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  • « L’Algérie française, c’est fini mais… ça continue quand même ! »

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    L’establishment français observe une sorte d’omerta quand il s’agit de dénoncer des biens mal acquis par des dirigeants algériens. Pourquoi ?

    Je crois que c’est dû à un problème plus général qui est la France-Afrique et qui structure les rapports avec toutes les anciennes colonies. C’est ce qui fait que tous les dictateurs et les non-démocrates, qui se sont enrichis dans la période post-coloniale, ont tous placé, en partie, leur argent en France, dans l’ancien empire colonial, ont acheté des immeubles, parfois acquis des biens extraordinaires. Le tout exécuté dans un silence complice. La presse en a parlé un peu, mais les gouvernements se sont tus parce qu’il s’agit d’intérêts stratégiques. Et en France, il faudrait compter aussi sur ce sentiment de culpabilité.

    C’est cette attitude qu’on retrouve dans le Parti socialiste, aujourd’hui au pouvoir, et qui a été corespon- sable de la guerre coloniale, des assassinats et tortures et qui a fait voter les pouvoirs spéciaux. Chez la droite, ce n’est même plus de la culpabilité mais de la connivence. Et quand on a une alternance droite-gauche, alors tout le monde se tait sur ces phénomènes scandaleux d’enrichissement illicite. C’est cette collusion qu’on retrouve ces jours-ci dans cette affaire d’exploitation de gaz de schiste autorisée en Algérie alors qu’elle est proscrite en France.

    Levée de boucliers quand il s’agit d’anciennes colonies de l’Afrique subsaharienne ou centrale, omerta et impunité quand il s’agit d’Afrique du Nord : les liens sont-ils aussi forts ?

    Les liens sont forts. Il y a un phénomène avec l’Algérie que les Américains par exemple n’ont pas connu avec le Vietnam. Je parlais de culpabilité. Il ne faut pas oublier que le contingent était parti en Algérie. Il y a des milliers, des millions de Françaises et Français qui étaient liés directement à la guerre d’Algérie. Les soldats ont assisté pour la plupart à des scènes de torture, à la différence des soldats américains, ils se sont tus, ont complètement culpabilisé d’y avoir participé… D’où cette vague de silence.

    Le sentiment de culpabilité peut-il tout expliquer ? N’est-ce pas les appétits voraces, l’intéressement, la prédation qui motivent ces silences complices ?

    Oui. C’est certain. C’est pour cela qu’on parle de néocolonialisme parce que justement les liens coloniaux persistent à ce jour sur le plan économique. S’il n’y a pas de cogestion, il une cosolidarité avec les dirigeants algériens qui date de l’Algérie française et qui se traduit sur le plan économique.

    Qu’est-ce qui vous choque le plus dans ces rapports franco-algériens ?

    C’est l’existence de rapports coloniaux avec la direction algérienne. Avec sa bourgeoisie, sa bureau- cratie et ses appareils pourris. Quand on voit ce qui se passe avec Bouteflika, c’est une caricature de démocratie ; quand on voit la répression qui s’abat sur les Algériens, les vrais démocrates, on se rend compte du degré de connivence avec les milieux politiques et dirigeants français. Et même si formel- lement l’Algérie française, c’est fini, ça continue quand même ! Il y a des bénéfices colossaux qui sont réalisés en Algérie par les entreprises françaises parce qu’entre autre la main-d’œuvre algérienne est bon marché, que les Algériens travaillent toujours pour nous.

    Techniquement, comment cette France-Afrique s’organise, agit avec et envers l’Algérie ?

    C’est un classique. Elle s’organise avec les milieux financiers, les banques… et puis après on met le vernis idéologique des droits de l’homme, des libertés, de la démocratie.

    Alain Krivine est un ex-député européen, ancien porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (actuellement Nouveau Parti anticapitaliste).

    Propos recueillis par Mohand Aziri (journaliste à El Watan)

     

  • Quand les anciens «cobayes» veulent un statut de citoyens (El Watan)

    In Salah. Des gerboises atomiques au gaz de schiste

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    «In Salah, sorrate Al Djazaïr (In Salah, nombril et cordon ombilical de l’Algérie).» Mohamed Didi, 45 ans, cultive avec amour les sept hectares qui lui sont octroyés à Barqa Sahel, la sebkha située au sud d’In Salah.

    Des cultures maraîchères, céréalières, des oliviers, trois cents palmiers Aggaz, espèce endémique, fierté de la région, tout lui réussit en ces contrées qui furent autrefois partie intégrante de cette mer intérieure aujourd’hui disparue comme le furent d’ailleurs les forêts de chênes et de pins entourant In Salah (il y a plusieurs millions d’années) et dont il ne subsiste aujourd’hui que des amas de bois pétrifié à In Ghar. Anxieux, Didi implore Dieu et Ses Saints : «Je suis en première ligne en cas de contamination (de la nappe).»

    Il est à 18 kilomètres des puits-test de gaz de schiste forés à Gour Mahmoud, dans ce bassin de l’Ahnet tout proche. «Pourvu que cette malédiction (gaz de schiste) ne pollue pas les hommes et la nappe. Regardez, dit-il en exhumant un conduit goutte-à-goutte de sous le sable, je n’ai même pas besoin de pompe, l’eau jaillit d’elle-même. A 2 m de profondeur de l’eau salée, à 11 m de l’eau douce en débit faible et à 38 m de l’eau à volonté.» Sous les pieds de Didi, l’Albien, la plus grande réserve d’eau douce au monde avec ses 50 000 milliards de mètres cubes.

    Gour Mahmoud : à 35 km au sud d’In Salah. Mardi 20 janvier. Au point kilométrique de cette nationale 1 débaptisée Route de l’unité africaine, une piste quelconque bifurque vers les fameux puits au trésor enfermé dans le schiste de la roche mère. Rien ne présage l’existence des forages décriés, si ce n’est la valse des camions-citernes transportant de l’eau ou ces semi-remorques Mercedes acheminant du matériel et  des produits de forage importés d’Italie et fonçant vers les puits dans un nuage de poussière.

    Des panneaux anodins, montés sur de vulgaires madriers, indiquent sommairement la direction, et par abréviations, les noms et numéros de districts comme pour AHT 1 et 2 (puits Ahnet) ou GMD (pour Gour Mahmoud). Un camionneur, employé d’une filiale de Schlumberger, la multinationale américaine des services pétroliers (spécialisée entre autres dans la fracturation hydraulique),  nous dépose non loin des forages.

    Dans sa remorque, quelque 30 tonnes de ciment et des fûts de produits chimiques. Le site reçoit quelque 20 chargements du genre par semaine. En ville, les caravanes de semi-remorques qui y transitent,  acheminant des containers de matériels, alimentent les supputations et la rumeur. Ici et là, on ne parle que de ces «additifs» dangereux pour la nappe, de ces produits chimiques que Schlumberger, Haliburton, Total, Partex… et autres grandes compagnies useraient durant la phase de la fracturation hydraulique. Sur site, un premier puits test est déjà réalisé.

    La tête de puits à haute pression, le séparateur de boue-gaz et la torche allumée le confirment aisément. Un container et des caissons portant la marque Schlumberger et la mention  «produits dangereux» trônent non loin des bourbiers, les bassins de décantation, recueillant les eaux de forage. Vides ou presque. A quelques centaines de mètres de là, le second puits est en cours de réalisation. «Vous n’avez pas d’autorisation, vous ne devez pas être ici», s’emporte un  agent de sécurité. Les journalistes sont persona non grata. La plateforme de forage de l’ENTP (filiale de Sonatrach spécialisée dans les travaux de forage) est installée.

    A pied d’œuvre. Les militaires qui couvent le site observent de leurs roulottes, presque indifférents, le remue-ménage. Les responsables du chantier exigent eux aussi un sauf-conduit express avant toute déclaration à la presse. Le forage est encore dans sa phase verticale, précise néanmoins un technicien de l’ENTP, et la foreuse a déjà traversé la première nappe albienne (le complexe terminal situé à 400 m de profondeur) et flirte avec le continental intercalaire, la seconde nappe enfouie à 2000 m de profondeur...

    «Après, ça sera le drain  horizontal», explique-t-il. «Il n’y a vraiment aucun risque sur l’aquifère, ajoute-t-il comme pour conjurer la rumeur. Et contrairement à ce qui se dit, les forages horizontaux n’atteignent pas une quinzaine de kilomètres mais à peine 900 m ; ils n’atteindront pas la ville et les produits utilisés durant les fracs ne causent ni la stérilité ni ne provoquent des avortements (…).» Autre prêche dans le désert ?

    Le «Sud» à l’assaut de l’état «pompeur»

    Samedi 27 décembre. A la tête d’une délégation officielle, Youcef Yousfi, le ministre de l’Energie, allume la première torche de gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnet Gourara. Un petit pas pour l’homme et son Etat «pompeur», un affront pour le «peuple» d’In Salah.
    Le cortège de 4x4 fumés, payés par l’argent du gaz et du pétrole, ne s’arrêtera pas en ville. Un aller-retour simple : aéroport Krim Belkacem/forage de Gour Mahmoud.

