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Maroc - Page 19

  • Accords de libre­‐échange : des accords coloniaux contre les peuples (ATTAC/CADTM Maroc)

    Attac Maroc vient de publier avec le soutien de la Fondation Rosa Luxemburg, un nouvel ouvrage :

    « Accords de libre­‐échange : des accords coloniaux contre les peuples ».

     

    En pleine crise économique mondiale, l’Union européenne essaie d’imposer à ses voisins du Sud et de l’Est, une nouvelle génération d’ accords de libre-­‐échange, dits Accords de libre-­‐échange complets et approfondis (ALECA) visant à renforcer l’ouverture de ces pays aux marchés mondiaux et à les arrimer plus solidement à l’Europe en mettant en place une harmonisation de leurs règlementations et législations avec les normes européennes. Le Maroc est le premier pays à négocier ce type d’accord pour la rive sud de la Méditerranée.

    Les retombées d’un tel accord sont considérables pour le pays et pour ses citoyens, qui, sans qu’ils n’en aient entendu parler ou aient pu exprimer leur point de vue sur la question, subissent au quotidien les conséquences d’une ouverture qui a complètement transformé les règles du jeu économique et social, mettant en péril l’avenir de son agriculture, de son tissu industriel, contribuant fortement à la crise structurelle de l’emploi et au niveau insupportable du chômage, aggravant les déséquilibres de ses comptes extérieurs et plaçant l’économie marocaine dans une dépendance accrue et sans défense face à une concurrence totalement déséquilibrée.

    A notre modeste niveau, nous souhaitons donner dans cet ouvrage collectif quelques éléments d’information et de débat, de façon à permettre aux citoyens de se saisir de ce dossier.

    Sommaire

    • Avant-­‐propos - 4
    • Le libre-­‐échange dans le contexte de la mondialisation libérale - 10
      Lucile Daumas
    • Les impacts des accords de libre-­‐échange conclus par le Maroc : Accentuation de la dépendance et pillage des ressources - 20
      Omar Aziki
    • Libre échange complet et approfondi : des accords néocoloniaux - 30
      Brahim Oubaha
    • Négociations des ALE : la démocratie au placard - 42
      Salaheddine Lemaizi
    • La question agricole au sein des accords de libre échange et de partenariat signés par le Maroc - 47
      Najib Akesbi
      Encart : Une histoire de tomates / Omar Aziki
    • Libre échange et santé des citoyens : haro sur des accords toxiques - 56
      Othman Mellouk
      Encart : Le cas du traitement de l’hépatite C, le Sofosbuvir : 600 000 patients marocains privés de ce médicament
    • Accord de Libre-­‐Echange Maroc-­‐UE : déséquilibre financier et endettement - 64
      Mimoun Rahmani
    • Circulation des personnes : un échange à sens unique - 74
      Lucile Daumas
    • Conclusion - 84
    • Bibliographie - 89
    Pour toute commande, s’adresser à : attac.cadtm.maroc chez gmail.com ou attacmaroc chez gmail.com 56 64 74 47 84 89

     

    ATTAC/CADTM Maroc

     

  • Maroc, la torture (Amnesty)

    Endémique, est utilisée pour arracher des «aveux» et étouffer les voix dissidentes

    Les coups, le maintien dans des positions douloureuses, l’asphyxie, les simulacres de noyade, ainsi que les violences psychologiques ou sexuelles font partie des méthodes de torture employées par les forces marocaines de sécurité afin d’extorquer des « aveux », de réduire des militants au silence et d’étouffer la dissidence, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public mardi 19 mai.

    Ce document, intitulé LOmbre de limpunité. La torture au Maroc et au Sahara occidental, révèle une réalité plus sombre que l’image d’ouverture présentée par les dirigeants marocains lorsqu’ils ont réagi aux soulèvements populaires de 2011 dans la région en promettant d’adopter tout un ensemble de mesures progressistes et une nouvelle constitution prohibant la torture.

    « Les responsables marocains renvoient l’image d’un pays ouvert, respectueux des droits humains.

    Mais tant que la menace de la torture planera sur les détenus et les voix dissidentes, cette image ne sera qu’un mirage », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

    « Sous des apparences trompeuses, la torture est utilisée pour étouffer la contestation et entache certaines condamnations prononcées par la justice. Que vous remettiez les inégalités en question ou exprimiez vos convictions, vous courez le risque d’être victime de violences et d’actes de torture. »

    Le rapport se fonde sur 173 cas de torture et autres mauvais traitements infligés à des hommes, des femmes et des mineurs par des policiers et des membres des forces de sécurité entre 2010 et 2014.

    Figurent parmi les victimes de la torture des étudiants, des militants politiques de tendance de gauche ou islamiste, des partisans de l’auto-détermination du Sahara occidental, ainsi que des personnes soupçonnées de terrorisme ou d’infractions de droit commun.

    Le rapport montre que certaines personnes risquent la torture dès leur arrestation et tout au long de leur garde à vue. Trop souvent, les tribunaux ignorent les plaintes et continuent à s’appuyer sur des éléments de preuve obtenus sous la torture pour prononcer des jugements.

    Certaines personnes qui osent porter plainte et demander justice sont même poursuivies pour « dénonciation calomnieuse » et « fausse dénonciation d’une infraction ». L’impunité perdure malgré la promesse des autorités de respecter les droits humains.

    Torturés en détention - contraints à « avouer »

    Le rapport fait état de techniques de torture brutales employées par les forces de sécurité sur des détenus, telles que le maintien dans des positions douloureuses, notamment celle dite du « poulet rôti », où la victime est suspendue à une barre métallique par les poignets et les genoux.

    Mohamed Ali Saidi, 27 ans, est un des Sahraouis disant avoir été torturés par des policiers en détention, après leur arrestation en relation avec des manifestations qui avaient eu lieu à Laayoune, au Sahara occidental, quelques jours auparavant en mai 2013. Il a déclaré à Amnesty International :

    « Ils ont menacé de me violer avec une bouteille - ils ont amené la bouteille devant moi. C’était une bouteille de Pom’s [boisson non alcoolisée très populaire au Maroc] en verre [...] Ils m’ont fouetté la plante des pieds avec des cordes, tandis que j’étais suspendu dans la position du poulet rôti, et ils ont aussi trempé nos pieds dans de l’eau glacée [...] Alors que j’étais suspendu, ils m’ont mis une serviette dans la bouche et m’ont versé de l’eau dans le nez pour me faire étouffer. Ils ont ensuite versé de l’urine. Puis ils m’ont [...] déshabillé, me laissant en sous-vêtements, et m’ont fouetté les cuisses à l’aide de ceintures. »

    Abdelaziz Redaouia, un Franco-Algérien de 34 ans, a déclaré que des officiers l’ont torturé parce qu’il avait refusé de signer un rapport d’interrogatoire l’accusant d’infractions en relation avec les stupéfiants, après son arrestation en décembre 2013 :

    « J’ai pas voulu signer le procès-verbal et ils m’ont tapé. Ils m’ont rentré une menotte dans la joue et l’ont tirée comme s’ils allaient me la trouer. »

    Il a ajouté que les officiers lui ont enfoncé la tête sous l’eau, ont utilisé une batterie de voiture pour lui infliger des décharges électriques sur les parties génitales, et l’ont frappé sur la plante des pieds alors qu’il était suspendu.

    Manifestants et passants brutalisés

    Le rapport affirme que les forces de sécurité démontrent un sentiment d’impunité éhonté, frappant des manifestants en public afin d’adresser un avertissement au reste de la population. Ce document revient sur des dizaines de cas de violences policières contre des manifestants et des passants, au grand jour et à bord de véhicules.

    Abderrazak Jkaou, manifestant étudiant, a affirmé que des policiers l’ont frappé jusqu’à ce qu’il perde connaissance sur le campus la veille d’une manifestation à Kenitra :

    « Certains étaient armés de longs bâtons. Ils m’ont roué de coups sur tout le corps, de la tête aux pieds. Puis un policier en civil a serré des menottes dans sa main et m’a frappé entre les yeux. Je suis tombé, assommé.

