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Syrie - Page 28

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Les médecins syriens, piliers de la résistance à Alep

    15 - juin - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Benjamin Barthe La politique de la terre brûlée mise en place par le régime Assad ne les a pas fait fuir. Malgré quatre années de bombardements aveugles, une quarantaine de médecins continuent d’exercer dans la partie est d’Alep, contrôlée par la rébellion. Praticiens locaux engagés dans la révolution, professionnels de la diaspora venus en […]

    Israël. «Ce n’est pas la campagne BDS qui est criminelle»

    15 - juin - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Gideon Levy La lutte contre le mouvement pour boycotter Israël (BDS – Boycott, désinvestissement, sanctions) a atteint en Israël un niveau inédit – celui de la criminalisation. A partir de maintenant il ne s’agit pas simplement d’une campagne de propagande contre BDS (qui ne fait d’ailleurs que le renforcer), ni de l’attitude habituelle qui […]

    Syrie. L’OMS combat le tabagisme… dans les villes assiégées

    12 - juin - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Benjamin Barthe Le 24 février 2016, le New York Times consacrait un article sur le choix effectué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant la composition d’une équipe d’experts devant enquêter sur la santé mentale des populations contraintes de se «déplacer» suite à la guerre. L’OMS engagea une personne dont l’expertise en la matière […]

  • Les relations entre l’Iran et la Syrie (A l'Encontre.ch)

    syrie-1

    Les deux pays ont entamé leurs relations bilatérales en 1946.

    L’Iran a été le premier pays à reconnaître l’indépendance de la Syrie. L’Iran après avoir reconnu l’Etat d’Israël en 1950 (deuxième pays à majorité musulmans après la Turquie), n’avait pas de relations privilégiées avec les pays arabes (sauf la Jordanie).

    Avant la révolution de 1979

    L’Iran du Shah fournissait l’essentiel de la consommation d’Israël en hydrocarbures. Malgré les rapprochements avec Israël et son rôle du gendarme dans le Golfe persique, le Shah avait établi des relations normales avec les pays arabes (à l’exception de l’Egypte de Nasser). L’antagonisme entre les deux régimes baasistes (de l’Irak et de la Syrie) a offert une occasion au régime du Shah pour normaliser ses relations avec la Syrie d’Hafez Al-Assad.

    L’Iran avait des différents frontaliers et stratégiques avec l’Irak. Les deux pays étaient membres deux alliances rivales liées l’une à l’Occident, l’autre à l’Union soviétique (URSS). L’Iran du Shah a été un membre actif de traité nommé CENTO (Central Treaty Organisation, initialement nommé Pacte de Bagdad en 1955 et rebaptisé CENTO après le retrait de l’Irak en 1959.)

    Le 6 mars 1975, sous l’égide du président algérien Boumediene, un accord a été signé entre le Shah et Saddam Hussein sur les différends frontaliers et l’accès aux eaux de Chatt-el-Arab. Cet accord n’a pas empêché le rapprochement entre le Shah et Hafez Al-Assad: ce dernier a entamé une visite d’Etat de 4 jours, le 28 décembre 1975 lors de laquelle le Shah a accepté d’accorder une aide de 200 millions de dollars à la Syrie. Mais, malgré ce rapprochement, le régime syrien a continué son aide aux opposants iraniens (religieux et autres), dont certains lui ont rendu la monnaie de la pièce après la révolution islamique.

    Après la révolution

    La chute du Shah a abouti à remodeler la géopolitique de la région. Parmi les pays arabes, le seul pays qui a amélioré ses relations avec la République islamique a été la Syrie. Initialement, deux raisons pouvaient expliquer ce rapprochement :

    • Israël avait perdu un allié important;
    • la Syrie et l’Irak étaient en rivalité malgré leur proximité idéologique et notamment leur appartenance au baasisme [le Parti Baath – «résurrection» – créé en 1947, s’imposa en Syrie dès 1963, avec une parenthèse entre 1966 et 1970 et en Irak de 1968 à 2003 ; au-delà des différents, initialement cette formation faisait référence au «socialisme arabe» et au «nationalisme panarabe»].

    La Syrie était parmi les premiers états à solliciter une relation forte avec le nouveau pouvoir en Iran et le premier pays arabe à avoir reconnu le nouveau gouvernement iranien. Israël perdait un allié stratégique et Hafez Al-Assad ( ne pouvait pas l’ignorer. Il a même dit que « l’imam Khomeiny a cassé une branche de la pince que la Shah et Israël avaient utilisé pour faire pression sur les voisins.

    La guerre Irak-Iran (1980-1988) a favorisé une relation stratégique entre l’Iran et la Syrie. Les avancées de l’armée irakienne ont inquiété le régime syrien qui a pris des décisions significatives pour aider le régime iranien. Selon « le centre de documentation de la révolution islamique » cite par « Tasnim News Agency » (dépendant des Pasdarans de la révolution islamique), La Syrie faisait partie des rares pays qui ont soutenu l’Iran pendant la guerre de 8 ans contre l’Irak. Ce pays a apporté une aide militaire et politique d’envergure.

    Le premier objectif de la Syrie était d’empêcher la victoire de Saddam Hussein : un Irak victorieux prendrait une place plus importante sur l’échiquier moyen-oriental et donc affaiblirait le régime syrien.

    Parmi les premières décisions de Hafez Al-Assad (1970-2000) figurait la fermeture du pipeline qui transportait le pétrole irakien (500’000 barils par jour) du nord de l’Irak sur les côtes de la méditerranée. Ainsi, l’Irak a perdu 30% de ses ressources pétrolières. Le général Safavi, ancien commandant des pasdarans |«gardien de la révolution») et conseiller militaire de Khamenei raconte: «Après nos avancées sur le port de Khorramchahr (en 1982), nous avons rencontré Hafez Al-Assad à Damas. Nous lui avons demandé la livraison de missiles. Il a répondu qu’il avait donné la garantie aux Soviétiques de ne pas livrer ces armes à pays tiers, mais l’armée syrienne peut nous entraîner avec les siens. Finalement, nous sommes allés solliciter le colonel Kadhafi et le chef libyen nous a livré 20 missiles Scuds. Et ensuite nous pouvions aussi menacer des villes d’Irak, en particulier Bagdad, avec nos missiles et changer l’équilibre des forces au niveau militaire». Selon le document cité ci-dessus, l’aide logistique et technique de la Syrie a permis à la République islamique d’organiser son industrie de production de missiles militaires.

    Selon la même source, le régime syrien a livré aussi des renseignements militaires de première importance. Les Syriens ont livré aux Iraniens des informations «secrètes» sur les bases militaires des forces irakiennes et aussi sur l’ensemble des armements russes de l’armée irakienne.

    Après la guerre [la guerre entre l’Iran et l’Irak a duré de 1980 à 1988], les relations entre deux pays – Iran et Syrie – ont ouvert sur une nouvelle page. L’Iran a commencé a exprimé sa reconnaissance en fournissant du pétrole même gratuitement. Les aides syriennes ont rendu un service non négligeable à l’Iran pendant les huit années de guerre et les ayatollahs n’oublient pas facilement.

    L’Iran et la Syrie ont consolidé leurs liens dans tous les domaines : économico-politique, militaire, culturel, industriel et surtout sécuritaire.

     

    Les échanges commerciaux de deux pays sont présentés dans le tableau ci-dessous: les chiffres sont en millions de dollars (selon le bulletin de l’ambassade de la R.I.I à Damas)

     

     

    Année

    Exportations

     

    M $

    Importations

     

    M $

    Volume

     

    d’échanges M $

    Solde

     

    M $

    2001 52,5 1,7 54,2 +50,8
    2002 62,5 34,5 97 +28
    2003 71 3,5 74,5 +28
    2004 115,67 4,45 120,12 +111,22
    2005 186,3 6,7 93 +179,6
    2006 171 10,5 181,5 +160,5
    2007 328 14 342 +314
    2008 320 16 336 +304

     

    Rappelons que les chiffres de 2008 concernent les dix premiers mois de l’année et l’échange total atteint 350 millions de dollars. Bien entendu, la balance positive est en faveur de l’Iran.

