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  • Nouveautés AFPS

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    Regards israéliens sur la société palestinienne : Thomas Vescovi, chercheur en histoire contemporaine

    Est Républicain, vendredi 13 février 2015
  • Lannion, Conférence-débat avec Michel Warschawsky (Afps)

     

    Conférence-débat avec Michel Warschawsky

    Mardi 24 février à 20h30 Mezzanine des Ursulines à LANNION

    L’Association France-Palestine Trégor aura l’honneur d’accueillir

    Michel WARSCHAWSKY grand militant israélien pour la Paix

    pour une conférence sur:

    "Le conflit israélo-palestinien et la stratégie du choc des civilisations"

    Né en 1949 à Strasbourg, Michel Warschawski est un journaliste et militant pacifiste israélien, cofondateur et président du Centre d’information alternative de Jérusalem. Anti-sioniste, il souhaite le remplacement d’Israël comme État juif par un État binational.

    Le Centre d’information alternative (AIC) qu’il a créé en 1984, rassemble plusieurs mouvements pacifistes israéliens et organisations palestiniennes. Le but de ce centre est de fournir aux organisations internationales et aux missions diplomatiques une analyse détaillée de la situation et de ses impacts sur le plan économique et social, ainsi qu’en informant la population. Le Centre d’information alternative a été récompensé en décembre 2012 par le prix des droits de l’homme de la République française.

    En 1989, il est condamné à vingt mois de prison ferme pour « prestations de services à organisations illégales », pour avoir imprimé des tracts relatifs à l’organisation palestinienne Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) de Georges Habache.

    Chroniqueur dans le journal satirique Siné Hebdo, il était membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine (http://www.russelltribunalonpalestine.com/en/) dont la première session internationale a été organisée en mars 2010 (Barcelone) et la dernière en mars 2013 (Bruxelles).

    Bibliographie sélective :

    Un autre Israël est possible (avec Dominique Vidal), Les Éditions de l’Atelier, 2012, 176 p. Au pied du mur, Éditions Syllepse, 2011 Destins croisés — Israéliens-Palestiniens, l’histoire en partage, Riveneuve, 2009 Israël-Palestine que se passe-t-il ?, La Fabrique, 2008 Programmer le désastre — La politique israélienne à l’œuvre, La Fabrique, 2008 À tombeau ouvert — La crise de la société israélienne, La Fabrique, 2003 À contre chœur - Les voix dissidentes en Israël (avec Michèle Sibony), Textuel, 2003

    http://www.france-palestine.org/Conference-debat-avec-Michel-Warschawsky

  • La jeunesse tunisienne entre déception et engagement (Orient 21)

    Première rencontre Orient XXI à Tunis

    Quatre ans après les soulèvements de 2011, que devient la jeunesse arabe ? Cette question a été le thème d’une rencontre organisée le vendredi 6 février à Tunis par Orient XXI et le programme Wafaw. Elle a permis de mettre en lumière, notamment, le désenchantement ressenti par une grande partie des jeunes Tunisiens, qui ne se retrouvent pas dans le paysage politique qui a émergé depuis la chute de Zine el-Abidine Ben Ali.

    Sous le titre «  Après les révolutions, les jeunes toujours à la marge  ?  », la manifestation a attiré un public important et suscité un nombre conséquent de questions et de commentaires. Elle s’est déroulée en trois parties, indistinctement en arabe et en français, elles-mêmes précédées par une présentation d’Orient XXI.

    Le nombre de diplômés chômeurs ne cesse d’augmenter

    Le premier panel intitulé «  Conditions économiques et contestations sociales  » a fait le constat d’une jeunesse tunisienne désenchantée, pour ne pas dire désemparée. Citant une étude de terrain récente, la politologue Olfa Lamloum, membre de l’équipe d’Orient XXI-Tunis, a indiqué que 90 % des jeunes interrogés avaient répondu par la négative à la question «  Votre situation s’est-elle améliorée depuis la chute du régime de l’ex-président Ben Ali  ?  » La chercheuse a aussi insisté sur «  une baisse de moral inquiétante au sein de la jeunesse tunisienne  ». Un propos confirmé par Salem Ayari, de l’Union des diplômés chômeurs (UDC). «  Le nombre de diplômés chômeurs n’a pas cessé d’augmenter depuis 2011  », a-t-il ainsi relevé. «   Les dégâts provoqués par cette situation sont énormes, à commencer par une persistance de l’émigration clandestine et la hausse de la délinquance  ». Pour Ayari, le problème structurel de la divergence entre les cursus universitaires et les besoins du monde du travail reste entier. «  Nous voulons un dialogue national sur ce sujet. Et cela passe aussi par une réflexion sur le modèle économique tunisien car c’est cela qui détermine le type d’emplois auxquels l’université doit préparer  », a-t-il plaidé.

