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Syrie - Page 26

  • Syrie. Alep: broyer une population, pour «négocier»… à Genève (Al'Encontre.ch)

    La «clinique» Al-Bayan après un bombardement...

    La «clinique» Al-Bayan à Alep après un bombardement…

    Par Laure Stephan et
    témoignage du Dr Raphaël Pitti

    C’est une lutte capable de changer le cours de la guerre d’après les partisans du régime; une bataille «à la vie à la mort», pour les militants anti-Assad. Dans les deux camps, les combats en cours, qui pourraient sceller le sort d’Alep, la seconde ville de Syrie divisée en deux depuis 2012, apparaissent cruciaux. Le face-à-face militaire ne se joue pas dans le cœur de la ville, mais dans ses alentours, sur un front situé au sud-ouest de l’ancienne capitale économique, autour de positions dont la consolidation reste précaire.

    Vendredi 5 août au soir, les forces anti et pro-Bachar Al-Assad se disputaient le contrôle de bâtiments d’une école militaire, après une nouvelle attaque lancée par les rebelles. Ceux-ci ont investi le principal bâtiment du complexe militaire, l’école d’artillerie, mais les troupes syriennes ont repoussé l’offensive. Les insurgés, dont les rangs sont dominés dans cette zone essentiellement par des brigades islamistes, ont essuyé plusieurs revers depuis le début de leur offensive quelques jours plus tôt, afin de briser le siège le siège des quartiers rebelles d’Alep encerclés par le régime. «Mais les combattants de l’opposition savent que la bataille qui se joue est celle de la dernière chance, ils vont continuer de tenter d’ouvrir des brèches», indique Haïd Haïd, un jeune analyste syrien originaire de la province d’Alep, installé au Royaume-Uni.

    Depuis le début de l’année, la situation militaire dans la grande ville du nord de la Syrie a déjà failli basculer à deux reprises: en février, lorsque les forces pro-régime ont avancé dans le nord, appuyées par de massives frappes aériennes russes, puis fin avril, lorsque ces mêmes forces ont multiplié les bombardements contre les faubourgs est de la ville, tandis que les rebelles effectuaient des tirs intenses contre les quartiers contrôlés par le gouvernement. A chaque reprise, ces poussées ont été utilisées par Damas et Moscou comme moyen de pression dans les négociations internationales. Le nouveau «tournant» pourrait aussi être le prélude à d’autres pressions.

    Dans les faubourgs orientaux d’Alep tenus par les rebelles, le siège imposé aux quelque 250’000 habitants depuis la mi-juillet par les forces pro-régime se double d’intenses frappes aériennes, au moyen d’avions de chasse russes ou syriens. Depuis début août, les médecins de l’hôpital Al-Qods soignent chaque jour «une cinquantaine de blessés à la suite des frappes aériennes», affirme Hamza Al-Khatib, le directeur de la structure médicale située en zone rebelle. Les bombardements ont aussi fait 10 morts, vendredi 5 août, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. «J’ai commencé à me préparer au fait que la bataille d’Alep pourrait être très longue, poursuit le médecin. On sait ce qui est arrivé aux autres assiégées: la soumission à des bombardements de plus en plus rapprochés, la tentative du régime de diviser la région assiégée en plusieurs quartiers, les habitants réduits à la faim. Si le siège se maintient, on va vers ce scénario.»

    Si, à l’inverse, les rebelles réussissent à briser le siège, ils pourraient à leur tour encercler la partie ouest de la ville, sous contrôle gouvernemental – comme en 2013 –, soit plus d’un million de personnes. Les résidents des quartiers périphériques, proches de la ligne de front au sud-ouest d’Alep, ont vu les tirs rebelles de mortiers et de RPG se multiplier. Ils sont aussi la cible, si l’on en croit certains témoignages, du vandalisme de milices locales pro-régime, actives sur le front aux côtés des milices étrangères financées par l’Iran.

    Deux semaines de nourriture

    Dans l’est de la ville, le siège se fait déjà. Selon Alexa Reynolds, l’une des coordinatrices des programmes de CARE en Syrie «en deux semaines, la nourriture pourrait être épuisée à Alep». La cuisine communautaire appuyée par l’ONG et chargée de servir des repas quotidiens à près de 3000 familles «n’a plus de stocks». A cause de la pénurie et de la spéculation, les prix des denrées ont explosé.

    Sur le front au sud-ouest d’Alep, le Front Fatah Al-Cham, nouveau nom du Front Al-Nosra, dont la distanciation d’avec Al-Qaida laisse sceptiques de nombreux observateurs, apparaît comme l’un des principaux acteurs. Selon Haïd Haïd, le groupe djihadiste «absorbe de nouvelles recrues, parce qu’il apparaît à même de briser le siège». Hostiles aux groupes djihadistes, qui les ont à plusieurs reprises pris pour cible, les militants civils qui ont porté la révolution contre Bachar Al-Assad voient cependant dans l’offensive au sud-ouest d’Alep l’une des rares options possibles pour que l’est d’Alep ne tombe pas. Cette partie de la ville a été un lieu d’engagement pour les militants qui ont continué, envers et contre tout – en premier lieu, les bombardements aux barils d’explosifs du régime, mais aussi le racket exercé par certains groupes rebelles –, à faire fonctionner des écoles, des hôpitaux et tenter d’administrer la ville.

    «Ces corridors sont tout sauf une solution idéale»

    Fin juillet, Damas et Moscou ont annoncé la mise en place de quatre corridors humanitaires, appelant les civils à quitter la ville et les combattants à se rendre. Selon une source indépendante, ces couloirs «existent bien, mais à peine quelques dizaines de personnes les ont utilisés». Les autorités syriennes souhaitent obtenir l’appui d’organisations internationales pour organiser l’évacuation de l’est d’Alep, mais celles-ci posent leurs conditions: entrée de l’aide humanitaire, cessez-le-feu.

    «Si l’on fait des corridors humanitaires, mais que les bombardements continuent, quel est le sens?, s’interroge un acteur humanitaire. Ces corridors sont tout sauf une solution idéale. Ils sont très risqués pour les civils, qui peuvent être attaqués sur la route par le régime, ou par des combattants de l’opposition qui ne veulent pas qu’ils sortent. Et ils risquent d’être détenus par le régime à leur sortie, s’ils comptent un combattant dans leur famille ou tout simplement, parce qu’ils ont vécu en zone rebelle.»

    La crainte est aussi que Moscou et Damas tentent de «légitimer» leurs attaques contre les civils, s’ils refusent de sortir d’Alep, comme le souligne CARE, avec une trentaine d’autres ONG, dans un appel commun. Faute d’un cessez-le-feu, une «catastrophe humanitaire» s’annonce à Alep. D’autant que, depuis la fin juillet, les forces pro-régime ont multiplié les attaques contre les infrastructures civiles de l’est d’Alep, y compris les hôpitaux. (Article du quotidien Le Monde, datée du 6 août 2016; correspondance de Beyrouth)

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    Manifestation de solidarité devant l’ONU à Genève le 5 août 2016

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    Syrie: «La plus grande catastrophe humanitaire
    depuis la dernière guerre»

    Les lectrices et lecteurs trouveront ci-dessous le lien permettant d’écouter le docteur Raphaël Pitti, ancien médecin militaire durant plus de 20 ans, puis professeur de «médecine d’urgence» en France et aux Etats-Unis. Il est engagé sur le terrain, en Syrie, depuis 2012, pour apporter une formation et une aide à des équipes médicales qui sont la cible systématique du régime. (Rédaction A l’Encontre)

    http://www.franceinfo.fr/fil-info/article/syrie-nous-sommes-devant-la-plus-grande-catastrophe-humanitaire-depuis-la-derniere-guerre-dr-raphael-809571

    «De plus en plus d’hôpitaux et de centres de soins sont visés par les bombardements en Syrie. Ce week-end, trois hôpitaux ont été visés, vendredi une maternité a été bombardée. «Nous sommes devant la plus grande catastrophe humanitaire depuis la dernière guerre», s’alarme sur France Info le docteur Raphaël Pitti, professeur de médecine d’urgence et de catastrophe.