    L’Iran a exporté des voitures, des wagons de chemin de fer, des matériaux électriques et BTP, des machines agricoles, des pneus et des fruits secs.

    La Syrie a exporté du coton, des polymères, les vêtements, de l’huile d’olive, du bois aggloméré, papier et des déchets métalliques dont du cuivre. Mais cela, c’était avant les événements de 2011 – le soulèvement de mars 2011 en Syrie – qui ont abouti à la guerre actuelle. Le régime syrien ayant perdu beaucoup de ses ressources, a dû demander l’aide du «grand frère» iranien.

    Selon la déclaration d’Adib Mayale, directeur de la Banque centrale de Syrie, (La Voix de Russie, 28 mai 2013), l’Iran a accordé un autre crédit d’un milliard de dollars pour que la Syrie puisse se procurer du pétrole et d’autres produits nécessaires (venant s’ajouter à d’autres financements antérieurs).

    Selon une information mise en ligne le 29 juin 2013 sur le site Tabnak (un site proche de Rezaï, ex-commandant des Pasdarans), Qadri Jamil (vice-ministre syrien de l’économie) avait déclaré au Financial Times que la Syrie recevait 500 millions de dollars par mois de la part de l’Iran, de la Russie et de la Chine, sans détailler la part de chaque pays cité. Il a ajouté, en outre, que la République islamique avait ouvert une ligne de crédit illimitée en faveur de la Syrie.

    Auparavant, le directeur de la Banque centrale de Syrie avait confirmé que le crédit mis à disposition par l’Iran pour l’importation du pétrole dépasse 4 milliards de dollars. Le 9 mai 2016, Hayan Salman, vice-ministre de l’économie et du commerce extérieur de Syrie a annoncé, lors d’une visite en Iran, que l’échange commercial entre les deux pays avait atteint 1 milliard de dollars.

    Le 13 décembre 2011, le Parlement iranien a voté un décret de libre-échange entre les deux pays. Avant d’analyser le choix iranien de soutenir le régime syrien dans sa guerre actuelle, il est utile de souligner l’importance stratégique de la Syrie lors de ces derniers 36 ans.

    Pendant la guerre Iran-Irak, au-delà des aides qu’on vient de citer, quand les troupes irakiennes fonçaient sur l’Iran, la Syrie a positionné ses troupes sur la frontière occidentale d’Irak, obligeant Saddam Hussein à positionner une partie de son armée à la frontière avec la Syrie. Et, cette mesure a changé énormément la configuration de la guerre.

    Après la guerre, La Syrie a été la voie principale pour acheminer les armements iraniens vers le Hezbollah du Liban. Dans plusieurs documents officiels, la Syrie est présentée comme le pont entre l’Iran et le Hezbollah. Un document diplomatique iranien désigne la Syrie comme le pays qui a facilité et garanti la présence de l’Iran au Liban et la construction du Hezbollah.

    La relation entre les régimes iraniens et syriens n’est pas basée sur la religion, même si la famille au pouvoir en Syrie appartient à une branche de l’islam qui se réclame du premier imam chiite de l’histoire; même la présence en Syrie de lieux saints chiites favorise ces liens. Par ailleurs les dirigeants iraniens n’ignorent pas que le régime syrien n’est en rien un régime religieux.

    Malgré la proximité stratégique entre ces deux régimes, la Syrie n’a pas pris toujours des positions favorables au régime de Téhéran. Pendant la guerre Iran-Irak, et malgré le soutien massif du régime syrien, quand les troupes iraniennes n’étaient pas loin de prendre la presqu’île de Fao, la Syrie a condamné l’Iran en s’associant aux pays arabes du Golfe persique. Par ailleurs, la Syrie a participé au sommet arabe d’Amman en octobre 1987 qui a condamné l’Iran.

    Bachar Al-Assad, comme son père Hafez, n’a pas manqué de prendre des décisions contre ses «amis iraniens» quand il s’agissait de mettre en avant «l’unité arabe». Il a soutenu les Emirats Arabes Unis concernant leur conflit sur les trois îles du Golfe.

    Sous la présidence d’Ahmadinejad (président de 2005 à 2016), les diplomates iraniens ont rencontré les opposants syriens, dont les membres des Frères Musulmanes. Ahmadinejad, a critiqué, modérément, la politique de répression, en prévision, alors, d’un possible changement de pouvoir.

    La République islamique a accueilli favorablement les soulèvements dans les pays arabes et les a baptisés «l’éveil islamique». Mais, quand le soulèvement s’est produit en Syrie où le peuple réclamait la liberté, le ton a complètement changé en Iran. Aux yeux des autorités islamiques, les évènements de Syrie étaient le résultat d’un complot de l’Occident et d’Israël.

    Serat, le site d’un think-tank proche des services de sécurité iranienne résume les facteurs les plus importants de soutien sans faille de l’Iran envers le régime syrien :

    • le rôle d’intermédiaire de la Syrie entre l’Iran et le Hezbollah;
    • l’équilibre politique dans la région;
    • la volonté de freiner les intérêts américains et israéliens dans la région.

    C’est pourquoi l’Iran est le plus grand soutien du régime syrien.

    Le site Serat ajoute que la Syrie présente des avantages stratégiques pour l’Iran:

    • l’ouverture d’une grande porte vers le monde arabe;
    • la mise en place d’un «barrage÷ face à Israël et les Etats Unis.

    Mais l’aspect le plus important de ce lien est la construction d’un pont solide liant l’Iran au Liban et au Hezbollah.

    Certains responsables de la République islamique admettent que cette relation privilégiée crée un bouclier pour éviter l’instabilité à l’intérieur de l’Iran même. Ils sont tous d’accord sur un point: l’alliance de l’Iran et de la Syrie n’est pas basée sur des dimensions idéologiques ou religieuses.

    L’Iran et la «guerre civile» en cours

    Les dirigeants de la République islamique œuvrent pour garder Assad au pouvoir, mais ils veulent également tisser des liens avec tous les alaouites et aussi les autres minorités paramilitaires du pays pour sauvegarder leurs propres intérêts. Depuis l’intensification du conflit, l’Iran a augmenté ses aides militaires au régime syrien. Ce rôle est attribué à l’armée Qods, la branche extérieure des Pasdarans dirigée par le général Soleymani.

    Le régime iranien a toujours eu des déclarations contradictoires à propos de la présence de l’Armée Qods.

    Le 16 septembre 2012, Mohamad Djafari, commandant en chef des Pasdarans, avait déclaré que «la présence des forces de Qods en Syrie n’est pas militaire ». Il avait ajouté que l’Iran avait seulement fourni des conseillers militaires à l’armée d’Assad en ajoutant que «si la Syrie était l’objet d’attaque militaire, l’Iran la soutiendrait militairement». Pourtant, une photographie a circulé prouvant la participation de Esmaïl Gha’ani, le commandant en chef adjoint de Qods, dans une opération militaire en juin 2012.

    Après la signature en juillet 2015 des accords concernant le programme nucléaire iranien, et la présence ouverte de la Russie dans les opérations militaires en Syrie, la République islamique a été en obligation de ne plus cacher la présence de ses forces armées.

    La mort en Syrie du général Hassan Hamedani, un des commandants de Qods, le 7 octobre 2015, puis la mort de dizaines de pasdarans et d’officiers des forces spéciales de l’armée régulière iranienne a obligé le régime à confirmer sa présence militaire en Syrie.

