat démocratique », est depuis quelque temps l’objet d’attaques violentes de députés d’extrême droite. Plusieurs projets de loi visent à réduire son pouvoir.

    Le gouvernement s’appuie sur un bloc de trois partis d’extrême droite, bloc dans lequel Netanyahou fait figure de modéré !

    Si depuis un an je parle de fascisme, c’est parce qu’à tout ce que je viens de mentionner s’ajoute la violence contre les militants et organisations démocratiques, de la part de petits groupes fascistes ou même de passants. Gouvernement d’extrême- droite + lois liberticides + violence qui vise à terroriser toute parole critique = fascisme.

    Israël est désormais un des Etats où les inégalités sociales sont les plus fortes (y compris parmi les Juifs), les politiques néolibérales démantèlent les acquis sociaux. Et, pourtant, vu de l’extérieur, le débat social et politique dans la partie juive de la population israélienne semble se polariser complètement autour de deux axes : la religion et la « sécurité ». Est-ce exact ? Les questions sociales ont-elles disparu du paysage ?

    Effectivement, Israël est, dans le groupe des pays industrialisés, le second dans le fossé qui sépare les riches et les pauvres : une bourgeoisie très riche et beaucoup de très pauvres. Selon les données de la sécurité sociale israélienne, 32 % des enfants israéliens – juifs et arabes – vivent sous le seuil de pauvreté ! Le démantèlement de l’Etat social et de ses acquis s’est fait avec une brutalité et une rapidité qui auraient fait pâlir de jalousie Margareth Thatcher.

    Et pourtant les luttes sociales, en particulier les luttes syndicales, restent extrêmement limitées. Il y a trois raisons à cela : la réussite économique d’Israël qui permet de laisser des miettes aux travailleurs, le fait que le taux de chômage est très bas (inférieur à 2 %), l’absence de tradition et d’organisation syndicales dignes de ce nom. 50 ans de pouvoir absolu de la Histadrout, qui n’avait rien a voir avec une organisation syndicale, même de collaboration de classes, ont empêché la formation d’une conscience de classe, aussi primitive fût-elle. S’il y a des luttes, elles restent cantonnées à une entreprise (en général sur des licenciements) ou dans des secteurs plus privilégiés et mieux organisés (infirmières, enseignants).

    Les classes populaires réagissent-elles aux politiques d’austérité ? Qu’est devenu le mouvement des « Indignés » d’il y a deux ans ? Que représente le syndicat Koach la-Ovdim qui semble se renforcer au détriment de la Histadrout ?

    Le mouvement des Indignés a été un feu de paille : une gigantesque mobilisation qui a entraîné des centaines de milliers de personnes pour un retour à l’Etat providence mais n’a enfanté qu’une commission nationale (la Commission Trachtenberg)… dont quasiment toutes les recommandations ont été rejetées par le gouvernement.

    Koach la-Ovdim, qui est la première confédération syndicale indépendante de la Histadrout, reste une organisation modeste, comparée à cette dernière, mais a pu animer des grèves et autres luttes revendicatives de certains des secteurs les plus délaissés, entre autre les travailleurs de l’entretien dans certaines grandes administrations ou encore dans une carrière proche de Jérusalem.

    Pour la majorité des travailleurs israéliens, les positionnements, y compris les identités, sont d’abord de l’ordre du politique et du « national », et, très loin derrière, de l’appartenance sociale. On demande à quelqu’un ce qu’il est, il répondra : Juif, puis Israélien, puis Tunisien ou Russe d’origine. Ensuite il dira « religieux » ou traditionaliste. Très rarement il dira « ouvrier » ou « employé ».

    Qu’est devenu le « camp de la paix » ? Est-il en situation de peser en quoi que ce soit ?

