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Maroc - Page 15

  • Maroc : Un mouvement de grève national des travailleurs envoie un message clair au gouvernement (Afriques en lutte)

    Les travailleurs marocains mobilisés dans le cadre d’une grève nationale des services publics et des autorités locales ont envoyé un message clair au gouvernement en faveur du rétablissement du dialogue social et de la négociation avec les syndicats du pays.

    Les trois affiliés de la CSI, UMT, CDT et UGTM à la tête du mouvement de grève conjointement avec la quatrième centrale nationale FDT ont signalé un taux de réponse élevé des travailleurs à leur appel à l’action, avec une participation globale de 80% de travailleurs, atteignant dans certaines régions 100%.

    Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI a indiqué : « Le gouvernement marocain a effectivement cessé tout dialogue social et toute négociation avec les syndicats en 2013. Cela a eu des répercussions sur le niveau de vie, les conditions d’emploi et les prestations de retraite des travailleurs.

    Ce mouvement de grève largement suivi a clairement laissé entendre au gouvernement que le dialogue doit reprendre et qu’une solution doit être trouvée aux pressions que subissent les familles de travailleurs en termes de leur niveau de vie. Nous en appelons au gouvernement à reprendre un dialogue en bonne et due forme avec le mouvement syndical, qui est la seule façon efficace de garantir un traitement équitable pour les travailleurs et d’éviter de nouveaux mouvements de grève. »

    16 décembre 2015 par CSI

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-un-mouvement-de-greve

  • Maroc Etat de la Justice Climatique ATTAC/CADTM

    La COP21 (21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques) a démarré hier pour se poursuivre jusqu’au 11 décembre prochain. 195 pays-parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se réunissent pour, officiellement, aboutir à un accord contraignant limitant à 2°C maximum le réchauffement climatique.

    Cet accord international sur le climat est bloqué pour la 21e fois face aux tergiversations des pays du Nord et des pays émergents. Pendant ces deux décennies de fausses négociations, 600.000 personnes ont perdu la vie à cause de catastrophes climatiques.

    Dans ce contexte de crise environnementale globalisée, ATTAC Maroc, membre du réseau CADTM, publie son premier rapport sur « L’état de la justice climatique au Maroc » et déclare ce qui suit :

    Sur le plan international :

    - Nous apportons notre soutien au mouvement mondial pour la justice climatique mobilisé à Paris face au tour de vis sécuritaire imposé aux manifestations pacifistes. Et nous nous joignons à l’appel international pour décréter l’état d’urgence climatique.

    - Nous appelons à la reconnaissance de la dette écologique des pays du Nord envers les pays du Sud et le versement - sans condition et sans contrepartie - par les pays les plus industrialisés de contributions et de réparations en dédommagement du pillage perpétré depuis des siècles dans les pays de la Périphérie.

    - Nous exigeons le retrait de la Banque mondiale, du FMI et les autres Institutions Financières Internationales de tous les projets destructeurs pour l’environnement et participant à la violation des droits humains, dont ceux financés au Maroc comme les barrages et les stations thermiques.


    Sur le plan national :

    - Nous constatons que la Contribution nationale Maroc ne constitue en rien un engagement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais tout au plus un engagement à réduire la hausse prévue de ces émissions. En outre plusieurs des mesures préconisées, Plan vert, Plan Halieutis, plan Azur, par exemple) loin de conduire à une telle réduction conduiront au contraire à leur augmentation.

    - Nous appelons à placer le débat sur les dérèglements climatiques au niveau des citoyens. Cette question ne peut pas être exclusivement réservé aux experts, et négocié entre gouvernements ou entreprises. Un débat public sur la justice climatique au Maroc est essentiel, car les conséquences du dérèglement climatique creusent les disparités sociales entre populations.

    - Nous nous inquiétons des conséquences du dérèglement climatique sur les populations vulnérables (petits agriculteurs et pêcheurs, populations des oasis, nomades, etc.). Le Plan Maroc Vert, le Plan Halieutis et le Plan Azur pour le tourisme mettent en péril les ressources naturelles du Maroc comme le montrent les données de notre rapport.

    - Nous exprimons notre refus des projets de « capitalisme vert » et de Partenariat Public Privé (PPP) pour exécuter le Plan Maroc solaire et les différents plans de développement des énergies renouvelables. Le pays sera otage d’entreprises, hors de tout contrôle populaire dans ce secteur vital, à qui nous allons déléguer la construction et l’exploitation de parcs de production d’énergie

    - Nous exigeons l’arrêt immédiat de toutes les ventes ou cessions à durée déterminée des ressources naturelles aux multinationales et leurs alliés locaux et de tous les projets de privatisation de l’eau et de gestion déléguée

    - Nous refusons l’installation au Maroc de projet d’énergie nucléaire. Nous appelons à la mobilisation face à cette industrie dangereuse qui risque de menacer nos vies et approfondir notre dépendance aux conglomérats industriels et énergétiques étrangers

    - Nous défendons un Maroc sans gaz de schiste et nous nous opposons aux différentes activités de forages liées à cette énergie aux conséquences catastrophiques sur la nappe phréatique et dangereuse par ses émissions de méthane.


