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  • Algérie : La nouvelle Constitution au service des classes dominantes et du pouvoir (Anti-k)

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    La Constitution adoptée le 7 février dernier par le Parlement accentue le caractère de classe du régime dans une version nettement libérale et pro-impérialiste.

    La sacralisation de la propriété privée garantie par l’État et la constitutionnalisation des inégalités sociales et de la pauvreté, à travers la répétition d’expressions comme les « personnes démunies » ou les « catégories défavorisées », consacre juridiquement et politiquement les avancées de la bourgeoisie privée dans son entreprise historique de conquête des principaux appareils d’État.

    Un texte de classe et libéral

    Cette bourgeoisie est désormais en mesure d’imposer aux travailleurs et aux démunis une « Constitution-charte » qui grave dans le marbre les « dix commandements » de la pensée économique capitaliste. L’État ne cherche pas à mettre fin aux conditions sociales qui produisent nantis en haut de l’échelle sociale et « catégories défavorisées » au bas de cette échelle. Il a au contraire pour fonction de reproduire ce processus de polarisation de classes, en promettant seulement aux « démunis » un minimum d’assistance économique et juridique afin qu’ils ne se révoltent pas. Le caractère de classe bourgeois de l’État est assumé ouvertement.

    Récusant toute « discrimination » entre entreprises nationales ou étrangères, publiques ou privées, le nouveau texte présente le développement comme une question technique, neutre socialement et politiquement. Le pouvoir renonce ainsi à toute stratégie de développement basée sur la construction d’un puissant secteur économique public pourtant seul garant d’un minimum de souveraineté nationale et de justice sociale. L’idée que le développement des pays dominés implique obligatoirement un affrontement économique et politique avec l’impérialisme est totalement absente. Le texte a d’ailleurs été salué comme une avancée par nombre de dirigeants impérialistes…

    De classe et libérale, la Constitution amendée se démarque toutefois de l’ultralibéralisme en maintenant le caractère public sur un certain nombre de richesses, de secteurs économiques et d’entreprises publiques. Ces restrictions sauteront très certainement au fur et à mesure que la bourgeoisie consolidera son rapport de forces. Leur maintien dans l’actuelle Constitution a cependant déçu les ultralibéraux dont l’avidité à s’accaparer tout ce qui est public n’a pas de limites. En Algérie, l’infitah n’est pas achevé. Des pans entiers de l’économie et des richesses du pays n’ont pas encore été spoliés…

    Une domination qui n’est pas absolue

    Le désintérêt populaire manifeste pour la révision constitutionnelle et l’incapacité actuelle des oppositions, toutes tendances confondues, à entraver les desseins du pouvoir expriment un double rapport de forces. Un rapport de forces favorable aux classes dominantes vis-à-vis des travailleurs et des démunis. Et un rapport de forces favorable au pouvoir vis-à-vis des oppositions ultralibérales qui occupent le devant de la scène médiatique.

    Le choix de passer en force pour faire adopter la nouvelle mouture de la Loi fondamentale illustre néanmoins le fait que la domination des classes dominantes sur les classes dominées n’est pas absolue. Les travailleurs luttent pour défendre leurs intérêts, le secteur économique d’État et les services publics. Des syndicalistes de l’UGTA combattent pied à pied dans le secteur industriel, comme leurs camarades des syndicats autonomes le font dans la fonction publique. Les masses populaires protestent et imposent au pouvoir leurs légitimes revendications (logement, gaz et électricité, eau…). Elles se mobilisent contre le bradage des terres (Aokas…) et font parfois reculer le pouvoir sur des questions environnementales (gaz de schiste d’In Salah).

    Construire une alternative crédible

    Cette résistance populaire attise les contradictions au sein des classes dominantes. Les fractions compradores tirent à boulet rouge sur le pouvoir afin qu’il brade à leur profit et à celui de leurs maîtres impérialistes les richesses du pays et qu’il liquide ce qui subsiste d’acquis sociaux. Ces divisions au sein des classes dominantes se répercutent dans le champ politique par l’affirmation progressive d’une opposition démocrate ultralibérale qui mène une guerre médiatique doublée d’une guerre de position visant à conquérir des portions de pouvoir au sein du régime.

    La domination des classes dominantes et celle du pouvoir sont donc incontestables. Mais elles ne sont pas absolues. Cela explique la subsistance du caractère antidémocratique du régime consacré par la Constitution.

    Dans ces conditions, il n’existe pas d’alternative crédible.

    Organiser la résistance des travailleurs et des démunis dans tous les secteurs, encourager les luttes démocratiques des femmes, des jeunes, des paysans, des émigrés, et faire converger ces forces sociales autour d’une plateforme démocratique, antilibérale et anti-impérialiste, constituent des tâches urgentes. Les travailleurs, intellectuels, jeunes et femmes qui ont compris que la cause première de la situation présente réside dans le capitalisme doivent pour leur part travailler à la construction d’un parti de classe se fixant pour but historique le dépassement du capitalisme.

    D’Alger, Lamine Torki

  • La levée du caractère confidentiel du dossier est une exigence des chercheurs (Algeria Watch)

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    Essais nucléaires français à Reggane

    La nécessité de lever le caractère confidentiel des dossiers liés aux essais nucléaires français dans le Sahara algérien, pour mettre au jour ces essais dangereux, a été soulignée par un chercheur algérien, spécialiste en génie nucléaire.

    «Lever le caractère confidentiel des dossiers afférents aux essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sahara algérien permettra de braquer davantage de lumières sur ces dangereuses explosions et élucider leurs effets catastrophiques sur l’environnement et la population», a indiqué
    Dr Ammar Mansouri, chercheur dans le domaine de génie nucléaire, lors d’une rencontre organisée vendredi soir au musée du Moudjahid de Tamanrasset.

    M. Mansouri a souligné que «la levée de l’aspect confidentiel sur ces dossiers d’essais nucléaires permettra aux chercheurs, universitaires et étudiants de s’informer des essais nucléaires, d’évaluer leurs dégâts et répercussions sur l’environnement et l’homme». «Les justifications avancées par la France coloniale sur les modalités de choix de sites de ces essais, admettant que ces endroits ne manifestaient aucun signe de vie humaine, faunistique et floristique, n’est qu’un grand mensonge», a-t-il martelé.

