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Révolutions Arabes - Page 53

  • USA (NPA)

    usa (npa) dans Antiimpérialisme

    USA : Trump, « la paix par la force »…

    Poutine a-t-il organisé la défaite de Clinton en ayant piraté des emails du Parti démocrate pour favoriser l’élection de Trump ? C’est ce qu’affirment des responsables de la CIA, et Obama d’ordonner une enquête et de promettre des représailles. Trump, qui vient d’être élu le 19 décembre par les grands électeurs, ironise, mais ce nouvel épisode du psychodrame électoral américain est bien dans l’air du temps du rapprochement annoncé Trump-Poutine.

    « L’ami de Poutine »

    Rex Tillerson, ex-PDG du géant pétrolier ExxonMobil, a été nommé secrétaire d’État, c’est-à-dire ministre des Affaires étrangères. De par son ancienne fonction, il entretient de bonnes relations avec la Russie, en particulier avec Igor Setchine, le patron de Rosneft, le principal producteur de pétrole russe, un proche de Poutine. Il s’était opposé aux sanctions adoptées par les États-Unis après l’annexion de la Crimée en mars 2014. Rex Tillerson ne dépare pas dans l’équipe de généraux, de grands patrons et de banquiers du futur gouvernement.

    Les nouvelles relations entre Moscou et Washington se négocient en fait autour du drame syrien, où les USA ont laissé les mains libres à Moscou et Téhéran. Trump fait confiance à Poutine. La Russie a réalisé ses objectifs : son intervention militaire a sauvé Bachar el-Assad, le dictateur ami, assuré ses bases en Méditerranée, et lui a permis de conserver la dernière de ses zones d’influence dans le monde arabe. Il s’agissait aussi de mettre un terme au « Printemps arabe », de mater l’insurrection populaire.

    La chute d’Alep aux mains de l’alliance russo-­iranienne change les rapports de forces dans une région jusqu’alors dominée par les États-Unis, et par eux seuls.

    Ceux-ci sont contraints de s’entendre avec la Russie et de négocier avec l’ayatollah Ali Khamenei, dans un monde libéral et impérialiste dit « multipolaire ».

    Fin de la « normalisation » USA-Chine ?

    Le 11 décembre, à l’occasion d’un entretien accordé à la chaîne Fox News, Trump est revenu sur l’incident diplomatique qu’avait provoqué sa conversation téléphonique, le 2 décembre dernier, avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, à l’initiative de cette dernière :« Je comprends parfaitement la politique d’“une seule Chine”. Mais je ne sais pas pourquoi nous devons être liés par [cette] politique(…), à moins que nous concluions un accord avec la Chine concernant d’autres choses, y compris le commerce ».

    Il n’a aucune intention de respecter l’accord diplomatique avec Pékin dit d’« une seule Chine » qui ne reconnaît pas Taïwan, accepté jusqu’alors par Washington dans le cadre de la « normalisation » des relations USA-Chine. Cette page se tourne. Trump entend non seulement mener une guerre commerciale contre la Chine mais il dénonce aussi « l’énorme forteresse au milieu de la mer de Chine méridionale » érigée par Pékin. La saisie par la marine chinoise d’une sonde de la marine américaine dans cette zone a été l’occasion d’une violente réaction de Trump.

    De toute évidence, son prétendu isolationnisme ne signifie en rien un abandon des prérogatives de l’impérialisme américain.

    Il ne s’agit plus pour les USA de prétendre au rôle de gendarme du monde, mais de se concen- trer sur la défense de leurs propres intérêts tant économiques que politiques et militaires. Ils veulent imposer à leurs alliés de prendre leur part, en particulier au niveau de l’Otan, et enten- dent renégocier en fonction des nouveaux rapports de forces au prix de tensions exacerbées. Trump sera le Président de ce tournant dans la mondialisation. Ainsi, il a repris le slogan de « paix par la force » de Reagan… tout en décidant d’accroître les dépenses militaires !

    Mardi 27 décembre 2016 Yvan Lemaitre

    http://npa2009.org/

  • L’Etat islamique, un orientalisme inversé (Cetri.be)

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    Le Djihadisme comme "Orientalisme inversé"

    Les débats sur la puissance d’attraction de l’Etat islamique ne permettent pas de saisir la complexité d’un phénomène qui puise ses forces dans un discours qui cristallise la haine d’un Occident fantasmé.

    Depuis quelques mois, le groupe Etat islamique cède ostensiblement du terrain dans tous ses fiefs - notamment en Irak, en Syrie ou encore en Libye - et répond à ces revers militaires par de violentes contre-offensives et une démultiplication des attentats, non seulement au Moyen-Orient (contre une église copte du Caire pour le plus récent), mais aussi à travers le monde (sur un campus universitaire américain dans l’Ohio).

    Début décembre, Abou Hassan al-Mouhajir, intronisé nouveau porte-parole du groupe et successeur du charismatique Abou Mohammed al-Adnani (tué dans une frappe aérienne au mois d’août), enjoignait ses partisans de perpétrer des attaques-suicides partout et de ne surtout pas déserter le champ de bataille. Si le nombre de combattants cheminant à destination du « califat » en Irak et au Levant s’est drastiquement réduit, l’attraction du « récit » développé et sophistiqué par l’Etat islamique n’est donc guère en baisse pour sa part ; sans succomber à l’alarmisme, il est même plutôt vraisemblable que les faits d’armes signés par l’organisation terroriste se poursuivent, continuant d’alimenter à ce titre une profusion de commentaires et d’analyses qui, eux-mêmes, sont sujets à maintes controverses.

    Les déchirures interprétatives survenues depuis les attentats de novembre 2015 dans le champ français des études sur le jihadisme et la radicalisation, aujourd’hui les deux grands paradigmes dominants, en sont symptomatiques.

    « Islamisation de la révolte radicale » et « nihilisme » générationnel pour les chercheurs Alain Bertho et Olivier Roy, prépondérance du facteur religieux et de l’islam radical dans le passage au jihad armé selon Gilles Kepel, poids des héritages coloniaux et postcoloniaux ainsi que des ingérences et politiques occidentales dans leurs répercussions globales selon François Burgat, les explications proposées autour du phénomène ne manquent pas, en l’espèce plus ou moins antagoniques ou complémentaires selon leurs auteurs.

    Leurs vifs échanges ne traduisent pas d’ailleurs l’intégralité d’un débat qui se veut tout aussi vif outre-Atlantique et au sein des sociétés arabo-musulmanes elles-mêmes. Mais par-delà la persistance des désaccords et des querelles, force est de reconnaître que l’Etat islamique, sous bien des aspects, reste une sorte d’énigme pour le plus grand nombre, et qu’aucune hypothèse n’a réellement permis jusqu’ici d’en éclairer l’infinie complexité. Le plus saisissant reste sans doute, de ce point de vue, la très grande diversité des profils sociologiques que le groupe est parvenu à agréger autour de lui, dimension invitant à poursuivre les discussions engagées ces dernières années.

    « résistance absolue »

    Doit-on, à ce titre, borner la puissance d’attraction toujours exercée par l’Etat islamique aux conditions structurelles, matérielles ou contextuelles de son expansion ? Ou ces dernières n’étayent-elles qu’en partie les engagements militants et effets de bascule qu’il articule ? Là encore, aucune systématisation n’apparaît concluante et pousse à s’interroger. Au rang des présomptions que l’on peut raisonnablement émettre figure ici la problématique du discours : la faculté de l’Etat islamique à se reproduire, à se renouveler militairement et à maintenir ses allégeances dans le temps long ne tient-elle pas, en effet, au « message » qu’il véhicule pour l’essentiel ?

    Sophistiqué et amplement diffusé, sur fond d’un usage maîtrisé des technologies de l’information et de la communication (dont les réseaux sociaux, caractéristiques de cette modernité « liquide » contre laquelle l’Etat islamique s’érige formellement mais dont il est aussi un élément constitutif), ce discours n’est-il pas son premier garant ? Si l’on s’attache à en étudier les termes, alors la stratégie de l’Etat islamique recouvre un nom, précis et qui n’a rien de neuf en soi : l’« occidentalisme ». Celui-ci imprime une longue histoire d’opposition, tantôt objective, tantôt imaginée, entre l’Occident et ses « adversaires », et connaît donc une fortune renouvelée depuis l’émergence du groupe sur le front irakien en 2006 et ses progrès graduels puis spectaculaires à partir de 2014. Il est la caution de cette « résistance absolue » que l’Etat islamique entend incarner et en parfait accord avec sa nature révolutionnaire radicale.

    Qu’entendre par « occidentalisme », cet envers de l’orientalisme si brillamment déconstruit en son temps par l’intellectuel palestino-américain Edward Saïd dans son ouvrage paru en 1978 [1] ?