    Raphaël Pitti

    Raphaël Pitti

    Pour le chargé de mission de formation à la médecine de guerre auprès de l’UOSSM-France en Syrie (Union des Organisations de Secours et de Soins Médicaux): «Il y a une vraie volonté de cibler les hôpitaux.»

    A Alep, la population est prise au piège au milieu d’assauts extrêmement violents. UOSSM-France tire la sonnette d’alarme et a lancé le hashtag #SOSMedecinsAlep. «Il y a une vraie volonté de terroriser la population» en ne lui donnant pas «d’accès aux soins». Nous sommes devant une atteinte à notre éthique», explique le médecin qui était en Syrie il y a trois mois.

    «C’est tout un peuple qui est en train de se faire assassiner tout ça pour le jeu d’un seul homme», continue le Docteur Raphaël Pitti, faisant allusion à Bachar al-Assad. «Je suis étonné que les prix Nobel de la paix ne soient pas les premiers à faire une pétition pour appeler à ce qu’on arrête de faire ces crimes de guerres», citant, parmi eux, Barack Obama.

    Les médecins occidentaux ne peuvent plus passer en Syrie, «notamment depuis le coup d’Etat turc», cela «rend toute pénétration extrêmement difficile et dangereuse». Il n’y a plus de médecins occidentaux à Alep» détaille-t-il. Cette situation est «épouvantable de révolte», conclut le docteur.» (France Info)

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    Vous pouvez écouter ci-dessous une deuxième contribution
    du Dr Raphaël Pitti, sur la chaîne Arte, le 2 août 2016

     

     

  • Syrie : la coalition kurdo-arabe s'empare de Minbej, un fief de l'EI (France 24)

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    Les forces coalisées kurdo-arabes se sont emparées samedi de Minbej, un fief du groupe jihadiste Etat islamique (EI), un peu plus de deux mois après avoir lancé leur offensive contre cette localité stratégique du nord de la Syrie.

    "Les forces démocratiques syriennes (FDS) contrôlent samedi Minbej et ratissent le centre-ville à la recherche des derniers jihadistes encore présents dans la ville" a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

    Les FDS avaient lancé le 31 mai une offensive visant à reprendre Minbej, qui était alors le principal carrefour d'approvisionnement de l'EI, de la frontière turque vers Raqa, sa capitale de facto en Syrie située plus à l'est.

     

    Avec l'appui aérien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, les FDS avaient repris dans un premier temps plusieurs localités et villages autour de Minbej puis étaient entrées le 23 juin dans cette ville de la province d'Alep.

    Depuis, ils y avaient cependant progressé lentement en raison des contre-attaques des jihadistes.

    Déclenché par la répression de manifestations pacifiques en mars 2011, le conflit en Syrie qui s'est complexifié avec l'intervention militaire étrangère et la montée en puissance de jihadistes, a fait plus de 280.000 morts.

    24matins.fr, 

    http://www.24matins.fr/topnews/syrie-la-coalition-kurdo-arabe-sempare-de-minbej-un-fief-de-lei

  • Guerre en Irak : le rapport qui accable Tony Blair (Lutte Ouvrière)

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    Après sept ans d’enquête sur la participation britannique à la guerre en Irak, la commission Chilcot a publié son rapport le 7 juillet.

    Les 6 000 pages de ses douze volumes ne contiennent pas de révélations. Mais, sous le jargon juridique et les euphémismes propres à ce genre de documents, on y retrouve à peu près tout, sur les mensonges de Blair et sur l’histoire de la guerre, minutieusement détaillée, bien que par le petit bout de la lorgnette, puisque la Grande-Bretagne n’y joua qu’un rôle secondaire, comparé à celui des États-Unis.

    Le rapport note d’abord que « ce fut l’administration américaine qui, à la fin 2001, adopta comme objectif numéro deux, après celui de chasser les talibans du pouvoir en Afghanistan, de s’occuper du régime de Saddam Hussein dans le cadre de sa « guerre globale contre le terrorisme ». Ce fut à ce moment qu’elle abandonna la stratégie du « containment » [le régime des sanctions économiques – LO] dont elle avait usé avant les attentats du 11 Septembre. » Et ce fut ainsi que Saddam Hussein devint officiellement un promoteur du terrorisme, allié d’al-Qaida, bref un homme à abattre.

    Tout un édifice de mensonges

    Les services spéciaux britanniques n’étaient pourtant guère convaincus. « En novembre 2001 », note Chilcot, « le JIC [le comité de coordination du renseignement britannique – LO] estimait que l’Irak n’avait joué aucun rôle dans les attentats du 11 septembre... et que l’existence d’une coopération pratique entre l’Irak et al-Qaida était “improbable”. » Malgré cela, ajoute Chilcot, « M. Blair proposa une stratégie visant à un changement de régime en Irak. Cette stratégie devrait être construite dans le temps jusqu’à arriver au point où il deviendrait possible de recourir à une action militaire “si nécessaire” sans pour autant perdre le bénéfice d’un soutien international ».

    À partir de là, Blair fit élaborer un édifice de prétendues preuves destinées à habituer l’opinion à l’idée de la nécessité d’une guerre contre l’Irak et à tenter d’emporter son adhésion.

    Dans sa conférence de presse tenue pour répondre au rapport Chilcot, Blair a résumé ainsi son point de vue : « Que l’on soit d’accord ou pas avec ma décision d’engager une action militaire contre Saddam Hussein, c’est une décision que j’ai prise de bonne foi... Je note que le rapport conclut clairement... qu’il n’y a eu ni falsification, ni utilisation illégitime des informations disponibles. »

    Or ce n’est pas ce que montre le rapport Chilcot. Au contraire, il détaille les manipulations auxquelles se livra le gouvernement Blair pour constituer ses fameux dossiers contre Saddam Hussein. Par exemple, on y trouve l’affaire David Kelly, un expert du ministère de la Défense, retrouvé mystérieusement suicidé après avoir révélé à la presse que l’affirmation de Blair, selon laquelle il suffisait de 45 minutes à Saddam Hussein pour mettre en action ses armes de destruction massive, relevait de la plus haute fantaisie. Il y a aussi l’affaire al-Marashi, un étudiant américain, auteur involontaire d’un chapitre d’un dossier de Blair : les services avaient tout simplement fait un copier-coller d’une ébauche de sa thèse trouvée sur Internet !

    Un mépris total pour les peuples

    Le deuxième aspect instructif de ce rapport est sa description des magouilles inextricables auxquelles se livrèrent Bush et Blair pour tenter d’avoir le soutien de l’ONU à une invasion, pour finalement s’en passer. On ne peut trouver meilleure illustration de la fiction du « droit international » et de la « communauté internationale » censés protéger les peuples. Le rapport montre que ce « droit international » n’est que la loi imposée par le plus fort, l’impérialisme américain, au reste de la planète et aux impérialistes mineurs qui, comme la Grande-Bretagne, préfèrent encore être de la partie pour augmenter leurs chances d’avoir leur part du butin lors du partage final.

