«Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances... », est-il écrit dans le préambule de la Charte des Nations unies signée le 26 juin 1945 à San Francisco... quelques semaines avant les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki.
Ces louables déclarations d’intention indiquent un des objectifs de la fondation de l’ONU : répondre aux aspirations des peuples à la paix. Les classes dominantes et les États déconsidérés avaient besoin de recréer la confiance face à ce qu’ils pensaient être la menace du communisme, de la révolution. Dans le même temps, il s’agissait pour la puissance dominante qui avait affirmé son leadership à travers la guerre, de se donner les moyens politiques, avec ses alliés, d’assurer sa domination.
Le monde n’était pas pour autant entré dans une marche tranquille vers la paix. Celle-ci n’est, dans le monde capitaliste, que la gestion d’un rapport de forces dans lequel les armes diplomatiques ne valent guère, si elles ne sont pas fondées sur des armes matérielles bien réelles... Le droit international est en fait la codification de ce rapport de forces écrit par les puissances dominantes.
L’intervention des peuples, les révolutions coloniales – Vietnam, Palestine, Cuba, Algérie... – ont bousculé le jeu des grandes puissances. Les luttes d’émancipation nationale ont fait passer le nombre d’États membres de 51 États fondateurs à 193. L’émergence des peuples a rendu de plus en plus difficile le maintien de l’ordre mondial impérialiste. L’URSS s’est effondrée, et les USA ont vu leur prédominance s’affaiblir devant les pays émergents.
La « coexistence pacifique » d’hier, accord tacite entre les USA et l’URSS, a aujourd’hui cédé la place à un monde éclaté. Cadre de cette coexistence, l’ONU n’a plus pour fonction que de légitimer les interventions menées ou commanditées par les USA. L’Otan est devenue l’instrument militaro-diplomatique prépondérant pour maintenir leur ordre mondial. La non-ingérence dans les affaires intérieures des États, censée être un principe de base de l’ONU, est aujourd’hui constamment transgressée. Avec la mondialisation, l’essentiel des tensions internationales dérive des formidables contradictions engendrées par l’offensive du capital et la concurrence internationale, ainsi que par les interventions des grandes puissances qui créent une situation de chaos au Moyen-Orient, en Afrique ou en Ukraine. L’instabilité, l’insécurité, la pauvreté, les inégalités croissantes, la précarité sanitaire, engendrent des tensions internes et déstabilisent les États.
Les ambitions initiales, « favoriser le progrès économique et social de tous les peuples », sont restées des mots creux. L’ONU a été tout aussi incapable d’assurer « le développement humain » que la paix ou aujourd’hui la lutte contre le réchauffement climatique. Cadre politique de la mise en œuvre de la volonté des grandes puissances au service des multinationales qui ont mis le monde en coupe réglée, l’ONU a perdu tout rôle réel si ce n’est de continuer à tenter de donner une légitimité à une politique qui accentue de façon dramatique les inégalités, et engendre le chaos et la guerre.
Yvan Lemaitre
Aux origines, la Société des Nations
Lénine appelait la SDN la « caverne des brigands ». Elle a pourtant fait illusion...
Le projet avait été avancé par le président des États-Unis Wilson pour une « paix juste et équitable » en janvier 1918. Le plan en « 14 points » prétendait refonder les relations internationales autour de quelques principes, comme la fin de la diplomatie secrète, le désarmement, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la liberté de commerce et l’établissement d’une Société des Nations susceptible de garantir la paix par l’arbitrage international, et la mise en place d’un système de sécurité collective.
Souvent qualifié d’idéaliste tout en n’ayant pas hésité un instant à intervenir contre le Mexique insurgé quelques années plus tôt, Wilson devait faire face en ce début d’année 1918 à une situation incertaine : les États-Unis venaient juste d’entrer effectivement en guerre, et l’Allemagne, libérée sur le front oriental par la révolution russe, avait encore les moyens de négocier une paix honorable. Il fallait également contrer la propagande des bolcheviks sur la paix et le droit des peuples.
