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Maroc - Page 12

  • Dilem

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  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Sahara occidental Le Maroc isolé à l’ONU malgré le soutien de la France (Algeria Watch)

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    Un projet de r ésolution sur le Sahara occidental présenté par les États-Unis au conseil de sécurité, le 27 avril, demande à ce que la Minurso retrouve pleinement sa capacité d’intervention et donne quatre mois au Secrétaire général de l’ONU pour négocier avec les Marocains afin de réaliser cet objectif.

    Et pour plus de clarté, Washington insiste sur le retour immédiat des 84 membres de la délégation civile et politique de la Minurso que le Maroc avait expulsé en mars. La Minurso (Mission de l’ONU au Sahara occidental) a été déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu au Sahara Occidental en attendant que soit défini le statut de ce territoire, ex-colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975.
    Un vieux conflit colonial

    La décision du gouvernement marocain d’expulser les fonctionnaires a fait suite à la visite récente du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon dans la région – il ne s’est pas rendu au Maroc– et les sévères propos qu’il avait tenus sur la longue présence des forces marocaines dans la Sahara occidental. Le Maroc reproche à Ban Ki-moon d’avoir employé le terme d’ « occupation », lors d’un déplacement à Tindouf, pour décrire le statut du Sahara occidental.

    Ban Ki-Moon a de nouveau plaidé pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination. La principale mission onusienne au Sahara, selon lui, est d’abord d’organiser un référendum au Sahara occidental et non pas uniquement de surveiller l’application du cessez-le-feu de septembre 1991 entre le Maroc et le Polisario, comme le veut Rabat.

    Des expulsions qui isolent le Maroc

    Estimant que la Minurso ne pourra pas accomplir sa mission après les expulsions, l’ONU avait immédiatement demandé au Maroc de se conformer à ses obligations internationales et de permettre au personnel civil expulsé de rejoindre ses postes. Ce qui lui valut un refus net : la position ferme du Maroc a été exprimée par le roi Mohammed VI et par le gouvernement, le 23 mars, insistant sur le caractère « irrévocable » des décisions prises contre la Minurso.

    Cela a crispé les discussions au sein du Conseil de sécurité et explique en grande partie la résolution pleine de raideur proposée par Washington.

    La France au secours de Rabat

    Le Conseil devrait voter demain le projet de résolution qui donne quatre mois de délai (contre deux mois dans le projet initial proposé par les Américains) pour un retour de la Minurso. C’est un jour plus tard que prévu pour permettre aux pays membres d’en débattre plus longuement. Soutenu notamment par la France, le Maroc a opté pour une position de repli en souhaitant un renouvellement pour 12 mois du mandat de la Minurso.

    Paris avait une nouvelle fois montré son soutien au Maroc en appuyant, au Conseil de sécurité, les sanctions prises par le royaume contre la composante politique de la Minurso en représailles aux propos tenus par le secrétaire général de l’ONU dans les camps de Tindouf et à Alger.

    La France, allié traditionnel du royaume cherifien, avait fait le choix d’appuyer la position marocaine et le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007, pomme de discorde dans les relations franco-algériennes. Lors de son voyage à Alger, Manuel Valls avait réaffirmé que pour la France, le plan d’autonomie présenté par le Maroc, constituait une base sérieuse et crédible pour une solution négociée. La France a également soutenu hier, l’élection du Maroc à la présidence de l’Observatoire du Sahara et du sahel (OSS).

    Pierre Morville, TSA, 28 avril 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/pol/sahara_occidental/maroc_isole

  • Au Maroc, les Journalistes font face à une répression illisible (Médiapart)

     

    Depuis le début de l'année 2016, les procès à l'encontre des journalistes se multiplient.

    Le pouvoir tente de réduire au silence toute voix critique, selon des critères de plus en plus flous, dans l’espoir d’éteindre les dernières lueurs du mouvement du 20-Février. .

