Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Rassemblement de solidarité à Alain Pojolat (UJFP)

    Vendredi 20 février de 13h30 à 15h30 sur la place de la fontaine Saint-Michel (Paris 6e),

    Cet été, en solidarité avec le Peuple de Gaza, de nombreuses manifestations ont été organisées dans le monde entier. A Paris, les manifestations des 19 et 26 juillet ont été interdites par le Gouvernement.

    Elles se sont quand même déroulées malgré ces interdictions. Certain-es organisateurs et participants ont été arrêtés et inculpés. Les décisions judiciaires ont été parfois lourdes de conséquences.

    Alain Pojolat avait déposé à la Préfecture une déclaration de ces manifestations (avant leur interdiction) au nom de l’ensemble des organisateurs. Il a été inculpé et jugé en première instance le 22 octobre dernier par le TGI de Paris qui l’a relaxé. Dès le lendemain, le Parquet faisait appel.

    Rendez-vous

    Rassemblement de solidarité à Alain Pojolat 
    Le vendredi 20 février 2015 de 13h30 à 15h30
    sur la place de la fontaine Saint-Michel

    Paris 6e

  • Les nouveaux mouvements sociaux au Maroc (Zones Subversives)

    Les nouveaux mouvements sociaux au Maroc
     
    La révolte au Maroc semble méconnue. De nouvelles formes de contestation émergent contre le régime autoritaire. 

     

    En 2011, une vague de révolte partie de Tunisie se propage dans de nombreux pays. Le Printemps arabe touche également le Maroc. Un nouveau cycle de lutte s’amorce avec le Mouvement du 20 février. L’universitaire Frédéric Vairel propose une analyse dans son livre intitulé Politique et mouvements sociaux au Maroc.

    Le régime monarchique encadre les groupes contestataires. Le mouvement du 20 février se contente de demander des aménagements du régime et non pas son renversement. Il s’attache également à un refus de la violence. Mais, issu de la vague de révolte de 2011, il semble spontané et s’organise en dehors des partis et des syndicats. Ce mouvement du 20 février regroupe des militants de l’extrême gauche marxiste mais aussi des défenseurs des droits de l’homme. Des organisations politiques radicales mais aussi des islamistes composent ce mouvement très hétéroclite.

    « Le Maroc est un laboratoire fascinant de la protestation en régime autoritaire et de la manière dont celui-ci s’en accommode », souligne Frédéric Vairel. La révolution n’est plus un horizon politique et les collectifs militants s’institutionnalisent. La sociologie politique, avec l’observation de la répression et des particularités du régime, peut permettre d’enrichir l’analyse des mouvements de lutte. La contestation sociale se construit en opposition mais aussi en référence à la politique institutionnelle.                                

     

    Mouvements de contestation

     

    De nombreux politologues estiment que le régime marocain repose sur la religion pour se légitimer. En réalité, la monarchie s’appuie surtout sur l’Etat avec la répression et les divers moyens de coercition. Le régime utilise l’intimidation, les arrestations et la torture pour museler toute forme d’opposition. L’organisation des élections, du calendrier et la réglementation de la campagne électorale permettent de réserver les postes de pouvoir aux partis proches du régime.

    La monarchie s’appuie sur différents groupes sociaux pour lesquels elle mène une politique clientéliste. La bourgeoisie, la moyenne paysannerie et la petite bourgeoisie citadine soutiennent le régime. Des postes de fonctionnaires sont créés et les entreprises locales sont favorisées.

    En 1990, une vague de mouvements sociaux déferle sur le Maroc. Luttes, grèves et émeutes déstabilisent le pouvoir. Les jeunes précaires occupent l’espace public et participent activement aux émeutes. Le régime ne répond pas par la répression mais par une ouverture. Les partis d’opposition peuvent participer au gouvernement. En 1999, un nouveau roi arrive au pouvoir. Les droits de l’homme sont intégrés au discours officiel et la répression semble moins féroce.

     

    Le syndicat étudiant de l’Unem apparaît comme le creuset des mouvements contestataires, gauchistes ou islamistes. Cette organisation étudiante forme les futures élites. Mais les jeunes contestataires subissent la répression, la clandestinité et la prison. Les trajectoires de ces militants évoluent vers l’action locale et associative. Ils ne s’inscrivent plus dans une remise en cause globale du régime mais agissent pour sa démocratisation.

    Les gauchistes et les islamistes sont issus de la petite bourgeoisie intellectuelle. Les militants sont socialisés dans des familles politisées. Après l’expérience de la prison ou de la répression, les militants continuent leurs activités politiques à travers des associations pour les droits de l’homme. Mais seuls les militants qui disposent du plus important capital culturel et politique, avec des réseaux, continuent leur vie politique. Les autres trouvent davantage de satisfactions dans un « bonheur privé », professionnel et familial.

    Les jeunes militants s’opposent aux partis politiques, en raison de leur dimension autoritaire et électoraliste. Les organisations de femmes s’organisent en marge des partis car leurs problèmes ne sont jamais évoqués dans ce cadre traditionnel. Le militantisme associatif s’oppose au champ politique régit par le calcul cynique et avec la compromission avec les autres partis et le pouvoir. « Selon ces militants, le champ politique se caractérise par son immobilisme auquel vient répondre l’effervescence contestataire de la scène qu’ils animent », indique Frédéric Vairel. De nouvelles pratiques politiques doivent s’inventer en dehors des institutions.

    Les mouvements pour les droits de l’homme deviennent le seul cadre légal pour lutter contre le régime et les rapports de production. Les associations de défense des droits de l’homme abritent souvent les militants d’extrême gauche et les anciens prisonniers politiques qui n’ont pas renoncé à leurs idées.

     

    Des collectifs se forment pour construire une force contestataire dans la durée. Le Forum marocain pour la vérité et la justice (FVJ) regroupe des anciens prisonniers et leurs familles. Ce collectif organise des réunions pour parler des problèmes de la répression dans la démarche d’un groupe de thérapie collective. Mais, progressivement, les moyens d’action sont évoqués. Le collectif ne regroupe donc pas uniquement des militants d’extrême gauche mais s’appuie sur une partie de la population qui a subi directement la répression.

    Le FVJ s’attache à construire une force politique et permet aux personnes de retrouver leur dignité dans la lutte. « Un partie du travail du FVJ a consisté à retourner le stigmate de victime, transformant des identités et des liens fragmentés et localisés en une identité politique commune », observe Frédéric Vairel. Des actions sont organisées, comme les sit-in devant les centres de détention.

    Le FVJ s’appuie sur les témoignages de victimes. Mais, contrairement à la presse, le FVJ refuse toute utilisation misérabiliste et humanitaire. Le collectif donne un sens conflictuel aux témoignages pour dénoncer les causes et les responsables de la répression. Les associations féministes s’appuient également sur des services, comme l’alphabétisation, pour élargir leur capacité de mobilisation.

                     

    Pratiques de lutte

     

    Le sit-in, un rassemblement protestataire, devient le mode d’action central. Il trouve son origine dans les actions d’occupation, valorisées notamment par les jeunes chômeurs. Le FVJ pratique couramment le sit-in avec des slogans qui dénoncent les responsables de la répression. Cette effervescence protestataire permet de construire un rapport de force social qui explique la démocratisation du Maroc. « Contrairement à ce qu’indiquent les points de vue conservateurs, le trait marquant de la libéralisation réside davantage dans la multiplication des démonstrations publiques d’indignation que dans la complexe ingénierie politique qui permet aux partis de l’opposition de sa Majesté d’accéder au gouvernement », analyse Frédéric Vairel.

    Le sit-in permet une occupation de l’espace public. Même lorsque la mobilisation n’est pas massive, elle reste visible. Des tracts et des autocollants permettent d’interpeller les passants. « Vous qui regardez, vous êtes tous concernés », lancent les militants. Le sit-in révèle également la division sexuelle du travail militant. Les dirigeants des collectifs sont tous des hommes. Les organisations comme l’AMDH reproduisent les vieux schémas militants du dogme marxiste-léniniste. Seuls les dirigeants décident du sit-in et planifient son organisation. Ensuite, les actions s’inscrivent dans la vieille routine de l’avant-garde qui doit conscientiser les masses. Les slogans et les banderoles ne sont pas laissés à l’improvisation. En dehors des origines autoritaires des collectifs, la répression explique cet encadrement de la lutte. Les dirigeants des associations peuvent être arrêtés si un slogan attaque directement le régime.

     

    Au-delà de la routine bureaucratique, les rassemblements demeurent des espaces de rencontres et de discussions. « Aux marges du sit-in, on se parle et l’on rit », indique Frédéric Vairel. Un esprit de convivialité s’observe, notamment entre les militants qui ne se sont pas vus de longue date. « D’autres liens que le seul lien politique se nouent. Des ensembles de relations s’y tissent, s’y renouvellent et s’y exposent, qui entourent et renforcent le sentiment d’appartenance à un groupement politique », observe Frédéric Vairel. Les émotions et le plaisir de la mobilisation demeurent un puissant moteur d’engagement.

    Les forces de sécurité marquent fortement leur présence. Le moindre écart se traduit par une répression féroce. Des diplômés chômeurs qui bloquent une rue sont encerclés par la police. Le sit-in ne nécessite pas une autorisation mais peut être réprimé en invoquant la notion floue de « trouble à l’ordre public ».

