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Maroc - Page 14

  • Maroc : Appel à la grève nationale générale du mercredi 24 février 2016 (Afriques en Lutte)

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    Appel intersyndical UMT, CDT, UGMT et SNE-Sup à la grève générale le 24 février au Maroc.

    Frères et sœurs !

    Les centrales syndicales : l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et le Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNE-Sup) ayant épuisé tous les efforts visant à amener le gouvernement à la table des négociations au sujet des questions intéressant la classe laborieuse et l’ensemble des salariés, et vu l’entêtement de l’Exécutif et sa politique de la fuite en avant ainsi que ses tentatives d’imposer le fait accompli en gelant le dialogue social et en occultant le rôle constitutionnel du mouvement syndical ;

    Etant donné le refus du gouvernement d’assumer ses responsabilités politiques et sociales ; vu son reniement de ses engagements et promesses, sa propension à s’en prendre systématiquement aux acquis sociaux et matériels de l’ensemble des couches populaires, à violer les libertés syndicales et son entêtement à ignorer les revendications de la classe laborieuse et de l’ensemble des salariés,

    Lesdites centrales syndicales ont décidé d’observer une grève nationale générale de 24 heures le mercredi 24 février 2016 au niveau de la Fonction publique, des collectivités territoriales, des établissements publics et semi publics, du secteur privé industriel, agricole, forestier et des services, du transport toutes catégories confondues, des commerçants, artisans, des secteurs minier, portuaire, de la pêche maritime et de tous les secteurs professionnels…

    Impliquons-nous tous dans grève nationale générale en vue de :

    - mettre un terme aux atteintes au pouvoir d’achat de l’ensemble du peuple marocain,
    - (d’obtenir) une augmentation des salaires, l’application de l’échelle mobile et l’augmentation des pensions de retraite,
    - l’exécution du reliquat de l’accord du 26 avril 2011 : (institution d’un nouvel échelon, d’indemnités pour le travail dans des régions éloignées et unification du salaire minimum dans les secteurs industriel et agricole),
    - d’atténuer la pression fiscale sur les salaires et les revenus des commerçants et artisans et la mise en place d’un système fiscal équitable,
    - de renoncer à l’approche paramétrique et comptable du dossier des retraites et de concevoir une réforme globale et juste du système de retraites,
    - renforcer la position de l’université marocaine, améliorer la situation des enseignants du supérieur et mettre fin à la privatisation du secteur,
    - imposer le respect des dispositions du Code du travail et auitres lois et règlements sociaux comme (ceux relatifs à) la sécurité sociale et autres, satisfaction des revendications sectorielles et catégorielles et solution immédiate des dossiers des professeurs stagiaires, des étudiants médecins (médecins internes), des administrateurs, des techniciens, des ingénieurs et de toutes les catégories lésées…,
    - promouvoir la situation de la femme travailleuse et reconnaissance des droits humains de la gent féminine (en général),
    - généralisation de la couverture sociale aux chauffeurs de taxis et aux routiers tout en s’occupant de leur situation matérielle et sociale,
    - promulgation du statut des fonctionnaires des collectivités territoriales, -intégration des détenteurs de la licence et création d’une institution sociale,adoption d’une politique sociale visant à résoudre le phénomène du chômage, à embaucher les diplômés et à éradiquer l’emploi précaire,
    - mettre fin à la violation des libertés publiques et syndicales et abrogation de l’article 288 du Code pénal.

    Frères et sœurs !

    Fonctionnaires, travailleurs et travailleuses, salarié(e)s, commerçants et artisans, acteurs politiques et humanitaires, forces vives et société civile ! adhérons tous ensemble, massivement et avec force, à ce combat militant en guise de protestation de la légèreté avec laquelle le gouvernement traite les revendications de la classe laborieuse marocaine et à l’ensemble des strates sociales marocaines !

    Mobilisons-nous donc pour exécuter cette décision historique le mercredi 24 février 2016 !

    Vive la classe laborieuse marocaine ! Vive l’unité syndicale !

    23 février 2016

    http://www.afriquesenlutte.org/maroc/article/maroc-appel-a-la-greve-nationale

  • Manifestation à Paris de solidarité avec les contestations du peuple marocain (Essf)

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    Appel à manifester à Paris, en solidarité avec les contestations du peuple marocain

    A l’occasion du 5e anniversaire du mouvement du 20 février

    Face à la prédation économique et à l’explosion des inégalités sociales, les marocain(e)s se soulèvent encore, 5 ans après la naissance de ce mouvement en scandant les mêmes revendications. En effet, les villes du Nord ont connu un soulèvement populaire avec l’un des slogans du mouvement du 20 février : « Amendis dégage ! », les étudiants en médecine ont pacifiquement manifesté pour leur droits légitimes, les habitants des régions les plus marginalisées du Maroc à l’image d’Imider, de Bouarfa, du Rif…etc. continuent leur lutte contre les politiques d’exclusion et d’appauvrissement, les enseignants stagiaires poursuivent depuis plusieurs mois leur lutte contre les réformes gouvernementales et pour la défense de l’enseignement public. C’est une large frange de la population qui fait entendre sa voix et ce malgré la répression sauvage dont elle est victime.

