Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Révolutions Arabes - Page 94

  • Mahmoud Rechidi. Secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs «La rentrée sociale se fera sous le signe des luttes unitaires» (PST)

    Mahmoud Rechidi. Secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs (PST) «La rentrée sociale se fera sous le signe des luttes unitaires»

    Mahmoud Rechidi. Secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs (PST)

    «La rentrée sociale se fera sous le signe des luttes unitaires»

    Dans cet entretien, le secrétaire général du PST qualifie les dernières lois du gouvernement relatives au remodelage du code électoral et au système des retraites, ainsi que la multiplication des atteintes aux libertés démocratiques, de la presse et d’organisation, de «dérives autoritaires». Pour lui, elles participent d’une escalade qui «intervient dans un contexte de crise de succession à la tête du régime». Rencontré en marge de la tenue de l’université d’été du PST à Aokas (Béjaïa), Mahmoud Rechidi invite à une convergence des luttes et à travailler «patiemment» pour l’éveil des consciences et au dépassement du corporatisme.

     

    On assiste depuis quelque temps à une multiplication des actes de répression et d’atteinte à la libre expression dans le pays, où la presse indépendante est particulièrement ciblée. Comment peut-on qualifier ce verrouillage du champ des libertés démocratiques ?

    La répression et les atteintes aux libertés démocratiques auxquelles nous assistons ces derniers temps constituent une escalade supplémentaire dans la dérive autoritaire qui a marqué tout le règne du régime «monarchique» de Bouteflika. Cette escalade intervient dans un contexte de crise de succession à la tête du régime et de luttes ouvertes entre les différentes factions du pouvoir, exacerbées par l’approche des échéances électorales de 2017. La presse qui permet encore l’expression de positions politiques diverses en paye le prix.

    Mais, sur le plan économique, le contexte est marqué par la chute des prix du pétrole et son instrumentalisation outrancière pour accélérer la mise en œuvre du programme libéral. C’est tout un nouvel arsenal juridique qui est mis en branle pour faire payer la crise aux travailleurs et aux couches populaires. Pour le pouvoir, la remise en cause de nos acquis sociaux passe par la remise en cause de nos acquis démocratiques.

    Il faut se rappeler que depuis la répression sanglante de 2001 et l’interdiction du droit de manifester, nous avons assisté à la mise en place de dispositifs administratifs et juridiques entravant l’exercice effectif des libertés démocratiques dans notre pays. Les quelques acquis démocratiques arrachés de haute lutte par la jeunesse d’Octobre 1988 ont été réduits et remis en cause. Les droits et les libertés d’expression, d’organisation, de manifestation, de grève, etc. n’existent que dans les textes.

    Sinon, leur exercice est tributaire du bon vouloir de l’administration ou du rapport de forces qu’imposent les mobilisations et les luttes démocratiques et sociales. En revanche, la nouvelle classe de la bourgeoisie algérienne, ces oligarques et autres prédateurs, qui accaparent de plus en plus le centre de la décision politique, bénéficient de tous les droits et des libertés de piller notre économie et d’amasser des fortunes qu’ils placent aussitôt dans les paradis fiscaux et chez leurs amis et complices des puissances impérialistes.       

    La répression s’accompagne par l’adoption en peu de temps de lois restrictives, à l’exemple des nouvelles dispositions apportées au code électoral. Peut-on aller jusqu’à parler de dérive autoritaire ?

    Evidemment, il y a dérive autoritaire. Ce que vous appelez lois restrictives participe de cette escalade qui traduit, dans ce contexte, une volonté de mettre les bouchées doubles afin de parer à toute mauvaise surprise aux élections de 2017, qui constituent un enjeu majeur dans les préparatifs de la succession, anticipée ou pas, de Bouteflika. Mais cette escalade cache mal une situation d’incertitude et de contradiction dans laquelle se trouve le régime. Contrairement à ses promesses de réformes démocratiques proclamées lors de l’amendement de la Constitution, le pouvoir s’est empressé d’imposer la pire des lois électorales depuis l’époque du parti unique. L’exigence d’un seuil minimal de 4% aux élections de 2012, sous lequel les partis politiques doivent rassembler des milliers de signatures, est une négation du multipartisme.

    Cette disposition contredit non seulement un principe de droit, puisqu’elle est imposée avec effet rétroactif, mais elle piétine aussi la Constitution et la souveraineté du peuple algérien du moment qu’elle recompose le champ politique national de façon autoritariste et non pas par des élections démocratiques et transparentes. Seuls les partis du pouvoir et des milliardaires qui se sont illustrés lors des élections passées par la fraude, la corruption et l’achat des sièges pourront participer à la future mascarade.

    En éliminant du jeu électoral toutes les autres expressions politiques, comme celle du PST qui n’est financé que par les cotisations de ses militant(e)s, le pouvoir réduit sa façade démocratique déjà insignifiante et enfonce un clou supplémentaire dans le cercueil du taux de participation déjà alarmant. La nouvelle loi électorale élimine les débats d’idées sur les programmes politiques et les projets de société et décrète la course aux signatures individuelles, consacrant le clientélisme, le régionalisme et le tribalisme.

    Au lieu d’apporter des amendements démocratiques afin de rendre les prochaines élections plus crédibles par l’introduction d’un mode de scrutin à la proportionnelle intégrale et nationale par exemple, le pouvoir rate une opportunité de mobilisation du peuple algérien autour d’un débat politique national que constituent les prochaines élections. Ainsi, le pouvoir fragilise nos capacités de résistance aux pressions extérieures de plus en plus menaçantes et contredit son discours pompeux sur «le front intérieur» et autre «mur national ».