    Ensuite, les autres sont arrivés et ont écrasé du pied ma vessie jusqu’à ce que j’urine. Ils m’ont frappé jusqu’à ce que je perde connaissance, puis m’ont jeté devant le campus à titre d’avertissement aux autres étudiants. Les étudiants pensaient que j’étais mort. »

    Si certains de ceux qui ont dit avoir été arrêtés et torturés étaient des militants connus, d’autres n’étaient que des passants. Khadija, dont le nom a été changé pour sa protection, a expliqué que des policiers l’ont agressée alors qu’elle marchait à proximité d’une action de protestation sur un campus à Fès en 2014 :

    « Des policiers antiémeutes sont arrivés derrière moi et m’ont fait trébucher. Je suis tombée et ils ont déchiré mon foulard et m’ont frappée. Puis ils m’ont traînée par les jambes, face contre terre, jusqu’à leur camionnette. Dedans, une dizaine d’autres attendaient. C’est à ce moment-là qu’ils m’ont frappée le plus fort. »

    Un système qui protège les tortionnaires, pas les victimes

    Le rapport évoque par ailleurs une nouvelle pratique alarmante : le fait d’invoquer la législation sur les « fausses dénonciations » ou la « dénonciation calomnieuse » afin de poursuivre des victimes de torture présumées qui s’expriment haut et fort sur ce qu’elles ont subi. En s’appuyant sur ces lois, les autorités marocaines ont ouvert des poursuites contre huit personnes ayant porté plainte pour torture au cours des 12 derniers mois.

    Aux termes du droit marocain, la « fausse dénonciation » est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à un an de prison et d’une amende d’environ 440 euros, et la « dénonciation calomnieuse » d’une peine maximum de cinq ans d’emprisonnement. Les tribunaux peuvent en outre ordonner aux accusés de verser de larges sommes à titre d’indemnisation pour « dénonciation calomnieuse» ou « diffamation ».

    En 2014, deux jeunes militants, Wafae Charaf et Oussama Housne, ont été déclarés coupables et condamnés à deux et trois ans de prison respectivement pour « allégations mensongères » et « diffamation » après qu’ils ont porté plainte pour torture. Ils n’avaient même pas révélé l’identité de leurs tortionnaires présumés.

    Quatre des personnes poursuivies par les autorités marocaines ont porté plainte devant des tribunaux français du fait de leur double nationalité ou de leur statut de conjoint d’un ressortissant français. Il pourrait devenir impossible d’intenter ce type d’action en justice si l’Assemblée nationale française approuve un accord visant à faire en sorte que les tribunaux français ne soient plus compétents pour se prononcer sur des violations commises au Maroc.

    « Le Maroc est à la croisée des chemins : il peut opter pour un système judiciaire suffisamment robuste afin de s’attaquer aux auteurs de violations des droits humains, ou pour une justice qui protège ces derniers. Le gouvernement parle de réforme, mais les autorités semblent plus intéressées par l’application des lois luttant contre la diffamation que contre la torture. Si l’on veut que cela change, ce sont les tortionnaires qui doivent être traduits en justice, pas les victimes de la torture. Ceux qui dénoncent ces actes doivent être protégés, et non pas poursuivis », a déclaré Salil Shetty.

    Réaction du gouvernement

    Après qu’Amnesty International a présenté au gouvernement marocain une évaluation préliminaire des résultats de ses recherches, le gouvernement a catégoriquement rejeté ceux-ci dans une longue réponse. Il a mis en avant les efforts déployés par les autorités afin de combattre la torture, notamment les réformes juridiques prévues. Il n’a cependant pas abordé les questions essentielles soulevées par l’organisation en relation avec des allégations de torture spécifiques, telles que l’absence criante d’enquêtes dignes de ce nom.

    « Le gouvernement affirme que la torture appartient au passé. S’il a effectivement pris certaines mesures, même un seul cas de torture représente un grave échec. Nous en avons recensé 173 à travers le Maroc et le Sahara occidental, concernant des personnes de tous les horizons », a déclaré Salil Shetty.

    « Le droit marocain interdit la torture, mais pour que cela signifie véritablement quelque chose dans la pratique, les autorités doivent mener des enquêtes adéquates sur les allégations de torture plutôt que rejeter ces dernières d’emblée. »

    Stop Torture

    Ce document s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale Stop Torture d’Amnesty International, lancée en mai 2014 pour lutter contre la crise mondiale liée à la torture, et fait suite à d’autres rapports consacrés à cette pratique au Mexique, au Nigeria, aux Philippines et en Ouzbékistan.

    Le Rapport annuel 2014 d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans 160 pays fait état d’un recours à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements dans 82 % des États examinés (soit 131 sur 160).

    La torture en chiffres

    173 - nombre de cas de torture et d’autres formes de mauvais traitements étudiés dans le cadre du nouveau rapport d’Amnesty International

    21 - années écoulées depuis que le Maroc a ratifié la Convention des Nations unies contre la tortureet autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants

    8 - nombre de personnes poursuivies pour « dénonciation calomnieuse », « fausse dénonciation », « outrage » ou « diffamation » après avoir porté plainte pour torture ou signalé avoir été torturées au Maroc depuis mai 2014

    5 - nombre d’années d’emprisonnement auxquelles il est possible d’être condamné pour « dénonciation calomnieuse »

    1 - nombre de cas, parmi ceux étudiés par Amnesty International, dans lesquels un tribunal a annulé une condamnation après avoir reconnu qu'elle avait été prononcée sur la base d'« aveux » arrachés sous la torture en détention, et a libéré de prison la victime de torture

    1 - parmi les cas étudiés par Amnesty International, nombre de victimes de torture ayant bénéficié, dans le cadre de l’examen médical, d’une évaluation des séquelles psychologiques ou traumatismes dus à la torture

    0 - nombre de représentants de l’État marocain déclarés coupables de torture pendant les « années de plomb » (1956-1999)

    19 mai 2015, 09:53 UTC

    https://www.amnesty.org/fr/articles/news/2015/05/morocco-endemic-torture/

  • Le Maroc autorisera l'avortement (Le vif.be)

    "Dans certains cas de force majeure" comme le viol

    Le Maroc va autoriser l'avortement dans de nouveaux cas, notamment de viol ou de graves malformations et maladies foetales, a annoncé vendredi le Palais royal, au terme d'un vif débat sur le fléau des avortements clandestins dans le royaume.

    L'avortement dans "quelques cas de force majeure" sera autorisé, notamment lors de "grossesses (qui) résultent d'un viol ou de l'inceste", ou encore de "graves malformations et maladies incurables que le foetus pourrait contracter", affirme le communiqué publié au terme d'une audience royale lors de laquelle les ministres de la Justice et des Affaires islamiques ainsi que le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) ont remis leurs avis.

    Cette légalisation restera limitée à ces seuls cas dans la mesure où des consultations ont montré que "l'écrasante majorité penche pour la criminalisation de l'avortement illégal", est-il écrit.

    Selon la même source, le roi Mohammed VI a donné ses instructions pour "traduire les conclusions de ces consultations en un projet de dispositions juridiques, dans le but de les inclure dans le code pénal". Une refonte du code pénal du Maroc est actuellement l'objet de débats.

    Dans un pays de 34 millions d'habitants où modernité et conservatisme religieux se côtoient et où les relations hors mariage restent interdites, la loi autorisait jusque-là l'avortement dans les seuls cas où la santé de la femme était en danger.

    Pour le reste, elle punit les interruptions volontaires de grossesse (IVG) de peines allant de un à cinq ans de prison ferme.

    Le fléau que constituent les centaines d'avortements clandestins pratiqués chaque jour au Maroc a ressurgi dans l'actualité en début d'année, entraînant un profond débat dans l'opinion. Le roi s'était saisi du dossier, réclamant des "consultations élargies".

    Bien qu'aucun chiffre officiel n'existe, des associations estiment qu'entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour dans le royaume, dans des conditions sanitaires parfois désastreuses.

    Dans le même temps, les grossesses non désirées renforcent le phénomène des "mères célibataires" et l'abandon d'enfants, jusqu'à 150 par jour affirment des ONG.