    3000 personnes environ ont manifesté contre l’agression de Gaza. C’est très peu et représente surtout ce qu’en France on appellerait l’extrême gauche. En ce sens, le mouvement de la paix de masse qu’on a connu dans les années 1980 et 1990 ne s’est pas encore remis de sa déroute en août 2000. Cette date est à retenir, car elle marque une cassure, une espèce d’août 1914 du mouvement de la paix : quand Ehud Barak revient des négociations de Camp David (qu’il a sabotées avec la collaboration de l’administration Clinton), celui qui avait été élu sur la base d’une alternative à la politique d’occupation de la droite, réussit a convaincre son propre camp que Yasser Arafat se servait des négociations pour endormir Israël, y créer des lignes de fracture pour finalement jeter les Juifs a la mer (sic !). Il ajoute : la droite avait raison, c’est nous, les pacifistes, qui nous étions trompés.

    Le problème est que ce méga-mensonge a été reçu cinq sur cinq par le mouvement de la paix… Et Sharon a été élu avec une large majorité, pour entreprendre la reconquête des territoires gérés par l’Autorité palestinienne et des quelques acquis résultant des négociations entre Israël et l’OLP.

    Le mouvement de la paix ne s’est pas remis de cette déroute, et nous sommes encore loin d’une renaissance de ce dernier, comme mouvement de masse capable de peser sur les choix politiques du gouvernement.

    Tu as expliqué, je crois, que par son ignorance des questions sociales, une partie de la gauche israélienne et du camp de la paix avait rejeté les sépharades dans les bras du Likoud et de l’extrême droite : est-ce définitif ?

    Les couches populaires et plus particulièrement les Juifs pauvres originaires des pays arabes (qu’on appelle à tort « sépharades »), ont fait, depuis la fin des années 1970, le choix de la droite, non par identification avec son idéologie du Grand Israël, mais parce qu’elle représentait l’opposition au pouvoir absolu, totalitaire et raciste – envers les Juifs non Européens – de la pseudo-gauche.

    La « gauche » n’a aucune chance de regagner l’électorat populaire, car sa réalité et son image sont bourgeoises, et son racisme anti-oriental colle à son identité. L’immigration massive des Russes a d’ailleurs encore renforcé cette ligne de fracture. Pour reprendre pied dans les couches populaires, une nouvelle gauche est à construire, mais ceci est la tâche de la prochaine génération.

    Ceci dit, les mariages intercommunautaires sont de plus en plus nombreux, et je pense que l’appartenance ethnique, au sein de la communauté juive-israélienne, tend à perdre petit a petit de sa pertinence.

    Que représente l’extrême gauche en Israël ? Les Anarchistes contre le mur ? D’autres mouvements ?

    Ce qu’on appelle ici la gauche radicale est très modeste, définie essentiellement par son positionnement sur les questions politiques (conflit colonial et guerres), même si en général cette extrême gauche défend par ailleurs une orientation anticapitaliste. Elle n’a pas, dans la population juive, de parti dans lequel elle pourrait se structurer, et c’est dans des collectifs qu’on la trouve, que ce soit sur des questions d’ordre politique (occupation, racisme) ou d’ordre social (refugiés économiques, droits des femmes, logement…) Quand il y a des élections, elle vote par défaut pour un des « partis arabes », en particulier le Parti communiste. Ce dernier se défend d’ailleurs d’être « un parti arabe », même si 85 % de son électorat provient de la population palestinienne d’Israël.

    Les Anarchistes contre le Mur, certaines organisations féministes, les divers groupes qui luttent contre l’occupation ou les injustices sociales, ou encore le Centre d’information alternative (AIC), se retrouvent dans des campagnes spécifiques (contre le mur, contre les groupes fascistes, pour les sans-papiers, etc.), mais il n’existe pas de structures pérennes.

    Un des problèmes auxquels nous sommes confrontés est ce que j’ai appelé, il y a des années, l’« ONGisation » de la politique, une professionnalisation autour de petites boutiques, souvent bien financées pour leurs activités par des fondations ou des Etats européens. Les ONG font certes un bon travail d’information et de sensibilisation, mais elles ne peuvent en aucun cas être la base d’un mouvement de masse. Certains diront même qu’elles en sont, involontairement, un obstacle.

    Comment évoluent les discriminations envers les Arabes israéliens ? La sécession entre Juifs et Arabes israéliens est-elle désormais complète ? Ou bien y-a-t-il des espaces communs de coopération et de lutte ?

