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NPA - Page 5

  • Liban : Les conséquences de la crise syrienne. La vie associative et syndicale (Essf)

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    Entretien. Nicolas Dot-Pouillard est chercheur principal au sein du programme européen Wafaw (When Authoritarianism fails in the Arab World, European Research Council). Pour nous, il revient sur la situation du Liban.

    Alain Pojolat – Quelles sont les implications de la crise syrienne sur le Liban ?

    Nicolas Dot-Pouillard – Il y a aujourd’hui plus de 1,5 million de réfugiés syriens au Liban, pour une population libanaise de 4,5 millions de personnes. Un chiffre qui croît depuis 2012. Le Liban fait face à une crise humanitaire, et à une crise politique. Officiellement, le gouvernement de Tammam Salam est partisan de la « dissociation » : le Liban ne devrait prendre parti ni pour le régime ni pour l’opposition syrienne, se contentant d’un rôle humanitaire. Concrètement, c’est la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, auprès de l’armée de Bachar el-Assad, qui divise les Libanais. Le Hezbollah, sa base communautaire, chiite, ainsi que ses alliés chrétiens, estiment que la présence du Hezbollah en Syrie permet de sécuriser les frontières contre l’afflux de combattants djihadistes au Liban. Les adversaires du Hezbollah, traditionnellement hostiles au régime syrien, exigent que le Hezbollah se retire de Syrie, lui reprochant son alliance avec l’Iran.

    Cette division du pays autour de la présence militaire du Hezbollah en Syrie s’ajoute à une situation très précaire sur les plans institutionnel, communautaires et économique : le pays est sans président depuis mai 2014. Les tensions communautaires, notamment entre sunnites et chiites libanais, sont le reflet de la polarisation régionale entre l’Arabie saoudite et l’Iran. La dette extérieure est supérieure à 36,4 milliards de dollars, faisant du Liban un pays sous dépendance, tandis que plus d’un million de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté.

    Le conflit avec Israël a t-il été relégué à l’arrière-plan ?

    Les tensions entre le Hezbollah et Israël sont continues. Le conflit syrien a donné une nouvelle dimension au conflit entre Israël et le Hezbollah : les affrontements se sont étendus, depuis 2012, au plateau syrien du Golan, où le Hezbollah est maintenant militairement présent. Il y a des pics réguliers de tension : Israël a mené plusieurs opérations contre des convois militaires du Hezbollah en Syrie, ou visé certains de ses dirigeants, comme Samir Qatar, tué dans un bombardement à Damas en décembre 2015.

    Et les réfugiés palestiniens ?

    Les camps sont soumis à une insécurité chronique, notamment en raison des combats entre le Fatah et des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda ou à Daech, comme à Ayn al-Helweh qui regroupe près de 75 000 réfugiés palestiniens au Liban. Ensuite, les camps souffrent aujourd’hui d’une réduction drastique des crédits de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Liban. Et cela dans un contexte où les effets de la crise syrienne pèsent sur les camps : plus de 40 000 réfugiés palestiniens de Syrie se sont installés dans les camps de réfugiés du Liban. Il y a donc, depuis plus d’un an, des mobilisations et manifestations régulières de réfugiés palestiniens dans les camps pour protester contre la baisse des crédits de l’UNRWA. Des jeunes Palestiniens, enfin, s’engouffrent dans les vagues migratoires à destination de l’Europe : certains d’entre eux sont morts en mer, aux côtés de Syriens, et parfois de Libanais.

    Y-a-t-il néanmoins des mouvements sociaux au Liban ?

    Le Liban n’est pas un désert politique. La vie associative et syndicale y est très forte. Les conflits sociaux sont nombreux. Le Liban reste marqué par les manifestations de l’été 2015 contre la « crise des ordures ». Au mois de juillet 2015, la centrale de traitement des déchets de Naameh ferme : les ordures s’accumulent dans le pays. C’est un désastre écologique, qui révèle l’incapacité de l’État libanais à assurer une simple mission de service public. Des manifestations de plusieurs dizaines de milliers de personne ont eu lieu dans le pays et la capitale, Beyrouth. Des collectifs comme « Vous puez » ou « Nous voulons des comptes » se sont mis en place. Les revendications ont débordé vers le politique et le social : d’une crise écologique, les manifestants s’en sont progressivement pris au « régime confessionnel » et aux grands partis dirigeants, qu’ils soient sunnites, chiites ou chrétiens. Ils ont mis en cause l’absence d’un système de sécurité sociale au Liban, la cherté de la vie, l’inflation, les coupures récurrentes d’électricité, le manque d’accès à l’eau courante, ou potable, dans certaines régions.

    Le mouvement social contre la crise des ordures a été précédé en 2013 et 2014 par une grande vague de mobilisations interconfessionnelles pour la hausse des salaires des fonctionnaires : le Comité de coordination syndicale (CCS), la Ligue des professeurs et la Fédération nationale des syndicats des ouvriers et employés du Liban (FENASOL) demandaient alors une hausse de 125 % des salaires du public – un chiffre correspondant à l’inflation depuis 1996, date à laquelle les salaires du public ont été « bloqués ».

    Les mouvements pour les droits des femmes ou pour le droit au mariage civil se sont imposés dans l’espace public. Enfin, les travailleurs et travailleuses « migrants » (éthiopiens, pakistanais, sri-lankais, etc.), sans droit sociaux, très précarisés, se sont organisés ces dernières années. Ils disposent désormais d’un syndicat, qui n’est pas encore reconnu par l’État, mais qui travaille avec la FENASOL.

    Est-ce qu’il y a encore une gauche libanaise ?

