Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 8

  • Turquie. Les autorités doivent permettre aux Syriens qui fuient les combats à Alep de se mettre en sécurité (Amnesty)

    syri.jpg

    Les dizaines de milliers de personnes fuyant l'offensive conjointe menée par les gouvernements syrien et russe dans le nord de la Syrie doivent être autorisés à franchir la frontière pour se mettre en sécurité en Turquie, a déclaré Amnesty International le 5 février 2016, alors que des milliers de personnes attendent aux postes-frontière, qui restent fermés.

    Selon certaines informations, entre 40 000 et 70 000 personnes sont déplacées, fuyant les combats qui font rage près de la ville d'Alep. Plus de 20 000 attendent déjà à Bab al Salam, du côté syrien du poste-frontière d'Öncüpınar, dans la province de Kilis, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, actuellement fermée. 

    « La Turquie a laissé entrer un très grand nombre de personnes fuyant les horreurs de la guerre et la catastrophe humanitaire. Elle ne doit pas fermer ses portes à ceux qui ont besoin de se mettre en sécurité, a déclaré Sherif Elsayed Ali, directeur adjoint du programme Thématiques mondiales à Amnesty International. 

    « Ces personnes fuient les frappes aériennes et les violents combats. Elles sont traumatisées et épuisées. La Turquie doit leur permettre d'entrer sur son territoire et la communauté internationale doit faire tout son possible pour fournir à ce pays l’aide dont il a besoin. » 

    Amnesty International a recensé tout au long du conflit des attaques illégales généralisées contre des zones civiles et des centres médicaux, imputables aux forces du gouvernement syrien et, de plus en plus, aux forces russes, qui apportent leur soutien au gouvernement syrien depuis septembre 2015. Elle a notamment recueilli des éléments attestant de l'utilisation illégale de bombes non guidées dans des zones à forte densité de population et d'armes à sous-munitions, par nature non discriminantes. 

    « L'offensive conjointe des forces syriennes et russes contre Alep fait de nombreuses victimes parmi la population civile, contraint des milliers à fuir et avive les craintes qu'un siège ne soit mis en place, car les voies d'approvisionnement vers les zones contrôlées par l'opposition sont coupées. La communauté internationale ne peut guère se dire surprise d'assister à cet exode aujourd'hui, a déclaré Sherif Elsayed Ali. 

    « La conférence des donateurs qui s'est tenue le 4 février à Londres a promis un fonds de 10 milliards de dollars pour les personnes touchées par la guerre en Syrie – ce qui montre à quel point leurs besoins sont critiques et urgents. La Turquie, ainsi que le Liban et la Jordanie, accueillent un nombre disproportionné de réfugiés et la communauté internationale doit mettre en œuvre ses engagements en vue de proposer une part équitable de places de réinstallation pour les réfugiés. »

    Complément d’information

    Amnesty International a demandé à plusieurs reprises aux pays voisins de la Syrie de maintenir des postes-frontière ouverts aux réfugiés syriens fuyant le conflit, à savoir des points de passage suffisants, situés au bon endroit, sûrs et réguliers. Pourtant, la Turquie, le Liban et la Jordanie ferment fréquemment leurs frontières, tout comme l'Irak, ce qui entrave le passage des réfugiés et les oblige à emprunter des itinéraires dangereux et clandestins, et à faire appel à des passeurs. 

    Malgré les promesses d'aide du 4 février, la réponse globale de la communauté internationale à la crise en Syrie s'avère insuffisante et les organismes ont dû restreindre l'aide fournie à ceux qui en ont besoin. Les fonds, les promesses de réinstallation, par lesquelles un État propose une résidence et de l'aide aux réfugiés qui fuient leurs pays d'origine, ainsi que les itinéraires sûrs et légaux pour se mettre en sécurité, demeurent trop rares. 5 février 2016

    https://www.amnesty.org/fr/latest/turkey-authorities-must-ensure-safe-passage-for-syrians-fleeing-aleppo

  • Orléans Palestine

    ujfp.jpg

  • Six syndicalistes et militants des droits de l’homme arrêtés par la police (Algeria Watch)

    snapap_situation_algerie_614837166.jpg

    Le Wali d’Alger empêche une réunion du Snapap

    Des syndicalistes et des membres d’associations ont été empêchés, hier, de tenir une réunion sur le pouvoir d’achat et la loi de finances 2016.

    Un dispositif policier dépêché par le wali d’Alger a empêché la tenue de la rencontre, programmée par le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) hier à la maison des syndicats à Bab Ezzouar, Alger.

    Salah Debbouz, président la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) a été arrêté avec d’autres membres du Snapap, mais aussi du Syndicat autonome des travailleurs du secteur des transports.

    Au total, six syndicalistes et militants ont été arrêtés et conduits au commissariat d’El Djorf (Bab Ezzouar) pour «rassemblement sans autorisation», précise Mourad Tchiko, membre du conseil national du Snapap. «Ce motif est nul, puisqu'il s’agit d’une réunion programmée au siège du syndicat qui ne nécessite pas, selon la loi en vigueur, une autorisation préalable des autorités locales», souligne le même syndicaliste, qui exprime une sérieuse inquiétude sur l’exercice des activités syndicales.