    «Les régions retenues au niveau de Reggane (Adrar) et In-Ikker (Tamanrasset) sont des régions peuplées», a-t-il ajouté, arguant que la population de la région d’In-Ikker, (180 km nord de Tamanrasset) et ses cheptels, ont été transférés vers le nord-est du site des essais, et d'autres populations ont été déplacées vers la région d’Assekrem.

    Lors de cette rencontre à laquelle ont pris part des citoyens, victimes de ces essais nucléaires, des membres d’associations, d’une équipe de journalistes du journal égyptien El-Ahram, l’orateur a mis en exergue les effets nucléaires dévastateurs polluants et dangereux sur l’environnement, tout en signalant que les rayons radioactifs dangereux ont atteint des régions lointaines de l’Afrique et de l’Europe.

    Le secrétaire général de l’association Taourirt des victimes des essais nucléaires à Tamanrasset, Boubaker Ibbeh, a, de son côté souligné que «les essais nucléaires français dans la région sont des crimes contre l’humanité et qu’il appartient de prendre en charge ses répercussions, notamment dans la commune d’In-M’guel, située à 50 km du site des essais, dont les lourdes répercussions y perdurent encore, comme les maladies cancéreuses et différentes infirmités.

    Le Soir d'Algérie, 6 mars 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/exigence_chercheurs.htm

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
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      Une rencontre-débat sur le thème « Quelles actions solidaires pour l’avenir de la Palestine » a lieu jeudi 10 mars de 20 h à 22 heures à l’espace Grésillons. « La situation des Palestiniens aujourd’hui » avec Salman El Herfi, Ambassadeur de la Palestine en France et avec la présence du député Alexis Bachelay. Exemples de solidarité concrète –...
     
     
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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Mouvement des chômeurs (Algeria Watch)

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    Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek

    En quoi ils ont changé le Sud

    El Watan, 4 mars 2016

    Les protestations des chômeurs sont devenues une fatalité face à des mécanismes de l’emploi qui connaissent plusieurs dysfonctionnements et la loi du passe-droit.

    Le sable s’insinue partout. Le vent qui le dissémine l’inocule en tout lieu, surtout dans les yeux. Alors on y voit plus très bien. L’ocre de Ouargla devient gris, jaune foncé, parfois. Cela aveugle et donne des céphalées qui brouillent la pensée en cette saison des vents de sable avant le printemps chaud du Sahara vers avril-mai. Même les avions d’Air Algérie on du mal à s’acquitter de leur devoir d’assurer les rotations.

    Mais il n’y a pas que le sable dans les yeux qui aveugle. Parce que lorsqu’on entend le discours de l’exécutif local qui parle de «chômeurs de luxe» et de «manipulation», on y décèle rapidement l’aveuglement des autorités locales et centrales. Le plus grand bassin d’emploi du pays, la «capitale de l’or noir», pour reprendre Malek, chômeur protestataire de Ouargla, serait sujet à des opportunistes fainéants et objet de manipulation de plusieurs douzaines d’organisations internationales ou de services secrets étrangers, de la Fondation Soros et Freedom House à la CIA ou la DGSE, etc. (voir liste surréaliste et complète chez les paranos des services de sécurité algériens et leurs médias y afférents).

    «Les puissants et les services secrets du monde entier, en se réveillant le matin, de Pékin à Washington, quittent leur lit avec cette idée obsédante : ‘‘Bon, qu’est-ce qu’on va faire avec l’Algérie ?’’», ironise Tahar Belabbès, las, les traits tirés, leader du mouvement des chômeurs de Ouargla, qui s’est retiré, depuis, de la direction du Comité national de la de défense des droits des chômeurs (CNDDC). «Il est vrai que le rythme des protestations des chômeurs a diminué depuis 2013 à Ouargla et ailleurs dans la wilaya, reconnaît Khaled du bureau local de la Ligue algérienne des droits de l’homme. Mais malheureusement nous assistons aux mêmes dysfonctionnements dans l’octroi des postes. Il y a toujours autant de passe-droits et d’opacité.»

    Anem

    «Depuis 2013 et la manifestation géante du 14 mars à Ouargla, les choses ont un peu évolué, nous étions sous les projecteurs des médias et le gouvernement avait compris qu’il fallait en urgence améliorer le système de l’emploi dans les zones pétrolières, admet Abdelmalek Aybak, ex-n° 2 du CNDDC. Mais sur le terrain, après un léger mieux, les choses sont redevenues comme avant, l’Agence de l’emploi n’est plus surveillée et les entreprises font ce qu’elles veulent.»

    Une bonne partie de l’aveuglement des autorités est causée par ce paradoxe : au moment où l’Etat tente une meilleure approche de la politique de l’emploi, les problèmes persistent, les chômeurs protestent et occupent la rue deux à trois fois par mois depuis trois ans. Saâd Agoudjil, wali de Ouargla, très bon connaisseur de la région – il était secrétaire général de la wilaya de 1998 à 2002 – insiste sur le fait que l’offre est supérieure à la demande et que le secteur de la formation professionnelle a triplé son offre.

    D’où son agacement face aux dernières protestations, allant jusqu’à parler de «chômeurs de luxe» ! «Je suis resté trois ans sans emploi, j’ai abandonné l’idée de trouver un travail en rapport avec ma licence en droit, j’ai essayé de travailler sur des chantiers, mais les entrepreneurs s’enfuyaient avec la caisse et nos salaires, je m’inscris chaque mercredi à l’ANEM de ma commune, sans succès, et je passe mes journées à chercher un poste, énumère Malek, 28 ans, qui a fini, en désespoir de cause et après un mois de sit-in, par se taillader le corps le 24 février devant la wilaya. Nous ne sommes pas des chômeurs de luxe, nous ne demandons pas des milliards. On veut un travail et c’est tout.»

    Logiciel

    La wilaya évoque la transparence et l’efficacité du Wasit, un portail web de l’ANEM qui a pour objectif de rendre visible les demandes et les offres d’emploi. «Que peut un logiciel contre la mafia de l’emploi, s’emporte Ahmed, 30 ans, habitant le quartier Roussiat à Ouargla. Si au niveau de la wilaya il y a une certaine transparence chez l’ANEM, tout se perd dès que les offres arrivent au niveau local. Il y a des centaines d’emplois qui se perdent ainsi, qui deviennent un fonds de commerce, qui sont monnayés ou distribués aux amis et à la famille des fonctionnaires.