    Des mesures prises dernièrement, telles que la suppression de la retraite partielle adoptée quasiment en catimini, font jaser mais pas au point de susciter une vive riposte du monde du travail. Est-ce seulement le calme avant la tempête ?

    L’annonce de la suppression des retraites anticipée et proportionnelle à la veille des départs en congé annuel (tripartite du 5 juin) traduit la volonté du pouvoir et du patronat de désamorcer toute mobilisation du mouvement ouvrier. Mais la réaction des travailleuses et travailleurs et des organisations syndicales, y compris au sein de l’UGTA, ne s’est pas fait attendre. Les grèves entamées à SNVI se sont propagées aux champs pétroliers et gaziers dans le Sud.

    La mobilisation des syndicats autonomes de l’Education nationale s’est élargie à d’autres secteurs, comme la santé et l’administration publique. Sous la pression des travailleuses et des travailleurs, les fédérations UGTA menacent de recourir à la grève et désavouent publiquement Sidi Saïd et la direction bureaucratique de leur organisation.

    L’exemple de la création d’une intersyndicale, qui a regroupé 16 syndicats le 30 juillet dernier, témoigne de la nécessité de l’unité syndicale qui se fait sentir plus que jamais. En un mot, la résistance s’organise et la rentrée sociale se fera sous le signe des luttes et des mobilisations unitaires. Mais la reconstruction du mouvement ouvrier et du syndicalisme démocratique indépendant et combatif ne se fera pas en un jour. Il faut travailler patiemment pour éveiller la conscience de la classe du mouvement ouvrier et des masses populaires dans notre pays afin de dépasser les divisions et les expériences corporatistes.

    La bataille pour la défense de la retraite ne sera qu’un prélude à la cristallisation de cette perspective. Car d’autres batailles décisives nous attendent. Le programme du libéralisme économique qu’on veut imposer aux travailleurs et aux masses populaires, préconisé régulièrement par le FMI et la Banque mondiale, vise la remise en cause de nos acquis sociaux, de notre souveraineté sur nos richesses et de notre indépendance nationale. L’offensive libérale, qui se décline sous forme d’une transformation radicale de l’édifice juridique actuel, est en réalité une tentative sans précédent du pouvoir pour imposer les intérêts du patronat et de l’oligarchie contre ceux de la classe ouvrière et des masses populaires. Oui, c’est une séquence des plus évidentes de la lutte des classes.

    Au moment où le nouveau code de l’investissement multiplie les facilités financières et les cadeaux fiscaux au patronat national et étranger, facilite la privatisation du secteur public et réduit les quelques mesures de protection de notre économie…, le nouveau code du travail se charge de généraliser les CDD, faciliter les licenciements, permettre l’allongement de la durée du travail et limiter les libertés syndicales et le droit de grève. Quant au nouveau code de la santé, il se charge de démanteler la politique de la santé publique basée sur la prévention, ouvre la voie à la privatisation du secteur et remet en cause la médecine gratuite. En d’autres termes, comme à l’époque coloniale, on veut réduire les travailleuses et les travailleurs ainsi que les masses populaires à l’esclavagisme et la misère.

    Le PST a lancé un appel pour une «convergence démocratique, antilibérale et anti-impérialiste». Où en est cette initiative, sachant que la situation en Algérie, marquée par des attaques itératives contre des acquis durement arrachés, invite, justement, à plus de cohésion dans les rangs de l’opposition ?

    Pour le PST, la conjoncture actuelle nécessite un large front de lutte des forces politiques, syndicales et sociales pour résister à cette offensive libérale sans précédent d’un pouvoir antidémocratique, gangrené par la corruption et inféodé aux intérêts du patronat et des multinationales. Un large front qui se construit dans les luttes démocratiques et sociales réelles et non pas entre des appareils seulement, ou entre des leaders autoproclamés.

    C’est un front démocratique parce qu’il regroupera tous ceux qui luttent pour la défense des libertés démocratiques, notamment la défense des libertés syndicales et le droit de grève, la défense du droit des femmes à l’égalité et à l’émancipation. C’est un front antilibéral parce qu’il regroupera tous ceux qui luttent contre l’injustice sociale, la politique d’austérité et de précarité imposée aux travailleuses et travailleurs et aux masses populaires. C’est un front anti-impérialiste parce qu’il regroupera tous ceux qui luttent pour la défense de notre économie nationale, de nos richesses nationales et de notre souveraineté et l’indépendance de notre pays.

    Nous faisons face aujourd’hui à un projet de démantèlement du modèle social de l’Etat algérien hérité du combat historique de notre peuple pour l’indépendance nationale, la justice sociale et la dignité humaine. Voilà pourquoi le PST appelle à un large front de résistance dans le cadre d’une convergence démocratique, antilibérale et anti-impérialiste.  

    Mohand Hamed-Khodja 25 Août 2016

    Source: El Watan Jeudi 25 août 2016

    http://elkhatwa-eloumalia.over-blog.com/2016/08/mahmoud-rechidi-secretaire-general-du-pst

  • Nouveautés sur "Amnesty International"

    egypt.JPG

    Égypte. Le refus de remettre en liberté un homme victime d'actes de torture et d'une disparition est scandaleux

    Les Nation unies demandent une enquête internationale sur de présumées violations des droits humains au Yémen

    Irak. Les exécutions ne permettront pas de résoudre les menaces à la sécurité

  • Cisjordanie : Israël démolit méthodiquement la solution à deux Etats (El Watan.dz)

    isra l.jpg

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

    Après avoir pratiquement réglé ses comptes avec la bande de Ghaza, l’occupation israélienne concentre ses efforts sur la Cisjordanie occupée, dont les villes et villages sont gouvernés par l’Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, qu’elle n’arrive pas à taxer de terroriste, comme c’est le cas du mouvement Hamas dans l’enclave palestinienne.