Les « 14 points » étaient truffés de contradictions, mais ils furent de toute façon jetés aux oubliettes. Après novembre 1918, le droit des vainqueurs s’imposa en écrasant les vaincus (« Le boche paiera » dixit Clemenceau), avec sa diplomatie secrète accouchant de nombreux traités, dont celui de Versailles redécoupant en fonction des intérêts des grandes puissances et des rapports de forces les territoires, en Europe mais aussi au Moyen-Orient. Une majorité républicaine élue en 1920 aux États-Unis, partisane d’un retour à l’isolationnisme, décida d’arrêter les frais. La SDN voulue par Wilson eut bien du mal à s’en remettre.
Vers une nouvelle guerre impérialiste
On a souvent pointé la faiblesse de la SDN à cause de ses problèmes de fonctionnement. C’est évidemment une illusion. Il fallait certes l’unanimité pour la prise de décision (mais est-ce différent du droit de veto appliqué pour l’ONU ?). En dehors de cela, les dispositifs étaient fondamentalement les mêmes, puisque le « pacte de la SDN » adopté en 1919 prévoyait explicitement la possibilité de mettre en place une force internationale.
En fait, la SDN suivit les aléas de la diplomatie, elle-même rythmée par les soubresauts du capitalisme. L’Allemagne y entra en 1926 une fois la situation stabilisée, ce qui donna lieu à un discours épique d’Aristide Briand sur « l’œuvre de paix universelle ». Le même proposa un pacte en 1928 qui mettrait la guerre « hors-la-loi », signé par la quasi-totalité des pays indépendants à cette époque. Puis ce fut la crise de 1929 et ses conséquences, et « l’esprit de Genève » qui s’en alla à vau-l’eau.
Hitler décida de s’en aller dès 1933, avant de commencer à réarmer et à multiplier les annexions après 1935. Le Japon fit de même en 1933 après l’annexion de la Mandchourie. L’absence de volonté d’appliquer la moindre sanction contre l’Italie qui venait d’envahir l’Éthiopie fut particulièrement significative, ce qui n’empêcha pas Mussolini de faire un peu de cinéma et de partir à son tour en 1937. Par contre, la SDN fit le choix d’accueillir l’URSS de Staline en 1934 avant de l’expulser en 1939 après l’invasion de la Finlande. À cette date, elle n’était plus qu’une coquille vide. Une nouvelle guerre pour le partage du monde pouvait commencer...
Jean-François Cabral
Une naissance sur les fonts baptismaux des USA
La nouvelle guerre impérialiste – qui avait pris une dimension réellement mondiale en 1941 avec l’entrée dans le conflit des États-Unis et de l’URSS – fut présentée par les vainqueurs comme une victoire des « démocraties » contre les « dictatures »...
C’était l’esprit de la « Charte de l’Atlantique » rédigée la même année qui servit de base à la propagande jusqu’à la fin de la guerre.
Fondée lors de la conférence de San Francisco en juin 1945 par une cinquantaine d’États (à l’exclusion des pays vaincus), l’ONU devait participer à la reconstruction d’un « nouvel ordre mondial » complété par diverses institutions financières suite aux accords de Bretton Woods l’année précédente (avec le FMI et la BIRD, ancêtre de la Banque mondiale).
La Charte de l’ONU était significative : elle proclamait sa « foi dans les droits fondamentaux de l’homme » (une « déclaration universelle » fut ensuite adoptée en 1948), dans le « progrès social » et une « liberté plus grande » sans lesquels la paix n’est pas possible. On pouvait certes y voir une évolution dans la réflexion après les années 1930 et une manière aussi de prendre en compte les aspirations des peuples à la fin de la guerre. Cela s’est même traduit par la mise en place de nombreuses institutions : outre l’OIT sur le droit du travail, la FAO (agriculture et alimentation), l’UNESCO (éducation et culture), l’UNICEF (enfance), l’OMS (santé)… Mais l’hypocrisie était une nouvelle fois au rendez-vous.
L’ordre règne
L’adoption de la Charte au mois de juin eut lieu très exactement entre la conférence de Yalta en février, celle de Potsdam en juillet, et le largage des bombes atomiques en août. La séquence chronologique était totalement cohérente. À Yalta, on proclamait le droit des peuples à choisir librement leur gouvernement, mais dès octobre 1944, Churchill était allé cyniquement négocier le découpage de l’Europe avec Staline comme il l’a raconté lui-même dans ses mémoires. En juillet à Postdam, il fallut affiner en fonction des rapports de forces sur le terrain, tandis que la démonstration de force à Nagasaki et à Hiroshima était destinée de son côté à empêcher l’URSS d’intervenir sur le front asiatique et de prétendre négocier la même chose dans cette partie du monde. Mais en Europe, ce sont toutes les grandes villes qui ont été rasées, broyant au passage les populations civiles et leurs possibles réactions. La notion de « crime de guerre » fut mise à l’honneur l’année suivante au procès de Nuremberg... mais pas pour les vainqueurs. Quant aux peuples colonisés, ils n’étaient visiblement pas concernés par le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »...