    Les indicateurs économiques et les rapports nationaux et internationaux reflètent cette situation alarmante que vivent les Marocain(e)s. En 2014, l’Unesco a classé le système éducatif marocain parmi les « 21 pires systèmes éducatifs » au monde. En 2015, le rapport du PNUD sur le développement humain a placé le pays à la 126e position (sur 188 pays analysés). Les rapports de l’Organisation International du Travail, d’Amnesty, de Transparency, de Reporters Sans Frontières, de Human Rights Watch, de l’AMDH, de l’ASDHOM… n’échappent pas à cette tendance.

    Menaces, tabassages, prisons ou tortures, sont le lot quotidien des militant(e)s et des marocain(e)s libres qui luttent chaque jour pour un Maroc meilleur. On réprime les organisations des droits humains, on musèle les journalistes, mais on honore les présumés tortionnaires. L’un d’entre eux, Abdellatif HAMMOUCHI, a été promu à la légion d’honneur par le Ministre de l’Intérieur français en 2014 malgré les plaintes en cours. Ce triste événement marque ainsi un nouvel épisode du soutien de l’état français au régime marocain.

    Le mouvement marocain du 20 février a ouvert une brèche pour un réel changement et un avenir meilleur pour tou(te)s les marocain(e)s. Il reste l’un des points d’appui pour amplifier la résistance face à la prédation économique et la politique répressive du pouvoir en place.

    À travers cet appel, les organisations signataires accompagnées de toutes les personnes voulant exprimer leur solidarité avec les luttes du peuple marocain appellent à manifester pour :

    La liberté, l’égalité, la dignité et la justice sociale

    Rendez-vous, le samedi 20 février 2016 à 15h

    Devant l’ambassade du Maroc à Paris

    (5 Rue le Tassé, Paris, Métro 6 ou 9, station Trocadéro).

    Premiers signataires :

    Mouvement du 20 Février Paris/IDF, Association Marocaine des Droits Humains Paris/IDF (AMDH Paris/IDF), Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Collectif des Amazighs de France pour le Changement Démocratique au Maroc, Taharour Dimocrati /Emancipation démocratique, Association des Marocains en France (AMF), La Voie Démocratique Paris (Annahj-Paris), Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Association Marocaine des Droits Humains Nord/France (AMDH Nord/France) …

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37186

  • Le Maroc intensifie la répression de la liberté de la presse avec un procès contre le journalisme citoyen (Amnesty)

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    Le procès de sept journalistes et militants marocains accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État et de manquement au devoir de signaler des financements étrangers, qui doit s’ouvrir mercredi 27 janvier, s’inscrit dans une opération calculée de répression contre la liberté d'expression, a déclaré Amnesty International.

    Ces sept personnes doivent être jugées pour avoir pris part à un projet financé par des acteurs étrangers, qui visait à former des membres du public à l’utilisation de smartphones dans le but de pratiquer un journalisme citoyen. Les documents juridiques relatifs à cette affaire indiquent que les autorités estiment que le journalisme citoyen est susceptible d’ébranler la confiance des Marocains dans leurs institutions.

    « Ce cas démontre clairement que le gouvernement marocain intensifie ses attaques contre la liberté de la presse. Aider des Marocains à maîtriser la technologie des smartphones afin de rendre compte de ce qui se passe dans le pays n’est pas un crime, et il est choquant que cela soit traité comme une atteinte à la sûreté de l’État. Les Marocains ont le droit de recevoir et de diffuser des informations sur l'actualité de leur pays », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    Aux termes de la législation marocaine en matière de sécurité, cinq des sept accusés encourent des sanctions pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. Amnesty International exhorte les autorités à abandonner les poursuites contre les sept accusés.

    Ce procès n’est que le dernier exemple en date d’un durcissement de la répression contre la liberté d'expression au Maroc.

    Dans une autre affaire médiatisée, un tribunal spécialisé dans les affaires relatives au terrorisme a accusé le journaliste Ali Anouzla d’«apologie» du terrorisme, et d’« aide matérielle » et d’«incitation » au terrorisme.

    Les charges en question sont en relation avec un article publié en 2013 sur Lakome.com, le site d’information alors très suivi d’Ali Anouzla, dans lequel celui-ci avait critiqué une vidéo du groupe armé Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il a été arrêté et maintenu en détention pendant plus d’un mois à la suite de cette publication, et le site Internet a été fermé.

    S’il est déclaré coupable, il risque jusqu’à 20 ans de réclusion.

    Dans le cadre d’une affaire distincte, Ali Anouzla a été inculpé d’« atteinte à l’intégrité territoriale » pour un entretien accordé au quotidien allemand Bild en novembre dernier - après avoir reçu le prix Raif Badawi, décerné à des journalistes pour leur courage - dans lequel il aurait utilisé l’expression « Sahara occidental occupé ». Le journaliste soutient que Bild a mal traduit ses paroles, et qu’il avait seulement fait référence à ce territoire sous le nom de « Sahara ». Les autorités marocaines revendiquent leur souveraineté sur le Sahara occidental, un territoire au sud du Maroc, annexé en 1975. S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement en vertu du Code de la presse.