    Si l’on en retrace les origines, l’hostilité anti-occidentale est en réalité ancienne et place les courants islamistes et jihadistes contemporains sur une « chaîne de transmission » - c’est sans doute ce qui renseigne le mieux, au-delà du seul socle religieux qu’est l’islam, sur leur capacité de conviction toujours plus large. La haine et le rejet de la modernité occidentale dont l’Etat islamique se fait le tenant recouvrent une réalité mondiale, qui plonge ses racines dans un continuum d’images négatives et réductrices développées au fil des décennies sur l’Occident. L’élaboration et la diffusion de ces stéréotypes remontent d’ailleurs à la pensée occidentale elle-même, en réaction aux Lumières et au capitalisme à l’époque ; ils se sont par la suite propagés à tous les continents et au monde musulman en particulier, soumis au régime de la colonisation. Parmi les thèmes de l’occidentalisme, tous repris par l’Etat islamique dans sa propagande, citons l’impérialisme, le multiculturalisme, le matérialisme, le consumérisme, l’individualisme, mais aussi la vision d’un mode de vie occidental « débauché » que seul un sacrifice héroïque, inscrit au sein d’une communauté réinventée et utopique -l’oumma dans le cas présent- saura transcender.

    L’Etat islamique, et avant lui un mouvement comme Al-Qaeda, en a donc fait une « marque de fabrique », et plus encore une garantie de survie au-delà de sa situation volatile au sol.

    Ce discours reste son pouvoir par excellence, celui de la construction d’une identité qu’il veut parfaitement distincte de celle de ses ennemis. A travers l’adhésion idéologique à ce récit, aussi caricatural soit-il, tout membre ou sympathisant du groupe devient le « seul », « vrai » musulman, « pur » et « authentique ». Il intègre en quelque sorte un cadre cognitif nouveau, au prisme duquel l’Occident, énoncé comme tel, et ses partenaires sont supposés rechercher coûte que coûte la destruction de l’islam et de ses fidèles.

    Sans cette narration, il relève de l’évidence que l’Etat islamique ne serait pas en mesure de justifier sa cause absolutiste et irrédentiste, son opposition radicale à toute forme de présence occidentale dans le monde musulman - y compris celle de la Russie - et se présenter comme le seul acteur capable d’infléchir l’ordre mondial. Le philosophe égyptien Hassan Hanafi a parfaitement illustré cette prégnance occidentaliste du jihad, qu’il nomme istighrab en arabe, et sa fonction d’édification d’un musulman affranchi, indépendant, synonyme d’une modernité alternée, même bâtie dans l’hyper-violence.

    • Myriam Benraad
    • 27 décembre 2016

    Notes

    [1L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident, Seuil, 430 pp

    http://www.cetri.be/

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     

     
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    Communiqué de presse de l’AFPS 63.   De New-York à Clermont-Ferrand, contre la colonisation israélienne.   L’Association France Palestine Solidarité 63 remercie les élus du conseil municipal de Clermont-Ferrand qui ont voté le 16 décembre, à une large majorité (*), un vœu pour que la France stoppe les importations de produits des colonies israéliennes en...
     
     
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    Ali Abunimah  – 12 décembre 2016 La famille d’Arafat Jaradat pleure à ses funérailles dans le village de Sair, en Cisjordanie occupée, le 25 février 2013. Ce père de deux enfants est mort à la suite d’un interrogatoire dans la prison israélienne de Megiddo, et une autopsie a révélé qu’il avait été torturé. (Oren Ziv...
     
     
     
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    L’industrie cinématographique norvégienne a besoin de réalisateurs internationaux comme Mohamed Jabaly. Nous soutenons le réalisateur de Gaza, Mohamed Jabaly, et les producteurs d’AMBULANCE (producteur principal : John Arvid Berger, avec les producteurs exécutifs : Christine Cynn, Hermann Greuel et Kristian Mosvold), dans leur demande à la Direction norvégienne de l’immigration (UDI) d’accorder à Mohamed Jabaly un visa...
     
     
     
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    Charlotte Silver – 20 décembre 2016 Des membres de la famille Sub Laban manifestent à Jérusalem devant le quartier général de l’UE pour exiger une protection contre les colons juifs qui essaient de s’emparer de leur logement dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 3 décembre 2015. (Mahfouz Abu Turk / APA images) La résolution...
     
     
     
    En Cisjordanie, Israël « remplace un vol de terre par un autre »

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    Par Charlotte Silver – 19 décembre 2016 Maryam Hamad, du village de Silwan en Cisjordanie avec, en arrière-plan, la colonie israélienne d’Ofra. Elle est l’un des propriétaires de la terre sur laquelle l’avant-poste Amona s’est monté. Selon la décision de la Haute Cour israélienne, les colons doivent l’évacuer ce mois-ci. (Keren Manor/ActiveStills) Le jour de...
  • Nouveautés sur "Afriques en Lutte"

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    Le Maroc condamné par le Comité de l’ONU contre la torture dans l’affaire Naâma Asfari

    Le Maroc a été condamné [1] lundi 12 décembre par le Comité de l’ONU contre la torture dans le cadre de la plainte déposée par l’ACAT et le cabinet Ancile-avocats au nom du militant sahraoui Naâma Asfari. Les auteurs de la plainte appellent le Maroc à (...)

    Algérie : Un journaliste emprisonné pour avoir enquêté sur la corruption

    En cause, une vidéo d’un entretien mené par Hassan Bouras dans laquelle des allégations étaient portées contre la police et la magistrature Le 28 novembre 2016, un tribunal algérien a condamné un journaliste indépendant qui est par ailleurs un (...)

    Messieurs Bouteflika et Sellal : un jeune blogueur vient de mourir dans votre prison !

    Voilà, votre oeuvre est enfin réalisée : Mohamed Tamalt est mort ! Mort en prison, là où vous l'aviez condamné pour un dessin sur Facebook. Mohamed Tamalt est mort : il sera allé jusqu'au bout de sa résistance, jusqu'au bout de votre intransigeance de potentat, M. Bouteflika. Qui ignorait qu'il était en grève de la faim ? Vous et vos juges ripoux, vous et vos hommes du déshonneur, avez laissé un homme périr pour votre orgueil. Retenez bien la photo deMohamed Tamalt, c'est celle que l'on gardera de vous

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Israël. «La douce illusion» de la résolution 2334 de l’ONU (A l'Encontre.ch)

    Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution pour établir un Etat juif (à côté d’un Etat arabe) dans la terre d’Israël.

    Soixante-neuf ans plus tard, le vendredi 23 décembre 2016, le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté une résolution pour tenter de sauver celle votée en 1947. La résolution 2334, approuvée vendredi, a constitué un souffle de bonnes nouvelles, d’espoir, dans la mer d’obscurité et de désespoir des récentes années.

    Alors même que tout allait à vau-l’eau – approfondissement de l’occupation, de plus en plus soutenue par les Etats-Unis sans compter une Europe qui se précipite à droite de l’échiquier politique – voilà une résolution de Hanouka [«Fête des Lumières» du 24 décembre 2016 au 1er janvier 2017] qui allume une mince bougie d’espoir. Alors qu’il semblait que les méchants allaient l’emporter, la Nouvelle Zélande et trois autres pays sont venus donner un cadeau de Noël au monde.

    Donc, un grand merci à la Nouvelle Zélande, au Venezuela et à la Malaisie.

    Il est vrai que l’arbre de Noël qu’ils ont apporté, avec ses lumières étincelantes, sera bientôt enlevé. Donald Trump attend déjà à la porte. Mais l’empreinte restera. D’ici-là, réjouissons-nous, même si nous savons qu’on aura une gueule de bois le lendemain.

    Il nous faut bien sûr interpeller rageusement le président Barack Obama:

    «Pourquoi n’est-ce n’est que maintenant que vous faites quelque chose?» Et frustrés nous devons demander au monde: «Et qu’en est-il des actions?». Mais il est impossible d’ignorer la décision du Conseil de sécurité selon laquelle toutes les colonies sont illégales, par nature.

    Le Premier ministre Benjamin Netanyahou peut bien rappeler ses ambassadeurs, tandis que son bras droit, le ministre Yuval Steinitz hurle que la résolution est «injuste» (il a visiblement un sens de l’humour!). Isaac Herzog [Parti travailliste], le leader de l’opposition, peut aussi bafouiller : «Nous devons lutter contre cette décision par tous les moyens». Mais toute personne ayant une conscience ne manquera pas de se réjouir de cette résolution.

    En outre, aucun Israélien respectable ne devrait se laisser berner par la propagande qui prétend que la résolution est «anti-israélienne» – une définition que les médias israéliens se sont évidemment empressés d’adopter avec leur servilité caractéristique.

    Cette décision a ramené Israël sur le sol solide de la réalité.

    Toutes les colonies, y compris celles dans les territoires qui ont été annexés, dont évidemment Jérusalem Est, constituent une violation de la loi internationale. Le monde entier est unanime pour le penser, aussi bien les soi-disant amis d’Israël que ses soi-disant ennemis.

    Il est probable que les dispositifs de lavage de cerveau en Israël, de pair avec les mécanismes de répression et de déni, essaieront d’ébranler la décision. Mais lorsque les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et la Russie sont d’accord pour une déclaration aussi claire, cela sera difficile. Alors vous pouvez bien vous plaindre: «Tout le monde est contre nous», hurler à l’«antisémitisme», vous pouvez demander: «Qu’en est-il de la Syrie?». En fin de compte cette vérité limpide restera: le monde entier pense que les colonies sont un crime. Toutes les colonies.

    Il est vrai que le monde ne lève pas un petit doigt pour éliminer les colonies, mais peut-être cela arrivera-t-il un jour. Mais à ce moment-là il sera trop tard.