Il y avait d’autres urgences. La course entre les « deux grands » avait commencé bien avant le déclenchement officiel de la guerre froide en 1947. Un droit de veto avait été institué dès 1945 pour les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, symbole de cette rivalité et de la mainmise des grandes puissances sur le monde.
Jean-François Cabral
Une politique au service des USA
Dès sa fondation, l’ONU est l’instrument de la politique américaine dite de « containment » face à l’URSS.
Ce fut d’abord le partage de l’Allemagne, avec le blocus de Berlin en 1948, puis la guerre de Corée en 1950 où l’ONU légitima l’intervention militaire américaine, une guerre de trois ans pendant laquelle Mac Arthur menaça d’employer la bombe atomique.
Faisant silence sur la politique de la France dans ses colonies, au Vietnam, au Maroc, en Algérie sans oublier les Antilles, le Conseil de sécurité condamne l’intervention de l’URSS pour écraser la révolution hongroise de 56. Puis, sous la pression des USA défendant leurs propres intérêts au Moyen-Orient, l’ONU se désolidarise de la coalition anglo-franco-israélienne contre Nasser et l’Égypte qui viennent de décider de nationaliser le canal de Suez. Elle décide l’envoi de troupes pour faire pression pour des négociations. Naissent alors les « casques bleus », nom donné aux troupes commandées par l’ONU.
En 1957, l’Assemblée générale vote une résolution pour « le respect sur le plan international du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », un concentré de son impuissance et de son cynisme, « ce machin », disait de Gaulle... Son rôle pitoyable lors de l’indépendance du Congo en 1960, où elle se fait le complice de l’État colonial belge et de l’assassinat de Lumumba, en est une sinistre illustration.
Après l’effondrement de l’URSS au début des années 1990, la première guerre d’Irak de février 91, l’opération « tempête du désert » commanditée par l’ONU est militairement dirigée directement par les USA. Une nouvelle période s’ouvre. Sous la houlette de Bush, les USA veulent dessiner un nouvel ordre mondial « où les Nations unies, libérées de la guerre froide, sont en mesure de réaliser la vision historique de leurs fondateurs ». En fait la décennie des années 90 deviendra « la décennie des sanctions » : Irak (1991), Somalie (1992), Bosnie (1992), Haïti (1994), Rwanda (1994), Zaïre (1996), Albanie (1997), Sierra Leone (1999), Timor oriental (1999), Kosovo (1999), Afghanistan (2002), Burundi (2004)...
En 1991, commence aussi la guerre en Yougoslavie qui éclate sous la pression des grandes puissances européennes. Les USA y interviennent dans le cadre de l’Otan, écartant l’ONU, y compris des négociations de Dayton en 1995. Puis, l’ONU appellera l’Otan à intervenir dans la guerre du Kosovo...
Leur « nouvel ordre mondial »
Le nouvel ordre de Bush est celui de l’offensive cynique et brutale des USA pour imposer leur leadership au monde en se servant de l’ONU comme paravent démocratique de leur bras armé, l’Otan. Le 7 octobre 2001 commence la guerre en Afghanistan, l’opération « Enduring freedom », le 18 février 2003 la deuxième guerre d’Irak, puis, Saddam Hussein renversé, l’occupation militaire du pays.
L’ONU se soumet au principe de « la guerre préventive » avant de faire sien celui du « droit d’ingérence ». Le17 mars 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU demanda aux États membres de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population libyenne. L’opération militaire internationale « Aube de l’odyssée » est lancée le 19 mars. Puis, la même année, la résolution 1975 du Conseil de sécurité sur la situation en Côte d’Ivoire impose des sanctions contre Laurent Gbagbo, en soutien à Ouattara. Elle débouchera sur l’intervention de la force française Licorne en soutien aux troupes d’Ouattara. Ensuite ce sera l’adoption de la résolution 1973 par les affrontements par groupes locaux interposés en Ukraine, en Syrie ou au Yémen, la coalition contre Daesh.
