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Syrie - Page 27

  • Syrie: Quatre hôpitaux d'Alep touchés par des bombardements aériens (Le Vif.be)

    Syrie: Quatre hôpitaux d'Alep touchés par des bombardements aériens

    Quatre hôpitaux de campagne et une banque de sang de la ville syrienne d'Alep ont été touchés par des bombardements aériens au cours des dernières 24 heures, a-t-on appris dimanche auprès d'un groupe de médecins.

    Un nouveau-né a été tué dans l'un de ces hôpitaux situé dans un secteur de l'est d'Alep (nord) contrôlé par les rebelles, a indiqué l'Association des médecins indépendants (IDA), qui soutient des centres médicaux dans la ville.

    Les quartiers de l'est de la deuxième ville de Syrie sont totalement assiégés depuis le 17 juillet par les forces du régime de Bachar al-Assad, qui contrôlent l'ouest de la cité divisée depuis 2012.

    L'alimentation en oxygène du nourrisson a été coupée après une frappe sur l'hôpital à 01h00 (22h00 GMT samedi), la deuxième visant l'établissement en neuf heures, selon l'IDA.

    "Les médecins n'ont pu que crier à leurs collègues de protéger les bébés", a-t-elle indiqué dans un communiqué publié dimanche.

    L'IDA a ajouté que les quatre hôpitaux touchés - l'hôpital des enfants, Al-Bayan, Al-Zahraa et Al-Daqaq - allaient tous être hors de service "à la suite de la série d'attaques aériennes (...) menées par des avions de guerre syriens et russes".

    Selon l'Organisation mondiale de la santé, la Syrie a été le pays le plus dangereux pour les travailleurs sanitaires en 2015, avec 135 attaques et autres violences exercées à l'encontre du personnel sanitaire ou d'infrastructures médicales.

    Ces derniers mois, plusieurs hôpitaux ont été endommagés et des membres du personnel médical tués dans les quartiers est d'Alep.

    Depuis son déclenchement en 2011, le conflit syrien a fait plus de 280.000 morts et forcé des millions de personnes à fuir.

  • Droits humains (Via Campesina)

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    Mettre fin aux crimes de guerre en Syrie, aux bombardements des citoyens, des cultures alimentaires et des marchés

    La guerre en Syrie est devenue l’une des plus importantes de notre histoire récente avec le plus grand nombre de personnes déplacées depuis la Seconde Guerre Mondiale. A ce jour, on estime le nombre de personnes tuées à environ un demi-million ; Le nombre de déplacés à environ 12 millions ; Ceux souffrant de la faim dans les dénommés “sièges de la faim” autour de 1 million (53 villes et communautés dont 50 assiégées par le régime syrien). Par ailleurs, au moins 100 000 prisonniers ont disparu dans les prisons du régime (1)

    Des actions, véritables crimes de guerre, sont menées quotidiennement de façon délibérée par les forces aériennes syriennes contre des hôpitaux, des écoles et des endroits vitaux comme les boulangeries ou marchés de légumes. Ces bombardements ciblés constituent des campagnes systématiques contre les civils : parfois plus de trois hôpitaux civils sont bombardés en un seul jour, souvent en utilisant la “double frappe”, à savoir un premier bombardement, puis un second une fois les secours arrivés, tuant souvent les secouristes en mission. (2)

    Au cours de ces dernières années, certaines campagnes de frappes ont visé des boulangeries et les personnes qui faisaient la queue devant. Ces attaques ciblant les grands rassemblements de personnes en train d’attendre pour acheter du pain occasionnent d’horribles massacres. Des milliers de boulangeries ont été détruites et les quelques-unes restantes sont maintenant souterraines. Parmi les autres cibles se trouvent les marchés de légumes très fréquentés. Toutes ces campagnes de frappe visent des infrastructures vitales pour la population.

    Pour comprendre ce que signifie réellement ce « bombardement en tapis », prenons l’exemple d’une ville qui avait une population d’environ 120 000 habitants. Elle s’appelle Maarat Al Numan, située dans la province d’Idlib:

    Au cours de l'année passée, tous ses quartiers ont été visés : ses écoles autogérées, la boulangerie nouvellement construite par les acteurs unis de la société civile (produisant 300 000 miches de pain par jour pour toute la région), les systèmes de traitement d’eau fournissant de l’eau propre à 50 000 personnes dans la région, ainsi que les installations de stockage des céréales des paysans. Selon un membre du « 15th Garden » tout dans la ville a été constamment et entièrement bombardé pendant ces quatre dernières années.

    Ces attaques délibérées sont menées partout en Syrie dans les régions libérées. Elles sont toutes bien documentées et portent sur des centaines de kilomètres. Ces attaques systématiques visant des sites peuplés et nécessaires pour couvrir les besoins de base des populations civiles, constituent des crimes de guerre.

    Les bombardements ont lieu chaque jour en Syrie, et entraînent un carnage implacable. Ces derniers jours, la route menant à la grande ville d’Alep a été fermée mettant en situation de siège et de guerre une population de 300 000 personnes sans aucune autre voie d’évacuation.

    Lors de la préparation de ce siège plusieurs hôpitaux ont été réduits à l'état de ruines et plusieurs douzaines de civils ont été tués chaque jour.