    Dans la bande de Ghaza, trois guerres successives en moins de 6 ans, un blocus sévère depuis plus de dix ans, des frappes à n’importe quel moment, facilement justifiées au niveau international, où le mouvement Hamas est considéré comme organisation terroriste, du moins par les grandes nations influentes de la communauté internationale — Etats-Unis et nombre de pays européens —, ont pratiquement fait sortir cette enclave des Territoires palestiniens occupés des craintes israéliennes de le voir rattaché, un jour, au reste par un moyen ou un autre.

    La preuve, Israël a récemment lourdement frappé plusieurs sites dans le nord et le centre de la bande de Ghaza, avec plus de 30 raids aériens en un quart d’heure, faisant 5 blessés et beaucoup de dégâts matériels, sans que cela ne suscite de réactions régionales ou internationales.

    Seule la Ligue arabe a condamné cette nouvelle agression à laquelle n’a pas répondu la résistance palestinienne, pour éviter une escalade qu’elle ne souhaite pas actuellement. La dernière guerre israélienne dans la bande de Ghaza, dont les souvenirs sont encore vivaces, a eu lieu au cours de l’été 2014. Une sale guerre avec un grand massacre de civils palestiniens et de vastes destructions. Plus de 2 000 morts, plus de 12 000 blessés et des dizaines de milliers de maisons démolies par des bombardements aveugles.

    Depuis la fin de cette guerre, en août 2014, les brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas, seul maître des lieux, n’a pas tiré une balle en direction de l’Etat hébreu et empêche quiconque de le faire.

    Parfois, certaines factions arrivent à lancer une roquette, comme celle tombée cette semaine dans la localité israélienne de Sderot, qui n’a fait ni victime ni dégât matériel, mais qui a néanmoins suscité une très forte réponse de l’armée de l’occupation contre des positions de la branche armée du Hamas, tenue responsable par Israël de tout acte provenant de l’enclave palestinienne.

    En Cisjordanie occupée, où le contact est direct entre l’armée de l’occupation et les colons israéliens d’un côté et la population de l’autre, les moyens utilisés pour annihiler toute possibilité d’indépendance et de souveraineté sont différents. Dans cette partie des Territoires palestiniens occupés après la guerre de 1967, y compris la ville sainte d’El Qods, la machine de guerre israélienne préfère les assassinats individuels, sous n’importe quel prétexte. Le dernier du genre a eu lieu hier près de la colonie de Itshar, proche de Naplouse, où un jeune Palestinien de 24 ans a été tué par des tirs de soldats israéliens sous le prétexte d’attaque à l’arme blanche menée contre l’un d’entre eux.

    Une mesure de répression largement utilisée est la détention sous toutes ses formes.

    La plus dure est la détention administrative qui permet aux autorités de l’occupation de jeter en prison n’importe quel citoyen palestinien pour une période de 4 mois indéfiniment renouvelable, sans avoir besoin d’inculpation ni de jugement par un tribunal. Une mesure généralement utilisée contre l’élite palestinienne, député, ministre, journaliste, etc. Le journaliste et membre du Syndicat des journalistes palestiniens, Omar Nazzal, avait été arrêté et mis en détention administrative en avril. Au lieu d’être libéré le 22 août, sa détention a été prolongée de 3 mois. Il est actuellement en grève de la faim depuis plus de 15 jours et personne n’est au courant de sa situation sanitaire, même pas sa femme, interdite de visite. Bilal Kayed, un autre prisonnier en détention administrative, mène une grève de la faim depuis 72 jours et peut mourir à tout instant.

    Bilal proteste pour avoir été placé en détention administrative, après avoir purgé une peine de prison de 14 ans et demi, au lieu d’être libéré.

    Des dizaines d’autres prisonniers palestiniens sont actuellement en grève de la faim en soutien à leurs camarades qui refusent de s’alimenter. En Cisjordanie occupée, il y a aussi les punitions collectives, comme par exemple démolir la maison familiale de tout Palestinien auteur d’un acte de résistance. Il y a aussi, les démolitions à grande échelle et le déplacement de citoyens, comme l’a indiqué, lundi, le coordonnateur des Nations unies pour l’aide humanitaire et les activités de développement dans les Territoires palestiniens, Robert Piper. Il a averti que de nombreuses communautés palestiniennes en Cisjordanie occupée sont confrontées à un risque accru de transfert forcé. On relève que 64 Palestiniens, dont 24 enfants, ont été déplacés la semaine dernière par les autorités israéliennes après avoir démoli 29 structures sur 8 sites, a déclaré M. Piper. Cela s’est passé dans la région d’El Qods, Jérusalem-Est occupée et annexée en 1967 par Israël. El Qods, où la mosquée d’Al Aqsa subit des agressions quotidiennes de la part des colons sous la protection de forces sécuritaires israéliennes.

    Le but avoué par ces extrémistes est la démolition du troisième Lieu Saint de l’islam pour bâtir leur temple présumé à la place.