    Ce syndicaliste, qui dénonce la force utilisée par les policiers pour empêcher la tenue de la réunion — la troisième du genre depuis quelques semaines — sur ordre du wali d’Alger. «C’est une décision arbitraire qui trahit la volonté des pouvoirs publics à museler tout ce qui ne concorde pas avec le discours officiel servi par les médias publics et les satellites du pouvoir», dénonce Mourad Tchiko, contacté hier.

    Le Snapap organise depuis quelques semaines des rencontres entre syndicalistes et société civile autour de la situation socioéconomique du pays. Les réunions passées avaient trait au pouvoir d’achat des Algériens, sérieusement menacé par les dispositions de la loi de finances 2016 qui comporte de nouvelles augmentations des tarifs de produits de large consommation.

    «La rencontre d’aujourd’hui (hier, ndlr) devait porter sur les dispositions de la loi de finances mais aussi sur la lutte contre la corruption. Les autorités ne veulent apparemment pas de fausses notes pour le vote des nouvelles constitutions qu’elles présentent comme voies salutaires vers l’Etat civil tant recherché et voilà qu’elles nous affichent la couleur de ce qui attend les syndicats et les autres formes de militantisme», soutient encore M. Tchiko.

    Plusieurs réunions ont été consacrées par ce syndicat à l’analyse du salaire des fonctionnaires algériens. On se rappelle de l’étude réalisée par un groupe de syndicalistes, rendue publique il y a quelques semaines, faisant état de la détérioration du pouvoir d’achat et appelant à l’instauration de mesures d’urgence au profit des ménages aux revenus modestes. Le Snapap compte saisir les organisations et instances nationales et internationales sur «cet abus de pouvoir» et n’écarte pas la possibilité de poursuivre en justice M. Zoukh, le wali d’Alger. El Watan, 7 février 2016


    Fatima Aït Khaldoun-Arab

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/syndicalistes_militants_arretes.htm

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvrepr/snapap_denonce_arrestations.htm

    Voir aussi:

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/praticiens_sante_privatisations.htm

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    criminels-sans-frontieres-bibi-netanyahu.jpg

     

  • Les dossiers d 'Acrimed

    « Intifada des couteaux » : au Monde.fr, un récit partiel… et partial

    « Intifada des couteaux » : au Monde.fr, un récit partiel… et partial

    Vous avez dit « cycle de violences » ?

    A lire également...

     

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Libye. Une intervention militaire renforcerait l’organisation de l’Etat islamique

    8 - février - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Patrick Haimzadeh Evoquée depuis deux ans par les dirigeants français, britanniques et italiens, leurs états-majors et les disciples de l’idéologie néoconservatrice américaine des années George W. Bush, la perspective d’une deuxième intervention militaire en Libye est à nouveau à l’ordre du jour. L’objectif affiché serait l’éradication de l’organisation de l’État islamique en Libye, dont […]

    Syrie. Un «processus de négociations» frère jumeau de celui Israël-Palestine

    7 - février - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Sharif Nashashibi  Le président syrien Bachar al-Assad s’est inspiré des manœuvres de diversion israéliennes en matière de négociation: rien que du processus et pas de paix Jusqu’ici, rien de remarquable n’est ressorti de la dernière conférence sur la Syrie qui se déroule actuellement à Genève [article écrit le 3 février 2016, avant que l’ineffable Staffan […]

     

    Syrie. L’offensive syro-russe & alii sur Alep. Quid des négociations de Genève?

    7 - février - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Bullent Kilic et entretien avec Mohamed Allouche En deux jours, ce sont plus de 40’000 personnes qui ont fui les combats dans la province d’Alep et qui se sont dirigées vers le nord et vers la Turquie. Vendredi soir, le 5 février, la plus grande partie de ces déplacé·e·s se trouvaient soit sur la route, […]

     

    Syrie. Quelle aide au peuple syrien? Une aide à des «zones économiques spéciales», afin de transformer des camps de réfugiés temporaires en structures permanentes

    7 - février - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Myriam François La conférence des donateurs pour la Syrie organisée le jeudi 4 février à Londres visait à répondre aux besoins des près de six millions de personnes déplacées en Syrie et des plus de quatre millions de réfugiés présents dans d’autres pays en obtenant des engagements de la «communauté internationale» à hauteur de 9 milliards […]

     

    Algérie. Du droit du tamazight de s’émanciper de «son» académie…

    6 - février - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Nadir Djermoune Pour l’auteur de cette contribution, les choix culturels et linguistiques des Algériens doivent se fonder sur leurs réalités et leurs besoins actuels plus que sur une «essence» difficilement définissable. «Sommes-nous obligés de convoquer les morts pour légitimer les revendications d’aujourd’hui?», s’interroge-t-il. Et de répondre que «l’identité culturelle collective, politique ou sociale n’est […]

  • Syrie. Un «processus de négociations» frère jumeau de celui Israël-Palestine (A l'Encontre.ch)

