Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Révolutions Arabes - Page 232

  • Choc des civilisations… ou des barbaries (Arte + Huma)

    Gilbert Achcar a pensé le 11 septembre 2001 dans les processus qui l’ont provoqué et suivi. Une réponse au Choc des civilisations de Samuel Huntington

    Au-delà de l’événement des attentats suicides contre les tours jumelles de New York, de quoi le 11 septembre est-il exactement l’anniversaire? Le Choc des bar- baries, écrit à chaud par Gilbert Achcar, enseignant en sciences politiques à Paris-8, et paru six mois après aux éditions Complexe, est un livre sérieux (1). Aucune hypothèse sur les causes n’est pour une fois validée a priori. C’est à l’analyse de la fièvre antiterroriste aux États-Unis, et à un syndrome américain très antérieur au point culminant de la destruction emblématique des deux gratte-ciel du World Trade Center, qu’est consacré le début de cette critique radicale du Choc des civilisations, de Samuel Huntington, un best-seller absolutisant un antagonisme imaginaire entre l’Orient et l’Occident.

    Le 11 septembre 1990, c’est-à-dire onze ans auparavant, George Bush père avait prononcé, en tant que 41e président de la première puissance impérialiste, un discours historique devant le Congrès. L’armée irakienne venait d’envahir le Koweït six semaines auparavant et, quatre jours plus tard, l’hôte de la Maison-Blanche envoyait ses marines sur le territoire du royaume saoudien pour une opé- ration nommée « Bouclier du désert ». Trop meurtrière pour être comprise sous la construction idéologique de « frappes chirurgicales ».

    Faut-il rappeler que, depuis de longues années, les États-Unis souffraient dans leur amour propre du « syndrome vietnamien ». Exemple américain d’enlisement dans une « guerre sale » s’il en fut… Le « syndrome de Beyrouth » s’y était en quel- que sorte ajouté le 18 avril 1983, avec la mort de 63 personnes dans un attentat contre l’ambassade des États-Unis. C’était l’époque du « nouvel ordre mondial » et un Irak qui aurait avalé le Koweït eût contrôlé près de 20 % des réserves mondia- les de pétrole! Désormais, la barbarie des uns répond à la barbarie des autres. Et la paix n’est plus seulement absence de guerre !

    Établir un lien entre le choc engendré par le 11 septembre dans la conscience occidentale et l’état de grande inégalité dans lequel vivent les populations de la pla- nète, continue aujourd’hui de se heurter au mur du conformisme ambiant. Toute explication qui se réfère à l’iniquité du monde équivaut, pour les majorités silen- cieuses, à une justification du meurtre de masse. Accusation renforcée par l’em- phase médiatique dont l’auteur donne notamment cet exemple: « Nous vivrons, et nos enfants survivront, dans une histoire où l’explosion des tours redessine la car- te de géographie et trace l’horizon indépassable d’un crépuscule terroriste de l’humanité. »

    La réflexion critique sur le 11 septembre et ses lendemains devrait pourtant être considérée comme « un impératif de salut public », dans la mesure où l’événement engagerait l’avenir même de l’humanité. Mais dans l’actuel processus de mondialisation, la « société du spectacle » s’est beaucoup agrandie. Gilbert Achcar évoque ici la « compassion narcissique des faiseurs d’opinion » et autres « élites des métropoles occidentales ».

    L’auteur savait déjà, lorsqu’il écrivait le Choc des barbaries que le réseau al Qaeda et son financier et guide suprême Ben Laden, étaient d’ex-alliés des États- Unis. Il faudrait aujourd’hui y ajouter que la CIA avait été informée de l’éventualité deux mois avant l’événement. Pourquoi ces apprentis sorciers ont-ils quasiment laissé faire les pirates de l’air? L’ouvrage de Gilbert Achcar montre comment les États-Unis sont « responsables de la résurgence de l’intégrisme islamique antioc- cidental ».

    Il a suffi de mêler à ce climat le discrédit idéologique mondial des « valeurs socia- listes » causé par l’effondrement du « système stalinien ». L’actuel président des États-Unis, George Bush fils, ne déclarait-il pas dans un discours du 20 septem- bre 2001: « Ces terroristes (…) sont les héritiers de toutes les idéologies meurtriè- res du 20è siècle. « Les amalgames, qui résultent de ces rapprochements, sont à hauts risques. Ils ont pour nom: haine raciale et barbaries qui s’entrechoquent. La dominance asymétrique et l’unilatéralisme hégémonique ne sont-ils pas les carac- téristiques du « grand désordre mondial » qu’instaure Bush fils et qui succède à feu le « nouvel ordre mondial » de Bush père?

    Le paradigme du « chaos pur » n’est autre, pour l’auteur, que l’internationalisation du paradigme du Léviathan de Hobbes, selon lequel « l’état de nature » est le révéla- teur de l’esprit conservateur, du réalisme politique, du pessimisme anthropologique et de la conception anticonflictualiste et inégalitaire de la société ». Les menaces asymétriques ont-elles définitivement pris la relève de la tragédie grecque: « L’arro- gant Achille états-unien ayant vaincu son ennemi russe Hector, n’a cessé de l’en- foncer dans la déchéance et de l’humilier. Un adversaire de bien moindre impor- tance lui a décoché des flèches qui l’ont gravement atteint à son point le plus vulnérable »?