    Est-ce normal que je ne peux même pas trouver un poste de manœuvre depuis trois ans ? Est-ce normal que toutes les entreprises ici ou à Hassi Messaoud acceptent la règle des 5%, c’est-à-dire le quota automatiquement prévu pour les enfants des puissants ?» «Après la marche du 14 mars, Sonatrach a décidé de relancer la formation des soudeurs homologués, bien.

    Mais les gars de la toute première promotion de 2013 sont encore au chômage», indique Aybak qui parle de «mesures d’urgence décidées à la va-vite, mais sans réel impact sur le terrain». Le sable aveugle. Les urgences aussi. Comme cette histoire de commission d’enquête envoyée par Sellal à Ouargla un an après la manifestation de mars 2013 : présidée par le directeur général de l’ANEM (donc juge et partie), elle n’a fait que constater que tout allait pour le mieux !


    Adlène Meddi

    Ce qui a changé depuis la melyounia du 14 mars 2013

    Le 11 mars 2013, à la veille de la melyounia des chômeurs annoncée à Ouargla, deux décisions avaient été prises par le gouvernement afin d’apaiser les esprits échauffés par les déclarations du Premier ministre et son ministre de l’Intérieur à propos des chômeurs taxés de «séparatistes» et d’«importateurs du Printemps arabe».

    Il s’agit de la nomination d’un nouveau wali, à savoir Ali Bouguerra, venu en pompier, et la publication de l’instruction de Sellal aux walis du Sud, donnant priorité absolue aux enfants de la région dans l’emploi et un feu vert à la refonte des programmes de la formation universitaire et professionnelle dans le Sud.

    Ces mesures ont permis un recrutement plus orienté vers la main-d’œuvre locale sous-qualifiée qui constitue les deux tiers des inscrits au fichier de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM). Ces dispositions ont posé avec acuité la problématique du refus des chômeurs de retourner aux bancs de l’école d’une part et d’autre part leur insistance à n’être recrutés que dans le quatuor d’or du groupe Sonatrach, à savoir l’ENTP, l’ENSP, l’Enafor et la Direction de la production (DP). Le constat est corroboré par les chiffres annoncés par les autorités qui donnent 10 054 placements en 2014 et 11 210 en 2015.

    La direction de l’emploi constate avec satisfaction que «les enfants de la région ont de plus en plus de postes dans les grandes entreprises nationales, ce qui est leur droit absolu», selon Mohamed Guergueb, directeur de l’emploi de la wilaya. C’est un des rares gestionnaires, sinon le seul, bénéficiant du respect des chômeurs qui dénoncent régulièrement les dépassements et passe-droits des cadres de l’ANEM. Guergueb clame à qui veut l’entendre : «Je ne suis jamais intervenu pour un proche, je n’ai aucun parent à Sonatrach, je n’interviens que pour placer des chômeurs lambda».

    Les insuffisances, toutes les instances de l’emploi les reconnaissent, à commencer par l’Inspection du travail qui a établi 138 PV d’infractions transmis à la justice en 2015. Elle fait état de 1 398 travailleurs recrutés selon des procédures non conformes à la réglementation dans le secteur pétrolier. Même l’ANEM, au cœur de cette polémique chronique de l’emploi reconnaît ses torts, sans pourtant y remédier. En 2012, constatant de faux bulletins portant un visa falsifié de ses services, l’agence de l’emploi de Ouargla a déposé plainte contre X. La justice n’a rien fait depuis.

    Visibilité du Sud

    Par ailleurs, à l’université Kasdi Merbah de Ouargla, la passerelle avec le secteur économique, notamment pétrolier, n’a jamais été aussi simplifiée. «Nous visons la formation d’excellence, adaptée aux besoins du marché voire même à la carte», nous a déclaré, jeudi dernier, Ahmed Bouterfaia, son recteur. 80 conventions de partenariat et de coopération on été signées et 5190 étudiants ont bénéficié de stages pratiques dans des entreprises, dont plus de 80% de stagiaires dans les compagnies pétrolières au titre de l’année universitaire 2014/2015. A elle seule, l’Enafor compte recruter 1 000 diplômés de l’université de Ouargla entre 2017 et 2022, a annoncé Abdelkader Khedimi, son directeur des ressources humaines lors de la cérémonie de signature de cinq nouvelles conventions.

    Mais il serait très réducteur de restreindre les répercussions de la melyounia du 14 mars 2013 au seul dossier de l’emploi. Si le pouvoir central regardait d’un demi-œil la population des régions sahariennes, les réduisant souvent à un désert humain, l’idée générale qui voudrait que le sud de l’Algérie ne pèse que par ses innombrables ressources naturelles, a bien changé depuis la révolte des chômeurs, suivie par celles des anti-gaz de schiste.

    Il serait tout aussi réducteur d’isoler cette correction de la vision interne au seul enjeu national, car le Sud qui cristallise à la fois les craintes et les espoirs de tous les Algériens en un avenir meilleur «est au centre d’une dynamique où la compréhension des enjeux économiques et géostratégiques est capitale», estime le Dr Hamza Bengrina. Cet enseignant d’économie de l’environnement à l’université de Ouargla nous expliquait, déjà en 2011, que «les jeunes ne réclament pas seulement un poste à Sonatrach.

    L’individu n’est plus un petit boulon dans une grande machine, c’est un facteur de changement, de révolution». Cette révolution des esprits, Tahar Belabbès et ses camarades estiment y avoir largement participé, d’abord en refusant «d’être traités de cherdhima, un groupuscule terroriste», par Sellal au lendemain de la fin de l’opération Tiguentourine. Ensuite par leur action de starter à un mouvement social porteur d’«une meilleure visibilité, une image positive d’un Sud jeune, écocitoyen s’opposant pacifiquement aux politiques du gouvernement».

    Une image largement reflétée par les médias nationaux et internationaux et là, on est bien loin de l’esprit revendicatif de 2013 où il contestait «les paroles outrageuses d’Ould Kablia sur la neutralisation des protestations et la maîtrise de la situation sécuritaire au Sud pour préserver les installations pétrolières». Une certaine valorisation de la ressource humaine locale est partagée par des cadres qui se sont «enfin» vu permaniser ou nommés à des postes dont ils assuraient la fonction ou l’intérim pendant de longues années, «avant qu’un cadre parachuté d’Alger n’atterrisse du jour au lendemain à Ouargla», nous confie O. B., un cadre de la région.