    La résolution 2334 établit une distinction artificielle entre Israël et les colonies en ce sens qu’elle vise les colonies et non l’occupation. Comme si c’étaient les colons d’Amona [1] qui étaient coupables et non pas tous les Israéliens.

    Cette duperie prouve à quel point le monde continue à traiter Israël avec indulgence et hésite à prendre des mesures contre ce pays, comme il l’a fait contre la Russie après sa conquête de la Crimée.

    Mais les Israéliens qui ne vivent pas à Amona, qui n’y sont jamais allés, doivent se poser la question: cela vaut-il vraiment la peine? Tout cela pour quelques colons qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont pas vraiment envie de connaître?

    La résolution 2334 est destinée surtout aux oreilles israéliennes, comme le réveille-matin qui vous réveille juste à temps, comme une sirène qui vous incite à aller vous réfugier dans un abri antiaérien. Il est vrai que la résolution n’a aucune valeur concrète; il est vrai que la nouvelle administration états-unienne promet de l’effacer. Mais deux questions resteront. Pourquoi les Palestiniens ne méritent-ils pas exactement la même chose que les Israéliens? Et à quel point un pays avec sa puissance de lobbying, son armement et sa haute technologie peut-il continuer à ignorer le monde entier? Ce premier jour aussi bien de Hanouka que de Noël nous pouvons apprécier, ne serait-ce qu’un moment, la douce illusion [2] que la Résolution 2334 va soulever ces questions en Israël. (Article publié dans le quotidien Haaretz en date du 26 décembre 2016; traduction et titre de la rédaction de A l’Encontre)

    Notes:

    [1] «Amona, avant-poste situé près de Ramallah, devrait être détruit d’ici au 25 décembre 2016, en exécution du jugement prononcé par la Cour suprême israélienne. L’affaire a cependant permis l’adoption en première lecture au Parlement, le 5 décembre, d’une loi qui annexerait de fait la centaine d’outposts encore jugés illégaux par le droit israélien. Avec, en perspective, la légalisation de toutes les colonies en Cisjordanie.» C’est ainsi que, le 22 décembre 2016, Dominique Vidal, sur le site Orient XXI, présente cette «opération en trompe-l’œil» qui consiste à déplacer quarante familles pour les réinstaller sur une autre terre palestinienne. Un article complémentaire de celui de Gideon Levy. (Rédaction A l’Encontre)

    [2] The Times of Israël – porte-parole de la politique sioniste – annonce en date du 26 décembre 2016: «La mairie de Jérusalem est sur le point d’approuver la construction de centaines de logements à Jérusalem Est cette semaine, à peine quelques jours après l’adoption de la résolution par le Conseil de Sécurité – qui a excédé Israël – qualifiant les constructions de «violation flagrante du droit international».

    Durant la réunion, le Comité de planification et de construction du district de Jérusalem devrait donner son feu vert pour la construction de 618 unités de logements. 140 seront à Pisgat Zeev, 262 à Ramat Schlomo, et 216 à Ramot, selon un article dans le quotidien Haaretz.

    Cette réunion, destinée à l’approbation de la construction de ces logements initialement prévue pour vendredi, a été reportée suite au vote de la résolution 2334 par le Conseil de Sécurité de l’ONU, qui a qualité toutes les constructions au-delà de la Ligne verte – les terres situées au-delà des frontières de 1949 qu’Israël a annexées durant la guerre des Six Jours, en 1967 – comme illégales, y compris dans Jérusalem.

    Bien que Jérusalem soit la capitale d’Israël, la construction au sein de la ville est depuis longtemps condamnée par la communauté internationale, qui ne reconnaît pas l’annexion de la moitié de la ville par Israël. Israël maintient que la ville est unifiée et qu’il jouit du droit de construire dans tous les quartiers de la capitale.

    La Commission de zonage du district de Jérusalem doit également se réunir mercredi pour délibérer sur la construction de 5 600 logements à Jérusalem Est, donc 2 600 à Gilo, 2 600 à Givat Hamatos et 400 à Ramot, selon Israel Hayom.

    La construction à Givat Hamatos, un flanc de colline faiblement peuplé au sud de Jérusalem n’a pas pu se faire à cause d’une ferme opposition de la communauté internationale. Les détracteurs d’Israël avaient déclaré que l’ajout de maisons israéliennes séparerait le quartier palestinien de Beit Safaa des autres quartiers palestiniens de Cisjordanie, ce qui compliquerait la division de portions de Jérusalem Est du reste de la ville.

    La mairie de Jérusalem voit en l’investiture du président élu Donald Trump une opportunité pour une reprise des constructions à Jérusalem Est, qui a été ralentie à cause de la pression exercée par l’administration Obama.» (Rédaction A l’Encontre)

    Alencontre le 26 - décembre - 2016

    Gideon Levy

    http://alencontre.org/

    La colonie d’Elon Moreh: «Un manuel de l’occupation»

    Piotr Smolnar, dans Le Monde daté du 27 septembre (page 3), décrit les méthodes «classiques» utilisées par les colons de la colonie d’Elon Moreh, appuyés par l’Etat d’Israël, afin d’exproprier de leurs terres les paysans palestiniens. Une illustration, parmi d’autres, de la politique coloniale de l’Etat d’Israël à l’œuvre depuis fort longtemps:

    «Azmut, Deir Al-Hatab et Salem, là où vit la famille Marouf, sont trois villages palestiniens situés sur des collines à l’ouest de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. De génération en génération, leurs habitants se sont consacrés à l’agriculture et à l’élevage. Leur rythme de vie, leur organisation collective et leurs revenus dépendaient de ces deux activités. Oliviers, figuiers et citronniers coloraient le paysage. Des réserves d’eau naturelle servaient à étancher la soif des bêtes. On vivait modestement, mais l’autosuffisance était assurée.

    Tout cela, c’était avant que la colonie d’Elon Moreh ne soit établie, en 1980. Depuis trente-six ans, cette communauté a grignoté les terres palestiniennes, privé les villageois de l’accès à leurs terres cultivées – à partir de la première Intifada (1987) – et à leurs pâturages.

    L’histoire de ces trois villages est un véritable manuel de l’occupation, de ses expropriations et de la négation des droits palestiniens.«Les villageois ont été laissés dans un état d’insécurité à de multiples niveaux: financier, alimentaire et social, souligne l’ONG israélienne B’Tselem dans un rapport accablant sur la situation locale, publié début décembre. L’Etat d’Israël et 1800 colons agissant avec son soutien et ses encouragements ont pris les terres des villages, en y faisant ce qu’ils voulaient, pendant que près de 10’000 résidents palestiniens ne pouvaient s’approcher de ces terres.»

    Dans cette expropriation graduelle, l’administration civile israélienne – qui gère entièrement la zone C, soit 60 % de la Cisjordanie – a procédé par des techniques classiques. Elle a élargi la zone dite de sécurité autour de la colonie; elle a enregistré de nouveaux lots de terrains comme propriétés d’Etat; elle a construit une route de contournement de 15 kilomètres, pour relier Elon Moreh à la colonie d’Itamar.

    Cette route est devenue, dans les faits, une frontière pour les villageois, les empêchant de se rendre sur leurs terres situées de l’autre côté. Sauf à deux moments de l’année, et sous haute surveillance: lors de la semence printanière et de la récolte des oliviers en octobre. Quelques jours amers.

    Enfin, deux avant-postes («outposts») – illégaux même au regard du droit israélien – sont apparus en 1998 et en 2009 au milieu de la réserve naturelle voisine de Har Kabir, créée par l’administration civile. L’armée n’a jamais démantelé ces deux colonies sauvages, qui ont étendu les zones inaccessibles pour les paysans palestiniens.

    Tandis que l’attention médiatique est focalisée, depuis de longs mois, sur l’avant-poste d’Amona, auquel le gouvernement a consacré des moyens démesurés pour déménager sans heurts quarante familles avant le 25 décembre, la Cisjordanie compte des dizaines de communautés juives similaires. Protégées par l’armée et bénéficiant de services des conseils régionaux de colons, elles sont au cœur d’un projet de loi à la Knesset visant à les légaliser.»

  • Création du Comité Syrie-Europe, après Alep Et invitation à nous rassembler (Anti-k)

     

    Depuis 2011, l’espoir d’une avancée de la démocratie en Syrie, porté par ces grandes manifestations d’occupation des places urbaines (dans tout le monde arabe, mais aussi en Europe de l’Est), est écrasé petit à petit sous l’action d’une guerre féroce contre des populations civiles taxées de « terroristes » ; et, d’autre part, des vétos russes (ou chinois) bloquant toute action internationale de l’ONU, assortis des reculs navrants des autres nations au premier rang desquelles les Etats-Unis – comme en cette fin août 2013, où plus de 1 400 civils ont été assassinés sous le bombardement de gaz interdits – fait que nulle désinformation ne peut récuser – et où le refus américain d’intervenir, malgré toutes les menaces antécédentes, a ouvert la voie aux interventions russe et iranienne des années suivantes.