    16/05/15 à 11:09 - Mise à jour à 18:34

    http://www.levif.bel

    Source : Belga

  • Appel à un autre Maroc (Contretemps)

    http://www.contretemps.eu/sites/default/files/images/Autre-Maroc-Appel.large.jpg

    Comprendre et agir : créer les conditions d’un nouveau mouvement social

    Membres de l’association Autre Maroc, "Mouvement de lutte pour la justice sociale", Montassir Sakhi et Hamza Esmili livrent dans ce texte, précédemment publié sur le site de leur association, une réflexion (auto)critique sur le Mouvement du 20 Février et ses suites.

    Quatre années se sont écoulées depuis le déclenchement du Mouvement du 20 Février.

    Quatre années ne suffisent pas pour dresser une analyse globale des évolutions sociales qui se sont cristallisées, en 2011, dans un soulèvement populaire inédit dans l’histoire du Maroc1.

    Quatre années, ce n’est rien dans la vie d’un peuple.

    Il ne s’agit pourtant pas de la seule année 2011, ou des seules quatre années qui se sont écoulées depuis. Car comment comprendre les conditions de production d’un tel soulèvement sans resituer le Mouvement du 20 Février dans les luttes qui, depuis l’indépendance, traversent à la fois la société marocaine et le pouvoir ?

    Ce texte constitue à la fois une autocritique, sans fard ni ambages, ainsi qu’un appel à de nouvelles luttes plus proches de la réalité sociale, conscientes des reconfigurations du pouvoir au Maroc actuel et agissant ainsi comme autant d’alternatives politiques au bénéfice des couches les plus démunies de notre société.

    Refusant de céder tant à la tentation glorificatrice qu’au défaitisme militant, ce texte s’insère dans la volonté de faire une évaluation rationnelle des avancées du Mouvement ainsi que de ses carences qui ont abouti à la démobilisation progressive, à l’aune notamment de l’inadéquation entre la réalité du pouvoir et la construction historique des discours des acteurs revendiquant le changement, ce que Norbert Elias appelle « l’habitus par effet de retardement »2.

    Nous chercherons ainsi à faire une analyse raisonnée des mouvements sociaux passés, de leurs constitutions au délitement de leurs mobilisations, pour aboutir à la discussion de la nouvelle réalité politique et sociale du pays, qui appelle, selon nous, à de nouvelles luttes.

    Nous procéderons en trois temps.

    Un premier axe d’analyse sera déployé autour de l’émergence de nouvelles formes du politique au sein du Mouvement du 20 Février, reprenant la dichotomie historique entre luttes redistributives et luttes de reconnaissance. Nous nous arrêterons également sur les raisons de l’échec de la tentative d’opérer une synthèse des revendications au sein du Mouvement et sa relation avec la décrue de la mobilisation.

    Le second moment de l’analyse se fera autour de l’évolution de la définition même du pouvoir au Maroc, dans un contexte global, ainsi que les reconfigurations du jeu politique qui l’ont accompagnée. Nous chercherons ainsi à montrer que l’absence de prise de conscience quant à cette problématique, au sein du Mouvement, a été la source d’un décalage croissant entre les revendications portées par ce dernier et la réalité sociale au Maroc.

    Enfin, cherchant à tirer les enseignements du passé et de l’expérience du Mouvement du 20 Février, nous tenterons de définir les orientations fondamentales d’une nouvelle lutte politique en faveur du changement social au Maroc.

    Le Mouvement du 20 Février, formes, reconnaissance et redistribution

    Formes du politique

    Forme d’action politique inédite dans le contexte marocain, le Mouvement du 20 Février a notamment suscité l’espoir — au moins aux premiers temps de la mobilisation — d’une possible inversion du rapport de forces politiques, dans le contexte global de Printemps arabe, d’Indignés de Madrid et d’Occupy Wall Street.

    Ainsi, bien qu’ancrés dans des réseaux de sociabilité historiquement constitués, les militants composant le Mouvement ont profité de la «  conjoncture fluide »3, que représentait le contexte historique global, pour bouleverser la perception de l’action politique au Maroc.

    En opérant ainsi un passage de la politique, conçue en tant que champ séparé de la réalité sociale — dont le Palais, partis et autres entrepreneurs politiques seraient les acteurs exclusifs — au politique, défini de manière extensive comme cadre d’action privilégié sur le quotidien des citoyens, le Mouvement du 20 Février a élargi le champ des possibles au Maroc. Se définissant comme un « mouvement social total », le Mouvement a visé à ses débuts à établir les bases d’un nouveau projet de société touchant tous les aspects de la vie des citoyens.

    La mobilisation a également proposé par la pratique une nouvelle définition de la démocratie. Face au modèle du régime démocratique représentatif, où le pouvoir est délégué à des « professionnels » censément porteurs des intérêts des citoyens, le Mouvement a opposé la méthode démocratique, c’est à dire la co-construction collective des orientations, revendications et pratiques de la mobilisation.

    Illustration de cette définition pratique de la démocratie, en opposition avec la revendication programmatique classique d’un régime de démocratie représentative, le Mouvement, bien que présent sur l’ensemble du territoire, n’a pas mis en place une organisation centrale qui détiendrait un monopole décisionnel. En réalité, la prise de décision a été fondée sur le modèle délibératif entre militants diversement politisés.

    Ainsi, le Mouvement a instauré une véritable pratique de la démocratie directe au sein des instances décisionnelles du Mouvement, transformées en véritables agoras militantes où le débat des idées avait lieu de manière spontanée et libre.

    Dès lors, les réactions des partis politiques institutionnels sont symptomatiques de l’établissement de ces définitions alternatives de la politique et de la démocratie. Dénoncé comme facteur d’ «instabilité », le Mouvement a immédiatement été perçu comme une menace par les organes exécutifs des partis institutionnels, tout bord idéologique confondu, alors même que des franges non négligeables de leurs militants rejoignaient la mobilisation.

    De fait, cette forme de démocratie directe promue par le Mouvement à ses débuts, ainsi que la volonté de se constituer en « mouvement social total », se sont elles-mêmes étiolées au fur et à mesure des récupérations dont faisait objet la mobilisation à partir du discours royal du 9 Mars. En définissant lui-même quelles revendications étaient légitimes, le Roi a prudemment reconstruit les limites du champ du possible politique au Maroc. En accordant au Mouvement la victoire de voir sa contestation reconnue comme bien-fondée, le discours royal a ainsi stoppé net la volonté de la mobilisation de se constituer en projet de société alternatif.

    Dès lors, affaibli dans son essence même, les « infiltrations » multiples du Mouvement — par les ONG, les élites politiques institutionnelles ainsi que les représentants d’intérêts privés plaidant pour plus d’ouverture au Marché — ont fini d’achever la temporalité politique exceptionnelle dont avait bénéficiée la mobilisation à ses débuts.

    Reconnaissance et redistribution

    Une analyse historique des mouvements politiques — partisans ou associatifs — qui ont traversés la société marocaine depuis l’indépendance, fait apparaître une évolution majeure au cours des décennies post-1956 : le passage d’une conception redistributive de la lutte à une dimension de reconnaissance des droits.

    En effet, la première catégorie d’action politique, largement marquée par une approche marxiste des rapports de classe, est ainsi axée sur la question de la justice sociale et de l’égalité réelle entre les citoyens. À partir de l’indépendance, elle est notamment représentée par les grands mouvements d’opposition issus du Mouvement national. Ainsi, l’UNFP4, constituée d’une base sociale principalement formée de fonctionnaires, étudiants et autres professions libérales au capital culturel élevé, se donnait, dans une perspective léniniste5 du parti d’avant-garde,  le rôle de représenter les prolétaires, petits paysans et autres laissés pour compte des premiers développements du capitalisme marocain

    À l’inverse, à partir des années 1980, de nouveaux mouvements sociaux ont mis au centre du débat politique la reconnaissance d’identités culturelles et/ou linguistiques, l’égalité entre les sexes ainsi que le droit de conscience religieuse, souvent sans articulation avec la demande d’égalité sociale. Ce déplacement du débat, souvent effectué dans l’optique libérale de la primauté du droit sur la réalité pratique de son exercice, a été favorisé, à la fois par le contexte international de la chute du Bloc communiste — et donc de retrait de l’idéologie marxisante —, ainsi que par la forte répression opérée par le régime hassanien contre les militants de gauche au cours des années de plomb.