    Le rapport porte aussi sur la politique désastreuse menée par les forces d’occupation en Irak : depuis la destruction des institutions civiles et militaires irakiennes, sous prétexte d’en finir avec le parti de Saddam Hussein, jusqu’à l’absence de tout projet pour reconstruire un pays détruit par 24 ans de guerre et de sanctions économiques, en passant par le soutien apporté aux forces religieuses chiites pour servir de contre-feu aux partisans de Saddam Hussein. On y trouve aussi les conséquences : la montée des milices religieuses et la guerre civile sanglante qui s’ensuivit.

    Quant à la population irakienne, à ses centaines de milliers de morts et ses millions de réfugiés, en tout, 51 pages lui sont consacrées, sans que rien ne soit dit sur ce qu’elle subit du fait de la politique criminelle des autorités d’occupation.

    Ce n’est pas le problème du rapport Chilcot, pour qui cette invasion criminelle par des grandes puissances pleines de mépris pour les intérêts de la population ne résulte que d’erreurs de jugement. Il multiplie les recommandations pour ne pas reproduire de telles erreurs, au cas où les puissances impérialistes s’aviseraient de nouveau d’envahir un pays pauvre ?

    Le rapport Chilcot s’arrête en 2009. Il faudrait y ajouter que la population irakienne a payé l’invasion par un retour en arrière de plusieurs décennies dans sa vie sociale, par une pauvreté insupportable aggravée par la corruption des partis religieux chiites et par une guerre civile qui n’en finit plus. Quant aux conséquences régionales de l’invasion, la montée des milices islamiques en Irak s’est étendue à la Syrie, donnant naissance à Daech. Par un effet boomerang, elle est revenue en Irak, tout en faisant des émules dans toute la région.

    Tout cela s’est produit parce que quelques stratèges de l’impérialisme, poussés par le lobby des majors du pétrole, ont jugé que Saddam Hussein, leur ancien homme à tout faire du temps de la guerre Iran-Irak, était devenu trop incontrôlable pour la stabilité de leur ordre régional ! Pour éliminer un foyer possible d’instabilité, ils en auront créé dix autres, avec le sang des populations prises en otage.

    Ce rapport Chilcot, rédigé par des notables de la bourgeoisie britannique, ne visait évidemment pas à dénoncer l’ordre impérialiste. Il n’en est que plus révélateur sur ce système de domination et d’oppression qui cannibalise les peuples et dont le renversement est plus urgent que jamais.

    François ROULEAU 03 Août 2016
     
  • Syrie. Frappe aérienne meurtrière contre une maternité : un possible crime de guerre (Amnesty)

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    La frappe aérienne qui a touché et partiellement détruit une maternité dans la province rurale d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le 29 juillet après-midi, semble s'inscrire dans le cadre d'une politique d'attaques illégales prenant délibérément pour cibles des infrastructures médicales, a déclaré Amnesty International.

    On ne connaît pas encore le nombre de victimes de cette attaque, mais un porte-parole de Save the Children, organisation qui soutient l'hôpital, a déclaré aux médias que le bilan s’élevait au moins à deux morts. Cette attaque, dont on ne connaît pas encore les responsables, a eu lieu dans une région contrôlée par des groupes armés où les forces armées syriennes et russes ont lancé des frappes aériennes.

    « Les attaques délibérées contre des hôpitaux et des structures médicales constituent de graves violations des lois de la guerre et ne peuvent être justifiées. Les hôpitaux, qui bénéficient d'une protection spéciale au titre du droit international humanitaire, doivent rester des lieux sûrs pour les mères, les nouveaux-nés et les travailleurs médicaux – même en plein cœur d'un conflit de longue haleine », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

    Sur les photos et vidéos prises après la frappe aérienne, on peut voir une partie de l'hôpital en ruines, des gravats éparpillés à l'intérieur comme à l'extérieur du bâtiment. D'autres clichés pris à peu près au moment de la frappe présentent des nouveaux-nés dans des couveuses. D'après Save the Children, il s'agit de la seule maternité de la région, et 700 femmes venaient y accoucher chaque mois. 

    Cette attaque intervient après que des frappes aériennes ont touché quatre hôpitaux et une banque du sang dans l’est de la ville d’Alep, les 23 et 24 juillet. Selon l'UNICEF, l'une de ces structures, un hôpital pédiatrique, a été touché deux fois en moins de 12 heures.

    Les dernières attaques relèvent semble-t-il d'une pratique dont a rendu compte Amnesty International, qui consiste de la part des forces armées syriennes et russes à frapper délibérément des hôpitaux et infrastructures médicales syriennes, dans le cadre de leur stratégie militaire. Attaquer délibérément des installations médicales peut constituer un crime de guerre. Ces attaques, qui ne font pas la distinction entre les bâtiments civils, tels que les hôpitaux, et les cibles militaires, sont interdites et constituent de possibles crimes de guerre.

    « La Syrie et la Russie doivent mettre un terme aux attaques contre les hôpitaux et les structures médicales. Il faut enquêter sur ces agissements et déférer à la justice les responsables présumés de graves violations des lois de la guerre », a déclaré Philip Luther.

    L'ONG Physicians for Human Rights (Médecins pour les droits humains) recueille des informations sur les attaques visant les professionnels de santé et les infrastructures médicales dans le cadre du conflit en Syrie. Avant la frappe du 29 juillet, elle avait déjà recensé 373 attaques contre des infrastructures médicales, ayant fait 750 morts parmi le personnel. La grande majorité de ces attaques est imputable aux forces du gouvernement syrien et à leurs alliés. 29 juillet 2016

    https://www.amnesty.org/fr/syria-fatal-airstrike-on-maternity-hospital-a-potential-war-crime/

    Pour en savoir plus :

  • Une famille syrienne à Brest (Ouest France)

    syrians

    Brest. Les chrétiens attendent une famille syrienne

    L’association oecuménique brestoise SOS réfugiés du Moyen-Orient a tout prévu pour accueillir une famille de cinq personnes. Il ne manque plus que les autorisations, qui tardent à arriver…

    Entretien

    Vous avez affiché samedi une banderole sur la façade du temple de Brest…

    C’est une campagne nationale spécifique à notre Église réformée que nous relayons au niveau local. C’est une manière de rappeler au gouvernement l’engagement qu’il avait pris pour l’ac- cueil des réfugiés. Parallèlement, nous nous sommes engagés ici à tendre la main à ceux qui en ont besoin, via l’association œcuménique brestoise SOS réfugiés du Moyen-Orient qui rassemble des protestants, des catholiques et toutes personnes de bonne volonté.

    Pensez-vous que les promesses n’ont pas été tenues ?

    Il est certain que cela a pris beaucoup de retard par rapport à ce qui avait été annoncé. Ainsi, à Brest, nous avons fait le nécessaire pour accueillir une famille, mais tout est bloqué depuis plusieurs semaines car nous attendons les autorisations qui doivent être données par le consulat. Nous n’avons plus d’interlocuteur direct. Par des membres de nos églises, nous savons que de nombreuses associations en France sont, comme nous, dans des impasses.

    Où se trouve actuellement la famille qui doit venir à Brest ?