    Le chef de l’armée régulière iranienne a voulu dégager sa responsabilité en déclarant que les officiers des forces spéciales étaient partis en Syrie sous l’égide d’une «autre force» que celle dont il avait la responsabilité, en sous-entendant ainsi que cette initiative avait été prise par les pasdarans, ce qui a ajouté à la cacophonie.

    En Iran, le guide suprême Khamenei essaie de donner un sens religieux à l’engagement de militaires iraniens. Il présente les forces de Daesh (ledit Etat islamique) comme «les terroristes takfiri» c’est-à-dire des mécréants. Le régime iranien n’hésite plus à présenter l’Arabie saoudite, comme un des parrains de Daesh, aux côtés des gouvernements américain et israélien. Les dernières pertes de l’armée de Qods datent d’il y a peu (le 7 mai 2016) où 13 militaires iraniens ont perdu la vie dans la région de Khan Touman.

    En Iran, en raison du contrôle exercé par le régime sur les médias, l’information sur la perte des Force militaire du régime ne circule pas librement. Il faut attendre pour que les réactions et les protestations sur la participation des Pasdarans ainsi que leurs pertes soient diffusées. L’armé Qods utilise aussi des «mercenaires» afghans (des réfugiés afghans en Iran, en réalité) dans cette salle guerre. Selon le quotidien Le Monde (1/02/2016): «Longtemps, la présence d’Afghans chiites, venus combattre en Syrie aux côtés de l’armée gouvernementale, est restée inconnue. Mais les preuves sur la présence de ces mercenaires, le plus souvent recrutés en Iran, où nombre d’entre eux sont réfugiés, s’accumulent. Alors que Téhéran, principal soutien du régime de Bachar Al-Assad, continue de nier la présence de ses soldats sur le sol syrien – à l’exception de conseillers militaires –, de nombreux sites Internet iraniens publient des images de funérailles de miliciens afghans chiites, tombés en «martyrs» en Syrie ».

    Selon les sites iraniens et afghans, le régime de Téhéran exerce des pressions sur les familles de réfugiés Hazaras (chiites d’origine afghans) pour obliger les jeunes à rejoindre les Pasdarans en Syrie, en prenant leurs familles en otage. On leur alloue un «salaire» de 500 dollars par mois pour ces «soldats» qualifiés de «volontaires .

    Un institut proche du ministère iranien des Affaires étrangères conclut que l’aspect principal des relations entre la Syrie et l’Iran est «sécuritaire» à l’échelle régionale. Il les présente comme en conformité avec la doctrine de l’école de Copenhague en relation internationale. Il est utile d’ajouter que cette école de pensée est basée sur la «sécurité sociétal » et est une théorie proche des pensées de Huntington, l’auteur de l’ouvrage «Le choc des civilisations».

    Cet institut énumère plusieurs facteurs qui ont rendu «sécuritaire» la relation des deux pays aux yeux de l’Iran :

    • la politique de la Syrie au ton anti-américain, ce qui créait des relations de proximité avec l’Iran;
    • les frontières communes de la Syrie avec Israël et le territoire contrôlé par le Hezbollah au Liban;
    • la convergence entre le nationalisme arabe et l’identité irano-islamique ;
    • la stratégie de l’Iran en Syrie visant à sauvegarder la sécurité de la République islamique d’Iran face à l’Occident.

    Conclusion

    La situation de l’Irak et surtout de la Syrie a permis à la République islamique d’Iran de réaliser son souhait d’intervenir pour jouer un rôle sur la scène géopolitique régionale et mettre en évidence son hégémonie dans la rivalité avec l’Arabie Saoudite et la Turquie.

    La survie du régime syrien vise à garantir à l’Iran la continuation de ses liens avec le Hezbollah. En fournissant des armes à celui-ci, le régime iranien veut pouvoir jouer un rôle déterminent dans cette région, en particulier vis-à-vis d’Israël. Les missiles iraniens fournis au Hezbollah sont en effet en capacité d’atteindre Tel Aviv.

    C’est pourquoi les responsables de la République islamique répètent sans cesse que la sécurité de la Syrie est partie intégrante de la sécurité de l’Iran.

    Désormais le champ d’action de la République Islamique s’est étendu à la Méditerranée et Israël. Tout cela est devenu un élément clé des relations nouvelles (ou amoindrir les effets) tissées avec les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux non seulement pour répondre aux sanctions économiques, répondre de la sorte à un approfondissement de la crise socio-économique, mais aussi être, dans une région stratégique et «soumises à des chocs», un acteur devant être pris en compte par les «grandes puissances» qui, elles, peuvent y trouver quelques débouchés économiques (27 mai 2016).

     Béhrouz Arefi

    Alencontre le 31 - mai - 2016

    http://alencontre.org/moyenorient/iran/les-relations-entre-liran-et-la-syrie.html

    Intervention prononcée par Béhrouz Arefi, représentant de la Solidarité Socialiste avec les Travailleurs en Iran (SSTI-France) lors du Forum «L’Autre Genève» sur la Syrie, organisée à l’Université de Genève, les 27 et 28 mais 2016, sous les auspices sur site A l’Encontre.org et des Femmes syriennes pour la démocratie.

     

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  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

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    Quel programme et quels intervenants?

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    Par Benjamin Barthe Sur le front économique comme sur le front militaire, les nouvelles ne sont pas bonnes pour le régime syrien. Déjà confronté à l’enlisement de son opération de reconquête dans le nord du pays, Damas doit désormais faire face à l’effondrement incontrôlé de sa monnaie. Alors qu’il fallait 48 livres syriennes (LS) pour obtenir […]

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    15 - mai - 2016 Publié par: Alencontre

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    L’ombre de la Syrie à Idomeni

    10 - mai - 2016 Publié par: Alencontre

    Le Dr Conor Kenny travaille pour MSF à Idomeni, au nord de la Grèce à la frontière avec la Macédoine. ll nous livre son témoignage. Avant même que je ne puisse le voir, je pouvais entendre ses cris venir jusqu’à nous à travers la tente de la clinique. Porté dans une couverture standard noire par […]

  • Face au régime Assad, le peuple syrien en lutte ne se soumet pas (Essf)

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    Le régime Assad veut écraser toute forme de résistance populaire démocratique… mais le peuple syrien en lutte ne se soumet pas

    Une nouvelle flambée de violence a touché la ville d’Alep entre le 22 avril au 5 mai, faisant environ 300 morts au total, en majorité des civils dans les zones tenues par l’opposition et le régime, malgré une majorité nette du côté des territoires de l’opposition. C’est dans ce cadre qu’une campagne internationale nommée « Alep brûle » a été lancée par des groupes et individus dans le monde entier soutenant la révolution syrienne ces dernières semaines pour demander l’arrêt de tous les bombardements et envois de rockets contre tous les civils à Alep et afficher sa solidarité avec la ville meurtrie. Des manifestations populaires ont également dans de nombreuses région du pays dénonçant les bombardements de l’aviation militaire du régime et témoignant leur solidarité avec les habitant-es d’Alep. [1]

    Il est vrai que la puissance de feu du régime n’a pas d’égal du côté de l’opposition armée et que le nombre de civils tué par le régime et ses alliés est bien plus élevé, mais cela ne justifie en aucun cas le bombardement ou le meurtre de civils ou la destruction d’hôpitaux par les groupes de l’opposition armée. Comme chantaient les manifestant-es au début de la révolution « celui qui tue son peuple est un traitre », aujourd’hui nous disons la même chose et ajoutons « celui qui tue les civils est un traître et un criminel ». On ne peut pas prétendre vouloir présenter un alternative démocratique au monstre Assad en utilisant des méthodes similaires à lui.