Le libéralisme est indissociable d’une politique impérialiste et militariste. Comme l’écrivait le journaliste américain Thomas Friedman : « L’intégration économique de la planète requiert la disposition de la puissance américaine à utiliser sa force contre ceux qui, de l’Irak à la Corée du Nord, menaceraient le système de mondialisation. La main invisible du marché ne peut pas fonctionner sans un poing caché. McDonald’s ne peut pas fonctionner sans McDonnell Douglas... ».
Yvan Lemaitre
Quand les peuples s’en mêlent...
L’accession de plusieurs anciennes colonies à l’indépendance (à commencer par l’Indonésie en 1945 – elle ne sera reconnue qu’en 1949 –, l’Inde et le Pakistan en 1947, la Birmanie et le futur Sri Lanka en 1948), ont commencé à bousculer les choses.
Les pays du bloc dit « socialiste » et les pays ayant accédé à l’indépendance – dits du « tiers monde » – vont ainsi temporairement former une majorité non homogène sur les questions ayant trait à la décolonisation. Cela durera au moins jusqu’au vote de la résolution de 1975 sur le caractère raciste du sionisme, qui verra le représentant des USA quitter l’hémicycle.
À partir de la « conférence des nations afro-asiatiques » organisée du 18 au 24 avril 1955 à Bandung en Indonésie et regroupant 29 pays indépendants (alors que la majorité des pays africains n’obtiendront l’indépendance qu’à partir de 1960), ces États déclarent « leur refus d’être les instruments des rivalités des grandes puissances », affirment « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », et lancent le mouvement des pays non alignés. Ils cherchent à peser de façon autonome : votant sur les sujets géopolitiques ou relatifs à l’ordre économique mondial avec les pays « socialistes », mais gardant par ailleurs une liberté politique vis-à-vis de l’URSS et de la République populaire de Chine (cette dernière n’accédant à l’ONU qu’en 1971, le siège chinois était jusque-là réservé à l’île de Taïwan et à son gouvernement « anticommuniste »...).
Une décolonisation inachevée
L’ONU est contrainte de prendre en compte le processus de décolonisation : le Comité spécial de décolonisation est créé en 1961 et fait condamner par des votes en assemblée générale les puissances coloniales qui refusent de se retirer (la Grande-Bretagne en Rhodésie, le Portugal dans ses colonies africaines…), des votes assez formels...
Les gouvernements du « tiers monde » qui se réclament d’une inspiration révolutionnaire, notamment castriste et/ou guévariste, cherchent en même temps à se doter de structures transnationales propres. Du 3 au 15 janvier 1966 se déroule, à La Havane, la conférence tricontinentale qui lance l’Organisation latino-américaine de solidarité (OLAS) qu’il est question d’élargir aux mouvements d’émancipation des Noirs nord-américains. Mais les rivalités politiques, surtout entre l’URSS et la Chine, et les tentatives d’instrumentalisation qui en résultent, sabotent le processus.
Aujourd’hui, le Comité spécial de décolonisation des Nations unies tient à jour une liste de « territoires non autonomes », actuellement 19, qui restent à décoloniser. Certains dossiers y sont inscrits depuis longtemps, comme le Sahara Occidental (depuis 1965). Malgré l’hostilité du pouvoir français, la Polynésie française, qui avait été retirée de la liste, y a été de nouveau rajoutée en mai 2013...
Le 19 juin 2014, un représentant… de l’État d’Israël, Mordehai Amohai, a été élu au poste de vice-président du Comité spécial. Plus qu’un symbole...
Bertold du Ryon
Israël foule aux pieds les résolutions de l’ONU
Adoubé à sa naissance par les grandes puissances occidentales et l’URSS, Israël a toujours depuis foulé aux pieds le droit international. Enfant gâté de l’ONU, ce ne sont pas moins de 34 résolutions le concernant auxquelles l’État sioniste a refusé de se soumettre depuis sa création...
Cette mansuétude toute particulière illustre à quel point l’ONU pratique la politique du « deux poids, deux mesures », donnant son feu vert aux pires interventions impérialistes et acceptant qu’en permanence, un de ses États membres s’assoie sur les votes de l’assemblée générale. Parmi les 34 violations des résolutions de l’ONU commises par Israël, nous ne nous attarderons que sur les plus significatives.