    Les «premières négociations de paix», en janvier 2014, à Montreux-Genève, sous l'égide Lakhdar Brahimi et Ban Ki-moon

    Les «premières négociations de paix», en janvier 2014, à Montreux-Genève, sous l’égide Lakhdar Brahimi et Ban Ki-moon

    Par Sharif Nashashibi 

    Le président syrien Bachar al-Assad s’est inspiré des manœuvres de diversion israéliennes en matière de négociation: rien que du processus et pas de paix

    Jusqu’ici, rien de remarquable n’est ressorti de la dernière conférence sur la Syrie qui se déroule actuellement à Genève [article écrit le 3 février 2016, avant que l’ineffable Staffan de Mistura n’annonce la suspension jusqu’au 25 février 2016]. Ce n’est pas surprenant, non seulement en raison des conditions spécifiques de ces négociations, mais parce que celles-ci sont l’extension d’un «processus de paix» redondant qui partage des caractéristiques significatives avec son pendant israélo-palestinien.

    Le cadre du «processus de paix» syrien est resté sensiblement le même depuis son lancement en 2012. En dépit de ses défaillances évidentes et prévisibles, à Genève et à Vienne, la conférence actuelle en Suisse s’obstine à réinventer une roue qui n’a jamais fonctionné. On est alors en droit de se demander si le processus est conçu pour gérer le conflit plutôt que de le résoudre.

    Voilà comment le «processus de paix» israélo-palestinien moribond a longtemps été considéré, étant donné qu’il en reste à ces recettes qui échouent depuis son début il y a un quart de siècle. Israël l’utilise comme couverture pour ancrer encore davantage son occupation et la colonisation de la Palestine, fidèlement assisté et encouragé par les Etats-Unis qui sont censés jouer les intermédiaires entre les deux parties.

    En ce qui concerne la Syrie, c’est la Russie qui soutient activement le régime par le massacre et l’assujettissement des Syriens tout en prétendant être un médiateur en quête de paix. Dans les deux cas, cette duplicité sert à soutenir leurs alliés respectifs et les protéger de la critique dans un Conseil de sécurité de l’ONU paralysé principalement par les droits de veto américain et russe.

    Les Syriens connaissent ce que les Palestiniens endurent depuis longtemps: du processus et pas de paix; négocier pour négocier, pas pour trouver une solution juste et durable à leur détresse. Dans les deux cas, il s’agit pour certains protagonistes de ces conflits, et la communauté internationale dans son ensemble, d’être vus en train de faire quelque chose, peu importe la sincérité et l’efficacité de ces efforts – en d’autres termes, les relations publiques et l’apparence priment sur le fond.

    Fin de l’occupation israélienne/du règne d’Assad

    Lorsque les Palestiniens disent que les discussions doivent aboutir à la fin de l’occupation israélienne, ou lorsque les Syriens disent que les discussions doivent aboutir à la démission du président Bachar al-Assad, ils sont raillés comme obstructionnistes pour ces conditions préalables. Toutefois, les négociations doivent avoir un objectif final clairement défini, sinon elles se perdent indéfiniment dans les méandres et donnent le temps et la possibilité de remettre à plus tard, de duper et d’avorter.

    Israël et le régime d’Assad sont les causes de leurs conflits respectifs, quoi qu’on puisse penser des méthodes utilisées pour leur résister et des groupes impliqués dans la résistance. Quel est l’intérêt de négocier pour les Palestiniens si Israël ne s’engage pas à mettre fin à son occupation, ou pour les Syriens si Assad refuse de démissionner?

    La belligérance d’Israël et du régime d’Assad repose sur un déséquilibre fondamental du pouvoir vis-à-vis de leurs ennemis, ce qui rend les négociations vides de sens sans la pression nécessaire parce que la partie la plus forte n’a ainsi aucune raison de chercher une solution juste – et donc viable.

    Staffan Mistura annonce, le 2 février 2016 «l'ouverture officielle des négociations de Genève»

    Staffan Mistura annonce, le 2 février 2016 «l’ouverture officielle des négociations de Genève»

    Le régime d’Assad a détruit le pays, a commis des crimes de guerre et contre l’humanité et il est responsable de la grande majorité des centaines de milliers de victimes civiles à ce jour – rien que pour conserver son monopole brutal sur le pouvoir. Pourtant, comme dans l’ensemble du «processus de paix» syrien, le sort d’Assad ne sera pas discuté à Genève.

    «Il est inacceptable que l’ensemble de la crise syrienne et la solution à cette crise doivent dépendre du sort d’un seul homme» (17 décembre 2015), déclarait le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon en décembre, comme si une solution pouvait être trouvée en balayant tout simplement cette question capitale sous le tapis taché de sang.

    Au lieu de cela, la première phase des négociations (qui sont censées durer six mois) se concentrera uniquement sur la conclusion d’un cessez-le-feu (qui exclura certaines des forces au sol les plus redoutables), la fourniture d’une aide humanitaire et la lutte contre l’Etat islamique. Cependant, régler tout ou partie de ces questions – qui sont des effets du conflit, non sa cause – ne mènera pas à une transition du pouvoir qui n’est pas encore matière à discussion et n’apportera donc pas la paix en Syrie.