    Les colons ne se suffisent pas de cela. Ils ne manquent aucune occasion de porter atteinte aux Palestiniens et à leurs biens. Ils ont déversé, hier, de grandes quantités d’eaux usées sur des dizaines d’hectares de terres agricoles dans la région de Bethlehem. Enfin, les plus graves des méthodes de l’occupation sont bien sûr l’expansion coloniale et la confiscation quotidienne de terres palestiniennes. Tout cela pour empêcher la création d’un Etat palestinien indépendant et viable sur les terres occupées en 1967, y compris la ville sainte d’El Qods, dont les Palestiniens veulent en faire leur capitale selon la solution à deux Etats adoptée par la communauté internationale. Tout ce que permet Israël est l’établissement de bantoustans isolés sur une partie de la Cisjordanie occupée, sans El Qods, avec une gouvernance locale ne disposant d’aucune souveraineté.

    A cause de tout cela, ce conflit est loin d’être résolu, et les Palestiniens, en position défavorable actuellement, font le serment qu’ils n’abdiqueront jamais.

    Fares Chahine   25.08.16

    http://www.elwatan.com/international/cisjordanie-israel-demolit-methodiquement-la-solution-a-deux-etats

  • Algérie-Maroc : les photos du mur du côté marocain (El Watan.dz)

    Les deux pays maghrébiens rivalisent d’ardeur dans l’art de se barricader.

    En effet, après le grillage de 3,5 mètres de hauteur érigé sur plus de 100 km par le royaume chérifien, les autorités algériennes, comme une réponse du berger à la bergère, ont creusé des tranchées de 11 mètres de profondeur et de 7 mètres de largeur. Officiellement, cette barrière métallique est justifiée par le gouvernement chérifien «pour se prémunir contre le terrorisme».

    Un argument fallacieux, en ce sens que dans les années 1990, période de la décennie noire en Algérie, le Maroc n’avait jamais songé à se protéger contre l’hydre sanguinaire.

    Quant à la décision de l’Algérie de lutter contre la contrebande, particulièrement contre le trafic de drogue, là aussi l’argument ne tient pas la route, puisque jamais le trafic des stupéfiants n’a été aussi important depuis que ces fossés ont été creusés.

    Et comme ni les tranchées, encore moins le grillage n’ont «convaincu» leurs propres concepteurs, les responsables algériens ont entrepris, il y a une vingtaine de jours, d’élever un mur en acier haut de 7 mètres et large de 5 mètres au lieu-dit Lala Aïcha, dans la daïra de Bab El Assa (100 km de Tlemcen). Concernant ce mur de la honte, des sources sécuritaires ont précisé qu’il s’agit d’une «clôture sur un espace bien défini ne dépassant pas les 50 mètres.

    Sur les lieux, il y a un cimetière commun qui accueille les morts des deux pays, et donc on ne pouvait se permettre de creuser des tranchées ou ériger un grillage….». Des associations marocaines opposées à ces réalisations de la honte déplorent que «des expériences mondiales similaires démontrent que le mur séparant les Etats-Unis et le Mexique aurait coûté de 10 à 20 milliards de dollars et que la barrière de Melilla a été estimée à 33 millions d’euros.

    Des sommes faramineuses, sans compter les frais de maintenance et de fonctionnement», estiment des spécialistes marocains. Et de s’interroger : «Le royaume a-t-il les moyens de ses ambitions ?» Quelles que soient les raisons des uns et des autres, deux pays frères que tout rapproche se cadenassent et s’éloignent de plus en plus. Au détriment des populations.

    Chahredine Berriah  26.08.16

    http://www.elwatan.com/actualite/algerie-maroc-les-photos-du-mur-du-cote-marocain

  • Gaza : Voie sans issue (UJFP)

    160823-Palestine-Letters.png

    Dimanche 21 août : en 20 minutes, la bande de Gaza a subi 70 raids aériens touchant essentiellement le nord (Beit Lahia et Beit Hanoun).

    « Je me souviens en 2014 avant la guerre. C’est la même chose qui est arrivée. Alors, je pense qu’une nouvelle guerre s’annonce. Ils ont juste besoin d’un peu de temps » nous écrit un militant de Khan Younis.

    Tout commence toujours et seulement par une roquette sur Israël (sur Sdérot cette fois) qui entraîne des représailles totalement disproportionnées, posant ainsi Israël toujours en victime d’agressions sans causes, et validant la « stratégie de la force » israélienne, taper toujours plus fort, si la première frappe ne suffit pas.

    Le message de Netanyahou à la population de Gaza vivant en cage est clair : « si tu bouges, je t’écrabouille. Il n’y aura pas de limite et personne ne viendra t’aider. » Le gouvernement de Gaza a pourtant annoncé avoir arrêté ceux qui ont lancé la roquette.

    Dans cette économie on en est aujourd’hui à une roquette lancée = 70 raids aériens.

    Or il y aura toujours des roquettes, parce qu’il y a une population assiégée, deux millions d’hommes, de femmes et d’enfants pris au piège.

    • Piège d’Oslo qui définit une infra-direction nationale et installe la sous-traitance par les Palestiniens eux-mêmes de leur occupation.
    • Piège de la division palestinienne (Hamas contre Fatah) voulue et programmée par l’occupant.
    • Piège de la définition néo-conservatrice de Gaza considérée comme « entité hostile » au moment de l’accession au pouvoir du Hamas, par les urnes faut-il le rappeler. Gaza, entité hostile, devient ainsi un parfait « alien » sur qui on peut, on doit, taper sans scrupule ni limite.
    • Piège aussi de la volonté israélienne d’effacer la colonisation, de requalifier le conflit en guerre de religions (d’où l’intérêt du Hamas au pouvoir à Gaza) et de tenter d’assimiler la résistance inévitable et légitime d’un peuple enfermé au terrorisme de Daech.