    Il s’agit là, sans aucun doute, de l’impunité interne dont les États-Unis ont profité quasiment depuis leur création. Or, écrivait l’historien grec Thucydide dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse cité par Gilbert Achcar: « La justice n’entre en ligne de compte, dans le raisonnement des hommes, que si les forces sont égales de part et d’autre; dans le cas contraire, les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder. »

    Arnaud Spire Mercredi, 11 Septembre, 2002 L’Humanité

    Le Choc des barbaries. Terrorismes et désordre mondial. Éditions Complexe. 168 pages, 16,90 euros.

    http://www.humanite.fr/node/271261

  • Liban: «Les États-Unis sèment les graines d’une tragédie à long terme» (Gilbert Achcar)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/01/01/1880988416.jpeg

    Question : La semaine dernière il y a eu un important affrontement entre les forces loyales envers le Hezbollah et le gouvernement libanais pro-occidental. Après que le Hezbollah ait repoussé l’agression israélienne en 2006, il était devenu le héros national. Maintenant la situation semble avoir changé et à nouveau des divisions profondes apparaissent. Comment l’expliquez-vous ?

    Gilbert Achcar : Vous avez raison de souligner le fait qu’il y eu un changement. Il est vrai qu’en 2006 le Hezbollah a réalisé une importante victoire et que, dans la région arabe comme dans l’ensemble du monde musulman et au-delà, il a été vu comme une force de résistance héroïque, faisant face à l’un des principaux alliés de l’impérialisme états-unien et repoussant l’agression sioniste. En effet, donc, ils avaient acquis le statut de héros.

    Et il est vrai que cette image a été affectée par les récents affrontements. Pourquoi ? Parce que, tout d’abord, les ennemis du Hezbollah, qui sont bien sûr aussi des ennemis de l’Iran à l’échelle régionale - c’est-à-dire le royaume saoudien, la Jordanie et l’Égypte - n’avaient qu’un argument pour contrer le Hezbollah et tenter de réduire l’influence iranienne.

    C’était et cela reste la carte confessionnelle : dénoncer l’Iran en tant que pouvoir chi’ite perse et le Hezbollah en tant qu’agent arabe chi’ite de l’Iran, réalisant un complot chi’ite contre les Arabes sunnites. C’est ainsi qu’il s’efforcent de présenter les choses. En 2006, cela a misérablement échoué parce que les populations dans la région - Turquie incluse, j’en suis sûr - sont fortement hostiles à Israël et à l’impérialisme états-unien et ont donc sympathisé avec le Hezbollah. Ainsi, l’éclatante majorité n’a pas gobé l’argument chi’ites contre sunnites.

    Depuis lors, le Hezbollah s’est empêtré dans la politique libanaise sur une base confession- nelle, avec des alliés qui adhérent totalement au cadre confessionnel. Par exemple, le mouvement chi’ite Amal, qui est une organisation purement confessionnelle et n’a rien à voir avec une organisation anti-impérialiste. Au cours des années 1980, Amal était plus anti-palestinien que toute autre chose. Le Hezbollah s’est ainsi empêtré dans la politique confessionnelle libanaise au point de mener récemment un assaut militaire avec ses alliés confessionnels sur les zones peuplées de sunnites à Beyrouth et ailleurs.

    Son image en a été beaucoup affectée - plus au Liban qu’ailleurs, parce que la population libanaise est naturellement plus concernée par la politique intérieure libanaise que ne le sont, par exemple, les populations turque ou égyptienne. Je crois que le Hezbollah a réagi de manière excessive lors du récent conflit. Il avait bien sûr raison de rejeter les décisions du gouvernement Siniora, mais il pouvait les défaire aisément - comme il l’a fait dans les cas précédents, lorsque ces décisions ne lui convenaient pas - sans se lancer dans une offensive militaire à Beyrouth et dans d’autres régions du Liban, avec des alliés comme Amal. Ce faisant, il a créé un très fort ressentiment sectaire.

    Ainsi, bien que militairement ils l’ont facilement emporté lors du dernier conflit, je pense que politiquement ils en sont sortis perdants. Car maintenant la polarisation confessionnelle est redevenue très intense au Liban entre les sunnites et les chi’ites. C’est très dangereux. A présent, comme en témoignent les discussions qui ont eu lieu au Qatar entre les partis libanais, la question de l’armement du Hezbollah est redevenue discutable. Or, avant les événements récents, la majorité parlementaire conduite par Hariri n’osait pas soulever cette question, surtout après que le Hezbollah ait fait la preuve en 2006 que cet armement était indispensable pour repousser et dissuader l’agression israélienne. Maintenant, après que le Hezbollah ait utilisé ses armes dans un combat intérieur pour la première fois depuis de nombreuses années, ses forces armées sont soudainement dénoncées par ses adversaires comme étant une milice sectaire.