    Ali Anouzla est un habitué des tribunaux. Le 26 avril, le directeur du journal électronique Lakome2 3 est à nouveau convoqué par la justice marocaine. Cette fois-ci, il est accusé d'« atteinte à l'intégrité territoriale », à la suite d’une déclaration au journal allemand Bild, dans laquelle il aurait utilisé l'expression « Sahara occidental occupé ».

    Une ligne rouge dans le royaume, où le statut marocain du Sahara ne souffre d'aucun débat.

    Anouzla affirme qu'il s'agit d'une erreur de traduction, d'ailleurs assumée et corrigée par le quotidien allemand. Ali Anouzla est aussi poursuivi pour incitation et apologie du terrorisme depuis octobre 2013 pour un article publié dans Lakome (fermé depuis et remplacé par Lakome2) qui contenait un lien vers un blog du journal espagnol El Pais, qui renvoyait à son tour vers une vidéo d'AQMI menaçant le Maroc. Son arrestation et son incarcération – il a passé 39 jours en détention – avaient suscité une forte vague d'indignation dans un Maroc encore agité à l’époque par la contestation, amorcée deux ans et demi plus tôt, par les jeunes du 20-Février.

    Sur le net, la censure des versions arabophone et francophone de Lakome, un journal plutôt rare dans le paysage médiatique marocain, avait fait grand bruit.

    D'après ses soutiens, Anouzla, qui a par ailleurs déjà été condamné par la justice marocaine dans d'autres affaires, était à nouveau poursuivi uniquement parce que ses écrits dérangeaient. Il était alors l'un des rares journalistes à bousculer les fameuses lignes rouges, qui ne sont ni précisément énoncées ni définies – grosso modo, la monarchie, l'islam, la question du Sahara– et qu'un nombre de plus en plus réduit de journalistes tentent encore de bousculer. Selon de nombreux observateurs, ce type de poursuites, parfaitement assumées par les autorités, qui parlent d’un bilan plutôt avantageux en matière de liberté de la presse et d'expression, illustre une répression contre toute voix dissonante, entamée en 2013, une fois que l'essoufflement du mouvement contestataire des jeunes du 20-Février s'est réellement fait sentir.

    L'année suivante, le ministre de l'intérieur Mohamed Hassad annonçait au parlement, en les accusant d'entraver la lutte contre le terrorisme, un durcissement à venir contre les ONG, surtout l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), accusées d’entraver la lutte contre le terrorisme. 3 Ces derniers mois, les pressions à l'encontre des journalistes et des activistes se sont encore intensifiées. Le Maroc, partenaire majeur de l'Occident dans la lutte contre le terrorisme et régulièrement félicité à ce titre, a les coudées franches pour museler les opposants. On fait peu de cas dans la presse étrangère – à laquelle le pouvoir est particulièrement sensible – des dérapages en matière de droits de l’homme et de liberté de la presse. Le Maroc continue de jouir à l’extérieur de son image d'« exception » dans la région, laissant les mains libres aux décideurs pour régler le thermostat de la liberté d'expression selon les nécessités politiques.

    Le 23 mars, l'historien et opposant Maâti Monjib était ainsi convoqué devant le tribunal de première instance de Rabat. Il est accusé, ainsi que six journalistes et activistes, de « financements étrangers illégaux » et d'« atteinte à la sécurité de l'État ». Le juge a reporté le procès au 29 juin en l'absence de deux des accusés. Président de l'association de défense de la liberté d'expression Freedom Now, née du Comité de soutien à Anouzla créé il y a deux ans, et qui n'est toujours pas reconnue par les autorités, et de l'AMJI (Association marocaine du journalisme d'investigation), Maâti Monjib répète sur tous les tons subir un harcèlement des autorités. En octobre, il avait d'ailleurs observé une grève de la faim de 24 jours pour protester contre une interdiction de quitter le territoire, levée depuis. Mais les poursuites judiciaires ont été maintenues.