    Sahat Essoumoud. Il est 20h passées ce mercredi 21 janvier, et la «place de la Résistance», baptisée ainsi par les manifestants antigaz de schiste, est en ébullition. un climat de pré-émeute plombe les lieux et l’ambiance. «Tassiid, tassiid» (escalade, escalade), clament les dizaines de protestataires campant depuis vingt et un jours à même l’esplanade de la daïra d’In Salah. Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, venait tout juste de faire son speech à la télé, annonçant la poursuite des forages exploratoires «dans l’Ahnet», pulvérisant les attentes des populations du Sud quand à un renoncement officiel et définitif à l’aventure du non-conventionnel.

    De la désillusion, de l’abattement. De la colère. La placette change de physionomie et le bivouac – une dizaine de tentes dont une expressément réservée à alimenter la blogosphère et les réseaux sociaux – perd de son ambiance bon enfant. Les mots de Sellal ont fait des fracs dans le bloc des «22» délégués du Collectif de la société civile d’In Salah, créant un véritable le schisme entre pro et anti-radicalisation du mouvement de protestation.

    Le conclave de ce collectif hétéroclite (médecins, enseignants, pétroliers, étudiants, ingénieurs, techniciens, chômeurs, etc.), le météorite ayant carbonisé la vieille garde et les «notabilités» de la région, s’est achevé en queue de poisson. Le lendemain, une nouvelle manifestation, regroupant plusieurs centaines de marcheurs, sillonne le semblant de ville, paralysée depuis plus de trois semaines. Les commerces, les administrations et services publics (exceptés Sonelgaz, hôpital…) ont fermé depuis le début du mois. Par solidarité, par peur et contrainte. Le distributeur de billets de la poste est mis en fonction de temps à autre.

    Autrement, c’est à la poste de Fougarat Zoua, à 50 km au nord-est d’In Salah, que certains se déplacent pour retirer de l’argent. Les renforts de police, huit charters remplis de CRS arrivés à In Salah, sont casés dans les nouveaux édifices publics non encore inaugurés. A la nouvelle maison de jeunes, à la station SNVI et autres. «Samidoun, samidoun», «La, la li l’ghaz sakhri, la», «Wihda, wihda watania (unité nationale», scandent les manifestants escortés par les Patrol de la police.

     

    Après un week-end d’incertitude, de déchirement au sein du groupe de dirigeants du mouvement, de tractations non concluantes menées par l’intermédiaire du chef de daïra et du wali de Tamanrasset , arrivé à In Salah en début de semaine, la mobilisation reprend ses droits. Sans avoir perdu une once de son pacifisme resté un intact. Admirateur de la Grande âme, le Mahatma Gandhi, Mohamed Djouan, président de l’association Shems (pro-développement durable et énergie renouvelable), se dit convaincu que seule la lutte non-violente, «l’ahimsa», a droit de cité à Sahat Essoumoud.

    Shems (Sun and power, son pendant web) a défrayé la chronique par sa capacité à mobiliser, elle dont la création, en 2009, coïncidait avec le méga projet allemand Desertec (400 milliards d’euros destinés à fournir l’Europe en électricité à partir de plateformes solaires et éoliennes) et dont la région d’In Salah devrait être un des pivots pour plus de 350 sociétés spécialisées.

    Raisins de la colère

    Dimanche. Après la manif’ de «remobilisation» et autour de l’auberge de jeunes à l’architecture recherchée, et dominant la place de la daïra, les figures du mouvement partent en interminables palabres ou donnent des interviews aux nombreux médias nationaux et étrangers peuplant Meidan Echaref (place de la Dignité). Les Abdelkader Bouhafs, Mohamed Azzaoui, Khadir Maghili, Chaouidi Abderrahmane (et autres pétroliers, cadres à  Sonatrach), Mohamed Djouan, Dr Azzi…), les Hassina Zegzag Fatiha Touni, figures féminines de la protesta …etc émergent des foules d’hommes et de femmes de tous âges, enfants déscolarisés, jeunes et vieux en sit-in permanent depuis plus de trois semaines.

    Sur des tapis déroulés à même le trottoir du bâtiment officiel livré par ses fonctionnaires et  tagué de banderoles. «La wilaya, la Tanmira, In Salah hia Dahia (Nous ne voulons ni le statut de wilaya, ni developpement parce qu’In Salah en sera la victime).» Une citerne d’eau alimente une tente de brics et de brocs, la cuisine de campagne. En face, sur la petite Gara servant de placette, d’autres tentes, une dizaine, et des petits groupes de jeunes et vieux issus du chef-lieu ou venus des communes, localités et wilaya alentours : d’Adrar, Ouargla, Igosten, Fougart Zoua, Fougart El Arab, In Ghar…, se relayant jour et nuit.

    «Nous avons été mordus une fois, il n’en sera pas question d’une deuxième.» Abdelkrim Ba Aâllal, membre du «groupe des 22» délégués de la société civile fait référence au captage et la réinjection du CO2 effectué en opération pilote par la joint-venture «In Salah Gaz». «Début 2000, raconte-t-il, des experts de la compagnie In Salah Gaz (BP, Sonatrach, Statoil) nous annonçaient qu’ils allaient faire du stockage de monoxyde de carbone dans le sous-sol (à Khechba, Tigantour), prétendant que la compagnie avait tous les moyens, la technologie,  l’imagerie satellite, la 3D, la 4D.

    En dépit des mises en garde des experts algériens quant au risque de pollution de l’aquifère, la compagnie persistait qu’il n’y avait aucun risque. Nous, on s’est dit qu’il s’agit d’abord de Sonatrach, entreprise nationale, qui maîtrise la technologie et qui plus est a un partenaire étranger qui a de l’expérience. Après dix ans, on apprend qu’il y avait une fuite  importante de CO2 et que le réservoir n’était pas aussi isolé et étanche que prétendu.»

    Outre un soulèvement progressif des terrains (une surrection de 5 mm/an, atteignant un cumul de 10 à 20 mm, sur une zone de 4x5 km légèrement excentrée par rapport aux puits d’injection), une fuite a été constatée le long d’un puits et a fait l’objet de mesures correctives, notait un rapport d’étude (mai 2013) de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), institut français. Les mouvements de la surface du sol ont été mis en évidence par surveillance satellitaire, confirmés par modélisation.

    Le réservoir d’injection s’étend sur 20 x 8 km et se trouve à 1880 m de profondeur. Il est équipé de 5 puits de production de gaz naturel et de 3 puits d’injection de CO2 au débit de 0,8 -1,2 Mt/an pour une surpression de 10 MPa. La masse totale injectée depuis 2004 est de 3 Mt.  «Il est probable, précise le rapport, qu’avant cette montée progressive des terrains, une baisse ait eu lieu dans les années précédentes du fait de l’extraction de gaz, mais nous ne disposons pas d’information sur ce point. Il est également fort probable que ces effets soient sans gravité, car progressifs et répartis sur une grande surface.»

    Essais Gerboises, expérimentation gaz de schiste

    Mohamed Bourezeg, ancien «pétrolier» à la retraite, ne compte plus les atteintes à l’environnement et à «l’homme d’In Salah» par cette industrie gazière cinquantenaire et ce depuis le «premier puits de gaz foré à In Salah à la fin des années 1950». A Hassi Moumen, à 35 km au nord, dans le nouveau champs gazier, ce fut l’autre alerte écologique, l’autre précédent, l’énième en ces terres d’expérimentation et «d’opérations pilote» pour les multinationales.

    Sonatrach et ses partenaires auraient procédé à la réinjection de l’eau extraite, par déshydrations, à partir du gaz humide, contaminée par des produits chimiques, dans un réservoir  de 1400 m de profondeur. Contaminer la nappe signifie extermination de la population, rappelle Bourezeg. «Toutes proportions gardées, cette histoire de gaz de schiste s’inscrit dans la même lignée des bombes atomiques françaises (lesdits essais Gerboises, ndlr), à  Regganne (à 250 km à l’ouest) et In Ekker (au sud).

    Les déchets nucléaires sont à ce jour abandonnés en pleine nature et les séquelles des explosions  se font encore sentir», rappelle-t-il non sans ironie. «Sauf qu’hier c’était le colonisateur et  aujourd’hui c’est l’Etat qui veut se remplir les poches au risque de nous exterminer.» Point zéro. Reganne. A 260 km à l’ouest d’In Salah. 13 février 1960, 7h40. A Houmoudia, à 60 km au sud de Reggane, la première bombe atomique française déchire le ciel et les entrailles du Tanzrouft.

    Suspendus à une tour de 100 mètres de hauteur, 70 kilotonnes de la bombe au plutonium (4 fois la bombe d’Hiroshima)  irradient — pour 24 000 ans — ces portions du vieux monde. «Les toits des onze grands ksour se sont soulevés et les vétérans racontent que Reggane ressemblait, ce jour-là, à une bouteille tellement la pression et le souffle étaient insupportables», relate Hamel Amar, président de l’association locale 13 Février 60 des victimes des explosions nucléaires. SNP, un sans- nom-patronymique, son père était parmi les «employés» indigènes, cobayes de première, de la «12e compagnie» qui a installé ses quartiers à Reggane.