    Ce bref rappel historique effectué, quelle place au Mouvement du 20 Février dans cette dichotomie ?

    La constitution même du Mouvement du 20 Février, « mouvement de mouvements » par excellence, porte en elle cette opposition historiquement construite entre luttes de redistributions et luttes de reconnaissance.

    Ainsi, le Mouvement agrège ensemble les deux types de revendications. Le premier est celui des luttes matérialistes — obtention d’emplois dans le secteur public, amélioration des conditions de travail ou encore augmentation du salaire minimum légal et des revenus —, portées par les travailleurs syndicalistes6, les associations de diplômés-chômeurs et les collectifs citoyens7. Inversement,  des slogans culturalistes et/ou droitsdelhommistes sont notamment représentés par les associations demandant la constitutionnalisation de la langue amazighe, les membres des partis et associations politiques de l’opposition historique8 ainsi que les mouvements de lutte pour la reconnaissance des libertés individuelles9 de l’autre.

    Pourtant, les organisations ayant appelé à soutenir la dynamique protestataire ont mis de côté, au moins en partie, leurs différends idéologiques pour s’identifier à la seule charte du Mouvement du 20 Février. Cette dernière a été conçue par des militants représentant des tendances politiques diverses ainsi que des « militants indépendants » fin Janvier 2011. Ainsi, par crainte de divisions précoces, la charte revendicative incarne la volonté d’éviter toute teinte idéologique susceptible de diviser le Mouvement.

    Dès lors, citons entre autres principales revendications du mouvement : la dissolution du parlement, la promulgation d’une nouvelle constitution par une assemblée élue, l’instauration d’une monarchie parlementaire où les pouvoirs du roi seraient limités, la hausse des générale des salaires, la suspension de la privatisation de l’enseignement, la création d’un fond d’aide à la jeunesse ainsi que d’une allocation nationale aux chômeurs, la hausse et la généralisation des bourses estudiantines, l’indépendance de la justice, l’abrogation de la loi sur le terrorisme, la libération des prisonniers politiques, la reconnaissance de la langue amazighe comme une langue constitutionnelle, la nationalisation des grandes entreprises stratégiques, le respect des droits et libertés collectives, etc.

    Ainsi, fait édifiant, la charte fondant l’action du Mouvement du 20 Février reprend à la fois des revendications redistributives classiques et des exigences de reconnaissance de droits culturels et politiques10.

    Cette articulation n’a été permise que dans le cadre de la conjoncture fluide du moment historique, c’est à dire à une situation globale de brouillage des règles du jeu politique ainsi que des rapports de force objectifs, que représentait le contexte global de soulèvements populaires dans la région. Dès lors, c’est cette situation politique et historique particulière qui a permis la convergence de mouvements provenant d’horizons divers et n’ayant pas entrepris de processus de rapprochements idéologiques capables de déboucher sur un front pour un changement social et politique réel.

    Ainsi, le pouvoir politique, incarné par l’Etat et encouragé par les différentes élites économiques profitant du statu quo, a favorisé la négociation sectorielle pour empêcher tout rapprochement idéologique pouvant déboucher sur une représentation des catégories sociales populaires et constituer ainsi une véritable « classe sociale ».

    À titre illustratif, florilège des différents « cadeaux du pouvoir » :

    - Les centrales syndicales se sont retirées du Mouvement après la signature de l’accord tripartite — avec la Confédération générale des entrepreneurs marocains (CGEM) et le gouvernement —du 26 avril 2011 instituant une « augmentation urgente » des salaires nets des fonctionnaires.

    - Les courants dissidents du PJD — notamment le courant « Baraka » — ont quitté le Mouvement après la promesse de la tenue d’élections législatives transparentes.

    - Les diplômés chômeurs se sont retirés au moment de l’annonce d’un accord-cadre prévoyant leur intégration massive dans la fonction publique.

    - Les mouvements amazighs ont cessé de se mobiliser après l’annonce de la constitutionnalisation de la langue amazighe.

    Ces différents mouvements n’ont eu ni le temps ni l’espace pour renoncer aux intérêts corporatistes et construire une critique systémique des mécanismes de production de la domination englobante. Dès lors, l’absence d’autocritique capable de leur permettre de s’inscrire dans une action sociale plus large a condamné le Mouvement au délitement progressif.

    Nouveau pouvoir versus Nouvelle société civile

    Dans le contexte du Mouvement du 20 Février, la coexistence au sein d’un même mouvement de dynamiques aussi diverses est devenue impossible sitôt la « conjoncture fluide » moins marquée.

    Dès lors, le déclin des manifestations et des rassemblements citoyens qui, pendant plus de deux ans, avaient instauré une véritable situation de critique sociale s’insère dans le cadre d’un changement de temporalité politique rendant impossible la poursuite de l’action du Mouvement.

    Plutôt que d’être sous le choc de la démobilisation, il convient de comprendre la nature de la nouvelle temporalité politique, et partant de cela penser un recadrage des luttes sociales permettant la remise en cause des systèmes de domination fonctionnant aux échelles nationale, régionale et mondiale.

    Dans ce cadre, deux tendances nous semblent d’une importance capitale pour l’analyse et la critique politique de la « situation » marocaine.

    Reconfigurations du pouvoir

    Tout d’abord, il nous apparait que certains des acteurs engagés dans le Mouvement du 20 Février ont négligé les reconfigurations majeures du régime marocain, qui, d’un pouvoir répressif de violence systématique, s’est transformé en un dispositif où ce dernier est disséminé dans un ensemble hétéroclite d’acteurs de gouvernementalité.

    Cette évolution n’est pas spécifique au seul Maroc. Elle s’inscrit dans une tendance lourde et globale de redéfinition du rôle du politique et de l’Etat.  

    En effet, au cours des années 1980, l’émergence d’un Marché de plus en plus puissant, légitimé par les théories économiques néolibérales pseudo-scientifiques, s’est faite au détriment de l’Etat dans l’ensemble des pays dont le système économique s’est ouvert à la mondialisation telle que conçue dans les organisations internationales11.

    Dans ce cadre, au nom du dogme de l’ouverture à la concurrence pure et parfaite, de larges pans de l’action publique ont été démantelés au profit d’intérêts privés, socialement situés et matériellement accumulatifs. Ainsi, au Maroc, les secteurs de l’éduction publique, de la santé, de l’agriculture, et du logement social—parmi bien d’autres—, sont aujourd’hui de très profitables marchés pour l’élite économique du pays.

    Par ailleurs, fait emblématique de cette évolution, la Monarchie est aujourd’hui moins le  premier acteur institutionnel du pays que le premier opérateur du Marché. Ce constat, largement illustré par le prédatisme des entreprises royales, entérine ainsi l’aliénation du politique à l’économique.

    Dès lors, cette évolution est symptomatique d’une nouvelle définition, libérale, du politique. Ce dernier ne serait plus le moyen privilégié d’action sur la réalité sociale, mais un champ séparé qui ne concerne que ses professionnels et qui vise à la résolution de problèmes conjoncturels d’optimisation de l’accès au Marché.

    Dans cette optique, les revendications portant sur la reconnaissance des droits et libertés, l’exigence d’une démocratie représentative et la séparation du capital et du politique, notamment portées par certains acteurs du Mouvement du 20 Février, ne sont plus productrices de critique sociale radicale. En évacuant les questions de la marginalité et de la pauvreté disqualifiante du débat politique, ce type de luttes profite largement au système libéral installé et ne peut donc prétendre apporter une alternative pour les groupes démunis  tant matériellement, que culturellement et socialement.

    Ainsi, cédant à une véritable ruse de l’Histoire, ces nouveaux mouvements sociaux ont abandonné l’égalité de fait en revendiquant l’égalité devant la loi. Il faut toutefois souligner ici l’héritage des années de plomb, qui fonctionne comme un habitus collectif : face à la répression systématique institutionnalisée du régime Hassan II, les mouvements des décennies précédentes ont centré la revendication sur la démocratie représentative, la transparence des élections, la lutte pour le droit à l’expression libre et contre la détention secrète et pour les droits des prisonniers politiques.