    Une trêve temporaire à Alep est néanmoins entrée en vigueur jeudi 5 mai, qui tient encore à l’heure ou nous écrivons malgré un tir de roquette par des groupes de l’opposition armée dans la nuit de dimanche tuant 3 civils dans les régions sous contrôle du régime, après qu’une cessation des hostilités dans l’ensemble du pays entre les forces du régime et ses alliés d’un côté et l’opposition armée de l’autre appliquée depuis le 27 février a volé en éclats dans la ville. Cela n’a pas empêché le dictateur Bachar Al-Assad de déclarer le jour d’après dans un télégramme au président russe Vladimir Poutine, dans lequel il remercie Moscou pour son soutien militaire, que l’armée syrienne n’acceptera pas moins que la « victoire finale » et « l’écrasement de l’agression » contre les rebelles à Alep et ailleurs en Syrie. Malgré les différentes trêves le régime Assad et ses alliés n’ont en effet pas cessé leurs offensives militaires dans différentes parties du pays. C’est pourquoi d’ailleurs les négociations de « paix » sont au point mort.

    Des combats se poursuivent d’ailleurs dans la province d’Alep ainsi que dans les gouvernorats de Deir ez-Zor (est), Damas, Homs (centre) et Deraa (sud), entre les forces du régime et différents groupes de l’opposition armée de l’Armée Syrienne Libre (ASL) et des groupes djihadistes non inclues dans l’accord de la trêve comme Daech et Jabhat Al Nusra (branche d’Al-Qaida en Syrie). L’aviation du régime a également bombardé un camp de déplacés le jeudi 5 mai dans la province d’Idlib (nord-ouest), qui a fait 28 morts dont des femmes et des enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

    Détruire les alternatives populaires démocratiques

    La bataille d’Alep revêt d’une importance politique et militaire importante et la reprise de la ville par les forces du régime Assad et ses alliés russes, iraniens, Hezbollah et autres porteraient un très gros coup à l’opposition, tout en renforçant les forces fondamentalistes islamiques réactionnaires. Les bombardements aériens du régime Assad n’ont pas simplement l’objectif de tuer un maximum de civils mais également d’empêcher toute alternative démocratique populaire sur le terrain comme par exemple les territoires libérées d’Alep. Alep représente en effet aussi un symbole fort d’une opposition populaire démocratique, qui s’est d’abord débarrassé du régime Assad, et ensuite de Daech et de Jabhat Al-Nusra refusant leur autoritarisme et leur vision réactionnaire. Il ne reste que quelques groupes de l’ASL dans ces quartiers. Les régions libérées d’Alep, dans lesquelles vivent encore 300,000 habitants, sont en effet auto-organisées par les populations locales à travers des conseils populaires locaux qui gèrent tous les secteurs de la société dans l’administration des écoles, la gestion des déchets, les campagnes démocratiques et les manifestations, travaux, accompagnements et assistances psychologiques et autres aux civils, etc…

    C’est pourquoi le régime et/ou l’aviation russe cible principalement les infrastructures civiles de ces régions libérées comme l’hôpital a-Quds détruit par un bombardement aérien le 27 Avril, tuant au moins 55 personnes, dont l’un des derniers pédiatres dans la ville d’Alep. L’hôpital al-Quds, doté de 34 lits, était « le centre de référence principale pour la pédiatrie” dans cette région a déclaré Médecins Sans Frontières (MSF), qui a soutenu l’hôpital depuis 2012. C’est dans la même logique qu’il faut comprendre les bombardements qui ont frappé la seule station de la défense civile dans la ville d’Alep Atareb fin avril, tuant cinq de ses membres dans la dernière d’une série d’attaques sur les infrastructures civiles et de l’opposition dans la province du Nord. Quelques jours avant, c’était l’hôpital de la ville qui était visé. Dans le passé des boulangeries, écoles, hôpitaux de fortunes, centre de soins et autres infrastructures ont également été la cible du régime. Selon les Médecins pour les droits de l’homme, depuis le début du conflit, au moins 346 attaques contre des installations médicales ont été effectuées par les différentes parties au conflit, causant la mort de 705 travailleurs de la santé. Les forces du régime syrien et leurs alliés sont les responsables de la grande majorité ces attaques. Amnesty International dans un rapport récent a dénoncé les attaques sur les hôpitaux et centre de soins par le régime Assad et ses alliés et a caractérisé ses actions comme une stratégie de guerre délibérée. [2]

    Le régime veut vider de sa population ses territoires libérés et empêcher toute alternative démocratique populaire, qui est son plus grand danger et non les forces islamiques fondamentalistes qui sont ces meilleurs ennemis…

    Les résistances populaires continuent…

    Des manifestations populaires et différentes formes de résistances continuent néanmoins dans différentes régions libérées de la Syrie demandant la chute du régime.

    Des manifestations ont également eu lieu dans la ville de Sweida, en très grande majorité de la minorité Druze, ces dernières semaines à la suite de l’arrestation d’activistes dans la province. Les manifestant-es ont défilé dans les rues de la ville en chantant des slogans tel que « le peuple syrien est un et uni », « Syrie est à nous et non pas à la famille Assad » et « La religion pour Dieu et la patrie pour tous » (le dernier slogan est un slogan célèbre pendant la lutte contre l’occupant français au cours du mandat français de 1920 à 1946). La manifestation s’est terminée sur la place principale de la ville, sur laquelle les manifestations ont enlevé la statue de Hafez al-Assad et l’ont renommé de « la place du président » à « la place de la dignité » avec le drapeau de la révolution syrienne. Des témoignages de solidarité sont venus d’autres régions de la Syrie libérée avec les manifestant-es de Sweida. [3]

    Les populations locales de la Ghouta Orientale ont de leur côté organisé des manifestations de masse pour dénoncer les combats internes entre l’Armée de l’Islam, qui domine cette région, et des forces dirigées par la faction rivale Failaq a-Rahman, qui a vu son influence augmenté ces derniers mois après sa création en février 2016 par et leur demandant d’unir leurs fusils contre le régime Assad. Ces confrontations militaires sont le résultat de la volonté de ces deux groupes armées de contrôler ces territoires et augmenter leur influence militaire, tout cela au détriment des populations locales.

    Une révolte populaire a aussi commencé début mai dans la prison de Hama et les prisonniers ont pris le contrôle de la prison. La révolte a commencé après une tentative par la police de transférer cinq prisonniers condamnés à mort par un tribunal militaire extra-judciaire de la prison de Hama à la prison de Sadnaya, réputés pour sa violence contre les détenus. Les prisonniers dans l’aile « terrorisme » ont refusé de remettre les cinq détenus, détenant neuf policiers qui étaient venus les prendre, et ont commencé leur révolte. Le reste de la prison a rejoint l’insurrection et les prisonniers ont enlevé les portes des différents secteurs du bâtiment et étaient dès lors connecté, prenant le contrôle de toute la prison. La prison compte environ 1200 prisonniers, dont 850 prisonniers politiques arrêtés pour leur opposition au régime. Le régime a tenté de prendre d’assaut la prison le vendredi 6 mai en utilisant des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de mettre fin à la rébellion, mais sans succès. Les négociations ont alors recommencé avec les prisonniers qui demandent la libération des prisonniers politiques. Une trentaine ont déjà été libérés par le régime. Aux dernières nouvelles (dimanche 8 mai), une entente de principe a été conclue pour mettre fin à la révolte dans la prison de Hamas qui conduirait à terme à la libération des prisonniers politiques.