    Le Parti communiste libanais demeure une des premières organisations à gauche. Il a rajeuni sa direction lors de son onzième congrès d’avril 2016. Il a un nouveau secrétaire général, Hannah Gharib, populaire au Liban : il était le porte-parole du mouvement de grève de 2013 et 2014 et du Comité de coordination syndicale. Le PCL est présent aux élections municipales, et confirme son implantation historique dans des zones rurales de l’est et du sud du Liban. Son organisation de jeunesse, l’Union des jeunesses démocratiques libanaises (UJDL), a été très active dans le mouvement social de 2015.

    Néanmoins, la gauche libanaise, puissante dans les années 1970, pilier du Mouvement national libanais (MNL), proche des Palestiniens, est sortie exsangue de la guerre civile. Elle est divisée sur de nombreux sujets, dont la crise syrienne. Le Forum socialiste libanais – actif dans certaines luttes comme le soutien aux droits des migrants, aux réfugiés syriens ou sur les droits des femmes – est très hostile à la participation du Hezbollah aux combats en Syrie. Une position inverse à celle du PCL, pour qui le principal danger vient de l’hégémonie saoudienne dans la région. En dépit de ces divisions, des revues indépendantes comme Bidayat (Commencements) tentent de renouveler le socle intellectuel de la gauche libanaise.

    Qu’en est-il alors des élections municipales qui se tiennent tout au long du mois de mai ?

    D’abord, ce sont les premières élections municipales depuis 2010, dans un contexte où le Parlement n’a pas été renouvelé depuis 2009. Des listes issues de la « société civile », dans la continuité du mouvement de l’été 2015, se sont mises en place : Beyrouth Medinati (Beyrouth est ma ville), ou Muwatinoun (Citoyennes et citoyens dans un État), qui est plus marqué à gauche. Le taux de participation est bas, mais ces listes ont d’ores et déjà fait leur effet, avec de bons scores, notamment à Beyrouth : elles contestent les grandes forces politiques communautaires, et avancent des thématiques écologiques et sociales. C’est un phénomène inédit. , par DOT-POUILLARD Nicolas, POJOLAT Alain

    Propos recueillis par Alain Pojolat

     

    Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 337 (19/05/2016) :
    https://npa2009.org/idees/international/le-liban-nest-pas-un-desert-politique

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38013

  • Hollande en Égypte : du business avec un bourreau (NPA)

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    Après Manuel Valls en octobre dernier, c’est donc François Hollande qui a «  rendu visite  » au dictateur mégalomane égyptien Abdel-Fattah al-Sissi.

    Une visite qui, à en croire la presse, aurait été marquée par « l’omniprésence de la question des droits de l’homme ». On ne sait si l’on doit rire ou pleurer devant de telles absurdités. Car ce qui ressort de la visite de Hollande, qui était accompagné d’une trentaine de chefs d’entreprise français (sans doute pour parler des droits de l’homme), c’est avant tout la signature de nouveaux contrats avec le régime dictatorial de Sissi.

    Après les 24 Rafale et les deux frégates vendues à l’Égypte l’année dernière, ce sont donc de nouveaux marchés juteux qui ont été obtenus par Hollande, qui a lui-même expliqué que « ce qui est en jeu, ce sont les échanges, la croissance, le commerce, l’investissement, mais aussi la stabilité, la sécurité, le développement ». Voilà qui ne peut que ravir le régime de Sissi, qui n’en demandait pas tant, alors que depuis le sanglant coup d’État de juillet 2013, les rapports d’associations et d’ONG égyptiennes et internationales n’ont eu de cesse de dénoncer les pratiques autoritaires du maréchal devenu président.

    Nicolas Krameyer d’Amnesty international a rappelé à l’occasion de la visite de Hollande que « la répression en Égypte n’a jamais atteint les sommets actuels au cours des soixante dernières années [et qu’]elle peut être comparée à celle des anciennes dictatures militaires latino-américaines ».

    Depuis un an, on estime que ce sont environ une centaine de personnes qui « disparaissent » chaque mois, tandis que des dizaines de milliers d’opposants (réels ou supposés) ont été arrêtés depuis juillet 2013 et que la « justice » égyptienne, pour la seule année 2015, a prononcé 538 condamnations à mort lors de parodies de procès.

    Alors que la réprobation internationale contre le régime Sissi s’étend (l’Italie vient même de rappeler son ambassadeur au Caire), la France renforce son « partenariat économique et stratégique » avec le bourreau du peuple égyptien. Une ligne supplémentaire au lamentable CV de Hollande et de son gouvernement qui, non contents de mener une politique antisociale et répressive en France, se font les complices des assassins des soulèvements démocratiques de 2011 pour les seuls intérêts du capitalisme français.

    Julien Salingue

  • L’Etat islamique : Produit du chaos, synthèse du pire Islamistes et Baasistes (Essf)

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    Alors que souvent, la population des pays arabes est exhortée à choisir entre les deux termes d’une fausse alternative, dictatures tortionnaire ou islamiste, Daesh a réussi à créer une sorte de synthèse entre les deux. Une synthèse pour le pire.

    L’organisation est née par couches successives, entre 2005 et 2010, en l’Irak (alors occupée par les USA), en fusionnant d’un côté une fraction de l’ancien appareil policier et de renseignement du régime tortionnaire de Saddam Hussein, de l’autre des militants à l’idéologie salafiste djihadiste.

    Ceci n’est pas contradictoire : alors que le parti Baas, dont une branche était au pouvoir sous Saddam Hussein en Irak (et une autre l’est toujours en Syrie), se prétendait officiellement « laïque », notamment à des fins de propagande internationale, il avait déjà intégré de nombreux sous-officiers de tendance salafiste depuis le début des années 1990. En effet, lors de sa première confrontation militaire avec les USA, en 1990/91 autour de la question du Koweït, Saddam Hussein avait fait le choix stratégique d’en appeler à la mobilisation « islamique » pour gagner un soutien dans le monde arabe.