    A la suite de quoi, en avril, des initiatives internationales pour défendre les droits de l'Homme et la libération de la Syrie ont été prises et l’une des plus grandes campagnes depuis le début de la révolution syrienne a été lancée : la campagne #AleppoIsBurning campaign. Dans de nombreuses villes, les gens ont organisé des manifestations avec des slogans communs très simples et en portant des vêtements rouges. Cette campagne a débouché sur une trêve de quelques jours et a prouvé pour la première fois aux Syriens qu’ils ne sont pas seuls. Or, ce cessez-le-feu n’a duré que le temps où l’attention publique était forte. Aujourd’hui, Alep est de nouveau assiégée et la solidarité internationale devrait à nouveau se manifester. (3)

    Nous avons plus que jamais besoin de solidarité pour les paysans et le peuple de Syrie.

    Le « 15th Garden » continue à résister contre cette misérable guerre qui nous est imposée. Malgré les milliers de paysans arrêtés, disparus, torturés ou tués et les sièges de la faim infligés par le régime à leurs communautés, malgré l’usurpation du contrôle sur les marchés locaux et sur certains territoires par des intérêts étrangers résultant de l’aide au développement, malgré l’exploitation minière des terres agricoles par les factions en guerre et les forces de combat, malgré les exécutions de jardiniers et de paysans, malgré le déplacement de centaines de milliers de bergers, il y a des femmes qui cultivent des jardins alors que toute la ville est assiégée. Elles produisent des aliments dans tous les coins possibles hors de portée des snipers. Il existe des jardins communautaires qui ont la capacité de nourrir des milliers de personnes, il existe des réseaux de paysans qui travaillent et échangent leurs compétences, il existe des producteurs et obtenteurs de semences, des boulangeries construites et reconstruites, des moulins à grain mobiles et des réseaux pour former les communautés aux méthodes en circuit-fermé comme le recyclage des ordures, la production de biogaz à petite échelle et les cycles locaux de fertilisation.

    Partout en Syrie, la nourriture est utilisée comme arme contre le peuple et un outil pour obtenir le contrôle politique et soumettre la population. Les paniers alimentaires distribués par les ONG sont rarement livrés aux endroits déterminés par les peuples affectés eux-mêmes. Ils sont souvent stockés en dehors de la Syrie et aboutissent la plupart du temps dans les régions où les paysans continuent à travailler ce qui entraîne pour ces derniers la perte du maigre revenu qui leur restait. De nombreuses régions où les gens sont confrontés à la famine ne reçoivent absolument rien pour diverses raisons : parce que la communauté internationale n’agit pas si le régime ne le permet pas ou parce que les communautés ne sont pas administrées par un pouvoir politique ayant les faveurs des donateurs. Le développement ou l’aide d’urgence, au nom de la sécurité alimentaire, sont maintenant généralisés en Syrie, ce qui va entraîner à long terme une dépendance. Cette aide se compose d'une grande quantité de semences hybrides et les produits chimiques sont souvent envoyés sans aucune indication qui pourraient permettre aux travailleurs agricoles de les utiliser en limitant les risques pour leur santé. Ils arrivent par le biais de structures nationales et internationales très centralisées qui travaillent uniquement avec de gros organismes et non avec les paysans ou les communautés de base dont l'objectif est d'assurer une production alimentaire continue pour le peuple syrien.

    Il est capital que la pression politique soit plus forte afin de mettre fin aux bombardements de la population syrienne, pour arrêter les bombardements ayant pour cible les hôpitaux, les écoles, les jardins potagers et les marchés de légumes, pour stopper l’extermination de milliers de civils et le déplacement de millions de gens. Nous, paysans syriens, essayant de survivre et de produire des aliments pour nourrir notre peuple, avons besoin en toute urgence d’aide et de solidarité.  jeudi 21 juillet 2016 

    1) L’ONU ne compte plus les personnes tuées depuis 2014, donc l’estimation est maintenant fondée sur des données collectées par différentes organisations de défense des droits humains.

    Campagne syrienne sur les défaillances, la perte de partialité, d'indépendance et de neutralité des Nations unies en Syrie: http://takingsides.thesyriacampaign.org/

    Campagne syrienne sur les sièges de la faim: www.breakthesieges.org/en

    Le nombre de prisonniers varie beaucoup selon l’accès des organisations à l’information et les normes, nous mentionnons le nombre le plus bas possible de 100 000 personnes, les estimations les plus hautes sont d’environ 500 000. https://www.amnesty.org/en/countries/middle-east-and-north-africa/syria/report-syria/

    2) http://www.msf.org/en/article/syria-statement-dr-joanne-liu-international-president-m%C3%A9decins-sans-fronti%C3%A8res

    3) Pour voir comment les manifestions se sont déroulées partout dans le monde: https://www.facebook.com/break.hunger.siege/?fref=ts

    https://viacampesina.org/fr

  • Syrie. Le prix d’une «stratégie erronée» dans le combat contre Daech (Al'Encontre.ch)

    airstrike

    C’est la plus grosse bavure jamais commise par la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI) depuis son entrée en action dans le ciel de la Syrie, en septembre 2014.