    A mon avis le Hezbollah a commis une grave erreur, dont les conséquences sont importantes au moment où le Liban entre dans ce qui semble être un nouveau cycle de violence. Il se pourrait bien que, dans quelques années, ce qui vient de se produire maintenant apparaisse comme le premier round d’une nouvelle guerre civile libanaise, à moins que les conditions régionales et internationales empêchent ce scénario pessimiste. Pour la lutte anti-impérialiste dans la région, ce serait un coup très dur, venant après les massacres terribles entre chi’ites et sunnites, qui continuent en Irak. Si de tels massacres s’étendaient au Liban et peut-être demain à la Syrie, ce serait un désastre pour toute la région. Les seuls qui pourraient bénéficier d’une telle situation seraient Israël et les États-Unis, qui n’hésiteraient pas tous deux à exploiter une telle situation.

    Question : Est-ce que le Parti communiste du Liban ou d’autres forces laïques ont mis en avant des revendications visant à changer complètement le système de façon à ce qu’il ne soit plus fondé sur les identités et des partis confessionnels ?

    Gilbert Achcar : Le Parti communiste est actuellement la seule force de gauche significative au Liban. Les autres sont de tous petits groupes. Parmi les partis libanais d’une certaine importance, le PC est l’un des rares partis véritablement laïques, avançant un programme laïque. C’est un véritable parti multi- confessionnel, regroupant côte-à-côte des musulmans, tant sunnites que chi’ites, des chrétiens, des druzes etc. Le secrétaire général du parti est d’origine sunnite alors que la majorité des membres sont d’origine chi’ite - c’est réellement un parti multiconfessionnel. Il se prononce pour la laïcisation de la politique libanaise et avance, en tant que parti de gauche, des revendications sociales et économiques. Le PCL n’a rejoint directement aucun des deux camps principaux au Liban.

    Lors du conflit récent, il a décidé de ne pas participer aux affrontements. Bien sûr, les communistes s’opposent au gouvernement et au projet impérialiste au Liban, tout comme ils s’opposent aux agres- sions israéliennes : ils ont participé au combat contre les forces israéliennes en 2006. Mais ils ne peuvent pas partager les buts de l’opposition en politique intérieure, qu’ils dénoncent comme étant à la fois confessionnels et bourgeois. Ils critiquent les deux camps, mettant plus d’emphase sur la dénonciation des forces pro-occidentales menées par Hariri. Au cours des trois dernières années, ils ont maintenu une position indépendante de manière conséquente.

    C’est une importante amélioration de leur ligne politique, car au cours des années 1970 et 1980 ainsi que dans la période précédente le parti communiste était fortement impliqué dans des alliances sous hégémonie bourgeoise : avec Arafat durant un certain temps, avec le chef féodal druze, Joumblatt, la plupart du temps, ainsi qu’avec le régime syrien. A partir du début des années 1990, le PCL est entré dans une crise profonde et s’est fragmenté. Le parti actuel - bien plus faible, il est vrai - en est le résultat. Mais il a radicalement amélioré sa politique.

    Depuis 2005 - à partir des mobilisations de mars 2005 pour et contre la Syrie au Liban, qui ont suivi l’assassinat de l’ex-Premier ministre Hariri - le PCL a suivi une ligne véritablement indépendante. Le 8 mars 2005, le Hezbollah et ses alliés ont organisé une énorme manifestation en hommage à la Syrie et à son président Bashar al-Assad. Les forces pro-occidentales ont alors appelé à une contre-manifes- tation le 14 mars, contre la Syrie. C’est depuis lors que l’actuelle majorité gouvernementale est aussi désignée par la date du « 14 mars », alors que l’opposition l’est par celle du « 8 mars ».

    Le Parti communiste a refusé de se joindre à l’une quelconque des deux manifestations et a appelé à une troisième, naturellement beaucoup plus petite que les deux manifestations géantes des 8 et 14 mars, qui ont mobilisé chacune des centaines de milliers de personnes. La manifestation du PCL n’a rassemblé que quelques milliers de personnes, mais avec leurs drapeaux rouges, ils ont fait apparaître une troisième voie pour le Liban, rejetant les deux camps confessionnels. C’est pour cette raison que je pense que leur attitude politique s’est beaucoup améliorée, même si je continue à avoir plusieurs réserves - en particulier en ce qui concerne leur soutien à l’armée libanaise et à son chef, qui attend d’être élu président avec l’appui de toutes les forces.

    Question : Il semble que la seule voie permettent de dépasser les divisions sectaires passe par la mobilisation de la gauche politique et des organisations syndicales, qui dessinent une alternative non confessionnelle et résistent aux politiques néolibérales appliquées dans le pays. Est-ce que le Hezbollah penche vers l’organisation de la résistance contre ces politiques néolibérales ?