    « Les autorités marocaines doivent abandonner les charges retenues contre Ali Anouzla et cesser de poursuivre des journalistes faisant leur travail, ainsi que des militants non violents, pour des faits en relation avec la sûreté de l’État et le terrorisme. Elles doivent mettre un terme à leur campagne actuelle visant à faire taire les voix dissidentes et à apeurer les gens afin de les forcer à s’autocensurer », a déclaré Said Boumedouha.

    Complément d'information 

    Les personnes en instance de jugement sont :

    Maati Monjib, 53 ans, historien et fondateur du Centre Ibn Rochd d’études et de communication, président de l’ONG Freedom Now (qu’il a créée avec Ali Anouzla) et membre de l’Association marocaine pour le journalisme d'investigation (AMJI). S’exprimant régulièrement au sujet de la politique marocaine dans les médias internationaux, au sein de clubs de réflexion et sur la scène universitaire, il est certainement la principale personnalité visée par ces poursuites.

    Abdessamad Ait Aicha (connu sous le nom de Samad Iach), 31 ans, journaliste, ancien employé du Centre Ibn Rochd d’études et de communication, et membre de l’AMJI.

    Hicham Mansouri, 35 ans, journaliste et ancien employé de l’AMJI, récemment remis en liberté après avoir purgé une peine de 10 mois de prison. Amnesty International craint que sa condamnation n’ait été motivée par des considérations politiques.

    Hicham Khreibchi (connu sous le nom d’Hicham Al Miraat), 39 ans, médecin, fondateur et ancien président de l’Association des droits numériques (ADN), et ancien responsable des actions de plaidoyer à Global Voices.

    Mohamed Essaber/Sber, 44 ans, président de l’Association marocaine pour l’éducation de la jeunesse (AMEJ).

    Maria Moukrim, 39 ans, journaliste, ancienne présidente de l’AMJI.

    Rachid Tarik, 68 ans, journaliste (à la retraite), président de l’AMJI.

    Plusieurs accusés sont par ailleurs d’anciens sympathisants ou membres du mouvement du 20-Février, une mouvance pacifique pro-démocratie et anti-corruption ayant émergé en 2011 au Maroc dans le contexte des soulèvements populaires dans la région.

    https://www.amnesty.org/morocco-ramps-up-crackdown-on-press-freedom-with-trial-over-citizen-journalism/

  • La liberté des Sahraouis : une question qui fâche au Maroc (Afriques en lutte)

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    Durant son règne, Hassan II, monarque-dictateur-colonisateur, a érigé un mur de défense de 2700 km qui a balafré le Sahara occidental pour se protéger des attaques de l’armée de libération sahraouie.

    Il a aussi bouclé le pays au Nord et au Sud au moyen d’un dispositif politico-militaire qui encadrait les voyageurs en route pour la Mauritanie ; ils ne devaient pas s’égayer dans le pays au risque de constater les « bienfaits de la colonisation ». Depuis son installation sur le trône fin 1999, son successeur de fils Mohamed VI, dit M 6, homme d’affaires avant tout [1][1], s’est construit une légende de monarque jeune, moderne, réformateur… Profitant de cette annonce, au Maroc comme au Sahara occidental, les victimes de l’oppression ont poussé la porte entr’ouverte pour exprimer leur soif de liberté.

    20 000 personnes campent dans le désert durant presque un mois

    Des observateurs étrangers se sont alors invités aux procès de militants sahraouis devant les tribunaux marocains. C’est ainsi que je m’y suis rendue pour la première fois en novembre 2002 en compagnie d’une chargée de mission de France Libertés, pour assister à l’une des audiences du procès d’Ahmed Naciri à El Ayoun. Un périple d’une semaine nous a menées de la capitale du Sahara occidental, à Smara (la ville rebelle), Boujdour et Dakhla, où c’était la première visite de défenseurs des droits de l’homme. Nous avons recueilli plusieurs dizaines de témoignages. Ceux des travailleurs et retraités de la mine de phosphate de Boucraa, spoliés de leurs droits contractuels en 1977, quand l’Espagne a cédé 65 % de ses parts au Maroc. La section locale du Forum Vérité et Justice nous a fait rencontrer les familles des prisonniers politiques, des ancien(ne)s disparu(e)s et des familles de celles et ceux qui ne sont jamais sortis vivants des bagnes secrets. Six mois plus tard, cette organisation était expulsée de son local et dissoute par le tribunal colonial. Peu à peu d’autres étrangers sont venus, des militants et trop peu de journalistes ! Charlie Hebdo, L’Humanité, La Croix, mais ce fut « silence radio et télé »[2]. Quelques militants sahraouis ont pu sortir de l’enfermement du territoire occupé, en mai 2005 les jeunes se sont emparés de la rue avec l’intifada pacifique. Mais 15 d’entre eux ont disparu en décembre 2005 alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre les Îles Canaries, chargés de vidéos, photos et tracts de leurs actions. On ne connaît toujours pas leur sort.