    Dans l’hôpital de la ville, le Dr Oussidhoum Mustapha, 25 ans de médecine interne, «chouchou» de la population, observe mieux que quiconque les effets des explosions atomiques. «Même si à ce jour, on a pas établi un lien direct, car aucune étude sérieuse sur ceux-ci n’a été initié par les pouvoirs publics. Vous n’avez qu’à consulter le fichier de la commune et vous serez édifié par le nombre d’handicapés physiques et mentaux», indique-t-il. Nombre de maladies,  comme le cancer, restent sous-diagnostiquées pour défaut de moyens. Ironie de l’histoire : l’hôpital ne dispose ni de scanner ni des spécialistes permettant ce diagnostic. le 09.02.15 | 10h00 

     

    Mohand Aziri

    http://www.elwatan.com/actualite/quand-les-anciens-cobayes-veulent-un-statut-de-citoyens-09-02-2015-287096_109.php

  • Egypte : heurts meurtriers entre police et supporters de foot au Caire (France TV!)

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    Au moins 22 personnes sont mortes dans des affrontements qui ont commencé avant le début d'un match de foot, dimanche. 

    Il s'agit des violences liées au football les plus meurtrières depuis 2012. Au moins 22 personnes sont mortes, dimanche 8 février, dans la soirée, au Caire (Egypte), lors de heurts opposant la police à des supporters du club de football Zamalek avant un match. Ces affrontements, qui ont aussi fait plus de 25 blessés selon un bilan officiel, ont éclaté devant un stade du nord-est du Caire.

    Les autorités accusent des supporters du club de football de Zamalek d'avoir cherché à entrer de force dans l'enceinte du stade pour assister à la première rencontre du championnat de première division ouverte au public depuis 2012. Cette année-là, des violences meurtrières avaient éclaté dans un stade à Port-Saïd. Le nombre de supporters autorisés à entrer dans le stade dimanche était limité à 10 000.

    Gaz lacrymo et tirs de chevrotine pour disperser la foule

    Selon le ministère de l'Intérieur, "la foule à l'extérieur a rapidement dépassé ce chiffre et a tenté de prendre d'assaut les portes du stade et d'escalader les murs", dimanche soir. "Il y avait une voiture de police en feu", et la police fait usage de "tirs de chevrotine et de gaz lacrymogènes",  a indiqué un témoin, précisant que "les gens se sont enfuis dans le désert" pour échapper aux heurts. Un autre témoin affirme que la police "a tiré des gaz lacrymogènes sur un grand nombre de supporteurs dans un espace très réduit. Les gens se piétinaient pour essayer de s'échapper".

    Malgré la gravité de la situation, la rencontre a eu lieu, ce qui a renforcé la colère des supporters. Pour avoir refusé de jouer, le défenseur de l'équipe de Zamalek, Omar Gaber, a été temporairement suspendu par son club. En réaction aux violences, le gouvernement a décidé de suspendre le championnat jusqu'à "une date qui sera décidée ultérieurement", selon le bureau du Premier ministre.

    Selon un responsable du ministère de la Santé, certaines des victimes avaient la nuque brisée. Des rapports ont montré que deux personnes étaient mortes de "pression extrême sur le torse". Le procureur général a ordonné l'ouverture d'une enquête.

    Par Francetv info avec AFP

    Mis à jour le 09/02/2015 | 08:56 , publié le 09/02/2015 | 08:43

    http://www.francetvinfo.fr/monde/egypte/egypte-heurts-meurtriers-entre-police-et-supporteurs-de-foot-au-caire_819909.html

    Lire aussi: http://www.huffingtonpost.fr/2015/02/09/football-egypte-morts-supporteurs-police-le-caire_n_6642960.html?utm_hp_ref=france

     

  • Espagne/Maroc. Tragédie à la frontière (Amnesty)

    La tragédie qui s’est déroulée il y a un an sur le littoral espagnol révèle les risques toujours plus graves que font courir les politiques de gestion des frontières de l’Union européenne à celles et ceux qui tentent de rejoindre l’Europe.

    Il y a tout juste un an, au moins 14 personnes sont mortes à quelques mètres de la plage de Tarajal, à Ceuta, petite enclave espagnole située au nord du territoire marocain.

    Des vidéos de la scène et les témoignages des victimes nous ont permis de savoir ce qui s’était exactement passé ce matin-là. Pourtant, un an après cette tragédie, seule une victime a été reconnue officiellement par le gouvernement espagnol, les autres restant dans l’ombre.

    Elles étaient 200 environ ce matin-là, à l’aube, à tenter de poser le pied sur le territoire espagnol. Quatorze personnes ont péri noyées, et 23 autres ont été renvoyées au Maroc après avoir été arrêtées par des gardes civils espagnols sur le sol espagnol.

    Après avoir refusé à plusieurs reprises d’admettre les faits, le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernández Díaz, et le secrétaire d’État à la sécurité, Francisco Martínez, ont déclaré devant le Congrès que des gardes civils avaient utilisé du « matériel antiémeutes » – 145 balles en caoutchouc et cinq fumigènes – pour empêcher les migrants de rejoindre le pays.

    Nous savons donc que des représentants de l’État espagnol ont tiré en direction des gens qui se trouvaient dans l’eau et qui étaient également poursuivis par une patrouille marocaine. On ignore toutefois leur identité ainsi que celle des personnes qui ont ordonné cette opération.

    Francisco Martínez a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas eu de blessés parmi les personnes qui avaient atteint la côte espagnole et que les gardes civils n’avaient tiré qu’en direction de celles qui évoluaient encore dans les eaux marocaines. Pourquoi cependant personne n’a tenté de porter secours à celles qui se noyaient ?

    Le ministre espagnol de l’Intérieur a déclaré que les membres de la Garde civile n’étaient pas autorisés à franchir les frontières maritimes du pays. Ces frontières les ont donc empêchés de sauver ces hommes, mais n’ont pas fait barrage aux balles en caoutchouc. Au moins 14 personnes ont perdu la vie.

    Cette tragédie est l’illustration la plus brutale à ce jour de la politique de gestion des frontières mise en œuvre par le gouvernement espagnol : personne ne rentre, quel qu’en soit le prix.

    Des victimes dont on ignore l’identité

    Qui étaient ces gens qui ont trouvé la mort ce matin-là ? On pense connaître l’identité d’au moins six hommes, mais seul l’un d’entre eux a été reconnu officiellement – et tous les identifier semble désormais impossible. Une fois encore, nous avons les chiffres mais ils restent sans visage.

    Les vidéos et les témoignages recueillis semblent indiquer que les victimes étaient, pour la plupart, de jeunes hommes des pays d’Afrique subsaharienne. On peut supposer qu’ils sont morts à la dernière étape d’un voyage entrepris il y a des mois, voire des années. Peut-être fuyaient-ils un conflit en Afrique ou au Moyen-Orient, peut-être encore cherchaient-ils à rejoindre des proches en Europe ou à échapper simplement à la faim.

    Parmi les 14 morts et les 23 personnes renvoyées au Maroc après avoir rejoint le littoral espagnol, certains étaient peut-être victimes chez eux de persécutions en raison de leurs opinions politiques, de leur origine ethnique ou de leur sexualité. Dans ce cas, l’Espagne aurait été tenue – conformément à sa propre législation – de leur accorder le statut de réfugié.

    Nous ne le saurons jamais. Les autorités espagnoles ont fait du refoulement avant tout interrogatoire une pratique courante à Ceuta et à Melilla, autre enclave nord-africaine du pays.

    Une tragédie symbolique

    Les faits survenus à Tarajal révèlent les risques toujours plus graves que font courir les politiques espagnoles et européennes de gestion des frontières à celles et ceux qui cherchent à réaliser leurs rêves d’une vie meilleure ou tout simplement à survivre. On estime que 22 000 personnes ont trouvé la mort depuis 2000 en essayant de gagner l’Europe.

    Si elles avaient pu simplement solliciter l’asile en expliquant leur situation, conformément au droit international, auraient-elles risqué leur vie ?

    Une année s’est écoulée, mais la politique de gestion des frontières appliquée par l’Espagne n’a pas changé. L’enquête ouverte sur les faits survenus à Tarajal semble au point mort. Les responsables de la mort de ces hommes ne seront peut-être jamais identifiés et rien ne sera probablement fait pour qu’une telle tragédie ne se reproduise plus.

    La situation a toutefois évolué depuis l’année dernière. Négativement. Les autorités espagnoles comptent désormais invoquer la nouvelle Loi relative à la sécurité publique pour renvoyer automatiquement au Maroc toute personne franchissant la frontière à Ceuta et à Melilla. L’Espagne enfreindrait ainsi les normes internationales qu’elle est tenue de respecter.

    Aucun texte de loi ne pourra mettre fin au drame humanitaire qui se déroule aux frontières de l’Europe. Ce n’est qu’en traitant les migrants et les réfugiés avec humanité, conformément au droit international, que nous pouvons empêcher de nouvelles tragédies sur nos rivages.

    Passez à l’action
    Demandez aux dirigeants de l’Union européenne d’empêcher que d’autres personnes trouvent la mort

    aux frontières de l’Europe.

    http://livewire.amnesty.org/fr/2015/02/06/espagnemaroc-tragedie-a-la-frontiere/

  • Replacer la tuerie du 7 janvier dans son contexte national et international (A l'Encontre.ch)

     

    Entretien avec Gilbert Achcar
    conduit par Ahmed Shawki 

    Ahmed Shawki: Face aux attentats contre Charlie Hebdo, quelle a été la réaction de la société française, en général, et celle de l’Etat français et de la classe dirigeante en particulier?