    Mardi 19 avril, Abdellah Bakkali, président du syndical national de la presse (SNPM), député du parti de l'Istiqlal et rédacteur en chef du journal Al Alam, comparaissait lui aussi devant la justice, poursuivi pour diffamation. 3 Le ministère de l'intérieur a déposé une plainte pour un article publié en octobre dernier ainsi que contre une déclaration faite au site Alyaoum24 au sujet de la corruption lors des dernières élections, explique Bakkali lors d'un entretien téléphonique avec Mediapart.

    « Il y a un recul en matière de droits humains. En témoignent les poursuites à l'encontre des journalistes, des pressions sur l'AMDH, de la répression des manifestations des enseignants stagiaires », affirme-t-il. « Il y a un courant au sein du pouvoir qui est opposé au changement constitutionnel de 2011. »

    Ce tour de vis ne cible pas uniquement la presse locale.

    Début avril, des journalistes du “Petit Journal” de Canal + ont été arrêtés à Beni Mellal, où ils effectuaient un reportage sur une agression homophobe qui y avait eu lieu quelques jours auparavant, puis renvoyés vers la France après un passage de plusieurs heures à la préfecture. Ils ne disposaient pas d'une autorisation de tournage, obligatoire au Maroc pour les chaînes non accréditées. Mais ces autorisations sont distribuées au compte-gouttes, d'après de nombreux journalistes qui se sont frottés au ministère de la communication. Et à son silence. Souvent, ils n'obtiennent aucune réponse et décident donc de se rendre tout de même sur place. Pourquoi cette récente rigueur de l'État marocain ? Les journalistes contactés ont des difficultés à analyser ses véritables motivations. « C'est la zone grise », avance le journaliste du nouveau journal Le Desk 3 Imad Stitou. « Mais avec les poursuites contre les défenseurs de droits de l’homme, on voit qu'ils sont moins tolérants qu'avant. Dans un contexte où l'État déclare qu'il est en guerre contre le terrorisme, ça devient difficile de critiquer les institutions sécuritaires, entre autres. » « On ne comprendra jamais les motivations du cerveau sécuritaire de l'État. Il n'y a aucune explication logique », poursuit-il. « Pourquoi maintenant ? Je me pose la même question. »

     

    « Ce n'est pas nouveau de laisser les gens dans l'ambiguïté », déplore l'ancienne présidente de l'AMDH et secrétaire générale de Freedom Now Khadija Ryadi. « Une chose est interdite un jour et pas le lendemain. Même les textes de loi sont flous. Les lois sont comme des élastiques. Tout dépend des rapports de force, de la situation politique, sauf de la loi. C'est très tendu actuellement, c'est la répression. On ne sait pas ce qu'ils veulent, où ils veulent emmener le pays. Ceux qui décident ont-ils une visibilité ? Sont-ils conscients de la gravité de la situation ? Et puis qui décide ? Chacun dit : “Ce n'est pas moi.” On sait que le gouvernement, ce n'est pas lui qui décide. Il ne fait qu'exécuter les ordres. Et puis en ce moment, chacun est tourné vers les élections. » Ce manque de clarté du pouvoir, qui tolère, puis censure quand bon lui semble, parfois sans signes avant-coureurs, Rik Goverde en a fait les frais. En novembre dernier, ce journaliste néerlandais présent au Maroc depuis deux ans, a été expulsé sans raison apparente et renvoyé vers l'Espagne par bateau en pleine nuit. « J'ai été officiellement expulsé parce que je travaillais sans carte de presse. Ce qui était vrai. Donc le Maroc avait le droit juridique de m'expulser, je pense », raconte Goverde depuis les Pays-Bas, où il n'exerce plus son métier de journaliste. « J'étais dans le pays légalement avec un visa touristique. Néanmoins, j'ai demandé mon accréditation deux fois, dans les temps, début 2014 puis 2015. J'ai fourni toutes les informations au ministère de la communication et demandé à plusieurs reprises si je devais parler à quelqu'un ou répondre à d'autres questions. » « La plupart du temps, j'étais relativement libre de travailler », nuance-t-il. « Mais je n'ai aucun doute sur le fait que j'ai été suivi, surtout à Tanger, Nador, près de la frontière algérienne, et Ouarzazate. J'ai été interrogé plusieurs fois par la police et mes photos ont été quelquefois effacées lors de manifestations ou près d'Imider [où a lieu un sit-in ininterrompu depuis août 2011– ndlr]... J'ai travaillé en Tunisie, Libye, Égypte. Surtout dans ces deux derniers pays, travailler comme correspondant est nettement plus difficile qu'au Maroc. »

    Certains journalistes marocains racontent subir une répression d'un tout autre type : sourde, indirecte, mais tout aussi difficile à appréhender.