    Le fait que les grands médias français ne mentionnent même pas les 70 raids aériens, et ne les mentionneront que pour parler des prochaines roquettes contre Israël afin de justifier la prochaine opération sanguinaire, ne fait que démontrer que la stratégie israélienne est celle de nos gouvernants.

    Il n’y aura pas d’issue ni pour Gaza, ni pour les Palestiniens, ni pour les Israéliens tant que la diplomatie européenne et occidentale soutiendra la stratégie de la force et l’assassinat de civils.

    Il n’y aura pas d’issue tant que l’occupant ne sera pas sanctionné.

    Mais en réalité il n’y a d’issue pour personne : Gaza, après avoir été le laboratoire, est devenu l’emblème de la non-politique d’aujourd’hui.

    Si les gouvernants et les médias font semblant d’y croire, la population française ne devrait pas s’y tromper, et commencer à mesurer avec inquiétude les effets de l’importation de ce système d’écrasement et d’enfermement de masse en France. Gaza est le signe du retour de l’époque des camps.

    Le Bureau national de l’UJFP, le 24 août 2016

    http://www.ujfp.org/

  • Au Yémen, la stratégie mortifère des belligérants (Orient 21)

    2011413969254112_20.jpg

    En 2011, le Che ...

    Après une accalmie pendant les négociations de paix de Koweït, le conflit au Yémen a repris de plus belle.

    Les bavures de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite se multiplient et la communauté internationale accroît, bien qu’encore timidement, la pression sur celle-ci. Les États-Unis réduisent leur coopération avec Riyad, alors que les Russes s’impliquent dans une guerre qu’ils ont longtemps négligée. Parallèlement, les parties yéménites en conflit tentent d’avancer leurs pions, chacun cherchant à affirmer sa légitimité.

    Le 6 août 2016, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a annoncé la fin du cycle de pourparlers de paix sur le Yémen. Ces négociations avaient débuté le 21 avril 2016, après deux premières sessions en Suisse. Malgré la longueur de ce troisième round et la grande variété des questions et des propositions avancées par les délégations, aucun accord n’a été conclu. L’envoyé spécial a promis de nouvelles négociations, sans qu’une date ait été convenue. En même temps, les deux parties au conflit, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi et l’alliance entre les houthistes et l’ex-président Ali Abdallah Saleh ont chacune laissé entrevoir les actions qui leur garantiront, espèrent-elles, une meilleure position dans le prochain round.

    Étrangler l’alliance houthistes/Saleh

    Le gouvernement Hadi devrait agir sur deux fronts : militaire et économique. Les forces du gouvernement et leurs alliés tribaux ont lancé une nouvelle offensive1 sur le front de Nihm (à l’est de la capitale Sanaa). En outre, peu de temps après la fin des négociations au Koweït, le porte-parole de la coalition menée par l’Arabie saoudite a annoncé une relance de son opération «  Restaurer l’espoir  »2. En plus du front de Nihm, on s’attend à ce que les forces gouvernementales et leurs alliés, soutenus par la coalition, tentent de progresser sur le front de Marib et de Midi, (voir ce rapport de Chatham house pour comprendre ces différents fronts).

    Les lignes de front en avril 2016
    In Peter Salisbury, «  Yemen : Stemming the Rise of a Chaos State  », Chatham House, mai 2016.

    2016 بيتر ساليزبيري، شاتام هاوس،أيار/ مايو

    Sur le plan économique, le gouvernement et les pays de la coalition vont essayer d’étrangler l’alliance houthistes/Saleh en augmentant la pression sur l’accès à leurs ressources financières. La Banque centrale du Yémen (BCY), qui reste basée dans la capitale Sanaa — contrôlée par l’alliance houthistes/Saleh — a réussi à éviter l’effondrement total de l’économie en gardant sa neutralité et son indépendance vis-à-vis des belligérants, et en continuant à verser les traitements des fonctionnaires, y compris ceux des militaires sans se préoccuper de savoir de quel côté ces derniers combattent3. Après de nombreuses menaces de «  relocaliser  » la Banque, et malgré l’opposition de la communauté internationale à toute initiative mettant en danger l’indépendance de la BCY, le gouvernement d’Abd Rabbo Mansour Hadi a envoyé le 30 juin une lettre officielle au Fonds monétaire international (FMI). Il lui demande de geler les réserves du Yémen et de cesser d’accepter la signature du gouverneur et du gouverneur adjoint actuels de la BCY. Après que la lettre a «  fuité  » dans la presse, et à quelques heures de la cérémonie de clôture des pourparlers du Koweït, le gouvernement Hadi a déclaré à l’agence de presse officielle Saba news Agency qu’il avait non seulement écrit au FMI, mais aussi à toutes les banques et institutions financières, pour leur demander la même chose. Les mandats du gouverneur et du gouverneur adjoint expirent en août 2017. Toutefois le mandat des trois autres membres du conseil des gouverneurs prend fin en ce mois d’août 2016, et le gouvernement Hadi a fait savoir clairement son intention de remplacer les membres actuels par d’autres plus loyaux, favorables à une position anti-houthistes/Saleh.

    Face au tarissement rapide des réserves yéménites, les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont fait savoir qu’ils n’avaient aucune intention d’injecter des fonds dans la Banque centrale pour sauver l’économie de l’effondrement. Le gouvernement Hadi et la coalition saoudienne semblent vouloir mettre ainsi la pression sur l’alliance houthistes/Saleh. Ils espèrent que ces derniers ne pourront plus payer les salaires du secteur public, entraînant la chute de l’économie et le mécontentement populaire.