    Plusieurs dizaines de villageois des environs de Manbij, une ville de 50’000 habitants tenue par l’organisation djihadiste, à 100 km au nord-est d’Alep, ont péri dans des bombardements aériens dans la nuit du 18 au 19 juillet. La coalition conduite par les Etats-Unis, qui comprend dix autres membres dont la France et le Royaume-Uni, mène depuis la fin mai une vaste offensive en partenariat avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), à majorité kurde, pour déloger l’EI de ce carrefour stratégique.

    Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un réseau d’informateurs et de médecins sur le terrain, les bombardements ont fait 56 morts civils, dont 11 enfants, dans le village de Toukhar, une dizaine de kilomètres au nord de Manbij. Des photos de corps démembrés, couverts de poussière, en train d’être déposés dans une fosse commune, ont circulé sur les réseaux sociaux. L’organisme de communication des djihadistes de l’EI, Aamaq, évoque pour sa part 160 morts. Selon Hassan Al-Nifi, membre du conseil révolutionnaire de cette localité, qui vit en exil dans la ville turque de Gaziantep mais dispose de contacts sur place, le bilan pourrait être encore plus élevé.

    «Quand les membres de la défense civile sont intervenus mardi matin, ils ont récupéré 85 cadavres dans les décombres, principalement des femmes et des enfants, explique le responsable municipal, joint par téléphone. Mais lorsqu’ils ont pu faire venir leur matériel de déblaiement, beaucoup d’autres corps sont apparus. Nous sommes à plus de 200 morts et le décompte n’est pas terminé.» Lundi matin déjà, au moins 21 civils avaient trouvé la mort dans d’autres raids aériens sur des faubourgs de Manbij.

    La coalition a reconnu avoir procédé à 18 frappes dans cette zone le 18 juillet, visant toutes, selon elle, des positions et des véhicules de l’EI. «Nous allons examiner toutes les informations dont nous disposons sur l’incident», ont indiqué les militaires, qui ne se prononcent pas pour l’instant sur d’éventuelles erreurs de tir.

    «Nous prenons toutes les dispositions pendant nos missions pour éviter ou minimiser les pertes civiles (…) et nous conformer aux principes du droit de la guerre», poursuit le communiqué, envoyé en réponse à un e-mail de l’AFP.

    Le carnage de Toukhar a déclenché un tollé au sein de l’opposition syrienne. L’indignation est avivée par la méfiance traditionnelle de ses membres vis-à-vis des combattants du Parti de l’union démocratique (PYD), la composante kurde des FDS, qu’ils accusent de menées séparatistes. Dans un courrier envoyé à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, Riyad Hijab, le président du Haut conseil pour les négociations (HCN), le bras diplomatique des anti-Assad, fustige le «silence international » qui entoure ces «centaines de morts».

    Le Conseil national syrien (CNS), l’une des principales composantes de l’opposition, représentée au sein du HCN, dénonce pour sa part un «massacre d’innocents», tout en déplorant que les précédentes attaques contre des civils n’aient pas fait l’objet d’enquêtes approfondies.

    «Il doit y avoir une enquête rapide, indépendante et transparente pour déterminer ce qui s’est passé, qui est responsable et comment éviter des pertes civiles supplémentaires», renchérit Magdalena Mughrabi, du département Moyen-Orient d’Amnesty International. L’ONG de défense des droits de l’homme soutient que le Pentagone a écarté des «dizaines» d’accusations de morts civils, pourtant «crédibles» selon elle, et affirme que le nombre de personnes mortes sous les bombes de la coalition, en Syrie et en Irak, se chiffre désormais en «centaines ».

    Le collectif Airwars, spécialisé dans le recensement des victimes collatérales de l’offensive anti-EI menée par Washington depuis vingt-deux mois, dispose d’une évaluation encore plus précise. Après avoir croisé et vérifié de multiples sources, des communiqués militaires aux décomptes des ONG, en passant par les comptes rendus des médias locaux, l’organisation parvient au chiffre de 1422 civils tués, ce qu’elle considère comme une estimation basse. Le Pentagone pour sa part ne reconnaît à ce jour que 41 morts.

    Sur place, Hassan Al-Nifi, le responsable du conseil local de Manbij, ne décolère pas contre la stratégie des Etats-Unis et de leurs alliés kurdes, consistant à encercler la ville et à avancer pas à pas vers le centre, sous le couvert des avions de la coalition, qui ont effectué 450 frappes depuis le début de l’opération, le 31 mai. «Nous soutenons le combat contre Daech [acronyme arabe de l’EI]», assure M. Nifi, qui se dit proche de l’Armée syrienne libre, la branche modérée de l’insurrection syrienne, «mais, en interdisant toute fuite possible aux djihadistes, la coalition les condamne à se battre jusqu’à la mort, dans un cadre de guérilla urbaine où ils excellent, en utilisant, qui plus est, la population comme bouclier humain. C’est une stratégie erronée. Daech finira par être vaincu, mais au prix de la destruction totale de Manbij.»