    À tel point qu'ils ne peuvent plus travailler ou vivre de leur métier. L'an dernier, Ali Lmrabet, souvent décrit comme le trublion de la presse marocaine, observait une grève de la faim pour dénoncer le refus des autorités de lui délivrer les documents nécessaires au lancement de son journal. Lmrabet avait été condamné à 10 ans d'interdiction d'exercer en 2005. Une condamnation unique. Son projet, monté en collaboration avec le caricaturiste Khalid Gueddar – lui-même condamné l'été dernier à trois mois ferme dans une affaire d'ébriété sur la voie publique remontant en 2012 – et l'humoriste contestataire Ahmed Snoussi alias Bziz, n'a toujours pas pu voir le jour. « Ils m'ont fait remettre mes papiers en Espagne, alors que je n'y réside plus, preuves documentaires, et très nombreuses, à l'appui, comme l'attestation du consul général du Maroc à Barcelone, qui atteste que je ne vis plus en Espagne », explique Lmrabet. « C'est une manœuvre pour m'empêcher de relancer mes journaux », accuse-t-il. « Sans domiciliation au Maroc, je ne peux pas demander un certificat de résidence, et sans ce certificat je ne peux pas demander l'autorisation pour lancer un journal. De plus, ils m'ont fait retirer illégalement, puisque j'ai toute ma documentation en règle, l'autorisation de gérance d'un riad, qui me permettait de faire vivre ma famille. »

    Ces derniers temps, la diffamation est devenue un outil de répression supplémentaire, notamment à travers des sites nouvellement créés.

    « Quand tu es un journaliste indépendant, tu n'es pas seulement face au Makhzen [les autorités du régime – ndlr] mais aussi face à des opérations de diffamation. Tu te bats contre des confrères qui balancent des infos sur toi, dans une société conservatrice. Tu es pris entre le marteau et l'enclume », explique le journaliste Soulaiman Raissouni. Raissouni, qui vient de lancer un nouveau site d'information Al Aoual 3, se souvient de ses premiers tracas alors qu'il travaillait encore au quotidien Al Massae en avril 2015. « Ils ont commencé par ne plus faire passer mes articles. Pendant sept mois, j'ai été payé. Rien n’était publié », raconte-t-il. Le journaliste était alors responsable des rubriques culture et investigation : une enquête sur les dessous du festival d'Asilah avait fortement déplu, d'après lui. C'est aussi à ce moment-là que Raissouni entreprend des activités militantes qui posent problème à sa rédaction. Il devient le coordinateur du comité de soutien à Ali Lmrabet, puis de celui de Maâti Monjib. Pas d'organe de presse indépendant Mais il est alors « difficile de le renvoyer » car il est élu délégué des salariés du journal. Les confrères qui le soutiennent et ont voté pour lui subissent des pressions (mutations dans une autre ville, par exemple), raconte Raissouni. Le bras de fer durera plusieurs mois, jusqu'à ce qu'il décide de prendre la parole dans les médias et de quitter le journal avec un confrère pour créer son propre site d'information.

     Pour certains, la pression devient si intenable qu'ils ne voient d’autre option que de quitter le pays.