    Le thème de la désespérance de la jeunesse tunisienne est revenu à plusieurs reprises dans les interventions. Alaa Talbi, du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes) a lui aussi insisté sur «  l’échec de l’instance éducative  » et rappelé que les revendications socio-économiques de ces jeunes sont identiques à celles qui existaient avant janvier 2011. «  70 % des suicides en Tunisie concernent des personnes âgées de moins de 35 ans. Cela suffit à résumer la situation  », a-t-il expliqué. Une situation préoccupante qui s’ajoute à un sentiment marqué de relégation et de marginalisation éprouvée par la jeunesse des quartiers populaires. Citant des études menées notamment à Hay Ettadhamoun à Tunis, Mehdi Barhoumi, de l’ONG International Alert, a mis l’accent sur le fait que les jeunes déploraient le wasm, la stigmatisation dont leurs quartiers font encore l’objet. «  Avant la révolution, ces quartiers étaient décrits comme des zones de criminalité et de délinquance marquées. Aujourd’hui, ils sont aussi vus comme des bastions du salafisme tandis que les habitants se plaignent de l’insécurité qui y règne et du manque de moyen des forces de l’ordre  ».

    Une contestation sociale toujours réprimée

    Dans un contexte de chômage élevé et de désenchantement quant aux promesses nées de la révolution de 2011, de nombreux jeunes n’ont d’autres recours que la contestation dans la rue. Une démarche qui «  demeure confrontée à la persistance de la criminalisation des mouvements sociaux  », a relevé de son côté Mariem Bribri du collectif C’est mon droit. «  Les jeunes qui manifestent dans la rue sont le plus souvent poursuivis et parfois pour des motifs plus ou moins étonnants comme celui d’avoir entonné des ‘chants irritants’ ou pour avoir commis des ‘outrages par la parole’  », a-t-elle précisé. Analysant les statistiques liées aux poursuites ayant suivi des manifestations dans la rue, Bribri a indiqué que 80 % des personnes mis en cause ont un âge compris entre 14 et 35 ans. Et de réclamer «  la fin de la criminalisation de la revendication sociale et de la répression policière  ». Des termes forts, qui ont rappelé la période de Zine El-Abidine Ben Ali et qui ont fait dire à un militant d’extrême gauche présent dans la salle que «  finalement, la seule différence avec la période de la dictature, c’est qu’aujourd’hui on peut parler plus ou moins librement de cette répression à l’encontre des jeunes et qu’on peut aussi s’organiser au grand jour pour en rendre compte  ».

    De fait, cette question de la répression renvoie aussi au rapport compliqué qu’entretient l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la très influente centrale syndicale, avec d’autres organisations, dont l’Union des diplômés chômeurs (UDC). Intervenant sur ce point, la sociologue Hela Yousfi a d’abord rappelé que «  tous les gouvernements intérimaires depuis janvier 2011 ont maintenu la criminalisation des mouvements sociaux  », notamment ceux menés par des organisations de jeunes. «  L’UGTT a toujours eu un rapport ambivalent avec l’UDC  », a-t-elle précisé. «  Cette dernière, dont les effectifs sont mobilisables pour des actions de terrain a constitué une carte de pression pour l’UGTT, qui n’a pas toujours repris à son compte les revendications de l’UDC. La centrale lui a certes offert un soutien logistique quand il le fallait mais les agendas de ces deux organisations ne sont pas les mêmes  ». Dans les mois et les années qui viennent, l’universitaire a estimé qu’il sera important de suivre «  l’émergence des nouveaux acteurs sociaux et leur prise d’autonomie vis-à-vis de l’UGTT  ».

    Les destins multiples des cyberdissidents

    Le second panel, intitulé «  Que deviennent les cyberactivistes  ?  », a fait référence à l’un des points emblématiques de la révolution de 2011 même si, comme l’a relevé Larbi Chouikha, universitaire et membre d’Orient XXI-Tunis, «  il faut se garder d’attribuer toute la paternité de la chute du régime de Ben Ali aux cyberdissidents  ». Si ces derniers ont joué un rôle actif dans la propagation de l’information et, in fine, de la contestation, le web social tunisien «  est aujourd’hui traversé par de nouveaux rapports de force avec, peut-être un effet de génération  », constate pour sa part Thameur Mekki d’Orient XXI-Tunis. Pour Amira Yahyaoui, lauréate 2014 de la fondation Chirac et — désormais — très célèbre dirigeante d’Al-Bawsala, un observatoire de la vie parlementaire tunisienne, «  les jeunes qui ont été actifs sur Internet jusqu’à la chute de Ben Ali ont été confrontés par la suite au dilemme et aux limites de la reconversion  ». Ainsi, et à quelques exceptions près, nombre d’entre eux se sont tenus à distance des partis politiques. D’autres ont créé ou rejoint des ONG et ont dû faire avec «  la dictature de la neutralité  » afin de mener à bien leur action. Dans la foulée, elle a insisté sur le fait que la liberté d’expression restait menacée en Tunisie, avec une tentation du pouvoir politique d’imposer des lignes rouges telles que celle du «  respect de l’État  ».

    Dans ce panel, les débats ont aussi porté sur la différence entre cyberdissidence et cyberactivisme. L’anthropologue Kerim Bouzuita a estimé que les internautes étant tous devenus des «  cyborgs  », autrement dit des êtres humains aux capacités amplifiées par les machines (portables, ordinateurs, tablettes…), la notion même de «  cyberactivisme  » n’est plus pertinente, le simple terme d’activisme doit s’imposer. De son côté, Lilia Weslaty, du journal en ligne Webdo a indiqué que son choix en terme d’implication au lendemain de la révolution l’a mené à finalement opter pour le journalisme au nom de la mise en place de «  contre-pouvoirs  ». Et d’asséner ces mots forts : «  Le problème, ce n’était pas Ben Ali. C’était nous tous. Nous portions tous le mal de la dictature en nous. Notre pays a besoin de contre-pouvoirs, quelle que soit la nature du régime  ».