    L’utilisation des tactiques israéliennes par Assad

    Au contraire, le régime continuera à qualifier toute opposition de terrorisme, de sympathie terroriste ou d’ingérence étrangère, tout comme le fait Israël. La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a accusé le secrétaire général de l’ONU d’«encourager le terrorisme» (BBC 27 janvier 2016) après que ce dernier a déclaré qu’«il est dans la nature humaine de réagir à l’occupation» (The Guardian, 26 janvier 2016),

    Le régime d’Assad continuera à utiliser les négociations comme une plate-forme pour amplifier son discours déformé et veillera à ce qu’elles s’enlisent sur les questions de «sécurité» plutôt que sur le traitement de la cause du conflit et donc de sa solution – encore une fois, comme le fait Israël.

    Les deux parties et leurs alliés respectifs mettent la futilité des négociations sur le compte de la désunion de leurs adversaires, disant qu’il leur manque un «partenaire pour la paix», mais font tout leur possible pour maintenir et exacerber les divisions.

    Israël a longtemps attisé les flammes de la rivalité entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. En parallèle, les discussions à Riyad en fin d’année dernière qui ont conduit à une unité diplomatique sans précédent entre les groupes de l’opposition syrienne se sont heurtées à des efforts extérieurs visant à dicter quels sont ceux qui sont autorisés à participer à des négociations – une tentative évidente de créer de nouvelles divisions.

    Le président syrien Bachar al-Assad s’est inspiré des manœuvres de diversion israéliennes en matière de négociation. Cela n’a rien de surprenant, car cette tactique est très familière, ayant été utilisée efficacement pour maintenir l’occupation par Israël du plateau du Golan syrien depuis un demi-siècle. N’est-ce pas cruel que les Syriens soient une fois de plus la cible de telles tactiques – cette fois par leur propre gouvernement? (Publié par MEE, le 3 février 2016)

    Publié par Alencontre le 7 - février - 2016

    Sharif Nashashibi collabore régulièrement avec Al-Arabiya News, Al-Jazeera English, The National et The Middle East Magazine. En 2008, il a reçu une distinction de la part du Conseil international des médias «pour avoir réalisé et contribué à des reportages systématiquement objectifs» sur le Moyen-Orient.

    http://alencontre.org/syrie-un-processus-de-negociations-frere-jumeau-de-celui-israel-palestine

  • Imen Habib : « Un harcèlement juridique contre BDS » (UJFP)

    mur.jpg

    Imen Habib, animatrice de la Campagne BDS France, interviewée par Denis Sieffert, dresse un bilan de l’action internationale contre la colonisation des Territoires palestiniens. Si elle connaît des victoires, elle rencontre aussi la répression, notamment en France.

    Au moment où la droite israélienne lance une offensive en France contre le boycott des produits israéliens, et tente de faire interdire toute réunion publique sur ce thème, deux pétitions circulent en défense de cette campagne pacifique. L’une initiée par BDS France, dont nous avons rencontré la coordinatrice, l’autre, d’une sensibilité différente, est à l’initiative de l’Association France Palestine solidarité (voir encadré).


    Pouvez-vous nous rappeler l’historique de la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) ?

    Imen Habib : La campagne BDS a été lancée en 2005 par plus de 170 associations et organisations de la société civile palestinienne. C’est une campagne non-violente qui s’inspire de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.

    Dans quel contexte est née cette initiative ?
    Cet appel a été lancé un an après l’avis de la Cour internationale de justice recommandant sans succès le démantèlement du mur dont le tracé annexait de nouveaux territoires palestiniens, isolait des villages et détruisait des terres agricoles.

    Quels sont les pays qui ont repris immédiatement cet appel ?

    La campagne BDS est très vite devenue internationale, aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, puis en Espagne, au Maroc, et même au Japon, où j’ai eu le plaisir de rencontrer des camarades de BDS Osaka ! En France, il y a eu des actions BDS ici et là, mais c’est en 2009 que s’est créée la campagne BDS France, après l’attaque israélienne sur Gaza « Plomb durci », qui a fait 1 400 morts côté palestinien. Nous nous sommes dit qu’il était temps de créer une campagne unitaire ayant vocation à ne travailler spécifiquement que sur BDS. Aujourd’hui, la campagne BDS France [1] regroupe plus d’une cinquantaine d’organisations nationales, d’associations et de comités locaux. Nous travaillons étroitement avec le BNC (comité palestinien pour le BDS), ainsi qu’avec nos amis anticolonialistes israéliens de « Boycott from within » (Boycott de l’intérieur).