    Depuis 2000 (en octobre 2000, Ehoud Barak ordonnait une répression sanglante des manifestations de solidarité, dans les localités arabes, avec la révolte palestinienne des territoires occupés), nous avons été témoins d’une rupture du front judéo-arabe qui caractérisait le mouvement d’opposition à l’occupation et aux discriminations contre la minorité palestinienne d’Israël (qui fait 20 % de la population). Les Palestiniens ne viennent plus à Tel Aviv pour manifester et ont fait le choix de se mobiliser dans leurs villes et villages. C’est ce qui explique pourquoi les manifestations dans les grandes villes juives sont passées de dizaines de milliers à quelques milliers seulement.

    Derrière ce choix, s’exprime aussi une volonté d’autonomie, car dans le « front judéo-arabe », le PC poussait à une hégémonie juive, dont la présence de drapeaux israéliens et la sur-représentation d’orateurs juifs étaient les signes extérieurs.

    La minorité arabe est représentée à la Knesset par trois partis de poids plus ou moins égal : le PC (sous la forme du Front pour la paix et l’égalite), le Rassemblement national démocratique (Balad – nationalistes radicaux), et la Liste arabe unifiée, nationaliste conservatrice.

    Un amendement à la loi électorale peut pousser les partis arabes à faire à l’avenir liste commune, s’ils veulent avoir des élus, et si cette perspective se réalise, il pourrait y avoir dans la prochaine Knesset un groupe parlementaire arabe d’une quinzaine de députés (sur 120…) A moins que n’aboutissent les tentatives de l’extrême droite d’interdire à certains partis arabes de se présenter. A ce propos, les prochaines semaines seront déterminantes.

    Pour que le front judéo-arabe se reconstruise, il est indispensable que les militants juifs acceptent de se débarrasser de leur volonté hégémonique et de devenir une force d’appoint à un mouvement qui est d’abord un mouvement national arabe.

    Quel est l’écho de l’AIC dans le contexte actuel ?

    La spécificité du Centre d’information alternative est d’être, trois décennies après sa constitution, toujours la seule organisation commune israélo-palestinienne. L’AIC regroupe des militants, connus et reconnus, de la gauche palestinienne et des antisionistes israéliens. Si, comme son nom l’indique, elle fait un travail d’information et d’analyse politique et sociale (en particulier sur son site alternativenews.org), son originalité et son importance résident dans son choix d’être une brèche dans le mur qui sépare les deux sociétés, y compris dans le monde militant, et de promouvoir une perspective de coopération et de partenariat entre les mouvements des deux côtés de la « ligne verte ».

    Dans un contexte où la séparation est perçue comme une valeur quasi-absolue, la perspective d’un vivre-ensemble est éminemment révolutionnaire, et elle passe par la nécessité d’un combat commun.

    Propos recueillis par Henri Wilno

    Paru dans la Revue L’Anticapitaliste n°61 (janvier 2015). https://npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34397

  • Humour algérien, Liberté.dz

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  • Egypte, 5 ans de prison pour Alaa Abdel Fattah, figure de la révolte anti-Moubarak (Al Huff' Maghreb)

    Un tribunal égyptien a condamné lundi à cinq ans de prison une figure de la révolte anti-Moubarak de 2011, Alaa Abdel Fattah, pour des violences qui avaient eu lieu lors d'une manifestation non-autorisée.

    Les 24 co-accusés du jeune militant de gauche ont été condamnés à des peines allant de trois à quinze ans de prison, un verdict qui intervient alors que les autorités sont accusées de réprimer implacablement toute opposition, islamiste mais aussi laïque et de gauche.

    Le parquet accusait le groupe d'avoir attaqué des policiers durant la manifestation qui avait eu lieu en novembre dernier.

    M. Abdel Fattah était notamment accusé d'avoir volé le talkie-walkie d'un policier. Il avait été condamné en juin à 15 ans de prison, mais le droit égyptien lui accordait un nouveau procès car le verdict avait été prononcé par contumace.