    A la tête d’instances étatiques locales ou régionales, il est loisible de constater que des énarques et universitaires du Sud ont été nommés au poste de directeur. Parmi eux des femmes qui ont longtemps été marginalisées et reléguées aux postes subalternes. A l’université de Ouargla, à la station ENTV, à l’Office du patrimoine, à la direction de la culture, y compris le poste de ministre de l’Intérieur, pour ne citer que ces derniers, des cadres qui n’auraient jamais espéré accéder à des postes valorisants savent ce qu’ils doivent au mouvement des chômeurs.

    Houria Alioua

    Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek. Ex-leaders du Comité national pour la défense des droits des chômeurs

    Le 24 février dernier, anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, des chômeurs de Ouargla se tailladent le corps pour protester contre la politique de l’emploi dans cette wilaya pétrolière. Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek, ex-leaders du mouvement des chômeurs, reviennent sur ce drame et analysent pourquoi peu de choses avancent sur ce dossier.

    Les chômeurs de Ouargla ont franchi un cap dans la violence contre eux-mêmes : aujourd’hui ils se cousent la bouche ou s’auto-mutilent. Est-ce que vous comprenez ce qui se passe ?

    Tahar. Même si nous n’aurions jamais utilisé ces moyens d’expression extrêmes, on les comprend, bien sûr, et surtout, nous sommes solidaires avec eux. Ils en sont arrivés à un stade de désespoir absolu. Parce qu’ils voient bien que l’Etat a réprimé tous les mouvements pacifiques, qu’il a détruits par le noyautage et la corruption. Au point qu’aujourd’hui, il n’y a plus personne pour encadrer ces chômeurs, il n’y a plus d’espace où ils pourraient militer «normalement», pacifiquement, sans excès et sans en arriver à s’auto-mutiler.

    Alors ils se disent qu’ils n’ont pas d’autre solution pour se faire entendre, attirer l’attention de ceux, les autorités notamment, qui ne veulent pas les écouter, qui ne veulent pas les voir. Mais nous, jamais nous n’aurions demandé à des chômeurs de se faire du mal. Au contraire, nous avons toujours dit à nos militants de se battre avec l’administration avec des moyens intelligents et s’imposer comme interlocuteurs incontournables.

    Quand on entend que les chômeurs de Ouargla «ne veulent pas travailler», qu’est-ce vous répondez ?

    Tahar. C’est faux. Mais il est vrai que l’on incite les jeunes à travailler dans les sociétés nationales en priorité. C’est la seule option pour éviter les contrats esclavagistes. Dans le privé, les salaires représentent le quart de la moyenne des salaires dans le public, sans aucun avantage. Et la charge de travail est beaucoup plus importante, en contradiction avec la réglementation.

    Certains employés peuvent travailler sept semaines d’un coup et ne se reposer que deux semaines. Dans une société nationale, tu as droit à la sécurité sociale et à la retraite, ce sont des choses auxquelles les jeunes pensent maintenant. D’ailleurs, l’Etat devrait imposer aux sociétés privées ou étrangères le respect du code du travail par des mesures fortes afin d’éviter ces contrats esclavagistes.

    Trois ans après la melioniya du 14 mars, 80% des chômeurs qui avaient protesté avec vous ont trouvé un travail. Est-ce que vous considérez que vous avez réussi ?

    Aïbek. Oui, la plupart ont trouvé du travail mais on ne peut pas s’arrêter à ça. Pendant un an, ça a bien marché, il y avait une véritable surveillance interne de la politique de l’emploi. Comme le mouvement était très médiatisé, les plus hautes autorités du pays, à commencer par Sellal, ont pris le dossier des chômeurs au sérieux et des mesures. Mais les autorités locales ont gâché la dynamique du 14 mars. Par exemple, un centre de formation Sonatrach a été ouvert pour les soudeurs. Mais la première promotion ne travaille pas parce que l’entreprise n’a pas besoin de ces profils-là. Et la surveillance interne des agences locales de l’emploi n’est plus effective depuis plusieurs mois.

    Tahar. Notre véritable victoire, notre plus grand acquis, a été d’imposer le droit à manifester même sous état d’urgence. Et de créer un sentiment de solidarité, qui n’existait pas avant, entre les différentes couches et segments de la société autour du mouvement des chômeurs. C’est quelque chose qu’il faut préserver pour l’avenir, parce que tout cela dépasse le droit au travail ou le droit au logement et les autres droits, disons, «matériels».

    Mais on ne vous entend plus beaucoup aujourd’hui…

    Aïbek. En diabolisant notre mouvement et en achetant les gens, le pouvoir a fait fuir les gens du véritable militantisme pacifique. Le Comité n’a toujours pas le droit d’avoir un agrément, alors que depuis 2013, le ministère de l’Intérieur ou les autorités locales ont agréé d’autres associations qui sont dans l’allégeance et la corruption. La seule réponse qui leur reste est une réponse répressive. Difficile donc de militer dans ce climat-là.

    Tahar. On s’est retirés pour passer le relais à d’autres. Si on nous entend moins, c’est d’abord parce que la majorité d’entre nous a pu recouvrir ses droits. Mais aussi parce que le Comité a beaucoup souffert du noyautage. Le pouvoir a vu qu’on était devenu une sorte de front social parallèle, que nous étions d’authentiques syndicalistes, ancrés dans les véritables conditions de vie dramatique des chômeurs et qui refusent le chantage ou la corruption. Le pouvoir a donc tout fait pour nous barrer la route. Malgré cela, on peut toujours mobiliser ceux qui travaillent, justement parce que notre situation sociale s’est améliorée.

    On peut mieux s’organiser. Par exemple, notre base discute aujourd’hui de la nécessité de dépasser la problématique du chômage pour débattre de la participation aux mécanismes de décision et de la redistribution équitable des richesses. Ce qui nous conduit à réfléchir autour d’une idée centrale, celle qui préside à toutes ces problématiques : la bonne gouvernance.

    Le mouvement est en train de se politiser, donc, alors que vous refusiez l’étiquette politique...

    Tahar. A partir du moment où on demande l’équité, la justice, le développement local, on sait que tout ce que l’on fait est politique. Mais on ne veut pas se «politiser» au sens où vous l’entendez, au sens partisan. Nous avons été soutenus par des mouvements politiques, des islamistes à la gauche, certains ont tenté de nous récupérer. Mais nous leur avons bien expliqué que nous faisions la distinction entre la solidarité des combats et l’adhésion à telle ou à telle mouvance.