    La France a une position particulièrement répressive…

    La France est en effet le seul pays démocratique à criminaliser BDS. Tout commence par une circulaire de l’ancienne ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, demandant aux procureurs de poursuivre les militants BDS. Cette circulaire est tellement « politique » qu’elle ne fait même pas semblant de viser le boycott en général. Il y est précisé que la répression doit concerner les boycotteurs d’Israël. Pas de problème pour ceux qui appellent par exemple au boycott de la Chine par rapport à la situation au Tibet…

    Les militants BDS ont fait l’objet d’un harcèlement­ juridique de la part d’organisations ultra-sionistes portant systématiquement plainte lors d’actions anodines de distribution de tracts. Certains tribunaux ont obtempéré, alors que sans la circulaire ils auraient classé l’affaire. Pire encore, lorsque des militants étaient relaxés, le parquet faisait systématiquement appel. La plupart des responsables politiques, de François Fillon à Manuel Valls, n’ont comme seuls arguments à nous opposer que des mensonges éhontés pour tenter d’arrêter la progression de la campagne en France.

    Quelle est l’attitude des tribunaux ?

    Il y a eu des jugements contradictoires concernant les procès BDS. Certains procureurs, refusant d’obéir à leur hiérarchie et faisant preuve d’indépendance, ont notamment demandé la relaxe de militants ou de militantes inculpés. Un juge de la cour d’appel de Paris avait précisé que cette campagne BDS relevait de la liberté d’expression. Mais les lourdes pressions politiques ont fait que des militants ont été condamnés, comme c’est le cas pour le procès des « douze » de Mulhouse, condamnés à de lourdes amendes, jugement confirmé par la Cour de cassation. C’est un véritable scandale, qui ne nous arrêtera pas.

    Il y a des débats au sein du mouvement français de défense des droits des Palestiniens, pouvez-vous nous en donner les enjeux ?

    Oui, comme dans tout mouvement, il y a des débats et des stratégies différentes quant au champ d’application de cette campagne de boycott. Certaines associations veulent limiter le boycott surtout aux produits des colonies et ne participent pas ou peu au boycott culturel, universitaire et sportif de l’État d’Israël et de ses institutions.

    Ce n’est pas le cas de la campagne BDS France, car nous considérons que le problème ne se limite pas seulement aux colonies. Il y a de très nombreuses discriminations à l’encontre des Palestiniens d’Israël, et il y a le droit au retour des réfugiés qui est reconnu par les Nations-Unies. Lors de la campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud, il ne s’est pas élevé une seule voix, et à juste titre, pour dire qu’il fallait limiter ce boycott aux bantoustans. C’est le régime d’apartheid israélien qui est visé par BDS, et je crois que c’est très important de le rappeler.

    De plus, nous répondons à un appel palestinien avec lequel nous sommes solidaires. Ce sont les Palestiniens qui nous demandent, par exemple, de ne pas boycotter les individus, mais en revanche de boycotter et d’appeler au désinvestissement d’entreprises complices de violations du droit international et/ou des institutions israéliennes. Nous respectons ces demandes.

    Quel bilan tirez-vous de cette campagne, en France et dans le monde ?
    Malgré les nombreuses attaques auquel elle doit faire face, la campagne BDS continue et progresse en France. Elle obtient ses premiers grands succès avec les campagnes en direction de Veolia ou d’Orange. Elle progresse aussi à travers le monde : des victoires sont remportées chaque jour et, selon un rapport des Nations-Unies, les investissements étrangers en Israël ont chuté de 46 % en 2014. Les auteurs du rapport attribuent cela aux attaques contre Gaza, mais aussi à la campagne BDS. Israël considère les actions de BDS comme une « menace stratégique » et un département spécial doté de plusieurs millions de dollars a été créé pour lutter contre BDS à travers le monde.

    Comment percevez-vous l’attitude du gouvernement actuel, et notamment les récentes interventions de Manuel Valls ?
    Ces dernières semaines, Manuel Valls est intervenu quatre fois contre la campagne BDS, qui est devenue le nouveau chiffon rouge qu’il agite pour détourner l’opinion de ses errances politiques et sociales. Cette focalisation contre des militants antiracistes en dit long. Ce qui est certain, c’est que nous n’avons pas l’intention de nous laisser intimider : la censure, l’arbitraire et la répression ne nous démobiliseront pas. Nous continuerons à lutter pour la justice, l’égalité et la liberté en Palestine-Israël, et aussi en France, tant qu’il le faudra.

    Une pétition pour lutter contre cette répression, « Nous appelons au boycott des produits israéliens », a été lancée et nous avons eu l’agréable surprise de la voir signée par de nombreuses personnalités, et aussi par des milliers de personnes souvent éloignées de BDS mais qui n’en peuvent plus de ces atteintes aux libertés fondamentales. Elle compte aujourd’hui plus de 12 000 signataires [2].

    « Une atteinte aux libertés publiques »

    Dans un texte initié par France Palestine solidarité (voir Politis.fr), de nombreuses personnalités expriment leur « indignation face à une atteinte aux libertés publiques », à la suite de la condamnation de « citoyens ayant appelé au boycott de produits israéliens ». Les signataires, qui avouent avoir des « positions diverses » sur ce boycott, soulignent que ces actions « ont toujours été considérées par les pays démocratiques comme des formes protégées de liberté d’expression ». « Au nom de
    quoi, s’interrogent-ils, en vient-on, en France, à considérer qu’un appel au boycott est une incitation à la discrimination quand il concerne Israël alors qu’il ne poserait aucun problème quand il s’agit d’un autre pays ? »
    Ils rappellent que « cela fait des dizaines d’années que l’État d’Israël viole les conventions internationales et bafoue les droits du peuple palestinien reconnus par l’ONU, […] sans provoquer de réaction autre que de condamnation verbale de la part de nos gouvernements ».

    jeudi 4 février 2016

     
  • Syrie, Turquie, Russie, Genève... (Essf)

    syrie.jpg

    Orateur: Ghayath Naisse

    Un rapport récent de l’ONU confirme l’existence de vingt « points » en Syrie qui souffrent du blocus complet et de la famine de la population civile.