    Cinq ans plus tard, le Sahara occidental fut le premier des pays dits « arabes » à voir s’exprimer un soulèvement populaire : 20 000 personnes campant dans le désert durant presque un mois. Les journalistes qui ont voulu s’y rendre se sont vu interdire l’entrée par les barrages policiers. Des militants étrangers y sont entrés clandestinement. Ils ont ramené les images. Mais de la destruction violente au petit matin du 8 novembre 2010, les médias français n’ont retenu que la mort de douze membres des forces auxiliaires. Deux ans et demi après, le tribunal militaire de Rabat condamnait sans preuve vingt-quatre militants à des peines de 20, 30 ans et perpétuité sans défrayer les chroniques.

    Ces quelques années d’une timide ouverture ont permis de commencer à déconstruire l’image du pouvoir marocain, entretenue par les médias occidentaux et les dirigeants français, de Giscard d’Estaing à Sarkozy en passant par Mitterrand et Chirac. Pour sa part, le gouvernement Hollande n’a pas changé cette ligne de (mauvaise) conduite. Lors de son récent voyage au Maroc, le chef d’État accompagné d’une cohorte de ministres, d’hommes et de femmes d’affaires, sans oublier le showbiz, n’a pas abordé la question qui fâche au pays où on réprime tout ce qui relève la tête.

    La France, principal soutien du régime marocain

    Depuis avril 2014 ce sont plus de soixante-dix étrangers qui ont été empêchés d’entrer au Sahara occidental, dont huit enlevés et remis entre les mains de sbires inconnus pour être ramenés à Agadir. Ils et elles étaient venus en tant que militants, élus, journalistes, photographes, réalisateurs. Ils et elles étaient Espagnols, Français, Norvégiens, Suédois, Italiens, Anglais, Tunisiens, Américains, Tunisiens, Portugaise, Allemand. Une délégation de la Confédération des syndicats européens a été empêchée de venir rencontrer les syndicalistes sahraouis au cours de l’été 2015.

    La sortie de militantes et de militants sahraouis du territoire est redevenue au « bon vouloir du prince ». Depuis 2014, plusieurs invités à des conférences lors de la cession du Conseil des droits de l’homme à Genève ou à la semaine de la solidarité internationale en France, se sont vu refuser leur congé, quand ils avaient un emploi, ou l’accès à l’embarquement, sans explication.

    Le Maroc continue d’autre part d’exploiter illégalement les richesses naturelles d’un territoire non autonome au mépris de la législation internationale. Il peut continuer à juger et condamner des personnes revendiquant l’organisation du référendum d’autodétermination prévu dans le plan de paix de l’Onu, ratifié par les parties en 1991, pour crime de manifestation pacifique ! De ce fait, aucun observateur étranger n’a pu assister le 30 septembre au procès du jeune Salah Lebsir, 23 ans, qui milite à Smara depuis l’adolescence et qui a connu dès l’âge de 15 ans le tabassage et l’humiliation. Il vient d’être condamné à 4 ans de prison pour ses activités en faveur de l’indépendance de son pays. Il les purge dans la sinistre « prison noire » d’El Ayoun[3] [3].

    C’est pourquoi il est essentiel d’interpeler et de dénoncer la complicité de la France, principal soutien du régime marocain, qui s’oppose chaque année, quand le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la Minurso, à ce qu’il soit étendu à la surveillance du respect des droits de l’homme. C’est la seule mission de l’ONU en Afrique qui en soit dépourvue.

    Wafae Charaf : le procès se tient avant l’étude de sa plainte

    2014 est décidément l’année du tour de vis pour les libertés. Après un discours enflammé du ministre de l’intérieur, l’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) s’est vu interdire toute activité publique, sur injonction des autorités à toutes les institutions (établissements scolaires, municipalités) de ne pas mettre à disposition des locaux pour les activités de l’été comme c’était le cas depuis plusieurs années où l’organisation conduisait des animations et des formations en direction des jeunes. Les privés qui acceptaient de louer des locaux étaient bien vite contactés pour y renoncer. Punition étendue à tous les jours de l’année et renouvelée naturellement en 2015.