    Il s’agit d’un couple et de ses trois enfants de 9 à 15 ans. Nous avons leur nom. Ils ont pu nous envoyer une photo. Ils sont réfugiés dans la ville d’Erbil, au Kurdistan irakien (1). Dans un dernier message, ils nous ont donné des nouvelles et demandé si nous avions fait avancer leur dossier. Nous avons compris que pour eux là-bas, la vie n’est vraiment pas facile…

    Qu’est-ce qui a été prévu pour les accueillir ?

    Nous avons mobilisé nos réseaux. Concrètement, nous avons trouvé un appartement et nous sommes prêts à collecter des fonds pour régler le loyer. Nous avons un interprète. Par nos églises, nous sommes bien renseignés sur toutes les démarches administratives à effectuer. L’idée est de les soutenir au moment où ils en ont besoin, de les accueillir quelque temps ici avec l’idée qu’un jour ils pourront repartir chez eux, lorsque cette période troublée sera passée. Sabine NICLOT-BARON 29/07/2016

    (1) Plusieurs camps accueillent, autour de la petite bourgade d’Erbil, des dizaines de milliers de réfugiés, principalement chrétiens.

    http://www.ouest-france.fr/bretagne/Brest-les-chretiens-attendent-une-famille-syrienne

  • Comment remettre la Syrie sous nos yeux ? (Anti-k)

     

    « Nos » morts, si proches ; « leurs » morts, si lointains…

    La Syrie connaît une tragédie humanitaire peu relayée en France. Les associations invitent les médias à échapper à la loi du mort-kilomètre pour ne rien occulter du conflit.

    Quatre jours après l’attaque au camion qui a fait 84 morts sur la promenade des Anglais, à Nice, au moins 56 syriens dont onze enfants ont péri sous les bombes de la coalition. Selon le quotidien Le Monde, il s’est agi de « la plus grosse bavure commise par la coalition internationale alliée contre l’État islamique depuis son entrée en action dans le ciel, en septembre 2014 ».

    Alors que la stratégie terroriste de l’ÉI est au centre de l’actualité, la couverture médiatique des bombardements du 18 juillet se résume au minimum, comme l’a souligné Arrêt sur images dans un article intitulé « Syrie : Bombardement de civils, discrétion des médias français ». Dans le viseur du site de décryptage de l’actualité des médias, les chaînes de télévision françaises. Sur France 2, un duplex depuis Washington, où se tenait une réunion internationale autour de la résolution du conflit, a suffi à traiter le sujet. Aucune image des bombardements, ni de chiffre sur le nombre de morts.

    Informer à distance

    « On essaye de comprendre les logiques du conflit », explique Christophe Ayad, rédacteur en chef au Monde, spécialiste du Proche-Orient. Le quotidien a été le premier à qualifier comme telle la bavure de la coalition internationale, le lendemain des bombardements. Une analyse effectuée à distance par les journalistes Allan Kaval et Benjamin Barthe (correspondant à Beyrouth, au Liban). À cause du risque d’enlèvement, la rédaction n’envoie plus de journaliste sur place depuis 2013. Cette année, six journalistes ont été tués en Syrie et neuf sont emprisonnés, selon le recensement de l’organisation Reporters sans frontières. Christophe Ayad explicite :

    « Je ne veux pas voir un de mes journalistes sur une vidéo de revendication de Daesh. »

    Les témoignages sont recueillis par Skype depuis la France ou bien grâce à des contacts qui vivent entre la Turquie et la Syrie. Un processus long qui complique la couverture journalistique des dégâts sur la population civile. Avec ou sans ces témoignages, la priorité du quotidien est « de faire de l’information », loin des polémiques qui touchent les chaînes télévisées.

    Sortir de l’indifférence

    Journaliste indépendant d’origine syrienne et photographe reconnu, Ammar Abd Rabbo raconte que les rédactions mettent souvent en avant la fameuse « loi du mort/kilomètre » pour expliquer la faible couverture des drames syriens. Selon cette règle informelle connue aussi sous le nom de « mort kilométrique », l’éloignement géographique accompagne l’éloignement affectif. « Mais hélas, même ce rapport n’est pas vrai, nous sommes dans un autre rapport à la vie des civils, que l’on pourrait assez grossièrement ramener aux civils blancs et riches », explique-t-il en précisant :

    « Une dizaine de morts à Atlanta ou à Miami auront beaucoup plus de couverture qu’une dizaine de morts à Alger ou en Irak, alors que ces villes sont géographiquement bien plus proches de nous. »

    Et de reprendre la phrase de l’écrivain George Orwell dans La Ferme des animaux (1945) : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ». Une façon de pointer du doigt l’inégalité criante entre le traitement médiatique des victimes. La concomitance avec la tragédie de Nice a cruellement mis en avant le fossé qui sépare la France de la Syrie. « Les morts syriens ne sont qu’un chiffre, il n’auront jamais de visage ni de nom dans nos médias », regrette Ammar Abd Rabbo. Qui accuse :

    « Ces comportements, cet aveuglement, ces trahisons de nos idéaux et de nos principes, c’est aussi ça qui fournit le carburant de Daesh. »

    À l’image de ses séries de photographies sur Alep réalisées entre 2013 et 2014, Amar Abd Rabbo revendique la narration de la tragédie des civils syriens comme arme contre la propagande de l’État islamique. Un point de vue militant peu audible dans le paysage médiatique français.

    Les réseaux sociaux, espace de compensation

    En parallèle du travail journalistique, les réseaux sociaux accueillent images et vidéos amateur en provenance de Syrie. Parmi elles, une vidéo postée par l’ONG française Syria Charity sur Facebook, le 20 juillet, devient virale. La page de l’association propose de « plonger trois minutes au cœur de l’urgence et des bombardements à Alep », ville sinistrée et assiégée située à cent kilomètres des zones bombardées par la coalition dans la nuit du 18 au 19 juillet. Les images sont filmées à l’aide d’une caméra fixée sur le casque d’un des ambulanciers. En immersion, le petit film débute quelques instants après une frappe aérienne. Un projectile venu du ciel brise la vitre de l’ambulance affrétée par l’ONG. Devant eux, un épais mur de poussière dans lequel les brancardiers avancent pour y découvrir un homme blessé, rampant vers la civière.

     

    Un document exceptionnel et inédit sur le dénuement dans lequel est plongé la ville. En une semaine, la vidéo est regardée 4.500.000 fois et partagée par plus de 73.000 personnes. À titre de comparaison, l’article du Monde consacré à la bavure a été partagé 29.000 fois, dans le même laps de temps.