    Cela concerne 400 000 personnes, dont des enfants, femmes et vieillards. Des dizaines meurent de faim au quotidien. Ce rapport chiffre également à environ quatre millions le nombre de personnes qui ne bénéficient que de peu d’aide humanitaire pour leur survie...

    La plupart de ces régions sont encerclées par les forces armées du régime et de ses alliés. Les villes de Kifraya, Alfoua, Nibil et Alzahra, sont, elles, encerclées par les factions djihadistes et réactionnaire comme Daesh (l’État islamique), Jabhat al-Nosra, Jaish al-Islam et Ahrar al-Sham.

    Le déploiement russe au service du régime syrien

    Depuis l’annonce de l’intervention militaire directe de la Russie en Syrie le 30 septembre dernier, la situation militaire et politique a connu un changement et une accélération. Sur le plan militaire, une offensive sur plusieurs fronts de l’armée régulière et des milices alliées a été enregistrée. Et le régime a pu récupérer le contrôle sur une étendue plus importante de territoires.

    En effet, lorsque l’armée turque a abattu un avion militaire russe le 24 novembre, cela n’a pas eu l’effet de dissuasion escompté par le gouvernement turc AKP. Au contraire, la Russie de Poutine a considéré cet acte comme « hostile » et a décidé de déployer une armada impressionnante en mer, sur terre et dans l’air, officialisant la mise en place de son système de défense aérienne le plus sophistiqué (le S400). Le gouvernement russe, pour bien afficher sa volonté de domination en Syrie, déclare que toute « menace » à ses forces présentes en Syrie sera désormais détruite immédiatement.

    De ce fait, en Syrie, la zone d’exclusion aérienne, ou zone tampon, demandée par le gouvernement turc, tombe à l’eau. Si une zone d’exclusion existe ce jour, c’est du côté turc de la frontière. Aujourd’hui, presque toute la zone nord-ouest de la Syrie, qui connaissait la présence des factions « turkmènes » proches du gouvernement turc, a été récupérée par le régime (dont récemment les fiefs de Salma et Rabia), avec des protestations turques à peine audibles...

    Quelles négociations ? Quel accord ?

    Sur le plan politique, il apparaît de plus en plus qu’un accord-cadre entre les États-Unis et la Russie se fait concernant la Syrie : la déclaration de Genève le 30 juin 2012, puis celle de Vienne en novembre 2015, transformée en résolution du conseil de sécurité de l’ONU fin décembre 2015 (sous le numéro 2254). Dans tous ces documents, il n’est pas question de « changement de régime », ni de départ « forcé » ou obligatoire du dictateur. En effet, ils parlent de négociations pour arriver à un gouvernement de transition par acceptation mutuelle.

    Dans cette approche, l’Arabie saoudite a parrainé une réunion de « l’opposition » syrienne début décembre, pour former une « haute commission de négociations » qui comprend en particulier les personnes qui lui sont proches. Cette commission s’est déclarée la seule légitime à négocier, en exigeant l’arrêt des combats, la libération des prisonniers et la confirmation que Bachar el-Assad n’a pas sa place dans la période de transition, comme conditions préalables pour participer aux négociations de Genève III en cours.

    A Genève, aucune légitimité populaire

    Mais, en réalité les choses sont différentes, le ministre saoudien des Affaires étrangères ne parle plus de départ de Bachar à court terme : dans sa dernière déclaration cette semaine, il précise qu’« il n’y a pas d’avenir pour Bachar dans l’avenir de la Syrie ». En même temps, Staffan de Mistura, le représentant de l’ONU pour la Syrie, a invité plusieurs délégations de « l’opposition » pour participer cette semaine aux négociations. L’une proche de l’Arabie saoudite et de la Turquie, une autre le « Conseil de la Syrie démocratique » – dont la composante la plus importante, le parti kurde PYD, n’a pas été invitée –, une délégation de « l’opposition intérieure » proche de la Russie, et une délégation de la « société civile » qui ne représente rien... excepté le régime.

    Il est prévu six mois de négociations avant de former un gouvernement d’« union nationale » ou de transition selon l’interprétation des parties présentes. Et le fait est que ce sont les combats sur le terrain qui vont orienter l’issue de ces négociations. La Russie, le régime et ses alliés accélèrent leurs offensives, en particulier contre l’Armée syrienne libre pour la détruire ou l’affaiblir au maximum. Ainsi ne restera que Daesh et les djhadistes sur la scène pour justifier un minimum de concession politique.