    Gilbert Achcar: La réaction a été celle que quiconque aurait pu prévoir. La réaction initiale a été un état de choc massif – ce qui n’est pas très différent de la réaction initiale face aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, bien qu’il soit évidemment très exagéré de mettre les deux attentats sur un même pied comme beaucoup l’ont fait, surtout en France.

    Naturellement, le choc a été immédiatement exploité par le gouvernement français, de la même manière que l’administration Bush avait exploité le 11 septembre, le but étant dans les deux cas de faire taire les critiques et d’obtenir un large soutien au nom de « l’unité nationale ». La popularité de François Hollande a soudain fortement augmenté, après avoir été à un très bas niveau. La même chose s’était produite avec George W. Bush, dont la popularité, très faible avant le 11 septembre, avait augmenté au-delà de tout ce qu’il aurait pu espérer.

    Ce furent donc des réactions assez similaires de la part de sociétés horrifiées et terrifiées – et, certes, les crimes qui les ont provoquées étaient bel et bien horribles. Dans les deux cas, la classe dirigeante a tiré parti de l’état de choc afin d’attiser le nationalisme et le soutien à l’Etat : les forces de police ont été acclamées comme des héros en France pour avoir mobilisé plusieurs dizaines de milliers de leurs membres dans la traque de trois assassins cinglés. Les pompiers de New York ont certainement bien plus mérité d’être loués pour leur héroïsme.

    Il n’y a rien de très original dans tout cela. Ce qui, par contre, est plutôt original, c’est la manière dont le débat a ensuite évolué.

    Comme tout le monde sait maintenant, l’attentat contre Charlie Hebdo et l’attentat antisémite contre un supermarché cacher à Paris ont été perpétrées par deux jeunes hommes d’origine algérienne et un autre d’origine malienne, nés Français tous les trois. Ces derniers jours ont connu une évolution impor- tante dans le débat public autour des attentats : celui-ci est devenu plus nuancé, avec une reconnais- sance croissante du fait que quelque chose ne va pas dans la société française – dans la façon dont elle traite les personnes d’origine immigrée.

    Ce tournant a atteint un pic avec l’admission publique du premier ministre français, Manuel Valls, deux semaines après les attentats, qu’il y a en France un « apartheid territorial, social, ethnique » envers les personnes d’origine immigrée [1]. C’est un diagnostic très sévère, en effet, et comme l’on pouvait s’y attendre, la formule a été massivement critiquée, y compris du sein même du gouvernement dont Valls est le chef.

    Mais elle a donné raison en quelque sorte à celles et ceux qui ont affirmé depuis le début que ces terribles attentats devraient inciter à réfléchir en premier lieu aux conditions qui conduisent des jeunes gens à un degré de ressentiment tel qu’ils en viennent à être prêts à s’engager dans des opérations suicidaires dans le but de tuer. Non qu’une quelconque raison puisse constituer une excuse pour les meurtres qui ont été commis, mais parce qu’il est indispensable d’examiner l’origine d’une telle haine et d’un tel ressentiment au lieu de se satisfaire de l’explication inepte selon laquelle « ils nous haïssent à cause de nos libertés » comme l’avait déclaré George W. Bush après le 11 septembre.

    Ceci nous amène à la question centrale, celle à laquelle le premier ministre français s’est référé et qui n’est autre que la condition des populations d’origine immigrée en France. Un indice évident et très révélateur en est le fait que la majorité des détenus dans les prisons françaises sont des personnes d’origine musulmane, alors que moins de 10% de la population sont d’origine musulmane. Il faut y ajouter le fait étroitement lié que la société et l’Etat en France n’ont jamais véritablement réglé leurs comptes avec leur héritage colonial.

    Sur ce dernier sujet, il est frappant de constater que l’examen de conscience de la société états-unienne au sujet de la guerre du Vietnam a été bien plus radical et répandu – à la mesure de l’immense mobi-  lisation antiguerre qui s’était développée à l’intérieur même des Etats-Unis – que tout ce que la France a pu connaître à propos de la guerre d’Algérie. Cette dernière n’a pourtant pas été moins brutale – on pourrait même soutenir le contraire – et elle est survenue après un siècle et quart d’occupation coloniale barbare de l’Algérie.

    La France est un pays où – on a du mal à le croire – le Parlement a voté en 2005 une loi portant sur l’héritage colonial qui rend hommage aux hommes et aux femmes, les militaires en particulier, ayant participé à l’entreprise coloniale. C’était il y a dix ans seulement, et non il y a un demi-siècle ! Cette loi requérait, entre autres choses, que l’on enseigne dans les écoles « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » [2]. Ce paragraphe particulier de la loi a été abrogé par décret présidentiel un an plus tard, après avoir suscité un vaste tollé de la part de la gauche et des organisations d’immigré·e·s, ainsi que d’historien·nes et d’enseignant·e·s. Mais le fait même qu’une telle loi ait pu être adoptée par une majorité parlementaire est tout simplement scandaleux.

    Peux-tu nous en dire plus au sujet de la réaction à la déclaration du premier ministre au sujet de « l’apartheid » français? Car il s’agit d’une déclaration frappante.

    Elle est très frappante, en effet. Il faut d’ailleurs savoir que Valls n’a rien d’un radical, ni même d’un progressiste. Il appartient à l’aile droite du Parti socialiste. Avant de devenir premier ministre, il était ministre de l’intérieur et a été critiqué à gauche pour avoir livré concurrence à l’extrême droite – à Marine Le Pen – dans une surenchère sur la question de l’immigration. Et voilà soudain qu’il fait sa forte déclaration.

    Il n’est pas surprenant qu’il ait été largement critiqué, non seulement par l’opposition de droite, mais aussi au sein de son propre parti et même par certains membres de la gauche, tous affirmant qu’il avait dépassé les bornes et qu’il n’aurait pas dû utiliser le terme « apartheid ».

    Les plus sobres de ses critiques ont souligné le fait qu’il n’y a pas d’apartheid légal en France, à la différence de ce qui existait en Afrique du Sud ou au Sud des Etats-Unis il y a encore quelques décennies. Mais personne n’a pu sérieusement nier l’existence d’une ségrégation « territoriale, sociale et ethnique » en France, similaire à ce qui continue à prévaloir aux Etats-Unis.

    La condition des populations d’origine immigrée en France est, en effet, plus proche de celle des Noirs aux Etats-Unis que de l’apartheid au sens strict. Ces populations sont concentrées dans des zones séparées, à la périphérie des villes et vivent dans des conditions extrêmement frustrantes. S’ajoute à cela le racisme qui est largement répandu sous diverses formes dans la société française, y compris les discriminations à l’emploi, au logement, et autres.

    Sur ce dernier point, la France est même pire que les Etats-Unis : ce n’est pas  de sitôt que l’on verra une personne d’origine africaine être élue à la présidence de la France, autrement que dans le fantasme extravagant d’un romancier français islamophobe, tristement célèbre. En réalité – et malheureusement – il est bien plus probable qu’une candidate d’extrême droite soit élue à la présidence française. Après tout, en 2002, Jean-Marie Le Pen est parvenu au deuxième tour de l’élection présidentielle, battant au premier tour le candidat du Parti socialiste.

    Cela nous amène à la question de l’extrême droite française, qui est très puissante électoralement, avec la fille de Le Pen, Marine, à la tête d’un Front national « réformé ». Si je ne me trompe pas, le FN qui tire historiquement son inspiration de l’extrême droite – jusqu’à et y compris la droite fasciste – accueille désormais dans sa direction des gays, des membres de minorités, des Juifs. Mais il prend pour cible la population immigrée, en particulier les musulmans, comme étant le « nouvel ennemi ». Est-ce bien, plus ou moins, sa trajectoire ? 

    D’une manière générale, l’extrême droite en Europe aujourd’hui, à l’exception d’une frange extrémiste, ne donne pas dans l’antisémitisme ou même dans l’homophobie. L’une des figures principales de l’extrême droite en Hollande était un homme ouvertement gay, qui justifiait son islamophobie en invoquant la soi-disant homophobie des immigrés d’origine musulmane.

    Ce n’est donc plus la plate-forme de l’extrême droite européenne d’aujourd’hui. La cible préférée de leur discours de haine est l’islam. Les musulmans sont leurs boucs émissaires, bien plus que les Juifs ou toute autre des victimes du fascisme et du nazisme des années 1930 et 1940 – à l’exception des Roms qui font toujours l’objet d’une forte haine raciste. A présent, c’est l’islam qui est de loin la cible principale de la haine d’extrême droite.

    Cette islamophobie est en fait servie le plus souvent sous le prétexte qu’il ne s’agit pas de racisme – qu’il s’agit uniquement d’un rejet de la religion, et non des musulmans eux-mêmes tant qu’ils ne sont pas musulmans pratiquants.

    En d’autres termes, il y a de « mauvais musulmans » et de « bons musulmans », ces derniers étant ceux qui « boivent de l’alcool et mangent du porc », c’est-à-dire ceux qui sont irréligieux et s’adaptent pleinement à la culture chrétienne occidentale. Les plus bienvenus des musulman·e·s – dans le sens ethnique, s’entend – sont la petite minorité qui participe au chœur islamophobe, en quête de récompense pour leur collaboration à l’instar des indigènes des colonies qui travaillaient au service de leurs maîtres coloniaux.