    C’est dans les locaux de l’AMDH que les deux journalistes qui réalisaient un reportage pour France 3 ont été arrêtés et expulsés manu militari en février 2015. Les policiers ont enfoncé la porte et jeté à terre une des femmes qui leur barraient le chemin. Caméra, téléphones, ordinateurs leur ont été confisqués. Le Quai d’Orsay a souligné qu’ils n’avaient pas reçu d’autorisation de tourner…

    Wafae Charaf, qui avait porté plainte en mai 2014 pour enlèvement, et dont le procès pour allégations mensongères s’est tenu avant l’étude de sa plainte (ce qui est contraire au code de procédure pénale marocain !), s’est vue récemment exilée dans une prison à 60 km de Tanger, pour purger ses 2 ans de prison. Elle avait écopé d’un an en première instance…

    Et faute politique encore plus grave pour notre pays, la France vient de se départir de sa compétence universelle pour instruire toute plainte (d’un ressortissant étranger ou français) à l’encontre d’officiels marocains, laissant le soin à la « justice » marocaine de les traiter ! Le roi du Maroc tient sous sa férule un peuple à 30 % analphabète (53 % chez les femmes). Il a un argument de poids : il se prétend représentant de Dieu sur terre. Pour leur part, bien que très majoritairement croyants, les Sahraouis n’entrent pas dans la combine.

    Décidément, Marocains et Sahraouis ont une belle lutte à mener ensemble pour se libérer de ce régime.

    Michèle Decaster 19 janvier 2016

    Notes:

    [1] Selon l’hebdo Point de vue, sa fortune est classée cinquième sur une liste de quinze monarques : avant « l’émir du Qatar, assis sur des barils de pétrole, alors que son homologue est installé sur des mares de pauvreté et de chômage ».

    [2] Olivier Quarante, journaliste indépendant qui est allé au Sahara occidental en juillet 2013, publie un site d’informations et d’analyses « Les nouvelles du Sahara » http://www.nouvellesdusahara.fr

    [3] Rapport sur les conditions critiques à l’intérieur de « la prison noire », écrit par Ahmed Naciri pendant son incarcération et adressé à l’AFASPA : http://www.afaspa.com/article.php3?...

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/republique-sahraouie/article/la-liberte-des-sahraouis-une

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    Lutte pour les retraites au Maroc

    Les syndicats annoncent un sit-in devant le parlement le 12 janvier et décident de porter plainte contre le gouvernement. Quatre centrales syndicales (UGTM, UMT, CDT, FDT) organisent le 12 janvier un sit-in devant le parlement en réaction aux (...)

  • Lutte pour les retraites au Maroc (Afriques en lutte)

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    Les syndicats annoncent un sit-in devant le parlement le 12 janvier et décident de porter plainte contre le gouvernement.

    Quatre centrales syndicales (UGTM, UMT, CDT, FDT) organisent le 12 janvier un sit-in devant le parlement en réaction aux propos du chef du gouvernement tenus le 23 décembre à la chambre des représentants. Abdelilah Benkirane avait annoncé que les fonctionnaires partiront à la retraite à partir de l’âge de 63 ans, et non plus à l’âge de 60 ans comme actuellement.

    Dans un communiqué conjoint publié le 24 décembre, les syndicats annoncent également déposer une plainte contre le gouvernement auprès de l’organisation internationale du travail (OIT). De même, ils ont décidé de maintenir ouverte l’option de la grève générale dans la fonction et les secteurs publics, le secteur privé et les collectivités locales avec possibilité de passage à l’acte « au moment qu’ils jugeront opportun ».

    Une autre mesure prise par les syndicats est de geler leur participation aux Conseils d’administration et autres instances de direction de plusieurs établissements représentatifs, à savoir la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Régie nationale d’assurance-maladie (RNAM), l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT)l, le Conseil de la négociation collective, le Conseil supérieur de la fonction publique et le Conseil de la médecine du travail.

    Le 10 décembre, les quatre syndicats avaient organisé une grève générale en mobilisant « entre 75% et 80% des fonctionnaires » travaillant dans les ministères de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et des finances, selon des statistiques fournies par les centrales. Un chiffre qui n’a pas pu être vérifié de source indépendante. Mais selon nos constatations dans le centre ville de Casablanca, l’activité quotidienne ne semblait pas impactée.

    A noter que lors de son intervention au parlement, le chef du gouvernement a annoncé les principales mesures de la réforme des retraites visant les fonctionnaires à travers la Caisse marocaine des retraites (CMR) et l’augmentation graduelle de leur âge de départ à la retraite : 61 ans en 2017, 62 ans en 2018, pour arriver à 63 en 2019.

    Quant aux cotisations, il a indiqué qu’elles connaîtront également une augmentation progressive pendant les trois années à venir pour atteindre 24% au lieu des 20% actuels.

    Source : Tel Quel 4 janvier 2016 

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/lutte-pour-les-retraites-au-maroc

  • Maroc, pays de l’hypocrisie et de la violence machiste et d’État ! (Emancipation)

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    Que la prostitution soit pratique courante dans un pays où la sexualité est fortement encadrée par une morale religieuse et sociale des plus obtuses et hypocrites, pour toute personne ayant vécu au Maroc est une évidence.

    Dès leur plus jeune âge, les filles mais aussi les garçons issuEs des classes les plus pauvres n’ont que ce seul recours pour subsister… pour le plus grand plaisir d’une masse d’hommes qui en profitent plus que couramment !!!

    Mais qu’un film ose mettre sur la place publique – et internationale, qui plus est ! – la réalité marocaine dans ce domaine et tous les démons machistes se déchaînent. Loubda Abidar, l’actrice qui joue le rôle de l’une des prostituées du film Much loved , de Nabil Ayouch, l’a appris à ses dépens.