    Depuis l’été 2016, Poutine a envoyé ses bombardiers appliquer à Alep la tactique dite de Grozny : terre brûlée dans l’anéantissement de toute possibilité de survie, avec l’attaque ciblée des lieux symboliques de la vie la plus quotidienne et fondamentale (marchés, écoles, hôpitaux, cimetières, etc.). En une dizaine de jours, fin décembre 2016, la ville tombe dans un cauchemar sous les yeux du monde, encore inachevé au moment où nous écrivons ces lignes : les bus verts doivent en principe encore quitter la ville avec les populations coincées dans leurs propres rues, aux pieds de leur habitat en ruine. Combien de villages, de villes, jusqu’à Idlib, qui ne sont pas encore tombés sous le talon de fer ? Tout n’est pas fini…

    Alors, en cas de maintien en Syrie de la famille dictatoriale en place depuis deux générations, annoncé par le triangle Russie-Iran-Turquie qui prend en main le pays, que faire ?

    Que penser ? En Syrie, que faire d’une victoire destructrice, accompagnée d’un partage du territoire avec l’Etat Islamique – ce pire cauchemar des femmes et des hommes épris de liberté –, sous l’égide d’une Russie confortée par la nouvelle présidence américaine ? En France, comment influer sur une année électorale hystérisée par une extrême droite légitimée par un étrange glissement d’ensemble, régressif et sapant la confiance dans le fonctionnement démocratique, alors que les outils classiques de la société civile (manifestations, pétitions)  semblent aussi irremplaçables qu’usés et dérisoires. Et en Europe ?

    C’est au retour de manifestations éclatées dans Paris, le 17 décembre 2016, que nous avons souhaité la création d’un lieu de convergence de nos forces, pour ne pas se résigner à la situation désespérée en Syrie et au recul démocratique qui l’accompagne dans le monde et dans notre pays. Il est tard, mais il n’est pas trop tard. Le comité Syrie-Europe, après Alep voudrait lier l’urgence morale et politique à la liberté de penser en apportant son soutien aux forces œuvrant en faveur de la démocratie, en suivant l’évolution de la situation sur le terrain, en proposant des réflexions et analyses qui éclairent les liens entre les défis auxquels font face les Syriens et nos propres démocraties, et réfléchir aux conditions de possibilité de l’exercice d’une justice face à l’ampleur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés.

    Plusieurs axes de travail sont envisagés : constitution d’un tribunal d’opinion sur les crimes commis en Syrie, mise en place d’un site internet permettant de rassembler et de relayer les textes pertinents ; mise en place d’un groupe de travail visant à interroger la remise en cause du droit international et les nouvelles catégories politiques de notre présent ; interventions intempestives dans la campagne présidentielle ; aide à la création d’autres comités Syrie, etc.

    Les réunions auraient lieu un vendredi sur deux dans les locaux de la revue Esprit.

    La première aura lieu le vendredi 6 janvier à 18h, au 212 rue Saint-Martin, 75003 Paris (code porte : 36A63).

    Les premiers signataires : Jonathan Chalier, Catherine Coquio, Joël Hubrecht, Lucas Mongin, Véronique Nahoum-Grappe, Pierre Zaoui.

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  • Après Alep, le désarroi de l’opposition syrienne (Anti-k)


    Déluge de critiques, bagarres sur les réseaux sociaux, claquements de portes : au lendemain de la chute d’Alep – l’armée syrienne a annoncé jeudi avoir repris le contrôle total de la ville –, l’opposition syrienne semble plus que jamais en proie aux doutes et aux divisions. « On est totalement dépassés par les événements. Tout le monde est frustré, démoralisé, révolté », confie Abdel Ahad Steifo, le vice-président de la Coalition nationale syrienne (CNS), le principal rassemblement anti-Assad, basé à Istanbul, qui fut longtemps l’interlocuteur privilégié des capitales arabes et occidentales.

    Spectateurs impuissants de la déroute des rebelles, les dissidents s’écharpent sur les causes de ce qui est à ce jour leur plus grand revers, politique et militaire. Dans une « lettre d’excuses au peuple syrien », publiée par le site d’informations Al-Arabi Al-Jedid, Samar Massalmeh, une dirigeante de la CNS, stigmatise une organisation « statique, sans âme, manquant d’initiative », qui a été « incapable de s’implanter dans les territoires libérés ». « La réalité de la Coalition est qu’elle est faible, que sa représentativité est limitée (…) et qu’une partie de ses membres se sont transformés en employés de tel ou tel Etat », écrit l’opposante, en référence au poids de certains Etats arabes, comme le Qatar et l’Arabie saoudite, dans son fonctionnement.

    « INVENTAIRE »

    « On a beaucoup trop laissé de champ sur le terrain aux salafistes et aux djihadistes, alors que, on le voit, ces gens qui ont kidnappé la révolution sont aussi incapables de mener une guerre, renchérit M. Steifo, dans une allusion aux groupes armés radicaux, dominants au sein de l’insurrection. On s’est trop reposés aussi sur nos alliés, qui n’ont rien fait, au moment où l’on avait le plus besoin d’eux, ajoute l’opposant, incriminant à mots couverts les Etats-Unis et les puissances européennes, qui ont multiplié les déclarations outragées mais vaines, et les monarchies du Golfe, notoirement silencieuses durant l’écrasement final des quartiers rebelles. On essaie de dresser un inventaire, pour présenter une nouvelle stratégie. »

    Le fiasco d’Alep affecte aussi le Haut Comité des négociations (HCN), le bras diplomatique de l’opposition, impliqué dans les négociations qui se sont tenues en début d’année à Genève, sous l’égide des Nations unies, et dont la CNS est l’une des composantes, aux côtés d’autres courants de l’opposition et de représentants des groupes armés. « Tous ces corps ont perdu beaucoup de crédit, l’impression se répand qu’ils ne servent à rien, avance Samir Aita, un indépendant. Il y a beaucoup d’expectative, d’appels à former quelque chose de nouveau. »

    Le besoin d’introspection et de restructuration se fait d’autant plus sentir que la montée en puissance de la Russie, le grand vainqueur de la bataille d’Alep, et la volonté affichée de Donald Trump, le futur locataire de la Maison Blanche, de se rapprocher du président russe Vladimir Poutine font peser sur le HCN et la CNS un risque croissant de marginalisation. Décidé à transformer sa victoire militaire en percée politique, le Kremlin s’est mis en tête d’organiser des négociations intersyriennes à Astana, la capitale du Kazakhstan. Sans en référer ni au HCN, ni à Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU sur la Syrie, maître de cérémonie des précédents pourparlers.

    Selon l’opposant Qadri Jamil, un ancien vice-premier ministre, en exil à Moscou, qui incarne un courant beaucoup moins critique du régime syrien que la CNS, ces discussions pourraient se tenir durant la seconde moitié du mois de janvier. A Moscou, mardi 20 décembre, sous le regard de ses homologues turcs et iraniens, avec lesquels il entend former une troïka, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov s’était efforcé de dresser l’acte de décès du processus de Genève et de se poser en nouveau faiseur de paix. Sans un mot pour les textes de référence des précédentes négociations, comme la résolution 2254, qui élabore les contours d’une transition politique.

    En vue des discussions d’Astana, les émissaires de Moscou multiplient les contacts au sein de tous les courants anti-Assad. « Les Russes ne sont pas comme les Iraniens, ils ne croient pas que Bachar Al-Assad puisse redevenir un jour le président de tous les Syriens, expose Sinan Hatahet, un analyste proche de l’opposition, régulièrement consulté par des envoyés du Kremlin. Aux opposants, ils disent la chose suivante : “Si vous reconnaissez la souveraineté de l’Etat et la légitimité de Bachar, alors nous vous aiderons à vous constituer en alternative et à gagner les élections.” Ils cherchent des gens susceptibles de cautionner un tel processus, un profil à la Qadri Jamil, mais avec plus de légitimité. »

    « BEAUCOUP DE BLUFF »

    Inquiet de perdre son monopole sur les négociations et persuadé que le président Assad n’acceptera jamais de céder le pouvoir de lui-même, le HCN tente de faire barrage aux manœuvres de Moscou. « La Russie et l’Iran s’efforcent de minimiser le rôle des Nations unies et de prolonger la souffrance du peuple syrien », a accusé Salem Al-Meslet, un porte-parole du HCN. Ses membres ont été rassurés par la rapide réaction de Staffan de Mistura, qui en fixant la reprise de négociations de ­Genève au 8 février s’est efforcé de préempter le résultat d’une éventuelle réunion à Astana.

    « Il y a beaucoup de bluff dans la position russe, estime l’opposante Bassma Kodmani, qui a participé aux pourparlers du mois de mars. La déclaration du sommet tripartite de Moscou est très vague. Cela atteste de désaccords entre les trois pays. Sans référence à la résolution 2254, ils ne pourront pas faire venir l’opposition à Astana. »

    Le succès de l’initiative russe dépendra en grande partie de l’attitude de la Turquie, qui entretient des relations étroites avec l’opposition, tant politique que militaire. « On a vu pendant l’évacuation d’Alep qu’Ankara a fait pression sur les rebelles, notamment le groupe Ahrar Al-Cham [salafiste], pour éviter que ça déborde trop, dit Samir Aita. Les Turcs pourraient recommencer avec les responsables politiques en leur disant : soit vous jouez le jeu, soit vous êtes “out”. »

    LE MONDE |

     Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)

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  • Révolution syrienne et martyre d’Alep face à la trahison et aux erreurs de secteurs de gauche (Anti-k)

     


    Avec la chute d’Alep aux mains du régime de Bachar Al-Assad et de ses alliés, la révolution syrienne est arrivée à un tournant.