    Nous proposons :

    o Des engagements contraignants et effectifs des gouvernements pour réduire les émissions de GES ainsi que la mise en place de mécanismes de contrôle et de sanctions.
    o Un nouveau modèle économique et social, assurant le respect de l’être humain et de la nature, capable d’assurer les besoins essentiels des populations
    o Une taxation spécifique sur les industries polluantes et le développement du transport public
    o Le passage d’un mode d’agriculture intensive orientée vers l’exportation à une agriculture écologique, tournée vers la consommation locale et utilisant les semences locales.
    o Des mesures d’encouragement à une consommation sobre.


    Concernant la COP22 prévue à Marrakech en 2016 :

    - Nous refusons toute restriction qui sera imposée par les autorités marocaines sur la liberté de circulation, le droit au rassemblement, de réunions et de manifestations

    - Nous nous inquiétons la participation de multinationales et entreprises marocaines impliquées dans la destruction massive de l’environnement au Maroc dans l’organisation et le financement de ce sommet dans des actions de Greenwashing (éco-blanchiment).

    - Nous espérons que le temps de cette conférence sera un espace dialogue libre entre les différents acteurs concernés par ces questions, y compris ceux qui ne partagent pas les positions aujourd’hui dominantes

    - Nous appelons à la création d’un front commun de lutte face à l’urgence climatique

    Ensemble, construisons un contre-pouvoir écologique et climatique au Maroc.

    Rabat, 1er décembre 2015

    2 décembre par ATTAC/CADTM Maroc

    http://cadtm.org/ATTAC-CADTM-Maroc-Etat-de-la

     

  • Hisham Almiraat, en jugement au Maroc (Global Voices)

     
    Résultat de recherche d'images pour "Hisham Almiraat,"

    Hisham Almiraat, médecin et longtemps animateur de la communauté Global Voices, va passer en justice la semaine prochaine au Maroc, accusé de “menaces à la sécurité intérieure de l'Etat”.

    A côté de Hisham Almiraat dans le box des accusés, quatre autres défenseurs de la société civile — l'historien Maâti Monjib, les journalistes Samad Iach et Mohamed Elsabr, et le militant de la liberté d'expression Hicham Mansouri. Les défenseurs de la liberté d'expression et des droits des médias estiment largement que l'affaire est une tentative du pouvoir marocain de faire taire ceux qui en critiquent les politiques et les pratiques.

    Les pièces à conviction contre Hisham Almiraat, auteur pour Global Voices depuis 2009 et dont il a été directeur du plaidoyer de 2012 à 2014, comportent son témoignage pour “Their Eyes on Me” (“Ils m'ont à l'oeil”), un rapport de recherche sur la surveillance technique au Maroc, publié par l'ONG de Londres Privacy International en collaboration avec l’Association des Droits Numériques, un groupe marocain de la société civile qu’Almiraat a contribué à créer.

    Almiraat et sa collègue Karima Nadir, vice-présidente de l'association, ont été interrogés par la police judiciaire marocaine (BNPJ) à Casablanca en septembre 2015. Les autorités les ont questionnés sur leur activité et leurs relations avec Privacy International. Le ministère de l'Intérieur a ensuite porté plainte à propos du rapport sus-mentionné sur la surveillance in Maroc.

    Almiraat a consacré la plus grande partie de son âge adulte à travailler à l'amélioration de la vie et du bien-être de ses compatriotes, tant comme défenseur de la société civile que comme médecin. Etudiant puis médecin urgentiste le jour, Almiraat tenait son blog, écrivait pour Global Voices, et a co-fondé les projets de médias sociaux Talk Morocco et  Mamfakinch. Ce dernier a été constitué par Almiraat et une équipe de collègues défenseurs des droits humains en vue de renforcer la couverture médiatique des soulèvements sociaux au Maroc en 2011-12, et a joué un rôle central pour galvaniser le soutien de l'opinion au mouvement contestataire.

    Pendant cette période, Almiraat et ses collègues de Mamfakinch étaient la cible de logiciels de surveillance qui se sont introduits dans leurs ordinateurs et leur faisaient craindre que leurs communications soient sur écoute. Des craintes confirmées ensuite par une recherche du Citizen Lab de l'Unversité de Toronto. En juillet 2015, des fuites de dossiers de la société italienne de logiciels de surveillance Hacking Team ont établi que le Conseil Supérieur de la Défense Nationale, une institution publique marocaine, avait acheté le logiciel de Hacking Team en 2012.

    Almiraat a oeuvré au cours du temps à consolider un environnement médiatique robuste dans son pays, et à tenir son gouvernement comptable de ses engagements dans les normes internationales des droits humains de liberté d'expression et de protection de la vie privée.

    La communauté Global Voices est solidaire de Hisham et invite ses lecteurs à travers le monde à soutenir sa cause sur les médias sociaux, et à lire et diffuser ses articles, que l'on peut trouver ici et ici [Bon nombre ont été traduits en français]. Nous publierons sous peu de nouvelles informations sur l'affaire, ainsi qu'une déclaration publique de soutien.

    Ellery Roberts Biddle 16 Novembre 2015
     
  • Un mois de lutte contre Amendis (Cadtm)

     

    Quand les habitants du Tanger des quartiers populaires ont appelé la population à couper l’électricité le samedi 17 octobre 2015 et s’éclairer aux bougies, pour protester contre la hausse de la facture d’eau et d’électricité, le mouvement a été largement suivi dans les autres quartiers de la ville, et s’est poursuivi pour rassembler chaque samedi d’énormes manifestations populaires qui ont bravé les forces de répression. « La révolte des bougies » s’est propagée à d’autres villes du nord Ksar, M’Dik, Fnidek, et obligé les représentants du pouvoir, dirigeants, élus, responsables et… ceux de la société délégataire Amendis à parler un autre langage que celui de la matraque et des menaces.