    Lors du début de son implantation dans des villes du « triangle sunnite » au centre de l’Irak, la future organisation Daesh s’est surtout illustrée par son travail de renseignement intense, exploitant toutes les failles de la société locale afin d’identifier ses adversaires potentiels, les victimes potentielles de chantage, et ses alliés.

    En termes d’idéologie, Daesh est conforme aux variantes djihadistes de l’islam politique, dans leurs formes les plus « pures », voire les plus caricaturales, réduisant la religion musulmane à un marqueur identitaire contre « les infidèles ». L’organisation pousse cependant l’idéologie à l’extrême, cherchant à anéantir physiquement les Yézidis dans le nord de l’Irak et réduisant les femmes en esclavage sexuel. Daesh tue des homosexuels en les jetant du haut des immeubles, publiant des vidéos sur internet, impose un code vestimentaire aux femmes, et pratique des flagellations.

    Une économie parasitaire

    L’organisation ne dispose d’aucun « modèle économique », se contentant de pratiquer une économie de guerre parasitaire, fondée sur le pillage (par exemple des banques irakiennes dans les villes conquises) et la contrebande, par exemples de pétrole. Le tout s’accompagne cependant, comme pour d’autres courants islamistes, d’appels contre la « corruption » et le « vice moral », termes appliqués aux prix usuriers chez les commerçants, et d’un appel aux riches à pratiquer l’aumône.

    Une des bases du (relatif) succès de Daesh réside dans sa prétention à incarner une violence légitimée par le fait qu’elle serait une juste réponse à celle des pays dominants, présentés non pas comme impérialistes mais comme « croisés ». L’organisation pratique une mise en scène spectaculaire de l’extrême violence, mais la glisse parfois dans un habillage qui est censé faire allusion à la violence de ses ennemis. Des prisonniers égorgés étaient ainsi habillés en orange, pour évoquer l’habit des détenus de Guantánamo ; un pilote jordanien a été brûlé vif dans une cage, prétendument pour symboliser l’équivalence de l’incendie de bâtiments bombardés.

    Daesh se nourrit en partie de la violence réelle des interventions impérialistes, tout comme le groupe bénéficie du chaos politique créé en Irak, dont les USA partagent la responsabilité avec la dictature antérieure. Les ennemis de nos ennemis n’étant pas forcément nos amis, loin s’en faut, cette organisation constitue pour nous un ennemi mortel avec ses pratiques et son projet de société. Mais nous ne pouvons nous opposer à elle que dans une totale indépendance vis-à-vis de « notre » impérialisme...

    Bertold du Ryon

    « Etat islamique  : Produit du chaos, synthèse du pire ». Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 330 (31/03/2016) :
    https://npa2009.org/etat-islamique-produit-du-chaos-synthese-du-pire

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37585

     

  • Libye : le chaos libéral et impérialiste (Npa)

     

    Dans The Atlantic le 10 mars, Barack Obama désavoue la coalition conduite par la France et la Grande-Bretagne qui a commencé, en 2011, l’intervention en Libye ; celle-ci aboutissant, après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, à la désagrégation du pays. « La Libye est plongée dans le chaos », constate Obama. Selon lui, Sarkozy « voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne alors que nous avions détruit toutes les défenses anti-aériennes » . Une juste appréciation de l’aventurisme politicien de la politique de la France sous Sarkozy et que Hollande poursuit avec zèle.

    Mais Obama claironne aussi pour tenter de masquer le rôle des USA dans la désagrégation de tout le Moyen Orient. Il se dit « fier » d’avoir renoncé à frapper le régime syrien de Bachar al-Assad il y a près de trois ans, lorsque ce dernier avait franchi une « ligne rouge » avec une attaque chimique, à l’été 2013. Satisfait de lui-même, Obama veut masquer ses responsabilités en Irak, en Afghanistan, et aussi en Syrie où il a laissé la dictature écraser la révolte populaire, ou en Égypte où il accorde son soutien à l’armée qui fait régner la terreur.

    En voulant étouffer voire écraser les révolutions arabes, la politique des grandes puissances sous la direction des USA a engendré sur tout le Moyen-Orient le chaos qui a nourri Daesh. 5 ans après l’intervention franco-britannique, ce dossier revient sur ce processus au sein duquel la Libye occupe une place particulière. Là comme dans tout le Moyen-Orient, la révolte des peuples reste bien vivante.

    Libye : Il y a cinq ans débutait l’intervention...

    Cela va faire tout juste cinq ans que l’intervention militaire franco-britannique en Libye a commencé, débutée le 19 mars 2011 et justifiée par la résolution numéro 1973 des Nations unies adoptée le 16 mars 2011 qui légitimait « le recours à la force » contre le régime de Kadhafi. 

     

    Libye : Un espoir qui persiste

    Beaucoup ont vu dans la chute de Kadhafi, une simple opération de l’impérialisme, occultant pourtant un fait majeur : la mobilisation massive des populations contre une dictature.

     

    Libye : Stopper la nouvelle catastrophe

    L’intervention militaire française en Libye a déjà commencé avec l’envoi des forces spéciales ayant pour mission le renseignement et l’identification des cibles pour les frappes aériennes futures.