    Il semble ne plus y avoir aucun obstacle à l’écrasement de celles et ceux qui ont osé se soulever contre un régime dictatorial, pour la liberté, la dignité et la justice sociale. Alors que les lambeaux de l’armée syrienne, l’aviation russe, le Hezbollah libanais et d’autres milices chiites sous commandement iranien annihilent toute résistance au régime, la « communauté internationale » et les États soi-disant « amis du peuple syrien » ont révélé leur impuissance au grand jour, qui trahit en réalité l’absence totale de soutien au processus révolutionnaire.

    Malgré les différences majeures entre le mode d’organisation libéral du capitalisme des pays occidentaux et celui, autoritaire, du capitalisme de copinage des États de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, on pouvait difficilement espérer que les puissances capitalistes d’Europe et d’Amérique du Nord apportent leur soutien à un processus d’émancipation populaire dirigé directement contre l’exploitation et l’oppression.

    Ces puissances sont au cœur du système impérialiste mettant à genoux les peuples des pays dits du Sud. Rappelons-nous d’ailleurs qu’en décembre 2010, la France avait offert son soutien au despote tunisien Ben Ali dans la répression du soulèvement, et que ces puissances sont aujourd’hui ravies de collaborer avec la contre-révolution menée en Tunisie conjointement par l’ancien régime et Ennahdha (Frères musulmans), ou avec celle dirigée par Al-Sissi et les militaires en Égypte. En l’absence d’expression de solidarité internationale par le bas, de mobilisations de masse en soutien à la révolution syrienne, il était vain de penser que des pays comme la France ou les Etats-Unis apporteraient leur soutien aux révolutionnaires syrien-ne-s (les gesticulations de façade devant les Nations unies ne pouvant être sérieusement assimilées à un soutien au processus révolutionnaire).

    En ce sens, les forces progressistes se revendiquant de l’internationalisme et de l’anti-impérialisme portent une lourde responsabilité dans le drame qui continue à se jouer en Syrie.

    Si une majorité de la gauche a fermé les yeux ces dernières années sur les crimes du boucher de Damas (Bachar Al-Assad) et de ses alliés, au nom d’une prétendue lutte contre l’obscurantisme islamiste, on aurait pu penser que cette gauche se réveillerait face aux massacres mis en lumière avec la chute d’Alep. Il n’en est rien. Au contraire, la fraction de la gauche qui s’était empêtrée dans différentes variations plus ou moins affirmées d’un campisme pro-régime et pro-russe s’enfonce plus encore dans une fuite en avant justifiant, relativisant ou niant les massacres de masse et les déplacements forcés de populations qui sont en cours. Une autre partie de la gauche, qui ne verse pas directement dans le campisme, a rapidement estimé que la révolution avait été entièrement pervertie par des forces réactionnaires, et s’est contentée d’adopter une orientation se limitant au soutien au mouvement d’autodétermination kurde qui a gagné en puissance durant la révolution syrienne. Le résultat final est que cette gauche a également abandonné les révolutionnaires de Syrie, voire participe d’une relativisation des crimes du régime.

    Une vision géopolitique manichéenne au service de l’aveuglement campiste.

    L’orientation dominante dans la gauche à l’échelle mondiale consiste à expliquer qu’il n’existe pas de processus révolutionnaire en Syrie. Le conflit opposerait uniquement des milices caractérisées par leur seul « islamisme » au régime de Bachar Al-Assad, considéré au mieux comme un moindre mal face à l’obscurantisme fondamentaliste, au pire comme le gouvernement légitime de l’État syrien. La caractérisation des groupes d’opposition par leur seule idéologie « islamiste » permet de ne faire aucune distinction entre les différents groupes armés de l’opposition à Al-Assad. Qu’importe de savoir si l’on parle de Jabhat Fatah Al-Sham (anciennement Jabhat Al-Nosra – ce groupe a changé de nom pour marquer sa rupture de façade avec Al-Qaida) ou d’un des multiples groupes armés présents en Syrie auxquels on peut attribuer de près ou de loin une idéologie islamiste : tous ces groupes sont rangés sous la même étiquette (qui est également celle de Daesh) et doivent ainsi être combattus de la même façon.

    Dans cette lecture dominante à gauche, nombreux sont ceux qui nous martèlent que ces groupes ont pu apparaître et gagner en puissance grâce au soutien actif des Etats-Unis et de l’OTAN.

    Et de rentrer dans des considérations réductrices uniquement basées sur des facteurs géopolitiques au mieux largement exagérés, au pire totalement inventés. Le conflit serait entièrement dû à la volonté des Etats-Unis de déstabiliser l’ensemble du Moyen-Orient pour y imposer des régimes qui leur seraient favorables (« regime change » en anglais). Dans cette logique, la Syrie est supposément une cible de choix car elle serait un carrefour géostratégique en termes d’acheminement d’hydrocarbures (oléoducs et gazoducs). Pour résumer, cette gauche calque sur la situation actuelle en Syrie les principaux points d’analyse de l’invasion de l’Iraq en 2003 par les Etats-Unis, qui y avaient imposé un changement de régime et sécurisé un accès important au pétrole du Moyen-Orient.

    Les différents groupes armés rangés sous l’étiquette « islamiste » ont en effet été parrainés par la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite, trois pays alliés aux Etats-Unis.

    Cela suffit pour que cette fraction de la gauche en conclue qu’il y a là une manœuvre des Etats-Unis et de l’OTAN. Cette vision ignore totalement les agendas propres à chacun de ces États. Si la réalité était si simple, comment expliquer le soutien des Etats-Unis au PYD (organisation « sœur » du PKK en Syrie) dans sa lutte contre Daesh, alors même que la Turquie y est opposée puisque cela renforce logiquement la position des Kurdes dans leur lutte pour l’autodétermination contre l’État turc ?

    Comment expliquer le rapprochement entre la Turquie et la Russie ?

    Quelle serait la logique pour les Etats-Unis de chercher à mettre au pouvoir en Syrie Jabhat Fatah Al-Sham, c’est-à-dire un groupe takfiriste affilié à Al-Qaida qui chercherait certainement à commettre des attentats en Europe et en Amérique du Nord s’il en avait les moyens ? Si les Etats-Unis étaient réellement à la manœuvre en Syrie pour renverser le régime, pourquoi ne sont-ils pas intervenus en août ou septembre 2013, lorsque la fameuse « ligne rouge » a été franchie par Bachar Al-Assad, c’est-à-dire lorsque le régime a utilisé des armes chimiques contre les habitant-e-s de la Ghouta ? Les Etats-Unis avaient alors une fenêtre rêvée pour intervenir, mais ne l’ont pas fait. En 2003, l’annonce d’un veto de la France, de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU n’avait pas empêché les Etats-Unis d’intervenir en Iraq. Et puisque les pro-Assad n’hésiteront pas à caractériser de mensonge cette utilisation d’armes chimiques par le régime, rappelons que c’est pourtant sur la base du mensonge des armes de destruction massive que les Etats-Unis sont intervenus en Iraq en 2003.

    La gauche qui fait cette analyse adopte finalement la lecture du conflit proposée par le régime de Bachar Al-Assad :

    celle d’une guerre opposant un gouvernement légitime à des groupes terroristes dirigés par des puissances étrangères occidentales. Cette gauche ignore totalement le rôle joué par le régime dans le développement de cette prophétie auto-réalisatrice. C’est le régime qui a libéré de ses prisons des centaines de jihadistes emprisonnés depuis leur retour d’Iraq où ils s’étaient battus contre l’invasion américaine. Le but de cette manœuvre était de nourrir les rangs de Daesh, de l’organisation qui s’appelait alors encore Jabhat Al-Nosra, et d’autres groupes salafistes. Par la suite, le régime et ses alliés ont constamment privilégié la lutte contre les groupes non-confessionnels et pro-démocratiques plutôt que d’attaquer Al-Nosra / Jabhat Fatah Al-Sham et Daesh. Le régime a également favorisé la confessionnalisation du conflit en faisant appel aux forces militaires fondamentalistes chiites que sont la République islamique d’Iran, le Hezbollah libanais et d’autres milices sous commandement iranien. Il est pour le moins paradoxal que cette gauche, qui soutient le régime dans sa lutte contre des « terroristes » caractérisés par leur idéologie islamiste, acclame par ailleurs ces alliés fondamentalistes d’Al-Assad.

    Cette fraction de la gauche nous dit que ces forces étrangères, sans lesquelles le régime serait déjà tombé vu l’état de décomposition avancé de son armée « régulière », ne peuvent pas être des forces impérialistes puisqu’elles interviennent sur demande expresse d’un gouvernement « légitime ». D’une part, il faut avoir une acception pour le moins étrange de la légitimité pour oser affirmer que le gouvernement de Bachar Al-Assad rentre dans cette catégorie. Son père Hafez Al-Assad, général de l’armée de l’air, a participé à trois coups d’État, le dernier d’entre eux le portant au pouvoir en 1970. Lors de sa mort après trente ans d’exercice du pouvoir, Bachar Al-Assad lui succède en remportant une élection pour laquelle il est le seul candidat. Il est réélu dans les mêmes conditions en 2007. Il est enfin réélu en 2014 à travers une élection fantoche, alors que cela fait trois ans qu’il massacre ses opposants ou les pousse à l’exil.