    Le retour des « baltagis » |1|

    La dernière manifestation du samedi 14 novembre 2015, la 5e, depuis le début du mouvement parti de Tanger pour réclamer « dégage Amendis ».

    Malgré les promesses, les divisions, et le retour des « baltagis » à Tanger : entre pression et répression, les habitants continuent à réclamer « dégage Amendis ».

    À Tanger, pour ce 5e samedi de contestation contre Amendis, les habitants ont été bloqués par des bandes au service du pouvoir : les « baltagis », drapeau et portrait du roi brandis, ils ont bloqué les manifestants sortis de plusieurs quartiers populaires pour rejoindre le centre de la ville et continuer à réclamer le départ d’Amendis.

    Le débat sur le retour à la gestion publique de l’eau, électricité a été relancé grâce à ce mouvement citoyen qui a pris la rue et obligé le gouvernement à sortir de son silence, et mettre à nu sa complicité avec la gestion défaillante d’Amandis, les malversations, les promesses non tenues, le non respect du contrat, la cherté des factures, corruption et détournement, complicités avec les élus et le pouvoir.

    De nombreux articles et documents attestent contre Amendis

    Tandis que le mouvement se développe à d’autres villes et régions, les citoyens-manifestants réclament le retour à la gestion publique, à la dé-privatisation de l’eau et de l’électricité, et que de nombreux documents sont publiés |2| : ainsi le rapport de la cour des comptes qui est resté lettre morte.

    Pour en arriver à… un dialogue de sourds

    « Le contrat avec Amendis ne sera pas résilié » a déclaré le 1er ministre A. Benkirane le 17 novembre devant le Parlement.

    Ce n’est qu’après cinq semaines de lutte et de mobilisation massives et populaires, et malgré les multiples tentatives pour diviser le mouvement : promesses vaines, déclarations rassurantes, puis menaces et répression, ce n’est qu’après la dernière manifestation du samedi 14 novembre, que le roi dicte ses directives à son gouvernement et que son 1er ministre Benkirane annonce : « le contrat avec Amendis ne sera pas résilié », en précisant qu’aucune société marocaine n’est capable d’assurer ce service. Et de plus, Amendis exige 2 milliards de dh pour frais de résiliation !

    Le 1er Ministre appelle donc le peuple à se résigner et accepter le diktat d’Amendis !

    Peuple pris en otage par une multinationale

    Après les nombreuses manifestations parties de Tanger qui ont rassemblé par milliers et touché d’ autres villes du nord, exigeant de plus en plus fort :« dégage Amendis », et tandis que les citoyen-nes-manifestant-es armés de bougies, réclament le retour à la gestion publique, la déprivatisation de l’eau et de l’électricité…

    Il est bien triste de noter le faible soutien, voire l’absence de solidarité avec ce mouvement populaire par les nombreuses organisations marocaines politiques et syndicales, les mouvements sociaux des femmes, des jeunes, d’étudiants, de chômeurs, les nombreuses associations des Droits de l’Homme, de Défense de l’Environnement, du Bien Public, de Quartiers, de Juristes, Avocats, Juges, les Anti-Corruption… Entre querelles et divisions des directions, capitulations des dirigeants et désarrois des militants livrés seuls à l’éternelle question « Que faire »…

    La large mobilisation populaire initiée par le mouvement de 20 février 2011 dans le contexte des soulèvements des peuples de la région a déjà montré les grandes difficultés des organisations de lutte à s’enraciner et accompagner cette dynamique. Et c’est cette déception politique qui les gagne maintenant après l’extinction du mouvement... et l’espoir d’une Révolution dans une région aujourd’hui menacée de terreurs et de guerres causées par les différentes interventions impérialistes.

    Alors qu’est soulevée, ici et maintenant, par ce mouvement populaire, à travers cette lutte exemplaire et avant-gardiste, une question qui concerne toute la société à Tanger et dans la région, au Maroc, dans les pays du Sud comme du Nord et partout ailleurs dans le monde mondialisé.

    La population est prise en otage, entre une société multinationale qui dicte sa loi, et un pouvoir incapable de reprendre en main la gestion de l’eau et l’électricité, notre bien commun. Un pouvoir incapable de ramasser les ordures qui inondent les rues, ni soigner sa population, encore moins l’éduquer, préserver son environnement… à quoi sert-il, est-on bien obligé de nous demander ?

    Une leçon qui ne doit pas passer sous silence un appel à tous les peuples « privatisés », pollués, endettés, colonisés : nos ressources vitales, notre bien commun, notre souveraineté ne sont pas à vendre !

    Exigeons des comptes, organisons des audits citoyens, prenons en main notre avenir…

    18 novembre 2015 21 novembre

    Notes

    |1| Les casseurs de manifestations, apparus avec le Mouvement du 20 Février 2011 au Maroc

    |2| http://telquel.ma/2015/11/07/les-cinq-griefs-cour-comptes-amendis_1469338 et la cour des comptes : http://telquel.ma/2015/11/07/les-cinq-griefs-cour-comptes-amendis_1469338

    Auteur

     
    Souad Guennoun

    Architecte et photographe renommée, vit à Casablanca. Elle témoigne depuis plusieurs années des crises sociales du Maroc d’aujourd’hui : émigration clandestine, enfants des rues, situation des femmes, luttes ouvrières, etc.
    Elle filme les luttes menées contre la concentration des richesses, les restructurations d’entreprises provoquées par le néo libéralisme, les choix du régime monarchique visant à soumettre la population aux exigences de la mondialisation financière. Elle est membre d’ATTAC-CADTM Maroc.