    Dans une lettre ouverte, publiée par Le Monde , en date du 12/11/2015, elle dénonce la censure conservatrice de l’État : le film a été interdit “avant même que la production demande l’autorisation, de le diffuser”[par]“un ministre qui ne [l’] avait même pas vu”, dit-elle.

    Alors, prolifèrent sur les réseaux sociaux insultes et menaces – orchestrées par les forces réactionnaires du pays – qui l’amènent à se cloîtrer chez elle puis à sortir en burka et qui se terminent par une folie barbare de jeunes en goguette qui la forcent à monter dans leur voiture. Quoi de plus héroïque que d’enlever, rouer de coups de pieds au visage et sur tout le corps une “sale pute” de ciné ? Quoi de plus glorieux que des policiers qui se moquent de la victime lorsqu’elle veut porter plainte et qui – après publication de sa lettre ouverte – portent plainte pour diffamation ?

    Loubda Abidar n’est pas seulement une “sale pute”, c’est aussi une mauvaise Marocaine : elle a quitté son pays pour s’installer en France. À croire que ce pays dont le roi a voulu, dès 2003, donner aux femmes un statut personnel plus progressiste que celui de la plupart des pays musulmans est rattrapé par les forces conservatrices les plus arriérées, à l’instar de certains autres royaumes proches-orientaux !

    Eliane Paul-Di Vincenzo mardi 22 décembre 2015

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1208

  • L’accord agricole entre l’Union Européenne et le Maroc annulé (Afriques en lutte)

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    Enfants saharaouis

    Le Sahara occidental et ses richesses ne font pas partie du Maroc.

    La Cour de justice de l’Union européenne vient de le reconnaître au terme d’une longue bataille juridique.

    "Par un jugement rendu ce 10 décembre 2015, le Tribunal de l’Union européenne (Luxembourg) a prononcé l’annulation de l’acte du 8 mars 2012 du Conseil de l’Union européenne relatif à la conclusion de l’accord agricole entre l’Union européenne et le Maroc. Cette annulation est à effet immédiat.

    Depuis toujours, le Front Polisario dénonce et conteste les accords internationaux conclus par le Maroc dans la mesure celui-ci les applique sur le territoire du Sahara occidental, qui ne relève en aucun cas de sa souveraineté. Depuis 1975, le Maroc est puissance occupante à la suite d’une opération militaire illégale, et la politique d’annexion qu’il conduit sape le droit international dans ses fondements.

    Alors que l’accord agricole conclu entre l’Union européenne et le Maroc avait été de manière flagrante appliquée sur le territoire du Sahara occidental, contre la volonté toujours affirmée des dirigeants du Front Polisario, le renforcement de l’accord décidé le 18 mai 2012 était strictement inadmissible. C’est pour cette raison que le Front Polisario avait décidé de former une demande d’annulation devant le Tribunal l’Union européenne et cette démarche est aujourd’hui saluée du succès, par le jugement d’annulation.

    Il résulte de cette décision de justice deux éléments majeurs.

    Tout d’abord, le Front Polisario, seul représentant du peuple Sahraoui, est en mesure d’agir en tant que sujet de droit international devant la juridiction européenne et les juridictions des 28 Etats européens. Le Front Polisario a toujours placé son action sous l’angle du droit international, et, encouragé par cette décision de justice, il entreprendra de manière systématique toutes les démarches juridiques, par la négociation ou l’action en justice, pour parvenir à son but qui est le respect de la souveraineté sahraouie et le référendum d’autodétermination.

    Ensuite, et sur le fond, le tribunal de l’Union européenne s’appuie sur le fait que "la souveraineté du royaume du Maroc sur le Sahara occidental n’est reconnue ni par l’Union et ses Etats membre ni, plus généralement, par l’ONU" et sur "l’absence de tout mandat international susceptible de justifier la présence marocaine sur ce territoire".

    Ainsi, ce jugement qui établit la capacité de Front Polisario à agir en justice, consacre les positions politiques du Front Polisario, seul habilité à décider des conditions d’exploitation des ressources naturelles.

    Il faut maintenant se tourner vers l’avenir.

    1/ Le Front Polisario rappelle qu’il a engagé un recours similaire pour l’accord de pêche, et il aborde cette deuxième procédure avec confiance.

    2/ Le Front Polisario a toujours recherché et privilégie la négociation, mais il agira en justice chaque fois qu’il sera nécessaire. Aujourd’hui, le Front Polisario réitère au Conseil de l’Union européenne et à la Commission européenne sa disponibilité pour engager des négociations immédiates et sans conditions.

    3/ Alors que l’Europe est une communauté de droit, le Front Polisario s’adresse à toutes les capitales européennes pour respecter les règles posées par cette décision de justice.