    Parmi les interventions de ce panel, il va sans dire que celle de Sami Ben Gharbia, du blog collectif Nawaat et figure de proue de la contestation contre Ben Ali sur Internet, était très attendue. Estimant que la priorité demeurait «  la bataille de la persistance des droits  » arrachés par la révolution de janvier 2011, notamment le droit à l’expression ou à l’initiative, le blogueur a revendiqué le terme «  de cyberactiviste  » et rejeté toute obligation «  de neutralité ou d’objectivité  ». Pour Sami Ben Gharbia, la nécessité de changer la Tunisie doit obliger à se confronter avec n’importe quel gouvernement en place sachant que, dans le même temps, le cyberactivisme pèse peu face à des médias comme la télévision.

    De son côté, Skander Ben Hamda, plus connu comme «  Bullet Skan  », son pseudonyme de cyberactiviste (terme qu’il revendique aujourd’hui encore) a, à sa manière, résumé le sentiment éprouvé par toute la société tunisienne après la fuite de l’ancien président. «  Avant la chute de la dictature, les choses étaient faciles. Nous étions unis car nous voulions sa chute. Par la suite, les divisions sont apparues. Désormais, chacun suit sa voie selon un angle différent. Nous nous sommes séparés mais des choses inquiétantes commencent à nous réunir, comme les menaces contre la liberté d’expression  ». Sofiane Belhaj, autre grande figure du web tunisien — son nom de «  guerre  » étant «  Hamadi Kaloutcha  » — a quant à lui plaidé pour l’usage du terme «  cyberdissident  » rappelant au passage que certains cyberactivistes défendaient le régime de Ben Ali et que l’un d’entre eux, Firas Guefrech, était même devenu depuis un conseiller du président Béji Caïd Essebsi. Plus important encore, «  Kaloutcha  » a dénoncé le fait que «   l’argent déversé par les fondations et les chancelleries étrangères ont fait se perdre l’esprit de la dissidence  ». Et de citer le cas de faux cyberdissidents, apparus comme par enchantement après la chute de Ben Ali et qui ont su capter à leur profit les aides proposées par de généraux donateurs. «  Certains de ceux qui croisaient le fer avec le régime ont quitté le pays, écœurés par le fait que des usurpateurs tiennent le haut du pavé avec leur ONG créée pour l’occasion  ».

    Ce panel, on s’en doute, a soulevé de nombreuses questions et interventions dans le public. Deux d’entre elles méritent d’être signalées. Pour Anouar Moalla, expert en communication, «  l’ennemi commun aux cyberactivistes, autrement dit l’ancien régime, est toujours présent et en voie de recyclage, d’où la nécessité de continuer la lutte et de ne pas céder aux sirènes de la neutralité  ». Quant à Omeyya Naoufel Seddik, du Centre for Humanitarian Dialogue, il a appelé à s’interroger sur le décalage qui peut exister entre la «  satisfaction que peut procurer l’activisme sur le web et la réalité de son impact plus ou moins faible sur le terrain  ».

    Un échec collectif

    L’un des constats réalisés quelques mois après la chute de Ben Ali a été qu’une grande partie de la jeunesse, celle-là même qui était descendue dans la rue, se désintéressait de la politique. Introduite par les deux politologues Khadija Mohsen-Finan (Orient XXI-Tunis) et Laurent Bonnefoy (Wafaw1), la troisième et dernière séance a concerné cette thématique et c’est elle qui a généré le plus de réactions et d’interventions dans le public. Il faut dire que la question est d’importance. Comment, dans un pays où les deux tiers de la population sont considérés comme jeunes, expliquer ce manque de présence de la jeunesse dans la vie politique  ?

    Pour Fayçal Hafiane, conseiller du président Béji Caïd Essebsi, «  la jeunesse a beaucoup été mobilisée lors des campagnes électorales mais a eu tendance ensuite à déserter d’elle-même les appareils politiques  ». Selon lui, les raisons d’une telle désaffection sont à retrouver dans «  une volonté d’obtenir des postes tout de suite par manque de patience  ». Autre raison invoquée, le fait de la persistance d’une méfiance à l’égard des jeunes, à la fois dans les médias mais aussi au sein de l’opinion publique plus encline à privilégier «  la sagesse des plus anciens  ». Un avis plutôt partagé par Osama Al-Saghir, député du parti Ennahda pour qui «  l’absence des jeunes en politique est un échec d’ordre collectif  », notamment lors de l’élaboration des programmes électoraux. Le député a appelé les jeunes à s’organiser en force de proposition de manière à peser sur les choix politiques, notamment dans la perspective des prochaines élections municipales, un rendez-vous électoral d’ores et déjà très attendu et dont la date reste à déterminer (peut-être en 2016).

    Autre figure de la cyberdissidence et se qualifiant lui-même de «  militant indépendant  », Azyz Amami a souhaité inverser la manière dont le sujet est abordé. Selon lui, «  les jeunes ne croient pas au roman politique actuel et ce ne sont pas eux qui sont à la marge mais bien les partis qui n’ont plus prise sur le réel  ». Estimant que la révolution de janvier 2011 n’est pas terminée et qu’elle «  doit être considérée comme un projet à mener jusqu’à la disparition de tous les vestiges du régime déchu  » (ministère de l’intérieur compris), et cela grâce au même «  transpartisanisme  » qui a permis d’abattre la dictature de Ben Ali.