  • Fuite des cerveaux : Ces médecins et ingénieurs que nous perdons (El Watan)

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    Pour la première fois, un rapport* de l’Organisation internationale du travail étudie les spécificités de la fuite des cerveaux dans les pays du Maghreb. Qui part et pourquoi faire ? El Watan Week-End a décortiqué le rapport pour vous.

    La génération de la «désillusion»

    Le sociologue du Cread, Karim Khaled, rappelle que l’immigration des compétences algériennes existe depuis 1830 et peut être divisée en quatre périodes. La dernière période qui commence dans les années 1990 est celle de la désillusion, selon lui. Il estime que les intellectuels ont vécu une crise, notamment liée à la «déception» des élites après avoir été «emballées et prisonnières par le discours développementiste des années 1970» ainsi qu’aux «échecs» des luttes politiques des années 1980, 90 et 2000 qui «n’ont pas pu basculer l’équilibre des formes identitaires idéologiques dominantes depuis l’indépendance».

    Pour les universitaires, «l’emprise du politique dominant» a fait de l’université «une institution anomique incapable de se reproduire d’une manière autonome et reste aliénée par rapport à sa propre histoire et à l’histoire de tout son environnement». Selon lui, malgré toutes les politiques de formation à l’étranger et les multiples reformes, «l’enseignement supérieur algérien ne peut être que producteur de foyers migratoires». Cette période se caractérise par une forte concentration de l’intelligentsia algérienne dans les pays du Golfe et dans l’espace de la francophonie, notamment la France et le Canada.

    «Des destinations dans un contexte mondialisé, où des voies nouvelles se présentent aux élites professionnelles algériennes. Il s’agit vraiment d’une nouvelle ère de circulation internationale accélérée par l’avènement des technologies de l’information et de la communication mais avec des reconfigurations et le retour du ‘‘pouvoir de l’identité’’ comme forme de résistance au rythme imposé aux déclassés dans cette révolution numérique», explique le sociologue. Malgré cette diversification dans les destinations des élites intellectuelles algériennes dans les années 2000, la France reste toujours la destination dominante pour des raisons historiques, familiales et linguistiques.

    Au-delà du sentiment de désillusion, le rapport énumère plusieurs facteurs importants de départ : d’abord, les limites d’une carrière professionnelle ou universitaire et les besoins de recherche dans des domaines scientifiques, techniques et technologiques de pointe expliquent en grande partie les départs continus de cadres et d’étudiants à l’étranger. Ensuite, outre le prestige et le rayonnement dans la société, les diplômes d’universités étrangères offrent plus de chance de recrutement à l’international.

    Les lourdeurs administratives, les blocages bureaucratiques, les difficultés socioéconomiques et les limites d’épanouissement culturel motivent également le départ de cadres et d’universitaires. Le taux de chômage très important des diplômés du supérieur, le souci d’assurer un meilleur avenir à ses enfants et les raisons sécuritaires sont enfin d’autres facteurs importants dans le départ.

    Des diplômés du 3e cycle qui deviennent majoritairement cadres

    Ceux qui quittent l’Algérie ont en majorité entre 25 et 45 ans. Les docteurs en santé représentent la plus grande part des effectifs des diplômés les plus élevés exerçant en France. Ils se situent presque au même niveau que les ingénieurs. Ensuite viennent les personnes ayant obtenu un DESS et un master professionnel puis les DEA et masters.

    Ces diplômés sont pour la plupart en activité dans leur pays d’accueil. Ils connaissent certes le chômage, mais nettement moins que ceux qui n’ont pas de formation universitaire. Ils occupent pour la majorité des postes d’emploi dans des professions libérales et intellectuelles. Plus de la moitié des immigrés algériens qualifiés avait un contrat de travail à durée indéterminée, 11% exerçaient des professions libérales et 9,2% étaient au chômage.

    On constate que 34% d’Algériens installés en France sont des cadres ou exercent des professions intellectuelles, contre 14% qui sont des «employés». On observe aussi un niveau assez faible de «brain waste» - soit à travers des emplois n’exigeant pas de niveau supérieur ou alors ils sont sous-employés avec une faible rémunération. 6% d’immigrés faisant le métier d’ouvrier.

    Il y a aussi le «brain waste» relatif, non mesurable encore, c’est la situation qui équivaut à la déqualification des diplômés, en les affectant à des postes de niveau inférieur à leurs qualifications. Le niveau des salaires peut être un indicateur : 35% des personnes perçoivent moins de 1500 euros par mois, 25% entre 1500 et 2500 euros et puis 37% gagnent plus de 2500 euros.

    Les médecins sont les plus concernés

    «L’Algérie n’est pas en situation de pénurie de médecins, elle a formé et forme encore un nombre important de praticiens», explique Ahcène Zehnati, chercheur au Cread. Le nombre de diplômés en médecine a plus que doublé entre 2001 et 2011, il passe de 1714 à 4023. Même chose pour les médecins spécialistes qui sont 897 en 2005 et 1929 en 2013. 11 629 médecins sont formés dans les spécialités médicales et chirurgicales entre 2005 et 2013.