Le 14 mai 1948, la « déclaration d’indépendance » d’Israël fait fi de l’adoption du plan de partage de la Palestine défini par la résolution 181 du 29 novembre 1947 prévoyant la division de celle-ci en deux États indépendants – l’un arabe, l’autre juif – et un statut spécial pour Jérusalem placé sous administration des Nations unies. La résolution 194 du 11 décembre 1948 exige que les réfugiéEs qui le désirent puissent « rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et vivre en paix avec leurs voisins ».
Après la guerre de juin 1967, le Conseil de sécurité « condamne l’acquisition de territoire par la guerre, et demande le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ». Et le 21 mai 1968, ce même Conseil de sécurité (dans la résolution 252) déclare « non valides les mesures prises par Israël, y compris l’expropriation de terres et de biens immobiliers ».
« Le droit humanitaire international » ?
La résolution 446 du 22 mars 1979 exige « l’arrêt des pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 », colonies qui n’ont « aucune validité en droit ».
À la suite du massacre de la mosquée de Hébron, l’Assemblée générale adopte le 18 mars 1994 la résolution 904 enjoignant Israël de prendre des mesures pour « prévenir des actes de violence illégaux de la part des colons israéliens ». La résolution 1402 adoptée le 30 mars 2002 exigeait le « retrait des troupes israéliennes des villes palestiniennes »... Et pour finir, la résolution 1544 du 19 mai 2004 demandait qu’Israël « respecte les obligations que lui impose le droit humanitaire international et l’obligation qui lui est faite de ne pas se livrer aux destructions d’habitations »...
On sait ce qu’il adviendra de ces résolutions lors des deux terribles agressions contre le peuple de Gaza avec les opérations « plomb durci » et « bordure protectrice »...
Alain Pojolat
« We are the world... »
Lors du dernier sommet de l’Otan en Turquie, le secrétaire général de l’Otan a fait chanter à l’aréopage de ministres des Affaires étrangères et de galonnés présents la chanson de Michael Jackson, « We are the world »...
Une mascarade d’autant plus cynique que l’œuvre a été composée pour collecter des fonds afin de vaincre la famine en Éthiopie (1984-85)... Un cynisme à l’image de l’idéologie des dirigeants du bras armé des maîtres du monde.
Nous sommes bien loin de La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 : « la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics. » Cette volonté rentre en contradiction avec le moteur même de toute la vie économique fondée sur la course au profit pour le compte des puissances financières et des multinationales qui se soumettent les États. Les velléités de réformer l’ONU n’ont pas manqué mais il est clair que plus les conditions historiques qui ont prévalu à sa naissance s’éloignent dans le temps, plus son rôle s’amenuise tant dans le domaine de la régulation des relations internationales que dans le domaine social et économique. Le marché et la concurrence détruisent toute possibilité de donner un autre contenu à ce qu’il est convenu d’appeler « la communauté internationale » que celui de la lutte entre les puissances et contre les peuples.
Remplacer la concurrence par la coopération
La mise en œuvre de ces principes suppose une transformation radicale, au sens révolutionnaire du mot, des bases mêmes de ce qui régit les rapports entre les peuples. Remplacer la concurrence mondialisée par la coopération est la condition de relations de solidarité et de paix entre les nations. Cela suppose d’en finir avec le règne des multinationales pour redonner aux peuples le contrôle de l’économie et de la vie sociale.
C’est bien d’une révolution dont il s’agit, une révolution qui sera l’œuvre de la classe, le prolétariat, qui n’a pas de privilèges nationaux à défendre, qui poussera la démocratie jusqu’au bout pour lui donner une dimension universelle, c’est-à-dire internationale. Cette transformation se fera à travers les luttes permanentes pour débarrasser la société des instruments de domination des vieille classes dominantes et construire un monde débarrassé de la propriété privée et de la concurrence capitaliste, rompre le cadre étouffant des États nationaux pour étendre à l’échelle mondiale le processus révolutionnaire et doter le nouveau monde d’un réel parlement des travailleurs et des peuples, placé sous leur contrôle pour servir les intérêts de toute l’humanité.
Yvan Lemaitre
Mardi 29 septembre 2015