     
     
     
    Lire aussi:
     
    Patriarcat, femme
    Déclaration sur la situation en Libye, les droits des femmes et la charia

    , par Femmes sous lois musulmanes

    Déclaration du Réseau international de solidarité Femmes sous lois musulmanes (WLUML) sur la situation en Libye
    25 Octobre 2011
    WLUML s’inquiète du fait que le premier acte public du Comité national de transition de Libye a été de proclamer, le 23 octobre 2011, l’annulation d’un certain nombre de (...)

     
  • Syrie : Les révolutionnaires syriens toujours debout ! (Npa)


     

    Le vendredi 4 mars, des manifestations populaires massives ont eu lieu à travers les zones libérées de la Syrie sous le slogan « La révolution continue »1. Plus de 100 manifestations ont été enregistrées ce jour-là du nord au sud du pays.

    L’esprit du début de la révolution se retrouvait dans les slogans et chants démocratiques et non confessionnels comme « Le peuple syrien est un et uni », ou comme un manifestant l’a écrit sur une pancarte, « les portes de la révolution pacifique s’ouvrent à nouveau ». Le drapeau révolutionnaire syrien était brandi partout. Il faut souligner que les forces salafistes djihadistes et leurs symboles étaient absentes de ces manifestations, tandis que les soldats de Jabhat al-Nusra ont organisé une contre-manifestation plus petite dans la ville de Ma’aret al-Naaman près d’Idlib, et scandaient des slogans contre la démocratie et la laïcité et pour un État islamique.

    Ces mobilisations surviennent une semaine après un cessez-le feu négocié par les États-Unis et la Russie, qui a ralenti le rythme des hostilités mais sans les stopper. Les forces du régime d’Assad et ses alliés ont continué à bombarder et attaquer des zones tenues par l’opposition, alors même que les forces de l’État islamique et de Jabhat al-Nusra, non incluses dans la trêve, n’y sont pas présentes. Selon diverses sources, il y a eu plus de 180 violations du cessez-le-feu par les forces du régime et de l’opposition… dans les cinq premiers jours de la trêve entrée en vigueur le 27 février. La majorité de ces violations ont néanmoins été commises par les forces du régime. 135 personnes ont été tuées, dont 32 civils, dans les régions couvertes par la trêve, et 552 personnes dans les autres zones.

    Assad doit partir !

    L’Organisation des Nations unies a déclaré que le prochain cycle de « négociations de paix » devrait reprendre à Genève le 10 mars, malgré les réticences de l’opposition qui, se plaignant des nombreuses violations du cessez-le-feu, doit encore confirmer sa participation. Celle-ci réclame aussi la libération des prisonniers et l’acheminement de l’aide humanitaire, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. Son médiateur, S. de Mistura, a rappelé que «  l’ordre du jour du processus est clair : premièrement des négociations en vue d’un nouveau gouvernement, deuxièmement une nouvelle Constitution, et troisièmement des élections parlementaires et présidentielle dans un délai de 18 mois ». En réalité, un départ d’Assad semble encore bien loin, alors qu’aucun changement du régime autoritaire, notamment de ses forces de sécurité, n’est à l’ordre du jour…

    Les nombreuses manifestations populaires de la semaine dernière, dans un pays autant écrasé par les bombes et la répression, sont impressionnantes. Elles ont montré que les Syriens libres sont prêts à saisir toutes les occasions, même un répit partiel des frappes aériennes, pour réitérer leurs revendications et proclamer les objectifs de la révolution. Leurs slogans démocratiques et non confessionnels rappellent au monde entier, une fois encore, qu’il existe une alternative au régime d’Assad et aux forces salafistes djihadistes, les deux acteurs de la contre- révolution et les deux perdants de ces mobilisations. L’alternative, ce sont ces centaines de milliers de Syriens et de Syriennes libres. Comme scandé par les révolutionnaires, « cinq ans après le début de la révolution, le peuple veut toujours la chute du régime ».

    La solidarité internationale de la société civile, qui fait tant défaut au peuple syrien, est plus que jamais nécessaire ! publié dans 14 mars 2016

    Joseph Daher

     

  • USA, Russie, Syrie : La guerre contre le peuple continue (Essf)

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    Alors que Washington et Moscou poussent à la mise en place d’un prétendu cessez-le-feu, la Syrie a connu une nouvelle semaine meurtrière à l’initiative des différentes forces contre-révolutionnaires.

    L’étau du régime d’Assad et de ses alliés continue de se resserrer sur les zones libérées d’Alep et d’autres régions, pendant que le pouvoir turc mène sa guerre contre les Kurdes et que Daesh continue ses exactions.

    Alep sous le feu des attaques du régime et ses alliés

    La trêve censée entrer en vigueur le 19 février suite à un accord international parrainé par Moscou et Washington a été complètement ignorée, en premier lieu par le régime de Damas et ses alliés. Dans la province d’Alep, les forces d’Assad, du Hezbollah et des milices chiites soutenues par l’Iran, continuent d’avancer avec l’aide des bombardements écrasants de l’aviation russe. Des organisations populaires tentent d’acheminer de l’aide aux régions libérées d’Alep avant que ces dernières, comme d’autres, ne soient complètement isolées.

    Les discussions entre les États-Unis et la Russie pour parvenir à un accord provisoire de cessez-le-feu semblent donc bien illusoires pour les populations locales… D’autant plus que le dictateur Assad a déclaré le 20 février que les conditions d’un cessez-le feu sont que les «  terroristes  » n’utilisent pas cette «  accalmie  » pour poursuivre leur lutte et qu’ils n’aient plus aucun soutien extérieur. Mais depuis le début du soulèvement, le régime de Damas considère toutes les personnes qui luttent contre lui comme des «  terroristes  » !