    Or, à l’inverse, la répression d’Etat est loin d’être systématique dans le Maroc actuel.

    Ainsi, bien qu’il soit évident que la presse continue à ne pas être libre, qu’il demeure des emprisonnements et des violences arbitraires, ainsi que des procès totalement injustes, ces « atteintes aux droits de l’Homme » sont localisées, très loin de la violence de masse du règne hassanien et des années de plomb.

    Dans la perspective foucaldienne de l’idéologie néolibérale, le dispositif du pouvoir en place ne fait plus de la violence physique son principal moyen de domination, mais tend, au contraire, à vider le politique de son sens en en faisant un objet séparé de la réalité sociale.

    Nouvelle société civile

    Corollaire de cette nouvelle définition du politique, le virage culturaliste majeur opéré par les organisations politiques et associatives marocaines dès la fin des années 1980. Non spécifique à notre seul pays, cette évolution est liée à la montée en puissance de la notion de société civile. Instituée comme un canal privilégié de l’action politique, elle est censée combiner d’un côté une efficacité managériale par la définition d’objectifs de performance précis, et de l’autre, une éthique non entachée par les « vicissitudes » de la politique partisane.

    Les associations, regroupant un ensemble hétérogène d’acteurs allant des jeunes de quartier aux fondations-mastodontes dirigées par des personnalités issus du monde des affaires, sont ainsi subventionnées par les institutions internationales, qui y voient un relais puissant des discours hégémoniques et globalisants. Leur action est également favorisée par l’Etat en cours de désengagement, qui leur délègue une partie de ses attributions. Dès lors, la société civile agit comme un levier de transformation de la réalité en dehors de toute régulation ou débat public.

    Valorisant en apparence « l’action et l’action seule », séparée du diagnostic situationnel et de la critique fondamentale, ces nouveaux acteurs de la vie publique sont en réalité socialement et historiquement situés. En effet, malgré un discours se revendiquant apolitique, la construction des problèmes à traiter, la production de solutions, en apparence allant de soi (taken for granted) et les moyens mis en œuvre, sont tous issus d’arbitrages idéologiques définis par des positions sociales et des évolutions historiques situées. Ainsi, bien souvent, les acteurs de la société civile sont porteurs d’un paradigme idéologique néolibéral fort, jouant ainsi le rôle, à l’échelle locale marocaine, de hérauts du Consensus de Washington, qui consiste notamment en l’ouverture au marché et à la concurrence privée au détriment de l’action publique redistributive.

    Evacuant ainsi totalement la question de la justice sociale, de nouvelles revendications ont ainsi émergé, portées par des associations et des partis représentant les intérêts des nouveaux groupes bénéficiaires de cette transformation et les intérêts de leurs propres adhérents/acteurs12.

    Dans ce cadre d’analyse, l'expérience du Mouvement du 20 Février est symptomatique du rôle tenu par ces nouvelles ONG. Mouvement de revendications politiques et politisées par excellence, les dizaines de milliers d'ONG13, ayant envahi la sphère publique lors des dernières décennies, n’ont joué aucun rôle dans la mise en place du processus protestataire ni dans sa consolidation.

    Toutefois, certaines de ces ONG, notamment celles qui œuvrent pour « la bonne gouvernance », « les droits humains », et/ou « les libertés individuelles», ont joué un rôle de récupération et de pacification du mouvement protestataire en banalisant les revendications populaires et sociales, dès la deuxième grande manifestation nationale du mouvement (Manifestation du 20 Mars 2011). En effet, à la suite du discours royal du 9 Mars, considérant les revendications démocratiques des protestataires comme légitimes14, des centaines d'associations rejoignent le Mouvement du 20 Février dans sa marche du 20 mars 2011.

    Cette dynamique associative n’est pas anodine. Dans une conception gramscienne, la nouvelle société civile agit ici comme un moyen de diffusion de l’hégémonie culturelle des élites en places, au premier chef desquelles le Palais. Ainsi, à partir de cette date, au sein même du Mouvement, une inflexion relative aux slogans politiques est réalisée.

    Nous avons ainsi assisté à la montée en puissance de revendications centrées sur les mots d'ordre offerts par le pouvoir reconfiguré, c’est à dire le Roi, dans son discours du 9 Mars. La question de la réforme constitutionnelle a, dès lors, pris le dessus sur les questions sociales. Le Mouvement s’est alors mis à porter des demandes n’intéressant pas les populations défavorisées économiquement, marginalisées socialement et privées d’accès à l’école et à la santé.

    En effet, les besoins de ces populations condamnées au déclassement et à la reproduction dans un système inégalitaire entraient en décalage complet avec les slogans portant sur la liberté d’opinion et de la presse, la monarchie parlementaire, les droits culturels, ce qui a indubitablement été un facteur d’étiolement de la mobilisation au cours des mois suivant le discours royal.

    Quelle nouvelle lutte sociale ?

    S’il est juste que la mobilisation a décru au fil des années jusqu’à quasi-extinction, les questions qu’avaient remises au centre du débat le Mouvement demeurent tout aussi prégnantes dans la réalité sociale des marocains.

    En 2015, au Maroc, l’extrême pauvreté perdure, avec plus de 25% de la population qui vit au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté (1$ par jour). Parmi les populations vivant au dessus du seuil de pauvreté, 50% sont économiquement vulnérable aux aléas de la vie (maladie, intempéries ou perte d’emploi)15.

    Malgré un taux de croissance annuel moyen de 4,5% depuis 2002, le taux d’analphabétisme stagne à plus de 43% de la population16. Si la scolarisation a considérablement augmenté, le taux de déperdition annuelle des élèves fait que seule 13% d’une cohorte arrive au baccalauréat. Régulièrement pointé du doigt par les organisations internationales17, le système scolaire est globalement en ruine, provoquant une véritable rupture entre les familles aisés pouvant placer leurs enfants dans les écoles privées du pays (et parmi elle le saint graal des écoles françaises, représentant 0,02% des étudiants du pays mais véritable temples de la reproduction des élites) et ceux devant se contenter de l’école publique.

    La problématique des logements sociaux où s'entassent des centaines de milliers de marocains dans des immenses cités dortoirs, la privatisation de la santé qui fait écho à celle de l'éducation, le manque d'infrastructures de base... l’ensemble de ces dossiers brûlants font du Maroc une véritable poudrière humaine.

    Considérant l’héritage du Mouvement, et cherchant à évaluer le passé pour construire l’avenir des mouvements sociaux, il nous apparaît que certains questionnements doivent préluder à toute action politique réellement contestatrice et porteuse de changement global.

    Articulation des luttes dans un mouvement social total

    La séparation artificielle érigée entre luttes pour la démocratie, pour la justice sociale ou la reconnaissance des différences, contraste avec l’objectif fondamental de tout changement social et politique : l’édification d’une société plus juste. La lutte, telle que nous la concevons, doit avoir comme leitmotiv absolu, non seulement l’égalité des individus devant la loi, mais fondamentalement l’égalisation des capitaux économiques, sociaux et culturels. Ce n’est qu’à travers cette dernière que les idéaux de démocratie, de droit à la différence ou de liberté deviennent accessibles.

    Nous appelons, ainsi, à reconstruire des mouvements sociaux non-sectoriels articulant toutes les luttes de la redistribution et de la reconnaissance des droits, en opposition au néolibéralisme.

    Vaincre les dominations transfigurées par les recompositions du pouvoir politique et l’émergence de l’économie capitaliste au Maroc nécessite une lutte touchant la totalité de la réalité sociale, en opposition aux mouvements pensés en dehors des rapports de dominations qui s’y déroulent. Dès lors, la combinaison des échelles de la critique nécessite de sortir du glissement culturaliste insistant sur la simple dimension du droit et pour intégrer la question sociale.