    Voilà la « légitimité » du régime.

    D’autre part, cette gauche qui affirme que l’intervention étrangère des alliés du régime n’est pas une intervention impérialiste devrait savoir, pour s’être mobilisée à raison contre l’invasion de l’Iraq par les Etats-Unis, que Daesh trouve sa base sociale dans la désintégration de la société iraqienne après des décennies de guerres et d’interventions impérialistes. La dernière d’entre elles, l’invasion par les Etats-Unis en 2003, ayant abouti à la mise en place d’un régime sectaire dominé par les chiites et excluant la minorité sunnite de la société iraqienne. En somme, la base sociale de Daesh est née de la guerre, de l’autoritarisme et du sectarisme confessionnel. Trois caractéristiques reproduites par le régime de Bachar Al-Assad et ses alliés en Syrie.

    En adoptant la vision du régime, cette gauche verse dans le conspirationnisme le plus abject, se rapprochant en cela de l’extrême-droite.

    Les puissances occidentales, les nombreux médias bourgeois occidentaux, Al-Jazeera, les ONG sur le terrain, et tous les acteurs qui ne partagent pas cette vision du conflit, s’accorderaient pour nous vendre le plus gros mensonge du 21e siècle. Cette gauche ne voit aucun souci, en revanche, à reprendre les informations diffusées par Russia Today (RT) et Sputnik News, agences de presse du Kremlin, ou celles de SANA, agence de presse du régime syrien. Pire encore, alors que les réseaux sociaux nous permettent de manière inédite d’avoir accès à une multitude de témoignages de celles et ceux qui vivent directement la conflit, cette gauche n’accorde aucune importance à la parole des Syrien-ne-s sur place, et va même jusqu’à la balayer d’un revers de la main en la qualifiant de mensongère, niant ainsi le droit à l’auto-détermination du peuple syrien (nous y reviendrons plus loin).

    Aujourd’hui, cette gauche a fait le choix de soutenir l’impérialisme russe sous prétexte de refuser l’impérialisme étatsunien.

    Elle a fait le choix de soutenir un régime qui avait, dans les années précédant la guerre, ouvert son économie au néolibéralisme grâce à la participation active du Fonds monétaire international (FMI), demandé l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et signé un accord de libre-échange avec la Turquie. Voilà la réalité du prétendu « anti-impérialisme » de Bachar Al-Assad : des politiques au service de la mondialisation néolibérale, au bénéfice d’un clan familial possédant le pouvoir politique et le pouvoir économique, et augmentant considérablement le chômage, la pauvreté et la précarité au sein de la population. En soutenant ce régime et ses alliés, cette gauche a fait le choix de soutenir les massacres de masse pratiqués à travers les sièges systématiques des villes échappant au contrôle du régime, les bombardements aériens, les barils d’explosifs lâchés par hélicoptères, les attaques à l’arme chimique, les viols, les actes de torture et les exécutions sommaires. Cette gauche a fait le choix de soutenir le déplacement et l’exil forcés de millions de Syriens et de Syriennes. Cette gauche a trahi l’internationalisme comme l’Internationale ouvrière l’avait trahi en s’engouffrant dans la Première Guerre mondiale.

    La révolution syrienne abandonnée au profit du seul soutien aux Kurdes.

    Si cette orientation est dominante au sein de la gauche, elle n’est pas pour autant unanime. Heureusement, une autre partie importante de la gauche a bel et bien identifié Bachar Al-Assad comme un ennemi, et ses alliés russe et iranien comme des acteurs impérialistes. Pourtant, au sein de cette fraction, une partie importante des camarades reste incapable d’identifier et de soutenir la révolution syrienne, au motif que ses composantes armées sont aujourd’hui dominées par des forces islamistes réactionnaires. Ces camarades en concluent que la seule force que la gauche internationaliste peut soutenir dans la situation actuelle en Syrie et en Iraq est le mouvement d’autodétermination kurde, et notamment sa composante administrant le Rojava, à savoir le PYD et ses composantes armées, les YPG/YPJ.

    En affirmant cette position comme unique orientation sur la Syrie, ces camarades passent en grande partie à côté du problème.

    Bien sûr, le soutien aux Kurdes dans leur lutte pour l’autodétermination contre l’État turc et contre Daesh est une tâche essentielle de la gauche internationaliste. Cette lutte pour l’autodétermination du peuple kurde sur des bases progressistes est un élément de réponse à la situation régionale caractérisée par des appareils d’État autoritaires, confessionnels, sectaires, et tout à fait capables d’appliquer un mode de production capitaliste. Mais les camarades qui voient ce soutien aux Kurdes comme l’unique réponse à apporter à la situation en Syrie abandonnent de fait la question du pouvoir et de la révolution en Syrie.

    Cela est d’autant plus paradoxal que, là où ces camarades mettent l’accent sur les caractéristiques réactionnaires de la majorité actuelle des composantes armées de l’opposition à Bachar Al-Assad, ils et elles semblent incapables d’adopter une analyse critique du PYD et de ses forces armées YPG/YPJ (notons qu’une analyse critique n’empêche pas un soutien, lui aussi critique). Il y aurait pourtant des choses à dire sur la verticalité du pouvoir, sur l’anti-pluralisme pratiqué par le PYD dans les régions qu’il administre, sur les nettoyages ethniques et les déplacements de populations arabes dans les zones dont il prend le contrôle au fur et à mesure de sa progression militaire contre Daesh. Ces camarades, dont une composante importante vient pourtant de la gauche libertaire et autogestionnaire, semblent incapables de mentionner l’existence de manifestations de populations kurdes et arabes contre la politique du PYD dans les régions qu’il administre, et donc de les soutenir.

    Avec la chute d’Alep, ces camarades se sont contentés de mettre en avant la résistance kurde dans le quartier de Sheikh Maqsoud et de souligner que les groupes armés d’opposition à Al-Assad avaient attaqué ce quartier plusieurs fois au cours des dernières années. Mais, en ne mentionnant pas le rôle pro-actif joué par la Turquie dans ces attaques, ces camarades semblent finalement expliquer que les groupes d’opposition à Al-Assad sont par nature réactionnaires et confessionnels. De plus, ces camarades ne semblent pas se poser de question sur le fait que les Kurdes aient gardé le contrôle de ce quartier – à l’heure où ces lignes sont écrites – malgré la chute de la ville aux mains des alliés du régime. Si ces camarades ne mentionnent pas cela, c’est peut-être qu’ils savent que l’attitude du PYD vis-à-vis du régime et de la révolution a été problématique.

    Dès juillet 2012, le PYD a passé un accord tacite de non-agression avec le régime, qui a pu retirer la plupart de ses troupes dans les régions contrôlées par le parti kurde afin de les envoyer combattre la révolution dans le reste du pays. Cet accord a été confirmé par la proclamation de l’administration autonome du Rojava en novembre 2013. Bien évidemment, il n’existe pas d’alliance directe entre le mouvement kurde de Syrie et le régime d’Al-Assad, et les affrontements peuvent exister. Mais en refusant de s’affronter au régime, le PYD a affaibli la révolution. Au cours du premier semestre 2016, l’attitude du mouvement armé kurde a été particulièrement problématique : la conquête de territoires bombardés par la Russie dans la région d’Alep, tenus jusque-là par des groupes d’opposition à Bachar Al-Assad, a accompagné la progression du régime dans sa reconquête de territoires tenus par l’opposition. Ce manque d’analyse critique est d’autant plus regrettable que l’orientation du PYD, dépourvue de vision à long terme, risque de se retourner contre le mouvement kurde lorsque le régime et ses alliés en auront fini d’écraser les bastions de l’opposition à Alep et Idlib.

    Bachar Al-Assad a toujours affirmé son opposition à la partition du pays, y compris à une forme d’autonomie des régions kurdes.

    Cette absence de vision à long terme du PKK / PYD s’est déjà retournée contre le mouvement kurde lorsque Hafez Al-Assad l’a abandonné à la fin des années 1990 après l’avoir soutenu, précédant la répression de « l’Intifada kurde » par Bachar Al-Assad en 2004. Ou plus récemment au mois d’août 2016 lorsque la Russie a donné son feu vert à l’intervention au sol de la Turquie contre les Kurdes dans la région de Djarabulus, ce à quoi les Etats-Unis n’ont rien trouvé à redire malgré leur coopération militaire avec les YPG/YPJ dans la lutte contre Daesh.

    Si les camarades qui sont sur cette position d’un soutien inconditionnel aux Kurdes uniquement ne cherchent pas à justifier ou à nier les crimes du régime et de ses alliés, ils participent cependant de leur relativisation. Ces camarades mettent sur un pied d’égalité la domination du régime et celle de milices inlassablement définies par leur « islamisme » quelle que soit leur disparité, et refusent ainsi de reconnaître que la reprise d’Alep (ou d’autres villes qui ont échappé au contrôle de Damas ces dernières années) par le régime de Bachar Al-Assad constitue indéniablement une défaite pour les révolutionnaires de Syrie. Ces camarades sont aveugles quant aux gigantesques capacités de coercition permises par la puissance militaire des alliés de Damas et par l’appareil d’État qui, malgré sa mauvaise condition actuelle, ne manquera pas d’être reconstruit. À travers leur orientation, ces camarades en arrivent à relativiser les conséquences dramatiques pour la population syrienne de la chute d’Alep et des autres villes jusque-là libérées du régime.