    C’est cette approche anti-islam qui est à l’œuvre dans les manifestations organisées en Allemagne par un mouvement qui affirme se battre contre « l’islamisation de l’occident ». Ce type d’idéologie est commun à l’extrême droite à travers toute l’Europe – moins peut-être dans le cas du parti UKIP en Grande-Bretagne qui vise tous les immigrants, y compris ceux qui proviennent de pays de l’Union européenne.

    On a suggéré que la gauche française était assez faible sur la question du racisme institutionnel au sein de la société française. Penses-tu que cela soit vrai?

    Absolument. La gauche française – et je veux dire ce que l’on appelle d’habitude la « gauche radicale », à la gauche du Parti socialiste, que je ne qualifierais pas vraiment de « gauche » – a un piètre bilan en ce qui concerne les rapports avec les milieux d’origine immigrée. C’est une carence majeure – bien que l’on puisse, bien sûr, trouver des situations semblables dans la plupart des pays impérialistes.

    L’absence d’un lien important avec ces populations, et en particulier avec leurs jeunes, fait qu’il existe peu de résistance lorsque le ressentiment qui se développe en leur sein pour des raisons légitimes se fourvoie dans une mauvaise direction, conduisant dans des cas extrêmes au fanatisme meurtrier que nous avons vu à l’œuvre.

    Le bilan historique du Parti communiste français en ce qui concerne l’anticolonialisme, en particulier dans le cas de l’Algérie, est loin d’être globalement impeccable. En France même, la lutte contre les discriminations ethniques et l’héritage colonial n’a pas été assez centrale dans les actions de la gauche, ce qui a conduit de nombreux jeunes d’origine immigrée, attirés un moment par la gauche, à la rejeter et à développer un sentiment d’amertume à son égard.

    Cela est généralement lié à une tradition au sein de la gauche française que l’on peut appeler « laïcisme radical » ou « intégrisme laïque ».

    Tu veux parler de l’attachement à la « laïcité » ?

    Non, mais de quelque chose qui va au-delà. Disons que c’est une tradition « anticléricale » qui était très forte historiquement à gauche en France. Elle peut prendre la forme d’une arrogance laïciste à l’égard de la religion et des croyants dans leur ensemble.

    Tant que la religion visée est la religion dominante, il n’y a pas de problème majeur, bien que, même dans ce cas, cela puisse être politiquement contre-productif. Comme le jeune Marx l’avait bien dit, la même religion qui est l’instrument idéologique des classes dominantes peut aussi être « le soupir de la créature accablée ».

    Mais cela est beaucoup plus vrai lorsque la religion en question est la foi particulière d’une partie opprimée et exploitée de la société, la religion des dominés, comme – en Occident – le judaïsme hier et l’islam aujourd’hui. On ne peut pas avoir la même attitude envers le judaïsme dans l’Europe des années 1930 que dans l’Israël d’aujourd’hui, pour donner un exemple – ou la même attitude envers l’islam dans l’Europe d’aujourd’hui que dans les pays à majorité musulmane. De même, on ne peut pas avoir la même attitude envers le christianisme en Egypte, par exemple, où les chrétiens sont une minorité opprimée que dans les pays à majorité chrétienne.

    C’est le problème avec Charlie Hebdo. Certaines personnes impliquées dans Charlie Hebdo se situaient tout à fait à gauche. Stéphane Charbonnier, connu sous le nom de Charb, le directeur de la publication qui était la cible principale des assassins, était à tous les égards quelqu’un qui se situait à gauche. Il avait des liens étroits avec le Parti communiste et les milieux de gauche. Ses funérailles se sont déroulées au son de l’Internationale et l’éloge funèbre que lui a rendu Luz, un survivant de l’équipe de Charlie Hebdo, comprenait une critique acerbe de la droite et de l’extrême droite françaises, et du pape comme de Benjamin Netanyahou.

    En ce sens, la comparaison que certains ont pu faire de Charlie Hebdo avec un magazine nazi publiant des dessins antisémites dans l’Allemagne nazie est complètement absurde. Charlie Hebdo n’est certainement pas une publication d’extrême droite, et la France d’aujourd’hui n’est certainement pas un Etat de type nazi.

    Charlie Hebdo constitue plutôt une illustration éclatante du laïcisme arrogant de gauche que j’ai évoqué, qui est une attitude largement répandue à gauche en bonne conscience – c’est-à-dire dans la conviction que le laïcisme et l’anticléricalisme font partie des principes de base de la tradition de gauche. Ils sont vus comme formant partie d’une identité de gauche, avec le féminisme et autres causes émancipatoires.

    Je sais que l’un des principaux débats au sein de la gauche française au cours de la dernière décennie ou plus a porté sur la question du voile et du droit des femmes musulmanes à porter le hijab en public. Peux-tu expliquer les termes de ce débat?

    Il s’agit d’une autre illustration du même problème. Le débat a surgi en 1989 autour du cas de jeunes filles qui se rendaient à l’école en portant le foulard et se virent expulsées pour avoir insisté à le porter, avec le soutien de leurs familles. Ceci conduisit en 2004 à une loi qui interdit le port de signes religieux « ostentatoires » dans les écoles publiques.

    Une partie de la gauche – en fait, la grande majorité de la gauche française, y compris le Parti communiste – a soutenu cette interdiction en arguant du fait qu’elle « aiderait » les filles à combattre l’imposition oppressive du foulard par leurs familles, la conviction étant que, dès lors que le foulard est un symbole de l’oppression des femmes, sa prohibition est une façon de s’opposer à cette oppression autant que de préserver le caractère laïc des écoles publiques.

    Le problème central avec ce laïcisme arrogant – cette arrogance très orientaliste, on peut dire – est la conviction que la libération peut être « imposée » aux opprimé·e·s. L’argument est qu’en vous forçant à retirer votre foulard, je vous « libère », que vous l’approuviez ou non. Il va de soi que cela constitue une reproduction exacte de la mentalité coloniale.

    Je crois que chez certains, cette critique de la gauche française pour son laïcisme arrogant se mêle à une hésitation à faire une analyse de gauche de l’islamisme politique, en particulier de la variante réactionnaire qui se trouve derrière l’attentat contre Charlie Hebdo ou les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Tu as traité de cette question dans ton livre Le choc des barbaries, n’est-ce pas ?  

    J’ai en effet écrit ce livre après le 11 septembre [3]. Lorsqu’on est confronté à une attaque comme celle du 11 septembre, il est évident que le terme « barbarie » sera inévitablement utilisé pour la décrire.

    Quelle devrait être la réaction des anti-impérialistes ? Il y a deux choix possibles. Le premier est de dire: « Non, ce n’est pas barbare ». C’est une réaction ridicule, car ce l’est manifestement. Pourquoi devrait-on considérer comme barbare le massacre islamophobe perpétré par Anders Breivik, le fanatique norvégien d’extrême droite en 2012, et non les massacres du 11 septembre ou la tuerie de Paris? Ce serait un cas extrême d’« orientalisme à rebours », remplaçant le mépris de l’islam par une position très naïve et acritique envers tout ce qui est fait au nom de l’islam.

    Ce qui est politiquement faux et dangereux, ce n’est pas le recours à des termes comme « barbare », « abominable » et autres, mais l’utilisation déplacée de la catégorie politique de « fascisme ». Beaucoup au sein de la gauche française – le Parti communiste, mais aussi des membres de l’extrême gauche et, récemment, le philosophe post-maoïste Alain Badiou [4] – ont qualifié les attentats de Paris et ceux qui les ont commis de « fascistes ».

    C’est complètement dénué de sens du point de vue sociopolitique dans la mesure où le fascisme est un mouvement de masse ultranationaliste dont la vocation principale est de sauver le capitalisme en écrasant ce qui le menace, à commencer par le mouvement ouvrier, ainsi que de promouvoir un impérialisme agressif. Appliquer cette catégorie à des courants terroristes inspirés par l’intégrisme religieux dans des pays dominés par l’impérialisme est absurde.

    Un tel usage de l’étiquette « fascisme » brouille tout ce qui en fait une catégorie sociopolitique distincte. Si l’on veut diluer cette catégorie sociopolitique de cette façon, des phénomènes comme le stalinisme ou, encore plus, les dictatures baasistes de l’Irak d’avant 2003 ou de l’actuelle Syrie ont bien plus de traits communs avec le fascisme historique qu’Al-Qaeda ou le soi-disant « Etat islamique en Irak et en Syrie ».

    L’abus de cette étiquette a d’abord été le fait des néoconservateurs de l’administration Bush et d’autres qui ont appelé Al-Qaeda « islamo-fascisme », et il est fort malheureux que des personnes de gauche tombent dans ce piège. L’objectif politique manifeste de cet abus d’étiquette – du moment que le « fascisme » est considéré comme le mal absolu, le nazisme lui-même étant un avatar du fascisme – est de justifier toute action contre lui, y compris des guerres impérialistes.