    Intervenant dans ce panel, la politologue égyptienne Chaymaa Hassabo, membre de l’équipe d’Orient XXI, a fourni des éléments de comparaison avec la situation de la jeunesse dans son pays. Les éléments qu’elle a présentés ont fait écho aux diverses interventions de la journée à l’image de la «  criminalisation de toute revendication exprimée par la jeunesse dans la rue  » ou encore «  la fabrication, par les autorités, de faux représentants de la jeunesse  ». Surtout, la chercheuse a estimé nécessaire le fait de s’interroger sur cette idée reçue selon laquelle toute la jeunesse serait «  favorable à la révolution  ». Quant à la question de savoir pourquoi les jeunes Égyptiens ne sont pas actifs en politique, Chaymaa Hassabo a répondu en guise de conclusion que c’est tout simplement «  parce qu’une bonne partie d’entre eux se trouve en prison ou dans les morgues.  »

    Enfin, c’est l’économiste Aziz Krichen qui a clos les interventions sur ce thème. L’ancien conseiller du président Moncef Marzouki a d’abord rappelé la réalité des statistiques : «  Deux tiers des électeurs ne se sentent pas concernés par le processus électoral  », a-t-il précisé, ajoutant que «  85 % des 18-35 ans n’ont pas voté en 2011  » et que cette proportion a été certainement plus élevée en 2014. La faute, entre autres, au fait que cette jeunesse ne s’est pas retrouvée dans ce qui a politiquement émergé comme structures partisanes après janvier 2011. Et de souhaiter que les principales formations politiques tunisiennes s’engagent «  dans une trêve sur le front du débat identitaire  » et que le débat porte désormais sur les questions socio-économiques telles que l’état sinistré de l’agriculture, l’habitat précaire, la mauvaise santé des entreprises et, bien entendu, le chômage des jeunes.

    1When Authoritarianism Fails In The Arab World, programme de recherche multidisciplinaire dirigé par François Burgat, dont l’équipe de chercheurs (tous arabophones) a été formée par l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo). Wafaw est financé jusqu’en 2017 par le Conseil européen de la recherche.

    http://orientxxi.info/magazine/la-jeunesse-tunisienne-entre,0809

  • Égypte : la répression pour taire la résistance (Lcr.be)

     

    Quatre ans après la chute du dictateur Moubarak, l’Égypte, croulant sous le poids de la dette (1), traverse une crise économique et sociale d’ampleur dans une situation économique mondiale défavorable.

    Le régime voit dans la répression le seul moyen de maintenir son pouvoir. Mais dans le monde du travail et dans les universités, les mobilisations ne cessent de se multiplier 

    La répression se déchaîne…

    La veille de l’anniversaire de la révolution du 25 janvier, des dizaines de manifestants ont été assassinés par les forces du régime.

    Les photos choc de l’assassinat de Shaïmaa El-Sabbagh, une militante de gauche et des droits des travailleurs d’Alexandrie, ont été relayées dans le monde entier. Shaïmaa était à la tête d’une petite manifestation pacifique et voulait déposer une gerbe de fleurs sur la place Tahrir au Caire pour commémorer les martyrs de la révolution du 25 Janvier 2011. Le lendemain, les forces de sécurité se sont acharnées contre les manifestants en tirant systématiquement des salves de chevrotine et de gaz lacrymogène. Bilan : 28 personnes ont été tuées au Caire, à Alexandrie, Damanhur, Gizeh. Rien qu’au quartier El-Matariyya, au Caire, 13 personnes sont mortes (beaucoup plus que le nombre des martyrs de la révolution le 25 janvier 2011). Ce sont les actes de répression les plus sanguinaires depuis l’élection de Abdel Fattah Sissi comme président.

    Selon un rapport publié par la Campagne Al-Horriyya Lil Jidaan (Liberté pour les Braves) (2), qui établit le bilan de la répression lors du quatrième anniversaire de la révolution, 927 personnes ont été arrêtées le 25 janvier dans différentes provinces, dont 36 mineurs, 104 femmes, 82 étudiants et 20 journalistes.

    Cette répression n’est pas une nouveauté, car elle n’a jamais cessé depuis l’avènement de Sissi au pouvoir. C’est un choix, un mode d’emploi. Touchant militants de gauche et Frères musulmans, elle a permis au régime de se débarrasser d’une partie de ses opposants en les jetant en prison. Combinée à une justice aux ordres et une « Sissi-isation » des médias, selon l’expression de Reporters Sans Frontières, elle constitue l’un des piliers du régime et lui permet de contenir la colère sociale.

    … mais la résistance continue

    La répression n’a cependant pas réussi à écraser tous les mouvements de contestation. Déjà en ce début 2015 on a enregistré plusieurs mouvements de grève dans différents secteurs, dont voici quelques exemples :

    * Le 18 janvier quelque 500 travailleurs de la distribution du pain au gouvernorat de Beheira ont organisé un rassemblement de protestation devant le Conseil des ministres pour exiger un emploi permanent.