    Les morts de Toukhar pourraient peser sur la suite de l’offensive des FDS dans cette localité et dans le nord de la Syrie en général. Durant le week-end, ces forces se sont certes emparées du quartier général des djihadistes, installé dans un hôpital dans l’ouest de la ville. Mais l’hécatombe risque de nuire à l’image des troupes kurdes, déjà passablement mauvaise dans cette zone à majorité arabe, et de compliquer la gestion sur le terrain de l’après-EI. La plupart des Syriens, en particulier ceux acquis à l’opposition, redoutent qu’après avoir repris Manbij les Kurdes cherchent à opérer la jonction avec Afrin, plus à l’ouest, de façon à asseoir leur contrôle sur la quasi-totalité de la bande frontalière avec la Turquie.

    Sur place, à Toukhar, les habitants achèvent de compter leurs morts. Ironie macabre: le massacre du 18 juillet survient quatre ans jour pour jour après la «libération de Manbij», c’est-à-dire l’expulsion de l’armée syrienne de la ville. (Article publié dans Le Monde daté du 20 juillet 2016)

    Par Allan Kaval et Benjamin Barthe

     Alencontre le 20 - juillet - 2016
     
  • Alep: appel urgent (Al'Encontre.ch)

    Des habitants d'Alep à la recherche de survivants dans les décombres de l'attaque aérienne du 8 juillet 2016

    Des habitants d’Alep à la recherche de survivants dans les
    décombres de l’attaque aérienne du 8 juillet 2016

    Le Conseil local de la ville d’Alep, élu démocratiquement pour représenter plus de 400 000 personnes vivant à Alep, tient à informer les partenaires politiques sur la scène internationale, ainsi que les organisations civiles, les ONG et les médias que les civils vivent sous la menace d’une catastrophe. Elle coïncide avec le siège imposé par le régime d’Assad, fort de l’appui des mercenaires iraniens et des miliciens de Hezbollah, soutenu par l’aviation russe ; siège qui se renforce puisque a été coupée l’unique voie de ravitaillement en nourriture et en carburant pour les civils. Ce siège constitue une forme de punition collective.

    Actuellement, les civils souffrent d’un manque de nourriture, manque en eau à la suite d’une pénurie grave d’alimentation [il manque aussi bien de l’eau que de la farine pour faire du pain, ainsi que du mazout pour les fours] alors qu’on fait face à un été chaud, et de carburant. A long terme, les femmes, les enfants et les hommes souffriront d’une situation catastrophique conduisant même à une situation pire que celle actuelle et à des conséquences plus désastreuses.

    Celui qui assassine enfants et parents actuellement n’hésitera pas à détruire toute la ville sur les têtes de ses habitats qui sont restés. Faut-il rappeler que protéger les civils par toutes les parties impliquées lors des opérations militaires est un devoir consacré dans les pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme et aux conventions ratifiées par le gouvernement syrien.

    Le Bureau exécutif demande l’intervention des organisations internationales, des gouvernements régionaux et internationaux impliqués dans la situation en Syrie ainsi que des organisations non gouvernementales pour faire respecter un cessez-le-feu et obliger les forces du régime, ses mercenaires et l’aviation russe à lever le siège imposé de facto aux civils de la ville, empêcher une catastrophe humanitaire et assurer une vie décente aux citoyens tel que stipulé dans les lois célestes et dans les chartes des droits de l’homme.

    Brita Hagi Hasan
    Président du Conseil local d’Alep, le 11 juillet 2016

    (Article publié sur le site Souria Houria  le 13 juillet 2016)

    Publié par Alencontre le 18 - juillet - 2016
     
  • Paris 1936

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  • Syrie. Enlèvements, torture et exécutions sommaires aux mains des groupes armés (Amnesty)

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    Les groupes armés implantés à Alep, Idlib et dans les environs, dans le nord de la Syrie, se livrent à une vague d'enlèvements, de torture et d'exécutions sommaires, a déclaré Amnesty International dans un rapport rendu public mardi 5 mars 2016.

    Intitulé ‘Torture was my punishment’: Abductions, torture and summary killings under armed group rule in Aleppo and Idleb, Syria, ce rapport offre un rare aperçu de ce qu'est la vie dans les zones contrôlées par les groupes armés d'opposition. Certains bénéficieraient du soutien des gouvernements du Qatar, de l'Arabie saoudite, de la Turquie et des États-Unis notamment, alors que des éléments prouvent qu'ils violent le droit international humanitaire (les lois de la guerre). Ce rapport apporte aussi un éclairage sur les institutions administratives et quasi-judiciaires mises en place par les groupes armés pour gouverner ces régions.

    « Ce rapport expose la dure réalité pour les civils qui vivent sous le contrôle des groupes armés d'opposition à Alep, à Idlib et dans les environs. Beaucoup vivent dans la peur constante d'être enlevés s'ils critiquent le comportement des groupes armés en place ou ne respectent pas les règles strictes imposées par certains, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.

    « À Alep et Idlib aujourd'hui, les groupes armés ont les coudées franches pour commettre des crimes de guerre et bafouer le droit international humanitaire en toute impunité. Fait choquant, nous avons constaté que certains utilisent les mêmes méthodes de torture auxquelles recourt régulièrement le gouvernement syrien.