    A travers le combat des chômeurs et sa dynamique, quelle leçon peut en tirer la société civile qui peine à s’organiser ailleurs dans le pays ?

    Tahar. Je ne veux pas croire que si nous, à Ouargla, avons réussi à créer toute cette dynamique à partir du néant, dans d’autres villes où existent déjà une élite, une tradition de militantisme, des espaces de mobilisation… il ne se passe rien.

    Aïbek. La société civile, à travers le pays, bouge beaucoup, s’active et propose des solutions, même si cela n’est pas trop visible. Nous avons beaucoup d’espoir justement parce qu’on voit que les citoyens s’impliquent et cherchent à militer dans le cadre d’une société civile dynamique.

    Comment voyez-vous l’avenir ?

    Aïbek. La situation s’est envenimée. Cela va empirer à cause du discours du pouvoir qui reste enfermé dans l’idée que les chômeurs sont manipulés. Le pouvoir tente de faire face à la situation en distribuant des calmants un peu partout pour contenir la colère de la société, mais il ne distribue ces tranquillisants que selon des critères d’allégeance. Donc ça ne marche pas. Sans égalité de développement entre les régions, la marginalisation continuera.

    Tahar. Le problème des autorités, c’est qu’elles n’ont plus aucune alternative. Il ne leur reste que la répression. D’ailleurs, ce 14 mars, comme par hasard c’est l’anniversaire de notre melioniya de 2013, un de nos camarades passera devant la justice pour rassemblement non autorisé ! Les autorités ont consommé toutes les vieilles recettes, notamment la diabolisation du mouvement, la «main de l’étranger», etc. Tout cela c’est un discours de fiction, comme si les chômeurs n’existaient pas réellement. Mais les autorités oublient que la répression provoque la tempête. Elles n’ont pas retenu la leçon. Sauf que cette fois-ci, à cause la conjoncture économique et de l’incertitude politique, ce sera pire.

    Bio-express

    Aïbak Abdelmalek et Tahar Belabbès étaient les leaders et fondateurs du Comité national pour la défense des droits des chômeurs. Belabbès s’est engagé dans ce mouvement très tôt, après le suicide de son frère aîné désespéré par sa condition de chômeur. Il vient d’être licencié de son poste à Sonatrach après des années sans emploi pour avoir continué ses luttes syndicales. Aïbak, ex-n° 2 de la CNCDDC, tête pensante du mouvement, a retrouvé récemment du travail sur un chantier pétrolier, mais reste membre actif du comité.

    Adlène Meddi, Mélanie Matarese

    http://www.elwatan.com/sans-egalite-de-developpement-entre-les-regions-la-marginalisation-continuera

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/chomeurs/changer_le_sud.htm

  • Maroc : « Reste avec lui, même s’il veut te tuer » (Afriques en Lutte)

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    « Jihan » : Le témoignage d’une survivante de la violence domestique au Maroc

    Les autorités marocaines échouent souvent à empêcher la violence conjugale et familiale, à protéger les victimes, et à punir les agresseurs. Nous, Human Rights Watch, demandons à la Ministre marocaine de la Femme d’adopter des lois fortes à même de protéger efficacement les victimes de violences domestiques. Pour cela, nous avons besoin de votre aide. Mais d’abord, lisez l’histoire de Jihan :

    Jihan (nous avons modifié son nom par mesure de protection), 18 ans, a raconté à Human Rights Watch comment elle avait épousé un homme de plus de 10 ans son aîné, alors qu’elle n’avait que 15 ou 16 ans, avant de s’installer avec lui dans un village de la province d’El Jadida, au Maroc. Elle a déclaré qu’elle l’avait épousé pour fuir la violence que son père exerçait contre elle. Ils ont eu un fils, âgé de 2 ans au moment de l’entretien.

    Le témoignage d’une survivante de la violence domestique au Maroc Jihan a confié que son mari l’avait violentée dès le début de leur mariage :

    Dès la première nuit [mon mari] a commencé à me manquer de respect. Il me demandait de faire des choses contraires à la religion, comme me mettre nue et danser lorsque ses amis venaient, pendant qu’il jouait de la musique. Je refusais, et il me battait.

    Jihan a déclaré que son mari l’avait violée à maintes reprises. « Il m’a forcée à coucher avec lui, même quand je ne voulais pas. » Elle a déclaré qu’il la battait tous les deux ou trois jours, et qu’un jour, il lui avait cogné la tête sur l’évier de la cuisine, occasionnant une blessure qui avait nécessité des points de suture.

    Elle a indiqué que lorsqu’elle s’était rendue au poste de police local pour demander de l’aide, « ils [les policiers] m’ont dit : ‘C’est ton mari, on ne peut rien faire. Va au tribunal.’ Pourtant j’avais des marques de coups partout. »

    Jihan a confié qu’en avril 2015, son mari l’avait battue et étranglée jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. « Quand j’ai repris conscience, j’étais dans la rue, en pyjama », a-t-elle expliqué. « Je suis encore allée à la police. Ils m’ont dit : ‘On ne peut rien faire pour toi.’ Je leur ai dit qu’il ne voudrait pas me laisser rentrer à la maison. Ils l’ont appelé, mais il a répondu que c’était un mauvais numéro. » Elle a ajouté que la police n’avait rien fait d’autre, et qu’elle s’était alors réfugiée chez sa sœur. Son mari l’a retrouvée et ramenée à la maison.

    Jihan a précisé qu’en août, après de nombreuses autres scènes de coups, elle avait demandé le divorce. Son mari lui a répondu : « Ah bon, tu veux le divorce ? Je vais te montrer ce que c’est, le divorce. » Il lui a alors donné un coup de poing dans l’œil et a tenté de lui lacérer le visage avec un couteau. Elle a levé le bras pour se défendre, et il lui a tailladé le bras. Une chercheuse de Human Rights Watch a observé des points de suture récents sur son bras. Jihan a déclaré qu’elle n’avait pas déposé plainte, en précisant : « j’ai peur qu’il se venge et qu’il me tue ».