    Je me souviens très bien d’une discussion organisée à Paris par le Parti communiste immédiatement après le 11 septembre et à laquelle j’avais été invité à prendre part. L’un des intervenants, membre éminent de ce parti, a expliqué qu’Al-Qaeda et l’intégrisme islamique constituaient un nouveau fascisme, contre lequel il est légitime de soutenir la guerre menée par des Etats occidentaux, de la même manière qu’il était légitime pour l’URSS de s’allier avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne contre les puissances fascistes durant la Seconde Guerre mondiale. On trouve un écho direct de ce même argumentaire dans la description par les néoconservateurs de la « guerre contre le terrorisme » comme constituant une « Troisième Guerre mondiale » contre « l’islamo-fascisme ».

    Pour revenir à l’étiquette « barbare », l’autre manière d’y réagir est, bien sûr, de dire : oui, ces massacres sont bel et bien barbares, mais ils sont en premier lieu une réaction à la barbarie capitaliste et impérialiste, qui est bien pire. C’est la réaction de beaucoup à gauche après le 11 septembre 2001. Noam Chomsky était probablement le plus éminent parmi celles et ceux qui ont expliqué que, aussi horribles que les attentats du 11 septembre aient été, ils étaient des massacres mineurs en comparaison des massacres commis par l’impérialisme américain.

    Dans mon livre sur le « choc des barbaries », j’ai souligné que la barbarie du fort est la principale responsable, qu’elle est la cause première qui aboutit à l’émergence d’une contre-barbarie du côté opposé. Ce « choc des barbaries » est la vraie nature de ce qui a été décrit, et l’est encore, de façon trompeuse comme un « choc des civilisations ». Comme l’a affirmé Rosa Luxemburg il y a un siècle, la dynamique des crises du capitalisme et de l’impérialisme ne laisse sur le long terme que l’alternative « socialisme ou barbarie ».

    Les attentats du 11 septembre 2001, ceux de Madrid en 2004, de Londres en 2005 et à Paris récemment ont tous été revendiqués par Al-Qaeda – une organisation extrêmement réactionnaire. Avec des organisations idéologiquement similaires, elles sont les ennemies jurées de la gauche dans les pays où elles sont basées. Par exemple, un membre éminent du soi-disant Etat islamique en Irak et en Syrie se vante d’avoir organisé l’assassinat de deux dirigeants clé de la gauche tunisienne en 2013.

    Les jeunes hommes qui ont perpétré les tueries à Paris étaient embrigadés dans des organisations terroristes qui se situent à l’extrême pointe de l’extrême droite dans les pays à majorité musulmane. Al-Qaeda est une excroissance du Wahhabisme, l’interprétation la plus réactionnaire de l’islam et l’idéologie officielle du royaume saoudien – et nul n’ignore que le royaume saoudien est le meilleur ami des Etats-Unis au Moyen-Orient, en dehors d’Israël.

    Les gens de gauche ne devraient pas donner l’impression qu’ils excusent ou soutiennent de quelque manière que ce soit des organisations de ce type. Nous devons les dénoncer pour ce qu’elles sont, mais nous devons aussi souligner, en même temps, que la responsabilité principale de leur émergence incombe à ceux qui ont donné le coup d’envoi du « choc des barbaries » et dont la barbarie est meurtrière sur une échelle incomparablement plus grande : les puissances impérialistes et, au premier chef, les Etats-Unis.

    Il y a en réalité une relation directe et manifeste entre les deux. Les Etats-Unis, avec le royaume saoudien, ont favorisé depuis des décennies les courants intégristes islamiques radicaux dans la lutte contre la gauche dans les pays à majorité musulmane. Ces courants ont longtemps été associés aux Etats-Unis – une collaboration historique qui a culminé avec la guerre d’Afghanistan dans les années 1980, lorsqu’ils furent soutenus contre l’occupation soviétique par Washington, les Saoudiens et la dictature pakistanaise.

    Ce qui est finalement arrivé, comme dans l’histoire de Frankenstein, c’est que certaines composantes de ces forces se sont retournées contre la monarchie saoudienne et contre les Etats-Unis. C’est l’histoire d’Al-Qaeda : ses fondateurs étaient alliés aux Etats-Unis et au royaume saoudien dans la lutte contre l’occupation soviétique en Afghanistan, mais ils se sont retournés contre ces deux à cause du déploiement direct de troupes états-uniennes dans le royaume saoudien en préparation de la première guerre menée par les Etats-Unis contre l’Irak, en 1991.

    Ainsi, l’administration de Bush père a provoqué la volte-face d’Al-Qaeda contre les Etats-Unis par la première guerre contre l’Irak, et Bush fils a poursuivi la tâche avec l’invasion de l’Irak. Cette dernière a été entreprise en prenant pour prétexte de gros mensonges, dont l’un était qu’elle était nécessaire afin de détruire Al-Qaeda – bien qu’il n’y eût aucun lien entre Al-Qaeda et l’Irak. En fait, le résultat de l’occupation états-unienne de ce pays a donné une énorme impulsion à Al-Qaeda, lui permettant d’acquérir une base territoriale cruciale au Moyen-Orient, après avoir été restreinte auparavant à l’Afghanistan.

    Ce qui aujourd’hui s’appelle « Etat islamique » en Irak et en Syrie n’est rien d’autre qu’un nouveau développement de ce qui était la branche d’Al-Qaeda en Irak, une organisation qui n’existait pas avant l’invasion de 2003 et qui est née grâce à l’occupation. Elle avait été défaite et marginalisée à partir de 2007, mais elle est parvenue à se reconstituer en Syrie, tirant avantage des conditions créées par la guerre civile dans ce pays et de la brutalité extrême du régime syrien. Et la voilà maintenant qui frappe une nouvelle fois au cœur de l’Occident. Aujourd’hui, comme hier, « qui sème le vent, récolte la tempête».

    Traduction et notes A L’encontre. Entretien réalisé le 27 janvier 2015, publié le 2 février sur le site SocialistWorker.org.

    Publié par Alencontre le 9 - février - 2015

    [1] http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/01/20/pour-manuel-valls-il-existe-un-apartheid-territorial-social-ethnique-en-france_4559714_823448.html

    [2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_portant_reconnaissance_de_la_Nation_et_contribution_nationale_en_faveur_des_Fran%C3%A7ais_rapatri%C3%A9s#L.27alin.C3.A9a_2_de_l.27article_4_supprim.C3.A9

    « La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. » (article 1).

    « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit » (article 4, alinéa 2).

    Ce dernier alinéa a été abrogé en 2006.

    [3] Gilbert Achcar, Le choc des barbaries. Terrorismes et désordre mondial, Bruxelles, 2002, Éd. Complexes, 166 p., rééd. Paris, Éd. 10/18, 2004, 188 p.

    [4] http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/27/le-rouge-et-le-tricolore_4564083_3232.html

  • Espagne. La tragédie des migrants de Ceuta - Un mépris déplorable pour la vie humaine (Amnesty)

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    Les autorités espagnoles n’ont pas mené d’enquête adéquate sur la noyade de 14 migrants au large de la côte de Ceuta, après un tir à balles de caoutchouc de la Garde civile.

    Cette attitude met en évidence un mépris déplorable envers la vie humaine dans la zone frontalière Espagne-Maroc, a déclaré Amnesty International vendredi 6 février, date anniversaire de la tragédie.

    « Un an après cet événement tragique, les victimes et leurs familles attendent toujours la justice, alors que l’enquête a été interrompue et bloquée », a déclaré Irem Arf Rayfield, chercheuse d’Amnesty International pour les droits des réfugiés et des migrants en Europe.

    Il y a un an aujourd’hui, 200 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en provenance d’Afrique subsaharienne ont tenté de nager jusqu’à Ceuta, une ville autonome de l’Espagne sur la côte nord de l’Afrique, à partir de la frontière avec le Maroc. Pour arrêter leur progression, des membres de la Garde civile espagnole ont tiré des projectiles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des balles à blanc, entraînant la mort de 14 personnes. Une femme aurait également été tuée dans cette opération, mais son corps n’a jamais été retrouvé.

    Un représentant du gouvernement a d’abord nié l’utilisation de tout équipement anti-émeute. Après la parution d’images sur l’équipement utilisé, le ministre de l’Intérieur a admis l’usage d’un tel matériel, en indiquant que les consignes étaient de ne pas toucher les personnes en mer. Cependant, les survivants ont déclaré à des organisations non gouvernementales espagnoles que certains d’entre eux avaient été touchés par des balles en caoutchouc quand ils étaient dans l’eau, et qu’avec les gaz lacrymogènes, il était difficile de voir et de respirer.

    Le Parlement a voté contre une proposition visant la création d’un comité parlementaire chargé d’enquêter sur ces événements. Une enquête criminelle a bien été ouverte en février 2014, mais elle était menée par le commandement de la Garde civile de Ceuta, qui dirigeait aussi l’opération mortelle de l’année dernière. À ce jour, cette enquête ne semble pas avoir été approfondie, prompte et impartiale.

    La juge d’instruction n’a recueilli que tardivement, soit plusieurs mois après ces événements, des informations essentielles, notamment l’identité des gardes ayant participé à l’opération, après que des ONG eurent souligné qu’elle ne disposait pas de ces données en séance.

    « Un an a passé et on constate peu de progrès pour faire rendre des comptes aux responsables. Les victimes de cette tragédie et leurs familles méritent justice et réparation, pas des retards et des tergiversations », a déclaré Irem Arf Rayfield.

    Les expulsions : une violation fondamentale du droit

    Outre ces allégations d’usage excessif de la force, l’Espagne a expulsé sommairement les survivants vers le Maroc, ce qui constitue une violation de ses obligations internationales en matière de droits humains.