    Gilbert Achcar : C’est une illusion complète. Le Hezbollah n’a rien fondamentalement contre le néo- libéralisme et, encore moins, contre le capitalisme. Comme vous le savez, son modèle suprême est le régime iranien - qui n’est certainement pas un rempart contre le néolibéralisme. Bien sûr, comme tous les intégristes islamiques, ils pensent que l’État et/ou les institutions religieuses devraient venir en aide aux pauvres. Il s’agit là de charité. La plupart des religions préconisent et organisent la charité. Cela présuppose l’existence d’inégalités sociales avec des riches qui donnent aux pauvres leurs miettes.

    La gauche, par contre, est égalitaire et non « charitable ». En tout état de cause, le Hezbollah ne s’intéresse pas vraiment aux politiques sociales et économiques de l’État. Au cours de toutes les années pendant lesquelles Rafik Hariri dominait le gouvernement tandis que les troupes syriennes contrôlaient le pays, les politiques libérales les plus cruelles ont été appliquées, sans que le Hezbollah ne s’y oppose jamais sérieusement. Cela ne fait pas partie de son programme, ni de ses priorités.

    Les derniers affrontements ont débuté le jour où certains syndicats avaient appelé à une grève générale. Mais il s’agit de syndicats pourris, qui étaient tombés sous la coupe des Syriens avant qu’ils ne quittent le Liban. La précédente fois qu’ils avaient appelé à la grève, ce fut un échec complet, car l’opposition, c’est-à-dire en premier lieu le Hezbollah, ne l’avait pas réellement soutenu, même si elle avait approuvé la grève du bout des lèvres en tant que geste oppositionnel.

    Cette fois-ci le Hezbollah a utilisé l’occasion de la grève pour mobiliser contre les décisions politiques du gouvernement qui le concernaient et non pour s’opposer à ses politiques économiques et sociales. C’est pourquoi, bien que le conflit ait commencé le jour de la grève, les revendications économiques et sociales sont tombées dans l’oubli. Le Hezbollah ne lutte pas contre le néolibéralisme, bien qu’il puisse parfois chercher à satisfaire sa base électorale plébéienne. La seule force significative qui s’oppose au néolibéralisme au Liban, c’est la gauche, principalement le PCL.

    vendredi 17 octobre 2008 - 07h:22 Gilbert Achcar - Inprecor

    * Gilbert Achcar, professeur à l’École des études orientales et africaines (SOAS) de l’Université de Londres, est un collaborateur régulier d’Inprecor. Parmi ses ouvrages : Le choc des barbaries (Complexe, 2002 ; 10/18, 2004), L’Orient incandescent (Page Deux, 2004), La guerre des 33-Jours, avec Michel Warschawski (Textuel, 2007), La poudrière du Moyen-Orient, avec Noam Chomsky (Fayard, 2007).

    Cette interview a été réalisée par Foti Benlisoy et Aykut Kýlýç pour la revue critique turque, Mesele (Question).

    Le texte original de l’interview, en anglais International Viewpoint : http://www.internationalviewpoint.o... sous le titre : The U.S. is sowing the seeds of a long term tragedy...

    http://www.info-palestine.net/spip.php?article5214

  • Tunis Cadtm

    • Le Forum parlementaire mondial contre « le système dette »

      par Salaheddine Lemaizi

      28 mars

    • Le 27 mars s’est tenu le Forum Parlementaire Mondial (FPM) à Tunis. Cet événement ouvert à tous les parlementaires qui partagent la charte de Porto-Alegre, et aux participants au FSM a démarré ses activités avec une session sur le thème « Contrer ensemble la dette, instrument de domination des peuples » (...)

    • puce Déclaration de l’Assemblée des mouvements sociaux - Forum social mondial 2015

      Tunis 27 mars

      par Assemblée des mouvements sociaux

      28 mars

    • Les peuples unis ne seront jamais vaincus ! Nous, réuni-e-s lors de l’Assemblée des mouvements sociaux du Forum social mondial 2015 à Tunis, avec notre diversité, pour construire un agenda commun de luttes contre le capitalisme, l’impérialisme, le patriarcat, le racisme et toutes les formes de (...)

    • puce Dettes, Transnationales, Migrations et Paix : Motions adoptées par le forum parlementaire mondial le 26 mars 2015 dans le cadre du FSM

      par Collectif

      28 mars

    • Le Forum Parlementaire Mondial réuni à Tunis le 26 Mars 2015, dans le cadre du Forum Social Mondial, -comme lors de tous les forums précédents-, et réunissant des parlementaires de diverses origines et tendances politiques adhérant à la Charte de Porto-Alegre, des représentants de mouvements sociaux, (...)

  • Nouveautés sur "Algeria Watch"

    Résultat de recherche d'images pour "algerie"

     

    http://www.algeria-watch.org/francais.htm

  • Forum de Tunis (Al Huff' + Cadtm)

    Les militants de la "vraie" société civile algérienne dénoncent les agissements de la délégation officielle au FSM Tunis

    Dz Fsm
     
     

    Violences au FSM: "Le pouvoir algérien a envoyé ces gens pour décrédibiliser les militants algériens"

    Tunisia Habib Bourguiba
     
     

    Bientôt un Forum social mondial au Maroc?