    Le «  Conseil politique suprême  » de l’opposition

    L’opposition agira pour sa part sur le front politique et sur le front militaire. Sur le front militaire, elle a lancé une offensive en profondeur dans les zones rurales du gouvernorat de Taëz4, en bordure de celui de Lahej, pour tenter de prendre le contrôle de la dernière route logistique connectant Taëz au sud. En outre, l’alliance déploie de nouvelles forces sur le front de Marib, tout en essayant de tenir ses positions sur les fronts d’Al Jawf, Shabwa et Al-Bayda.

    L’alliance houthistes/Saleh a également redonné le nom de Garde républicaine à l’unité d’élite que Hadi avait rebaptisée «  forces de réserve  ». Cette troupe recevra des financements supplémentaires pour mieux la préparer au combat. L’initiative est symbolique, cependant le message est clair : les anciennes structures du temps de Saleh vont être réorganisées afin de prendre part à la guerre.

    Plus important sans doute, l’alliance houthistes/Saleh devrait prendre des initiatives politiques importantes. Elle a commencé en annonçant la création d’un Conseil politique suprême de dix membres, issus du Congrès général du peuple (CGP, le parti de Saleh) et des houthistes. Après avoir nommé les membres de ce conseil le 6 août dernier, le jour même de la fin des négociations, l’alliance prépare un certain nombre de mesures. En premier lieu, l’installation du Conseil suspend de facto la déclaration constitutionnelle des houthistes de février 2015, ainsi que le comité révolutionnaire suprême installé alors dans la foulée. Le texte créant le Conseil précise qu’il travaillera selon la Constitution, une façon de contester la légitimité de Hadi et de son gouvernement. La prochaine étape sera de convoquer une session du parlement.

    Finalement, le nouveau Conseil politique suprême pourrait désigner son propre conseil des gouverneurs de la Banque centrale, dans le but d’annuler toute nomination de la part de Hadi. Si chacune des deux parties nomme son propre conseil d’administration, on assistera à la création de deux banques centrales, comme en Libye.

    Le plan B de La communauté internationale

    Jusqu’ici la communauté internationale est restée unie dans son approche de la situation au Yémen, soutenant sans équivoque le gouvernement Hadi et les efforts déployés par l’envoyé spécial de l’ONU pour aboutir à un accord de paix. Toutefois en l’absence de succès des négociations, la pression monte pour rechercher un «  plan B  »5 . Celui dont on parle le plus consisterait à abandonner l’idée d’un accord de paix national et de commencer à travailler avec des forces locales dans les différentes régions du Yémen, pour établir la sécurité et la stabilité partout où c’est possible. Le point de départ le plus vraisemblable est l’Hadramout, où les États-Unis par exemple envisagent de créer, en partenariat avec les Émirats arabes unis, un modèle de règlement qui devrait réussir, car il serait soutenu par les communautés tribales et d’affaires de la région. Mais contrairement à une éventuelle présence militaire et à une influence émiratie ou saoudienne dans l’Hadramout ou à Aden, qui ne rencontrerait pas d’opposition sur le plan international, toute initiative unilatérale d’une grande puissance pour établir son influence dans toute région du Yémen ouvrira la porte à d’autres grandes puissances qui chercheront alors à exercer leur propre influence dans d’autres régions (en premier lieu la Russie, qui soutiendrait l’alliance houthistes/Saleh au nord).

    Les deux belligérants savent qu’ils ne peuvent obtenir une victoire totale d’ici le prochain cycle de pourparlers. Il est déchirant de savoir que des centaines — sinon des milliers de vies seront perdues entre-temps — simplement pour s’assurer une position légèrement plus favorable à la table des négociations.

     Orient XXI  Rafat Al-Akhali  23 août 2016
     
     
  • Quel accueil en Europe pour les enfants syriens qui ont échappé à la guerre ? (Amnesty)

    ambn.jpg

    La terrible situation des enfants en Syrie, notamment illustrée par les images montrant le petit Omran Daqneesh, cinq ans, le visage ensanglanté et hagard, à l'arrière d'une ambulance alors qu'il vient d'être extrait des décombres de sa maison, permet de comprendre aisément pourquoi les parents emmènent avec eux leurs enfants quand ils entreprennent un périple dangereux et incertain vers l'Europe.

    Or, les enfants qui survivent à ce voyage et atteignent les rivages de l'Europe ne sont pas pour autant au bout de leurs épreuves.

    Lors d'une visite sur l'île de Lesbos, en Grèce, j'ai vu de mes yeux ce qui les attend.

    Dans un centre de détention à Lesbos, j'ai fait la connaissance d'Ahmed, un bébé d'un an, malade quasiment depuis le début de sa vie en raison de ce que sa mère a décrit comme étant une attaque chimique. Elle m'a raconté qu'une bombe a détruit sa maison peu après la naissance d'Ahmed, qui a reçu un éclat d'obus dans le cou. Peu après, il a été atteint d'une forme aiguë d'asthme et a développé d'autres symptômes correspondant à l'inhalation de chlore gazeux. Quand j'ai vu ce bébé, un an environ après le bombardement, son petit corps présentait des cicatrices et il avait du mal à respirer.

    Sa famille, des Palestiniens de Syrie, a d'abord fui les horreurs du siège du camp de Yarmouk, à Damas, où les gens souffraient notamment de la faim.