    La Turquie, le PYD et l’opposition syrienne

    En même temps, le gouvernement turc de l’AKP continue de bombarder au nord dans les provinces d’Alep et d’Afrin les zones contrôlées par les YPG/PYD et certaines brigades de l’ASL, alliées dans les Forces démocratiques syriennes (FDS) [1], faisant des victimes civiles et des dizaines de blessés. Erdogan refuse de voir s’étendre les forces militaires kurdes tout au long de sa frontière. Celles-ci se sont en effet emparées de localités qui étaient contrôlées par des brigades d’islamistes et de l’ASL dans le nord de la province d’Alep, non loin de la frontière turque.

    Drames de plus dans cette situation, le PYD et la Coalition nationale syrienne trouvent des éléments pour s’accuser mutuellement de collaborer avec les oppresseurs des populations locales, ou de rester muets face à leurs exactions  : certains impérialismes occidentaux, Turquie et monarchies du Golfe pour les uns, régime d’Assad, Russie, Etats-Unis et pouvoirs fondamentalistes chiites pour les autres. Les politiques de leadership de ces deux entités devront bien être remises en cause pour pouvoir réaliser à la base l’unité des peuples de Syrie, notamment arabes et kurdes, sur la base d’un programme démocratique et inclusif, ainsi que pour faire face aux contre-révolutions du régime Assad, des forces islamistes fondamentalistes, et de l’impérialisme des grandes puissances.

    Les attentats meurtriers de Daesh

    Plus de 150 personnes ont été tuées dans une série d’attentats revendiqués par les djihadistes de Daesh dans des zones tenues par le régime dimanche 21 février. Le quartier de Zahra dans la ville de Homs et le quartier chiite de Sayeda Zeinab à Damas ont été frappés par des attentats sanglants provoquant respectivement la mort de 59 et 120 personnes, en plus des centaines de blessés. Daesh continue aussi à harceler des forces de l’ASL dans la province d’Alep, qui sont affaiblies par les attaques du régime et les bombardements russes. La barbarie de Daesh et du régime de Assad sont toujours les deux faces d’une même pièce  !

    Mélenchon, la trahison d’un peuple en lutte

    En France, Jean-Luc Mélenchon a apporté son soutien à l’intervention militaire russe  : «  Je pense que Vladimir Poutine va régler le problème  » et qu’«  il faut rétablir l’ordre et l’ordre passe par le fait que l’on élimine Daesh de là  ». Il a également ajouté que «  les rebelles civilisés sont en ultra-minorité  »… On ne peut qu’être consternés que Mélenchon apporte ainsi son soutien à un ordre dictatorial et criminel, et méprise à ce point le peuple syrien en assimilant la grande majorité d’une population qui lutte ensemble avec ses multiples composantes pour ses libertés, aux forces fondamentalistes de Daesh et de Jabhat al-Nusra.

    Pour nous, l’internationalisme c’est d’abord l’arrêt de tous les bombardements et sièges des villes, l’aide aux populations civiles sur place et en exil, la libération des prisonniers politiques, et une solution politique qui implique la liberté et la justice en Syrie comme en Turquie.

    Joseph Daher* « Syrie : La guerre contre le peuple continue ». Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 325 (25/02/2016) :
    https://npa2009.org/actualite/international/syrie-la-guerre-contre-le-peuple-continue

    Notes

    [1Le mouvement armé des Forces démocratiques syriennes (FDS) est très largement dominé par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) crées par le PYD, correspondant du PKK en Syrie. Le FDS est composé de groupes kurdes, syriaques et de brigades de l’ASL (comme l’armée des révolutionnaires «  Jaysh al-thuwar  »). Il a été créé en octobre 2015 pour fournir une couverture juridique et politique pour un soutien militaire américain au PYD en Syrie. Les États-Unis ont décidé depuis cet été de soutenir le PYD, après leur échec à former des bataillions de l’ASL uniquement prêts à combattre Daesh. L’administration Obama considère le PYD comme l’acteur le plus apte à combattre cet ennemi pour eux principal. Ils espèrent que d’autres groupes de l’ASL rejoindront le FDS, mais les politiques du PYD, notamment de non-conflit avec le régime Assad, de soutien tacite à l’intervention russe en Syrie, et parfois des exactions commises contre des civils arabes, empêchent un lien de confiance de s’établir.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37306

  • Affiche du NPA-Jeunes

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  • De 1948 à aujourd’hui : la colonisation à tombeau ouvert (Npa)

    1948

    La création d’Israël, l’expulsion des Arabes

    Quel serait le sort de la Palestine après le départ des Anglais programmé pour 1947 ? La direction sioniste refusa tout projet d’un Etat binational démocratique, accepta la proposition d’un partage pour obtenir une base territoriale propre, et construisit une armée pour non seulement défendre, mais étendre ce territoire et en chasser le plus grand nombre possible d’Arabes. David Ben Gourion, qui allait devenir le premier dirigeant de l’Etat d’Israël, écrivait ainsi dès 1937, dans une lettre à l’un de ses fils : « les Arabes doivent partir, mais nous avons besoin d’un moment favorable pour que cela arrive, par exemple une guerre. »

    Cette guerre désirée a démarré avant l’intervention des armées arabes. Dès mars 1948, des centaines de villages arabes et des quartiers arabes de villes comme Haïfa ou Tibériade furent attaqués par les 90 000 hommes de la Haganah, la population regroupée, des hommes exécutés, le reste chassé sur les routes, les maisons détruites ou appropriées. A Deir Yassine, un village près de Jérusalem, c’est toute la population qui fut massacrée. Le mouvement sioniste planifia cette vaste purification ethnique, à la faveur d’un climat de terreur, parce qu’il ne voulait pas accepter un Etat où les Arabes auraient représenté 40 % de la population (1 million d’Arabes, 1,5 million de Juifs selon le plan de partage de l’ONU).