    Forum Social Mondial

     

    Le pouvoir algérien occupe le terrain au Forum social mondial de Tunis

    Algrie Au Fsm

     

     
     
    • Le Forum veut durcir le front de la dette

      par Benito Pérez

      27 mars

    • TUNIS L’accalmie des années 2000 était trompeuse : les Etats les plus faibles demeurent à la merci du chantage de leurs créanciers. A Tunis, le cas grec suscite la mobilisation. On la croyait dépassée, elle fait un retour en force au Forum social mondial (FSM) de Tunis. Sur le campus d’El Manar, (...)

     

    •  Plusieurs marches d’ouverture au FSM 2015

      par Claude Quémar, Salaheddine Lemaizi

      27 mars

    • Les travaux de la 13e édition du Forum social mondial ont démarré le 24 mars avec la traditionnelle marche d’ouverture. L’itinéraire de cette marche a été modifié par les organisateurs pour pouvoir converger vers le Musée du Bardo, lieu des attaques terroristes du 18 mars dernier. Récit d’une marche (...)

     

  • Nouveautés sur AFPS

  • En Tunisie, le phosphate a saccagé la nature du golfe de Gabès (Reporterre)

    POLLUTION GABS

    Située sur la côte est du pays, Gabès subit depuis trente ans une pollution rampante au phosphate. Oasis asséché, mer polluée, développement de maladies… En cause, l’activité industrielle du Groupe Chimique Tunisien (GCT), qui produit de l’acide phosphorique.

     

    Gabès, reportage

    Une plage de sable fin, des palmiers en abondance, une nature généreuse… Ce paysage de carte postale, la ville de Gabès, à 400 km au sud de Tunis, l’a connu jusque dans les années 1960. « Gabès n’avait pas son pareil, on pouvait trouver de l’ombre un peu partout, la ville était entourée par l’oasis », relate Sami Badrouchi, membre de l’Association de Sauvegarde de l’Oasis de Chenini, qui entoure Gabès.

    Une période glorieuse pour les habitants, « un paradis sur terre avant l’arrivée de l’industrie », se rappelle Abdallah Zrelli, président de la branche régionale de l’Association de Protection de la Nature et de l’Environnement. « C’était le seul oasis au monde situé directement en bord de mer ! Le territoire était d’une richesse extraordinaire », insiste-t-il. À cette époque, la région est très prisée des touristes, notamment libyens. Le gouvernement crée même un train touristique depuis Tunis pour rejoindre Gabès et son oasis.

    Le tournant dans l’histoire de la ville se situe au début des années 1970. En 1972 exactement, lorsque l’Etat, dirigé par Habib Bourguiba, crée le Groupe Chimique Tunisien (GCT). L’entreprise est chargée d’exploiter le phosphate, la principale ressource naturelle du pays. Le bassin minier se trouve autour de Gafsa (au nord-ouest de Gabès), où est récolté le minerai, avant d’être acheminé par train vers la région côtière. Trois pôles sont créés, à Gabès, Skhira et Sfax. Le pôle principal, à Ghannouche (banlieue de Gabès), vise notamment à transformer le phosphate pour produire de l’acide phosphorique. D’autres unités industrielles (cimenterie, agroalimentaire, manufacture) sont également implantées autour de la ville.

    Une manne financière

    Dans la Tunisie des années Bourguiba puis Ben Ali, l’exploitation du phosphate est un secteur clé de l’économie du pays. Aujourd’hui encore, cette activité génère plus de 4 300 emplois directs, repré- sentant 3 % du PIB et 10 % de l’exportation. Le GCT est un poids lourd contre lequel il est impossible de lutter.

    « Avant la Révolution, il n’y avait aucune association de protection de l’environnement. On n’avait aucun moyen d’agir, il n’y avait pas d’informations sur le sujet », déplore Sami Badrouchi. Une opacité favorisée par le régime autoritaire et corrompu de Ben Ali.

    Après la chute du dictateur, la société civile s’empare d’un certain nombre de sujets, dont l’environnement. « À partir de la Révolution, la pollution a cessé d’être un sujet tabou que l’on ne sortait qu’au moment des élections », explique Abdallah Zrelli. L’impact de l’activité industrielle est de toute façon trop visible pour cacher plus longtemps la réalité de la situation. Les associations locales se mobilisent pour informer la population sur le « problème du phosphate ». Ou plutôt les problèmes, tant les conséquences sont nombreuses.

    Autrefois verdoyant, l’oasis de Gabès n’est plus que l’ombre de lui-même. La faute à l’accaparement de l’eau par l’usine chimique, selon Sami Badrouchi. « Le groupe chimique pompe une très grande partie de l’eau présente dans les nappes, sans la renouveler. Sur la zone voisine de Ras el Oued, on comptait auparavant 400 sources naturelles. Aujourd’hui, on est obligé de pomper l’eau… À cause de cela, l’activité agricole n’est plus rentable ». En manque d’eau, le territoire souffre également d’une pollution considérable due à l’activité industrielle.