    Les 22 détenus, présents dans le box des accusés, ont applaudi l'annonce du verdict, tandis que leurs proches s'effondraient en larmes ou scandaient "à bas le pouvoir militaire", selon un journaliste de l'AFP.

    Trois personnes ont été condamnées par contumace à 15 ans de prison, tandis que les autres ont été condamnés à trois ans de prison. Tous doivent payer une amende de 100.000 livres égyptiennes (environ 11.570 euros).

    Depuis qu'il a destitué l'islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi est accusé d'avoir instauré un régime bien plus autoritaire que celui de Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire en 2011.

    Dans les mois qui ont suivi l'éviction de M. Morsi, plus de 1.400 personnes ont été tuées dans la répression des forces de l'ordre tandis qu'au moins 15.000 pro-Morsi ont été emprisonnés.

    Des dizaines de militants laïques et de gauche, qui avaient soutenu l'éviction de M. Morsi avant de s'élever contre les nouvelles autorités, ont également été emprisonnés pour des rassemblements illégaux.

    http://www.huffpostmaghreb.com/2015/02/23/egypte-alaa-abdel-fattah_n_6733970.html?utm_hp_ref=maghreb

    Lire aussi:

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34350

     

  • Rennes Syrie

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  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Tunisie. Les grèves en 2014 et les luttes de 2015

    22 - février - 2015

    Par Dominique Lerouge et Walid Khefif Durant l’année 2014, le nombre des grèves a augmenté de 13% en comparaison avec 2013. Le nombre annuel de jours de grève a augmenté de 61%. Fin octobre 2014, le nombre total de journées de grève avait dépassé celui de l’année record 2011. 47% des grèves n’ont pas respecté la […]

    Egypte. «La prison en nous»

    21 - février - 2015

    Par Alia Mossallam Il y a environ un mois, je suis allée rendre visite à un ami en prison. Peu importe qui était-ce, elle ou lui, car il y a maintenant des centaines de jeunes hommes et femmes dans les prisons d’Egypte en raison de la nouvelle loi sur les manifestations [1]. Les prisons sont […]

    Tunisie. Islamistes et «modernistes» se «préparent à une contre-offensive contre les masses laborieuses»

    15 - février - 2015

    Entretien avec Fathi Chamkhi conduit par Dominique Lerouge Le 5 février, le Parlement a voté à 81,5 % la confiance au nouveau gouvernement, dont la mission est de tenter de «refermer la parenthèse révolutionnaire ouverte le 14 janvier 2011». Quelle est l’orientation des partis présents au gouvernement ? Qu’ils se réclament du «modernisme», de l’islamisme ou […]

    Tunisie. A propos des protestations dans le sud-est de la Tunisie

    15 - février - 2015 

    Déclaration du Front populaire Le 11 février 2015, le quotidien La Presse de Tunisie donnait le compte rendu suivant de la «Grève générale et de la reprise des affrontements» dans le sud-est de la Tunisie: «Pour la deuxième semaine consécutive, les habitants poursuivent les protestations pour revendiquer le développement et demander l’annulation de la taxe […]

  • Maroc: vivant, le mouvement pro-réformes marque son 4e anniversaire (Le Matin.dz)

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    Plusieurs centaines de militants ont marqué vendredi le 4e anniversaire du mouvement pro-réformes du 20-Février né durant le Printemps arabe en participant à des sit-in à Rabat et Casablanca, les deux principales villes du royaume.

    Sur fond d'essoufflement de la mobilisation, environ 200 personnes se sont rassemblées en fin d'après-midi devant le Parlement de Rabat. Dignité!, démocratie!, non à la corruption!, ont-ils scandé. "Nous sommes là pour montrer que le mouvement du 20-Février (M20) continue. Certes il a connu une régression, mais il est toujours vivant", a expliqué à l'AFP un participant, Abdelhamid Amine. "On continue à lutter pour un Maroc démocratique, à même de garantir la dignité et les droits humains pour toutes et pour tous".