    Des rassemblements du FVJ rendent hommage aux victimes de la répression. Ces actions, qui s’inspirent des Mères de la place de Mai en Argentine, mêlent émotion et protestation.

     

    En raison de la forte répression, les mouvements sociaux ne s’inscrivent plus dans un horizon révolutionnaire. La moindre émeute peut finir en bain de sang. Ensuite, l’aide internationale oriente également la routine militante. Les associations des droits de l’homme doivent alors gérer des apports financiers. Une professionnalisation et une bureaucratisation se développe, même dans les associations dirigées par des militants d’extrême gauche. L’action devient moins orientée vers les mouvements de lutte et davantage vers un travail d’information avec la diffusion de rapports qui présentent la situation au Maroc.

    Le roi Mohamed VI tente de rompre avec l’autoritarisme d’Hassan II. Les nouvelles élites politiques ne sont plus issues de la police, mais du marxisme-léninisme. Les anciens contestataires sont recrutés par le pouvoir pour participer à la transition démocratique. La monarchie ne s’appuie donc pas uniquement sur la répression pour encadrer les mouvements de lutte mais favorise également leur institutionnalisation. Pour de nombreux militants, le régime ne doit plus être supprimé mais aménagé. Mais des débats traversent les associations. Certains contestataires refusent toute forme de compromission avec un régime toujours considéré comme autoritaire.               

     

    Mouvement du 20 février

     

    En 2011, la vague de contestation du « Printemps arabe » se propage au Maroc. Mais la diversité des situations politiques empêche un effet domino dans la chute des régimes autoritaires. Pourtant, le 20 février 2011 marque un véritable tournant au Maroc. Un soulèvement populaire amorce une « période de réformes où politique dans la rue et politique dans les palais s’articulent, se répondent et s’opposent », analyse Frédéric Vairel.

    Des manifestations et rassemblements attaquent directement le régime. Comme dans de nombreux pays arabes, les autorités se sentent menacées. Le roi du Maroc est même obligé d’annoncer une révision de la constitution. Le mouvement du 20 février ne semble pas entièrement spontané. Il regroupe des jeunes urbains qui ne sont pas issus de familles aisées. Ces activistes ont déjà participé à des collectifs ou à des partis. Mais ils rejettent la discipline partisane et l’autoritarisme de ses formes d’organisation. Ils remettent également en cause la religion et les valeurs patriarcales. La question de la justice sociale demeure majeure, avec celle des libertés démocratiques, et des rassemblements s’organisent dans les quartiers populaires.

    En revanche, le mouvement du 20 février ne s’inscrit pas dans un horizon marxiste, révolutionnaire et internationaliste. Cette contestation se réfère au monde arabe et revendique une démocratisation du régime, et non pas son renversement.

    Les partis et syndicats se tiennent à l’écart de ce mouvement. Ses revendications sont jugées classiques mais son organisation se révèle incontrôlable. Le mouvement dénonce la corruption et le pouvoir de l’argent, mais n’attaque jamais directement le régime. « Sa réforme constitutionnelle ou parlementaire est souhaitée, certainement pas sa chute. C’est là un bon indice de la légitimité de cette institution : les acteurs politiques marocains, y compris les plus radicaux, n’imaginent ni ne revendiquent d’autres modalités de gouvernement », observe Frédéric Vairel. Le mouvement ne prend pas d’ampleur, contrairement à la Tunisie ou l’Égypte. Seuls quelques secteurs professionnels participent à la lutte. Ensuite, l’occupation de la rue est brutalement réprimée avec de violents matraquages.

     

    Le livre de Frédéric Vairel propose un éclairage original sur la situation au Maroc. Il brise l’image véhiculée par le régime et l’industrie touristique. Les sciences politiques opposent trop souvent la sociologie des mouvements sociaux et l’attention portée aux institutions et aux politiques publiques. Les analyses des Frédéric Vairel permettent de croiser ses deux approches pour montrer leur influence réciproque. Les défenseurs du régime monarchique au Maroc insiste sur son evolution et sa democratisation. Mais ce sont bien les mouvements sociaux qui permettent quelques ameliorations de la situation. Ensuite la répression demeure brutale et le régime n’hésite pas à récupérer les dirigeants des mouvements sociaux pour affaiblir la contestation.

    Pourtant, l’étude de Frédéric Vairel connaît quelques limites. Il considère que les islamistes font partis des mouvements sociaux. Ses réactionnaires ne s’inscrivent dans aucune perspective de transformation sociale et veulent renforcer l’ordre dominant malgré leur opposition au régime. Leur presence dans le mouvement du 20 février ne prouve que la faiblesse et la confusion de ce ressemblement hétéroclite sur les bases politiques les plus limités.

    Enfin, Frédéric Vairel, en bon sociologue, ne semble pas toujours saisir l’originalité et la spontanéité de l’évènement. La révolte de 2011 ne correspond pas aux cadres classiques de la routine militante. Même si l’approche sociologique et historique permet aussi de montrer les origines de ce soulèvement. Le mouvement du 20 février permet de developer des pratiques de lutte qui sortent de la hiérarchie marxiste-léniniste pour adopter unr organisation plus horizontale et libertaire. Mais un renversement du régime au Maroc ne peut passer que par l’émergence d’un veritable mouvement de masse. Des grèves permettent de bloquer la production et de mettre en avant la dimension sociale de la lutte. Le mouvement du 20 février se contente de soulever la question des libertés démocratiques mais n’évoque pas l’exploitation capitaliste. Pourtant, les mouvements de lutte qui permettent de renverser des régimes autoritaires articlent lutte contre la repression et lutte contre l’exploitation et la misère.

     

    Source :

     

    Frédéric Vairel, Politique et mouvements sociaux au Maroc. La révolution désamorcée ?, Presses de Sciences Po, 2014

     

    Articles liés :

    Retour sur la révolte tunisienne

    Réflexions sur le Printemps arabe

    Occuper le monde : un désir de radicalité

    L'émeute se propage

    Pour aller plus loin :

     

    Vidéo : Conférence: "Révolte dans le monde arabe: vers un changement politique ?", publié sur le site UQUAM TV le 8 février 2011

    Frédéric Vairel, « "Qu’avez-vous fait de vos vingt ans ?" Militantismes marocains du 23-mars (1965) au 20 février (2011) », L’Année du Maghreb, VIII | 2012

    Julie Chaudier, Maroc : « L’idée de révolution a disparu », selon Frédéric Vairel [Interview], publié sur le site Yabiladi le 13 décembre 2014

    Textes de Frédéric Vairel publié sur le site Cairn

    Olivier Mongin, Note de lecture publiée dans la revue Esprit le 1er décembre 2014

    Béatrice Hibou, Le mouvement du 20 février, le Makhzen et l'antipolitique. L'impensé des réformes au Maroc, publié par le CERI / Sciences Po

    Indymedia Nantes, Maroc : Le Mouvement du 20 février en Europe, publié le 17 juin 2014

     

    http://www.zones-subversives.com/2015/02/les-nouveaux-mouvements-sociaux-au-maroc-2.html

  • Nouveautés sur AFPS Rennes

    • Action urgente d’Amnesty International pour Abdallah Abu Rahma de Bil’In

      Chères amies, chers amis, Nous vous appelons à vous associer à l’action urgente d’Amnesty International concernant Abdallah Abu Rahma de Bil’In. Il va finalement passer en jugement le 22 février et risque une lourde condamnation. Nous vous invitons à écrire dès aujourd’hui à l’ambassadeur d’Israël en France. Vous trouverez ci-après un modèle de lettre du type de ceux proposés par Amnesty que vous pouvez bien sûr adapter comme vous le souhaitez. Vous pouvez également envoyer copie de votre lettre par email (...)


    • Israël n’est pas une démocratie

      17 février

      L’éternelle propagande israélienne, bien ancrée dans les esprits, raconte qu’Israël est la « seule démocratie au Moyen-Orient. » Les déclarations des dirigeants politiques occidentaux, notamment les Américains et les Britannique, s’appuient souvent sur cette allégation pour justifier le renforcement de leurs liens avec Israël. "Je suis cette terre" le cri des Palestiniens dépouillés chaque jour de leur terre Ils prétendent être les seuls porteurs du flambeau de la « démocratie » alors qu’ils sont (...)


     

    • Palestine occupée : les troupes israéliennes détruisent des champs d’oliviers

      17 février

      Les Forces Israéliennes d’Occupation (FIO) ont déraciné avec des bulldozers des dizaines d’oliviers dans le village de Tayasir mardi, au nord de la Cisjordanie occupée, ont déclaré les habitants. __7__ 28 octobre 2014 - Abbas Youssef, fermier palestinien âgé de 70 ans, montre du doigt ses oliviers qui commencent à porter leurs fruits, sur des terres situées de chaque côté d’une colonie juive dans le nord de la Cisjordanie occupée, dans le village d’al-Janiya à l’ouest de Ramallah - Photo : AFP/Abbas (...)