    La double dynamique en marche au Maroc, avec d’un côté l’émergence d’un capitalisme prédateur et de l’autre, le retrait de l’Etat des services publics, s’accompagne de la hiérarchisation toujours plus marquée entre les différents groupes sociaux.

    Partant de ce constat, éviter le spectre de la ruse de l’histoire qui guette le mouvement social marocain actuel appelle une prise de conscience nécessaire : la réalisation des demandes libérales, historiquement issues des années de plomb, de séparation des pouvoirs, de reconnaissance des droits civiques et politiques, et de neutralité de l’Etat quant au déroulement des élections, la réforme du code pénal, la liberté d’opinion et de la presse, etc. ne signifie en rien la résolution de la question sociale.

    Plus que jamais, la critique émanant des organisations représentant les nouveaux dominé(e)s, est appelée à dénoncer les politiques qui condamnent les populations à l’indigence, à la marginalisation et à la disqualification sociale.

    Mouvements sociaux et représentation

    Comme évoqué plus haut, le Mouvement, en tant que « mouvement de mouvement », a agi en catalyseur d’intérêts sociaux variés — et parfois contradictoires — qu’un moment politique spécifique a permis de faire coexister dans une même structure. Résultant d’une temporalité politique propre, cette coexistence de catégories sociales diverses, portant des revendications particulières, n’a pas pour autant signifié l’unification des luttes.

    En dehors du moment historique du Printemps arabe, la transformation du profil sociologique des militants, au sein même des partis historiques de la gauche marocaine, a accentué le glissement de sens idéologique opéré au cours des dernières décennies.

    Ainsi, l’USFP, originellement constituée de petits fonctionnaires et de professions intellectuelles et libérales, a vu ses structures décisionnelles et exécutives trustées par de grands propriétaires terriens, des chefs d’entreprises agroalimentaires majeures ou des entrepreneurs politiques salariés au fur et à mesure des congrès et de la gouvernementalisation du parti. Cette évolution, tout sauf anodine, a ainsi contribué à l’impossibilité pour le parti de renouveler la critique des structures de la société marocaine, dont l’USFP était pourtant la principale productrice au cours des premières décennies postindépendances.

    Dès lors, une première exigence en lien avec la construction d’un mouvement social critique est une définition préalable de la représentativité de ce dernier, c’est à dire l’identification des catégories sociales en vertu desquelles la dynamique protestataire obtient sa légitimité et dont elle porte les intérêts.

    Partant de ce postulat, la lutte revendiquant une société plus juste ne peut se faire qu’en défense de ceux qui sont actuellement marginalisés dans l’espace social marocain. Cette marginalisation, multiforme, portant à la fois sur l’économique, le social et le politique, tout en étant légitimée par la domination culturelle, touchant l’immense majorité des marocains, appelle dès lors une dynamique globale capable de formuler une critique systémique.

    Victimes de domination(s) historique(s), du démantèlement de l’Etat, de l’hégémonie du Marché et de la montée en puissance des intérêts socialement situés, les dépossédés des capitaux scolaires et matériels, les victimes des politiques de privatisation massive, les chômeurs, les nouveaux travailleurs précaires, les petits agriculteurs, les parias récemment projetés dans la (bidon)ville, les minorités culturelles, en un mot les dominés, voici ceux pour qui la changement est nécessaire et mérite la lutte.

    Dans ce cadre, cette dernière doit redéfinir l’objet politique en tant que facteur de transformation de la société. Ne s’arrêtant pas au changement des institutions étatiques et la production juridique, la lutte politique doit viser à un changement de la société par la société pour la société. 

    Dépasser le clivage entre islamistes et gauchistes

    À la suite du Mouvement du 20 Février, nous appelons à la refonte du paysage politique marocain sur d’autres bases que la simple opposition entre pseudo-conservateurs islamistes et pseudo-modernistes de gauche.

    Perçu comme une dichotomie fondamentale de l’espace politique marocain, le clivage entre islamistes et gauchistes s’est largement imposé aux acteurs sociaux au cours des décennies postindépendances.

    Pourtant, en fondant leurs oppositions sur la base de différences d’éthique et de valeurs, les deux dynamiques négligent les possibles convergences de leurs bases sociales.

    Ainsi, une partie de la gauche marocaine s’est radicalisée en rejetant tout héritage culturel issu de l’Islam, amalgamé au despotisme, au « sous-développement » et à l’opposition à la Modernité. Inversement, une partie des mouvements islamistes s’est attachée à construire un référentiel unique de valeurs dans le but d’uniformiser l’espace social.

    Largement exacerbée par le régime d’Hassan II, cette différenciation a également été amplifiée par un contexte international marqué par la théorie du choc des civilisations. Cette dernière agit soit de manière directe en construisant un « nous » contre un « eux », soit de manière plus insidieuse à travers les valeurs normatives de l’universalité et de la modernité face auxquelles tout modèle alternatif est voué à la stigmatisation.

    Pourtant, l’opposition entre islamistes et gauchiste n’est ni un fait allant naturellement de soi, ni une norme historiquement ancrée dans la nature de l’opposition au Maroc.

    Ainsi, les exemples ne manquent pas pour démontrer la non-évidence de cette dichotomie. Citons dans ce cadre, la coexistence, au sein du Mouvement national, des différentes tendances, allant du salafisme de Allal El Fassi au modernisme de Hassan El Ouazzani, l’existence au sein même de l’UNFP d’une large tendance islamiste18, ou encore le militantisme passé de certains leaders islamistes actuels au sein des organisations d’extrême-gauche des années 197019.

    Dès lors, le recadrage de notre lutte nécessite de sortir de cette conception.

    Cela requiert bien entendu le respect de conditions nécessaires pour réussir le dialogue entre les mouvements sociaux clivés sur cette base.

    Il faut cependant signaler que les mouvements islamistes, à l’instar des organisations se réclamant de la gauche, ne sont pas représentatifs des mêmes intérêts et des mêmes projets sociétaux. Ainsi, le PJD, à la tête du gouvernement depuis 2012, est un chantre de la libéralisation à tout-va de l’économie alors même que les partis Al Badil Al Hadari et Al Oumma intègrent la dimension des classes sociales dans leurs programmes politiques. D’autres, comme le mouvement Adl Wa Al Ihssan, n’ont pas encore défini leurs positions quant à la question sociale et économique.

    Partant de ce constant, il est nécessaire de construire un socle commun entre gauchistes et islamistes permettant ainsi la défense des mêmes intérêts sociaux au sein de la lutte politique. 

    Féminisme et mouvements sociaux

    Une lutte visant à combattre la domination des uns sur les autres ne peut faire l’impasse sur la question féminine. Pan essentiel de toute action contestatrice globale, la remise en cause de la domination masculine, et du patriarcat qui en découle, doit être conçu au cœur d’un mouvement social cherchant à édifier un projet de société alternatif.

    Dans un mouvement double, le féminisme doit être constitutif de la lutte sociale, autant que la lutte sociale doit être constitutive du combat pour l’égalité des sexes.

    En replaçant la lutte sociale au centre du féminisme, il s’agit de rompre avec les mouvements politiques privilégiant le droit à la pratique. Considérant le profond ancrage des structures de la domination masculine dans l’habitus collectif, il serait dès lors illusoire d’espérer l’égalité de fait d’une simple modification de textes légaux, ou encore d’imaginer que ces derniers impulsent le changement des structures incorporées de la domination masculine.

    Ce type de revendications féministes, fondées sur une approche culturaliste, ont ainsi largement été reprises dans « le nouvel esprit du capitalisme »20 et contribuent ainsi à la légitimation du néolibéralisme. Ce dernier, créant pourtant de nouvelles inégalités de fait —notamment en régénérant une division sexuée de la vie sociale —, a ainsi fondé une partie de son discours sur la reprise des grandes critiques soulevées par les mouvements féministes de la seconde vague, notamment à l’endroit du capitalisme d’Etat, identifié à raison, comme modèle essentiellement patriarcal21.

    De la même manière, en concevant la question féminine au cœur de la lutte sociale, nous refusons de la considérer comme une simple revendication touchant une catégorie spécifique, aussi large soit elle. Bien au contraire, nous considérons que, tant les femmes que les hommes, à des échelles évidemment extrêmement différentes, sont sujets de la domination masculine et du modèle sociétal patriarcal.