    * Les travailleurs de la Compagnie de filature et de tissage de Mahalla ont entamé mi-janvier une grève de cinq jours pour exiger, entre autres, la cessation du harcèlement contre les dirigeants syndicaux, la démission du représentant de l’administration, une prime et l’application du salaire minimum.

    * Le 29 janvier, des travailleurs de la Société Tanta du Lin et des Huiles ont débrayé pour exiger l’exécution d’un arrêt de justice portant sur la réintégration des travailleurs mis en retraite anticipée et le retour de l’entreprise au secteur public.

    Ces grèves montrent l’énorme force potentielle de la classe ouvrière qui reste l’épine dorsale du mouvement revendicatif. Elles constituent un vrai défi au régime.

    Des mobilisations ont également lieu dans les universités.

    La magnifique manifestation de femmes suite à l’assassinat de Shaïmaa El-Sabbagh est un autre acte de défi à la machine répressive du régime.

    Un pouvoir qui reste instable

    Le FMI avait prévu une croissance de 3,8% pour l’exercice 2014/2015, il faut le dire au prix de restructurations et mesures à faire saigner les travailleurs et les couches paupérisées. Mais ces taux de croissance restent difficiles à atteindre. Et ni les discours pompeux ni les projets pharaoniques de Sissi, comme celui de doubler le Canal de Suez, ne peuvent cacher le malaise profond dans la société égyptienne.

    Rien n’est cependant totalement gagné pour la contre-révolution, quoique rien ne menace son pouvoir à court terme.

    Les forces révolutionnaires sont affaiblies, mais elles sont toujours là. Plus largement, pour ceux et celles qui ont expérimenté la répression et l’injustice, la rupture avec le régime est faite, même si elle ne s’exprime pas politiquement.

    Le chômage, la précarité, les problèmes de logement, les difficultés d’accéder aux soins, l’érosion constante des salaires, la vie chère, le musellement des libertés démocratiques et syndicales… qui étaient le détonateur de la révolution du 25 Janvier 2011 ne sont toujours pas résolus.

    Avec sa fuite en avant répressive et une politique qui ne peut mener qu’à l’appauvrissement et au non-investissement, le régime ne peut qu’élargir le champ de la contestation.

    En considérant tous les pro-Morsi comme des terroristes, il en pousse un certain nombre à rejoindre les groupes terroristes djihadistes.

    Dans ces conditions, les élections législatives prévues en mars prochain intéressent peu la majorité des Égyptiens dont le souci premier est de sortir de la misère et d’en finir avec la machine répressive.

    Notes :

    1- http://countryeconomy.com/national-debt/egypt

    http://fr.tradingeconomics.com/egypt/government-debt-to-gdp

    2- Groupement indépendant de militants politiques et juristes d’horizons divers qui travaillent depuis la fin 2013 sur la question des prisonniers et détenus politiques en Égypte.

    http://www.lcr-lagauche.org/egypte-la-repression-pour-taire-la-resistance/

  • Maroc, la Zone franche de Tanger : Zone de non-droit (cadtm)

    Le samedi 22 janvier 2015, Mohammed Charki, un ouvrier et syndicaliste à l’entreprise américaine ECI Maroc située dans la Zone Franche de Tanger Automotive (Nord du Maroc) est sauvagement agressé, insulté et tabassé par des agents de la société de sécurité privée Colinco.

    Le conflit a éclaté dès que les ouvrier-e-s ont constitué un bureau syndical pour défendre leurs droits élémentaires reconnus par le code du travail : salaire minimum, droit au repos hebdomadaire, conditions de sécurité et respect des travailleurs et travailleuses.

    Suite à cela, la direction a décidé de licencier 7 ouvriers pour stopper le mouvement. La direction n’hésite pas à recourir aux menaces, insultes et aux méthodes de terreur face aux ouvrier-e-s.

    Dans cette zone de non-droit, les entreprises n’ont plus besoin de recourir aux forces de l’ordre public, elles ont leurs propres agents de sécurité privés pour affronter toute revendication ouvrière.

    Les entreprises bénéficient du soutien de l’État qui offre des terres, des infrastructures, une main d’œuvre jeune, exploitable et corvéable, une législation suffisamment malléable pour attirer de nouvelles sociétés multinationales.

    Un nouvel Eldorado pour le capitalisme qui profite de la zone de libre échange pour faire des profits juteux avec des salaires bas, une législation du travail et des charges sociales inexistantes, un taux de chômage élevé.

    Le mercredi 4 février 2015, les agents de sécurité interviennent sauvagement pour disperser les ouvrier-e-s tenant sit-in devant l’usine. Cette intervention fait plusieurs blessés, parmi lesquels Mohamed Charki, blessé au visage. Voici les témoignages de deux ouvriers de cette usine.

    Témoignage de Safaa Bahraoui, ouvrière dans la société américaine ECI Maroc

    ECI, est une société américaine qui fabrique des câbles pour voitures, pour appareils électroniques… La société est la première usine qui s’est installée dans la nouvelle zone industrielle. Elle est située entre Tétouan et Tanger, à 40 km de Tanger et emploie environ 260 ouvriers et ouvrières.
    7 ouvriers ont été licenciés pour raison syndicale, pour avoir dénoncé les conditions de travail et réclamé l’application du code du travail.