    A Casablanca, la capitale économique, environ 150 personnes ont manifesté, sous les mêmes mots d'ordre. Né durant le Printemps arabe, le M20 réclame des réformes politiques et sociales profondes, mais ses activités ont grandement décliné, ses membres dénonçant une répression à leur égard. Les autorités affirment de leur côté que l'essentiel des revendications ont été satisfaites avec l'adoption à l'été 2011 d'une nouvelle Constitution, sur initiative du roi Mohammed VI.

    Cette année-là, les manifestations avaient débouché sur le succès historique des islamistes du Parti justice et développement (PJD) lors des législatives. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, leader du PJD, remettra l'an prochain son mandat en jeu, mais les manifestants de Rabat ont exprimé leur intention de boycotter les scrutins à venir.

    En matinée, un premier ouvrage sur le M20, composé de textes et photos, a par ailleurs été présenté à la Bibliothèque nationale par une ONG locale, Le Médiateur pour la démocratie et les droits de l'Homme (LMDDH).

    La presse, elle, divergeait sur l'ampleur des résultats obtenus par ce mouvement inédit dans l'histoire récente du royaume.

    Le 20-Février a permis de briser la peur du pouvoir dans l'esprit des gens, ainsi que de ramener à la politique des dizaines de jeunes qui se désintéressaient totalement des affaires publiques, se félicitait Taoufiq Bouachrine, du journal Akhbar al-Yaoum.

    Si grâce à eux et à leur audace, le Maroc ne ressemblera jamais plus à celui d'avant, on peut remarquer que les Marocains ont plongé de nouveau dans l'indifférence et la résignation, regrettait par contre Abdellah Tourabi, dans un éditorial intitulé 20-Février: une occasion manquée publié dans l'hebdomadaire Tel Quel.AFP

    http://www.lematindz.net/news/16643-maroc-vivant-le-mouvement-pro-reformes-marque-son-4e-anniversaire.html

  • Humour algérien (El Watan)

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  • Mauritanie : Extension de la grève à la SNIM (Afriques en luttes)

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    Après une quinzaine de jours de grève générale illimitée dans la ville de Zouerate (650 kilomètres au Nord/Est de Nouakchott), le mouvement des travailleurs de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) entre dans une phase de durcissement.

    Les délégués syndicaux de Nouadhibou (465 kilomètres au Nord de Nouakchott) ont déposé un préavis de grève.

    Ces milliers de grévistes réclament désormais la tête de l’Administrateur, Directeur Général (ADG) de la grande entreprise minière, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, faisant ainsi monter la mayonnaise de plusieurs crans.

    Zouerate est le site de production du minerai de fer. Celui-ci est convoyé par le plus long train du monde vers Nouadhibou, ville abritant un port minéralier et l’administration de la SNIM.

    Ces grévistes, dont le mouvement est proche de la Centrale Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM), reprochent à la direction de la SNIM son refus d’ouvrir des négociations après le déclenchement de la grève.

    Celle-ci est motivée par une série d’engagements non tenus de la part de l’entreprise portant sur « une augmentation générale de salaire assortie d’un rappel à partir du mois d’octobre 2014, un bonus de salaire en plus du rappel de primes de production impayées sur l’année 2014 estimées à 30% à chaque fois que la production de minerai de fer atteint un seuil de 1,2 millions de tonnes, la fin du système de sous traitement et le recrutement des travailleurs sous le régime du contrat temporaire etc.

    La SNIM est la plus importante entreprise de Mauritanie opérant dans le secteur des mines. Ce secteur a contribué pour 1/3 dans les recettes budgétaires du pays au cours des 5 dernières années.

    Source : Financial Afrik 18 février 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/mauritanie-extension-de-la-greve-a

    Lire aussi:

    http://adrar-info.net/?p=30659

     

  • Qu’est-ce que « l’islamo-fascisme » ? (L'orient le Jour)

     

    Le chercheur franco-libanais Gilbert Achcar répond aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

    C'est dans un climat des plus tendus, suite aux attentats de Copenhague dimanche, que le Premier ministre français Manuel Valls s'est exprimé hier, brandissant en épouvantail la menace de « l'islamo-fascisme ».

    Mais quel est donc ce néologisme étrange « d'islamo-fascisme », repris aussi bien par les hommes politiques, par la presse, qui vient s'inscrire dans la longue liste des « ismes » ?