    Dès lors, à la suite de Pierre Bourdieu, nous considérons que « seule une action politique prenant en compte réellement tous les effets de domination qui s’exercent à travers la complicité objective entre les structures incorporées (tant chez les femmes que chez les hommes) et les structures des grandes institutions où s’accomplit et se reproduit non seulement l’ordre masculin, mais aussi tout l’ordre social, […], pourra contribuer au dépérissement progressif de la domination masculine. »22

    Articuler les dimensions locale, nationale et transnationale

    La survenue en 2011 de soulèvements populaires autour du globe, n’est pas le fruit du hasard.

    En effet, le déploiement global du néolibéralisme est un fait et appelle donc la combinaison de plusieurs échelles de luttes.

    Au Maroc, le capitalisme transnational trouve dans l’Etat un allié naturel favorable aux politiques de privatisation, aux coupes budgétaires et aux exigences des instances internationales et des Etats dominants à l’échelle globale.

    Dans ce cadre, la diffusion hégémonique de l’idéologie du Marché par les centres de décision majeurs — grands Etats, instances internationales, grandes multinationales... — recourt à toutes les armes possibles en vue d’obtenir « l’ouverture » des sociétés au modèle économique dominant se présentant comme « l’unique voie » possible. Le monde arabe est ainsi un exemple type de l’activation de la guerre destructrice et du spectre de l’identitarisme pour tuer dans l’oeuf toute résistance contre les gouvernements autoritaires et contre la pénétration du néolibéralisme sauvage.

    Par ailleurs, l’interdépendance des Etats, les flux migratoires, la gestion de la question climatique, qui elle ne connaît pas de frontières, exigent l’inscription de nos mouvements sociaux dans un cadre de lutte globale post-national.  

    Pourtant, partout dans le monde, des populations se mobilisent contre l’homogénéisation des économies appuyée sur des bureaucraties néolibérales.

    Contre la marchandisation de tous les secteurs de la vie qui menace l’humain, contre la montée de l’individualisme et la rupture du lien social, contre l’amalgame entre salariat et subsistance, contre l’ostracisation des individus condamnés à la pauvreté et au chômage etc. il ne peut y avoir qu’une solidarité internationale des luttes, seule à même de contrer les forces hégémoniques en œuvre sur l’ensemble de la planète.

    Remettre au centre du débat la question de la justice sociale, de la domination des uns sur les autres, de la marginalisation de la majorité des marocains au nom des intérêts de quelques uns, voici l’essentiel du combat aujourd’hui.

    Construire une critique radicale tout en étant de son temps politique, tel est le défi de ceux qui souhaitent penser le changement au Maroc.

    Ne pas tomber dans le piège de la séparation entre un champ politique vidé de son sens et une société civile fonctionnant par projets, voilà la condition sine qua none d’une alternative de société.

    Eviter les fausses oppositions, ne pas s’engager dans les combats vides de sens, ne pas céder à la ruse de l’histoire, et construire ainsi un Autre Maroc

    Ce texte a précédemment été publié sur le site de l'association Autre Maroc.

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    Image en bandeau via AutreMaroc.org.

  • Répression: Conserveries Marocaines DOHA à Agadir (Cnt)


     

    Depuis le 16 Mars 2015, 700 salariés, en majorités des femmes, sont en grève.

    Le patron, l’un des archi-milliardaires de la région (Groupe BICHA), a licencié la totalité de la section syndicale, affiliée à la Confédération Démocratique du Travail, ainsi que 25 autres membres du syndicat.

    L’usine tourne actuellement avec des ouvriers nouveaux, en infraction avec l’article 16 du code du travail qui interdit l emploi de salariés nouveaux à la place des grévistes.

    Les autorités et l’inspection du travail sont du coté du patron. Les autorités n’interviennent que pour réprimer les travailleurs en grève.

    La guerre patronale contre le syndicat vise à retirer les droits des travailleurs, acquis de haute lutte en 2011. Avant Avril 2011 les travailleurs –euses étaient payés-es à 50% du salaire légal et sans sécurité sociale, ni autres droits inscrits au code du travail.

    Dans le sillage des soulèvements populaires dans la région en 2011(Printemps arabe), les salariés des Conserveries Marocaines DOHA se sont soulevés en s affiliant au syndicat et revendiquant leurs droits élémentaires. Ils les ont arrachés après 19 jours de grève en Mai 2011

    En 2014 le patron déjà tente de tout reprendre en réprimant les syndicalistes .

    Un soutien est indispensable pour la réintégration des syndicalistes licenciés et pour la préservation des droits et acquis des salariés

    Aidez les salariés en envoyant des courriers de protestation au Patron

    - Fax : +212 5 28 24 00 08
    - email : doha@conserveriesdoha.com

    - Wilaya d Agadir : Fax : +212 5 28 84 04 14

    - Province Inezgane : Fax + 212 5 28 33 78 31

    LA LUTTE CONTINUE

    QUE CETTE CHAINE DE SOLIDARITE, SOIT PLUS FORTE QUE CELLES DU PATRONAT !

    Comité de Solidarité – Grand AGADIR

    30 avril 2015

    http://www.cnt-so.org/Repression-anti-syndicale-dans-les

  • Sahara Occidental: l’ONU pour l’autodétermination (Afriques en lutte)

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    Mais une fois de plus contre l’extension du mandat de la Minurso aux droits de l’homme

    Dans son rapport du 10 avril 2014 sur le Sahara occidental, le secrétaire général de l’ONU, M.Ban Ki-moon avait souligné :"S’il n’y aucun progrès avant avril 2015, le moment sera venu d’inviter le Conseil à examiner complétement le cadre fixé en 2007 pour le processus de négociation". Il n’y a eu aucun progrès avant avril 2015 en raison de l’obstruction et du chantage du Maroc.

    Mais l’engagement de 2014 du secrétaire général a été oublié en 2015 par le secrétaire général lui-même et par le Conseil de sécurité des Nations unies !

    En effet, la résolution 2218 (2015) sur le Sahara occidental adoptée le 28 février par le Conseil de sécurité a repris, à la virgule près, la résolution de 2014, en refusant de tenir compte de la dégradation de la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc.

    Le Conseil a prolongé jusqu’au 30 avril 2016 la mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso) et engagé une fois de plus le Maroc et le Front Polisario à poursuivre les négociations "en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental". Mais la résolution ne propose aucune mesure pour amener le pouvoir marocain à mettre un terme à ses manœuvres d’obstruction et à tenir ses engagements dans le respect du droit international puisqu’il continue à prétendre que le Sahara occidental fait partie intégrante du Maroc. On est loin du "réalisme et de l’esprit de compromis" réclamés par l’ONU.

    Le gouvernement français s’est rangé une fois de plus auprès du pouvoir marocain pour empêcher l’instauration d’un mécanisme international pour la surveillance des droits de l’homme. Il s’est même félicité des progrès du Maroc en matière de droits de l’homme et a apporté son soutien au plan marocain d’autonomie qui bafoue le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Il constitue ainsi le principal obstacle à la résolution d’un conflit de 40 ans sur la décolonisation du Sahara occidental. Il a ignoré les demandes pressantes de l’Union africaine, de nombreux gouvernements et de nombreuses associations françaises, européennes et internationales des droits de l’homme ainsi que des rapports du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

    La résolution du Conseil de sécurité est scandaleuse puisqu’elle ferme les yeux sur les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc qui se sont encore aggravées en 2014 et 2015.Comme en 2014, la résolution met sur le même plan le colonisé et le colonisateur en leur demandant de "renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf". Alors qu’avec les moyens videos actuels, le monde entier peut constater "en direct" les exactions de la police marocaine dans les territoires occupés.

    Tout en réaffirmant que "le statu quo n’est pas acceptable", la résolution constitue une véritable provocation à l’égard des Sahraouis puisqu’elle ne prend aucune mesure pour mettre fin à la répression qu’ils subissent dans les territoires occupés ou pour leur permettre de quitter leur exil et de retrouver leur pays.