    Mais la famille a été poursuivie par la guerre quand elle a fui à Idlib, dans le nord du pays. Quand un obus a frappé sa maison, la mère a emmené sa famille de l'autre côté de la frontière, en Turquie, où ils ont payé des passeurs pour effectuer une dangereuse traversée à bord d'une embarcation surpeuplée à destination des îles grecques.

    Quand ils ont débarqué, ils n'ont pas été accueillis à bras ouverts. Ils sont arrivés après l'entrée en vigueur, le 20 mars, de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie, qui a de fait transformé ces îles en lieux de détention massive.

    La famille d'Ahmed s'est retrouvée enfermée, avec plus de 3 000 autres personnes, dans le centre de détention de Moria, séparée du monde extérieur par des clôtures en fil de fer barbelé. Quand j'ai rencontré ces personnes, elles ne bénéficiaient d'aucune intimité et n'avaient aucune idée de ce qui allait leur arriver par la suite. Au lieu de prodiguer rapidement à Ahmed les soins médicaux dont il avait besoin d'urgence, un médecin a donné une boîte de paracétamol à la famille.

    Elles ont depuis été déplacées hors du centre de détention mais restent bloquées en Grèce, tout comme près de 60 000 autres réfugiés et migrants. Les routes permettant de rejoindre les autres pays d'Europe sont pour la plupart coupées. Si cela ne tenait qu'à certains dirigeants européens, la majorité de ces personnes seraient tout simplement renvoyées en Turquie.

    Cette situation critique se retrouve à travers toute l'Europe, en Hongrie, en Serbie, en Grèce et à Calais, entre autres.

    Omran me rappelle tant d'enfants que nous avons rencontrés dans tout le continent, et les épreuves qu'ils doivent endurer.

    Un tiers environ des réfugiés et des migrants qui traversent la méditerranée pour rejoindre l'Europe sont des enfants. La plupart d'entre eux voyagent seuls, exposés à l'exploitation, ou ont été séparés de leur famille en chemin, parfois par les autorités elles-mêmes.

    Ceux qui ont été traumatisés par la guerre ne reçoivent quasiment pas de soutien psycho-social.

    Il y a peu de lieux où ils peuvent jouer en toute sécurité, et encore moins étudier ou aller à l'école.

    Certains des enfants que nous avons rencontrés ne vont plus à l'école depuis si longtemps qu'ils ne savent plus lire ni écrire.

    Un adolescent de 16 ans, qui se trouve dans un camp en Grèce continentale, nous a dit : « Nous sommes ici depuis 423 jours et nous n'avons aucun espoir, nous ne recevons aucune éducation et n'avons pas d'écoles. J'ai besoin qu'on me donne la possibilité de terminer mes études. »

    Ces enfants ont besoin de sécurité, de soins particuliers, d'éducation, et d'un toit au-dessus de leur tête. Ils ont besoin que les gouvernements permettent et facilitent le regroupement familial.Ils ont besoin que les pays respectent leurs engagements concernant la relocalisation et la réinstallation des familles comme celle d'Ahmed. En Europe, les gouvernements sont loin d'accéder à ces besoins. Par exemple, les dirigeants de l'Union européenne n'ont relocalisé que 5 % des réfugiés qu'ils avaient promis d'accueillir en juin dernier.

    Le monde entier s'est ému du sort d'Omran, et de celui d'Alan Kurdi avant lui, mais la pitié et l'indignation ne suffisent pas. Ces images ont ému les gens à travers le monde, mais pas les dirigeants. Tant qu'ils n'agiront pas, des milliers d'enfants continueront de subir le même sort qu'Omran, Alan et Ahmed.

    Cet article a été publié pour la première fois par CNN.

    Gauri van Gulik,

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/08/after-escaping-war-what-awaits-syrian-children-in-europe/

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    celtic_fans_0-9e8f1.jpg

  • Maintien en détention du journaliste syndicaliste palestinien Omar Nazzal (SNJ, SNJ-CGT, CFTD-journalistes)

    omar-nazzal-poster.jpg

    Nous publions ci-dessous le courrier que le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes ainsi que la FIJ et la FEJ, ont adressé à Mme Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, à propos de la prolongation de trois mois de la rétention administrative d’Omar Nazzal, journaliste et syndicaliste palestinien, détenu sans motif depuis avril dernier par les autorités israéliennes.

    Madame l’Ambassadrice,

    En avril dernier, les participants du Congrès de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) réunis à Sarajevo (Bosnie) ont vainement attendu l’arrivée du deuxième invité de la délégation palestinienne, Omar Nazzal, 54 ans, cadre du Syndicat des journalistes palestiniens. Arrêté par l’armée israélienne le 23 avril à la frontière entre la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, et la Jordanie, il est, depuis cette date, placé en rétention administrative.

    Ce régime extrajudiciaire, hérité de l’occupation britannique, est utilisé par votre pays pour mettre et garder en détention des personnes suspectes, sans avoir à justifier des raisons qui ont fondé contre elles ces mises en accusation. Pire, ces mesures administratives peuvent être prolongées toujours sans avoir à en justifier les motifs.

    Les syndicats de journalistes français (SNJ, SNJ-CGT et CFDT-journalistes), membres de la Fédération internationale des Journalistes (600.000 membres dans le monde), et de la Fédération européenne des journalistes ainsi que ces organisations internationales, ont, à plusieurs reprises, dénoncé la répression quasi-permanente dont sont la cible les journalistes palestiniens et leur syndicat Palestinian Journalists Union (PJS).