    Voir la réalité du terrain

    Malgré ce retentissement, Mohammad Alolaiwy, président de Syria Charity, regrette une absence presque totale de communication avec les médias français. Lorsque l’hôpital mère-enfant de l’ONG est bombardé en février, il affirme avoir contacté plusieurs titres de presse pour leur proposer les photos et vidéos de la catastrophe, en vain [1]. « Le traitement médiatique est ultra-focalisé sur Daesh alors que le vrai problème de la Syrie, c’est le problème humanitaire », estime Mohammad Alolaiwy. Il regrette que les acteurs humanitaires ne soient pas invités dans les émissions consacrées à la Syrie, mais élargit la perspective :

    « Je pense que les réseaux sociaux sont là pour compenser, voire corriger un traitement médiatique dans lequel on ne voit pas assez la réalité du terrain. »

    L’association loi 1901 a été fondée par des franco-syriens, en 2011, au moment où la révolution basculait dans la guerre civile. Syria Charity, subventionnée par le ministère des Affaires étrangères et les Nations unies, est l’une des principales associations à pourvoir l’intérieur du pays en aide humanitaire et médicale. Longtemps restée confidentielle, sa page Facebook, son principal outil de communication, est suivie par plus de 600.000 personnes. Un succès assez récent, que Mohammad Alolaiwy attribue en partie au mouvement de compassion né après les attentats du 13 novembre 2015 :

    « Les gens ont partagé un instant la réalité vécue par les civils syriens. Je pensais qu’ils allaient se renfermer. Ce fut le contraire. »

    Une surprise qui lui a donné espoir. Mercredi, Le Monde, La Croix et BFMTV ont décidé de ne plus montrer le visage des terroristes pour éviter de participer à la propagande de l’Organisation de l’État islamique. Un espace s’est libéré, à nous de le remplir avec les visages des vivants et des morts du conflit syrien.

     28 juillet 2016  Regards  Emma Donada

    [1Le bombardement de l’aviation russe a tout de même été traité par Le Monde, et « Les observateurs » de France 24.

    http://www.anti-k.org/Comment-remettre-la-syrie-sous-nos-yeux

     

  • Quatre régions, quatre autorités en Syrie (Orient 21)

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    La Syrie en guerre est actuellement divisée en quatre régions principales, contrôlées respectivement par le régime, l’organisation de l’État islamique (OEI), les Kurdes et différents groupes de l’opposition. Il existe à présent une grande variété d’administrations locales autonomes et l’essentiel de l’activité économique s’est déplacé vers la zone côtière. C’est cette situation et ses conséquences qu’il faudra affronter lors du règlement du conflit.

    Avant l’insurrection, la Syrie pouvait être divisée en deux régions. L’ouest du pays, qui comprend l’axe Damas-Alep et inclut les principales grandes villes de la zone côtière, constituait la partie la plus développée tandis que le sud (les provinces de Deraa, berceau de la révolte, Quneitra et Soueida) et l’est (Deir ez-Zor, Hassakeh et Rakka) étaient plus démunies, selon les indicateurs socio-économiques.

    Il y avait cependant des exceptions à ce tableau.

    Ainsi, la province d’Idlib comptait parmi les plus pauvres. À majorité rurale, elle avait été détachée d’Alep en 1958 afin d’affaiblir la métropole du nord et deuxième ville du pays. De même, les niveaux de développement économique et social dans la campagne autour d’Alep étaient faibles. De fait, la fracture ville/campagne dans la province d’Alep est la plus criante du pays.

    Dans le même temps, les provinces orientales sont les plus riches en ressources naturelles. Le pétrole est extrait dans les champs autour de Rakka et Deir ez-Zor et à la frontière nord-est de l’Irak. Le blé, l’orge et le coton — trois cultures stratégiques — sont cultivés dans ces régions, également les plus riches en ressources minérales grâce notamment aux eaux de l’Euphrate qui descend de la Turquie et arrose l’Irak après avoir traversé la Syrie. En conséquence, les régions riches en ressources naturelles ne tiraient qu’un bénéfice limité de leur sol.

    La Syrie était gouvernée par un État central relativement fort. Les institutions étaient actives, le gouvernement continuant d’offrir ses services (scolarisation, éducation, etc.), d’investir dans l’infrastructure et de fixer les prix de certains produits de consommation (pain, gazole, etc.) ou à la production (produits agricoles, électricité, prêts bancaires). Dans les zones les plus sous-développées, il demeurait un employeur important, en partie en raison du faible niveau de l’investissement privé.

    85 % de pauvres

    La décennie de Bachar al-Assad, en particulier après 2005, a vu une notable réduction du rôle de l’État. L’investissement public était en baisse et les subventions à la majeure partie des biens et services réduites. Les politiques économiques du gouvernement ont été axées sur le secteur des services, et en faveur des grands centres urbains au détriment des banlieues, de la campagne et plus globalement des régions les plus reculées du pays. Marquant une rupture avec les politiques passées des gouvernements baasistes, la responsabilité du développement de ces zones délaissées était transférée au secteur privé, et les sociétés privées qui investissaient dans les parties reculées du pays bénéficiaient de réductions d’impôts et de régulations plus flexibles afin de les encourager. Cependant, en l’absence d’une forte volonté politique, les investissements dans les régions les plus pauvres ont marqué le pas. Ce n’est pas parce que les autorités n’ont pas réalisé les lacunes et la nécessité d’y remédier, mais elles en ont pris conscience trop tard.

    En 2016, les effets dévastateurs de la guerre sur l’économie et la vie des Syriens ne sont plus à démontrer. Selon le dernier rapport publié fin 2015 par les experts du Syrian Centre for Policy Research (SCPR), le conflit avait infligé à la fin de l’an dernier des pertes économiques d’environ 255 milliards de dollars, le PIB du pays était équivalent à moins de la moitié de sa valeur de 2010, le chômage s’élevait à plus de 50 % et la pauvreté touchait plus de 85 % de la population. En raison de la fuite des capitaux, de la chute des réserves de la banque centrale et du déficit de la balance commerciale, la livre syrienne va aujourd’hui à vau-l’eau. Échangée aux alentours de 600-700 LS pour un dollar, elle ne vaut plus que le dixième de sa valeur à la veille du conflit.

    Un impact important et durable de la guerre semble être la fragmentation du pays en au moins quatre zones distinctes :


    - la première, sous contrôle du régime, correspond à la partie occidentale et la plus développée susmentionnée : la zone côtière et le principal axe Damas-Alep, à l’exception de quelques régions rurales et suburbaines et autour de la moitié de la ville d’Alep, majoritairement aux mains de l’opposition et dans une moindre mesure du Front Al-Nosra. La ville d’Alep elle-même est sous le contrôle du gouvernement dans sa plus grande partie (ouest) et des rebelles qui tiennent la partie est  ;


    - la deuxième est contrôlée par l’OEI dans l’est du pays, le long de l’Euphrate, ce qui correspond grosso modo aux zones des tribus arabes historiquement liées à l’Irak, et autour des champs pétroliers de Deir-ez-Zor et de Rakka, bastion de l’OEI en Syrie  ;


    - une troisième zone, kurde, s’étend au nord-est et dans une poche à l’ouest d’Alep. Elle est sous domination du Parti de l’Union démocratique (PYD), la branche syrienne du PKK. C’est là que les Kurdes de Syrie sont majoritaires ou forment tout au moins la plus grande minorité  ;


    - enfin, une quatrième zone est contrôlée par divers groupes d’opposition, en plus du Front Al-Nosra. Ces régions de l’opposition (Armée libre syrienne – ALS — et autres groupes rebelles) sont fragmentées et ne possèdent pas de continuité territoriale contrairement aux trois autres.

    Ces trois dernières zones correspondent aux régions sous-développées du sud et de l’est de la Syrie.

    L’activité économique retranchée dans la zone côtière

    Bien que beaucoup moins ravagées que le reste du pays et en dépit d’une stabilité en trompe-l’œil, les régions sous contrôle du régime ont subi des changements aux impacts profonds sur le tissu économique, social et culturel de la Syrie. Dans cette partie du pays où vivent toujours deux tiers de la population, un nouvel équilibre est en train d’être instauré. L’axe Damas-Alep, qui constituait la colonne vertébrale du pays, a été particulièrement affaibli par la destruction des villes — Homs (troisième ville du pays), la moitié d’Alep et les banlieues de Damas —, la fuite des investisseurs et des classes moyennes ainsi que par l’affaiblissement du rôle et des institutions de l’État.