    Le 15 mai, Ben Gourion proclamait l’Etat d’Israël. Ni bien armés ni bien organisés, les Palestiniens devaient compter sur « l’aide » des armées égyptienne, syrienne et jordanienne… qui n’intervinrent qu’a minima. Pire, le roi de Jordanie avait déjà négocié avec le gouvernement sioniste un partage de la Palestine, qui lui livrait Jérusalem-est et la Cisjordanie.  

    Six mois plus tard les combats cessaient. Le résultat était cette Naqba, « la catastrophe », dont parlent les Palestiniens. La création d’un Etat israélien colonialiste et militariste. Aucun droit national pour les Arabes de Palestine. 800 000 d’entre eux chassés de leurs terres et réduits à la condition de réfugiés misérables.

    1950

    Israël, Etat des Juifs du monde entier, pas des Arabes israéliens

    Israël devait être « l’Etat des Juifs ». Le parlement vota la « loi du retour » qui donnait à tout Juif vivant dans le monde le droit de devenir citoyen d’Israël. Au passage, la définition du « Juif » était fondée sur des critères religieux : l’Etat laïc d’Israël gouverné par une gauche ouvertement athée confiait les clefs de l’état-civil et de la nationalité aux religieux, avec l’influence qui irait avec.

    Les 160 000 Arabes restés sur le territoire du nouvel Etat eurent droit pour leur part à la prolongation du régime militaire instauré à l’époque du mandat colonial par les Britanniques : ni libertés ni citoyenneté pleine et entière, impossibilité d’acheter des terres, droit pour le gouvernement de confisquer leurs terres pour les revendre à des Juifs, arbitraire militaire à leur égard. Jusqu’en 1966. Et nul « retour » pour les expulsés de 1948…

    1956

    Une guerre politiquement décisive

    Israël attaqua l’Egypte aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne et envahit le Sinaï. L’URSS et les Etats-Unis firent pression pour arrêter le conflit. L’enjeu fut finalement plus politique que militaire : Israël manifestait sa disponibilité pour être l’allié de l’impérialisme dans la région, contre les peuples arabes. Israël assumait aussi, cyniquement, une rupture profonde avec le monde arabe, qui rendrait plus difficile la vie des Juifs du Maroc à l’Irak… et accélérerait donc leur émigration vers Israël.

    Un million de Juifs de langue arabe immigreront en Israël les deux décennies suivantes. Ces « Mizrahim » étaient assez juifs pour peupler Israël mais trop arabes pour être les égaux des fondateurs venus d’Europe. Ils seront méprisés et surexploités, jusqu’à maintenant. Ben Gourion disait des immigrants juifs marocains : « des poussières humaines, sans langue ni éducation, racines, traditions ou rêve national », qu’il faudrait « remodeler ». Une sorte de colonisation à l’intérieur même de la communauté juive…

    1966

    La fausse émancipation des Arabes d’Israël

    Le gouvernement leva enfin le régime militaire qui pesait sur eux. Ils reçurent une carte d’identité nationale israélienne. Mais sur celle-ci, leur nationalité était dite « arabe ». La majorité des Israéliens sont « juifs »... Il n’y a pas en effet de « nationalité israélienne ». Tout un symbole de ce que l’avenir réservait en fait de discriminations.

    Les villages et quartiers arabes ne bénéficieront jamais des mêmes équipements, écoles, centres de santé. Les Arabes n’ont pas les nombreux droits sociaux conditionnés au fait d’avoir fait son service militaire… qu’ils ne peuvent pas faire. Et les réquisitions de terres continueront. Aujourd’hui, les Arabes sont 17 % de la population et ne possèdent que 2 % des terres du pays.

    1967

    Le grand Israël ?

    Le 5 juin 1967, l’armée israélienne déclencha une guerre éclair et écrasa en six jours les armées jordanienne, syrienne et égyptienne. Le Sinaï et le plateau du Golan furent occupés, et surtout la bande de Gaza et la Cisjordanie. Le gouvernement israélien triomphait : c’était en quelque sorte le rêve du « Grand Israël » cher aux fondateurs qui se réalisait.

    Mais que faire de ces territoires occupés ? Et de sa population arabe ? Les choix du parti travailliste, alors encore largement hégémonique, furent déterminants pour l’avenir. En réalité Israël n’arriva pas à trancher. Les Arabes, contrairement à ce qui s’était passé en 1948, n’étaient pas massivement « partis ». Le gouvernement n’osa pas les expulser. Il n’osa pas non plus annexer purement et simplement les nouveaux territoires occupés. D’ailleurs Ben Gourion, à la retraite, conseilla pour sa part de les rendre, non par respect des droits nationaux des Palestiniens, on s’en doute, mais parce qu’annexer ces territoires sans en expulser ses habitants menacerait démographiquement la nature juive de l’Etat d’Israël.

    La « gauche », l’armée, la majorité des Israéliens n’étaient pas pour autant capables de renoncer à leur conquête. Jérusalem-Est fut annexée (la ville deviendra « capitale éternelle et indivisible d’Israël » en 1980) et d’année en année, un mouvement de plus en plus puissant de colonisation reprit de ce côté de l’ancienne frontière. Les pionniers qui reprenaient ainsi les vieilles méthodes des premiers colons sionistes étaient souvent des fanatiques religieux, qui se regroupèrent dans le Goush Emounim, le « Bloc de la Foi ». Ils s’installaient sur des collines, chassaient les Arabes, puis après s’être fait plus ou moins gronder par les autorités d’Israël, se faisaient vite protéger par l’armée contre la colère des Palestiniens.