    « J’ai été menacée par un responsable de la sécurité, insultée, ensuite il m’a fait tomber par terre. Nous avons tenu un sit-in pacifique devant l’usine pour dénoncer ce manque de respect de l’agent de sécurité de la société Clinco Service.

    Pour cela, 30 ouvriers ont été licenciés, et 30 autres sont menacés.
    Nous avons lutté pour leur retour au travail, pour les indemnisations des heures supplémentaires, pour le droit des femmes enceintes.
    Maintenant ils menacent de licencier tous les ouvriers, environ 260 pour en embaucher d’autres.
    Nous poursuivons notre lutte, pour exiger nos droits, le respect des ouvrières et ouvriers. »

    Témoignage de Ahmed Charki : ouvrier, syndicaliste

    « J’ai dix ans d’expérience dans ce secteur. Avec d’autres ouvrières et ouvriers, j’ai dénoncé les conditions de travail exécrables, l’absence de formation pour les nouveaux travailleurs. Tout de suite après, j’ai été convoqué avec une ouvrière. Je me suis retrouvé dans une voiture, menacé, tabassé puis jeté dans la nature. Une ambulance est arrivée plusieurs heures après pour constater mes blessures.
    Nos revendications :

    • l’application du code du travail ;
    • notre salaire actuel : 2100 dirhams pour 8 h de travail, mais ils nous paient 7h30 au lieu de 8h, les 30 minutes journalières de pause sont retirées de notre salaire ;
    • en ce moment nous sommes en sit-in devant l’usine, dans la zone franche ;
    • cette zone industrielle s’installe sur les terres de culture, les habitants sont menacés d’expulsion. »

    Solidarité avec notre camarade Mohamed Charki, syndicaliste, militant de l’AMDH et d’Attac Maroc et avec toutes les ouvrières et ouvriers de l’usine.

    ECI MAROC est la première usine à s’installer dans la nouvelle zone industrielle.
    Elle témoigne du nouveau visage du capitalisme sauvage mondialisé qui se croit au dessus des lois, du droit local et international. Le pouvoir marocain exproprie les paysans de leurs terres, de leur culture, de leur environnement, s’accapare leurs terres pour les céder à moindre coût à des sociétés internationales sans foi ni loi.

    À qui profite ce type de développement ?

    12 février par Souad Guennoun

    http://cadtm.org/La-Zone-franche-de-Tanger-Zone-de

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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    *
    CHAMKHI Fathi - 8 février 2015
     
      Tunisie - 11 février 2015

     Front populaire (Tunisie) - 10 février 2015

    Communiqué du Front populaire sur les protestations dans le Sud-Est de la Tunisie

     

  • Communiqué du Front populaire sur les protestations dans le Sud-Est de la Tunisie (Essf)

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    Les villes de Dhehiba et Ben Guerdane vivent depuis quelques jours une large tension populaire en raison de l’escalade sécuritaire contre les manifestations.

    Celles-ci demandent :


    * La suppression de la taxe de 30 dinars (1) décidée par le gouvernement,
    * L’annulation de la décision de fermer la frontière avec la Libye qui rend impossible la poursuite des échanges commerciaux entre les deux pays. Cette activité est en effet l’unique source de subsistance d’habitants des régions du Sud-Est et est indispensable à leur survie.

    Les forces de sécurité ont répondu aux manifestations pacifiques par un recours inacceptable à la force. Celui-ci, qui a commencé par l’utilisation des gaz lacrymogènes, s’est poursuivi par des tirs à balles réelles ayant entrainé la mort du jeune Saber Baouche et causé des blessures graves à plusieurs autres manifestants.


    Les habitants de Dhehiba ont alors répondu par l’élargissement du mouvement de protestation (marches dans les villes de Tataouine et de Ben Guerdane) poussant certains manifestant jusqu’à incendier des postes de police et quelques institutions.

    On assiste simultanément à :
    * une détérioration croissante de la situation dans la région,
    * une absence d’esprit de dialogue responsable chez les autorités locales et nationales pour dénouer la tension sociale dans plusieurs parties de la régions de Tataouine, ainsi que dans les zones de contact avec les frontières de la Libye,
    * une absence de vision claire des autorités ainsi que d’aptitude à écouter la population de la régions,
    * une incapacité des autorités à prendre immédiatement des mesures de nature à apporter des solutions.

    Dans ce contexte, le Front populaire :
    * présente ses condoléances à la famille de la victime Saber Baouche, ainsi que sa compassion envers toutes les familles des blessés dans ces événements tragiques,
    * condamne l’utilisation des balles et toutes les formes de répression brutale face à des revendications sociales légitimes et des protestation pacifiques,
    * appelle le gouvernement et les appareils sécuritaires de l’Etat à cesser immédiatement de mener leur méthode de répression par la force face aux revendications sociales légitimes,
    * appelle à ouvrir une enquête urgente pour dévoiler la vérité sur la mort du jeune Saber Baouche,

    Le Front populaire rappelle que les méthodes utilisées ne feront qu’aggraver la situation, et que le gouvernement doit accélérer la mise en œuvre d’un plan de développement d’urgence pour ces régions.