    Le rappeur Mouad Belghouate, connu sous le nom de Lhaqed, a demandé l'asile politique en Belgique, où il se trouve depuis maintenant plusieurs mois, pour échapper à ce qu'il perçoit comme un harcèlement des autorités. Alors qu'il était en voyage en Belgique, Lhaqed, déjà plusieurs fois condamné par la justice, a décidé de ne plus retourner au Maroc. « Je suis menacé au Maroc. La police est venue me chercher à la maison alors que j'étais en dehors du pays et j'ai décidé de rester ici », explique Lhaqed depuis Bruxelles. « Ils ont demandé à ma famille où je me trouvais et leur ont délivré une convocation, sans motif ni date, en disant que si je rentrais au Maroc, je serais arrêté à l'aéroport. » Militant du mouvement du 20-Février, connu pour ses raps critiques envers le pouvoir, où il allait jusqu'à s'adresser directement au roi, il a été, selon ses soutiens et de nombreuses ONG, victime d'un acharnement judiciaire. Il a effectué trois peines de prison depuis 2011. Il a notamment été condamné à un an de prison pour « atteinte à un corps constitué » pour le clip – dont il nie être l'auteur – d'une chanson sur la police datant de 2010, « Les chiens de l'État », dans lequel la tête d'un policier est remplacée par celle d'un âne.

    Après sa troisième incarcération pour « ébriété sur la voie publique » et « violence sur agents » en 2014, il a enregistré un album, toujours aussi irrévérencieux.

    Il n'a même pas pu le présenter à la presse, la conférence ayant été interdite. Depuis la Belgique, il collabore avec le journal Goud.ma, dans lequel il a raconté sa détention. Pourquoi les autorités mettent-elles un tel acharnement à le faire taire, alors que la contestation est si faible ? « Je n'ai pas changé, je ne suis pas revenu sur mes idées et j'ai continué à les déranger », répond Lhaqed. « C'est comme ça lorsqu'on vit dans un État dictatorial. Il ne faut pas dépasser les lignes rouges. En ce moment, il y a un recul dangereux des droits de l’homme et l'État se venge des gens du mouvement. L'État veut récupérer sa Hiba [sorte d'autorité empreinte de la peur qu'il inspire et de respect – ndlr], disparue avec le mouvement des jeunes du 20-Février. »

    Pendant ce temps, la sphère politique continue de débattre d’un futur code de la presse sans cesse annoncé, censé mettre fin aux peines privatives de liberté.

    Mais certains élus craignent un transfert de ces peines du code de la presse vers le code pénal pour des délits comme l'atteinte à la personne du roi ou aux symboles nationaux. Reda Benotmane, chargé de projet à l'AMDH, attend ce nouveau code avec beaucoup de scepticisme. « Je pense que tant que les lois sont ce qu'elles sont, nous serons dans une situation régressive, y compris avec le nouveau code », affirme-t-il. Difficile, selon ce fin observateur des médias, de rencontrer des journalistes réellement indépendants, dans ce contexte : « Dans l'absolu, il doit en exister. Mais je n’en vois pas de trace. Je ne connais pas d'organe de presse indépendant des circuits du pouvoir. » Selon le dernier classement de Reporters sans frontières, le Maroc se situe dans la zone rouge pour la liberté de la presse : au 131e rang mondial, loin derrière la Mauritanie et la Tunisie. Il recule d'une place par rapport à l'année précédente Ce classement ne reflètait déjà pas la réalité 3, selon Mustapha Khalfi, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement. Pour lui, 2015 a été une année « exceptionnelle » en matière de liberté de la presse.

    25 avril 2016

    Par Ilhem Rachidi - Médiapart

    http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/

  • Maroc : Manifestation de solidarité avec la femme qui s’est immolée à Kénitra (Afriques en Lutte)

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    De son vivant, on l’appelait « Mmi Fatiha » (Mère Fatiha) ou « la vendeuse de crêpes », du fait de la fonction qu’elle exerçait. Elle habitait au quartier de Oulad Oujih, à Kénitra.

    Le 9 avril, selon plusieurs témoignages, la vendeuse aurait été frappée par un caïd, qui lui a arraché son voile et l’a malmenée sur la voie publique. Pour protester contre cet abus, elle s’est dirigée à la moqataâ où siège le caïd, puis s’est immolée par la suite, devant la moqataâ.