    A titre de comparaison, la Tunisie forme 8 fois moins de généralistes et 4 fois moins de spécialistes que l’Algérie. Cette amélioration de la formation ne concerne cependant pas le personnel paramédical, puisque le rapport entre le nombre de personnel paramédical et les médecins a baissé : Il passe de 3,4 en 1998 à 2,47 en 2012. Pourtant, les médecins constituent la première catégories d’Algériens nés en Algérie et exerçant à l’étranger. Le taux de fuite est supérieur à ceux enregistrés en Afrique du Sud ou au Ghana, par exemple et le nombre de médecins qui quittent l’Algérie augmente constamment depuis 1997. «La destination privilégiée des médecins algériens reste majoritairement la France pour des raisons historiques, culturelles, système de formation, conventions inter-universitaires», rappelle le rapport.

    Près d’un médecin né en Algérie sur 4 exerce, en effet, en France. Les effectifs de médecins spécialistes ne sont pas touchés de la même manière. Pour les médecins nés en Algérie, quel que soit leur lieu de formation, le «taux de fuite» est de 43% pour la psychiatrie. Viennent ensuite l’ophtalmologie, la radiologie et l’anesthésie-réanimation. Pour les médecins nés et formés en Algérie, les taux sont moins importants, mais les spécialités les plus concernées sont là aussi la psychiatrie, la radiologie, l’ophtalmologie et l’anesthésie-réanimation. De manière générale, les médecins qui travaillent dans le secteur public sont plus touchés par le départ que ceux du privé.

    Le rapport ne présente pas les raisons de départ des médecins, mais estime que les salaires pourraient être l’un des facteurs. En 2013, un médecin non hospitalo-universitaire touchait 77 000 DA par mois pour un généraliste, 110 000 pour un spécialiste. Un maître-assistant dans un CHU est payé 90 500 DA et un professeur 183 000 DA. L’étude souligne que ces salaires sont en moyenne une fois et demie plus élevés que les salaires des cadres des entreprises nationales algériennes.

    Les Marocains partent pour faire un troisième cycle

    Les migrations intellectuelles marocaines remontent au XIXe siècle et elles sont aujourd’hui souvent le fait d’élites intellectuelles, de chercheurs ou d’étudiants et de sportifs, avec un taux de retour faible. «Malgré le développement de nouvelles destinations, comme c’est le cas pour la Belgique, le Canada, les Etats-Unis ou les pays de l’ancien bloc de l’Est, la France draine toujours le plus grand nombre d’étudiants marocains», rappelle le rapport. Ils représentent la première population estudiantine étrangère dans les universités françaises avec plus de 15% en 2004. A titre de comparaison, les Algériens représentent 8,5%.

    Aujourd’hui, l’arabisation, la suspension des bourses du gouvernement et les conditions d’inscription plus difficiles ont fait diminuer le nombre de départs, qui reste malgré tout important. Désormais, on part pour préparer un troisième cycle plus que pour faire des études de premier et deuxième cycles. Dans tous les cas, une partie des étudiants à l’étranger, une fois leur cursus universitaire achevé, demeure sur place, pour des raisons familiales ou professionnelles.

    Les meilleurs sont repérés dans les grandes écoles ou laboratoires et sollicités pour intégrer des emplois, parfois même avant l’obtention de leur diplôme. Les autorités ont tenté dans les années 1990 de limiter cette immigration avec des mesures restrictives. Aujourd’hui, l’Etat tente au contraire de structurer la diaspora scientifique marocaine pour favoriser le retour et la collaboration des élites installées à l’étranger avec le Maroc.

    Les boursiers mauritaniens ne rentrent plus au pays

    Plus de 70 000 diplômés mauritaniens vivent aujourd’hui à l’étranger, toutes spécialités confondues. Dans un pays où le taux de chômage officiel est de 10% et où le salaire des fonctionnaires, l’équivalent de 5000 DA par mois, n’attire pas les diplômés, plus de la moitié des diplômés mauritaniens à l’étranger finissent par s’installer temporairement ou définitivement dans leur pays d’accueil. La plupart d’ente eux sont des ingénieurs, scientifiques, universitaires, financiers, qui ont souvent accès à l’étranger à des emplois de haut niveau, notamment dans des organisations internationales, des universités ou des compagnies privées.

    Le départ des diplômés a été poussé par les crises politiques de 1987 avec le Front Polisario et 1989 avec le Sénégal, ainsi que par le plan d’ajustement structurel des années 1980. Le pays octroie des bourses aux étudiants mauritaniens qui veulent étudier à l’étranger, dopant implicitement dans le futur la migration des compétences scientifiques, selon le rapport. Ces bourses sont d’ailleurs à l’origine en grande partie de la mise en place de la diaspora scientifique mauritanienne établie à l’étranger.

    Traditionnellement, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et les pays d’Afrique de l’Ouest particulièrement le Sénégal, la Côte d’Ivoire constituent les principales destinations des boursiers mauritaniens. Face au nombre de diplômés chômeurs très important, «la plupart des étudiants en fin de cycle- notamment ceux des filières francophones- cherchent des inscriptions dans des universités françaises ou se lancent dans l’aventure aux USA, en Australie ou au Canada».