    Le Front populaire appelle les autorités locales, régionales et centrale à ne pas mettre en jeu la sécurité des Tunisiens-nes.
    Le Front appelle surtout à garantir l’essentiel d’une vie décente, pour que le citoyen soit le vrai capital et le premier partenaire efficace pour faire face aux dangers et complots sérieux, en premier lieu le terrorisme qui trouve dans la marginalisation, l’exclusion, le chômage, l’appauvrissement, l’oppression et la corruption le terreau propice à son développement.

    Non aux solutions sécuritaires face aux problèmes sociaux !

    Non au désengagement des autorités face à leur responsabilité de développer les régions et assurer la sécurité des citoyens et leur protection.

    Le Front populaire
    Tunis, 10 février 2015

    Note : Il s’agit d’une taxe de sortie du territoire tunisien fixée à 30 dinars et applicable aux personnes non-résidentes en Tunisie. Celle-ci vise, dans le cas présent, essentiellement les Libyens (NdT).

     

     

  • Maroc : neuf ONG inquiètes des mesures d’intimidation exercées contre les victimes de tortures et une ONG qui les représente (LDH)

    https://encrypted-tbn1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSJCOptKuGAvag78awoTpLJoQzQWFp0mG-fPiNDsZDgC5XulvSN

    Amnesty International, Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Fondation Alkarama, Human Rights Watch, Ligue des droits de l’Homme, Organisation mondiale contre la torture(OMCT), REDRESS, Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH ), TRIAL (Track Impunity Always)

    Communiqué commun

    Après l’assignation en justice de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) par le Maroc, neuf ONG de défense des droits de l’Homme expriment leur inquiétude face aux poursuites pénales dont sont l’objet plusieurs personnes qui ont déposé plainte pour torture contre des agents de sécurité marocains et une association qui les représente.

    L’Acat a reçu le 23 janvier une convocation de la justice marocaine, dans le cadre d’une plainte pour « diffamation, outrage envers les corps constitués, utilisation de manœuvre et de fraude pour inciter à faire de faux témoignages, complicité et injure publique ». Ceci fait suite au dépôt, par l’Acat, en France, de plusieurs plaintes pour torture, contre des agents publics marocains. En mai 2013, l’Acat et le ressortissant franco-marocain Adil Lamtalsi ont déposé une plainte pour « complicité de torture » contre Abdellatif Hammouchi, le chef de la Direction générale de la surveillance du territoire marocain. Cette plainte a donné lieu, en février 2014, à la remise par la police française d’une convocation à M. Hammouchi, sur demande d’une juge d’instruction. Dans le même temps, l’Acat a déposé une autre plainte pour torture pour le compte d’Ennaâma Asfari, défenseur des droits de l’Homme sahraoui incarcéré au Maroc.

    Outre l’Acat, la plainte pénale déposée par les autorités marocaines vise aussi Adil Lamtalsi qui encourt une condamnation à une peine d’emprisonnement pour les mêmes chefs d’accusation. Selon les médias marocains, la plainte viserait aussi Ennaâma Asfari. Il est à noter que le Maroc n’a jamais, à notre connaissance, mené d’enquête sur les faits allégués par les deux accusés ni encore moins démontré que ceux-ci avaient formulé des plaintes qu’ils savaient pertinemment infondées – seule base qui pourrait justifier d’éventuelles poursuites.

    Selon nos organisations, ces poursuites visent clairement à intimider non seulement les plaignants suscités mais aussi toute personne qui envisagerait de porter plainte pour torture et les ONG qui voudraient les assister dans cette démarche. Les mesures prises par le Maroc, alors que la justice a omis de mener des enquêtes impartiales bien que ces personnes disent avoir affirmé à plusieurs reprises devant des magistrats avoir été torturées, pourraient constituer des violations des obligations du royaume en tant qu’État partie à la Convention de l’ONU contre la torture, et notamment de l’article 13 qui dispose que : « Tout État partie assure à toute personne qui prétend avoir été soumise à la torture sur tout territoire sous sa juridiction le droit de porter plainte devant les autorités compétentes dudit État qui procéderont immédiatement et impartialement à l’examen de sa cause. Des mesures seront prises pour assurer la protection du plaignant et des témoins contre tout mauvais traitement ou toute intimidation en raison de la plainte déposée ou de toute déposition faite. »

    Les ONG signataires de la présente déclaration appellent les autorités marocaines à respecter leurs obligations conformément à la Convention contre la torture et à mettre immédiatement un terme à ces mesures apparentes d’intimidation. 09.02.2015

    http://www.ldh-france.org/maroc-neuf-ong-inquietes-mesures-dintimidation-exercees-contre-les-victimes-tortures-ong-les-represente/

  • 11 février 2011: La révolution égyptienne remporte la première manche: Moubarak a dégagé! Au suivant! (lcr.be)

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    La démission du dictateur Hosny Moubarak représente une victoire colossale et ô combien légitime pour le peuple égyptien.

    C'est avec une profonde joie que nous saluons cette victoire populaire, car elle est le résultat d'un courage et d'une ténacité extraordinaires, d'une capacité de mobilisation et de résistance inouïes ainsi que d'une rage de vaincre sans égal. Nous nous inclinons également devant les plus de 300 martyrs qui ont donné leur vie pour que cette première victoire soit possible et ouvre de nouvelles perspectives révolutionnaires. Cette victoire est celle du peuple égyptien, payée par son sang, mais elle est également partagée par tous les peuples de la région car elle donnera une impulsion déterminante pour la révolution arabe, initiée il y a quelques semaines à peine avec la chute de Ben Ali en Tunisie.