    Le drame est qu’aucune des parties présentes à Genève III n’a de légitimité populaire. Les premières demandes des masses syriennes aujourd’hui sont la paix, l’arrêt des combats, des bombardements, du blocus, la libération des prisonniers et le retour des déplacéEs. Mais les revendications de la révolution demeurent : la liberté, le pain et l’emploi, et la dignité.

    Ghayath Naisse « Syrie : Tous les chemins mènent à Genève ? » ». Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 322 (04/02/2016) :Retour ligne automatique

    , par NAISSE Ghayath

    *
    https://npa2009.org/actualite/international/syrie-tous-les-chemins-menent-geneve

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37115

  • L’affaire Salah Hamouri, une occultation française (Afps Rennes)

    docu-Salah-Hcb1b-7238d.jpg

    Un documentaire retrace le traitement médiatique et politique français de l’affaire Salah Hamouri, alors que son épouse vient de se voir interdire le retour à Jérusalem

     

    « Connaissez-vous Salah Hamouri » ?

    « Connaissez-vous Salah Hamouri ? ». C’est par cette simple question que le comédien français François Cluzet avait pu, un jour de novembre 2009, à l’heure du repas dominical, interpeller à la fois les médias et les politiques français.

    Devant un blond journaliste vedette médusé et un Jean-François Copé, alors porte-parole du gouvernement, passablement gêné, le comédien avait rappelé que « depuis quatre ans, un Français de mère [était] en prison en Israël […] pour délit d’opinion simplement parce qu’il a dit qu’il était contre la colonisation. Personne n’en parle, vous ne savez même pas qui c’est, Monsieur Copé non plus ». C’est par cette interpellation que débute le documentaire « L’affaire Salah Hamouri » réalisé par Nadir Dendoune.

    Le propos du film n’est en rien de reprendre le procès attenté à Salah Hamouri par Israël. En 2005, alors âgé de 19 ans, cet étudiant en sociologie à l’université de Bethléem est accusé d’avoir projeté de tuer le rabbin Ovadia Yossef, alors leader du parti israélien ultra-orthodoxe Shas. Autre chef d’accusation, son appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Seule allusion à ce procès dans le documentaire, l’intervention de Léa Tsemel, avocate du jeune homme. Cette figure reconnue de la défense des droits des Palestiniens indique que « dès le début, ses droits ont été bafoués ».

    Après avoir été détenu trois ans sans procès, Salah Hamouri avait dû se soumettre à la procédure particulière dite « du marchandage » ou du plaider coupable pour ne pas passer quatorze ans en prison. Le tribunal militaire l’avait alors condamné à sept ans d’emprisonnement.

    Nadir Dendoune tente surtout de comprendre pourquoi le sort de ce jeune franco-palestinien qui a passé sept ans dans les prisons israéliennes a si peu intéressé en France. Une interrogation d’autant plus vive qu’à la même époque, le sort du soldat franco-israélien Gilad Shalit avait fait l’objet d’une intense campagne politique et médiatique pour sa libération. Ce jeune soldat avait été capturé le 25 juin 2006, à la lisière de la bande de Gaza, par des combattants islamistes. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, appellera en 2008 personnellement à sa libération tandis que la diplomatie française le considérera comme « le seul Français détenu en otage dans le monde », alors que dans le même temps, Salah Hamouri croupissait encore en prison sans procès. À l’initiative de Bertrand Delanoë, maire de Paris à l’époque, Gilad Shalit sera également fait citoyen d’honneur de la capitale française et son portrait sera affiché sur le fronton de l’hôtel de ville. À sa libération, il sera reçu à l’Élysée.

    Gilad Shalit, Salah Hamouri, comme l’illustration du tout et du rien que le documentaire illustre parfaitement, sans parti pris mais en obligeant au questionnement. Deux Français, l’un érigé en cause nationale, l’autre ignoré dans un silence épais, le visible contre l’invisible, le soldat contre le prisonnier politique. Ironie ou pirouette sarcastique de l’histoire, Gilad Shalit retrouvera la liberté fin 2011 en échange de la libération d’un millier de prisonniers palestiniens, dont Salah Hamouri… lequel avait de toute façon presque purgé sa peine.

    Ce que montre bien le film de Nadir Dendoune, c’est qu’au final l’affaire Hamouri est une affaire éminemment française, qui révèle comme un palimpseste jauni les ressorts et tabous du pays. C’est ce qu’explique admirablement l’historien Dominique Vidal dans le documentaire : « La France est l’un des pays qui a participé au génocide des juifs. Cela pèse encore dans la réaction du corps politique français […]. Cette culpabilité pèse dans la manière dont les autorités politiques et médiatiques se confrontent au conflit israélo-palestinien ».

    Pour Nadir Dendoune, les difficultés mêmes qu’il a rencontrées pour que son projet aboutisse traduisent ce malaise français. Il a dû d’ailleurs, pour le financer, faire appel au crowfunding : « Je savais que ce film ne serait pas simple à faire, à montrer, mais je ne pensais pas que ce serait aussi difficile. J’ai du mal à le faire diffuser ou même simplement à ce que les journalistes à qui j’ai fait parvenir une copie en parlent. C’est une spécificité française. En Suisse ou en Belgique, la question palestinienne est moins épineuse. C’est dommage car je suis persuadé qu’il n’y a rien de pire qu’une parole frustrée », déclare-t-il à Middle East Eye.