    Réaffirmant sa solidarité avec la lutte du peuple sahraoui, la plateforme participera aux manifestations du 1er mai dans le cadre de la mobilisation internationale à l’appel des Sahraouis des territoires occupés et des campements en réaction à la résolution de l’ONU et poursuivra son action pour la libération des prisonniers politiques sahraouis, l’arrêt de la répression dans les territoires occupés, la mise en place d’un mécanisme international permanent de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental et la mise en œuvre rapide du référendum d’autodétermination permettant enfin au peuple sahraoui de décider librement et démocratiquement de son avenir.

    PLATEFORME POUR LA SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE DU SAHARA OCCIDENTAL

    Paris le 29 avril 20156 mai 2015 par PLATEFORME POUR LA SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE DU SAHARA OCCIDENTAL  communiqués partis amis et associations - Maroc

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/republique-sahraouie/article/sahara-occidental-l-onu-pour-l-5213

    Commentaire: Cet article nous a valu un commentaire d'un lecteur marocain qui nous reproche notre liberté d'opinion. C'est en toute connaissance de cause que nous soutenons le peuple saharaoui  et dénonçons le régime rétrograde du Maroc qui n'est qu'une "pompe à fric" pour se remplir les poches sur le dos des marocains et des saharaouis... Nous en avons autant contre le régime algérien...

     

  • Maroc: la répression envers les mouvements sociaux s’intensifie (Afriques en lutte)

    Le 27 avril 2014, Wafa Charaf, a été enlevée et séquestrée à Tanger.

    Elle dépose plainte contre X le lendemain pour enlèvement, séquestration et menaces. Wafa, militante associative et politique, revenait ce 27 avril d’un rassemblement de soutien aux membres du bureau syndical de la multinationale Greif, licenciés pour avoir créé une section syndicale.

    Elle a déclaré avoir été séquestrée plusieurs heures, questionnée sur ses activités militantes et insultée, avant d’être abandonnée hors de la ville de Tanger.

    De victime, Wafa deviendra accusée. Comme sa famille et ses camarades, elle sera convoquée plusieurs fois par semaine au commissariat et harcelée de questions alors que la police n’avançait pas sur l’identité des responsables de l’enlèvement.

    Wafa a été condamnée le 11 août à un an de prison ferme et à 1000dh d’amende et 50 000dh (5000€) de dommages pour « mensonges et diffamation », au cours d’un procès inéquitable alors que Boubker Khamlichi, ex-detenu politique accusé de complicité avec Wafa est acquitté. Le procès en appel sera reporté 3 fois et le tribunal double la peine de Wafa, condamnée à deux ans de prison tandis que Boubker était condamné à un an avec sursis ; les amendes et dommages étant maintenus.

    A l’approche des dates de leurs jugements en appel, tout un groupe de détenus d’opinion au Maroc a entamé une grève de la faim illimitée depuis plusieurs semaines. Il s s’agit essentiellement de jeunes étudiants, militants de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), emprisonnés à Kenitra, Fès, Marrakech et Oujda. Les grévistes de la faim réclament de pouvoir poursuivre leurs études, d’être regroupés dans la même prison et surtout de passer rapidement devant le juge en vue de leur libération puisque leurs dossiers sont vides. Ces jeunes ont été arrêtés pour avoir participé à des manifestations pacifiques au sein des universités.

    La liberté de manifester a encore été bafouée à deux occasions différentes, le 18 avril : à Smara au Sahara, où la police a violemment dispersé des manifestants et à Rabat, où le rassemblement, organisé par le Réseau marocain de solidarité avec les peuples, contre l’intervention militaire au Yémen, a été violemment réprimé par les forces de l’ordre. Plusieurs défenseurs des droits de l’Homme ont été pourchassés et blessés, ce qui a nécessité leur admission à l’hôpital. L’ASDHOM renouvelle son soutien à tous les prisonniers politiques et est plus que déterminée à poursuivre sa campagne de parrainage qu’elle a lancée en novembre 2012 en leur faveur.
    2 mai 2015

    www.asdhom.org

    www.amdh.org.ma/fr

    www.atmf.org

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-la-repression-envers-les

  • Répression au Maroc (Afriques en lutte)

    Au nom du Comité Exécutif du Forum du Réseau de la Gauche Africaine (ALNEF) et de tous les partis politiques et organisations qu’il regroupe je condamne avec la dernière énergie la répression sauvage que les forces de l’ordre de l’Etat du Maroc ont fait subir à de nombreux(euses)manifestant(es) lors du sit-in pacifique du samedi 18/04/2014 pour protester contre l’agression du peuple yéménite par la coalition réactionnaire dirigée par l’Arabie saoudite et à laquelle le Maroc participe

    ALNEF considère que c’est un déni de droit que les militants et militantes du Réseau Démocratique Marocain de Solidarité avec les Peuples ont pour exprimer dans des formes légales et civilisées leur désapprobation par rapport à des agressions aussi barbares qu’injustifiées que celles qu’une coalition au service de l’impérialisme porte sur le peuple yéménite innocent qui est aujourd’hui réduit à l’errance dans la souffrance. Surtout quand leur pays, le Maroc, y est engagé.

    ALNEF dénonce avec force le traitement cruel, inhumain et dégradant pratiqué par l’Etat sur les marocain(e)s habitué(e)s des commissariats de police pour militantisme et autres manifestations de solidarité à l’endroit des peuples martyrs.

    ALNEF exprime sa sympathie et son soutien au Réseau Démocratique Marocain de Solidarité avec les peuples et l’exhorte à poursuivre le combat pour cette cause juste.

    Fait à Thiès, Sénégal le 21/04/2015

    LE Coordonnateur du Forum du Réseau de la Gauche Africaine

    Amath CAMARA 26 avril 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/repression-au-maroc

  • Dossier Quarante ans de conflit au Sahara occidental (Orient 21)

    La nouvelle donne maghrébine, avec l’implantation d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et de l’organisation de l’État islamique (OEI) suite au chaos libyen oblige à poser le regard sur un conflit oublié, celui du Sahara occidental.

    Malgré la lassitude des États africains et occidentaux et le manque d’intérêt des pays arabes face à ce dossier, trois impératifs semblent dicter son règlement :

    - la situation sécuritaire qui impose la fin du conflit pour éviter que les Sahraouis ne viennent grossir le contingent des djihadistes qui sévissent dans la zone  ;
    - la situation économique des pays de la région qui rend nécessaire l’intégration du Maghreb et une meilleure complémentarité économique  ;
    - l’absence de perspectives pour les Sahraouis qui, bien avant le printemps arabe, avaient déjà manifesté leur colère.

    Orient XXI prend le parti de revenir sur cette question en proposant différentes contributions de chercheurs et de journalistes ayant travaillé de longue date sur ce dossier.

    Dans ce dossier, coordonné par Khadija Mohsen-Finan, on trouvera :

    - «  Le conflit du Sahara en marge des dynamiques régionales  », une introduction sur l’évolution du conflit, de Khadija Mohsen-Finan  ;


    - l’«  Engagement de la France sur le Sahara  » sur la politique saharienne de la France, par Pierre Vermeren  ;


    - le «  Difficile équilibre de la politique espagnole au Sahara occidental  », par Ignacio Cembrero  ;


    - «  Au Sahara, les Nations unies entre activisme et lassitude  » à propos du traitement du dossier du Sahara par les Nations unies, d’Alexandra Novosseloff  ;


    - Pourquoi l’Algérie défend le statu quo au Sahara occidental, question à laquelle répond Akram Belkaid  ;


    - La jeunesse sahraouie révolutionne le discours politique marocain, par Omar Brouksy, qui présente les nouvelles revendications de la jeune génération  ;


    - une chronologie présentée par Khadija Mohsen-Finan, sous le titre : «  Conflit du Sahara occidental, de la guérilla au gel durable  »  ;


    - Le Sahara occidental : entre intégration et indépendance, une carte réalisée par Tanguy Pennec et Jean-Pierre Bat.

     

    Khadija Mohsen-Fina

    http://orientxxi.info/documents/dossiers/quarante-ans-de-conflit-au-sahara,0880

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