    Leïla Beratto El Watan, 6 novembre 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/soc/fuite_cerveaux.htm

  • Nouveautés "Maroc" sur Essf

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    • Morocco & Western Sahara
      Thousands protest utility prices in Morocco’s Tangier

      , by EL YAAKOUBI Aziz

      Thousands took to the streets in Morocco’s northern city of Tangier late on Saturday to protest over high prices for water and electricity, in the nation’s largest protest since pro-democracy marches in 2011 demanding political reforms.
      Large-scale protests are rare in Morocco, where the king (...)

    • Maroc & Sahara occidental
      Manifestations massives contre Veolia à Tanger et dans le nord du Maroc

      , par PETITJEAN Olivier

      La question du prix de l’eau et de la privatisation est en train de provoquer une révolte civique dans un pays largement épargné par la vague des « printemps arabes ». Depuis plusieurs semaines, les habitants de Tanger sont en révolte ouverte contre Veolia, qui gère le service de l’eau et de (...)

    • Maroc & Sahara occidental
      Appel à manifester en soutien de la Révolution des bougies de Tanger et du Nord du Maroc

      , par Collectif

      Samedi 7 Novembre 2015, 15h, siège social de Véolia, 36 Avenue Kleber, 75016 Paris (métro Kleber).
      Face aux multinationales néocoloniales, la mobilisation des populations du Nord du Maroc ne faiblit pas.
      La « Révolution des bougies », portée par des milliers d’hommes et de femmes, contre la vie (...)

  • Les échecs de la privatisation de la santé au Maroc (Cadtm)

    Le 28 octobre à Rabat, 15 000 étudiant-es en médecine et pharmacie ont manifesté devant le parlement. Ces étudiants ont réussi à rallier à leur cause les parents, les médecins du secteur public et de nombreuses ONG marocaines. Ces étudiants revendiquent l’annulation d’un projet de service médical obligatoire d’une durée de deux ans avec un statut précaire ne leur garantissant pas l’embauche dans la fonction publique. Pourtant, le secteur de la santé a besoin d’urgence de 6000 médecins et 10 000 infirmiers. L’ampleur de cette mobilisation avec une grève de 50 jours des étudiants et aux services des 5 CHU du Maroc révèlent les échecs de la privatisation de la santé au Maroc.

    Réformes néolibérales

    El Houssaine Louardi est un bon ministre néolibéral. Il a réussi là où plusieurs de ses prédécesseurs ont échoué. De part sa connaissance du secteur de la santé et sa capacité à faire joueur les divisions entre les acteurs du système sanitaire marocain, il est en train de faire passer des réformes douloureuses pour approfondir la privatisation de la santé. Ironie du sort, l’acteur qui craignait le moins, ses étudiants en médecine, ont désormais met à nu la libéralisation effrénée de ce secteur. La recette ultralibérale de l’actuel gouvernement prend plusieurs formes. Un point commun : Elle généralise la crise profonde du système de santé.

    PPP : la gestion déléguée de la santé

    Le Partenariat Public Privé (PPP), est un des piliers de la réforme actuelle. Les PPP sont le synonyme du désengagement supplémentaire de l’Etat de ce secteur. Le ministère « achète » des « services » de chez des prestataires privés. 6,5 milliards de DH ont été dépensés depuis trois ans pour des séances de dialyse et la location de 3 hélicoptères. Prochaine étape, la reconstruction, la conception, l’exploitation et la maintenance des hôpitaux sera entre les mains du secteur privé. Une expérience pilote est en cours à l’hopital moulay Youssef à Rabat.

    Sous-traitance : Le service public à rabais

    Depuis les années 90, la sous-traitance bat son plein dans le secteur. Malgré un bilan plus que négatif de la privatisation des fonctions de la sécurité, de la restauration et du nettoyage, le ministère de la santé continue de privatiser d’autres fonctions au sein des hôpitaux publics : le brancardage et le traitement des déchets médicaux. Face aux très faibles investissements dans les hôpitaux publics, ces méthodes devront se multiplier. Comme c’est le cas de la sous-traitance du transport médicalisé au privé à El Jadida et Ben Guerir.

    Ouverture des capitaux des cliniques : une financiarisation de la santé

    La loi 13-131 relative à l’exercice de la médecine a ouvert la voie à la libéralisation des capitaux des cliniques. Ce projet n’est pas qu’une simple privatisation, c’est une opération de financiarisation du système de santé. Cette réforme ouvrira la voie aux fonds d’investissements détenus par les assureurs, les laboratoires pharmaceutiques ou des multinationales de la santé. À contrario avec les promesses de Louardi, les investisseurs en santé n’ont pas choisi Zagora ou Figuig pour investir mais le centre-ville de Casablanca.