     

    • J’ai fait « partie d’une organisation terroriste », dit un pilote israélien, devenu militant

      17 février

      Yonatan Shapira est né dans une base militaire israélienne, un an avant que son père ne pilote des avions de combat dans la guerre d’octobre 1973. Trente ans plus tard, dont douze qu’il a passés lui-même comme pilote de l’armée de l’air, Shapira rejetait l’armée. En 2003, il écrit une lettre où il s’engage à ne pas voler au-dessus de la Cisjordanie et de la bande de Gaza occupées. Shapira est l’un des rares Israéliens à avoir déclaré soutenir l’appel des Palestiniens pour le boycott, le désinvestissement et (...)


     

    • Stopper la colonisation et non pas s’en accommoder

      17 février

      Déclaration du Bureau National de l’AFPS __7__ Des soldats israéliens patrouillent en face de la colonie illégale de Halamish (au fond) qui est située près de la ville de Ramallah en Cisjordanie. (Photo d’archives) __7__ Jour après jour, alors que toute perspective de levée du blocus de Gaza semble évanouie, surviennent des annonces de nouvelles confiscations de terres ou d’extension de colonies. Cette semaine « l’administration civile » (terme désignant l’administration militaire dans la novlangue (...)


     

    • Israël assoiffe les Palestiniens

      16 février

      Dans le nord de la Vallée du Jourdain, la semaine dernière, les forces israéliennes ont détruit une conduite d’un kilomètre de long installée qui fournissait de l’eau aux communautés palestiniennes. A l’Est de Jérusalem, des dizaines de milliers de Palestiniens ont été privés d’un approvisionnement régulier en eau courante pendant près d’un an. A Gaza, l’infrastructure de l’eau a été détruite et dans les foyers qui reçoivent encore de l’eau, elle n’est pas potable. L’eau et qui la contrôle sont devenus un (...)


     

    • Malak, 14 ans, dénonce ses conditions de détention en Israël

      16 février

      Après 45 jours dans une prison israélienne, Malak al-Khatib, 14 ans, benjamine et désormais icône des prisonniers palestiniens, continue de nier les faits qui lui sont reprochés et dénonce ses conditions de détention, dans un entretien samedi à l’AFP. "C’est sûr que j’aurai plein de choses à raconter à mes camarades quand je retournerai à l’école", dit cette adolescente de Beitin, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Dès qu’elle reprendra les cours dans trois jours, dit-elle, elle leur racontera "le (...)


  • Débrayage pour les salaires à Renault-Tanger (Lutte Ouvrière)

    Résultat de recherche d'images pour "umt maroc tanger renault"

    Du lundi 9 au mercredi 11 février, les ouvriers de l’usine Renault Nissan de Tanger, au Maroc, ont débrayé et organisé plusieurs sit-in devant les locaux de la direction pour faire entendre leurs revendications. Ils réclamaient des augmentations de salaire ainsi que le paiement des temps de pause et de diverses primes : pour compenser par exemple l’augmentation de la productivité ou l’éloignement géographique de l’usine par rapport à la ville.

    Jeudi 12 février, le gouverneur de la ville intervenait, accompagné par les services de police, pour essayer de convaincre les travailleurs de cesser leur mouvement. Finalement, samedi 14 février, la direction négociait avec l’UMT (Union marocaine du travail) et cédait sur certaines de leurs revendications : augmentation de salaire pour toutes les catégories de personnel, prime de compensation pour les temps de pause. Elle accordait aussi une dotation de cartables et fournitures scolaires pour les enfants du personnel et des conditions préférentielles pour l’achat à crédit d’un véhicule Renault ou Nissan.

    Il n’était sans doute pas question pour la direction de risquer un mouvement plus profond et un blocage de la production car, depuis son ouverture en février 2012, l’usine de Tanger a pris de l’importance dans le groupe, permettant l’exportation de 170 000 véhicules en 2014, essentiellement vers l’Europe. Elle vise à terme les 340 000 véhicules par an.

    Il y a quelques semaines, Carlos Ghosn se félicitait de son choix stratégique d’avoir investi au Maroc et présentait l’usine de Tanger comme l’une des plus performantes du groupe au niveau mondial. Mais les ouvriers ne se laissent pas exploiter sans réagir. Valérie FONTAINE

    http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2429/dans-les-entreprises/article/2015/02/18/36450-debrayage-pour-les-salaires-renault-tanger.html

  • Arabie Saoudite: Al Awamiya, bastion et cœur de la révolution (lcr.be)

    Près de quatre ans après le début du mouvement révolutionnaire à Qatif, les autorités affrontent encore ce mouvement par la violence, les meurtres, les arrestations, la torture en prison, et des cours d’inquisition Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant dans la démarche de l’Etat lors des opérations récentes, commises avec une sauvagerie extrême, par la terreur et le châtiment collectif des civils désarmés. Les forces de sécurité ont commis dernièrement un crime qui n’a pas été relaté dans les médias officiels sinon sous forme de cris de vengeance, ou, comme de coutume, pour faire l’éloge des succès de la sûreté dans leur guerre contre le terrorisme. Dans cet article, nous aborderons plusieurs axes dont : le dernier massacre, la réforme et le marchandage, le mouvement révolutionnaire et ses problématiques, l’avenir de la lutte dans la région.

    Il y a eu 27 martyrs, des centaines de blessés et des milliers de détenus dans les cachots du pouvoir depuis le début du mouvement révolutionnaire. La ville de Qatif a subi 7 raids militaires de blindés, dont 6 pour la ville d’Al Awamiya, qui était en réalité la cible… Elle est le bastion et le cœur de la révolution.

    Septième massacre et  vingt-septième martyr

    En ce jour sanglant du 20 décembre dernier, Al Awamiya a subi le raid militaire de dizaines de blindés et d’hélicoptères. Les quartiers résidentiels ont été bombardés, se soldant par la mort de cinq martyrs dont un enfant ne dépassant pas les 13 ans. Les cinq martyrs sont : Ali Abou Abdallah, Abdallah Al Maddad, Ridha Bandari, Thameur Al Rabii, Hassan Mousallab.  Beaucoup de s’en sont sortis avec des blessures variables. Leur nombre s’élève à 74, dont une femme, 7 personnes âgées, et 8 enfants. Il y a eu une tentative de résistance, menée par un groupe qui s’est auto-dénommé « Brigades de la résistance ».

    Cette opération sécuritaire au cours de laquelle les autorités ont utilisé différentes armes, grenades, balles et blindés, a entraîné une destruction matérielle qui n’a épargné ni les fermes, ni les logements, les commerces ou les véhicules. Elle a endommagé tout ou partie de plus de 50 bâtiments et plus de 30 commerces et 79 voitures ont été incendiées ou endommagées.

    La sanction avant le crime

    Les autorités locales ne traitent pas avec le mouvement de protestation, ses militants et sympathisants en tant qu’opposants pacifiques « protestataires » ou en tant que « manifestants ». La  déformation et l’affabulation ont prévalu et servent à qualifier le mouvement. C’est pourquoi nous trouvons toujours ces expressions toutes faites : « provocateurs et émeutiers », « cellule d’espionnage », « soutenus par des Etats étrangers », et « terroristes », « valets » et « crânes bourrés ». Ces allégations ont été toujours de mise lors de tout mouvement de protestation opposé aux régimes. Ce discours a été utilisé pour dénaturer les mouvements révolutionnaires, surtout à l’ère de la contre-révolution au printemps arabe. La presse officielle a déclaré que le dernier massacre était « pour venger le martyr du devoir », en d’autres termes que le pouvoir sécuritaire avait vengé le soldat Abdelaziz Assiri dont les autorités ont affirmé qu’il avait été tué dans le quartier d’Al Nassera, donc pas à Al Awamiya. Par la suite, le général Mansour Turki, qui parle au nom du ministère de l’Intérieur, a fait une sortie affirmant que l’opération était une opération de représailles. C’est ainsi que les journaux ont reproduit l’information, mettant le pouvoir dans l’embarras, puisqu’il avait dépeint la milice comme une milice de représailles. Afin de rectifier ses déclarations hâtives, le général Turki a fait une autre sortie et est revenu sur «  venger le martyr du devoir » et il a dit : «  Les hommes de la sûreté ne font pas de représailles et ne se vengent de personne ». Par ailleurs, la presse officielle n’a pas produit une seule preuve du prétendu assassinat, et en réalité il y a plus de 25 domiciles sur une distance de 100 à 150 mètres du lieu dont les autorités prétendent être celui du crime, le point de contrôle de Nassera– or personne n’y a entendu le moindre tir et personne n’y a vu ce soldat-, c’est un événement auquel nul n’a assisté. Un crime commis dans un lieu différent de celui de l’opération de représailles. En outre, il n’y a pas eu non plus de publication de photo du soldat tué ni de déclarations de témoins oculaires, et nous nous demandons pourquoi ? Les autorités auraient pu publier des preuves de cet événement comme elles l’ont fait pour le soldat blessé dans un hôpital. Elles avaient allégué qu’il avait été atteint par un coup de feu lors de ce même raid. Ainsi l’assassinat du soldat Al Assiri à Al Awamiya reste une invention des autorités – faute de preuves à l’appui de ces allégations.

    Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a affirmé que le martyr Ali Abou Abdallah était l’assassin et l’auteur du meurtre du soldat Abdelaziz Assiri. Le militant des droits de l’homme Ali Al Dabissi a commenté cette accusation et la méthode utilisée pour tuer le martyr : « Les enregistrements sonores disponibles et qui contiennent les appels au secours des martyrs (que Dieu les accueille dans sa bonté), prouvent qu’il était possible de les attraper au lieu de les tuer. Le site a été bouclé, les tueurs en ont pris possession, et il était donc aisé de les attraper et de les déférer devant la justice. Cela sera avéré à l’écoute des bandes.».

    Que les forces sécuritaires préfèrent l’assassinat à l’arrestation n’est que la conséquence de l’aggravation de l’impuissance des solutions sécuritaires et judiciaires adoptées par les tribunaux d’inquisition. L’enfant martyr Thameur Al Rabii n’est autre que le petit frère d’Houssine Al Rabii, militant révolutionnaire emprisonné dans les prisons du pouvoir. Quant au martyr Hassan Mousallab, son frère aîné est mort en martyr dans une opération sécuritaire similaire l’année passée. Que les autorités ciblent les proches des militants révèle la tendance vengeresse empruntée par les forces de sécurité face au mouvement révolutionnaire et à la lutte dans la région. Au cours de son histoire, le pouvoir n’a pas eu besoin de justification pour se livrer à ce type de représailles. Nous avons toujours en mémoire l’accident au cours duquel des soldats du secteur sécuritaire se moquent d’une femme de Qatif : « C’est une chiite qui va se divertir » lors d’une scène de représailles aux relents de confessionnalisme, d’humiliation et de sexisme.

    Le mouvement réformiste –le courtier prêt au marchandage

    Les dignitaires et les élites militantes des droits de l’homme de diverses sensibilités ont signé des communiqués politiques de marchandage et de négociation. Ce sont eux qui ont appelé au calme depuis leurs estrades, et ils ont tenté par tous les moyens de faire avorter le mouvement révolutionnaire considérant que la sagesse et les médiations politiques étaient la solution. Malgré l’état de siège et les poursuites que vivent ces militants et les militants des droits de l’homme, dont le militant Fadhel Al Safwani, Mohammad Al Libad, Salman Al Faraj etc.,  les notoriétés et les élites ont exigé de les livrer aux services de sécurité. Ils ont ainsi fait du troc une méthode. Ils échangent l’organisation, le mouvement, la protestation pour les médiations politiques, la flânerie élitiste dans les palais, les correspondances et les rendez-vous dans les hôtels. Ainsi des symboles du courant réformateur nous sortent leur : « As-Sayf, As-Saffar et Al-Habil » avec toutes leurs sensibilités. Mais qui ont en commun de placer la pacification au-dessus de toute autre considération et appellent à s’en remettre aux notables. Dans la période de montée du mouvement révolutionnaire, lorsque la voie réformatrice se heurtait à une crise de polarisation, car ces élites vivent un moment de quasi chômage technique du fait qu’ils perdent leur statut social de médiateur, les voix s’élèvent pour faire porter aux militants la responsabilité de tous les massacres perpétrés par les autorités.

    Tawfik As-Sayf dit à propos du massacre du 20 décembre : « La responsabilité dans ce qui s’est passé à Al Awamiya aujourd’hui, le sang qui a coulé et les vies qui se sont éteintes, incombe à ceux qui sont armés et qui prônent la violence aveugle. Et derrière eux les personnes qui les encouragent et justifient leurs actes. ». C’est le moyen le plus facile ! Considérer que les diverses protestations sont détournées par un groupe de tueurs, d’hommes armés et des partisans du crime. Lénine disait : « Le pessimisme, la non-violence, la faiblesse de la volonté, et faire appel à « l’Esprit » forment une idéologie qui apparaît inévitablement à une époque où l’ancien régime tout entier « a été bouleversé »  et où la masse qui a été élevée sous cet ancien régime et en a sucé le lait maternel, les principes, les habitudes, les traditions, les croyances, ne voit pas ni ne peut voir quel est le nouveau régime qui s’ « ordonne », quelles forces sociales l’ »ordonnent » et comment, quelles forces sociales sont capables de la délivrer des maux sans nombre, particulièrement redoutables, propres aux époques de transformations violentes ». C’est pourquoi les cris humains (utopiques) lancés par As-Sayf et consorts sont le refuge adéquat pour les masses. Le docteur As-Sayf a décrit le mouvement révolutionnaire dans son ensemble comme « daechiste » considérant qu’il s’agissait de milices terroristes. Avant que nous ne critiquions les allégations d’As-Sayf, il faut faire appel à quelques réalités : si les porteurs d’armes sont responsables des crimes du pouvoir, pourquoi Qatif n’est pas considéré comme le gouvernorat où on a abattu le plus d’hommes de la Sûreté ?! Le journal Al Hayat a publié un rapport du ministère de la Justice, qui fait état de 3 villes où on a tué le plus d’éléments de la Sûreté : Riyadh, Jeddah, Haïl, dans ce cas pourquoi n’y a-t-il pas eu d’assaut sur la capitale, la côte ouest ou la région nord ? Si l’on considère que les responsables sont les hommes armés  ?! En réalité, il n’y a pas de logique dans cette analyse même si elle a été publiée suite à une erreur commise par l’esprit « rationnel »  de sa grandeur As-Sayf, le médiateur, en fin de compte : « Prenons garde à la mobilisation individuelle » et la nécessité d’en revenir à un généraliste avachi et un misérable notable qui pour nous a concocté une formule de génie pour résoudre les problèmes sociaux. Ce discours de marchandage a échoué au cours des cinquante dernières années et il est fort probable que les factures d’encre des imprimeries réformistes qui avaient imprimé leurs communiqués de suppliques et mendicité leurs seront réglées. La contestation est un droit de l’homme. C’est le moyen qui a permis les acquis politiques ou économiques de l’histoire. Les mouvements révolutionnaires, y compris dans notre histoire locale, ont mis en place une élite de réformateurs capables de réaliser ce marchandage politique.

    Entre réforme et guérilla

    Comme nous l’avons expliqué, le régime ne peut pas être réformé, car celui qui a intérêt à la radicalisation confessionnelle et le racisme est le même qui a intérêt à torpiller tout mouvement revendiquant la justice sociale. Celui qui possède les palais gardés par des blindés n’a pas d’intérêt politique ni matériel à l’édification d’une société basée sur la justice et l’égalité. Au moment où nous écrivons cet article quelques 50 blindés ont été attachés lors d’une mobilisation sécuritaire à la protection du roi qui a été transporté à l’hôpital de la garde nationale. Les fonctions dévolues à ces militaires sont la protection de la propriété privée et celle de la classe dirigeante et de la bourgeoisie locale. C’est la priorité sécuritaire et non pas la protection des citoyens comme le vantent les élites politiques.

    Comment le réformisme en est-il arrivé là ? ! Le chaos dans les groupes révolutionnaires actuels a conduit le mouvement de protestation à une impasse politique fatale. L’écart entre l’extrémisme révolutionnaire et l’opportunisme politique ne peut être tracé par la conjecture et la ferveur spontanée, mais à travers l’organisation révolutionnaire, la théorie et la pratique concrète jusqu’à ce que le mouvement parvienne à dépasser ses tribulations, comme l’a écrit le militant Bassem Chit : « Afficher la colère est facile, le problème le plus difficile est de l’orienter, car lorsque la spontanéité et l’anarchisme se déplacent vers son point d’impact réel, cela devient plus compliqué, et encore plus profond. C’est là la différence entre le populisme et la révolution. Le populisme assied son trône sur ce moment de spontanéité et finit avec lui, tandis que la pratique révolutionnaire est celle qui peut faire passer cette colère de son instantanéité à sa dimension historique de lutte permanente, non pas par le prisme d’un imaginaire aseptisé de la lutte, mais par la reconnaissance que la colère humaine n’est pas un joli spectacle! Et que sa beauté (possible) se construit dans la « boue » de la lutte, et pas du haut des tours de guet ! »

    La crise du mouvement réformiste a mis en exergue que beaucoup d’activistes, à travers l’émotion révolutionnaire œuvraient à torpiller cette frange qui trahit le mouvement et participe à détruire la région en faisant corps autour des forces sécuritaires contre les civils. De là beaucoup de questions s’imposent: est-ce que le changement de la conscience collective du désespoir à l’espoir et de la réforme à la révolution passe par la lutte contre les forces réformatrices et leurs symboles ?! Est-ce que la polarisation des masses par leur appel au sacrifice fait partie de la voie révolutionnaire ? Est-ce que l’abandon des revendications sociales du mouvement de contestation par des slogans appelant à la mort d’Al Saoud est la tactique adaptée à la conjoncture ?

     

    Dans la réalité, si les masses sont d’accord et unies dans la conscience et croient à la révolution pourquoi les autorités ont-elles pu envahir Al Awamiya et commettre le dernier massacre ! L’accumulation d’erreurs commises par le mouvement révolutionnaire est l’une des raisons pour lesquelles les réformistes en sont arrivés là. Le réformisme a tourné les erreurs du mouvement à son avantage à travers la polarisation de classe de ceux qui n’ont aucun projet sérieux de changement d’une part, et ces franges qui ne peuvent adhérer au mouvement révolutionnaire porteur de slogans « guérilleristes » d’autre part. Ils sont parvenus à se positionner dans une posture qui leur garantit leurs privilèges de classe au détriment du mouvement contestataire, ses opprimés, ses prisonniers et ses martyrs.