    Un groupe de 23 personnes qui avait atteint la plage a été sommairement renvoyé au Maroc sans possibilité d’appel ou de demande d’asile. Le ministère de l’Intérieur a affirmé que ces renvois étaient conformes à la législation espagnole et aux obligations internationales de l’Espagne car les migrants n’avaient pas franchi la frontière espagnole.

    Or, les personnes concernées se trouvaient en territoire espagnol, sur la plage Tarajal (côté Ceuta de la frontière) lorsqu’elles ont été expulsées. Indépendamment de leur localisation physique, ces 23 personnes étaient sous la juridiction de l’Espagne du fait que des gardes civils espagnols les avaient appréhendées.

    « Ce renvoi sommaire représentait une violation directe des obligations espagnoles, européennes et internationales. Et ce n’était ni la première, ni la dernière fois. Des expulsions ont régulièrement eu lieu tout au long de l’année passée », a déclaré Irem Arf Rayfield.

    Une nouvelle législation qui mettrait des vies en danger

    Le Parlement espagnol envisage maintenant de modifier la loi sur l’immigration, ce qui permettrait le renvoi sommaire des personnes se trouvant aux frontières espagnoles de Ceuta et de Melilla sans aucune protection procédurale. Le ministère de l’Intérieur a déclaré qu’il approuverait l’utilisation d’équipements anti-émeute pour mener à bien ces opérations si les modifications étaient adoptées.

    « Au lieu de corriger les pratiques létales actuelles, qui consistent à empêcher à tout prix les réfugiés et les migrants d’entrer en Espagne via ses enclaves en Afrique du Nord, et de renvoyer illégalement ceux qui y parviennent, le gouvernement cherche maintenant à légaliser ces pratiques, ainsi que l’usage potentiellement excessif de la force, pour verrouiller ses frontières », a déclaré Irem Arf Rayfield.

    « Les modifications proposées constituent clairement une violation des obligations de l’Espagne en matière de droits humains et mettent encore plus de vies en danger. Les législateurs espagnols doivent rejeter cette proposition honteuse du gouvernement. »

    http://www.amnesty.org/fr/news/spain-ceuta-migrant-tragedy-deplorable-disregard-human-life-2015-02-06

    Lire aussi:

    http://livewire.amnesty.org/fr/2015/02/06/espagnemaroc-tragedie-a-la-frontiere/

  • Saint Denis Salah Amouri

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  • Pétition : Egypte - Solidarité - Démocratie...(Afriques en Lutte)

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    Il n’y aura pas d’élections libres en Égypte tant que les autorités continuent à réprimer les libertés collectives et individuelles

    Les acteurs de la société civile, les organisations civiques, les syndicats autonomes, les opposants au pouvoir militaire – à quelque bord qu’ils appartiennent, séculier ou islamiste –, y compris les jeunes qui ont mené l’insurrection de la liberté et mis fin au régime de Hosni Moubarak, sont aujourd’hui persécutés en Égypte. Le nouveau pouvoir multiplie les atteintes aux droits et les parodies de justice.

    Le travail associatif est paralysé en raison des persécutions judiciaires. Les militants associatifs et politiques font l’objet de menaces de toutes sortes, et sont empêchés de quitter le pays…

    Quatre ans après le début de la révolution égyptienne, les manifestations de la commémoration ont été réprimées dans le sang. Le samedi 24 janvier 2015, Shaymaa Sabbagh, militante de gauche, a été tuée alors qu’elle venait déposer des fleurs sur la Place Tahrir, en mémoire des martyrs de la révolution. Le lendemain, 25 janvier 2015, la violence est montée d’un cran : une quinzaine de personnes dont 13 manifestants on été tuées.

    Pour toutes ces raisons, nous, signataires de la présente pétition, personnes physiques et morales, militants associatifs ou politiques, réclamons qu’une enquête indépendante et impartiale soit faite sur les événements des 24 et 25 Janvier 2015, et demandons aux autorités égyptiennes de mettre fin à ces exactions, de libérer tous les prisonniers d’opinion et les journalistes afin d’instaurer un climat propice à des élections législatives démocratiques et transparentes. Nous saluons, à cet égard, les organismes internationaux qui ont refusé de figurer comme observateurs de l’opération électorale dans un climat de répression sécuritaire et judiciaire.

    Nous appelons les instances internationales, les pays démocratiques, ainsi que les tribunes de la société civile de par le monde, à se tenir aux côtés du peuple égyptien et à soutenir les militants politiques et associatifs dans leur lutte pour la liberté, la justice, l’Etat de droit et la démocratie.

    Pour signer cet appel, merci d’envoyer un mail avec vos prénom, nom, qualité et pays à : egypte.demo.sol@gmail.com

    N.B : Cette pétition de solidarité avec le peuple égyptien est à l’initiative d’un groupe de démocrates maghrébins (en Europe et au Maghreb).

    Premiers signataires :

    - Michel TUBIANA, Avocat, Président du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme. REMDH
    - Gustavo MASSIAH, Economiste – Ancien Président du CRID
    - Tarek BEN HIBA, Conseiller Régional Ile-de-France – Ensemble !/Front de Gauche - Militant de l’Immigration et des droits de l’Homme
    - Messaoud ROMDHANI, Enseignant, Vice président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme – LTDH
    - Hichem ABDESSAMAD, Militant associatif - France – CRLDHT
    - Sophie BESSIS, Historienne, France
    - Mohamed Chérif FERJANI, Universitaire – Lyon 2 - France
    - Claudette FERJANI, Enseignante – Lyon – France
    - Tewfik ALLAL, Militant associatif – France
    - Farouk BELKEDDAR, Militant associatif - France
    - Abdallah ZNIBER, Militant associatif - France
    - Annie LAHMER, Membre de Secrétariat EELV
    - Renée LE MIGNOT, Co-présidente du MRAP
    - Gilles MANCERON, Historien - France
    - Mohsen DRIDI, Militant associatif France
    - Jérôme GLEIZE, Conseiller de Paris
    - Driss ELKHERCHI, Président de l’ATMF – France
    - Mourad ALLAL, Militant associatif – France
    - Mouhieddine CHERBIB, Militant associatif – CRLDHT - France
    - Nordine SAIDI, Militant associatif – Belgique
    - Sonia DAYAN-HERZBRUN, Sociologue – Professeur émérite à l’Université Paris Diderot-Paris 7
    - Mohamed KHENISSI, Directeur de Centre de Formation - Militant associatif – Tunisie
    - Boualem AZAHOUM, Universitaire, Militant associatif – Lyon France
    - Christian MAHEUX, Syndicaliste - France
    - Hédi CHENCHABI Militant associatif –France
    - Mohamed SMIDA, Militant associatif – France
    - Philippe REVAULT, Professeur ENSAParis – La Villette - Architecte Urbaniste
    - Nadia CHAABANE, Constituante (Députée) Assemblée Nationale Constituante Tunisienne-(2011- 2014)
    - Mohamed BHAR, Artiste musicien
    - Bernard DREANO, Responsable d’Associations de solidarité internationale
    - Saifallah KHABLACHI, Syndicaliste - France
    - Ahmed DAHMANI, Universitaire – France
    - Gilles LEMAIRE, Ecologiste Altermondialiste
    - Umit METIN, Militant associatif – ACORTurquie – France
    - Hassen SALAMA, Universitaire – Université de Palerme – Italie
    - Adel LTIFI, Historien – France
    - Abderrahim AFARKI, Bibliothécaire –Paris
    - Habib AYEB, Géographe – Université Paris 8
    - Asmahan ELBATRAOUI, Traductrice – France
    - Hela ABDALLAH, Cinéaste Syrienne
    - Marie Claude SLICK, Journaliste – Paris
    - Khadija CHERIF, Universitaire – Tunis
    - Lina CHOCTEAU, France
    - Ali BENAMEUR, Universitaire, militant associatif –France
    - Nabil BEN AZZOUZ, Enseignant, militant associatif - Tunisie
    - Mohamed BENSAID, Médecin, milita,t associatif – France
    - Najet Mizouni, Universitaire - France
    - Moncef GUEDOUAR, Président de la FTCR

    Organisations :

    - Comité Pour le Respect des Libertés et des Droits d el’ Homme en Tunisie – CRLDHT
    - Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme – REMDH
    - Mouvement contre le Racisme et l’Amitié entre les Peuples - MRAP – France
    - Association des Travailleurs Maghrébins en France – ATMF
    - Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives - FTCR – France Bruxelles Panthères – Belgique
    - Mouvement Citoyen Palestine – Belgique
    - Cédétim /IPAM – Initiative Pour une Autre Monde – France
    - Union Syndicale Solidaires – France
    - Assemblée des Citoyens Originaires de Turquie – ACORT - France AIDDA - France
    - Collectif 3 C – France
    - Assemblée Européenne des Citoyens – Réseau Helsinki Citzen’s Assembly International

    7 février 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/egypte/article/petition-egypte-solidarite

  • A Laghouat, militer est un délit (El Watan)

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    Les chômeurs de Laghouat sont à nouveau convoqués par la justice. La semaine dernière, neuf d’entre eux ont été interpellés et jugés pour attroupement non armé. Le parquet a requis deux ans de prison ferme à leur encontre.