    Des boues radioactives

    La production d’acide phosphorique génère un déchet, nommé phosphogypse, composé notamment d’uranium, de plomb, de polonium et de radium. Pour une tonne d’acide phosphorique, 5,1 tonnes de phosphogypse sont rejetées. Ces déchets radioactifs sont stockés à l’air libre à Sfax et Skhira, sous forme de terrils plus ou moins bien protégés. A Gabès, en revanche, le phosphogypse est entièrement déversé dans le golfe par un canal à ciel ouvert. Mélangé à de l’eau de mer, il forme des « boues gypseuses ». La ville portuaire est touchée de plein fouet par ces rejets. Mohamed Ali Daymi, qui est ingénieur et suit de très près la question, décrit la situation : « La décharge est située précisément entre les ports de commerce et de pêche de Gabès… ».

    Le site de Shkira

    Les chiffres recensés jusqu’à présent donnent le vertige. L’usine de Ghannouche déverse chaque jour environ 42 000 m3 de ces boues dans la mer, soit 12 500 tonnes de phosphogypse sec. Selon Samir Jomaa, de l’Université de Carthage, « on estime que 135 millions de tonnes de phosphogypse sec ont été rejetées sur les côtes du Golfe durant les trente dernières années ». [1]

    La baignade est interdite et de nombreuses espèces de poissons ont disparu.

    On n’en compte plus que sept actuellement, contre plusieurs dizaines dans les années 1960. Les pêcheurs, inquiets de voir leur activité réduite à peau de chagrin, ont manifesté la semaine dernière dans les rues de la ville. Les autorités ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène et plusieurs interpellations. Les habitants de Gabès ne sont évidemment pas épargnés par le fléau. Les consé- quences sur la santé sont préoccupantes. Ici, on ne compte plus les personnes atteintes d’un cancer, surnommé « la mauvaise maladie ».

    Pourtant, aucune étude précise n’a été menée jusqu’à présent. « Une association des agents de santé de l’hôpital a demandé un registre des maladies recensées sur Gabès, mais cela n’a pas encore été mis en œuvre », déplore Sami Badrouchi.

    La plupart des malades partent à Sfax ou à Tunis pour se faire soigner, ce qui rend difficile le lancement d’une telle étude. D’autres maladies, comme l’ostéofluorose, liée à l’importante concentration de fluor, ont également vu le jour dans la région. À cela s’ajoutent la pollution atmosphérique ou les mauvaises odeurs à proximité du site…

    Vers un arrêt des rejets en mer

    Après des années de silence, le Groupe Chimique Tunisien, qui fait face aux pressions de la société civile, semble réagir. Une cellule de veille, composée de responsables du GCT et de membres d’associations, est chargée d’étudier les projets du groupe. L’entreprise envisage notamment plusieurs mesures pour réduire son impact environnemental. La plus emblématique serait l’abandon des rejets de phosphogypse en pleine mer. À la place, une décharge implantée sur le continent pourrait voir le jour. Elle serait dotée d’une « géo-membrane destinée à protéger les eaux souterraines contre les infiltrations », selon le groupe.

    Trois sites sont pressentis pour accueillir ce futur terril, situés entre 20 et 40 km de l’usine. L’installation nécessiterait le transport des boues gypseuses sur plusieurs dizaines de kilomètres, via le plus long pipeline de phosphogypse du monde… Le montant serait de 400 millions d’euros. Pour l’un des sites proposés, à El Malah (à 20 km de Gabès), les habitants ont déjà clairement exprimé leur refus.

    Si l’arrêt de la production de phosphate est pour l’instant peu envisageable, le cœur du problème est d’ordre économique, selon Mohamed Ali Daymi. « Avec 23,7 % de chômage dans le gouvernorat de Gabès, dont 40,2 % pour les jeunes diplômés, il faut mettre en œuvre une économie alternative pour sortir de l’emprise du phosphate. Si l’on installe des systèmes de dépollution, d’ingénierie de l’eau, etc., on permettra à des gens qualifiés d’avoir du travail et de contribuer à éradiquer la pollution ». Le seul moyen, selon lui, de redonner de l’espoir à la population : « Le niveau de bien-être est négatif ici, les gens souffrent. Ils veulent juste vivre ».

    27 mars 2015 / Clément Barraud (Reporterre) [1Etude présentée lors du Forum social de l’environnement, le 7 février 2015, à Monastir

    Lire aussi : La menace du gaz de schiste plane sur la Tunisie

    http://www.reporterre.net/En-Tunisie-le-phosphate-a-saccage

  • Comment le Mossad a aidé le Maroc à tuer Ben Barka (Courrier International)

    Une grande enquête du quotidien israélien Yediot Aharonot publiée cette semaine met en lumière l’implication des services de renseignements israéliens dans l’enlèvement à Paris, le 29 octobre 1965, et l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka

    Un jour sombre et pluvieux dans une forêt des environs de Paris. Des hommes creusent un trou pour y jeter le corps d’un homme mort étranglé peu de temps auparavant. A cet instant, personne n’imagine que le fantôme de la victime va hanter le Mossad pendant de longues années.” L’enquête des deux journalistes israéliens Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, publiée dans Yediot Aharonot, débute comme un polar. Paris. Une cible marocaine. Les services secrets israéliens. Tel est le décor de ce qui va devenir le dossier “Baba Batra”, une des affaires les plus délicates de l’histoire du renseignement israélien.