    Jihan logeait dans un refuge géré par une association au moment de l’entretien, et elle avait le sentiment de n’avoir aucun autre endroit où aller. Elle a expliqué que son fils se trouvait avec sa grand-mère paternelle, et qu’elle voulait le récupérer. Elle a indiqué qu’elle voulait le divorce mais que son père refusait de lui remettre son certificat de mariage pour qu’elle puisse introduire la demande de divorce. Il lui a dit : « Dans notre famille, les femmes ne divorcent pas. Reste avec lui, même s’il veut te tuer. »

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    Human Rights Watch s’est entretenu avec « Jihan », ainsi qu’avec 19 autres femmes et filles au Maroc en septembre 2015. Sa situation est un exemple des violences domestiques subies par les femmes dans ce pays, et de la faible réactivité du gouvernement face à ce problème.

    Human Rights Watch a constaté que souvent, les autorités marocaines échouent à empêcher les violences domestiques, protéger les survivantes, et punir les agresseurs.

    Les victimes de violences domestiques comme Jihan méritent beaucoup plus de la part de leur gouvernement. Le Maroc devrait renforcer et adopter des lois en vue d’améliorer la protection pour les victimes de violences domestiques. Human Rights Watch a écrit au gouvernement marocain—et notamment à Bassima Hakkaoui, ministre de la Femme et de la Famille—afin de demander un renforcement du projet de loi sur les violences faites aux femmes, ainsi que des réformes du code pénal et des procédure pénales.

    Voici les mesures les plus importantes que nous recommandons :

    Définition et champ d’application des crimes de violence domestique : Les projets de loi devraient définir clairement la notion de « violence domestique », et pénaliser le viol conjugal. Conformément aux normes de l’ONU, la définition devrait inclure les ex-épouses et les personnes ayant une relation intime non matrimoniale.

    Mesures préventives : Les projets de loi devraient prévoir des mesures de prévention de la violence domestique—notamment des activités de sensibilisation, des modules dans les programmes d’enseignement, ainsi que des actions de sensibilisation des médias aux violences faites aux femmes.

    Responsabilités des forces de l’ordre et du parquet : Les projets de loi devraient spécifier les obligations de la police et des procureurs dans les cas de violence domestique. Ces projets de loi devraient exiger que la police et les procureurs se concertent et communiquent directement, au lieu de demander aux plaignantes de transmettre des messages entre ces services.

    Responsabilités du système judiciaire : Les projets de loi devraient spécifier que le témoignage d’une plaignante pour violences domestiques peut, dans certaines circonstances, être une preuve suffisante pour une inculpation, sans autres témoins.

    Ordonnances de protection : Les projets de loi devraient prévoir spécifiquement des ordonnances de protection, d’urgence et de longue durée.

    En application de ces ordonnances, il serait interdit aux agresseurs de s’approcher des victimes de leurs violences, sous peine d’encourir la force de la loi. Le droit marocain actuel ne prévoit pas de telles ordonnances.

    Autres services et assistance pour les victimes : Les projets de loi devraient prévoir le soutien et la prestation de services aux victimes de violences domestiques. Parmi ces services : des lieux de refuge, des soins physiques et psychologiques, des conseils juridiques, et des lignes d’appels gratuites. Le gouvernement devrait affecter un fond spécial, ou tout autre type d’assistance financière, aux survivantes de violences domestiques.

    6 mars 2016

    Pour plus d’informations, notamment la liste détaillée de nos recommandations au gouvernement marocain, lisez ceci :

    Maroc : Faible réponse face au problème de la violence domestique

    Vous voulez aider Jihan, et toutes les victimes de violences domestiques au Maroc ? Utilisez le hashtag الحقاوي_عطيني_حقي# pour demander à Bassima Hakkaoui, Ministre des Femmes, de renforcer le projet de loi sur les violences faites aux femmes :

    Envoyez un tweet à la Ministre des Femmes marocaine :

    Mme Hakkaoui, défendez les femmes du #Maroc par 1 loi forte contre la violence conjugale https://www.hrw.org/fr/news/2016/02... @MSFFDS الحقاوي_عطيني_حقي#

    Ecrivez sur Facebook à la Ministre des Femmes marocaine :

    1. Copiez le paragraphe suivant en utilisant [Control C] ou [Command C]

    Mme Hakkaoui, les Marocaines ont besoin de vous ! Protégez-les contre la violence conjugale et familiale et punissez les agresseurs, en adoptant une loi forte contre la violence domestique au #Maroc https://www.hrw.org/fr/news/2016/02...

    2. Collez-le, en utilisant [Control V] ou [Command V], en tant que commentaire sous n’importe quel post de la page Facebook du ministère marocain de la Femme

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-reste-avec-lui-meme-s-il

    Et en Algérie, ce n'est pas mieux!

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/9000_plaintes.htm

     

  • Pourquoi la « solution à deux États » persiste dans l’imaginaire politique (Ujfp)

    Photo : un manifestant palestinien lance des pierres sur les forces de sécurité israéliennes lors d’une manifestation contre l’expropriation des terres palestiniennes par Israël, dans le village de Kafr Kaddum près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 26 février 2016 (AA).

    Les partisans de la solution à deux États doivent fournir des idées pour sa mise en œuvre sur la base de l’égalité des deux peuples

    Peu de gens contesteront que la diplomatie israélo-palestinienne semble plus que jamais paralysée. Même la présidence américaine de Barack Obama, qui il y a huit ans a misé énormément sur sa capacité à négocier un accord, a baissé les bras, frustrée.

    Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, après avoir promis lors de la campagne électorale il y a un an d’éviter la création d’un État palestinien, assouplit aujourd’hui opportunément sa position, arguant que ce n’est pas le bon moment pour appliquer la formule des « deux États pour deux peuples ». Il parle désormais de cette « solution à deux États » comme d’une « vision », ou l’accompagne précautionneusement de l’expression « à terme », qui, dans le langage codé des dirigeants politiques, équivaut à « jamais ».

    Et si vous lisez entre les lignes, Netanyahou souligne en outre son étroitesse d’esprit en précisant que, si jamais un État palestinien voyait le jour, il faudrait qu’il soit définitivement « démilitarisé » et qu’il ait auparavant reconnu Israël comme un « État juif », malgré la présence d’au moins 1,5 million de Palestiniens à l’intérieur de ses frontières.