    4/ Le Front Polisario lance un appel solennel à toutes les entreprises qui exercent leur activité sur le territoire du Sahara occidental et dans les eaux relevant de sa souveraineté. Il ressort de la décision de justice que ces activités sont toutes illégales. Ces entreprises doivent prendre contact avec les autorités du Front Polisario pour régulariser leur situation, faute de quoi celui-ci engagera les recours nécessaires pour imposer le respect de cette décision de justice.

    5/ Ce jugement important va nécessairement avoir un fort impact sur les négociations générales conduites sous l’égide de l’ONU. Il est temps de sortir de l’illégalité imposée depuis 40 ans par le Maroc. Cet arrêt du Tribunal de l’Union européenne de 2015 est une suite de l’avis rendu par la Cour internationale de justice en 1975. La force du droit vaincra la violence et l’illégalité du Maroc.

    Le Maroc doit admettre qu’aucune solution ne peut être imposée contre un peuple, au mépris de la légalité internationale." 15 décembre 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/accord-agricole-entre-l-union

  • Des écoles bombardées : la coalition menée par l’Arabie saoudite met gravement en péril l’avenir des enfants au Yémen (Amnesty)

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    Les forces de la coalition conduite par l’Arabie saoudite se sont livrées à plusieurs frappes aériennes qui ont visé des établissements scolaires toujours utilisés, en violation du droit international humanitaire, et ont ainsi entravé l’accès à l’éducation de milliers d’enfants du Yémen, écrit Amnesty International dans une synthèse rendue publique vendredi 11 décembre. Les forces de la coalition sont armées par des États, dont les États-Unis et le Royaume-Uni.

    Dans ce document intitulé ‘Our kids are bombed’: Schools under attack in Yemen, Amnesty International enquête sur cinq frappes aériennes contre des écoles qui se sont déroulées entre les mois d’août et d’octobre 2015. D’après les recherches menées par l’organisation au Yémen, celles-ci ont fait cinq morts et au moins 14 blessés, dont quatre enfants, dans la population civile. Les élèves ne se trouvaient pas dans les établissements lors des attaques, mais celles-ci ont gravement endommagé ou détruit les locaux, ce qui va avoir des conséquences durables pour les élèves.

    « La coalition dirigée par l’Arabie Saoudite a lancé plusieurs frappes aériennes illégales contre des établissements utilisés à des fins pédagogiques – et non militaires –, ce qui constitue une violation flagrante des lois de la guerre, a déclaré Lama Fakih, conseillère pour les situations de crise à Amnesty International, qui vient de rentrer du Yémen.

    « Les écoles sont des lieux de vie très importants pour la population civile, elles sont supposées être des espaces sûrs pour les enfants. Les jeunes élèves du Yémen sont contraints de faire les frais de ces attaques. Déjà durement touchés par le conflit, ils voient leur éducation bouleversée, ce qui pourrait constituer un handicap qui les suivra toute leur vie. »

    Certains établissements scolaires ont été bombardés à plusieurs reprises, ce qui porte à croire qu’ils ont été délibérément pris pour cibles.

    « Attaquer délibérément des écoles qui ne sont pas des objectifs militaires et s’en prendre directement à des civils qui ne participent pas aux hostilités sont des crimes de guerre », a déclaré Lama Fakih.

    Les dégâts ont gravement perturbé la scolarité des plus de 6 500 enfants inscrits dans les écoles des gouvernorats de Hajjah, d’Al Hudaydah et de Sanaa. Il s’agissait parfois des seuls établissements scolaires de la région. Rien ne donnait à penser que l’un des cinq établissements bombardés aurait pu être utilisé à des fins militaires.

    En octobre 2015, l’école Science et foi du village de Magreesh (district de Bani Hushaysh, gouvernorat de Sanaa), a été bombardée à quatre reprises en quelques semaines. La troisième frappe a tué trois civils et fait plus de 10 blessés. Mille deux cents enfants étaient scolarisés dans cette école, la seule du village.

    Dans le secteur de Hadhran (district de Bani Hushaysh), l’école Kheir a également été la cible de plusieurs frappes aériennes, qui ont gravement endommagé les locaux les rendant inutilisables. Lors de ces attaques, deux habitations civiles et une mosquée ont également été touchées : dans l’une de ces habitations, deux enfants ont été tués et leur mère a été blessée tandis qu’un homme est mort et un autre a été blessé alors qu’ils priaient dans la mosquée.

    Amnesty International demande qu’une enquête indépendante et impartiale soit ouverte sur les cinq attaques présentées dans sa synthèse, et que les auteurs présumés de ces attaques soient tenus de répondre de leurs actes. L’organisation engage également la coalition à accorder des réparations pleines et entières aux victimes de ces attaques illégales et à leurs familles.

    « Les attaques illégales présumées, dont la liste ne cesse de s’allonger, ne font l’objet d’aucune enquête de la part de la coalition saoudienne ni des États qui lui fournissent un soutien, notamment des armes. Cette situation dénote une impassibilité inquiétante à l’égard des conséquences dévastatrices de cette guerre sur les civils au Yémen, a déclaré Lama Fakih.