    « Un mot des plus absurdes », fustige Gilbert Achcar, chercheur et écrivain franco-libanais. Pour com- prendre l'apparition de cette appellation, il faut remonter aux années 90. Le terme fait référence « à l'utilisation de la foi en l'islam comme couverture pour la promotion d'une idéologie totalitaire » similaire à celle des « mouvements fascistes européens du début du XXe siècle ». Puis cette notion s'est inscrite dans les discours des néoconservateurs américains, après les attentats du 11 septembre 2001 à New York. « Il fallait trouver un terme fort pour justifier une coalition contre le terrorisme et el-Qaëda. L'administration Bush a usé de ce raccourci facile qui ne veut absolument rien dire », nous explique M. Achcar. Car à la racine même du terme, le fascisme évoqué dans « islamo-fascisme » est aux antipodes de ce que le mot exprime réellement. En effet, cette notion est propre à un phénomène européen, qui se réfère à l'Italie et à l'Allemagne de la Seconde Guerre. « Le fascisme était une manipulation des masses. Or les groupes jihadistes comme l'État islamique n'utilisent que les armes. » Cependant, l'idéologie de l'EI tend à utiliser les outils de propagande à la manière des régimes fascistes et semble liguer autour d'elle de plus en plus de partisans. De plus, « l'objectif des fascistes était de reconstituer l'expansion impérialiste en cassant le mouvement des ouvriers, en pleine période de crise du capitalisme. » Alors que les groupes islamistes comme l'EI n'ont évidemment pas la même dynamique.


    D'autre part, il est intriguant de constater que ce terme de « fascisme » s'associe avec un courant religieux. Alors que le fascisme est à proprement parlé antireligieux. « Les musulmans de France ont été sommés de reconnaître les dérives de cet "islamo-fascisme". Pourquoi ne pas évoquer alors "le fascisme-chrétien ou le judéo-fascisme" rappelle le chercheur. Selon M. Achcar, « l'Armée de résistance du Seigneur en Ouganda, visant à instaurer un gouvernement chrétien, n'est pas moins effrayante que Boko Haram. Mais il s'avère que l'islam se retrouve stigmatisé toujours et encore. Les musulmans doivent faire les frais des actions intégristes, comme si tous les catholiques devaient se sentir coupables des dérives pédophiles de l'Église. Il y a véritablement deux poids, deux mesures ».


    Pour Gilbert Achcar, cette notion d'« islamo-fascisme » est un terme dangereux et absurde à visée politique, avec une volonté ferme d'instaurer un climat de peur. « Le jeu des États-Unis s'est retourné contre eux. Leur Frankenstein (l'EI) s'étend et leur échappe totalement... »


    Par ailleurs, l'Europe, comme les États-Unis, qui s'engagent dans cette lutte comme ils l'ont fait contre les régimes totalitaires il y a 75 ans, abusent de cette notion polysémique. Et il est curieux de constater qu'un Premier ministre de gauche utilise de manière consciente un terme si équivoque. Car si « l'islamo-fascisme » tend à désigner les sociétés peu enclines à institutionnaliser les diversités politiques, comment cette notion ne désignerait-elle pas les pays comme l'Arabie saoudite où l'Iran ?

    « Le régime saoudien est le meilleur ami des Américains. Lors de la mort du roi Abdallah, le drapeau anglais était en berne, et cela a choqué de nombreux Britanniques. Mais il faut comprendre que les enjeux économiques nous dépassent. » D'autant que ces courants sectaires, comme el-Qaëda et l'EI, sont « des avatars du wahhabisme. Les États-Unis, dans les années 40, étaient le pays le plus étroitement lié au royaume. Ils ont utilisé leur idéologie contre Nasser, contre l'Union soviétique, puis contre la gauche dans le monde musulman. Le point culminant de cette propagande a été la guerre en Afghanistan ». Mais l'heure n'est plus aux débats sémantiques. Car il est urgent que les États montrent leur implication réelle contre toutes les dérives de tous bords.

    Caroline HAYEK 17/02/2015