    Au-delà des mots, il y les actes ; et il se trouve que l’expansion continue de la population des colonies israéliennes, combinée au plaidoyer de plus en plus manifeste pour une solution à un État précédé par l’annexion formelle de la totalité ou de la majeure partie de la Cisjordanie, annonce la couleur ; tout comme le changement dans le discours ambiant en Israël, lequel passe de la « paix » aux craintes d’une « bombe démographique », c’est-à-dire de la perspective d’une population palestinienne majoritaire sous souveraineté israélienne obligeant à choisir entre « démocratie » et le fait de rester « un État juif ».

    Sans oublier la « bombe religieuse », moins souvent abordée, qui résulte du taux de fécondité plus élevé au sein de la minorité juive ultra-orthodoxe, laquelle pèse de plus en plus à la fois dans les cercles dirigeants politiques et dans le corps des officiers de l’armée israélienne. Ces réalités sont accentuées par le recrutement de soldats professionnels auprès des colonies les plus idéologiques – on estime que ce taux est de 80 % supérieur à celui des communautés laïques en Israël.

    Compte tenu de ces développements, il n’est pas surprenant que, parmi la population juive, on soutienne aujourd’hui plus que jamais l’idée de trouver des moyens pour débarrasser Israël de ses Palestiniens, dernière étape de la dynamique de dépossession sioniste qui a commencé il y a plus d’un siècle, a atteint un pic avec la nakba de 1948, a été renforcée par la naksa associée à la guerre de 1967 et continue tranquillement depuis en manipulant plus subtilement la citoyenneté palestinienne et le statut de résident.

    En d’autres termes, à l’heure actuelle, la poursuite du nettoyage ethnique, aussi dramatique qu’elle puisse être, semble beaucoup plus probable qu’une solution diplomatique satisfaisante, et pourtant les médias et le discours politique continuent comme si la solution à deux États restait une option qui mérite d’être explorée. Pourquoi cela ?

    L’initiative française

    Cette foi dans la solution à deux États a notamment été exprimée par la récente initiative du ministère français des Affaires étrangères d’accueillir une conférence multilatérale visant à rendre une certaine crédibilité à la diplomatie en sa faveur. L’engagement initial a été renforcé par la menace : si la conférence ne parvient pas à atteindre son objectif d’un renouveau diplomatique, la France n’aurait pas d’autre choix que de se joindre aux 136 autres pays qui ont déjà reconnu l’État palestinien.

    Israël a expliqué son rejet de ce qu’il a appelé l’« ultimatum » français en soutenant que parvenir à un résultat positif ne présentait aucun intérêt pour l’Autorité palestinienne, car celle-ci retirerait un avantage politique de l’échec de la conférence.

    Les Palestiniens ont de leur côté accueilli favorablement la proposition française, mais, fatigués par des décennies de vaines négociations, ont exigé une résolution préalable du Conseil de sécurité décrétant un arrêt de toute activité de colonisation israélienne. Aussi radical que cela puisse paraître, ils ne chercheraient que tardivement et bien après les faits le respect par Israël de l’article 49 (6) de la quatrième Convention de Genève, lequel rend les colonies illégales.

    Cela soulève plusieurs questions. Pourquoi la France a proposé un scénario aussi peu prometteur ?

    La réponse la plus constructive est que les Français pensent que les négociations de paix pourraient finalement avancer si le monopole américain sur la diplomatie prenait fin et qu’il était remplacé par les auspices plus impartiaux d’un site européen pour la conférence et d’une participation multinationale.

    Comme le montrent les réactions susmentionnées, Israël a longtemps bénéficié du rôle joué par les Américains, lui donnant le temps de faire progresser ses objectifs expansionnistes d’un grand Israël, et il n’a aucun intérêt à ce qu’un cadre diplomatique plus équilibré soit créé. L’Autorité palestinienne, qui lutte pour se défaire des doutes sur sa légitimité en tant que représentant du peuple palestinien dans son ensemble et enfin consciente que les négociations passées étaient un piège, cherche à s’assurer à l’avance du sérieux d’Israël, ce qui n’est pas le cas.

    Il semble donc que l’initiative française est vouée à l’échec même en tant qu’opération de relations publiques. La France a peut-être estimé que, ayant fait un travail aussi largement acclamé pour élaborer un accord mondial sur les changements climatiques en fin d’année dernière, elle pourrait réaliser un deuxième miracle politique.

    Compte tenu de la sophistication de la diplomatie française, les obstacles doivent avoir été anticipés, mais l’idée était peut-être qu’en l’absence de miracle alors elle pourrait gagner au moins un peu de crédit pour avoir vaillamment essayé. Ainsi qu’une base politique pour un soutien formel à un État palestinien voué à provoquer la colère d’Israël, déclarant qu’en effet la diplomatie de type « Oslo » n’est plus viable pour parvenir à une solution.

    Dans les faits, la Palestine et Israël seraient deux États, même avec la reconnaissance silencieuse que ce que les Palestiniens obtiennent est « un État fantôme » avec aucun des attributs salvateurs de la souveraineté.

    Il reste à se demander pourquoi Israël s’offusque autant quand un gouvernement étranger, en particulier européen, accorde son soutien à un État fantôme pour la Palestine. Au lieu d’être en colère, pourquoi Israël n’accepte-t-il pas l’évolution et ne se détend-il pas en se prévalant de l’argument selon lequel le consensus de deux États a été mis en œuvre ?

    Pourquoi Israël ne peut-il pas vivre avec la Palestine comme État fantôme tant que ses plans d’expansion se réalisent et que le peuple palestinien reste assujetti sous contrôle administratif israélien, un régime de plus en plus vu dans l’optique de l’apartheid ?

    Bien sûr, il n’existe pas d’explication officielle, mais la meilleure hypothèse est que la simple reconnaissance d’un État palestinien comme une réalité existante rend problématique l’option israélienne d’un seul État.

    Le plaidoyer sincère pour la solution à deux États

    En dépit de toutes les considérations avancées ci-dessus, il reste une explication des raisons pour lesquelles des gens et des organisations de bonne foi refusent d’abandonner l’approche à deux États. Des deux côtés, ces partisans considèrent que la création d’un État palestinien reste, malgré tout, la seule possibilité pour la paix et la fin du conflit.

    Pour l’Autorité palestinienne, un quelconque État palestinien est la seule façon possible de maintenir son rôle en tant que moteur de l’autodétermination du peuple palestinien. Une issue à un seul État éliminerait sa raison d’être.