    Souffrant de brûlures au troisième degré, elle a été transportée à l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca où elle a succombé à ses blessures. Elle a été enterrée le 13 avril à Kénitra.

    Sa fille, Hind, accordera plusieurs interviews à des médias, et participera ainsi à ébruiter l’affaire. « Ma fille, ils m’ont humiliée », a confié Mmi Fatiha à sa fille sur son lit d’hôpital. « Les pauvres ne peuvent-ils plus vivre ? La loi est-elle là pour nous protéger ou pour nous faire du tort ? », s’interroge Hind, en sanglots, dans une interview avec le site d’information Febrayer.

    La cause a ému et indigné les marocains, qui ont été nombreux à parler de l’affaire, et ont lancé une pétition pour demander que justice soit faite. Ainsi, la vendeuse de crêpes est devenue un symbole de la lutte contre l’abus de pouvoir.

    Une manifestation de solidarité

    Ce lundi 18 avril, une manifestation de solidarité s’est tenue devant les locaux de la moqataâ du quartier de Oulad Oujih. Celle-là même devant laquelle la vendeuse de crêpes s’est immolée. La manifestation a vu la participation de citoyens, d’activistes et de militants associatifs, de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) et du Mouvement du 20 février notamment. Les manifestants demandent l’ouverture d’une enquête concernant le décès de la femme, ainsi que l’arrestation et le jugement du caïd.

    Selon le site d’information Alyaoum24, le parquet général a ordonné, le même jour, l’ouverture d’une enquête sur le décès de la vendeuse de crêpes. Le site rapporte aussi que le ministère de l’Intérieur a dépêché une commission sur les lieux, afin qu’elle mène l’enquête sur les circonstances du décès de Mmi Fatiha, ainsi que les accusations portées contre le caïd.

  • 12e Université de printemps d’ATTAC-CADTM Maroc (Cadtm)

     

    Notre 12e université 2016 s’est tenue, malgré les pressions

    et les interdictions de salles par les autorités, à Marrakech, la ville ocre où est prévue de se tenir la grande messe climatique COP 22 que le régime et ses acolytes, avec sa société civile, ses institutions et partis, son capitalisme vert prédateur, préparent à grand renfort publicitaire et propagandiste.

    Et pour nous : l’interdiction ne nous a donné que plus de détermination à comprendre et poursuivre la lutte, cette fois sur la question du climat, contre la prédation de plus en plus menaçante pour le droit à la vie...

    Les femmes d’Attac ont été nombreuses et très engagées dans la préparation, l’organisation et le bon déroulement de cette université. Particulièrement une nouvelle et jeune génération qui apporte du sang neuf dans cette énorme lutte qui bouleverse tous les stéréotypes et concerne toutes et tous pour lutter, résister, créer et continuer à rêver plus fort qu’un autre monde est nécessaire.

    Berta Caceres assassinée le 3 mars au Honduras, en affiche, pour nous rappeler à poursuivre sa lutte. 15 avril 

    Auteur.e

    Souad Guennoun

    Architecte et photographe renommée, vit à Casablanca. Elle témoigne depuis plusieurs années des crises sociales du Maroc d’aujourd’hui : émigration clandestine, enfants des rues, situation des femmes, luttes ouvrières, etc. Elle filme les luttes menées contre la concentration des richesses, les restructurations d’entreprises provoquées par le néo libéralisme, les choix du régime monarchique visant à soumettre la population aux exigences de la mondialisation financière. Elle est membre d’ATTAC-CADTM Maroc.

  • Maroc : homophobie légalisée (Lutte Ouvrière)

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    Après avoir été arrêtés et condamnés, les deux homosexuels qui avaient subi une violente agression le 9 mars dernier à Beni Mellal, au Maroc, ont finalement été remis en liberté le 11 avril.

    Dans ce pays, la loi condamne les actes homosexuels, et les agressions homophobes ne sont pas systématiquement réprouvées.