    Trotski disait du réformisme et du mouvement révolutionnaire  que l’un des objectifs de l’action des révolutionnaires avec les militants convaincus de la réforme sur le terrain dans des combats unis est de démasquer les directions réformistes et donner une preuve concrète à ces militants que même pour ces réformes on ne peut mener une lutte cohérente et jusqu’au bout que sous la direction des révolutionnaires. L’un des objectifs de l’entrée dans ces combats réformateurs partiels main dans la main avec la jeunesse combattante qui croit dans les directions réformistes et les idées réformistes est l’appel concret à la révolution et sa nécessité !  En d’autres termes, le meilleur moyen d’entraîner les militants réformistes vers le mouvement révolutionnaire passe par les mouvements de protestation civils et leurs revendications sociales, qui donnent l’occasion de polariser diverses franges dont des réformistes. Nous ne pouvons attirer les masses qu’au cœur des luttes. Pour cela, nous avons besoin de ces réformistes pour leur prouver, d’une part que le mouvement réformiste a échoué à réaliser des acquis et à diriger la lutte, et pour attirer, d’autre part, ces masses qui marchent derrière le mouvement réformiste et ses symboles. La tendance à l’extrémisme révolutionnaire qui se fait jour aujourd’hui à même de relancer le sectarisme et le factionnalisme et de détruire le mouvement de l’intérieur.

    L’une des erreurs les plus grossières dans la pratique révolutionnaire est que le subjectivisme prend le dessus sur la revendication. Et la surenchère et l’extrémisme révolutionnaire prennent le pas sur la construction et l’organisation, comme cela arrive lorsque se répandent des modes spécifiques d’opposition qui n’interagissent pas avec les revendications sociales. Mais elles se reflètent avec enthousiasme dans la contestation de la souveraineté royale en piétinant des photos des politiciens et des rois ou en lançant des slogans qui appellent à la mort ou l’anéantissement de la famille royale.

    Cela éclaire la problématique chez le militant en la considérant comme une crise de sacrifice ! C’est alors que l’un d’eux assène : «  Le problème c’est que le peuple ne veut pas se sacrifier pour la victoire ! » De cette vision étroite découle le sectarisme organisationnel et le factionnalisme armé. Car l’armement fractionnel peut apparaître à première vue relever du droit naturel à l’auto défense alors qu’il est la conséquence de l’impasse réelle que vit le mouvement révolutionnaire. Le mouvement révolutionnaire dévie de l’organisation de masse aux méthodes aventuristes révolutionnaires extrémistes qui sous-estiment l’importance de conscience les masses au lieu de la construction et de l’organisation révolutionnaire, la compréhension de la lutte, le fait de mener des luttes autour de revendications bien déterminées. Se satisfaire des revendications révolutionnaires expose le mouvement à l’isolement de l’ensemble du mouvement social et de ses revendications.

    A l’ombre de l’escalade politique de l’Etat à soutenir les contre révolutions pour faire avorter le printemps arabe, l’escalade politique et sécuritaire locale va de pair avec l’escalade régionale. A ce stade crucial de la lutte révolutionnaire, il faut se concentrer sur les revendications sociales et des droits civiques, il faut attirer les masses avec toutes leurs revendications politiques et économiques qui touchent à leur vie quotidienne et ne pas se contenter des revendications révolutionnaires. Il nous faut défendre la liberté d’expression, les droits des femmes et les grèves ouvrières et les droits des travailleurs étrangers en luttant contre le racisme, revendiquer le droit à l’enseignement et aux services de santé et défendre l’environnement. Ce sont des revendications essentielles qui concernent la vie des travailleurs anéantis par le rouleau compresseur du pillage et de l’exploitation. Nous devons évaluer les slogans du mouvement et réexaminer les différentes problématiques. Sans construction d’une organisation socialiste révolutionnaire aucun progrès ne sera réalisé sur le plan du changement social.

    Eternité pour les martyrs des massacres cruels, liberté pour les prisonniers, gloire au mouvement révolutionnaire !

    Nidhal Farah Pour Bassem Chit 8 février 2015

    (traduction de l’arabe, Luiza Toscane, Rafik Khalfaoui)

     http://www.lcr-lagauche.org/arabie-saoudite-al-awamiya-bastion-et-coeur-de-la-revolution/

  • Algérie : harcèlement continuel envers les syndicalistes autonomes (Afriques en lutte)

    Nous reproduisons ici un communiqué de nos camarades de la Confédération Générale Autonome des Travailleurs en Algérie.

    Il illustre la situation faite aux syndicalistes de la CGATA, du SNAPAP, de tous ceux et toutes celles qui font vivre un syndicalisme véritable, de luttes et autonome, malgré les poursuites judiciaires, les arrestations, le harcèlement étatique.

    Les poursuites et harcèlements contre les cadres syndicaux du SNAPAP et de la CGATA continuent !

    Après les harcèlements dans les wilayas d’El-Bayad et M’sila c’est le tour cette fois-ci de ceux du grand sud. Abdelkader Hamaoui, membre fondateur de la CGATA (Confédération Générale Autonome des Travailleurs en Algérie), et président du Bureau régional du grand sud subit de multiples pressions et harcèlements de la part de services de sécurité pour non collaboration avec ces derniers, par rapport à son activité syndicale, sa défense des droits de l’homme, et sa participation au mouvement anti gaz de schiste. Abdelkader est connu par son honnêteté et sa sincérité dans le combat militant !

    En sa qualité de représentant du SNAPAP et de la CGATA au grand sud, Hamaoui avait dénoncé le harcèlement sexuel dont ont fait l’objet deux femmes cadres à Air Algérie. Ces femmes subissent aujourd’hui des pressions allant jusqu’à leur demander de quitter leur logement de fonction.

    La Confédération Générale Autonome des Travailleurs en Algérie CGATA, et le SNAPAP, dénoncent énergiquement ces harcèlement et ses pressions exercés contres les syndicalistes autonomes et des défenseurs des droits de l’homme. La CGATA et le SNAPAP, réitèrent leurs engagements à défendre leurs cadres syndicaux, et tous les militant-es pour les causes justes, et interpellent l’opinion nationale et internationale à poursuivre les efforts pour la protection des syndicalistes et des militants autonomes.

    Source : - www.solidaires.org

    17 février 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-harcelement-continuel

  • Israël assoiffe les Palestiniens (UJFP)

    Dans le nord de la Vallée du Jourdain, la semaine dernière, les forces israéliennes ont détruit une conduite d’un kilomètre de long installée qui fournissait de l’eau aux communautés palestiniennes.

    A l’Est de Jérusalem, des dizaines de milliers de Palestiniens ont été privés d’un approvisionnement régulier en eau courante pendant près d’un an. A Gaza, l’infrastructure de l’eau a été détruite et dans les foyers qui reçoivent encore de l’eau, elle n’est pas potable. L’eau et qui la contrôle sont devenus un élément clé de l’occupation d’Israël dans les territoires palestiniens, l’Est de Jérusalem et Gaza, dans une lutte constante pour la ressource vitale.

    Avant la naissance d’Israël, Chaim Weizmann, qui allait devenir le premier président du pays, a dit en 1919 : "[Il est] d’une importance vitale non seulement de prendre toutes les ressources en eau alimentant déjà le pays, mais aussi de contrôler leur source." Rafael Eitan, chef de cabinet et ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, a déclaré quelques années plus tard : "Israël doit s’approprier la Cisjordanie pour veiller à ce que les robinets de Tel Aviv ne soient jamais à sec."

    L’actuel Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré en 1998 : "Et quand je parle de l’importance de la sécurité d’Israël (...), cela veut dire qu’une ménagère à Tel Aviv peut ouvrir le robinet et elle a l’eau courante, et qu’elle n’est pas tarie à cause d’une décision inconsidérée qui aurait cédé le contrôle de nos aquifères aux mauvaises mains."

    En 1967, l’année du début de l’occupation [de la Cisjordanie , ndt], Israël a mis en action le plan dont Weizmann avait parlé dès 1919.

    Toutes les ressources palestiniennes en eau ont été déclarées "Propriété de l’Etat israélien" et les Palestiniens ont dû demander des autorisations pour développer cette ressource. Une trentaine d’années après, les Accords d’Oslo ont été signés, censés mettre un terme à la situation. 20 ans plus tard, il est clair qu’ils ont au contraire officialisé et légitimé un régime discriminatoire existant - un régime toujours en place aujourd’hui.

    En Cisjordanie , le Jourdain, l’une des principales sources d’eau, a été détourné en amont dans le lac de Tibériade (ou lac de Kinneret ou Mer de Galilée) à l’intérieur d’Israël, tandis que l’accès à ses berges est interdit aux Palestiniens. Les Palestiniens ont accès à un cinquième de l’aquifère de montagne, l’autre source principale, alors qu’Israël se taille la part du lion.