    En même temps, la ville de Maaret Al-Numaan continue ses manifestations populaires, depuis plus de 50 jours sans arrêt, contre l’organisation réactionnaire Jabhat Al-Nusra qui ne cesse d’intimider les activistes locaux et manifestant-es. Lors de la dernières grande manifestation du vendredi 6 mai, les milices de Jabhat Al-Nusra ont tenté de casser la mobilisation en agressant violemment les manifestant-es, mais sans succès. [4]

    Conclusion

    La mise en place d’une transition sans Assad et ses colistiers à la tête de l’Etat pour une Syrie démocratique et libre est une nécessité pour espérer un véritable changement dans le pays. Et comme l’a déclaré l’activiste des Droits de l’Homme Mazen Darwish, récemment libéré après plusieurs années de prisons, toute transition doit permettre la justice à toutes et tous en Syrie pour empêcher de rentrer dans une spirale de revanche dans une période de transition et cela signifie que tous les responsables du régime et ses alliés, des groupes islamiques fondamentalistes et autres doivent être tenus responsables de leurs crimes contre des civils et autres.

    Solidarité avec le peuple syrien en lutte contre toutes les formes de contre révolution qui essaient de l’écraser.

    Une Syrie pour toutes et tous.

    Joseph Daher

    9 mai 2016 Syria Freedom Forever. Posted on May 9, 2016


    https://syriafreedomforever.wordpress.com/2016/05/09/le-regime-assad-veut-ecraser-toute-forme-resistance-populaire-democratique-mais-le-peuple-syrien-en-lutte-ne-se-soumet-pas/

  • Islamophobie et orientalisme inversé: Europe et Moyen-Orient

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    Certains courants de la gauche radicale peinent à articuler la lutte contre l’islamophobie en Europe avec le soutien aux luttes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

    Tandis que d’autres, traversés par le concept « orientaliste », promeuvent l’islam politique comme vecteur d’émancipation. Deux maux dont la gauche doit se défaire, selon Joseph Daher.

    La lutte contre l’islamophobie en Europe et pour le changement radical des sociétés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord nécessite encore et toujours des débats au sein de la gauche radicale, car certains ont parfois du mal à combiner les deux objectifs pour différentes raisons, souvent d’ailleurs contradictoires. Dans la première partie de cet article, nous traiterons de la nécessité de la lutte contre l’islamophobie comme objectif central de la lutte pour une société plus égalitaire et plus juste, particulièrement en période de crise économique et de montée du racisme en Europe.

    Dans la seconde partie, nous démontrerons que la lutte contre l’islamophobie ne doit en aucun cas laisser la place à un « orientalisme en retour ou inversé » qui traverse certains courants de gauche dans leur analyse du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

    L’islamophobie est tout d’abord le racisme envers la communauté musulmane, les citoyen-ne-s de confession musulmane, pratiquants ou non, simples croyants ou athées, mais portant un prénom musulman. L’islamophobie ne mesure pas la religiosité d’une personne. Elle connu une explosion en Occident après les attentats du 11 septembre 2001. Un nouvel ennemi avait été trouvé et les lois discriminantes à l’encontre des communautés musulmanes en Europe ont connu un boom.

    Dans un rapport publié en 2012, intitulé Choix et préjugés - la discrimination à l’égard des musulmans en Europe, Amnesty International s’alarme du climat islamophobe.

    De nombreux pays européens (France, Suisse, Autriche...) sont pointés du doigt pour leurs pratiques, encouragées par des partis politiques en quête de voix électorales, ajoute le rapport. Le rédacteur du rapport décrit par exemple le fait que « des femmes musulmanes se voient refuser des emplois et des jeunes filles sont empêchées d’aller en classe simplement parce qu’elles portent des vêtements traditionnels comme le foulard (...). Des hommes peuvent être licenciés pour porter des barbes associées à l’islam ».

    La Suisse n’échappe pas à cette atmosphère islamophobe, dont le symbole reste la loi sur l’interdiction de construction de nouveaux minarets votée en 2009.

    La gauche radicale, dans la résistance aux intérêts capitalistes qui veulent imposer des mesures d’austérités à travers l’Europe, via l’outil principal de la dette mais également via le racisme et l’islamophobie, ne peut se permettre de reléguer cette question. L’islamophobie, comme le racisme et le communautarisme, est un instrument des classes dirigeantes pour diviser les classes populaires et les détourner de leur réel ennemi : la classe bourgeoise.

    Trostky affirmait que même si une démocratie complète est illusoire sous le système capitaliste, le mouvement révolutionnaire ne doit en aucune façon renoncer, même sous l’impérialisme, à la lutte pour les droits démocratiques.

    Le combat contre l’islamophobie et le racisme en général et pour le droit à l’exercice de la liberté de conscience est fondamental dans la pensée marxiste.

    Dans sa Critique du programme de Gotha du Parti Ouvrier Allemand (1875), Marx expliquait que la liberté privée en matière de croyance et de culte doit être définie uniquement comme rejet de l’ingérence étatique. Il en énonçait ainsi le principe : « Chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels, sans que la police y fourre le nez ». Ce même Marx a défendu l’obtention des droits civiques des juifs de Cologne en 1843 et déclarera que le privilège de la foi est un droit universel de l’homme. Le marxisme classique, celui des fondateurs, n’a d’ailleurs pas requis l’inscription de l’athéisme au programme des mouvements sociaux.

    La question du voile ne concerne que les femmes, elles doivent décider par elles-mêmes et en toute indépendance de son port ou non. Le voile imposé ou retiré par la force est un acte réactionnaire et qui va à l’encontre de tout soutien à l’autodétermination des femmes.

    Dans cette lutte contre l’islamophobie, nous nous opposons à ceux et celles qui, à gauche, rejettent toute unité d’action avec des groupes ayant une base ou se revendiquant de fondements religieux, en faisant appel à la fameuse phrase de Karl Marx selon laquelle la religion est « l’opium du peuple », sans faire référence à la suite du texte qui explique le réel sens à y donner.

    Un certain nombre d’exemples historiques démontrent l’erreur de ce positionnement.

    La gauche radicale a collaboré et lutté côte à côte avec les adeptes de la théologie de la libération, qui avaient développé une critique radicale du capitalisme contre les dictatures d’Amérique du Sud. Le parti bolchevique n’hésitait pas à coordonner des luttes avec le Bund, union générale des travailleurs juifs de Pologne, de Lituanie et de Russie, fondée en 1897, qui, malgré son orientation athéiste, anticléricale et fondamentalement socialiste, était basée sur un regroupement communautaire.

    Finalement Malcolm X qui, tout en restant fidèle à ses convictions religieuses, particulièrement à la fin de sa vie, évoluait à gauche. Il n’hésita pas à critiquer les dirigeants musulmans dans une interview en 1965, qu’il accusa d’avoir volontairement maintenu les peuples, et les femmes en particulier, dans l’ignorance. Il ajouta aussi que l’état d’avancement d’une société se mesure à la situation faites aux femmes, en déclarant que « plus les femmes sont éduquées et impliquées... plus le peuple entier est actif, lumineux et progressiste ».

    L’intervention des forces progressistes et révolutionnaires permet la radicalisation des mouvements de contestation populaire. Elle doit également empêcher toute dérive de confiscation « identitaire » des débats et des dynamiques politiques en inscrivant les luttes dans une perspective humaniste et universelle, sans laisser la place à une forme d’« orientalisme en retour » qui touche certains courants de gauche, en Occident comme au Moyen Orient.

    L’« orientalisme en retour » est un concept développé par le marxiste syrien Sadiq Jalal al Azm, en 1980, face à ce qu’il considère comme une ligne révisionniste de la pensée politique arabe, qui a fait surface sous l’effet du processus révolutionnaire iranien après 1979.