    RH : Vers des statuts précaires

    L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) situe le Maroc parmi les 57 pays du monde souffrant d’une pénurie aigue en personnel soignant. Le Ministère se trouve dans la difficulté de couvrir l’ensemble des besoins du réseau hospitalier. Cette situation est la conséquence de l’austérité budgétaire en vigueur depuis 1980. Les réponses du gouvernement ont été un cuisant échec, notamment la formation des 3300 médecins/an. Cette tension sur les RH s’accentue depuis 2012 avec le départ de 6730 fonctionnaires du ministère de la Santé, dont des médecins et des infirmiers, avec une moyenne annuelle de 1000 professionnels de santé. C’est énorme ! Pendant ce temps, les postes budgétaires alloués au secteur ne dépasse pas sur cette période une moyenne de 2000 postes/an, sois en deçà des objectifs du ministère lui-même tels qu’annoncés dans sa stratégie sectorielle 2012-2016 :

    Année budgétaire Les projections du ministère (médecins et infirmiers) Poste budgétaire obtenu (tout métier)
    2012 4300 2000
    2013 4700 2300
    2014 4900 2000
    2015 4900 2000
    2016 5000  
    Total 23800  

    Source : Stratégie sectorielle, Lois de finances

    Les pressions continuent du FMI pour réduire la masse salariale font que le gouvernement n’ose plus allouer aux secteurs sociaux qu’un minimum de postes budgétaires. Face à cette pénurie, le ministère de la santé a choisi de recourir à des techniques comme le service médical obligatoire, ce statut précaire fragilisera la fonction publique qui s’apprête l’introduction des CDD dans ce secteur. Le ministère veut profiter de la régionalisation pour recourir à la déconcentration de la Gestion des Ressources Humaines par le biais de l’établissement de la liste des actes RH à déconcentrer et la création des Conseils de Santé Régionaux.

    Conclusion

    Les syndicats du secteur public et privé ont échoué à s’opposer au ministre de la santé, car ils sont embourbés dans leurs compromissions et contradictions. La lutte des jeunes étudiants en médecine depuis deux mois est une leçon à saisir par les pouvoirs publics comme par ces syndicats.

    Les choix opérés depuis trente ans en matière de santé ont échoué. Les mesures prises depuis quatre ans pour assurer en douceur le retrait de l’Etat du secteur ont montré leurs limites. Pour rompre avec cette spirale, il faut mettre fin à l’illusion que le secteur privé, peut résoudre les problèmes de santé dans nos pays.

    Il faut changer de politique ! Nous devons insister sur la responsabilité de l’Etat dans le secteur de la santé et, ce n’est pas le secteur privé qui va régler nos problèmes dans les secteurs sociaux. Des services de santé publics gratuits, universels et équitables doivent jouer pour mettre fin aux inégalités dans l’ensemble du pays.

    3 novembre par Salaheddine Lemaizi

    http://cadtm.org/Les-echecs-de-la-privatisation-de

  • Monarchie absolue et résistances sociales au Maroc (Npa)

     

    Les grands médias français d’État et ceux détenus par les financiers prédateurs se gardent de chanter d’autres louanges sur « les pays amis » que celles composées au Quai d’Orsay. Il en est ainsi...

  • Maroc, le roi, capitaliste absolu (Anti-k)

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    Le gouvernement mène actuellement une large offensive : démantèlement du système de retraite, de la Caisse de compensation des prix, privatisation des services publics, refonte du code du travail et réduction des budgets sociaux…

    Le nombre des pauvres « absolus » a doublé en dix ans, atteignant officiellement 19 % de la population. La majorité des marocains vit avec moins de 3 euros par jour et survit avec un seul revenu. Des millions de personnes n’ont pas accès aux besoins les plus élémentaires d’éducation (68 % d’analphabètes), d’eau potable (57 % de la population y a accès), d’électricité, de soins (1 médecin pour 2 200 habitants, 1 % du PIB), de logements salubres.

    Le chômage affecte la jeunesse d’une manière massive. Les salariés de la fonction publique sont soumis au gel des salaires, l’extension des contrats précaires, la baisse des effectifs et la dégradation des conditions de travail. Dans leur grande majorité, les salariés du privé n’ont pas accès aux droits les plus élémentaires. Plus de 43 000 entreprises déclarent des salaires inférieurs au salaire minimum garanti. Les allocations familiales sont de 20 euros par mois. Plus de 7 millions de retraités touchent une pension maximale de 60 euros par mois. 7,4 millions de personnes sont sans retraite.

    Ce système de prédation organisée bénéficie au capital international mais aussi local. Le roi a le contrôle stratégique des institutions publiques, financières et économiques. Une des fonctions du secteur public est d’assurer l’accumulation privée de la famille régnante. Ainsi pour le domaine agricole, la pratique généralisée de la surfacturation et la sous-facturation permet le racket légal, la réduction des coûts de production, auxquels se combine un système de subventions et de commandes publiques taillés sur mesure. Et le recours à la Caisse de dépôt et de gestion pour « socialiser les pertes » des entreprises royales !

    Holding royale

    Le processus de privatisation, adossé au monopole du financement a permis l’émergence de monopoles privés liés aux intérêts de la famille royale. L’ONA/SNI (la holding de la famille royale) en est la colonne vertébrale : près du quart du PIB du Maroc, et 60 % de la capitalisation boursière ! Les lois budgétaires avalisent sans discussion l’entretien des palais et résidences (1 million d’euros par jour) et le budget royal (240 millions). Le monarque est le premier patron de l’agro-­industrie, le premier propriétaire, banquier et investisseur, avec cette particularité que l’État est au service d’un capitaliste privé…

    Ce système fonctionne parce qu’il s’appuie sur les lignées familiales historiques au service du makhzen, qui ont depuis lors intégré les couches supérieures de la bureaucratie civile et militaire et de la bourgeoisie de marché. Elles bénéficient d’un régime de faveur.