    Le mur de séparation, les barrages routiers, les checkpoints et autres "mesures de sécurité" israéliennes restreignent encore davantage l’accès des communautés palestiniennes aux ressources en eau et aux points d’approvisionnement. Pendant ce temps, les colons israéliens vivant sur le même territoire ont de l’eau en abondance ; la consommation des plus de 500.000 colons israéliens en Cisjordanie est environ six fois plus élevée que celle des 2,6 millions de Palestiniens.

    Pour augmenter des stocks insuffisant, les Palestiniens doivent acheter l’eau à la compagnie nationale israélienne de l’eau Mekorot - cette même eau qu’Israël extrait de l’aquifère de montagne et que les Palestiniens devraient être en mesure d’extraire pour eux-mêmes.

    Jamal Juma, coordinateur de la Campagne Stop The Wall, un organisme qui fait partie d’un réseau de groupes qui contestent Mekorot, a déclaré : "Le vrai problème de l’eau en Palestine n’est pas sa rareté. Il y a plus de précipitations annuelles à Ramallah qu’à Londres et la consommation d’eau par habitant en Israël est plus élevée que la consommation moyenne en Europe. Le problème de l’eau en Palestine est créé par Israël, par le vol systématique de l’eau et le déni d’accès à l’eau. Mekorot est l’acteur central qui met en œuvre ce que nous appelons l’apartheid de l’eau d’Israël."

    Pour les résidents de Jérusalem Est, la situation est légèrement différente. Jérusalem-Est est tombée sous juridiction israélienne après qu’Israël a annexé l’ensemble de la ville. Les Palestiniens jérusalémites paient des impôts à Israël et ont donc techniquement droit aux services de santé israéliens, aux prestations sociales et aux services municipaux - dont l’eau courante. Toutefois, les quartiers de Ras Shehada, Ras Khamis, Dahyat A’salam et le camp de réfugiés de Shuafat souffrent d’une sévère crise de l’eau depuis mars 2014, lorsque les habitants ont passé trois semaines sans eau. Ils sont obligés d’acheter de l’eau en bouteille à un coût élevé et doivent restreindre leur consommation en utilisant des pompes électriques et des conteneurs industriels.

    A Gaza, l’infrastructure de l’eau est en ruine à la suite des guerres à répétition et du blocus qui empêche les réparations et l’entretien.

    A la fin des derniers bombardements de cet été, au moins 26 puits ont été complètement ou partiellement détruits, tandis que 46km de réseaux d’approvisionnement en eau étaient endommagés, selon un rapport de l’Autorité palestinienne de l’eau. Le réseau de distribution d’eau a subi des dommages estimés à 34,4 millions de dollars.

    Le traitement des eaux usées est un autre problème de longue date dans la Bande de Gaza. Nombre de résidents ne sont pas reliés à un système d’égout et les eaux usées domestiques coulent dans des fosses d’aisance qui contaminent les eaux souterraines. Les pénuries d’électricité et les dommages aux structures de traitement de l’eau au cours de l’Opération Plomb Durci, l’offensive militaire israélienne de fin 2008-début 2009, ont aggravé la situation - quelques 90 millions de litres d’eaux usées non traitées se jettent dans la Méditerranée chaque jour.

    Avant la dernière attaque, 97 pour cent des résidents de Gaza étaient reliés à un réseau d’eau public.

    Cependant, 90 pour cent de celle-ci était impropre à la consommation et les résidents étaient donc obligés d’acheter de l’eau traitée dans les usines gouvernementales ou privées, ou des usines gérées par des organismes de bienfaisance. Le système public de l’eau permet que les ménages aient l’eau courante ; cependant, les coupures d’électricité et de carburant empêchent le pompage de l’eau pour l’injecter dans le réseau.

    L’accès à l’eau est une ressource hautement politisée et manipulée en Palestine.

    Parce que les communautés palestiniennes souffrent - que ce soit à cause de la destruction de leurs puits, parce que l’eau n’arrive pas aux robinets ou que les eaux usées se jettent dans les rues - il est évident qu’en Palestine, l’eau n’est pas un droit.

     

    Cisjordanie occupée - 13 février 2015  Par Jessica Purkiss

    Source : Middle East Monitor

    Traduction : MR pour ISM

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3892

  • Entretien avec Pierre Stambul à paraître dans un journal algérien. (UJFP)

    1) Les positions de Roger Hanin en faveur de l’indépendance de l’Algérie, du temps du colonialisme français, et l’hommage qui a été rendu par le président Abdelaziz Boutéflika, après son décès, prouvent que l’Algérie n’est pas hostile aux Juifs, mais au sionisme qui occupe la Palestine. Un mot autour de ça ?

    La présence des Juifs au Maghreb est antérieure à l’arrivée des Arabes. La plupart d’entre eux étaient descendants de Berbères convertis au judaïsme. D’autres sont les descendants des Juifs chassés d’Espagne en 1492. Les Juifs maghrébins ont vécu en paix avec leurs voisins musulmans pendant des siècles. Il n’y a jamais eu au Maghreb d’expulsions, de spoliations ou de massacres contre les Juifs contrairement à ce que l’Europe chrétienne a souvent connu. En 1870, à l’époque du colonialisme français, le décret Crémieux a donné aux Juifs algériens la nationalité française. Les Juifs qui étaient autochtones ont été assimilés au colonisateur et artificiellement séparés de la population musulmane à qui cette nationalité a été refusée. Au moment de l’indépendance algérienne, la plupart des Juifs (mais pas tous) sont partis vers la France et plus rarement vers Israël. Il est fondamental que les Juifs maghrébins retrouvent la culture, la musique, la cuisine, les odeurs, les lieux qui correspondent à leur histoire et leurs racines. Il est tout aussi fondamental que l’Algérie retrouve sa part juive et recherche les traces de la présence séculaire des Juifs dans ce pays.

    2) Roger Hanin, Fernand Yveton et d’autres, ont prouvé que des Juifs anticolonialistes existent, au même titre que les musulmans et chrétiens. Un mot autour de ça, également ?

    Les Pieds Noirs n’ont pas tous été pour l’OAS et les Juifs n’ont pas tous été contre l’indépendance de l’Algérie. Il est important que l’Algérie célèbre, avec les centaines de milliers de victimes de la guerre d’indépendance, le courage de Maurice Audin, torturé à mort par les hommes du Général Aussaresses, le combat des « porteurs de valise », les risques incroyables pris par des Européens ou des Juifs qui sont allés au bout de leurs convictions contre le colonialisme. Je citerai plusieurs Juifs : Henri Curiel, Henri Alleg, William Sportisse. Je conseille d’ailleurs aux lecteurs de lire le livre autobiographique de William Sportisse (« Le camp des oliviers ») qui raconte des décennies de lutte anticoloniale dans la région de Constantine. À l’Union Juive Française pour la Paix, nous comparons souvent le combat des « porteurs de valise » (dont certains étaient juifs) à celui des anticolonialistes israéliens qui soutiennent les droits du peuple palestinien.

    3) Quels liens gardent encore les Juifs d’Algérie avec leur pays d’origine ?

    On ne peut pas généraliser. Beaucoup ont la nostalgie, le besoin d’aller visiter les endroits où leurs ancêtres ont vécu ou de fleurir les cimetières. Quelqu’un comme Roger Hanin a toujours considéré que l’Algérie était son pays.  En même temps, dans le climat d’islamophobie assez répugnant que connaît la France aujourd’hui, les Juifs français originaires du Maghreb sont des « cibles ». Certains occultent leurs origines berbères, prétendent que les Juifs maghrébins ont été persécutés et tiennent des propos racistes.

    4) Les Juifs hostiles au sionisme et à l’occupation de la Palestine sont-ils persécutés en Israël et en France ?

    En France, le problème n’est pas la répression mais plutôt l’ignorance. Pour les médias, c’est plus simple si les Musulmans sont pour la Palestine et les Juifs pour Israël. L’existence de Juifs antisionistes pose la question de la guerre du Proche-Orient, non pas en termes de religion, d’origine ou de communauté, mais en termes de refus du colonialisme, de lutte contre l’apartheid et de « vivre ensemble dans l’égalité des droits ». Pendant longtemps, les médias nous ont ignorés. Ils commencent doucement à nous donner la parole.


    En Israël, le pays se définit comme un « Etat juif ». Les non Juifs n’ont aucun droit mais, en principe, le pays est « démocratique » pour les Juifs. Les Israéliens anticolonialistes peuvent s’exprimer, y compris dans la presse, mais on observe un durcissement certain : les refuzniks (ceux qui refusent l’armée) vont en prison. Les manifestations de soutien aux Palestiniens sont souvent attaquées. Des lois sont votées pour criminaliser tout appel au boycott d’Israël. Nos camarades israéliens nous décrivent l’ambiance étouffante d’une société raciste et certains sont tentés de partir.

    5) Le Premier ministre Nétanyahou a réitéré son appel aux Juifs pour s’installer en Israël après les attentats terroristes de Paris et de Copenhague. S’agit-il d’une tentative de récupération politique ?

    C’est une infamie. Le sionisme n’a jamais lutté contre l’antisémitisme, il s’en nourrit. Il ne défend pas les Juifs, il les met volontairement en danger. Les Juifs français ont derrière eux une longue histoire de lutte pour la citoyenneté et l’égalité. Ils ont joué un rôle important dans la résistance contre le nazisme et dans les luttes anticoloniales. Et voilà un chef d’Etat étranger qui vient de commettre de nombreux crimes de guerre à Gaza qui arrive sur notre territoire pour nous expliquer que nous sommes des touristes et que nous avons mal compris, notre pays c’est là-bas. Il nous pousse à quitter notre pays pour aller voler des terres palestiniennes.