    La thèse centrale de ce courant, qui trouve à sa source un certain nombre d’intellectuels de gauche et nationalistes déçus, peut se résumer comme suit : « Le salut national tant recherché par les Arabes depuis l’occupation napoléonienne de l’Egypte ne se trouve ni dans le nationalisme laïc (qu’il soit radical, conservateur ou libéral), ni dans le communisme révolutionnaire, le socialisme ou autre, mais dans un retour à l’authenticité de ce qu’ils appellent l’islam politique populaire ».

    Ainsi, les mouvements de l’Islam politique ont tendance à promouvoir l’idée que la libération et le développement des pays arabes dépendent en premier lieu de l’affirmation de leur identité islamique, qui serait « permanente » et « éternelle », et non en luttant contre le capitalisme et l’impérialisme. D’autres questions peuvent être également débattues comme la lutte pour les droits des femmes, la lutte contre le communautarisme, le rôle de Etat, etc.

    Ce courant a trouvé malheureusement des adeptes dans certains courants de la gauche en Europe également, certes minoritaires mais néanmoins présents.

    L’islam politique devient pour cette tendance un agent de modernisation, et la religion islamique est la langue et la culture essentielle des peuples musulmans. Selon cette doctrine, la force motrice de l’histoire en Orient est l’Islam et non, comme en Occident, les intérêts économiques, les luttes de classe et les forces sociopolitiques.

    Cette vision considère ainsi les défenseurs de l’Islam politique comme des « anti-impérialistes » ou des « progressistes », et les comparaisons avec les mouvements de la théologie de la libération ont fleuri. Ces considérations sont sans fondement.

    La théologie de la libération et les mouvements islamistes ne sont pas de même nature et leurs objectifs sont différents : la théologie de la libération n’est pas tant l’expression d’une identité culturelle – dans le sens de la préservation de soi vis-à-vis d’une domination occidentale « autre », telle que la revendique le mouvement islamiste – elle s’ancre davantage dans un discours du développement et de l’émancipation des subalternes. Elle a principalement mobilisé les pauvres et les exploité-e-s, tandis que les mouvements islamistes ont tendance à cibler les classes moyennes éduquées, considérées comme les principaux agents du changement politique. Les islamistes visent avant tout à islamiser la société, la politique et l’économie, alors que les théologiens de la libération n’ont jamais eu l’intention de christianiser la société, mais plutôt de la changer à partir du point de vue des opprimé-e-s.

    Il faut certes reconnaître la composante anti-impérialiste de certains mouvements luttant contre Israël – quoique, mis à part le Hamas et le Hezbollah, il s’agisse d’une posture souvent rhétorique. Et cela ne suffit pas à les caractériser comme anti-impérialistes ou progressistes. L’exemple des Frères musulmans en Egypte est parlant à bien des égards : ils n’ont cessé en effet de répéter leur respect aux accords de Camp David et ont servi d’entremetteur entre le Hamas et l’Etat d’Israël lors de la dernière offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza, en novembre 2012.

    Les mouvements islamistes n’encouragent en rien les politiques visant à émanciper la société, pas plus qu’ils ne s’opposent aux politiques néolibérales.

    Ils les promeuvent au contraire, en réprimant les syndicats. Par ailleurs, les inégalités sociales et la pauvreté ne peuvent en aucun cas être combattues à travers la charité, qui caractérise ces mouvements. La charité les maintient au contraire puisqu’elle ne remet pas en cause le système qui les sous-tend.

    En conclusion, il s’agit de s’opposer aux discours islamophobes développés et entretenus par les élites et les médias occidentaux contre les mouvements de l’Islam politique et dénoncer leur répression lorsque c’est le cas dans certains pays. Mais cette position de principe ne doit pas nous empêcher de soutenir et de lutter pour le changement radical dans les sociétés moyen-orientales et nord-africaines, en développant une analyse matérielle des dynamiques sociétales et des partis de l’Islam politique qui s’opposent par différents moyens à la continuation des processus révolutionnaires et au changement radical, comme en Egypte et en Tunisie par exemple.

    Ces deux courants orientalistes qui voyaient la religion comme le moteur de l’histoire de la région peuvent revoir leur copie, car les mots d’ordre des révolutions de la région n’ont pas été « l’Islam est la solution », mais bien « la révolution continue est la solution » ou encore « Pain, liberté et indépendance ». Les processus révolutionnaires au Moyen Orient et en Afrique du Nord ont ouvert une nouvelle page de luttes et d’émancipations, non seulement au niveau régional, mais international également.

    Joseph Daher

    Le Courrier de Genève. Lundi 28 janvier 2013 :
    http://www.lecourrier.ch/105465/islamophobie_et_orientalisme_inverse

    * Chercheur doctorant à la School of Oriental and African Studies (SOAS), Londres.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37923

     

  • Cinquième année de guerre totalitaire en Syrie (Emanciptaion)

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    Au terme de cette cinquième année de guerre totalitaire menée par le régime de Bachar al-Assad et ses puissants alliés russes et iraniens contre le peuple syrien insurgé, nous pouvons prendre la mesure de l’importance géo-stratégique de ce conflit et de ses conséquences effroyables auprès des populations civiles syriennes. Ce conflit illustre l’appétit de puissance de l’impérialisme russe.

    Ce qui frappe à l’examen de ce conflit, c’est d’abord l’incommensurable démesure de la violence exercée par une dictature dans sa volonté de briser l’élan révolutionnaire de tout un peuple. Inutile de vouloir dresser ici l’ampleur d’un désastre humain qui dépasse en horreur tous les conflits qui se sont développés depuis la deuxième guerre mondiale, hormis les tragédies cambodgienne, rwandaise, bosniaque et tchétchène. Nous comprenons toutefois que ce conflit majeur développe d’autres problématiques sous-jacentes intéressant, bien au-delà des pays du Machrek, les puissances dominantes mondiales, USA, Russie, Chine, Europe occidentale.

    “L’horreur du vide” : dynamique impérialiste

    Au bras de fer engagé entre le peuple syrien et son dictateur, se subordonnent les rivalités qui opposent les impérialismes américain et russe, soucieux, l’un et l’autre, d’un tacite consensus qui pourrait être celui d’un partage de responsabilités incluant “leurs chasses gardées” respectives, rejouant ainsi, sur le mode d’une sinistre parodie, un “Yalta” à l’échelle du Moyen-Orient.

    Contrairement à la doxa militante qui impose une compréhension statique de l’Histoire en affirmant comme primat le statut hégémonique de l’impérialisme américain, nous constatons , à l’évidence, la montée de l’intervention russe en Syrie. La puissance de feu de ses missiles, l’efficacité destructrice de sa flotte aérienne, la montée en gamme de son artillerie et de ses blindés, l’intervention significative de ses troupes au sol sont corroborées par les faits.

    Le retrait stratégique des USA sous l’impulsion de la diplomatie d’Obama menée par John Kerry auprès du Kremlin en 2013 et le renoncement à intervenir à la suite d’un massacre majeur sur les populations civiles perpétré au gaz sarin par le régime, en une nuit, dans la plaine de la Ghouta, occasionnant la mort de 1400 civils, ont infléchi le rapport de force militaire, et donc diplomatique, en faveur du Kremlin. Poutine, en bon tacticien, a compris qu’Obama demeure phagocyté par la campagne présidentielle nationale, et s’est saisi, par ailleurs, des tergiversations de l’impérialisme américain, désormais plus soucieux des enjeux géostratégiques qui se développent dans l’hémisphère sud, pour investir un champ d’action laissé en déshérence. Selon une dynamique quasi physique, l’espace vacant a provoqué une force attractive léguant à l’impérialisme russe une responsabilité majeure au Moyen Orient.