    « Les États membres du Groupe international de soutien à la Syrie, notamment les États-Unis, le Qatar, la Turquie et l'Arabie saoudite, qui participent aux négociations sur la Syrie, doivent faire pression sur les groupes armés pour qu'ils mettent fin à ces violations et respectent les lois de la guerre. Ils doivent cesser tout transfert d'armes ou de soutien aux groupes qui se livrent à des crimes de guerre et à des violations flagrantes des droits fondamentaux. »

    Le rapport dénonce les violences commises par cinq groupes armés qui contrôlent des régions des gouvernorats d'Alep et d'Idlib depuis 2012. Il s'agit du Mouvement Nour al Dine Zinki, du Front al Shamia et de la brigade 16, qui ont rejoint la coalition de groupes armés Conquête d’Alep (Fatah Halab) en 2015, ainsi que du Front al Nosra et du Mouvement islamique Ahrar al Sham à Idlib, qui ont rejoint la coalition de l'Armée de la conquête, en 2015 également.

    Certains groupes armés non étatiques comme le Front al Nosra, le Front al Shamia et le Mouvement islamique Ahrar al Sham définissent leurs propres « systèmes judiciaires » fondés sur la charia (loi islamique) dans les zones qu'ils contrôlent, et mettent sur pied des bureaux chargés des poursuites, des forces de police et des centres de détention non officiels. Ils nomment également des juges, dont certains ne connaissent pas la charia. Le Front al Nosra et le Mouvement islamique Ahrar al Sham notamment appliquent une interprétation stricte de la charia et imposent des sanctions équivalant à des actes de torture ou à des mauvais traitements pour des infractions présumées.

    Le rapport recense 24 cas d'enlèvements par des groupes armés dans les gouvernorats d'Alep et d'Idlib entre 2012 et 2016. Parmi les victimes figurent des militants pacifiques et même des mineurs, ainsi que des membres de minorités pris pour cibles uniquement en raison de leur religion.

    En outre, il expose cinq cas de personnes qui affirment avoir été torturées par le Front al Nosra et le Mouvement Nour al Dine Zinki après leur enlèvement, entre 2014 et 2015.

    « Ibrahim » (son nom a été modifié), militant politique enlevé par le Front al Nosra en avril 2015 à Alep, a déclaré qu'il avait été torturé sans répit durant ses trois jours de détention. Selon lui, c'est parce qu'il avait organisé des manifestations pacifiques en soutien au soulèvement de 2011.

    « J'ai été emmené dans la salle de torture. Ils m'ont placé dans la position du shabeh (fantôme) : j'étais suspendu au plafond par les poignets, et mes orteils ne touchaient plus le sol. Ils se sont mis à me frapper à coups de câble sur tout le corps… Ils ont ensuite utilisé la technique du dulab [pneu]. Ils m'ont plié en deux et m'ont fait rentrer dans un pneu, puis ils se sont mis à me frapper à coups de bâtons », a-t-il déclaré. Il a ensuite été relâché, abandonné au bord d'une route.

    Autre cas choquant, celui d'« Halim » : ce travailleur humanitaire a été enlevé par le Mouvement Nour al Dine Zinki en juillet 2014 alors qu'il supervisait un projet dans un hôpital de la ville d'Alep. Il a été détenu au secret pendant environ deux mois avant d'être contraint à signer des « aveux » sous la torture.

    « Lorsque j'ai refusé de signer mes " aveux ", la personne chargée de m'interroger a ordonné au gardien de me torturer. Le gardien a utilisé la technique du bisat al rih [tapis volant]. Les mains sur la tête, je devais lever les jambes en position perpendiculaire. Il a ensuite commencé à me frapper à coups de câble sur la plante des pieds. Incapable de supporter la douleur, j'ai signé le document », a-t-il déclaré.

    Militants des droits humains, minorités et mineurs pris pour cibles

    Plusieurs journalistes et militants utilisant les réseaux sociaux qui rendent compte des violations des droits humains ont déclaré à Amnesty International avoir été enlevés parce qu'ils avaient critiqué le comportement des groupes armés au pouvoir. Beaucoup ont ensuite été libérés, sous la pression exercée par la population sur le groupe armé qui les avait enlevés.

    « Issa », 24 ans, militant utilisant les médias, a déclaré qu'il avait cessé de publier sur Facebook toute information susceptible de lui faire courir des risques après avoir reçu des menaces du Front al Nosra.

    « Ils contrôlent ce que nous pouvons et ne pouvons pas dire. Soit vous êtes d'accord avec leurs règles sociales et leurs politiques, soit vous disparaissez. Au cours des deux dernières années, j'ai été menacé à trois reprises par le Front al Nosra pour avoir critiqué sur Facebook leur manière de diriger », a-t-il déclaré.

    D’après « Imad », autre militant utilisant les médias, le Front al Nosra a effectué une descente à Radio Fresh, station de radio dans le gouvernorat d'Idlib, dans le nord du pays, en janvier 2016. Il a enlevé deux de ses animateurs et les a détenus pendant deux jours simplement pour avoir programmé de la musique jugée offensante envers l'islam.

    À Alep, des militants utilisant les réseaux sociaux ont déclaré avoir reçu des menaces orales et écrites du Front al Shamia et du Mouvement Nour al Dine Zinki, pour avoir critiqué ces groupes armés ou les avoir accusés de corruption sur Facebook.

    Les avocats et les militants politiques notamment sont aussi la cible de mesures de représailles du Front al Shamia, du Front al Nosra et du Mouvement islamique Ahrar al Sham, en raison de leurs activités, de leurs croyances religieuses présumées et de leurs opinions politiques.