    Le peuple syrien oublié et son droit à l’auto-détermination nié.

    Il existe des points communs entre la trahison d’une partie de la gauche et les errements d’une autre. Le premier est la négation plus ou moins affirmée de la révolution syrienne, une partie de la gauche estimant qu’elle n’a jamais existé, une autre pensant qu’elle a été entièrement pervertie par des forces réactionnaires et que l’on ne peut dès lors plus parler de processus révolutionnaire. Ce travers est permis par une lecture essentiellement géopolitique et militaire du conflit. En raison de la généralisation du conflit à l’ensemble du territoire syrien, du nombre de brigades armées luttant contre le régime (plus d’un millier), du nombre d’acteurs étrangers impérialistes et sous-impérialistes intervenant directement ou indirectement dans le conflit, et du niveau extrêmement élevé de brutalité qui caractérise celui-ci, les observateurs extérieurs, y compris à gauche, ont parfois tendance à oublier qu’il existe, autour des groupes qui se battent, une société qui vit, composée de Syriens et de Syriennes dotés d’une capacité à penser, à agir, à interagir, et donc à s’organiser et à s’auto-déterminer, pour peu qu’ils et elles ne doivent pas faire face à un déluge de feu du régime et de ses alliés.

    S’il est vrai qu’il n’existait pas d’organisation forte du mouvement ouvrier en Syrie au début de la révolution, capable de prendre la direction du mouvement révolutionnaire comme l’a fait l’UGTT en Tunisie, il y a eu et il y a encore de très nombreuses expériences démocratiques d’auto-organisation de la société.

    Il semble évident que ces formes d’auto-organisation du processus révolutionnaire peuvent difficilement s’exprimer alors que les populations sont assiégées, bombardées et massacrées. Mais lorsque des cessez-le-feu ont pu être appliqués, comme cela a été le cas en février et mars 2016, puis pour une courte durée et de manière précaire en septembre 2016, les manifestations de masse orientées non seulement contre le régime mais aussi contre les milices réactionnaires (notamment Al-Nosra) ont repris.

    Dans un article écrit au printemps dernier, Ghayath Naisse, du Courant de la gauche révolutionnaire en Syrie, écrivait ainsi :

    « le mouvement populaire reste vivant : il renoue avec les mots d’ordre de la révolution de 2011, en particulier avec les manifestations quasi quotidiennes à Ma’arrat al-Numan [contre le front Al-Nusra, branche syrienne d’Al-Qaeda], Salqin, Kifr Nubil et Saraqib, contre le régime et les forces réactionnaires. Et à Hama, 800 prisonniers politiques démocrates ont pris le contrôle de la prison centrale depuis un mois. » Aujourd’hui encore, face à la chute d’Alep et à son évacuation chaotique par le régime et ses alliés, des manifestations populaires s’organisent partout dans le pays. S’il est finalement peu étonnant que la gauche campiste, majoritairement issue de courants historiquement marqués par le stalinisme et d’autres formes d’organisations aux structures verticales et rigides, soit incapable d’identifier ces formes d’auto-organisation, il est cependant surprenant qu’une partie importante de la gauche de tradition libertaire et autogestionnaire ne se soit pas penchée sur ces processus.

    En niant le processus révolutionnaire, ces fractions de la gauche se privent d’expliquer la montée en puissance des groupes armés islamistes et réactionnaires.

    Si les progressistes et les démocrates sont aujourd’hui minoritaires dans la composition des groupes armés s’opposant à Al-Assad, c’est notamment parce qu’ils n’ont jamais été soutenus politiquement, financièrement et matériellement par une aide extérieure (le soutien des États occidentaux s’étant limité à de belles paroles et à des armes délivrées au compte-goutte, essentiellement dans un objectif de lutte contre Daesh et non contre le régime syrien – par ailleurs, ces armes n’incluaient pas les armes défensives pourtant demandées par les révolutionnaires, refusées par les Etats-Unis). Comme cela a été indiqué en introduction, l’absence d’un mouvement de solidarité internationale est largement responsable de cette absence de soutien. Comme cela a déjà été indiqué également, au sein de l’opposition, ces groupes ont été visés en priorité par le régime afin que sa prophétie de lutte contre le terrorisme islamiste s’auto-réalise. Par ailleurs, ces groupes ont dû se battre sur plusieurs fronts – à la fois contre le régime, contre Daesh, et contre les groupes d’opposition islamistes et réactionnaires. Pour une majeure partie d’entre eux, ces groupes ont donc été progressivement marginalisés et décimés, ou bien captés par les groupes d’opposition islamistes qui, eux, étaient activement soutenus par le Qatar, l’Arabie saoudite, puis la Turquie.

    Il paraît cependant évident que les groupes réactionnaires du type Jabhat Fatah Al-Cham sont incapables de répondre aux exigences de liberté, de dignité et de justice sociale du peuple syrien et qu’ils participent de la contre-révolution (il n’est pas anodin que le régime ait favorisé le développement de cette opposition au détriment de l’opposition progressiste et démocratique). Leur base sociale s’effriterait rapidement si la guerre cessait et si les processus d’auto-organisation pouvaient de nouveau s’exprimer pleinement. En l’absence de moyens de coercition comparables à ceux de l’appareil d’État syrien et de la puissance militaire des alliés du régime, ces groupes réactionnaires seraient très certainement marginalisés par la population.

    En août 2013, suite aux mouvements de masse chassant Mohamed Morsi du pouvoir en Égypte, Alain Gresh écrivait très justement à propos des Frères musulmans, qui avaient été réprimés durant plus d’un demi-siècle avant d’accéder au gouvernement à la faveur du processus révolutionnaire : « Ce que la répression n’avait pas accompli, deux ans et demi de vie publique et d’un débat pluraliste, plus ouvert et souvent polémique, l’ont réussi : exposés à la lumière, les Frères ont inexorablement reculé. » Aucune raison n’aurait empêché cela de se produire contre les groupes réactionnaires syriens si la révolution avait pu s’exprimer librement (par contre, tant la brutalisation et la confessionnalisation de la guerre par le régime en Syrie, que la répression de masse dont sont – de nouveau depuis la prise de pouvoir d’Al-Sissi – victimes les Frères musulmans en Égypte, créent les conditions d’existence de ces mouvements fondamentalistes dans la région).

    Plus généralement, cette négation de la révolution syrienne et son assimilation à des groupes réactionnaires caractérisés uniquement par leur « islamisme » trahit un problème de fond particulièrement inquiétant : celui d’une condescendance, d’une islamophobie et d’un racisme envers les peuples de la région arabe.

    Si ces fractions de la gauche ne font aucune distinction entre Jabhat Fatah Al-Sham et autres groupes salafistes, les groupes affiliés aux Frères musulmans, Daesh, voire même, pour certains, les combattants – ou civils – scandant « Allahu Akbar » (qui n’a rien d’un slogan spécifiquement fondamentaliste), c’est sans doute parce que les discours sur le choc des civilisations et la guerre contre le terrorisme, qui trouvent pourtant leur origine aux Etats-Unis, ont fait leur effet. Pourquoi s’évertuer à comprendre les distinctions idéologiques entre ces différentes factions, la composition de leurs bases sociales, leurs différentes stratégies d’expansion, etc., quand on peut tout simplement les ranger sous l’étiquette « islamiste » ? Pourquoi chercher à identifier des formes d’auto-organisation dans des sociétés gangrénées par le fondamentalisme islamique, d’autant plus quand les pancartes sont écrites en arabe et que, pour l’œil européen, « Justice sociale » pourrait aussi bien s’apparenter à « Charia pour tous » ?

    La fraction de gauche soutenant uniquement – et de manière idéalisée – le PYD dans la région appuie sur le fait que celui-ci est multi-confessionnel et non-arabe – en somme, les Kurdes sont des gens civilisés, et non pas des barbus. La gauche campiste procède avec le même raisonnement en ce qui concerne le régime de Bachar Al-Assad, sensé représenter un compromis multi-confessionnel (comme nous l’avons écrit plus haut, cette représentation ne reflète pas la réalité de la confessionnalisation du conflit par le régime). Cette gauche en oublie d’ailleurs la discrimination pratiquée par le régime envers les populations non-arabes.

    Paradoxalement, ces fractions de la gauche tendent à reproduire le discours dominant visant à essentialiser les peuples arabes comme étant des peuples passifs, incapables de s’organiser afin de résister à l’exploitation et à l’oppression, entièrement soumis à la coupe de groupes violents, qu’il s’agisse de milices islamistes ou d’États autoritaires. Et dont la seule expression politique organisée de manière forte ne pourrait qu’être le fondamentalisme islamique.

    La solidarité internationale avec les exploité-e-s et les opprimé-e-s comme boussole.

    Les forces progressistes et démocratiques de la révolution syrienne sont aujourd’hui minoritaires dans l’opposition armée, et il est difficile de les identifier. Pour autant, les expériences démocratiques d’auto-organisation perdurent, et notre tâche est de les soutenir. Mais dans la guerre, les révolutionnaires ont peu de moyens de s’exprimer : s’ils et elles ne sont pas mort-e-s, ils et elles sont déplacé-e-s, réfugié-e-s, tentent de survivre. S’il était juste d’armer la révolution face à la répression impitoyable du régime, le conflit militarisé ne bénéficie plus aujourd’hui qu’aux forces de la contre-révolution, c’est-à-dire au régime et aux brigades réactionnaires. À travers les massacres de civils, ce sont les forces vives de la révolution qu’on assassine.