    Ces dernières années les médias se sont fait l’écho de plusieurs condamnations d’homosexuels, comme en décembre 2014, lorsque les deux membres d’un couple ont été arrêtés lors d’un contrôle routier, puis condamnés respectivement à un an et six mois de prison. En 2015, deux homosexuels qui s’étaient embrassés sur une place publique très touristique de Rabat ont été condamnés à de la prison ferme pour « outrage public à la pudeur ». Deux autres peines de prison ont été prononcées alors que les victimes avaient été arrêtées dans un lieu privé. Comme le soulignent les associations, les aveux des victimes sont bien souvent extorqués par intimidation et sous la pression des policiers, et surtout en dehors de la présence d’avocats.

    L’affaire de Beni Mellal ne peut que soulever l’indignation.

    Le couple a été violemment agressé dans son lit par plusieurs personnes et une vidéo a été postée sur les réseaux sociaux. En dehors de plusieurs associations connues pour défendre le droit de chacun à vivre librement, ni le gouvernement ni le roi Mohamed VI n’ont alors réagi. Et pour cause, car ni ce gouvernement ni le précédent n’ont retiré du Code pénal le fait que l’homosexualité soit considérée comme un crime. La loi rend passible d’amende et de prison ferme « quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe » ou « quiconque, par son état de nudité volontaire ou par l’obscénité de ses gestes ou de ses actes, commet un outrage public à la pudeur ».

    L’homosexualité n’est plus vraiment un tabou au Maroc, l’opinion commence à évoluer et une association, Aswat, défend les droits des homosexuels.

    Elle fait partie des treize organisations qui ont exigé dans un communiqué la libération immédiate des deux homosexuels de Beni Mellal et l’ouverture d’une enquête contre le groupe d’agresseurs.

    Leur combat ne fait certainement que commencer.

    Malika FARES 13 Avril 2016
     
  • Attac/CADTM Maroc organise sa 12e Université de printemps les 9 et 10 avril à Marrakech (CADTM)

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    « Changeons le système, pas le climat »

     

    Cette activité annuelle de l’association est un moment de formation, réflexion et de débats pour les militant-e-s d’ATTAC et de d’autres forces militantes au Maroc. Des organisations partenaires prendront part à cette activité pour contribuer à l’analyse de la mondialisation capitaliste et ses effets directs et indirects sur le quotidien des citoyens. Ce travail d’analyse est nécessaire surtout dans un contexte de crise profonde et multiple du système capitaliste, dont le coût, au Maroc comme ailleurs, est systématiquement transféré à la population.

    Cette édition aura deux thèmes principaux : L’endettement public et la crise écologique. Sur le premier volet, deux ateliers seront organisés pour expliquer le processus de l’audit de la dette et la lecture des Lois de finances. L’association poursuit ainsi le travail de formation démarré au niveau des groupes locaux et les formations nationales.

    L’université consacre un large espace à la question écologique. A la veille de la tenue de la Conférence des parties (COP 22) au Maroc, nous sommes mobilisés en tant qu’association d’éducation populaire sur ce dossier. Notre lecture de la question écologique et climatique sera mise en lien avec les stratégies sectorielles à l’œuvre au Maroc dans les secteurs agricoles, de la pêche, du tourisme et de l’énergie. Ces formations seront complétées par des expériences de luttes de terrain menées dans plusieurs régions du pays afin de renforcer nos engagements dans la lutte pour une justice climatique et le droit aux ressources.

    La conférence inaugurale aura lieu le samedi 9 avril à partir de 14h à l’hôtel Majorelle, boulevard Allal El Fassi, Marrakech (programme ci-dessous)

    Le secrétariat national

    Le 7 avril 2016


    Programme de la conférence inaugurale

    - De 14h à 16h30 :
    Les incohérences de la politique énergétique Maroc : Entre charbon, solaire et gaz de schiste

    Intervenants :

    • Abdelhakim Halaoua (ATTAC Ouarzazate),
    • Mohameb Benata (Esco, Oujda)
    • Salaheddine Abir (Attac Safi)

    - De 17h à 19h :
    Etat des luttes pour la justice climatique au Maroc : Témoignages d’acteurs en lutte