    « Bassel », avocat installé à Idlib, a été enlevé chez lui, à Marat al Numan, en novembre 2015, pour avoir critiqué le Front al Nosra.

    « J'étais content d'être enfin libéré du joug inique du gouvernement syrien, mais c'est bien pire aujourd'hui. J'ai critiqué publiquement le Front al Nosra sur Facebook... Le lendemain matin, ils sont venus chez moi me kidnapper », a-t-il déclaré.

    Ses ravisseurs l'ont retenu captif dans une maison abandonnée pendant 10 jours, puis l'ont finalement libéré après l'avoir contraint à renoncer à sa profession, le menaçant de ne jamais revoir sa famille s'il n'obtempérait pas.

    Une militante politique enlevée à un poste de contrôle du Mouvement islamique Ahrar al Sham et détenue dans l'un de ses centres a raconté qu'elle avait été arrêtée parce qu'elle ne portait pas le voile et était soupçonnée d'être affiliée au gouvernement syrien.

    Amnesty International a recensé l'enlèvement d'au moins trois mineurs – des adolescents âgés de 14, 15 et 16 ans – par le Front al Nosra et le Mouvement islamique Ahrar al Sham à Idlib et à Alep, entre 2012 et 2015. Au 28 juin, on ignorait toujours où se trouvaient deux d'entre eux.

    Des membres de la minorité kurde à Sheikh Maqsoud, quartier à majorité kurde de la ville d'Alep, figurent parmi les personnes enlevées, ainsi que des prêtres chrétiens ciblés en raison de leur religion.

    « Tous les groupes armés, en particulier à Alep et à Idlib, doivent libérer immédiatement et sans condition toute personne détenue uniquement en raison de ses opinions politiques, de ses croyances religieuses ou de son origine ethnique, a déclaré Philip Luther.

    « Les dirigeants des groupes armés dans le nord de la Syrie ont le devoir de mettre fin aux violations des droits humains et du droit international humanitaire, notamment aux crimes de guerre. Ils doivent condamner publiquement de tels agissements et faire clairement savoir à leurs subordonnés que ces crimes ne seront pas tolérés. »

    Exécutions sommaires

    Par ailleurs, le rapport présente des éléments attestant d'exécutions sommaires imputables au Front al Nosra, au Front al Shamia et à leurs « tribunaux » affiliés, ainsi qu'au Conseil judiciaire suprême, entité dans le gouvernorat d'Alep reconnue par plusieurs groupes armés comme l'unique autorité judiciaire de la région.

    Parmi les victimes figurent des civils, dont un adolescent de 17 ans accusé d'être homosexuel et une femme accusée d'adultère, ainsi que des soldats capturés des forces gouvernementales syriennes, des membres des milices chabiha pro-gouvernementales, du groupe armé se désignant sous le nom d'État islamique (EI) et d'autres groupes rivaux. Dans certains cas, les groupes armés ont procédé à des exécutions sommaires en place publique. Or, le droit international humanitaire interdit l'homicide délibéré de personnes retenues en captivité, acte qui constitue un crime de guerre.

    « Saleh », capturé par le Front al Nosra en décembre 2014, a déclaré avoir vu cinq femmes qui, selon un gardien, étaient accusées d'adultère et ne seraient pardonnées « que dans la mort ». Par la suite, il a vu une vidéo montrant des combattants du Front al Nosra tuer l'une de ces femmes, en place publique, dans le cadre de ce qui s'apparentait à une exécution.

    D'après le Code arabe unifié, ensemble de codes juridiques fondés sur la charia, que respectent le Conseil judiciaire suprême et le « tribunal » instauré par le Front al Shamia, certains crimes tels que le meurtre et l'apostasie sont passibles de la peine de mort.

    « Prononcer des sentences et procéder à des exécutions sommaires sans qu'un tribunal régulièrement constitué n’ait prononcé de jugement en respectant toutes les garanties judiciaires, constitue une grave violation du droit international et s'apparente à un crime de guerre », a déclaré Philip Luther.

    Depuis cinq ans, Amnesty International a recensé en détail les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis à grande échelle par les forces gouvernementales syriennes. Elle a également rendu compte des graves violations, y compris des crimes de guerre, imputables à l'EI et à d'autres groupes armés.

    « Si certains civils dans les zones contrôlées par les groupes armés de l'opposition ont pu au départ saluer le fait d'échapper au joug du régime syrien, l'espoir que ces groupes respecteraient les droits s'estompe au fur et à mesure qu'ils s’emparent des lois et commettent de graves violations, a déclaré Philip Luther.