    Aujourd’hui, la tâche prioritaire pour les internationalistes est donc de revendiquer l’arrêt des combats, des bombardements et des sièges contre la population syrienne, le retrait des troupes étrangères soutenant Al-Assad (mais aussi l’arrêt des bombardements de la coalition contre Daesh qui tuent des civils et contribuent à la catastrophe humanitaire, et l’arrêt du soutien du Qatar, de l’Arabie saoudite et de la Turquie aux différents groupes réactionnaires), et l’accès de la population à une aide humanitaire sans ingérence étrangère. Bien sûr, on ne peut imaginer de paix sans justice, qu’il faut donc également revendiquer. Mais ce sont les Syriens et les Syriennes eux-mêmes qui pourront établir le rapport de forces nécessaire à son obtention. L’arrêt des combats et le retrait des forces impérialistes sans lesquelles le régime serait déjà tombé permettront au peuple syrien de reprendre son combat politique contre un mode d’exploitation et d’oppression féroce, et de reconstruire progressivement le rapport de forces nécessaire à l’éviction de Bachar Al-Assad et à l’établissement de la justice sociale.

    Les internationalistes doivent indispensablement exprimer leur soutien au processus révolutionnaire syrien, relayer sa parole et ses exigences.

    Afin de réaliser cela, nous devons continuer à construire des ponts avec les militant-e-s progressistes de Syrie, sur place, mais aussi dans les pays où ils et elles sont réfugié-e-s, y compris en Europe – ce qui implique de lutter contre la politique migratoire de l’Europe forteresse et d’ouvrir les frontières afin de garantir à toutes et tous la liberté de circulation et d’installation. Notre boussole ne doit pas être déterminée par les agendas des puissances impérialistes et sous-impérialistes, mais par le soutien indéfectible à l’auto-organisation des exploité-e-s et des opprimé-e-s partout dans le monde. Ainsi, au-delà du peuple syrien en lutte contre le régime de Bachar Al-Assad, notre solidarité va à tous les peuples en lutte dans la région, contre l’autoritarisme et le sectarisme des Al-Sissi, Erdogan, Khomeiny et des autres, contre l’Apartheid israélien, contre les bombardements au Yémen et en Iraq, et contre nos impérialismes complices de ces situations. En Syrie, dans l’ensemble des pays du Maghreb et du Machreq, et dans le monde entier, « le peuple veut la chute du régime ! »

    http://www.lcr-lagauche.org/

    20 décembre 2016  Nathan Legrand

    http://www.anti-k.org/

  • Syrie Debout : la pugnacité face à l’indifférence (Anti-k)

     

    Avoir du courage. De la détermination.

    Ne jamais baisser les bras, même face à l’indifférence. Les Syriens, les activistes, les réfugiés et leurs soutiens, qui se réunissent régulièrement sur la place de la République, tentent de rester « debout » pour dénoncer la guerre qui ravage le pays depuis 2011, mais surtout pour rappeler que leur révolution n’est pas encore enterrée.

    « Ni Bachar, Ni Daech en Syrie ». 

    Ils sont une petite trentaine à braver le froid hivernal un samedi après-midi sur la place de la République, scandant pendant près d’une heure divers slogans. Ce n’est pas première fois qu’ils se réunissent ici. Gazette Debout a déjà relayé certains de leurs précédents rassemblements au printemps dernier. Une commission Syrie Debout a même été créée par des militants de plusieurs associations syriennes et françaises vivant à Paris. Delphine, l’une des initiatrices de la commission, a vécu presqu’une décennie là-bas. Elle nous confie son sentiment d’urgence : « les Nuitsdeboutistes et la révolution syrienne devaient se rencontrer et travailler ensemble sur des questions de droits humains. Il fallait faire un lien. Ce qui les différencie, c’est la situation d’urgence et le degré de barbarie que subissent les insurgés Syriens aujourd’hui ». 

    Syrie Debout n’a pas eu la vie facile, régulièrement alpaguée par des militants pro-Bachar el Assad. « C’était des Français plus ou moins affiliés aux « Soraliens » mais aussi parfois des Maghrébins, souvent biberonnés au jus anti-impérialiste, qui cautionnent n’importe quelle dictature, pourvu qu’elle soit anti-américaine ou anti- occidentale. Certains ne supportaient pas de voir le drapeau de l’indépendance syrienne flotter sur la place. Leur argumentaire est toujours le même : « mieux vaut Bachar que Daech » ! Ils nient que ce sont les deux faces d’une même médaille», se désole Delphine.

    Elle croit également que beaucoup de Syriens craignaient la police, omniprésente sur la place de la République. Une appréhension qui n’est pas sans fondement, les CRS ayant tenté d’expulser la commission de la place début juillet, sous prétexte que leur lutte ne rejoignait pas celle contre la loi Travail…

    Ni Bachar, Ni Daesh en Syrie

    Les membres de Syrie Debout reviennent inlassablement manifester ici pour transmettre leur message : « ni Bachar, ni Daesh en Syrie ». Ils tentent de faire preuve de pédagogie envers les passants, afin de leur expliquer les enjeux à la fois simples et complexes de ce conflit.

    Ahmad Darkazanli, un Syrien militant très engagé qui a fuit son pays depuis de nombreuses années, estime que les Français sont désinformés. « Il y a beaucoup d’articles qui ne reflètent pas la réalité du terrain. Il s’agit d’une véritable dictature de la désinformation », regrette-t-il. « Entre Bachar, Daech, Al Nostra, l’armée libre, les gens se mélangent un peu les pinceaux ». Et on les comprend. Car les journaux ont beau multiplier les graphiques et articles explicatifs, le néophyte peine à s’y retrouver. Seules restent les images des populations civiles baignant dans leur sang, au beau milieu de villes en ruines.

    Ce soir là, rares sont les badauds qui s’arrêtent pour écouter les slogans ou échanger avec les militants. Malgré cette indifférence, les membres réussissent à garder le moral. « On n’a pas de choix . C’est une lutte qui s’annonce longue. Si nous arrivons à chaque fois à convaincre quelques personnes, c’est déjà ça », tente de se rassurer Delphine. Elle insiste également sur l’expérience d’Alep, véritable laboratoire d’une Syrie démocratique. « Il y a eu un processus d’élections libres avec un conseil municipal élu et renouvelé chaque année. Aujourd’hui, c’est Brita Hagi Hassan qui est le maire d’Alep Est et qui vient régulièrement à Paris pour sensibiliser sur ce qui se passe là-bas ».

    De son coté, Ahmad Darkazanli reste persuadé que plus personne en Syrie ne soutient Bachar el-Assad. « Si je compte 5% de sympathisants, je suis encore très large. Les populations qui fuient dans les zones contrôlées par le régime cherchent simplement à se mettre à l’abri. Elles n’ont pas le choix ». Mais face au soutien Russe dont bénéficie le « boucher de Damas » la vie humaine ne pèse pas bien lourd. « Bachar n’est pas un homme courageux, s’il sent que ses soutiens internationaux l’abandonnent, il partira de lui-même », assure Ahmad Darkazanli. D’autant que l’armée Syrienne Libre pourrait en venir à bout si elle était équipée correctement. « Nous ne demandons pas une intervention internationale dans notre pays. Nous demandons simplement que le véto sur les armes soit levé. L’armée syrienne libre doit avoir les moyens de se battre ».

    Quelques jours plus tard, le maire d’Alep Est, Brita Hagi Hassan, est de passage sur la place de la République. L’homme est épuisé : cela fait des mois qu’il ne trouve plus le sommeil. Mais par amitié pour Ahmad Darkazanli, il fait l’effort de venir prononcer un émouvant discours, dont on peut retrouver les principaux éléments dans une interview sur France Culture. Il rappelle la violence, égraine les chiffres des morts, des barils de TNT. « Sous prétexte de combattre le terrorisme, le régime commet encore plus d’actes terroristes ».Pour lui, la seule force apte à combattre Daesh, c’est l’armée libre syrienne.

    Il insiste aussi sur ces 30 000 d’enfants qui sont privés d’école depuis des années. 

    « Ils ne connaissent que la guerre, que les tueries, sans autre référence. Faute d’éducation, ils pourront se faire embrigader par les groupes terroristes. C’est un danger non seulement pour nous mais aussi pour vous en Europe ».

    Toutes ces paroles prennent une étrange résonance, alors que le régime de Bachar el Assad a annoncé vendredi 23 décembre avoir repris le contrôle total de la ville d’Alep après un vaste bain de sang. Face à tant d’horreur, il est facile de détourner les yeux. D’oublier le massacre qui se joue à des milliers de kilomètres de notre territoire. Et pourtant, certains refusent d’oublier et organisent dans toute la France des rassemblements pour soutenir les Syriens : devant la mairie de Paris le 10 décembre dernier à Limoges, à Fougère ( Bretagne) à Angers, La Rochelle, Dijon, Lyon, Lille, Marseille et Strasbourg. Parce que “vivre sans espoir, c’est cesser de vivre.” (Dostoïevski).

    L-A

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