    L’investissement privé et public — ou ce qui en reste — se déplace vers la région côtière, considérée comme sûre et protégée. Ainsi en 2015, par exemple, 32 % des investissements privés autorisés par la Syrian Investment Agency (SIA) étaient localisés dans les provinces de Tartous et de Lattaquié (les deux principaux ports du pays) tandis que les provinces de Damas et d’Alep n’en absorbaient que 27 %. En comparaison, ces deux dernières attiraient en 2010 quelque 40,5 % des projets agréés par la SIA contre 4,5 % pour Tartous et Lataquieh. L’an dernier à Tartous, la création de petites entreprises a doublé : 1 752 nouvelles sociétés ont été créées en 2015 contre 867 l’année précédente. Et le nombre de sociétés par actions est passé de 119 en 2014 à 251 en 2015. Les investisseurs sont naturellement attirés par la sécurité qui règne dans la zone côtière, notamment le gouvernorat de Tartous, le plus paisible depuis le début de l’insurrection. À cela s’ajoute le mouvement de population fuyant d’autres régions du pays qui s’est accompagné d’un afflux d’investisseurs soucieux de placer leurs capitaux dans une région où la demande de produits connaît une hausse relative. Le changement en faveur de la zone côtière reflète ainsi une nouvelle donne démographique : les alaouites ne constituent plus la majorité des habitants de cette région comme auparavant.

    Dans une large mesure, le déplacement de l’investissement public vers la zone côtière est le résultat de la politique du régime visant à satisfaire sa «  clientèle  ». À l’automne 2015, le premier ministre Waël Al-Halqi a annoncé le lancement d’investissements, dont les medias officiels se sont fait largement l’écho, totalisant 30 milliards de livres syriennes dans les provinces de Lattaquié et de Tartous. Au même moment, le gouvernement n’allouait qu’une mince enveloppe de 500 millions de LS à la ville d’Alep, auparavant cœur industriel et commercial du pays.

    Un grand nombre d’investisseurs traditionnels ont quitté le pays et se sont installés dans d’autres régions du monde. De nouveaux hommes d’affaires ont bâti leur fortune sur des activités liées à l’état de guerre. Les élections aux chambres de commerce de Damas et d’Alep à la fin 2014, par exemple, ont illustré ces changements. À Alep, sur les douze membres du conseil d’administration, dix sont de nouveaux venus dont les noms étaient inconnus avant l’insurrection. Et à Damas, sept des douze membres sont dans cette situation.

    Grâce à l’appareil d’État, les régions côtières continuent d’entretenir des liens solides avec Damas et le gouvernement central. Une majorité d’alaouites sont toujours employés dans les secteurs civils et militaires de l’État qui a de tous temps été un pourvoyeur d’emplois pour cette communauté. Et ce rôle s’est accentué avec la guerre et la contraction de l’économie. Cette grande dépendance de la communauté alaouite vi-à-vis de l’Éat central est un facteur important plaidant contre une éventuelle autonomie de la région côtière, ce qui explique l’importance du contrôle de Damas.

    Des institutions concurrentes de l’État

    Pour ce qui est des zones hors du contrôle des forces du régime — dont certaines le sont depuis plus de trois ans — elles ont dû s’adapter à la nouvelle situation et créer des institutions et une certaine forme de gouvernance. Dans ces régions, des centres et des modes de production ont été détruits, des hommes d’affaires sont partis et les réseaux de transport et commerciaux ont été disloqués. Ces destructions ont surgi après des décennies de sous-développement. Pour les populations, les nouvelles institutions, mises en place pour pallier l’absence de l’État et le vide laissé par la destruction de l’économie d’avant la guerre, ont souvent, mais pas toujours, plus de légitimité que le gouvernement. À cela plusieurs raisons :

    - plusieurs instances sont élues, notamment dans les zones où l’opposition est installée, même si les processus électoraux laissent souvent beaucoup à désirer  ;
    - elle sont dirigées par des locaux dont un grand nombre ont lutté pour protéger leur communauté du régime  ;
    - elles font partie d’un projet politique plus ambitieux accepté par la population (Kurdes, opposition).

    En réalité, ces institutions sont en compétition avec celles du gouvernement, et la Syrie se trouve dans la situation où au moins trois d’entre elles se considèrent — ou prétendent être — le gouvernement, avec à la clé au moins quatre programmes scolaires et trois monnaies utilisées comme moyen d’échange. Ainsi, les Kurdes autorisent-ils des projets d’investissement et leurs propres publications  ; au cours des deux dernières années, ils ont édicté des dizaines de lois censées réglementer la vie dans leurs régions. L’OEI lève des impôts, autorise des investissements et a sa propre force de police. Une pléthore de conseils locaux gèrent la vie quotidienne. Enfin, le gouvernement intérimaire de l’opposition est composé de plusieurs ministères et a créé des instances chargées de de l’administration des hôpitaux et de la distribution du blé, du pain et des aides à l’intérieur du pays.

    Les dépenses effectuées par ces nouvelles autorités ne font qu’augmenter. Les experts du SCPR estiment que le total des dépenses «  publiques  » combinées des zones de l’opposition, de l’OEI et kurdes équivaut actuellement à 13,2 % du PIB syrien en 2015, contre 31,6 % dans les régions du régime. Ce qui veut dire que les dépenses «  publiques  » dans les zones non gouvernementales représentent actuellement l’équivalent de plus du tiers du budget, ce qui montre la place de plus en plus importante des nouvelles institutions créées à travers le pays pour remplacer l’État.

    Incontournable décentralisation

    La «  stabilité  » des frontières intérieures de la Syrie au cours des trois dernières années, l’ancrage des institutions nouvellement établies et l’autonomisation ainsi que les pouvoirs des nouveaux acteurs poseront à coup sûr, à la fin du conflit, de sérieux défis auxquels il faudra répondre. L’un d’entre eux est la décentralisation. Car au-delà de la question kurde, dont le règlement nécessitera un fort degré d’autonomie, la décentralisation offre l’une des rares options permettant aux différentes forces issues du conflit de se rassembler. D’ores et déjà, des appels à plus de pouvoirs locaux se font écho à travers la Syrie, et l’une des principales difficultés qui empêche l’unification de l’opposition est précisément le fort sentiment d’autonomie qui s’est développé dans les diverses communautés du pays. Le conflit a également reflété le degré de méfiance, longtemps refoulé, entre les villes, entre les villes et leurs campagnes environnantes et entre les différentes régions. Les élites urbaines, notamment à Damas, associent souvent la décentralisation à la partition du pays et à la perte de souveraineté, ce qui ne manquera pas de susciter des rejets des deux côtés de la ligne de fracture régime/opposition.

    Une autre question, partiellement liée à celle de la décentralisation, concerne l’équitable allocation des ressources. Les régions les plus riches en ressources naturelles sont aussi les moins développées, et il paraît peu probable qu’elles acceptent à nouveau le contrôle de Damas sur leurs richesses, comme par le passé. Les dépenses dans les zones kurdes, par exemple, sont dans une grande mesure financées grâce à l’exploitation du pétrole. À Deir-ez-Zor, avant l’émergence de l’OEI, les tribus et communautés locales se sont battues pour le contrôle des gisements pétroliers, considérées comme «  usurpés  » par Damas. Or, l’allocation d’une plus grande part de ressources aux régions sera combattue par tout gouvernement futur devant faire face à une pénurie de revenus. Et ce d’autant plus qu’il sera engagé dans un considérable effort de reconstruction.