    Le sionisme a toujours affirmé que Juifs et non Juifs ne peuvent pas vivre ensemble (ni en France, ni au Proche-Orient). Son seul but a toujours été de pousser les Juifs à partir en Israël. Cette stratégie n’est pas seulement criminelle contre les Palestiniens. Elle est suicidaire pour les Juifs.

    Comble de la récupération : les victimes de l’attentat antisémite de Paris ont été enterrées au cimetière de Givat Shaul. Ce « nouveau quartier » de Jérusalem s’appelait autrefois Deir Yassine, le principal village palestinien martyr où, le 9 avril 1948, les milices de l’Irgoun dirigées par Menahem Begin ont massacré toute la population civile. Quel symbole !

    5) Les attentats terroristes de Paris ont-ils servi les intérêts politiques de Nétanyahou ?

    À l’évidence les actes de Daesh ou d’autres groupes semblables servent les intérêts de ce que ces terroristes prétendent combattre. Les sionistes ont toujours affirmé que juif=sioniste et ils sont devenus les élèves modèles du « choc des civilisations ». En s’en prenant aux Juifs parce que Juifs et en profanant l’Islam, des groupes comme Daesh veulent nous entraîner vers une guerre que nous devenons absolument refuser.
    Contre cette logique de mort, nous devons mener ensemble un combat contre tous les racismes : le racisme antiRom, antiArabe, antiNoir, antisémite, antimusulman …

    Pierre Stambul
    Coprésident de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) lundi 16 février 2015

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3894

  • Israël contre les Juifs (UJFP)

    picassocore.thumbnail.jpg

    C’est un refrain bien établi. Vous critiquez Israël et le sionisme ? Vous êtes antisémite !

     

    Un Juif français veut pouvoir « vivre son judaïsme » ? On l’invite à faire son « alyah » et à apporter sa pierre à la colonisation de la Palestine. On essaie de nous marteler que l’histoire des Juifs s’est achevée et qu’Israël en est l’aboutissement. Israël fonctionne comme un effaceur de l’histoire, de la mémoire, des langues, des traditions et des identités juives. La politique israélienne n’est pas seulement criminelle contre le peuple palestinien. Elle se prétend l’héritière de l’histoire juive alors qu’elle la travestit et la trahit. Elle met sciemment en danger les Juifs, où qu’ils se trouvent. Et elle les transforme en robots sommés de justifier l’injustifiable

    Retour sur un passé récent
    L’histoire des Juifs français n’a strictement rien à voir avec Israël. Régulièrement spoliés, massacrés ou expulsés par différents rois très chrétiens, les Juifs ont acquis la citoyenneté française avec l’Abbé Grégoire pendant la Révolution. Ces deux derniers siècles ont été marqués par une quête de la citoyenneté et de l’égalité des droits. L’affaire Dreyfus a révélé que, si une partie de la société française était antisémite, une autre partie, finalement majoritaire, considérait que l’acquittement et la réhabilitation de Dreyfus étaient l’objectif de tous ceux qui étaient épris de liberté et refusaient le racisme. L’histoire des Juifs français a été marquée par leur participation importante à la résistance contre le nazisme et le régime de Vichy, puis par l’engagement de nombre d’entre eux dans des luttes progressistes et/ou anticoloniales. Les intellectuels juifs de cette époque s’appelaient Raymond Aubrac, Marc Bloch, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet, Stéphane Hessel. C’était une époque où beaucoup de Juifs pensaient que leur propre émancipation passait par celle de tou-te-s. C’était une époque où le racisme, le fascisme et la haine de l’autre étaient considérés comme des abjections à combattre. Les enfants juifs allaient à l’école publique, jamais il ne leur serait venu à l’idée de se séparer des autres dans des écoles confessionnelles.


    On s’efforce aujourd’hui en Israël d’effacer l’histoire des Juifs dans les différents pays où ils ont vécu. Si les Juifs ont longtemps été considérés par les antisémites en Europe comme des parias inassimilables et s’ils ont été persécutés parce qu’ils constituaient un obstacle aux nationalismes fous qui rêvaient de sociétés ethniquement pures, ils n’ont jamais recherché la séparation mais au contraire l’insertion à l’intérieur des sociétés dans lesquels ils vivaient.

    Une assignation à la désertion
    On fait un saut de quelques années. En tête d’une gigantesque manifestation parisienne censée dénoncer le terrorisme, on trouve trois criminels de guerre, Nétanyahou, Lieberman et Bennet qui viennent de s’illustrer dans le massacre de plus de 2000 Palestinien-ne-s (essentiellement des civil-e-s) à Gaza pendant l’été 2014. Profitant de l’émotion causée par l’attentat antisémite de la Porte de Vincennes, Nétanyahou est autorisé (par le gouvernement français) à déclarer aux Juifs français qu’ils sont en insécurité en France et qu’ils doivent partir dans leur « vrai » pays, Israël.


    En fait, le sionisme n’a jamais combattu l’antisémitisme.

    Il s’en est toujours nourri avec en permanence un seul et unique but : faire immigrer le maximum de Juifs en Israël. Du coup, Nétanyahou n’hésite pas à mettre en danger les Juifs français. Il en fait des étrangers dans leur propre pays, des « touristes » qui n’ont pas compris que leur « patrie » est là-bas. Les Juifs sont sommés d’être des « traîtres » (à la seule et unique cause, celle du Grand Israël de la mer au Jourdain) ou des complices. La France a toujours été un échec pour Israël : à peine 80000 Juifs sont partis depuis 1948 et une moitié est revenue. Alors la propagande se fait assourdissante. Pourtant, s’il y a bien un pays où les Juifs sont en insécurité, c’est Israël et il sera ainsi tant que la destruction de la Palestine se poursuivra.


    À « l’alyah » (la montée) des vivants vers Israël, s’ajoute à présent celle des morts. Les autorités israéliennes incitent vivement les Juifs français à faire enterrer leurs proches en Israël. Ainsi les victimes de la tuerie de la porte de Vincennes ont été inhumées au cimetière de Givat Shaul. Ce « quartier » de Jérusalem, c’est l’ancien Deir Yassine, le village martyr de la guerre de 1948 où les milices de l’Irgoun dirigées par Menachem Begin ont massacré toute la population avant que le village ne soit, comme tant d’autres, rayé de la carte. Quel symbole !

    Israël à l’avant-garde de l’islamophobie
    Les Juifs ont vécu pendant des centaines d’années dans le monde musulman. Ils ont même été accueillis par l’empire ottoman après leur expulsion d’Espagne en 1492. Aujourd’hui, Israël participe à la diabolisation des Arabes et des musulmans en se comportant en élève modèle du « choc des civilisations ». Le racisme anti-arabe et l’islamophobie s’expriment ouvertement, des politiciens en ont fait leur fond de commerce et les passages à l’acte sont fréquents. Les crimes de masse comme à Gaza ou la multiplication des propos racistes (Pour le rabbin Rosen, les Palestiniens sont des Amalécites et la Torah autorise qu’on les tue ainsi que leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux) laisseront des traces. Comment imaginer que ce qui est infligé aux Palestiniens sera sans conséquences ?
    En Israël, des propagandistes rivalisent pour expliquer que les Juifs ont vécu l’enfer dans le monde musulman, masquant le fait que l’antisémitisme a été avant tout une invention européenne et chrétienne. Les Juifs orientaux subissent en Israël des discriminations sociales et un mépris raciste. Ils ont souvent été humiliés et discriminés à leur arrivée. Ils sont coupés de leurs racines et poussés à renier leur identité. L’expulsion des Palestiniens de 1948 est présentée comme un « échange de population » alors que le sionisme est le principal responsable, et de la Nakba, et du départ des Juifs orientaux de leurs pays.

    Qu’y a-t-il de juif en Israël ?
    Les sionistes ont théorisé l’idée que les Juifs et les non-Juifs ne peuvent pas vivre ensemble. C’est totalement contraire à tout ce qui s’est passé pendant des centaines d’années. Cela va à l’encontre de l’aspiration des Juifs à sortir des ghettos, des mellahs et des juderias pour devenir des citoyens normaux.