    «Les neuf chômeurs interpellés à Laghouat sont connus ici quant à leur dévouement pour les causes justes et la défense des droits des chômeurs, résume Safiddine Benadjila, 29 ans, ancien membre de la coordination des chômeurs de Laghouat, qui travaille actuellement comme agent de sécurité dans une multinationale à Hassi Messaoud. Je pense que les autorités veulent les maintenir en prison car ils les dérangent énormément, notamment après l’avènement de la protesta contre le gaz de schiste au Sud.» Neuf chômeurs ont été placés sous mandat de dépôt depuis dix jours à Laghouat.

    Parmi eux, Belkacem Khencha, 41 ans, père de quatre enfants et responsable du mouvement dans cette wilaya ; El Oulmi Benbrahim, 40 ans et père de deux enfants, et Mohamed Reg, 35 ans. «Ils ont été interpellés pendant le rassemblement qu’ils ont organisé le 28 janvier dernier devant le tribunal de Laghouat en signe de solidarité avec leur ami et membre du mouvement des chômeurs, Mohamed Reg, embarqué par la police le 22 janvier près de son domicile», explique Safiddine.

    Quant aux raisons de l’arrestation de Mohamed, Me Noureddine Ahmine, avocat des détenus et coordinateur du Réseau des avocats pour la défense des droits de l’homme (RADDH) précise : «Mohamed a été arrêté au passage sur ordre de l’officier en service sans raison apparente. Il est poursuivi pour violences en flagrant délit envers les forces publiques, en application de l’article 148.» Accusés d’«attroupement non armé», les neuf chômeurs placés sous mandat de dépôt ont été jugés par le tribunal de Laghouat, mercredi dernier.

    Attroupement

    La veille du jugement, trois autres personnes «qui étaient à la gare routière pour accueillir les gens venus assister au procès» ont été interpellées par la police à 1h du matin. Il s’agit du petit frère de Belkacem, Khalil Khencha, 22 ans, volleyeur professionnel à Oran, de son neveu, Abdelmadjid Benazzouzi, et Younes Charef, 29 ans, étudiant en master Sciences politiques à l’université de Laghouat.

    Ces derniers, qui ont été présentés le lendemain devant le procureur de la République, ont été eux aussi poursuivis pour «attroupement non armé». Convocation de justice en main pour se présenter devant le même tribunal le 25 février prochain, Kahlil, Abdelmadjid et Younes ont été relâchés le lendemain même vers 15h. «Nous avons été maltraités à l’intérieur du commissariat.

    L’un des policiers a qualifié d’acte terroriste notre présence à la gare routière de la ville», s’indigne Khalil. «C’est une manière claire des autorités locales de faire obstacle aux chômeurs qui, dans leur majorité, portent des revendications légitimes d’ordre socio-politique», ajoute Younes. Pour le procès des chômeurs, le 4 février dernier, plusieurs avocats ont fait le déplacement à Laghouat pour plaider leur cause.

    Me Ahmine fait le point sur le contenu de l’affaire. «Ils ont deux chefs d’accusation. Le procureur les accuse aussi d’essayer d’influencer les décisions du juge en organisant un sit-in de soutien en dehors du tribunal, selon l’article 147 du code pénal», explique l’avocat. Et de s’interroger : «Depuis quand les rassemblements de soutien sont-ils interprétés comme une volonté d’interférence aux décisions de la justice de la part des organisateurs ? Cela n’a aucun sens !»

    Police Dans son rapport, le bureau de Laghouat de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme accuse les forces de l’ordre déployées autour du tribunal, le jour du procès, d’avoir des comportements «irrespectueux envers la citoyenneté». «La Laddh condamne cette recrudescence de la persécution exercée par des agents de l’ordre, qui se permettent des droits excessifs au détriment de la citoyenneté», lit-on sur le communiqué de la Laddh.

    Hamid Ferhi, coordinateur du Mouvement démocratique et social, qui a fait le déplacement d’Alger pour se solidariser avec les chômeurs, qualifie l’affaire de «procès de la honte» : «Le procès fait à Belkacem Khencha est une parodie de justice. Seuls des policiers ont assisté à ce procès de la honte. Son propre père a été empêché d’assister à cette audience surréaliste», et d’ajouter : «La justice vient d’inventer un nouveau chef d’inculpation : pression sur la justice. Ainsi donc, si on devait juger une telle fumisterie, les nombreux manifestants d’hier auraient dû être tous arrêtés.

    Le verdict sera rendu mercredi prochain, continuons la mobilisation pour la libération des militants de Laghouat et pour un Etat de droit.» Le parquet a requis «deux ans de prison ferme contre tous les prévenus». Le verdict sera connu mercredi prochain. Environ 100 personnes ont participé au rassemblement de soutien. «Ils sont venus de Batna, Relizane, Alger, Oued Souf et El Bayadh. Aucun incident n’a été enregistré, hormis l’interpellation d’un militant venu de Batna et relâché trois heures plus tard», affirme Safiddine qui était aussi présent au rassemblement de soutien.

    Solidarité

    Me Ahmine revient sur le procédé utilisé par la police et qualifie les agissements des forces de l’ordre de «contraires» à la loi. «La procédure utilisée par la police lors des interpellations est contraire à la loi. Déjà, ils ne peuvent intervenir que dans le cas d’un trouble public, ce qui n’était pas le cas avec les neuf chômeurs, insiste-t-il. Avant d’intervenir dans le cas d’un attroupement, la police doit d’abord alerter le wali. C’est soit ce dernier, le chef de daïra, le président d’APC ou le chef de la sécurité qui doit s’adresser aux manifestants afin de leur demander de se disperser. Si ces derniers acceptent, alors dans ce cas on ne peut pas parler d’attroupement.

    Le cas échéant, les policiers ont encore deux autres procédures à appliquer avant de procéder aux interpellations.» Me Ahmine s’étale encore sur le sujet des procédés utilisés par la police et explique leurs objectifs : «La police ignore les lois pour fatiguer et fragiliser les militants. Elle doit absolument cesser ces pratiques, car elle ne peut se mettre au-dessus de la loi, s’indigne l’avocat.

    Ces arrestations arbitraires constituent une grave atteinte au respect de la liberté des individus et la liberté d’expression garanties par tous les pactes et conventions ratifiés par l’Algérie, donc une violation caractérisée des droits de l’homme, des atteintes et des violations qui ne peuvent être que condamnées avec force.

    Le Réseau des avocats de défense des droits de l’homme condamne vigoureusement ces pratiques et demande la libération immédiate des détenus.» La Laddh appelle aussi à la libération des détenus et qualifie leur incarcération d’injuste : «Les charges retenues contre les accusés violent délibérément la liberté de réunion et de manifestation pacifique considérées comme des droits fondamentaux.

    Nous restons solidaires et nous revendiquons, sans conditions préalables, la libération et l’acquittement de tous les détenus», lit-on sur leur communiqué. Sur les réseaux sociaux, la nouvelle du procès des chômeurs a suscité une grande vague d’indignation. Certains se préparent d’ores et déjà pour la tenue d’un deuxième rassemblement de soutien prévu mercredi prochain, jour du verdict

    Meziane Abane le 06.02.15 | 10h00

    http://www.elwatan.com/actualite/a-laghouat-militer-est-un-delit-06-02-2015-286827_109.php

  • Égypte, perpétuité pour 230 militants de la révolution (Courrier Inter)

    Ahmed Douma, une des figures emblématiques de la jeunesse révolutionnaire égyptienne, a été condamné a perpétuité le 4 février au Caire - AFP / Mohamed EL-RAAY

     

    Ahmed Douma, une des figures les plus emblématiques de la jeunesse révolutionnaire égyptienne, et 229 autres militants ont été condamnés à la prison à vie le 4 février par un tribunal du Caire.

     

    Ahmed Douma, une des figures emblématiques de la jeunesse révolutionnaire égyptienne, a été condamné a perpétuité le 4 février au Caire - AFP / Mohamed EL-RAAY

     

    "Perpétuité pour Douma et 229 autres accusés", titre le quotidien cairote de centre gauche Al-Shorouk. Ahmed Douma, 26 ans, est une figure emblématique de la jeunesse révolutionnaire égyptienne. De même, beaucoup de ses coaccusés sont issus du mouvement de gauche Jeunesse du 6 avril, fer de lance de la contestation sous l'ancien régime de Moubarak, puis contre le successeur de celui-ci, Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans.

    Par ailleurs, 39 mineurs ont été condamnés à dix ans de prison. Tous étaient accusés de "rassemblement illégal" et "troubles à l'ordre public" pour avoir participé à la manifestation qui s'est déroulée sur plusieurs jours en décembre 2011 devant le siège du Conseil des ministres, près de la place Tahrir au Caire.

    Le journal rapporte qu'après le verdict "la première réaction de Douma a été de serrer la main du juge en lui faisant un grand sourire. Ce à quoi le juge a répondu : "Nous ne sommes pas sur la place Tahrir. Un peu de retenue, sinon je t'ajoute sept ans pour irrespect envers la justice."

    Fin 2014, la justice égyptienne avait organisé des procès de masse contre des Frères musulmans, avec des condamnations à mort par centaines.

    Courrier international 5 février 2015

    http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/05/perpetuite-pour-230-militants-de-la-revolution