    Le conflit syrien a également démontré la centralité de la question communautaire en révélant des tensions sectaires et ethniques : la peur des minorités de l’islamisme, la crainte des Kurdes de l’arabisme, la peur des chrétiens assyriens des Kurdes ainsi que le profond sentiment d’injustice ressenti par la majorité sunnite. Au-delà de ces peurs, il sera nécessaire de trouver des solutions aux questions identitaires qui sont restées longtemps réprimées. La construction d’un État qui se maintienne à égale distance de tous ses citoyens tout en assurant leurs droits politiques et culturels en tant qu’individus et en tant que communautés, pour l’instant irrésolue, sera déterminante.

    Jihad Yazigi 29 juillet 2016
  • Syrie. La mise en place de voies d’évacuation pour les civils ne permettra pas d’éviter une catastrophe humanitaire à Alep (Amnesty)

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    Photo de la route du Castello (La route de la mort)

     

    Pour soulager les souffrances de milliers de civils, qui vont bientôt manquer de nourriture et d’autres produits de première nécessité, il faut de toute urgence fournir à Alep une assistance humanitaire qui soit impartiale et ne subisse aucune restriction, a déclaré Amnesty International jeudi 28 juillet.

    Dans la matinée, le ministre russe de la Défense a annoncé le lancement d’une « opération humanitaire », avec la mise en place de corridors sûrs pour permettre aux civils et aux combattants qui déposent les armes de quitter Alep, et l’installation à l’extérieur de la ville de structures où ils pourront recevoir des vivres et de premiers soins. Cependant, de nombreux civils risquent d’accueillir avec scepticisme les garanties de sécurité offertes par le gouvernement syrien et pourraient choisir de ne pas partir par crainte de représailles. La seule voie de ravitaillement de la ville, la route du Castello, est coupée depuis le 7 juillet, à la suite d’une offensive du gouvernement syrien avec d’intenses bombardements et des tirs de snipers.

    « Depuis des années, le gouvernement syrien bloque l’acheminement d’une aide essentielle aux civils assiégés tout en leur faisant subir quotidiennement des pilonnages et des frappes aériennes. Il utilise la famine comme arme de guerre et fait délibérément souffrir celles et ceux qui vivent dans des zones contrôlées par l’opposition, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « La mise en place de voies d’évacuation sûres pour les civils qui souhaitent fuir Alep ne permettra pas d’éviter une catastrophe humanitaire. Cette mesure ne peut se substituer à l’acheminement d’une aide humanitaire impartiale aux civils toujours présents dans les zones de la ville contrôlées par l’opposition ou dans d’autres secteurs assiégés, car nombre d’entre eux vont se montrer sceptiques face aux promesses du gouvernement. »

    Les engagements de la Russie risquent eux aussi d’être accueillis avec méfiance par certains civils d’Alep, les autorités russes ayant procédé à des frappes aériennes illégales – qui pourraient équivaloir à des crimes de guerre – dans des zones contrôlées par l’opposition et s’étant systématiquement gardées d’user de leur influence auprès du gouvernement syrien pour faire cesser les violations des droits humains généralisées.

    Cinq organismes humanitaires locaux ont indiqué à Amnesty International que les réserves alimentaires d’Alep pourraient être épuisées d’ici deux semaines, ce qui mettrait en danger la vie des civils.

    Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations unies, Stephen O’Brien, s’est également inquiété de ce que les vivres à Alep devraient être épuisées d’ici la mi-août, ajoutant qu’entre 200 000 et 300 000 personnes étaient menacées.

    Les attaques menées par les forces gouvernementales syriennes contre des habitations, des hôpitaux et d’autres établissements médicaux à Alep et autour de la ville se sont également intensifiées ces derniers jours.

    Amnesty International s’est entretenue avec des habitants d’Alep bloqués dans la ville, 10 médecins et plusieurs organismes humanitaires en Syrie et en Turquie. Leurs témoignages donnent une image très sombre de ces 20 derniers jours.

    La « route de la mort »

    Un travailleur humanitaire a expliqué à Amnesty International que la route du Castello était désormais surveillée 24 heures sur 24 par le gouvernement syrien et les forces de l’administration autonome dirigée par le Parti de l’union démocratique (PYD), parti politique kurde de Syrie. « Tout ce qui bouge sur la route est pris pour cible », a-t-il déclaré.

    Même avant que la route soit coupée, deux camions qui transportaient suffisamment de vivres pour nourrir 400 familles ont été attaqués.

    « Tout leur chargement a été détruit. Ces familles comptent sur l’aide humanitaire que nous leur prodiguons. Que deviendront-elles quand les stocks de nourriture seront entièrement épuisés ? », a-t-il demandé.

    Un ancien habitant d’Alep a raconté à Amnesty International comment il avait fui avec sa famille en passant par la route du Castello, au péril de leurs vies, pour rejoindre la Turquie huit jours plus tôt.

    « Nous ne supportions plus le bruit des avions de guerre et des explosions, alors nous avons décidé de quitter la ville à l’aube. La “route de la mort” [route du Castello] fait quelque 500 mètres […]. Le taxi devant nous, avec à son bord une famille, a été touché par une frappe aérienne. Il a pris feu […]. Nous ne pouvions pas nous arrêter pour voir s’il y avait des survivants. J’ai vu cinq corps en décomposition sur le bord de la route », a-t-il déclaré.

    « Hala » (nom d’emprunt pour des raisons de sécurité), qui habite à Alep, a confié à Amnesty International que les prix avaient doublé ces derniers jours.

    « Le prix de denrées de base, comme le sucre ou le boulghour, a doublé. Un kilo de sucre coûte maintenant 13 dollars des États-Unis environ. Je n’ai pas les moyens d’acheter les rares légumes disponibles. »

    « Hussam », père de deux garçons qui habite lui aussi à Alep, a déclaré à Amnesty International : « Chaque matin, mon fils aîné et moi commençons par faire la tournée des boulangeries. Leur production de pain couvre à peine 30 % des besoins de la population. La plupart du temps, nous revenons les mains vides ou avec une seule miche de pain. »

    Des frappes aériennes incessantes

    Les frappes aériennes et les intenses bombardements menés en permanence par les forces gouvernementales syriennes rendent la vie à Alep encore plus difficile. Des habitants et des médecins ont indiqué à l’organisation que la ville, en particulier les quartiers d’al Sakhour, d’al Shaar et d’al Fardous, avait été la cible d’offensives aériennes quotidiennes ces 10 derniers jours.

    « Maen », un habitant d’Alep, a déclaré : « Nous nous réveillons avec le bruit des bombardements et nous nous couchons après avoir enterré ceux qui ont été tués. »

    Il a raconté avoir été témoin d’une frappe aérienne le 19 juillet près de son domicile, dans le quartier de Bab al Hadid, un secteur résidentiel de la vieille ville d’Alep. Six maisons ont été détruites.