    La mort du célèbre opposant marocain, Mehdi Ben Barka, eut d’importantes conséquences notamment sur les relations entre le Mossad, le Premier ministre d’alors, Levi Eshkol, et Isser Harel, figure mythique des services israéliens, qui fut chargé d’enquêter sur cette affaire d’Etat, mais aussi sur les relations franco-marocaines. Comme le souligne Le Monde, qui a interviewé l'un des auteurs de l'enquête, l'article a été soumis à la relecture de la censure militaire avant publication, car la loi israélienne l’exige. Toutefois, fondé sur la retranscription d’une rencontre entre le chef du Mossad de l’époque, Meir Amit,  Levi Eshkol et Isser Harel, et sur les témoignages de nombreux acteurs de l’affaire, l'article du Yediot Aharonot révèle l’implication logistique du Mossad dans la mort de Ben Barka.

    Quels rapports de forces ?

    A l'entame des années 1960, le Mossad (chargé du renseignement extérieur et de l'antiterrorisme) a installé un siège à Paris pour organiser ses opérations dans toute l’Europe. En matière de sécurité, les relations entre Israël et la France sont alors très étroites. La France, empêtrée “dans le bourbier algérien” et aux prises avec le Front de libération nationale (FLN), a besoin de l’aide du Mossad. “Au début, cette coopération s’est traduite par le partage d’informations sur l’organisation clandestine. Puis le Mossad livra des armes qui serviront dans une série d’assassinats perpétrés par les services français contre le siège du FLN au Caire”, écrivent les journalistes de Yediot Aharonot.

    De son côté, le Mossad “utilise” Paris comme “voie d’accès à l’Afrique et à l’Asie”. Très actif, le service cherche alors à obtenir le plus possible d’informations sur les pays arabes et sur le bloc soviétique – pour les partager avec les Etats-Unis. Si le Mossad noue à l’époque des relations secrètes avec la Turquie, l’Iran et l’Ethiopie, “une cible lui manque cruellement : le Maroc”. Pays arabe modéré, le Maroc est un pays qui entretient des relations avec les principaux ennemis d'Israël. “Sans parler du fait qu’à la tête du royaume, Hassan II fait plutôt figure d’allié de l’Occident.”

    Echange de services

    “Dans le renseignement, il n’y a pas de cadeaux gratuits”, rappelle l’enquête de Yediot Aharonot. C’est en vertu de cet adage que, six semaines avant l’assassinat de Ben Barka, le Mossad s’est retrouvé débiteur d’une dette vis-à-vis du Maroc. D’après les documents utilisés par les journalistes, Israël considérait ses relations avec le Maroc comme “stratégiques” et les deux pays avaient réussi à se trouver des intérêts. Le roi Hassan II s’était laissé convaincre de “laisser des Juifs de son pays émigrer vers Israël”. En échange, l’Etat hébreu fournissait une aide logistique au Maroc, formait ses militaires. En 1965, la coopération entre les services de renseignements des deux pays prit une dimension autrement plus importante.

    En septembre 1965, expliquent Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, le renseignement marocain permet en effet à des agents du Mossad d’obtenir des informations cruciales. Du 13 au 18 septembre 1965, la Ligue arabe tint un sommet de la plus haute importance à Casablanca. Le roi Hassan II délivra à Meit Amir, le directeur du Mossad, tous les documents relatifs à cette rencontre ainsi que les enregistrements de la réunion, qui avait été mise sur écoute. “Ces informations très importantes donnèrent un aperçu des ambitions des plus grands ennemis d’Israël. [...] Lors de la réunion, les commandants des armées arabes avouèrent qu’elles n’étaient pas préparées pour une nouvelle guerre contre Israël”, rapporte Yediot Aharonot. C’est en partie sur ces informations que Tsahal recommanda au gouvernement de Levi Eshkol de lancer ce qui deviendra la guerre des Six-Jours en 1967. Conflit qui vit l’armée israélienne triompher des armées syrienne, égyptienne et jordanienne.

    Après cette coopération sans précédent, le Maroc voulut être dédommagé du service rendu le plus vite possible. Le nom de cette dette : Ben Barka, l’un des opposants les plus farouches du roi Hassan II. C’est ainsi que fut lancée l’opération Baba Batra – qui, en plus d’avoir les mêmes initiales que Ben Barka, désigne dans le Talmud un traité s’intéressant aux questions liées à la responsabilité individuelle.

    L’opération Baba Batra

    En échange de la coopération du Maroc lors du sommet de la Ligue arabe, le Mossad s’engagea à  suivre les déplacements de Ben Barka en Europe – l’homme était alors en exil. Mehdi Ben Barka était une figure influente au Maroc et dans le monde arabe. Homme de gauche, il soutint la révolution et le combat contre le colonialisme, et devint l’un des opposants les plus virulents au roi Hassan II.