    Puissance et limite de l’impérialisme russe

    La chute vertigineuse du prix du baril de pétrole pourrait conduire l’État russe, menacé de récession économique, à se retirer du théâtre des opérations militaires en Syrie. Cet argument, récurrent depuis l’engagement russe dans ce conflit, voudrait en minimiser l‘impact militaire et diplomatique. Outre le fait que cette entreprise impérialiste en Syrie, dans sa fonction idéologique nationaliste et patriotique, contribue à contenir des tensions sociales fortes au sein de la société russe, elle dynamise, par ailleurs, opportunément le complexe militaro-industriel, secteur protégé d’une haute technologie, en lien avec une économie de guerre. Le territoire syrien, vaste théâtre opérationnel, permet à ce lobby d’affirmer, in situ, la démonstration de sa toute-puissance. Il est en concurrence avec le lobby américain des armes de guerre, et nous comprenons que ce conflit oxygène production d’armes et marchés.

    Pourvoyeuse d’armes en flux continu en faveur d’un régime engagé dans une guerre totale contre son peuple, il paraissait clair, dès 2013, que la Russie prenait une place prépondérante, désireuse de limiter aussi l’influence expansionniste et politique de l’Iran à l’égard de son voisin syrien dont les troupes exsangues abandonnent, au fil des combats, les fronts d’intervention aux milices Qods et à celles du Hezbollah, conduites par le général iranien Qassem Soleimani.

    Campagne de bombardements

    L’irruption en Syrie des forces russes aériennes mais aussi terrestres, dès le début de l’automne 2015, n’a surpris que les observateurs peu lucides sur la nature du “système Poutine”, pourtant révélée lors des guerres dans le Caucase.

    La détermination du Kremlin à traiter les conflits par la seule force brutale n’a d’égale que celle du tyran qu’il s’est engagé, jusqu’à ce jour, à maintenir coûte que coûte au pouvoir.

    Ces bombardements d’une violence inouïe ont ciblé les centres vitaux de la société civile, en priorité les hôpitaux, les écoles, les fabriques alimentaires, mais aussi les services publics abritant les cadastres (1). Ils se sont ajoutés aux barils d’explosifs largués par le régime, perpétrant au quotidien des crimes de guerre.

    À ces cibles civiles s’ajoutent celles visant à couper les voies d’accès logistiques qui alimentent depuis les frontières extérieures les centres urbains, les populations rurales.

    Sur le théâtre des opérations militaires, les technologies russes de renseignements, hautement performantes, donnent toutes informations fiables et utiles. Les bombardements et les tirs balistiques visant les cibles rebelles au régime n’en sont que plus efficaces et destructeurs.

    En sept mois d’intenses activités militaires, les forces russes, appuyées par celles, nombreuses, venues des pays voisins, parfois depuis le Yémen, l’Afghanistan et l’Irak, inverseront un rapport de force, lequel en août 2015, aurait pu basculer en faveur de l’insurrection. Une attaque imminente sur Lattaquié s’apprêtait à donner un signal décisif annonciateur, on aurait pu le penser, de la chute de Bachar al-Assad et de son régime.

    Accords tacites entre impérialismes ?

    En août 2016, prenant prétexte de l’assassinat d’un journaliste américain par Daech, une coalition internationale se met en place, impliquant les forces aériennes américaines, européennes, arabes. Ces puissances feront de la chute de Bachar al-Assad un éventuel “objectif secondaire”, se fixant comme priorité la lutte contre Daech pour son éradication.

    Cette “feuille de route” abandonne le peuple syrien, le laissant à la merci, sans armes antiaériennes, des bombardements russes et de ceux du régime. Les insurgés devront en outre se confronter à la puissante coalition pro-Bachar, à Daech, voire au PKK-PYD (2). Le peuple syrien sera soumis au supplice de la punition russe. Bachar, quant à lui, peut se féliciter d’avoir, en 2013, libéré de ses geôles des djihadistes qui deviendront les cadres politiques de l’“État islamique” et en constitueront l’armature.

    Accords tacites et… autres partages des “tâches”

    L’administration américaine, laissant volontiers au Kremlin le soin de mater la révolution syrienne, pourvoira en armes les forces du PKK-PYD et les appuiera par ses raids pour la libération de Kobane, mais aussi de Rakka, via la ville de Tall Abiadh, leur laissant ainsi l’ ingrate besogne de mener les combats au sol contre Daech.

    L’Histoire dira que Tall Abiadh “est tombée” sans combats après que le PKK-PYD et Daech se sont concertés sur un échange de “bons procédés” : que le PKK-PYD prenne position à Tall Abiah, et renonce au but de l’opération militaire qui consistait à prendre Rakka. Saleh Muslim, dirigeant du PYD, confirmera. Les américains, blousés, en prendront ombrage !

    Notons que les jeux de “coquins et de gredins” sont étrangers à l’Armée Syrienne Libre (ASL), laquelle n’a jamais bénéficié d’une quelconque couverture aérienne, ni disposé de fusées sol-air, bien qu’elle ait, avec une fiabilité et une constance sans faille, donné aux services secrets américains, et ce, en pure perte, des informations précises concernant les lieux stratégiques et les mouvements de troupes de Daech.

    A contrario le PKK-PYD, héritier de l’idéologie et des pratiques staliniennes, mettra en œuvre un jeu d’alliances à géométrie variable, sachant se concilier les faveurs du régime d’Assad ainsi que celles de Moscou, où il est invité à tenir ambassade. Sans principes révolutionnaires, le PKK-PYD profitera des raids russes sur les positions de l’ASL, pour s’emparer de positions stratégiques tenues par celle-ci.

    Peuple insurgé, peuple en résistance !

    Les sceptiques politiques, concernant la révolution syrienne, devraient s’interroger sur cette réalité assez sidérante. Comment ce peuple, “orphelin” de tout soutien significatif, persiste-t-il à demeurer debout après cinq années d’une guerre totalitaire aussi meurtrière ?

    Comment ce peuple a-t-il trouvé une telle vitalité pour, la trêve à peine déclarée, mais peu respectée par le régime, descendre dans la rue massivement et clamer son rejet de Bachar al-Assad comme aux premiers jours de l’insurrection ?

    La force et la vitalité de ce peuple pourrait s’expliquer par son auto-organisation en conseils élus, indépendants de toute entité religieuse ou militaire, rejetant ainsi toute verticalité de pouvoir.

    L’adversité sans concession crée et génère son antidote : un lien social réinventé dans la solidarité, l’esprit de responsabilité et de démocratie.

    Le peuple insurgé, riche de cette expérience, ne saurait renoncer à une liberté désormais inscrite dans sa nouvelle existence sociale et humaine. Acteur conscient et résolu de la dynamique de son processus révolutionnaire, il a atteint un point de non retour…

    C’est l’étonnante réalité marquante de cette cinquième année de conflit.

    Nouveau gendarme

    Pour le seul mois de février 2016, un millier de raids de l’aviation russe ont bombardé l’axe Alep-Idlib. Cette force de frappe aérienne se conjugue avec la volonté iranienne de ne pas laisser le Kremlin s’imposer dans le paysage politico-militaire syrien : Téhéran annonce, début avril 2016, l’envoi de dix mille hommes de troupes supplémentaires en renfort sur le champ de bataille syrien.

    Dans ce contexte, la victoire militaire du peuple syrien ne saurait être humainement envisagée. À l’inverse, Bachar et ses proches, honnis, ne sauraient désormais être imposés comme faisant partie d’une quelconque solution politique. L’erreur serait de penser avec Poutine que le seul rapport de force militaire ferait force de loi en faveur du régime.

    En 1961, en Algérie, l’armée française prétendait avoir gagné la guerre, mais le peuple algérien, dans un rejet massif de la puissance coloniale, détenait le rapport de force politique et la clef de son indépendance.

    Les USA et les occidentaux cherchent à trouver une issue au conflit a minima, et au détriment du peuple syrien, comme ce fut le cas à Dayton (3) à l’égard du peuple bosniaque.