    Selon les précisions de l’armée israélienne, la détention par un tribunal militaire d’Omar Nazzal serait motivée par le fait d’appartenir à une « organisation terroriste » et non « pas du fait de ses actions en tant que journaliste ».

    Nous doutons fortement de cette accusation. Omar Nazzal est un journaliste professionnel compétent, expérimenté et avisé.

    Nous venons d’apprendre que sa détention serait prolongée de trois mois sans procès ni inculpation.

    C’est un véritable déni de justice.

    Nous vous appelons, Madame l’Ambassadrice, à transmettre aux autorités de votre pays que nous considérons que :
    – notre confrère Omar Nazzal doit être libéré sans retard. En grève de la faim depuis le 4 août, ce journaliste entend protester contre sa détention injustifiée. Nous rendons Israël responsable de son état de santé ;
    – doivent cesser les détentions arbitraires des journalistes et les poursuites injustifiées dont ils sont l’objet ;
    – doivent cesser les pressions, censures, restrictions de circulation ainsi que les brimades qui ont pour conséquence d’empêcher les journalistes palestiniens d’exercer librement leur mission d’informer ;
    – doivent être respectées les conventions internationales sur la protection des droits de l’Homme, la liberté syndicale, la liberté d’expression, dans les territoires palestiniens, comme partout dans le monde.

    Restant à votre disposition, veuillez agréer, Madame l’Ambassadrice, nos salutations syndicales les plus déterminées.

    Paris, le 21 août 2016

    SNJ/SNJ-CGT/CFDT-Journalistes

    http://www.acrimed.org/Maintien-en-detention-du-journaliste-syndicaliste

  • Irak Les exécutions ne permettront pas de résoudre les menaces à la sécurité (Amnesty)

    deathpenalty_copy_5_0.png

    L'exécution de 36 hommes en Irak dimanche 21 août signe une hausse alarmante du recours à la peine de mort par les autorités en réponse aux menaces à la sécurité auxquelles le pays doit faire face, a déclaré Amnesty International le 22 août 2016.

    Ces hommes avaient été déclarés coupables de l'homicide de 1 700 recrues à la base militaire de Speicher, près de Trikrit en juin 2014, à l'issue d'un procès collectif entaché de graves irrégularités qui n'a duré que quelques heures et reposait sur des « aveux » arrachés sous la torture.

    « Ces exécutions collectives marquent une hausse alarmante du recours à la peine de mort en Irak, a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe des recherches au bureau régional pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International.

    « À maintes reprises, Amnesty International a souligné que les familles des victimes ont le droit de connaître la vérité et réclament justice pour les atrocités commises par le groupe armé se désignant sous le nom d'État islamique (EI). Cependant, exécuter des hommes qui ont été contraints de passer aux " aveux " sous la torture, sans avoir véritablement la possibilité de se défendre, ce n'est pas rendre justice.

    « Compter sur les exécutions pour lutter contre les menaces à la sécurité n'est pas judicieux. Loin de remédier aux causes profondes des attaques meurtrières, cela ne fera que perpétuer le cycle de la violence. La peine capitale est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, et il n'est pas prouvé qu'elle a un effet plus dissuasif sur la criminalité qu'une peine de prison. »

    Seuls des procès exhaustifs, équitables et transparents rendront justice aux victimes et à leurs familles.

    Amnesty International avait évoqué l'affaire Speicher lors d'une rencontre à Bagdad le 4 août avec la Commission spéciale du bureau du président mise en place en 2015 pour accélérer les exécutions, et avait explicitement demandé que le président ne ratifie pas les condamnations à mort prononcées contre ces hommes.

    Elle demande aux autorités irakiennes d'instaurer sans délai un moratoire officiel sur les exécutions en vue d'abolir la peine de mort. Dans l'intervalle, le Parlement doit rayer la peine de mort de la législation et respecter toutes les normes internationales qui s'appliquent à son usage.

    L'un des hommes exécutés a « avoué » avoir tué 60 recrues à Speicher après avoir reçu des menaces de viol visant son épouse et ses sœurs. Il a également été frappé à coups de câbles et a reçu des décharges électriques. Sur des images vidéo, on peut voir cet homme recevoir des coups de poing au visage lors de son interrogatoire et faire ses « aveux » à la télévision irakienne, un bleu visible sous l’œil droit. Alors qu'il s'est rétracté au tribunal, selon ses avocats, ses « aveux » ont été retenus pour justifier sa condamnation. Le tribunal n’a pas ordonné l’ouverture d’une enquête sur les allégations de torture formulées par cet homme et d’autres accusés.

    Complément d’information

    Quarante personnes ont été déclarées coupables du massacre de Speicher en février 2016. Le 31 juillet, le verdict a été confirmé pour 36 des accusés et le président irakien a ratifié les exécutions le 14 août.

    Les autorités irakiennes sont soumises à une pression politique et publique croissante pour accélérer les exécutions, notamment depuis l'attaque meurtrière à Karrada, quartier commerçant de Bagdad, le 2 juillet, qui a fait près de 300 victimes.

    Au lendemain de cette attaque, le ministère de la Justice a annoncé que sept exécutions ont eu lieu les 4 et 5 juillet. Il a déclaré que près de 3 000 prisonniers se trouvent dans le quartier des condamnés à mort.

    En outre, le Code pénal irakien a été modifié le 12 juillet, et il est désormais plus difficile pour les condamnés à mort de solliciter un nouveau procès.

    Depuis début 2016 en Irak, au moins 123 personnes ont été condamnées à mort et 81 au moins ont été exécutées. 22 août 2016

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/08/iraq-executions-will-not-eliminate-security-threats/