    Tout n'est pas terminé en Egypte pour autant, loin de là. Au travers de Moubarak, c'est l'ensemble du régime et de ses institutions, sa corruption et sa soumission face à l'impérialisme et au sionisme, sa distribution inégale des richesses générant misère et chômage, que le peuple égyptien veut mettre définitivement à bas. Et cette victoire lui donne désormais confiance en ses propres forces.

    Vu l'importance du pays dans le monde arabe et sa position clé dans l'échiquier géostratégique, l'impact de la révolution égyptienne a des dimensions cataclysmiques pour les classes dominantes arabes, pour l'Etat sioniste criminel d'Israël et pour l'impérialisme occidental.

    Il s'agit enfin et surtout d'une victoire où les travailleurs ont apporté une contribution qui s'est révélée décisive, en menant une vague de grèves massives touchant les secteurs vitaux de l'économie comme le Canal de Suez (voir ci-dessous). Pour ceux qui se sont empressés de lui dire adieu un peu trop rapidement, la chute de Moubarak vient brutalement rappeler que la classe ouvrière est toujours bel et bien là et qu'elle constitue l'élément clé de tout processus révolutionnaire, de par la place qu'elle occupe dans la production des richesses.

    La chute de Moubarak, chassé par les masses dans la rue, est une leçon exemplaire pour les travailleurs du monde entier: oui, la révolution est possible!

    En Egypte, en Tunisie et demain en Algérie, au Yémen, au Maroc...: la lutte continue.

    Vive les peuples en lutte pour la liberté, la dignité et la justice sociale! 

    Vive la révolution permanente arabe! (LCR-Web)


    Déclaration des socialistes révolutionnaires d’Egypte

    Ce qui se passe aujourd’hui en Egypte est la plus ample révolution populaire dans l’histoire de notre pays… et dans celle de tout le monde arabe. Le sacrifice de nos martyres [l’ONU déclare, le 7 février, 300 morts] a construit notre révolution et nous avons brisé toutes les barrières de la peur. Nous ne reculerons pas jusqu’à ce que les «dirigeants» criminels et leur système soient détruits.

    Aux travailleurs d’Egypte

    Les manifestations et les diverses protestations ont joué un rôle clé dans le démarrage et la poursuite de notre révolution. Maintenant, nous avons besoin de l’engagement des travailleurs. Ils peuvent sceller le destin du régime. Non seulement en participant aux manifestations, mais en organisant une grève générale dans toutes les industries clé et les grands secteurs économiques.

    Le régime peut se permettre d’attendre des jours et des semaines s’il n’y a que des sit-ins et des manifestations ; mais il ne peut pas résister durant longtemps si les travailleurs utilisent les grèves comme leur arme. La grève dans les chemins de fer, la grève dans les transports publics, la grève dans les aéroports et dans les grandes entreprises industrielles. Travailleurs d’Egypte, au nom du soutien à la jeunesse rebelle et pour honorer le sang de nos martyrs, rejoignez les rangs de la révolution, utilisez votre pouvoir et la victoire sera vôtre.

    Formez des conseils révolutionnaires le plus vite possible. Cette révolution a dépassé nos espoirs les plus grands. Personne ne s’attendait à autant de manifestants. Personne ne s’attendait à ce que les Égyptiens et les Égyptiennes manifestent autant de bravoure face à la police. Personne ne peut dire que nous n’avons pas obligé le dictateur à se retirer. Personne ne peut dire qu’une véritable transformation ne s’est pas faite sur la place de El-Tahrir [place de la Libération].

    Ce dont nous avons besoin, c’est de mettre en avant les revendications socio-économiques comme partie intégrante de nos revendications afin que ceux qui sont dans leurs maisons sachent que nous nous battons pour leurs droits…

    Nous devons nous organiser nous-mêmes en comités populaires qui élisent des conseils démocratiques plus larges et cela depuis en bas. Ces conseils doivent donner naissance à un conseil général, supérieur, qui intègre des délégués de toutes les tendances. Nous devons élire un conseil suprême du peuple qui nous représente et dans lequel nous plaçons notre confiance. Nous appelons à la formation de conseils populaires depuis la place de la Libération au Caire jusque dans toutes les villes d’Egypte.

    Voici notre position, en tant que socialistes révolutionnaires, sur le rôle de l’armée. Chacun nous demande l’armée est-elle avec le peuple ou contre lui ? L’armée n’est pas un bloc homogène. Les intérêts des soldats [conscrits] et des sous-officiers sont les mêmes que ceux des masses. Mais les officiers supérieurs sont des hommes de Moubarak choisit avec précaution afin de protéger son régime corrompu, sa richesse et sa tyrannie. Ce secteur fait partie intégrante du système.

    L’armée n’est plus l’armée du peuple. Cette armée n’est plus celle qui a défait les sionistes en octobre 1973. Cette armée est étroitement associée aux Etats-Unis et à Israël. Son rôle est de protéger Israël et non pas le peuple… Oui, nous voulons gagner les soldats à la révolution, mais nous ne devons pas être trompés par des slogans tels que: «l’armée est de notre côté». L’armée soit mettra fin directement aux manifestations ou elle restructura la police pour que cette dernière joue ce rôle.

    (1er février 2011, traduit de l’arabe)