    Intervenants :

    • Imider : Droit aux ressources
    • Mohammedia : Destruction des dunes de sable
    • Ben Smim : Contre la privatisation de l’eau
    • Guich El Oudaya : Droit à la terre
    • Bni Ghil à Oujda et Figuig : Accès à la terre


    Attac Maroc

    Contre la mondialisation libérale
    Membre du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM)

    8 avril par ATTAC/CADTM Maroc

    http://cadtm.org/Attac-CADTM-Maroc-organise-sa

  • Le pouvoir marocain tente d’éteindre le feu qui couve dans les mouvements sociaux (Anti-k)

    De notre correspondante à Rabat (Maroc).

    En apparence, rien ne bouge au Maroc.

    Pourtant, une réelle culture de la manifestation se dessine dans le pays, jusque dans les endroits les plus reculés. Le problème reste leur coordination et leur implication politique.

    Au Maroc, on dénombre au moins cinquante manifestations quotidiennes.

    Ce sont les chiffres officiels, annoncés en janvier dernier par le ministre de l’intérieur, comme un signe de bonne santé démocratique. Pourtant, cinq ans après les protestations du Mouvement des Jeunes du 20-Février, qui revendiquaient un changement politique et social profond et qui avaient réuni en 2011 des groupes sans aucun liens idéologiques ou structurels, la contestation semble être au point mort.

    Là réside le paradoxe du Maroc.

    En apparence, rien ne se passe. Néanmoins, une réelle culture de la manifestation se dessine aux quatre coins du pays, jusque dans les endroits les plus reculés. Structurés ou spontanés, parfois anciens, un nombre important de mouvements sociaux sont bel et bien vivants. Ils sont toutefois isolés et, du coup, peinent à déboucher sur un réel changement. C’est pourquoi les autorités misent à chaque crise sur l’essoufflement, notamment en négociant séparément avec chacun.

    7 avril 2016  Ilhem Rachidi

    Source: https://www.mediapart.fr/journal/international/070416/le-pouvoir-marocain-tente-deteindre-le-feu-qui-couve-parmi-les-mouvements-sociaux

    http://www.anti-k.org/le-pouvoir-marocain-tente-d'eteindre-le-feu-qui-couve-dans-les-mouvements-sociaux

     

  • Maroc Arrestation d’une délégation internationale de juristes en soutien aux prisonniers de Gdeim Izik (Essf)

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    Une délégation envoyée par le collectif international de juristes en soutien aux prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik a été arrêtée mercredi 6 avril à Rabat.

    A 18 heures (heure locale), Me Ingrid Metton, avocate française, Eric David, professeur de droit international belge, Jesus Maria Martin Morillo, magistrat espagnol ainsi que Me Maria Nieves Cubas Armas, Me Juan Carlos Gomez Justo et Me Altamira Guelbenzu Gonzalo, tous trois avocats espagnols, ont été arrêtés par la police marocaine à leur hôtel. Ils effectuaient une mission au Maroc afin d’apporter leur soutien aux prisonniers de Gdeim Izik qui ont observé une grève de la faim pendant 36 jours pour protester contre leur torture et leur détention arbitraire.

    Cette arrestation intervient la veille de la conférence de presse organisée par la délégation pour dénoncer l’injustice subie par les détenus sahraouis.

    « Nous venons d’apprendre que leur expulsion est en cours », a déclaré Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb/Moyen-Orient à l’ACAT. « Les atteintes à la liberté d’expression sont de plus en plus massives dans le royaume. Le sort réservés aux opposants Marocains est encore bien pire que celui subi par les visiteurs étrangers qui leur témoignent un soutien. »

    « Le collectif international de juristes appelle les chancelleries française, belge, espagnole et l’Union européenne à dénoncer publiquement cette arrestation arbitraire uniquement motivée par le soutien apporté par la délégation à des prisonniers politiques », affirme Me Joseph Breham, membre du collectif qui devait rejoindre la délégation ce soir.

    Communiqué de presse

    , par ACAT France

    Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT)

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37627