    « J’ai traversé un écran de fumée en courant pour rejoindre le site attaqué. Une femme enceinte, son bébé et une fillette de 9 ans avaient été tués. C’était horrible. Vingt minutes plus tard, j’ai de nouveau entendu un avion de guerre approcher. Nous avons dit aux gens qu’il fallait partir le plus rapidement possible. J’ai réussi à me mettre à l’abri avant que le même site exactement soit pris pour cible. Je suis [ensuite] retourné en courant sur le site : une femme avait eu une jambe complètement arrachée, sa fille d’une douzaine d’années, blessée elle aussi, se trouvait à côté d’elle. »

    « Maen » a déclaré que des éclats d’obus avaient été projetés sur un rayon de 200 mètres, ajoutant qu’il s’agissait selon lui d’une roquette à sous-munitions, car il l’avait vu s’ouvrir dans le ciel, puis créer toute une série de petites explosions. Les armes à sous-munitions sont interdites par le droit international, et l’emploi de ces armes non discriminantes par nature constitue une violation du droit international humanitaire.

    Sept hôpitaux et autres établissements médicaux d’Alep ont été la cible de frappes aériennes en l’espace de 10 jours, d’après des médecins sur place. Seuls trois hôpitaux de la ville fonctionnent encore et sont en mesure de prodiguer des soins d’urgence aux civils blessés.

    Abdel Basset, un médecin qui travaille en Syrie, a raconté à Amnesty International que des frappes aériennes avaient endommagé deux entrepôts, détruisant partiellement des vivres et des fournitures médicales.

    Un médecin syrien qui surveille la situation depuis la Turquie a quant à lui fait savoir que les stocks de fournitures médicales seraient bientôt épuisés.

    « Si les bombardements se poursuivent à ce rythme et avec la même intensité, les fournitures médicales ne dureront pas plus de deux mois. Des blessés meurent alors qu’ils font la queue pour être soignés, car il n’y a pas assez de personnel ni d’hôpitaux ouverts », a-t-il déclaré.

    Des médecins, des travailleurs humanitaires et des habitants d’Alep ont dit à Amnesty International que les attaques les plus meurtrières avaient touché des zones résidentielles, bien loin des lignes de front et des objectifs militaires.

    Le droit international humanitaire prohibe les attaques contre les civils et les biens de caractère civil, dont les hôpitaux et d’autres structures médicalisées, ainsi que l’utilisation contre la population civile de la famine comme méthode de guerre.

    « Le gouvernement syrien et ses alliés font preuve d’un mépris total pour le droit international humanitaire, et bafoue de manière flagrante toutes les dispositions relatives aux droits humains des résolutions adoptées sur la Syrie par le Conseil de sécurité. Cet organe des Nations unies n’a quant à lui pas accordé la priorité à la protection des civils contre des violations de leurs droits, a déclaré Philip Luther.

    « Tous les États participant aux négociations de Genève sur la Syrie, en particulier la Russie, l’alliée du gouvernement syrien, doivent exercer de fortes pressions sur ce dernier pour qu’il mette fin à ses attaques incessantes contre les civils et les biens de caractère civil et autorise l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire. »

    Complément d’information

    D’après le Réseau syrien pour les droits humains (SNHR), 99 civils (25 enfants, 16 femmes et 58 hommes) ont été tués par les forces gouvernementales syriennes entre le 10 et le 23 juillet. Quatorze d’entre eux auraient trouvé la mort sur la route du Castello.

    En février 2016, Amnesty International a publié un communiqué de presse, Les forces syriennes et russes prennent des hôpitaux pour cible dans le cadre de leur stratégie de guerre, où elle expliquait, preuves à l’appui, que les forces syriennes et russes semblaient avoir délibérément et systématiquement pris pour cible des hôpitaux et d’autres établissements médicaux.

    En mai 2015, l’organisation a publié un rapport, ‘Death everywhere’: War crimes and human rights abuses in Aleppo, qui rendait compte d’attaques au baril d’explosifs, entre autres attaques contre les civils imputables aux forces gouvernementales syriennes à Alep. 28 juillet 2016

    Les noms entre guillemets ont été modifiés pour protéger l’anonymat des personnes interrogées.

    https://www.amnesty.org/fr/

  • «Arrêtez le bain de sang en Syrie. Protégez les établissements médicaux et la population civile» (Al'Encontre.ch)

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    Rassemblement devant l’ONU à Genève,

    vendredi 5 août 2016, de 17h à 18h30

    Le 11 juillet 2016 un appel urgent a été lancé par le Conseil local de la ville d’Alep:

    «Le Conseil local de la ville d’Alep, élu démocratiquement pour représenter plus de 400’000 personnes vivant à Alep, tient à informer à l’échelle internationale ses partenaires politiques, ainsi que les organisations civiles, les ONG et les médias que les civils vivent sous la menace d’une catastrophe résultant du siège imposé par le régime Assad, avec l’appui des mercenaires iraniens et des miliciens du Hezbollah, et soutenu par l’aviation russe. Ainsi a été coupée l’unique voie de ravitaillement en nourriture, médicaments et en carburant pour les civils.»

    Depuis le 17 juillet, la ville d’Alep est soumise à un siège complet, ce qui conduit à un manque de nourriture, voire à une famine, à un manque de matériel médical et de soins appropriés aux malades et aux blessés. L’intensification des bombardements de l’aviation ces derniers jours et le ciblage des hôpitaux accentuent par ailleurs la souffrance de la population sous siège. L’UOSSM a publié des témoignages vidéo des médecins d’Alep [1] _ à ce sujet.

    Le réseau syrien pour les droits de l’homme annonce le chiffre effrayant de 80 établissements détruits par ces attaques au premier semestre 2016; 81 membres du personnel médical et casques blancs ont été tués durant la même période. Depuis le début du conflit en 2011, plus de 700 médecins et personnels médicaux ont été tués lors d’attaques d’hôpitaux, de centres sanitaires, selon le président de la commission d’enquête de l’ONU sur les droits de l’Homme en Syrie, le Brésilien Paulo Pinheiro. Il s’est exprimé à Genève le 21 juin 2016.

    «Nous enjoignons à la France et à la communauté internationale de tout mettre en œuvre pour faire arrêter les bombardements, protéger les hôpitaux et le personnel médical ainsi que les populations civiles syriennes. Nous ne pouvons rester aveugles face à cette catastrophe humanitaire et sanitaire que subit la Syrie suite aux attaques aériennes incessantes», lance le Dr Ziad Alissa, président de l’UOSSM France [2].

    Nous nous joignons à l’UOSSM pour appeler l’ONU et la communauté internationale à faire face à leurs responsabilités, à intervenir fermement pour stoper les bombardements, protéger les institutions médicales, le personnel médical et la population civile à Alep. Mais également afin d’intervenir pour imposer le cessez-le-feu partout en Syrie et agir pour instaurer une transition politique sans Assad et son régime qui sont les principaux coupables de la destruction de la Syrie et de son tissu social.

    Pour instaurer une paix durable, il est primordial de commencer par amener les criminels de guerre et les responsables de crimes contre l’humanité devant la justice, aussi bien ceux appartenant au régime Assad que ceux qui agissent au nom de Daech et de ses semblables. L’impunité et l’injustice sont à l’origine de l’augmentation de la violence en Syrie et dans tout le Moyen-Orient, ainsi que des débordements de violence actuels sur l’Europe.

    Venez nombreux pour dire STOP au bain de sang en Syrie, Oui à une solution politique qui garantisse la justice, pour permettre une paix durable. (28 juillet 2016)

    Publié par Alencontre le 28 - juillet - 2016
     

    Rassemblement organisé par FemmeS pour la Démocratie et soutenu par le Mouvement pour le socialisme (MPS), le site alencontre.org, solidaritéS.