    Les Juifs religieux qui émigrent en Israël y rencontreront rarement la religion telle qu’elle a été pratiquée pendant des siècles. Le courant national-religieux s’est imposé. Ce courant intégriste a totalement révisé la religion. Le « peuple élu », ça n’a jamais voulu dire qu’il a plus de droit que les autres mais au contraire qu’il a plus de devoirs. Parmi les préceptes, il y a « ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse » et « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». « L’an prochain à Jérusalem », ça n’a jamais voulu dire qu’il faut réaliser le nettoyage ethnique en cours, mais « vivement que le Messie vienne ». L’hébreu a toujours été une langue religieuse interdite à l’usage profane. La religion juive est une religion de « l’exil ». L’installation sur cette terre (d’Israël/Palestine) avant l’arrivée du Messie et a fortiori l’établissement d’un Etat juif étaient interdits. D’ailleurs les Juifs expulsés d’Espagne en 1492 ne sont pas allés à Jérusalem. Herzl a rencontré une hostilité quasi unanime des rabbins contre le projet sioniste dès qu’il a été question d’établir un État juif en Palestine.
    Pour les Juifs laïques, les valeurs dominantes d’Israël sont à l’antithèse de ce que sont pour eux les valeurs du judaïsme. Où trouve-t-on dans la tradition juive le racisme, le chauvinisme, le militarisme, le négationnisme de l’existence et de la dignité de l’autre ? Qu’y a-t-il de commun entre ce qu’ont représenté les grands intellectuels juifs (Einstein, Freud, Arendt, Kafka, Benjamin …) et les criminels de guerre qui dirigent Israël ? Qu’est devenue en Israël la mémoire de celles et ceux qui ont lutté contre le fascisme et le colonialisme (Marek Edelman, Abraham Serfaty, Henri Curiel …) ? De quel héritage juif peuvent se prévaloir les colons et les militaires qui justifient à l’avance les violences et les crimes commis contre les Palestiniens ?


    Comme l’écrit l’historien israélien Shlomo Sand à propos du livre de Yakov Rabkin Comprendre l’État d’Israël, « celui qui voit dans le sionisme une continuation du judaïsme ferait bien de lire ce livre. Mais celui qui croit que l’État d’Israël est un État juif est obligé de le lire ».
    Certains Juifs pensent qu’après le génocide nazi, Israël est l’ultime refuge. Au nom de quoi les dirigeants israéliens peuvent-ils brandir partout l’antisémitisme et le souvenir du génocide ? Les sionistes n’ont joué qu’un rôle marginal dans la lutte contre l’antisémitisme et la résistance au nazisme. Certains dirigeants sionistes ont même eu un comportement honteux pendant la montée du fascisme (Ben Gourion avec les accords de Haavara, 1933) et à l’époque de l’extermination (le groupe Stern assassinant des soldats et des dignitaires britanniques). Comment ne pas comprendre que la mémoire du génocide signifie « que cela n’arrive plus jamais » et pas « que cela ne NOUS arrive plus jamais », ce qui correspond à une vision tribale de l’humanité totalement contraire à toutes les formes d’héritage juif.

    Refuser l’assignation et la peur, refuser toutes les formes de racisme et de discrimination.
    Il y a des confrontations qui ont du sens : les luttes contre l’oppression, la domination, le colonialisme, pour l’égalité des droits. On nous vend aujourd’hui une guerre qui n’est pas la nôtre : celle d’un monde dit « civilisé » contre le « terrorisme islamique ». Dans cette « guerre », les musulmans sont considérés comme des terroristes en puissance et sont sommés de « prouver » qu’ils ne sont pas des complices de Daesh.


    Et les Juifs sont assignés à soutenir sans réserve une politique israélienne criminelle contre les Palestiniens et suicidaire pour les Juifs.
    Cette fuite en avant criminelle tient par la peur. Ce syndrome assure le consensus à un point tel qu’un négociateur palestinien (le professeur Albert Aghazarian) a pu dire que les Israéliens ont peur de ne plus avoir peur. Cette peur irrationnelle a gagné beaucoup de Juifs français.
    Dans le contexte du « choc des civilisations », prétexte des dominants pour ensanglanter le monde, il y a en France une montée générale de toutes les formes de racisme. Contrairement à l’image fabriquée par les principaux médias, le racisme frappe essentiellement tous les « dominés », toutes les victimes de l’apartheid social : Arabes, Noirs, Roms. Il prend une nouvelle tournure en se masquant derrière l’islamophobie. Comme il n’est plus politiquement correct de dire « sale arabe », on diabolise l’islam.
    Il y a aussi une incontestable et détestable montée de l’antisémitisme. Mais les différentes formes de racisme ne sont pas traitées de la même façon.


    Les dirigeants israéliens et en France le CRIF, participent activement à la stigmatisation des musulmans. Ils affirment contre toute évidence qu’il n’y a qu’un seul racisme à dénoncer (l’antisémitisme) et qu’on est à la veille d’une nouvelle « nuit de cristal ». Ils font apparaître les Juifs comme ceux que le pouvoir protège alors que l’idéologie sécuritaire, les déclarations des principaux dirigeants et le travail nauséabond de pseudo intellectuels, visent une seule population déclarée dangereuse.
    Les stéréotypes antisémites se nourrissent aussi de la complicité du CRIF avec la politique israélienne et de la partialité évidente du pouvoir. À l’heure des confusions, l’indignation légitime contre les crimes israéliens fait monter l’antisémitisme et les quelques paumés attirés par la violence effroyable de Daesh commettent des attentats criminels contre les Juifs parce que Juifs.

    La lutte contre le racisme ne peut pas être découpée. Choisir certaines « bonnes » victimes contre d’autres est à l’antithèse du combat antiraciste. La politique israélienne et la négation totale des droits du peuple palestinien ne protègent absolument pas les Juifs. Au contraire. Pour créer l’Israélien nouveau, il a fallu « tuer le Juif », celui qui pensait que son émancipation passait par celle de l’humanité. Comme le dit le militant israélien anticolonialiste Eitan Bronstein : « nous ne serons jamais libres tant que les Palestiniens ne le seront pas ». En refusant le tribalisme, les Juifs français réaffirmeront une histoire dont ils peuvent être fiers.
    C’est tou-te-s ensemble qu’il faut combattre tous les racismes, toutes les stigmatisations, toutes les discriminations. C’est tou-te-s ensemble qu’il faut défendre le droit, en Palestine comme ici.

    Pierre Stambul jeudi 19 février 2015

  • « L’État Islamique en Irak et au Levant (Daech) n’est pas une simple bande de tueurs sanguinaires sans objectif et sans stratégie » (Essf)

    L’État Islamique en Irak et au Levant (Daech) n’est pas une simple bande de tueurs sanguinaires sans objectif et sans stratégie.

    Il s’agit d’une entité politique et militaire qui s’appuie sur un système économico-social bien huilé (grâce, notamment, à l’argent du pétrole). Qui plus est, Daech a développé une véritable stratégie de communication politique destinée à susciter l’adhésion au-delà des territoires sous son contrôle, qui passe notamment par des prises d’otages… et des exécutions.

    Otages japonais

    Au cours des dernières semaines, l’État islamique a ainsi annoncé la capture, puis l’exécution, de deux otages japonais. Dans une des vidéos adressées au gouvernement japonais, Daech a exigé le verse- ment d’une rançon de 200 millions de dollars, une revendication qui a pu surprendre dans la mesure où l’organisation est largement auto-financée. Selon Jérôme Fritel, auteur d’un reportage sur Daech diffusé le 10 février sur Arte, le groupe aurait ainsi sous son contrôle «  à peu près 15 % du PIB irakien, c’est-à-dire environ 35 milliards d’euros, ce qui correspond à peu près au budget de la défense de la France ».

    La somme de 200 millions de dollars correspond en réalité précisément au montant versé par le gouvernement japonais à la coalition dirigée par les États-Unis pour soutenir les opérations militaires contre l’EI. Ainsi, bien que le Japon ne participe pas directement aux bombardements, il est à son tour désigné comme un ennemi qui doit s’attendre à payer le prix de sa collaboration avec Washington. Les otages japonais ont ainsi connu le même sort que les Étatsuniens Steven Sotloff et James Foley, exécutés dans des conditions similaires en 2014.

    Pilote jordanien

    Quelques jours plus tard, c’est un jeune pilote jordanien qui était à son tour exécuté, dans une macabre mise en scène vidéo : vêtu d’une combinaison orange (la même que celle des prisonniers de Guantánamo), trimballé sur le lieu de ce qui semble être un bombardement de la « coalition », le pilote est ensuite placé dans une cage dans laquelle il est brûlé vif. Cette fois, l’EI exigeait la libération de prisonniers « djihadistes » (également évoqués dans les vidéos concernant les otages japonais), notamment Sajida al-Richawi, condamnée à mort en Jordanie pour sa participation supposée à une vague d’attentats en 2005.

    Au travers de cette prise d’otage, c’est la Jordanie elle-même qui était visée, en tant que pays allié de la coalition dirigée par les États-Unis. Daech entend en effet dénoncer les États directement impliqués, qu’ils soient occidentaux ou arabes. Le message de l’EI est clair, et a vocation à être entendu non seulement en Occident mais aussi dans le monde arabe : «  si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous ». Une rhétorique qui fait écho à celle du « choc de civilisation », développée après le 11 septembre 2001 par l’administration étatsunienne et reprise en chœur dans la majorité des pays occidentaux.

    Pris en otage entre les politiques impérialistes des grandes puissances et de leurs alliés locaux et le projet totalitaire de Daech, qui se nourrissent mutuellement, les peuples du Moyen-Orient ont ainsi besoin de notre soutien, à l’instar des Kurdes de Kobané dont la récente victoire militaire face à Daech est la première bonne nouvelle qui nous soit parvenue de cette région depuis de longs, trop longs, mois.

    Julien Salingue 12 février 2015

    * « Daech  : Retour sur la stratégie de l’État islamique ». L’Hebdo L’Anticapitaliste - 276 (12/02/2015). http://www.npa2009.org/