    « Quelle que soit l’issue des négociations de paix qui doivent se tenir la semaine du 14 décembre, il est essentiel que des enquêtes indépendantes soient menées sur ces attaques et d’autres frappes aériennes illégales, et que les responsables présumés aient à rendre des comptes. »

    C’est tout le système éducatif yéménite qui pâtit du conflit. D’après l’UNICEF, au moins 34 % des enfants ne vont plus à l’école depuis les premières frappes aériennes, en mars 2015.  D’après les chiffres communiqués à Amnesty International par le ministère de l’Éducation, installé à Sanaa, plus de 1 000 établissements scolaires ne fonctionnent plus : 254 ont été entièrement détruits, 608 l’ont été partiellement, et 421 servent d’abri aux personnes déplacées dans le pays par le conflit.

    Ces frappes aériennes ont également terrifié la population civile et ont été traumatisantes sur le plan psychologique pour les élèves.

    « Nous vivons dans la peur. Aujourd’hui, j’ai vu un avion, j’étais terrifiée », a déclaré une enfant de 12 ans scolarisée à l’école d’Al Asma, dans le village de Mansouriya (Al Hudaydah), détruite en août par un bombardement de la coalition.

    La directrice d’un autre établissement de la ville de Hodeida, le campus Al Shaymeh réservé aux filles où sont inscrites quelque 3 200 étudiantes, a fait part de son émotion après que l’établissement eut été bombardé à deux reprises en l’espace de quelques jours, en août 2015. Aucune étudiante ne se trouvait sur le campus, mais un homme et une femme ont été tués.

    « Pour moi, toute humanité avait disparu. Attaquer, sans sommation, un établissement d’enseignement… Où se trouve l’humanité ? […] S’en prendre à ce type de lieu est censé être illégal en temps de guerre », a-t-elle déclaré.

    Des rumeurs, selon lesquelles l’établissement servait de cache d’armes, avaient été colportées, notamment sur les réseaux sociaux, avant les bombardements, mais la directrice a expliqué à Amnesty International qu’elles étaient infondées. L’établissement avait été fouillé à la suite de ces rumeurs : aucune arme n’avait été trouvée.

    Même si des établissements scolaires yéménites ont parfois été utilisés à des fins militaires par les différentes parties au conflit, dans les cinq attaques évoquées dans sa synthèse, Amnesty International n’a trouvé aucun élément (fragments d’armes, débris d’explosions secondaires, etc.) tendant à prouver que ces établissements l’avaient été.

    Les groupes armés étatiques et non étatiques ne doivent pas se servir d’établissements scolaires à des fins militaires, ni se livrer à des opérations à proximité de ces établissements, car ils risquent alors de devenir des cibles militaires légitimes, exposées à des attaques, ce qui met en danger la population civile et peut avoir des effets négatifs à long terme sur l’accès des enfants à l’éducation.

    Dans sa résolution 2225 sur le sort des enfants en temps de conflit armé, adoptée cet été, le Conseil de sécurité des Nations unies a exhorté toutes les parties au conflit à « respecter le caractère civil des écoles » et s’est dit préoccupé par le fait que l’utilisation d’écoles à des fins militaires puisse en faire des cibles légitimes au regard du droit international et mettre en danger la sécurité des enfants.

    La synthèse d’Amnesty International insiste également sur la nécessité pour tous les États qui fournissent des armes à la coalition saoudienne, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, de suspendre de toute urgence tous les transferts d’armements utilisés pour commettre des violations du droit international, y compris des crimes de guerre. Il convient notamment pour les États fournisseurs d’armes de suspendre les transferts de bombes d’emploi général, d’avions de chasse, d’hélicoptères de combat et de pièces et composants associés.

    En novembre, le ministère des Affaires étrangères des États-Unis a approuvé un transfert d’armes (dont des bombes d’emploi général MK89) d’un montant de 1,29 milliard de dollars à destination de l’Arabie saoudite, alors qu’Amnesty International avait recueilli des informations établissant leur utilisation lors de frappes aériennes illégales qui avaient fait plusieurs dizaines de morts dans la population civile.

    « Il est inacceptable que les États-Unis, entre autres alliés de la coalition conduite par l’Arabie saoudite, continuent d’autoriser des transferts d’armements à destination de membres de cette coalition en dépit d’éléments attestant de toute évidence qu’ils ne respectent pas les lois de la guerre ni le droit international humanitaire. Ces transferts doivent cesser immédiatement, a déclaré Lama Fakih.

    « Les États qui approvisionnent la coalition en armes doivent également user de leur influence pour presser les membres de celle-ci de respecter leurs obligations internationales et d’enquêter sur les violations du droit international humanitaire. »

    Il est interdit aux États parties au Traité sur le commerce des armes, dont le Royaume-Uni, de donner leur aval à un transfert d’armes dès lors qu’ils savent que les armes en question serviront à commettre des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil, ou d’autres violations du droit international humanitaire. 11 décembre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/bombing-of-schools-by-saudi-arabia-led-coalition-in-yemen/