    La colonisation de la Cisjordanie commença sous la « gauche » travailliste, qui soit la favorisait, soit ne voulait pas politiquement l’affronter. Il est vrai que le sionisme en général, même s’il était dominé par des athées et des laïcs, a toujours eu des relations coupables – instrumentales – avec le fanatisme religieux. Comme le disait le président de la LDH israélienne à la fin des années 1960, « il y a des sionistes qui ne croient pas que Dieu existe, mais les mêmes vous diront que c’est Dieu qui a donné la terre au peuple juif ».

    C’est ainsi que les religieux, à côté de l’armée, sont devenus l’aile marchante de l’expansion coloniale d’Israël. Alors même que leurs entreprises (qui parfois tournent carrément au massacre de Palestiniens ou à d’infâmes provocations religieuses) entraînent toujours davantage l’ensemble des Israéliens dans une spirale de guerre sans fin, ils peuvent se présenter comme les nouveaux héros du sionisme. C’est ce qui a assuré leur emprise grandissante sur la société israélienne.

    Aujourd’hui, il y  a plus de 500 000 colons dans les territoires occupés. 200 000 sont installés à Jérusalem-est, encerclant la vieille ville arabe. Des territoires palestiniens ont été inclus dans le « Grand Jérusalem » et transformés en zone de peuplement juif. Dans leurs quartiers les ultra-orthodoxes juifs, qui la considèrent comme « leur ville », donnent la chasse aux homosexuels et aux femmes « impudiques » ; ils multiplient aussi les implantations dans la vieille ville arabe et certains d’entre eux rêvent de « rebâtir le Temple » sur l’esplanade des mosquées. La ville « unifiée » et annexée de Jérusalem compte désormais 700 000 habitants, dont 500 000 Juifs.

    1973

    La guerre du Kippour : l’ombre d’un doute ?

    L’Egypte et la Syrie déclenchèrent une offensive en octobre 1973. Surprise, l’armée israélienne dut reculer, puis mit quinze jours pour reprendre le terrain perdu dans le Sinaï et dans le Golan, au prix de nombreux morts.

    La confiance de l’opinion israélienne en son gouvernement et sa capacité à toujours l’emporter militairement en sortait ébranlée. Fallait-il continuer la politique de la chef du gouvernement, Golda Meir, qui ne jurait que par la force et déclarait sans complexe : « les Palestiniens cela n’existe pas. Les Palestiniens c’est nous les Juifs » ? Mais le doute n’était pas permis pour l’écrasante majorité des forces politiques israéliennes. Puisque la force ne suffisait pas, il fallait plus de force ! Six ans plus tard Israël faisait la paix avec l’Egypte mais resserrait encore son emprise sur les Palestiniens et renforçait son appareil militaire.

    1982

    L’invasion du Liban

    Menahem Begin, premier des premiers ministres de droite et son ministre de la défense, Ariel Sharon, décidèrent d’envahir le Liban. L’armée y tua des dizaines de milliers de Libanais et Palestiniens, écrasa Beyrouth sous les bombes et détruisit le quartier général de l’OLP. Le 16 septembre, ses alliés, les milices chrétiennes libanaises, massacrèrent 3 000 hommes, femmes et enfants dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila. Ariel Sharon  et l’état-major israélien couvraient et aidaient l’opération.

    Cette fois, des dizaines de milliers d’Israéliens (juifs et arabes), écœurés, manifestèrent à Tel-Aviv pour dire leur honte et leur colère. Ce fut le vrai point de départ d’un « camp de la paix » en Israël. Mais le poids écrasant du nationalisme et la complicité de la « gauche » qui ne voulait pas critiquer l’armée (ses dirigeants ont eux-mêmes beaucoup de sang sur les mains), ont fait que ni Sharon ni aucun officier n’eut jamais à rendre des comptes.

    1987 

    La Première Intifada

    En décembre 1987, alors que l’agitation montait dans les territoires occupés, avec grèves, manifestations, affrontements sporadiques, un camion israélien écrasa quatre ouvriers palestiniens. Ce fut le signal d’un soulèvement général. Les différents groupes de la résistance palestinienne prirent le contrôle de villages et de quartiers, s’attaquèrent à des positions militaires. Mais surtout, jour après jour, la jeunesse palestinienne affronta l’armée, pierres contre tanks.

    Le ministre de la défense (et futur prix Nobel de la Paix,) le travailliste Yitzhak Rabin, donna pour consigne à ses troupes : « brisez-leur les os ! » Ce n’était pas une métaphore. Plus d’un millier de Palestiniens furent tués, des milliers torturés, des dizaines de milliers emprisonnés. Mais aux yeux du monde, la révolte des pierres démystifia largement Israël et rendit enfin visible le peuple palestinien et ses droits nationaux bafoués. Elle provoqua une crise politique et pour ainsi dire morale dans le consensus sioniste. Elle ne chassa pas l’occupant mais aurait pu, aurait dû créer de nouvelles possibilités historiques.

    1993

    L’illusion – et la duperie – d’Oslo

    Le 13 septembre 1993, sous le parrainage de Bill Clinton, Yasser Arafat et Yitzhak Rabin se serraient la main devant la Maison Blanche pour entériner des accords négociés à Oslo.

    Le gouvernement Rabin, tout en devant tenir compte des exigences (limitées) du grand parrain américain, cherchait à transformer son mode de domination des Palestiniens. Un peuple qui venait de prouver sa détermination, mais dont la principale organisation nationale, l’OLP, affaiblie, était peut-être disposée à se laisser domestiquer, voire acheter d’une certaine façon. Les dirigeants israéliens ne cherchaient aucunement à rendre possible une paix fondée sur la constitution d’un véritable Etat palestinien indépendant. Ils voulaient résoudre le dilemme de ces territoires occupés qu’ils ne voulaient ni annexer ni décoloniser, en y offrant à l’OLP la sous-traitance de la gestion de la misère et de la « sécurité », quitte à lui accorder les apparences plus ou moins dérisoires d’un embryon d’Etat.