    L’enquête révèle que le Mossad réussit à localiser Ben Barka à Genève, où l’opposant marocain relevait son courrier. “Le Mossad donna l’adresse du kiosque à Ahmed Dlimi, adjoint de Mohammed Oufkir, le ministre de l’Intérieur marocain. Les agents marocains n’avaient plus qu’à surveiller le kiosque vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pendant deux semaines, jusqu’à ce que leur cible se montre.”

    A ce stade de l’affaire, il n’est encore question pour le Mossad que de fournir une assistance technique, tout en gardant ses distances avec une opération qui, concrètement, sera menée par les agents maro- cains. Le Mossad fournit notamment de faux documents afin de louer des voitures et des passeports aux Marocains et Français impliqués dans l’affaire pour qu'ils puissent fuir rapidement après l’opération.

    Le piège du documentaire

    “Quel était le but de l’opération pour les Marocains ?" interrogent Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon. "La réponse dépend de la personne à qui vous posez la question. Selon l'historien spécialiste des relations israélo-marocaines, Yigal Ben-Nun, l’idée au départ, était de kidnapper l’opposant avant de le soumettre à un choix : soit il devenait ministre de l’Education du gouvernement de Hassan II (ce qui sous-entend qu’il se soumet à sa loi), soit il comparaissait lors d’un procès public pour trahison. Selon d’autres preuves, notamment les enregistrements du Mossad et du Premier ministre israélien, l’intention a toujours été de mettre fin à sa vie.”

    Le Mossad met au point un piège en montant une histoire de documentaire sur Ben Barka pour l’attirer à Paris. La suite de l’histoire est connue. Le 29 octobre 1965 : Mehdi Ben Barka arrive à Paris. Il a rendez-vous chez Lipp – la fameuse brasserie du boulevard Saint-Germain – avec un jour- naliste français. A quelques pas du restaurant, deux policiers français demandent à Mehdi Ben Barka de les suivre. Le piège se referme.

    Les journalistes d’investigation racontent ensuite comment l’opposant a été amené dans un apparte- ment.  Il y sera longuement et sauvagement torturé par Ahmed Dlimi et ses acolytes à coups de brû- lures de cigarettes, d’électrochocs et de simulations de noyade. Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon précisent que “le Mossad n’était pas présent au moment des faits et n’a pas autorisé sa mise à mort”. D’après les témoignages de membres du Mossad à l’époque, au bout de plusieurs dizaines de minutes d'interrogatoire, Ahmed Dlimi aurait appelé ses homologues israéliens depuis l’appartement en disant : “Je ne voulais pas... il est mort.”

    Les Marocains demandent alors aux services de renseignements israéliens de faire disparaître le corps. Le cadavre de Ben Barka sera emmené, enterré en pleine nuit dans la forêt de Saint-Germain, puis “dissous à l’acide” avec des produits chimiques achetés dans plusieurs pharmacies.

    Les conséquences de l'affaire

    Yediot Aharonot explique que la mort de Ben Barka provoqua une grave crise politique en Israël. Isser Harel, figure des renseignements israéliens, chargé d’enquêter sur l’affaire, réclame la démission d'Amit, le chef du Mossad, puis carrément celle du Premier ministre, Levi Eshkol. L’enlèvement de Ben Barka en plein Paris et sa disparition avérée sur le sol français ont par ailleurs profondément marqué les relations entre la France et le Maroc, ainsi qu’entre la France et Israël.

    Des fuites bien orchestrées ont rapidement fait comprendre à l’entourage du général de Gaulle que les services marocains étaient impliqués dans la disparition de Mehdi Ben Barka. La réaction du président français fut immédiate : il décapita les services secrets français, intérieurs comme extérieurs, et ce fut la fin du SDECE (contre-espionnage). Il alla même jusqu’à demander au roi Hassan II de lui livrer Mohamed Oufkir et Ahmed Dlimi. Le refus du souverain chérifien marqua une dégradation brutale des relations diplomatiques entre Paris et Rabat, sur lesquelles plane encore aujourd’hui “l’ombre du fantôme de Ben Barka”, souligne le quotidien israélien.

    Le site d'information marocain Tel Quel rappelle se son côté qu'“à ce jour l'affaire Ben Barka n'a toujours pas été élucidée par la justice marocaine”.

    Avec Tel-Aviv, les choses furent différentes. Tout en soupçonnant le Mossad d’être mêlé d’une façon ou d’une autre à “l’affaire”, le soutien de la France à Israël a prévalu sur la nécessité de faire toute la lumière sur cette participation, soulignent Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon. Pourtant, au moment de la guerre des Six-Jours, le général de Gaulle décida d’“un embargo absolu sur les armes”. Son discours devant l’Assemblée nationale en novembre 1967 est entré dans les livres d’histoire : “Les Juifs [sont] restés ce qu'ils [ont] été de tout temps, un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur.” Deux jours après avoir prononcé ces mots, il ordonna l’expulsion des représentants du Mossad en France et le démantèlement de son siège parisien. Publié le 26/03/2015 - 16:51

    http://www.courrierinternational.com/article/renseignement-comment-le-mossad-aide-le-maroc-tuer-ben-barka

    Sur l'affaire on peut lire le polar: L'affaire N'Gustro