    Dans cette perspective il est permis d’imaginer que ceux-ci seraient tentés de s’appuyer sur l’impérialisme russe, en sa qualité de « nouveau gendarme » en Syrie. En échange de quoi, indépendamment de sa reconnaissance comme puissance légitime au Machrek, le Kremlin pourrait négocier des ouvertures économiques plus favorables, ainsi qu’ une solution dans le Donbass où il se trouve enlisé. Ancré dans le port de Tartous et positionné dans son aéroport à Hamimin, proche de Lattaquié, il pourrait s’imposer en arbitre et contenir, entres autres, les prétentions régionales de Téhéran. L’Arabie Saoudite tétanisée par l’influence de sa puissante rivale, de Beyrouth à Sanaa, y verrait une éventuelle garantie.

    Coups de boutoir

    Le maintien du régime totalitaire, sur la base de pseudos négociations, contraires à la volonté populaire syrienne, laisserait le Machrek en partage à de sanglantes dictatures, à des monarchies réactionnaires, à des pouvoirs nationalistes irrédentistes, à la politique sioniste d’ occupation coloniale sur le mode du fait accompli et à des prises de territoires terroristes, mouvantes et lacunaires, djihadistes.

    Ces hypothétiques accords de partage devraient, à terme, s’effondrer sous les coups de boutoir déterminés et récurrents d’une opiniâtre opposition populaire, seule susceptible de proposer une solution consensuelle de retour à la paix et à la stabilité.

    Le départ sans conditions de Bachar al-Assad et des dignitaires du régime, clef de voûte d’un système totalitaire, provoquerait une onde de choc salutaire dans tout le Moyen-Orient, susceptible d’ébranler dans leurs fondements les puissances régionales réactionnaires.

    Délégation unie

    Signe optimiste des temps, la délégation syrienne partie négocier à Ryad aujourd’hui à Genève, présente un front démocratique uni, porteur d’un mandat clair : le rejet sans concession de Bachar al-Assad et de son régime pour un État de droit dans une Syrie unie, laïque, démocratique comme aux premiers jours de mars 2011.

    Georges Sabra, membre de cette délégation fidèle au principe de Genève1 dit : “l’opposition crédible est celle qui a une force d’opposition sur le terrain”. Le premier avril 2016, l’espace public, dans plus de cent villes, était encore envahi par une foule exigeant le départ du tyran.

    Le peuple syrien poursuit son combat vers la liberté et la dignité. Notre soutien est plus que jamais engagé. Soyons solidaires de toute initiative politique, syndicale, humanitaire, dans un effort commun d’opposition au totalitarisme du régime de Bachar al-Assad.

    Claude Marill mardi 10 mai 2016

    Notes:

    (1) La destruction des cadastres pourrait permettre au nouveaux maîtres d’effacer à jamais les droits de propriété des citoyens syriens, chassés de leurs biens et de leurs terres, à des fins d’appropriation.
    (2) Le PYD : Parti de l’union démocratique, parti kurde syrien affilié au PKK turc, d’obédience marxiste, se réclamant d’un socialisme démocratique. Il revendique actuellement le contrôle du Rojava, le Kurdistan syrien. Salih Muslin, représentant du PYD, revendique l’autonomie du Rojava dans un État fédéral. Sa branche armée, constituée en 2012, Unités de protection du peuple (YPG) revendique 40 000 combattants.
    (3) Les “accords de Dayton” sont signés à Paris, le 14 décembre 1995, par les présidents serbe, croate et bosniaque. Ils ont été préalablement âprement négociés, sous l’égide de R. Holdbrook, en novembre de la même année, sur une base aérienne proche de Dayton. Ils consacrent l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine tout en la partageant en deux entités : la fédération croato-bosniaque (51°/°du territoire ) et de la République serbe de Bosnie (49 %° du territoire) prenant acte de l’état de fait du “nettoyage ethnique” et de la partition, laquelle est maintenue depuis 21 ans sous tutelle internationale.
    La référence à cet accord pourrait s’appliquer à une Syrie artificiellement maintenue mais néanmoins écartelée en trois entités, sunnite, chiite kurde, sur un mode ethnique, à l’exact opposé des aspirations du peuple syrien insurgé qui se bat pour une Syrie unie pluri-ethnique, démocratique, laïque.

    L’Émancipation syndicale et pédagogique – 2/05/2016– page 22 à 25

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1339

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    Syrie-Liban. Réfugié·e·s de Syrie face à l’esclavage

    10 - mai - 2016 Publié par: Alencontre1

    Par Katharine Jones Cinq ans après le début du conflit syrien, les Syriens constituent désormais la population de réfugiés la plus importante au monde. Sur les 5 millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui la Syrie, plus d’un million a cherché refuge au Liban, pays voisin et ancienne «colonie» de la Syrie. Mais leur sécurité […]

    Alep, cœur du conflit syrien

    2 - mai - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Pierre Puchot En bombardant les civils d’Alep, deuxième ville de Syrie, au mépris de la trêve conclue fin février, Bachar al-Assad tente de prendre l’ascendant sur le conflit grâce à son aviation. À Alep, c’est pourtant l’espoir de revoir une Syrie multiconfessionnelle et pacifiée qui meurt chaque jour. D’un côté, le régime syrien qui […]

    Syrie-Alep. Déclaration des Comités locaux de coordination en Syrie. Lettre des médecins d’Alep

    2 - mai - 2016 Publié par: Alencontre

    Depuis 2011, nous n’avons eu de cesse de souligner que le caractère même de la dictature du clan mafieux Assad était mis au jour ne serait-ce que par un seul trait de ses objectifs réfléchis: détruire les cliniques et les hôpitaux; tuer le personnel soignant; enlever des blessé·e·s dans des lieux de soins et les […]

     
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    Syrie-Alep. Déclaration des Comités locaux de coordination en Syrie. Lettre des médecins d’Alep

    2 - mai - 2016 Publié par: Alencontre Commenter

    Depuis 2011, nous n’avons eu de cesse de souligner que le caractère même de la dictature du clan mafieux Assad était mis au jour ne serait-ce que par un seul trait de ses objectifs réfléchis: détruire les cliniques et les hôpitaux; tuer le personnel soignant; enlever des blessé·e·s dans des lieux de soins et les […]

    Forum «L’Autre Genève». La parole à des ressortissants de la société civile de Syrie – 27-28 mai, Uni Dufour

    1 - mai - 2016 Publié par: Alencontre

      Syrie. Pour la liberté, la démocratie, la paix et la justice sociale Vendredi 27 mai, dès 19h15 documentaires, à 20h15 Forum Samedi 28 mai, workshops dès 10h45, séance de clôture à 19h15 La «situation en Syrie», pour l’essentiel, est traitée sous l’éclairage de négociations internationales et régionales. A tel point que le dessein du […

    Syrie-Liban. Quand les enfants réfugiés «se racontent» sur les murs

    26 - avril - 2016 Publié par: Alencontre Commenter

    Entretien avec Rania Matar Le site internet Your Middle East a eu la possibilité de s’entretenir avec Rania Matar sur la nécessité – pour reprendre les mots du journaliste Anthony Shadid, vainqueur du Prix Pulitzer – de reconnaître la «vie courante dans une époque qui a la malédiction d’être tout, sauf ordinaire». Rania Matar est […]

    Perdre la raison face aux barbelés

    25 - avril - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Bülent Kilic Une des choses qui me frappe le plus chez tous ces réfugiés bloqués depuis des mois à la frontière gréco-macédonienne c’est de les voir, lentement, perdre la raison. Voilà des années que je couvre cette crise de réfugiés. Je suis allé dans un grand nombre d’endroits et à chaque fois la situation […]