    « Il est essentiel que la Russie et les États-Unis, ainsi que l'envoyé spécial des Nations unies en Syrie, mettent l'accent, durant les pourparlers de Genève, sur les détentions imputables aux forces gouvernementales et sur les enlèvements imputables aux groupes armés. De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU doit imposer des sanctions ciblées aux dirigeants des groupes armés qui se livrent à des crimes de guerre. » 5 juillet 2016

    https://www.amnesty.org/syria-abductions-torture-and-summary-killings-at-the-hands-of-armed-groups/

     

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Syrie. La politique de la France et celle de l’Union européenne (I)

    7 - juillet - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Serge Goudard Si la France est membre de l’Union européenne (UE), l’une et l’autre n’ont pas nécessairement les mêmes positions. Cela tient d’abord à leur différence de nature. D’un côté, la France est un Etat-nation qui aspire à préserver son rang de grande puissance. De l’autre, l’UE est un conglomérat disparate aux positions souvent […]

    Syrie. La politique de la France et celle de l’Union européenne (II)

    7 - juillet - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Serge Goudard Nous publions ci-dessous la seconde partie de l’exposé qui a servi d’introduction à l’atelier sur la politique de la France et de l’Union européenne lors du forum L’Autre Genève qui s’est tenu les 27 et 28 mai à Genève. Diverses contributions seront mises sous forme de vidéos dans la rubrique A l’Encontre TV. […]

    «Il est faux de penser qu’on va défaire Daech en lui reprenant des villes»

    5 - juillet - 2016 Publié par: Alencontre

    Entretien avec Myriam Benraad conduit par Célian Macé Depuis treize ans, Myriam Benraad travaille sur la question irakienne. Chercheuse associée à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman, elle a publié l’an dernier Irak, la revanche de l’histoire (Ed. Vendémiaire). L’Etat islamique revient-il à une logique d’attentats après la perte de […]

    Israël ne peut pas dire la vérité au sujet de l’eau qu’il vole aux Palestiniens

    27 - juin - 2016 Publié par: Alencontre 

    Par Amira Hass Il y a trois réponses que les porte-parole d’Israël sont toujours prêts à sortir de leur besace pour répondre aux questions concernant la pénurie d’eau dans les villes palestiniennes de Cisjordanie – une pénurie qui est évidente quand on la compare à la situation hydrologique satisfaisante des colonies: 1° le système d’eau […]

    Afghanistan-Iran-Syrie. Se battre pour la guerre des autres: les soldats afghans en Syrie

    26 - juin - 2016 Publié par: Alencontre

    Par Anna Reumert Un phénomène qui prend de l’ampleur attire une attention croissante: les réfugiés afghans qui rejoignent les Gardiens de la révolution iraniens dans leur soutien au régime syrien d’Assad. En janvier, Human Rights Watch (HRW) a fait état que des milliers de réfugiés afghans en Iran – un grand nombre d’entre eux mineurs […]

  • Contre Daesh, une stratégie militaire vouée à l’échec politique (NPA)

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    Les États occidentaux, avec à leur tête les États-Unis, veulent montrer que l’État islamique (ou Daesh) est l’ennemi principal, car il constitue un facteur d’instabilité régionale et internationale, notamment avec les attentats terroristes en Europe...

    Les éléments qui ont nourri son développement sont à nouveau utilisés pour tenter d’y mettre fin militairement : soutien à des régimes et groupes autoritaires et confessionnels, politiques néolibérales et interventions militaires...

    Ainsi, en Syrie, les États-Unis ou la France concentrent leurs actions militaires contre Daesh, alors qu’un changement du régime autoritaire d’Assad n’a jamais été à l’agenda. Les alliés (Russie, Iran, Hezbollah et milices chiites fondamentalistes irakiennes) du régime poursuivent de leur côté leur assistance militaire à Damas pour éliminer toute forme d’opposition armée, démocratique (Armée syrienne libre) ou réactionnaire (Jabhat al-Nusra et Daesh), tout en continuant leurs exactions contre les civils syriens. Les raids de l’aviation russe le samedi 25 juin contre la localité d’al-Kouriyé, au sud-est de la ville de Deir Ezzor, ont par exemple tué 31 civils.

    En Irak, les combats contre Daesh sont menés par l’armée irakienne et ses groupes d’élite, mais aussi par des milices fondamentalistes chiites soutenus politiquement, économiquement et militairement par la République islamique d’Iran, et surtout détesté par des larges sections des populations sunnites d’Irak à cause de leurs exactions contre elles et leurs discours et pratiques confessionnels.

    En Libye, les États occidentaux ont poussé à la formation d’un gouvernement d’union, avec deux objectifs prioritaires : lutter contre Daesh et « l’immigration clandestine ». Les questions politique et socio-économiques sont quasiment ignorées. Plusieurs pays européens ont déjà promis plusieurs dizaines de millions d’euros en soutien à ce gouvernement... Cela ans oublier le soutien des États occidentaux, en particulier français, au régime égyptien présidé par le dictateur Sissi qui continue sa répression violente contre toute forme d’opposition, des mouvements de gauche aux Frères musulmans. Une répression tous azimuts qui a pour effet de créer de nouveaux Daesh en nombre dans le pays...

    En soutien aux mouvements démocratiques et non confessionnels

    Il ne suffit pas simplement de mettre fin militairement à toute capacité de nuisance de Daesh, au risque de le voir réapparaître dans le futur comme ce fut le cas dans le passé, mais de s’attaquer aux conditions politiques et socio-économiques qui permettent et ont permis son développement. Il faut se rappeler que Daesh, élément fondamental de la contre-révolution, a connu un développement sans précédent à la suite de l’écrasement des mouvements populaires, se nourrissant de la répression massive et violente des régimes et groupes autoritaires, souvent attisés par des discours et pratiques confessionnelles s’appuyant sur les haines religieuses.