    « Certains ont peur que cela envenime les tensions entre juifs et musulmans, alors que ce n’est pas la question, poursuit-il. C’est une simple question de justice et de liberté d’expression. Mais je commence à me dire que quand la liberté d’expression concerne la Palestine, ce n’est jamais le bon moment. Cette attitude est contre-productive : plus on évite ce genre de débat, plus on alimente la haine et l’impression qu’il y a deux poids, deux mesures. Les journalistes français semblent tétanisés dès qu’ils entendent le mot Palestine et Israël ».

    Une situation confirmée dans le documentaire par l’intervention de deux journalistes. Charles Enderlin, journaliste franco-israélien, remarque ainsi que certains sujets sur la situation imposée aux Palestiniens peuvent déclencher en France « des réactions très vives » du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) et de l’Ambassade d’Israël notamment, concluant qu’« il est très difficile […] de couvrir la situation palestinienne ». Autre analyse, celle de la grand reporter de France 3 Gwenaëlle Lenoir : « Salah Hamouri avait été arrêté et condamné par un État considéré comme démocratique. […] C’est oublier que le système judiciaire israélien pour les Palestiniens est un système de tribunaux militaires. Et puis Salah Hamouri est un Arabe. On s’occupe moins des Arabes dans les médias français ».

    Et maintenant, vers une affaire Elsa Hamouri ?

    L’affaire Hamouri est-elle désormais close ? Pas si sûr, si l’on tient compte du fait qu’en mars dernier, le Franco-Palestinien a fait l’objet d’un ordre militaire israélien qui restreint ses déplacements dans les territoires occupés pendant six mois. Une restriction qui empêche de facto cet étudiant en droit à l’université de Birzeit, près de Ramallah, de passer son examen pour devenir avocat.

    Récemment, c’est son épouse, Elsa Hamouri, qui s’est vue interdire le retour à Jérusalem après des vacances en France. La jeune femme, enceinte de sept mois, a dû revenir en France après un séjour en détention à l’aéroport Ben Gourion alors qu’elle vit et travaille au consulat général de France à Jérusalem : « Je disposais d’un visa consulaire de service valable jusqu’en octobre 2016. On m’a questionnée sur les raisons de ma venue en Israël et si j’étais mariée. Puis on m’a annoncé que je devais rentrer sur le territoire israélien avec un visa d’épouse et non un visa de service », explique-t-elle à MEE.

    Dans la cellule sommaire où elle attendra son expulsion, Elsa Hamouri indique avoir dû protester pour avoir accès à des médicaments qu’elle avait dans sa valise et qu’on ne voulait pas lui donner. « Il a fallu l’intervention du consulat pour que je puisse aussi obtenir du savon et une brosse à dents », ajoute-t-elle.

    Un double argumentaire a été avancé par les autorités israéliennes pour justifier cette expulsion : d’abord, Elsa Hamouri aurait menti pour obtenir ce visa de service. « Or ce visa est demandé par le consulat auprès du ministère des Affaires étrangères israélien à qui j’avais fourni mon passeport. Le consulat savait que mon époux est un ancien prisonnier politique et que mon visa d’épouse avait été rejeté », précise la jeune femme. Face à ce refus, la Française avait interjeté un appel suspensif, ce qui lui permettait de circuler sur la base de son visa consulaire de service.

    Autre argument avancé par les autorités israéliennes : Elsa Hamouri constituerait une « menace ». « Le ministère israélien de l’Intérieur a fourni un rapport pour justifier de ce rejet de visa d’épouse. Selon ce rapport, je serais un danger pour la sécurité de l’État d’Israël et j’aurais des activités terroristes. Le rapport est vague, monté de toute pièce et vide », affirme-t-elle.

    Et la jeune femme d’énumérer les atermoiements et freins administratifs qui avaient de toute façon ralenti la demande de ce visa d’épouse : pièces justificatives sans fin, lenteur dans la réponse, etc.

    Pour Elsa Hamouri, pas de doute, la raison de cette expulsion est une simple question politique : « Ils font de moi un appât pour que mon époux me rejoigne en France. Ils font de moi une terroriste pour l’obliger à partir et pour qu’il perde ainsi sa carte d’identité d’habitant de Jérusalem, laquelle est conditionnée au fait d’y vivre. En outre, si l’enfant ne nait pas à Jérusalem, il n’aura pas ce statut de Hiérosolymite et pourrait être expulsé comme moi ».

    Le Quai d’Orsay a été saisi et Elsa Hamouri a interjeté appel de la seconde décision de rejet de son visa d’épouse. Elle dit ne demander que la stricte application de son droit à une vie familiale et à résider auprès de son mari à Jérusalem. La jeune femme en est convaincue : « Tout est fait pour présenter la chose comme un problème administratif alors que c’est un problème politique ».

    Source : Middle East Eye

    http://www.rennespalestine.fr/