    Ainsi, la réduction des impôts sur les grandes entreprises et hauts revenus a entraîné depuis 2007 un manque à gagner de 3 milliards de dirhams. Les vagues d’exonération/amnistie fiscale, en particulier dans le foncier et l’immobilier, ont généré une perte sèche de recettes de plus de 36 milliards. 431 milliards entre 2000 et 2009, et plus de 220 milliards pour la seule année 2011, ont été expatriés.

    Des prébendes de divers ordres, sous formes d’agréments ou d’accès à des marchés, sont octroyées par le régime et peuvent être relevées par lui. Le droit à un statut donné dépend du degré d’allégeance et de fidélité. Une grande partie des dirigeants de groupes économiques privés/­publics doit tout à la monarchie : leur statut d’entrepreneur par héritage, par cooptation ou nomination unilatérale. On doit aussi souligner le poids du secteur informel, en particulier dans les marchés de la contrebande et de la drogue qui bénéficient de la complicité des hauts sommets de l’État.

    Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que le « roi des pauvres »… apparaisse dans le magazine Forbes comme l’une des plus grandes fortunes mondiales.

    Chawqui Lotfi
    Hebdo L’Anticapitaliste – 309 (29/10/2015)

    https://npa2009.org/arguments/international/le-roi-capitaliste-absolu

    http://www.anti-k.org/2015/10/31/maroc-le-roi-capitaliste-absolu/

  • 50 ans après sa disparition, le mystère Ben Barka (france Clture)

     

    Mehdi Ben Barka 

    De nombreuses associations et mouvements syndicaux et politiques se retrouvent ce jeudi soir devant la brasserie Lipp, boulevard Saint Germain à Paris, comme elles le font chaque année, sur les lieux de la disparition de Mehdi Ben Barka.

    Cela fait aujourd'hui cinquante ans que l'opposant marocain a été enlevé. Malgré deux procès et de longues années d'instruction, son corps n'a jamais été retrouvé et de nombreuses questions restent aujourd'hui encore sans réponse.

     

     Louis Joinet 

     

    A l'époque des faits, Louis Joinet avait 26 ans. Ancien magistrat à la Cour de cassation, conseiller pour les droits de l'Homme à Matignon et à l'Elysée sous le pouvoir socialiste, Louis Joinet aura été pendant 33 ans expert indépendant à l'ONU et l'un des principaux artisans de la convention internationale contre les disparitions forcées. Mais en septembre 1965, il vient d'arriver comme magistrat stagiaire dans le bureau du juge Zollinger, le premier juge d'instruction de l'affaire Ben Barka

     

    Depuis, neuf autres juges d'instruction se sont succédés dans l'affaire Ben Barka. Les actes de procédure qu'ils ont ordonnés ont évité la clôture du dossier, sous le coup de la prescription.

    Le témoignage de Bachir Ben Barka, le fils du disparu. Il répond à Florence Sturm :

     

     

    Maurice Buttin  

     

    Maurice Buttin est l'avocat de la famille Ben Barka depuis toujours. Il a donc "accompagné" 50 ans d'instruction et 10 juges différents Et il continue à suivre le dossier aujourd'hui encore en espérant voir un jour émerger la vérité judiciaire (au micro de Florence Sturm ).

     

    Points de repères chronologiques :

    29 octobre 1965. Mehdi Ben Barka, l'un des principaux opposants au régime d'Hassan II est enlevé devant la brasserie Lipp, boulevard St Germain à Paris par deux hommes qui présentent des cartes de police.

    11 novembre 1965. Arrestation des deux policiers Louis Souchon et Roger Voitot. Souchon dénoncera ensuite l'implication du SDECE, les services secrets français.

    Janvier 1966. La France lance un mandat d'arrêt à l'encontre du général Mohammed Oufkir, ministre marocain de l'Intérieur et chef des services secrets.

    17 janvier 1966. L'un des principaux témoins, Georges Figon se suicide après ses révélations à l'Express.

    6 mai 1966. Débat sur l'affaire Ben Barka à l'Assemblée nationale.

    5 septembre 1966. Ouverture du procès à Paris. 13 accusés, dont sept en fuite, jugés par contumace. 167 témoins.

    19 octobre 1966. Coup de théâtre. Le commandant Ahmed Dlimi, directeur général de la Sûreté nationale marocaine se constitue prisonnier. Le procès est ajourné.

    17 avril 1967. Reprise du procès.

    7 juin 1967. Verdict : cinq acquittements et huit condamnations, dont six à perpétuité par contumace pour les accusés en fuite. Parmi eux, le général Oufkir qui trouvera la mort quelques années plus tard après un coup d'Etat manqué contre le roi du Maroc.

    Octobre 1975. Nouvelle plainte de la famille pour assassinat et complicité d'assassinat.

    2005. Le juge d'instruction Patrick Ramael se rend au Maroc. Sans résultat. A Paris, il ordonne la perquisition du domicile de l'ancien premier ministre d'Hassan II, Driss Basri. Il demande aussi des fouilles au PF3 de Rabat, un ancien centre de détention. Sans succès.

    23 octobre 2007. Délivrance de cinq mandats d'arrêt internationaux visant cinq Marocains, dont le général Benslimane, le patron de la gendarmerie royale.

    Eté 2015. Le juge d'instruction Cyril Paquaux adresse une commission rogatoire à Tel Aviv pour entendre un agent du Mossad. A ce jour, il n'a pas encore obtenu de réponse.

    http://www.franceculture.fr/2015-10-30-50-ans-apres-sa-disparition-le-mystere-ben-barka