    Du côté israélien et sioniste, on est convaincu que la création d’un État palestinien reste le seul moyen de résoudre le problème de la paix, de l’État juif et de la démocratie en Israël. L’alternative est une occupation permanente lourde et abusive et une résistance violente qui couve.

    En outre, une résolution du conflit ouvrirait de plus larges opportunités régionales pour Israël, qui bénéficierait économiquement et politiquement de la normalisation de ses relations avec le monde arabe.

    Et si aucun accord de paix n’est conclu, la course à l’armement dans une région aussi instable pourrait facilement évoluer et passer de la coexistence avec Israël à une reprise de la belligérance avec de possibles perspectives dangereuses.

    Cet argument prudentiel est renforcé par les affirmations selon lesquelles un État palestinien n’est pas devenu, comme le professent ses opposants, « une impossibilité pratique », mais que seule une petite partie des colons sont « idéologiques » ou « religieux » et qu’ils pourraient être réinstallés si Tel Aviv en avait la volonté politique.

    Ce qui est avancé ici, c’est qu’ils ne seraient pas plus de 100 000 colons à devoir être déplacés de force quoi qu’il arrive, les 600 000 autres environ seraient autorisés à rester dans les colonies le long de la ligne verte ou à Jérusalem-Est. En outre, le mur de séparation situé à l’intérieur de la Palestine pourrait être démantelé et une nouvelle frontière établie.

    Il manque deux éléments à ce scénario à deux États : une quelconque résonance réelle en Israël et un quelconque sens qu’un tel État palestinien serait fondé sur l’égalité des deux peuples, ce qui devrait au moins comprendre la fin de la discrimination au sein d’Israël de la minorité palestinienne et une résolution juste du problème des réfugiés, ce qui implique les Palestiniens qui vivent dans la misère dans les camps en Palestine ou dans les pays voisins.

    Ce sont des défis de taille, mais à moins qu’ils soient relevés, le plaidoyer en faveur de cette approche à deux États n’apportera pas la paix et ne fournira pas de solution satisfaisant chaque côté.

    Le réalisme de la société civile

    Seul l’activisme de la société civile et son mouvement de solidarité mondiale croissant affirme une solution qui repose sur l’égalité des peuples juif et palestinien, en reconnaissant que la réalisation et la réconciliation de revendications d’autodétermination qui se chevauchent est une porte étroite qui doit être ouverte pour parvenir à une paix juste et durable.

    La difficulté est que cette campagne, de plus en plus soutenue par le peuple palestinien, n’a que de faibles chances d’obtenir l’influence politique nécessaire pour modifier le climat de l’opinion en Israël de sorte qu’émerge une atmosphère de compromis suffisante.

    En attendant, le débat et la discussion sont rendus confus par l’interaction de plaidoyers cyniques et authentiques en faveur de la solution à deux États.

    Les partisans cyniques croient que cela ne se produira jamais, mais que conserver cette possibilité apaise l’opinion publique sans inhiber Israël par rapport aux colonies, Gaza et l’annexion de facto. Les partisans sincères, y compris des groupes tels que J-Street aux États-Unis, reprendront leur vieille rengaine de la solution à deux États, mais ne seront plus en mesure de tenir la note.

    Il appartient à ces défenseurs sincères de donner des idées de la façon dont la solution à deux États peut être mise en œuvre dans les conditions actuelles sur la base de l’égalité des deux peuples. Sans une vision concrète de ce à quoi ressemblerait une solution à deux États et comment y arriver, la sincérité n’est qu’une couverture masquant l’inutilité naïve.

    L’impasse actuelle est réelle et semble susceptible de perdurer dans un avenir prévisible. Cette perspective se traduit par la souffrance oppressive et continue du peuple palestinien dans son ensemble, qu’ils vivent dans les limites de la captivité gazaouie en tant que réfugiés, exilés involontaires, sujets de l’administration israélienne d’occupation ou minorité en Israël.

    Il ne faut pas oublier que l’ONU a repris la tâche de la Grande-Bretagne coloniale de ramener la paix dans la Palestine historique et que sa passivité au cours des années l’a rendue davantage partie du problème que solution. dimanche 6 mars 2016 par Richard Falk

    - Richard Falk est un spécialiste en droit international et relations internationales qui a enseigné à l’université de Princeton pendant 40 ans. En 2008, il a été nommé par l’ONU pour un mandat de six ans en tant que Rapporteur spécial sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

     
  • Solidarité Syrie

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  • Business de la mort: Riyad va récupérer l’armement français initialement destiné au Liban ! (Anti-k)

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    L’Arabie Saoudite, qui a interrompu le mois dernier un programme d’aide de trois milliards de dollars à l’armée libanaise impliquant des armes françaises, récupèrera les équipements prévus par le contrat, a annoncé samedi 5 mars le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir.

    « Nous n’avons pas interrompu le contrat. Il sera mis en oeuvre mais le client sera l’armée saoudienne », a déclaré M. al-Jubeir au cours d’une conférence de presse à Paris. « Nous avons décidé que les trois milliards de dollars (d’équipements) cesseraient d’être livrés à l’armée libanaise et seraient redirigés vers l’armée saoudienne », a-t-il dit.

    « Nous sommes face à une situation où les décisions du Liban sont captées par le Hezbollah. (Les armes) iront à l’Arabie saoudite, pas au Hezbollah. »

    Détérioration des relations

    Riyad a interrompu le mois dernier son programme d’aide de trois milliards de dollars à l’armée libanaise pour protester contre les prises de position jugées hostiles à son égard inspirées par le Hezbollah libanais, le mouvement chiite favorable à l’Iran. Une mesure inédite et qui illustre la détérioration des relations entre les deux pays.

    Le programme de trois milliards de dollars avait fait l’objet d’un accord avec la France pour la fourniture d’équipements militaires à l’armée libanaise. Une première livraison de missiles antichars de type Milan a été effectuée en avril 2015 et une autre est prévue pour le printemps prochain. Mais le gros du contrat n’a pas été exécuté.

    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/05/l-arabie-saoudite-va-recuperer-l-equipement-militaire-francais-initialement-destine-au-liban_4877296_3210.html#cMolYWiD6zmIgHss.99

    http://www.anti-k.org/2016/03/06/business-de-la-mort-riyad-va-recuperer-larmement-francais-initialement-destine-au-liban/

    Une nouvelle guerre au Liban? (Pùblico, Espagne)

    http://www.publico.es/internacional/arabia-saudi-e-israel-buscan.html