    Les interventions des États régionaux et internationaux ont grandement contribué, et continuent par leurs politiques, au développement de Daesh. Les politiques néolibérales appauvrissant les  classes populaires, accompagnées de la répression des forces démocratiques et syndicales, sont bien sûr un élément fondamental du développement de Daesh.

    Il s’agit de lutter contre ces éléments, tout en soutenant des mouvements populaires de masse démocratiques et non confessionnels qui continuent à travers la région malgré des reculs importants, défiant à la fois les régimes autoritaires et les organisations fondamentalistes religieuses. C’est le seul moyen de mettre fin à ces deux formes de barbarie, au lieu de répéter des erreurs du passé contribuant à leur renaissance.

    Joseph Daher

     

  • Jordanie. La réponse à l'attentat perpétré à la frontière ne peut pas être de repousser les réfugiés (Amnesty)

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    Les autorités jordaniennes ont annoncé qu'elles répondraient d'une « main de fer » à l'attentat à la voiture piégée perpétré contre un avant-poste militaire le long de la frontière avec la Syrie.

    Toutefois, leur réaction ne doit pas se traduire par la fermeture des frontières ni le blocage de l'aide humanitaire destinée aux dizaines de milliers de réfugiés syriens qui fuient la guerre, a déclaré Amnesty International mercredi 22 juin 2016.

    Aucun groupe n'a encore revendiqué cette attaque bien coordonnée, qui a fait six morts et plusieurs blessés parmi les garde-frontières militaires.

    Plus de 70 000 personnes sont bloquées dans une zone désertique connue sous le nom de « berme », qui est un mur de sable marquant la limite côté jordanien de la frontière entre la Jordanie et la Syrie, près des points de passage de Rukban et Hadalat. La fermeture totale de la frontière et la privation d'aide humanitaire dans le secteur seraient synonymes de difficultés extrêmes pour ceux qui n'ont pas la possibilité de se mettre en sécurité et mettraient leurs vies en danger.

    « Des dizaines de milliers de réfugiés sont bloqués non loin de l'endroit où a eu lieu l'attentat. Beaucoup ont fui les régions les plus touchées par la guerre en Syrie, notamment Alep, Deyr al Zur, Homs, Hama et Raqqa. Leurs vies sont toujours en péril à la frontière, a déclaré Sherif Elsayed-Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International.

    « Si la Jordanie a le devoir de protéger les civils contre les attaques armées, les mesures de sécurité mises en œuvre ne doivent pas violer ses obligations juridiques internationales, à savoir fournir protection et assistance aux réfugiés qui fuient ce même type de violences. Les empêcher d'entrer en Jordanie constitue une violation du droit international. » 

    L'attentat perpétré le 21 juin visait le point de passage de Rukban dans une zone reculée et désertique, non loin des frontières entre la Jordanie, la Syrie et l'Irak. Mi-2014, la Jordanie a fermé ses frontières à l'est aux Syriens fuyant le conflit, et ils se sont peu à peu entassés aux points de passage de Rukban et Hadalat. 

    En novembre 2015, environ 9 000 Syriens étaient bloqués, et ce chiffre continuait d'augmenter. Aujourd'hui, on compte plus de 60 000 personnes bloquées dans des conditions très difficiles près du passage de Rukban et plus de 10 000 près de Hadalat, attendant l'autorisation de se réfugier en Jordanie.

    En mars 2016, la Jordanie aurait accepté d'accueillir dans le camp d'Azraq jusqu'à 20 000 réfugies bloqués à la frontière. Cependant, ils ont été installés dans une zone du camp fermée par une clôture, appelée « Village 5 ». Selon les travailleurs humanitaires, si la situation se prolonge, 100 000 Syriens vont se retrouver bloqués dans la zone de la « berme » d'ici la fin de l'année.

    Répondre avec « une main de fer »

    Les autorités jordaniennes ont rapidement réagi à l'attentat perpétré le 21 juin. Le roi Abdullah II a déclaré que son gouvernement allait frapper avec « une main de fer » et fermer les points de passage.

    « Nous prenons des mesures immédiates précises. La première consiste à fermer ce… point de passage … et décréter ce secteur " zone militaire fermée ". Nous avons également décidé de ne pas construire de camp de réfugiés, et de ne pas agrandir les camp existants », a déclaré aux médias le ministre jordanien de l'Information, Mohammed Momani. 

    La Jordanie accueille actuellement plus de 650 000 réfugiés syriens enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Amnesty International a déjà demandé à la communauté internationale de renforcer son soutien à la Jordanie, l'un des principaux pays d'accueil des réfugiés, notamment en finançant totalement le plan d'action de la Jordanie pour 2016 et en augmentant le nombre de places de réinstallation. Au 12 juin 2016, ce plan n'était financé qu'à hauteur de 6,2 %.

    22 juin 2016

    https://www.amnesty.org/fr/jordan-response-to-border-bombing-must-not-include-pushback-of-refugees/

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  • Syrie: Gilbert Achcar & Assaad Al-Achi au Forum L'Autre Genève 28 mai 2016

    Syrie, printemps 2016, les derniers développements (Gilbert Achcar et Assaad Al-Achi au Forum L'Autre Genève, 28 mai 2016) from La brèche TV on Vimeo.