    La preuve en est qu’après les accords d’Oslo, la situation réelle des Palestiniens ne changea guère. La domination économique israélienne continua, l’implantation des colonies ne fut même pas ralentie. On passa de 200 000 à 400 000 colons en Cisjordanie entre 1993 et 2000. On allait tout droit vers un bantoustan palestinien, à l’image des Etats fantômes inventés par le régime d’apartheid en Afrique du sud.

    Pas de paix sans justice : la deuxième Intifada commençait en septembre 2000.

    2001

    La deuxième Intifada et l’arrivée au pouvoir de Sharon

    Ce nouveau soulèvement du peuple palestinien n’eut pourtant pas les mêmes répercussions idéologiques sur la société israélienne que la première. De multiples raisons peuvent l’expliquer, mais l’une d’entre elles doit être soulignée : le parti travailliste (un des grands partis historiques du sionisme, celui qui dirigea le plus longtemps Israël et qui parraina les premières grandes étapes de la colonisation) avait fait cette fois le sale boulot de décourager la population tentée par la recherche de la paix par des concessions et la reconnaissance du droit des Palestiniens à avoir un Etat

     Rabin lui-même avait laissé la bride sur le cou à la colonisation. Cependant, la haine que lui portait la droite israélienne conduisit à son assassinat en 1995 par un fanatique religieux juif. Son gouvernement ne saisit pas l’occasion de casser les reins de l’extrême droite. Au contraire, le premier ministre Ehud Barak s’ingénia à offrir à l’OLP des « conditions de paix » – la dite « offre généreuse » de 2000 – inacceptables et faites pour ne pas être acceptées. Ce gouvernement expliqua alors aux Israéliens qu’il s’était trompé, que les attentats qui se multipliaient prouvaient bien que les Palestiniens ne voulaient pas la paix, qu’Israël « n’avait plus de partenaire pour la paix », qu’il fallait décidément protéger les colonies en Cisjordanie, construire un mur et bombarder sans retenue de l’autre côté.

    2015

    La guerre permanente

    Il était logique alors que celui qui incarnait le mieux une telle politique devienne le nouvel homme fort du pays. En 2001, Ariel Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, était triomphalement élu premier ministre. Depuis  la société israélienne, gangrénée et façonnée par son entreprise coloniale, de massacres en bombardements de Gaza, n’a cessé de tomber toujours plus sous l’emprise des pires forces réactionnaires et racistes. Nouvelles colonies et blocus de Gaza, révoltes palestiniennes, répression de plus en plus barbare : la politique d’Israël est désormais celle de la guerre permanente.

    Yann Cézard

     
  • Allié privilégié de Hollande, le régime saoudien assassine ! (Npa)

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    L'Arabie Saoudite vient d'exécuter par balles ou par décapitation quarante-sept hommes ce 2 janvier dans différentes villes du pays.

    Ils étaient condamnés pour « terrorisme », un qualificatif si flou qu'il peut s'appliquer à toutes celles et ceux dont les idées ou les actes s’opposent au régime.

    Parmi les condamnés figurent plusieurs militants de l'opposition, notoirement actifs lors du soulèvement populaire initié en 2011. C'est ainsi que Nimr Baqer Al Nimr, qui avait pris la tête du soulèvement de la province orientale, et avait tenu des propos virulents contre les dictateurs de la région, avec en tête les Al Saoud, Al Khafila et Al Assad, a été exécuté.

    Le NPA dénonce cette nouvelle série d'exécutions perpétrée par le régime du souverain soi-disant « réformateur ».  Toutes les condamnations à morts prononcées par les tribunaux saoudiens doivent être annulées, les accusés doivent avoir droit à des procès publics et équitables.

    Nous ne sommes pas dupes de l'hypocrisie des dirigeants iraniens qui protestent bruyamment mais utilisent de la même façon les condamnations à mort pour faire taire leurs propres opposants. Mais nous dénonçons particulièrement celle du gouvernement français qui s'est contenté de « déplorer » ces peines capitales, alors que depuis la visite de Hollande à Ryad en mai dernier et la tenue de la commission jointe franco-saoudienne, c'est un permis de tuer qui a été délivré par la France, avec à la clé des promesses de ventes pour au moins 20 milliards d'euros en jeu : hélicoptères Air Bus H 145, patrouilleurs maritimes, centrales nucléaires EPR, accords sur la formation à la sûreté nucléaire et le traitement de déchets…

    En exacerbant les tensions au Moyen Orient, l’Arabie Saoudite apporte une nouvelle preuve du cynisme des politiques extérieures de la France et des USA qui sont ses alliés privilégiés. Loin d’être un rempart au terrorisme djihadiste, les régimes dictatoriaux et théocratiques ont contribué à sa formation, et leurs exactions le renforce !

    Le NPA apporte son soutien aux manifestants de Bahrein qui, en solidarité avec les victimes du régime saoudien, occupent les rues de plusieurs villes depuis deux jours, et s’opposent à la répression qui les vise.

    Il apporte son soutien à tous les opposants au régime des Al Saoud qui se battent pour la démocratie, la justice sociale et réclament « le renversement du régime ».

    Montreuil, le 4 janvier 2015

    https://npa2009.org/communique/allie-privilegie-de-hollande-le-regime-saoudien-assassine

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    https://npa2009.org/actualite/international/notre-ami-le-roi